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La Renaissance à Paris
(première partie)

Quand on aborde cette période de l'histoire de Paris, plus largement du royaume et d'ailleurs, de toute évidence on y découvre une vie culturelle riche. François Premier en 1539 remplaçait le latin dans les textes officiels par le français, mais ce fut aussi la propagation de l'imprimerie moderne.

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Vue générale de Paris aux XVe et XVIe siècles

Ce fut à Montmartre que le jésuitisme prenait source et allait devenir le fer de lance d'une centralisation de la culture et de ses moyens de transmissions, de même un agent de la contre-Réforme. La bourgeoisie parisienne s'avéra pour sa part très influencée par le protestantisme et les idées nouvelles. L'essor intellectuel allait connaître un développement notoire à Paris, la ville être une place universitaire incontournable. Cette époque pour beaucoup sublimée façonna le monde intellectuel et politique du royaume. Sinon, nous devons cette appelation de Renaissance à l'historien Jules Michelet. Celui-ci marquait un rejet pour ce qui avait été antérieur, c'est-à-dire le mal nommé Moyen Âge, et un retour aux mondes et aux philosophies Antiques. Michelet toujours à la limite du roman n'a pas caché dans son Histoire de France ses préférences pour les Protestants.

La Renaissance est aujourd'hui étudiée et intégrée à l'époque dite Moderne (ou première modernité), celle-ci se terminant à la fin du XVIIIe siècle. Cependant cette période allait conserver une bonne part des structures légales et politiques apparues les siècles précédents, même si les monarques tentèrent de les mettre au goût du jour, à l'exemple de la police et de la surveillance et protection de la cité parisienne. Les confrèries et métiers continuaient à évoluer au gré des nouveaux édits et ordonnances royales, la langue française loin de dominer s'organisait à petit pas, le latin restait la langue des écrits médicaux ou sciences novatrices de ces temps-là.

« Paris, excède toutes les villes de la chrétienté en grandeur et étendue, en multitude d'hommes, bâtiments et maisons, en religion chrétienne, en temples, en bienfaits, en justice, en police, en science, en bons esprits, en marchandise, en arts et métiers, en commodités humaines, en vivres et viandes et en tout ce que le cœur peut souhaiter. »
 Antiquitez de Paris, Gilles Corrozet (1550)


1494 : Le 12 septembre nait le futur François Ier à Cognac.
1498 : C'est le décès de Charles VIII, Louis XII devient roi, et réforme des études universitaires.
1499 : En octobre, en raison d'une crue, le pont de Notre-Dame s'effondre dans la Seine avec 58 maisons. Suite des Guerres d'Italie (deuxième épisode) et c'est l'édition  des Premiers Adages d'Érasme.
1500-1501 : Découverte(s) de l'hydrogène (Paracelse), des côtes du Brésil par les Portugais, et c'est le premier envoi d'esclaves africains aux Amériques. Le futur Charles Quint, Charles de Habsbourg nait à Gand en Flandre. Le 22 mai un édit promulgue l'expulsion des Juifs de Provence. Ce décret est reitéré un an plus tard par Louis XII  le 31 juillet, et appliqué en septembre.
1504 : Deuxième sacre à la basilique de St-Denis et entrée d'Anne de Bretagne dans Paris (elle était l'épouse de Charles VIII avant son second mariage avec Louis XII en 1499). Traité de Blois, le royaume français cède Naples à l'Espagne.
1506 : A Tours, se tiennent des États Généraux, où le roi est proclamé "Père du Peuple". Louis XII favorise l'union de François d'Angoulême avec Claude, duchesse de Bretagne contre Charles Quint, présumée un temps comme sa future épouse, en juin ils se fiancent. (ci-contre les fiançaillles enluminées par Guillaume Leroy de Lyon, vers 1507).
1509 : Henri VIII monte sur le trône comme roi d'Angleterre et d'Irlande.
1510 : Climat du royaume, des chaudes périodes printanières et estivales se succèdent jusqu'en 1560.
1511 : Le théologien Érasme de Rotterdam publie Eloge de la folie.
1512 : En septembre, se termine le reconstruction du pont Notre-Dame avec 68 maisons, et pour la première fois des numéros sont donnés aux habitations, mais cette initiative n'est pas suivie.
1514 : Mort d'Anne de Bretagne et union de Louis XII avec Marie Tudor. De même, son cousin François épouse Claude de France à Saint-Germain-en-Laye. Nicolas Machiavel (1469-1527) donne à Laurent II de Médicis, duc d'Urbino, le manuscrit du Prince, mais publié en 1532.

Paris possédait un centre religieux, Notre-Dame et un centre politique, la résidence royale se trouvait dans l'île de la Cité, le palais du roi allait passer de nouveau au Palais du Louvre qu'avait rénové Charles V, mais la résidence du roi avait été détruite pour cause de guerre de Cent ans. Le Palais, non loin de la cathédrale Notre-dame, exerçait sous François 1er un rôle d'apparat ou de réception, comme lors de son second mariage avec Eléonore de Habsbourg en 1530, et de même lors de la venue de Charles Quint dans la capitale en 1540.

Paris en son enceinte fortifiée datant de l'époque médiévale ou ce qui a été antérieur au XVIe siècle, ce fut une cité plutôt anarchique dans ses aménagements urbains, sans réels plans ou conduites hors des remparts, ou une organisation réglementaire propre aux constructions privées. Même si Henri II tenta de limiter les constructions nouvelles dans les faubourgs. Autour du noyau central se développaient en rive droite les Halles, qui servirent de grand marché d'approvisionnement des parisiens (le Champeaux). Non loin ou à coté du port de Grève (là où l'on allait chercher du travail). La ville était principalement desservie par voie fluviale. Rive gauche ou sud, des faubourgs monastiques se façonnaient : Sainte-Geneviève, Saint-Germain, Saint-Sulpice, etc. Rive droite ou nord, des faubourgs commerciaux et marchands se dressaient : Saint-Merri, Saint-Denis ; plus tardivement Saint-Antoine.

Les espaces publics s'avéraient peu nombreux en dehors des Halles et de l'hôtel municipal qui allaient connaître des transformations notables, et il existait de rares ponts pour circuler d'une rive à l'autre, l'on pouvait toutefois traverser par des barques à fond plat ou sur de simples embarcations fluviales, mais à titre payant. Les rues étaient étroites, un mètre parfois ou deux, jusqu'à six mètres de largeur pour les plus larges, pour les ruelles à peine de quoi faire passer un cavalier ou une charrette à bras. Il existait peu d'espaces où l'on n'échappait pas à un sentiment d'enfermement, il y avait peu de monuments, d'ornementations, en dehors des édifices religieux. Les cartes ne tenaient pas compte des échelles, elles peuvent donner l'idée d'une ville aérée, ce qui ne fut pas vraiment le cas en sa partie centrale.


Ces maisons, en général fort élevées, bordaient des rues mal alignées, étroites, tortueuses, sans air et sans soleil, encombrées de gravois, de boues, d'ordures et d'eaux stagnantes qui faisaient des voies les plus fréquentées des cloaques ou des fondrières (lieu souvent envahi par l'eau). Montaigne écrivait alors : « Le principal soin que j'aie à me loger, c'est de fuir l'air puant et pesant. Ces belles villes, Venise et Paris, altèrent la faveur que je leur porte par l'aigre senteur, l'une de son marais, l'autre de sa boue ». (...) On s'était décidé aussi à donner plus de largeur aux rues, et celles qui furent percées à cette époque suffirent pour longtemps à toutes les exigences du commerce et de l'industrie. L'ambassadeur vénitien Marino Giustiniano écrivait à son gouvernement en 1535 : « Les rues sont encombrées par les charrettes, les mulets et d'autres bêtes de somme, et par toutes sortes d'embarras (embouteillages) ». Mais la mode des carrosses, qui commençait alors à s'établir, fit comprendre plus impérieusement encore la nécessité d'élargir les voies de communication.

Moeurs et coutumes des Parisiens au XVIe siècle, pages, 13, 14 et 41, Alfred Franklin (1876)

L'élan culturel plus une volonté d'embellissement des souverains à la Renaissance s'amorça sous Louis XII et changea par touche la ville médiévale. Toute la construction de la ville allait s'engager désormais autour d'un pouvoir royal centralisé et d'un espace public réorganisé selon les vœux des monarques, tendant peu à peu vers l'absolutisme. On trouve chez les Valois et les Bourbons une cohérence certaine à vouloir une ville moins dense et plus ouverte, par l'importation d'un monde intellectuel où l'Italie ouvrait la voie d'un renouveau artistique et architectural considérable.

Pour la ville capitale, une fois de plus sa vocation ou source d'inspiration latine nouvelle se profilait, et politiquement la venue de la famille Médicis en France augura d'une période très trouble et d'une volonté de laisser des traces patrimoniales de grandes envergures. Telle que la mise en perspective de Paris, qui allait aussi s'étendre à partir de la Renaissance vers l'Ouest, par la voie royale, jusqu'au Louvre. Puis suivirent les jardins royaux, les Tuileries et le prolongement vers les Champs Elysées. Cet ensemble urbanistique prendra seulement fin au XXe siècle à la Défense, sous François Mitterrand.

Paris a été un lieu de marchés, un centre industriel et commercial. La ville restait une forteresse organisée autour d'un système défensif. La cité de la "Renaissance" a été assez semblable à la ville médiévale et conservait de nombreuses similitudes dans ses fonctions économiques, mais les différences ont été importantes dans le droit foncier et son application. En ville, normalement les terres allaient être en vente libre et transmissibles par héritage.

« L'air de la ville rend libre » : l'unité juridique est celle de l'individu et non du lignage. Pour se regrouper, les parisiens selon les quartiers avaient un saint patron comme emblème évoquant les grands patronages de l'époque, mais la ville par endroit était un véritable labyrinthe où l'on se perdait et où l'on tournait le plus souvent en rond, rien n'indiquait en dehors de très rares enseignes où l'on se trouvait.


Ci-contre : le quartier des Halles marchandes dit Champeaux
comprenant le cimetière des saints innocents clôturé



Les propriétaires des terrains à Paris étaient le clergé et le roi pour grande part, et une bourgeoisie parisienne prospère et très politisée. Il ne s'agissait plus de quelques milliers d'habitants que l'on recensait au début du Haut Moyen Âge, la population avoisinait près de trois cent mille citadins, comme résidents permanents à l'intérieur et à l'extérieur des murailles de Paris. A noter toutefois que le nombre d'habitants a pu varier et retomber à 200.000 citadins, en raison des guerres, famines et épidémies de peste. Le tout sur un espace limité sur peu de kilomètres carrés, la promiscuité à l'intérieur ou au centre de la ville fut très grande, la densité des habitations devenir un problème majeur pour une bonne circulation, en bref on étouffait déjà dans Paris (rien de très neuf...).

Pour la saleté, les plans envisagés par le prévôt Hugues Aubriot au XIVe siècle de doter Paris d'un réseau d'égout n'avait pas pu aboutir, les percements accomplis finirent en des larges réservoirs d'immondices, nommés "trous". Selon Sauval, il existait un trou-Bernard non loin de Saint-Germain-l'Auxerrois, un trou-Gaillard près des Célestins, et de nombreux trous-punais dans la plupart des quartiers. « Nous sommes serrés, pressés, envahis, bouclés de toutes parts, et ne prenons air que l'air puant d'entre nos murailles, de nos boues et de nos égouts. » (Satire Ménippée, des écrits politiques et satyriques de 1594).

1515, avènement de François 1er : chronologie de la vie politique, cultuelle et culturelle

François Ier fut à la fois un guerrier et un homme qui s'ouvrit à la culture de son temps, et incontestablement un bâtisseur. On l'a dit sous l'influence de sa mère, Louise de Savoie, qui a tenu manifestement un rôle politique non négligeable, il y a surtout à remarquer qu'au XVIe siècle de nombreuses femmes au sein des élites nationales ont pu accéder à des rôles majeurs et même de premier rang, notamment outre-Manche. La Renaissance italienne a tenu une influence considérable dans le renouveau du XVIe siècle français. Paris retrouvait symboliquement ses origines latines. La famille Médicis représenta la première lignée d'italiens célèbres en France, qui a tenu au sein du royaume un rôle conséquent. La Renaissance à Paris, c'est un peu tout le concentré qui donna au royaume de France un grand prestige artistique, mais aussi ce qui propulsa le pays à devenir la première puissance européenne jusqu'à la fin du dix-huitième siècle.



1515 : Décès de Louis XII, le 1er janvier, à la fin du mois François d'Angoulême âgé de 20 ans est sacré à Reims. Puis en septembre, le 13 et 14, c'est l'incontournable bataille de Marignan (Italie) et une des rares victoires de François Ier. Sinon les conflits en Italie vont s'étendre sur près de 17 années. Le nombre d'habitants du royaume est estimé à 16 millons de Français. Le poète Clément Marot publie Le Temple de Cupido.
1516 : François Ier et le pape Léon X de la famille Médicis signent le concordat de Bologne, qui donne au souverain français le droit de nommer les évêques et les abbés. Ce traité sera en activité jusqu'en 1790. Le roi fait appel à Léonard de Vinci, celui-ci se rend en France, il dresse les plans d'un nouveau palais, et s'intéresse à la navigation fluviale. Le Prince de Machiavel est mis sous presse. L'Utopie de Thomas More ou Morus et Institution du Prince Chrétien d'Érasme sont éditées.
1517 : Les troupes ottomanes de Sélim 1er battent militairement les Mamelouks du sultan égyptien, et ce dernier est exécuté en avril. Le 1er avril, « fut tué Fluraut, le bourreau de Paris, par ce qu'il faillit à couper la tête à un homme au pillori, par justice ; dont, après ce, fut tant oppressé de pierres, qu'il lui convint s'en aller mucer (se cacher) en la cave du dit pillori. Quoi voyant le peuple, mît le feu dedans la dite cave ; par quoi fut celui-ci bourreau était et trouvé mort. Dont après furent un ou deux des mauvais garçons, qui avaient mis le feu, pris par justice et battus par les carrefours de Paris » (* - source voyez l'année 1522). Début mai, Claude, duchesse de Bretagne est courronée à Saint-Denis et fait le 12 son entrée solonnelle dans Paris. Le Parlement et de l'Université de Paris protestent contre le concordat de Bologne ; et les 95 thèses de Martin Luther  contre les indulgences sont publiées : début de la Réforme. François 1er décide de la création du port et de la ville du Havre sur le littoral cauchois.
1518 : Le Pape Léon X condamne Martin Luther et ses écrits. Le conquistador espagnol Cortez arrive au Mexique depuis les Antilles. Est annoncée la naissance de François de Bretagne, dauphin du royaume (il meurt en 1535).
1519 : A Paris, il est constaté l'apparition des premiers Protestants. Francois 1er présente sa candidature pour devenir l'empereur du Saint-Empire romain Germanique, il est battu par Charles Quint avec qui le roi de France va entretenir une très grande rivalité. Charles V nommé empereur du Saint-Empire, il remplace son défunt grand-père Maximilien 1er de Habsbourg. Naissance de Catherine de Médicis à Florence, et Claude de France donne vie à Henri II. Magellan depuis Lisbonne part pour son tour du monde (qu'il ne finira pas et décédera en route). Disparition de Léonard de Vinci au château du Clos-Lucé après avoir rédigé son testament (sénéchaussée d'Amboise) et laissé des carnets de notes et une quinzaine d'œuvres picturales magistrales (3 tableaux sont au Louvre). Nous commémorions en 2019, le peintre, l'architecte, l'inventeur et l'aménageur, et ce mystérieux génie de la Renaissance, très impliqué dans les questions hydrauliques. (Une vie, une œuvre, France Culture, 2019)



Tableau relatant les déplacements de la cour sous François 1er et les ré-aménagements stylistiques

1520 : C'est la fameuse rencontre du camp du Drap d'or où vont se rencontrer pour des questions diplomatiques Henri VIII d'Angleterre et François 1er, près de Calais : la rencontre tourne à l'échec. Editions d'Arithmétique de E. de la Roche, et Appel à la Noblesse Chrétienne de Martin Luther.
1521 : L'excommunication de Martin Luther et de ses partisans hérétiques est prononcée par la bulle papale "Decet romanum ponticem", ce qui pousse Luther à traduire la Bible en allemand. Le canton de Zurich devient le premier état en Europe à devenir réformé. Au début « de mai jusqu'à longtemps après, fut quasi à Paris une famine, tellement qu'on ne pouvait trouver blé et pain en la ville de Paris pour argent. Et fut le blé si cher, que, pour vrai, il vallut de six à sept livres le septier, mesure de Paris. » Et pareillement en Normandie, l'envol des prix à 10 livres le septier de blé provoque une famine selon l'auteur. (* source voyez l'année 1522). Les Psaumes de Lefèvre d'Étaples sont édités.
1522 : Dans une grotte en Espagne, près de Montserrat, Igniacio Lopez de Loloya ou Ignace de Loloya (1491-1556) - père spirituel des Jésuites et futur fondateur de la Compagnie de Jésus - commence en mars une retraite spirituelle et mystique de plusieurs mois. Les premières rentes sur l'Hôtel-de-Ville de Paris vont dans les caisses de l'état et arrivée du libre penseur et poète Étienne Dolet (1509-1546) dans la ville. Dolet suivra les cours d'éloquence et de rhétorique de Nicolas Béraud jusqu'en 1526. En février, suite à la déclaration de guerre de l'Angleterre et après avoir mené des combats en Picardie, François 1er de retour à Paris convoque une assemblée et harrangue le prévôt et les échevins pour obtenir plus d'argent et 500 hommes de troupes. Le monarque français crée une charge de maître de librairie qu'il attribue à Guillaume Budé (1467-1540) et que celui-ci occupe jusqu'à son décès. Dans Paris, « le quatrième jour de décembre, furent mis prisonniers dedans la Bastille, de par le Roi, trois conseillers en la cour de Parlement. C'est à savoir messieurs Virmaistre, docteur prêtre, Seguyer, aussi prêtre, et monsieur Turquan, homme laïc ; et fut parce qu'ils avaient remontré au chancelier Du Prat le désordre qui était à cause des emprunts que le Roi faisait à Paris, qui étaient par trop excessifs ; et y furent jusqu'au quatorzième jour du dit mois, et en furent mis hors à leurs cautions ; dont on leur fît tort et à la cour de Parlement, mais ce fut le chancelier de France qui leur fit ces choses de par le Roi. »  (* Source Gallica-Bnf : Journal d'un bourgeois de Paris sous le règne de François Ier, 1515-1536).
1523 : A Paris, au mois d'août, le premier martyr huguenot et moine augustinien Jean Vallières est brûlé au marché des pourceaux. François Rabelais se voit accuser par la Sorbonne d'hérésie. De institutione feminae christianae  de Vivés est publiée.
1524 : En juin, sont « enrégimenteś les vagabonds pour leur faire nettoyer les fossés de la porte Saint-Honoré. » Le chevalier « sans peur et sans reproche » et Lieutenant général du Dauphiné, Pierre Terrail de Bayard décède sur un champ de bataille, près de Rosavenda en Italie. Naissance de Pierre de Ronsard et rupture entre Érasme et Luther.
1525 : Le roi après une bataille est fait prisonnier à Pavie (Italie). Louise de Savoie en raison de l'emprisonnement de François Ier en Italie - puis à Madrid - devient la régente, et négocie un traité avec l'Angleterre d'Henri VIII. La reine-mère sera à l'origine de la libération de son fils contre deux de ses petits-enfants. Dans la capitale, il est interdit de jouer aux « quilles, contreboulle et bille, » sous peine de la hart (la corde). Cette mesure d'interdiction sera proclamée une nouvelle fois en 1560 incluant les jeux de dés.
1526 : A Paris, le 17 janvier, un sieur Nicolas est « par arrêt de la cour brûlé au marché aux pourceaulx, parce qu'il avait renié, blasphémé et maugréé Dieu et la glorieuse Vierge Marie. » Traité de Madrid, François 1er est libéré, les états de Bourgogne qui devaient être cédés à Charles Quint s'y refusent. C'est l'année de fondation des Capucins en Italie, cet ordre prêche peu, il ne prend pas en charge les confessions et les moines vivent en petite communauté sur des principes de pauvreté.
1527 : La septième guerre d'Italie est déclenchée par Charles Quint et naissance de Philippe II. La Ville de Rome est pillée pendant un mois et le pape Clément VII se réfugie au château fortifié Saint-Ange, et le ghetto juif est ravagé. A Florence, les Médicis sont renversés et la République proclamée. Le Parlement de Paris ordonne la confiscation des biens du duc Charles de Bourbon, décédé lors de l'attaque de Rome. Mexique, colonie de l'Empire hispanique tous les livres aztèques sont détruits (autodafé).
1528 : Paris redevient la capitale politique ou administrative du royaume de France jusqu'en 1682 avant de partir à Versailles, sauf une courte parenthèse de 1594 à 1598 de nouveau à Tours. François Ier engage la destruction de la vieille forteresse de Philippe Auguste, rénovée par Charles V, le donjon est détruit et il lance ainsi l'édification du nouveau Louvre : « Connaissant notre chastel du Louvre être un lieu plus commode et à propos pour nous loger, à cette cause avons délibéré faire réparer et mettre en ordre le dit chastel ». Le roi s'y installera avec la cour en 1534 et les travaux s'achèveront sous Napoléon III (consultez cette vidéo de 2 minutes sur les différentes constructions ou ailes du Louvre : Cliquez ici). Ignace de Loloya arrive à Paris pour étudier. Le château de Fontainebleau est en partie détruit et reconstruit, et celui de Madrid dans le bois de Boulogne est en voie d'édification.
1529 : Suite à de mauvaises récoltes et la hausse des prix du blé, à Lyon éclate fin avril la "grande rebeyne" (émeute), qui est une révolte frumentaire (ou de la faim) d'un millier de personnes. Les meneurs seront pendus ou envoyés aux galères. En août, la paix de Cambrai est approuvée et contresignée par Louise de Savoie pour son fils François Ier, et Marguerite d'Autriche pour son neveu Charles Quint. Guillaume Budé fait éditer les Commentarii linguae graecae. Ignace de Loyola rencontre Pierre Favre et François-Xavier à Paris.
1530 : Fondation de l'Institution du Collège royal par Guillaume Budé, libraire de François 1er. Le 4 juillet, le roi épouse la sœur de l'empereur Charles Quint, Eleonore de la dynastie des Habsbourg (Saint Empire et Espagne). C'est le retour en France des deux enfants, Henri et François de François Ier retenus prisonniers en échange de leur père et libérés contre 2 millions d'écus.



Plan de Paris
de 1530


de Georg
Braun

La rive Nord est à gauche
&
La rive sud
est à droite
:


Lutetia vulgari nomine Paris, urs Galliae maxima, Sequana navigabili flumine irrigatur, nobili gente, mercator, frequentia universitate excellente stupendi operis templo B. Mariae, Palatio Regio aliisque praestantissimis aedificiis

1531 :  En février, le royaume anglais rompt ses liens avec Rome, c'est la naissance de l'anglicanisme, Henri VIII devient le chef suprême de l'Eglise d'Angleterre. La mère du roi Louise de Savoie décède en septembre. Marguerite de Navarre, la soeur du roi publie Le Miroir de l’âme pécheresse. Et sont annoncées dans la capitale Les Ordonnances faites et publiées à son de trompe par les carrefours de cette ville de Paris pour éviter le danger de peste : « De même est enjoint très-expressément dorénavant et pour l'avenir, à toutes personnes quelconques et de quelque état qu'elles soient de ne vider et mettre en plein de rue aucunes, (...) charges de charrettes, boues, ou autres immondices, » etc L'épidémie perdurera jusqu'en 1533 et l'ordonnance ne sera pas appliquée.
1532 : A Paris, il est fait  défense « à tous ceux qui manient deniers et finances du roi de jouer à aucun jeu, sous peine de privation de leurs offices, d'être fustigés et bannis ». La première pierre est posée par le prévôt des marchands, Jean (II) de la Barre,  pour la construction de l'église Saint-Eustache (actuel 1er arrondissement). C'est la naissance à Paris du mouvement de Réforme de Jean Calvin. Est formalisée l'union administrative de la Bretagne au royaume de France. Gilles Corrozet historien de Paris publie La Fleur des antiquitez, singularitez et excellences de la plus que noble et triomphante ville et cité de Paris avec la généalogie du roy Françoys premier de ce nom ...
1533 : Le 15 juillet, la première pierre est posée pour la construction d'un nouvel Hôtel-de-Ville, en remplacement de l'ancien devenu trop exigu (il était nommé Le parloir aux bourgeois et se situait au 20, rue Soufflot, où a été apposée une plaque). Catherine de Médicis épouse le futur Henri II. Devant un grand nombre de morts de la peste, la Ville ou prévôté  de Paris est dans l'obligation d'acheter 6 arpents (environ 2 hectares) de terre pour enterrer les morts dans la plaine de Grenelle. Le poète et valet de chambre du roi, Clément Marot (1496-1544) fait publier Les œuvres de Françoys Villon, par l'éditeur  Galiot du Pré.
1534 : A l'initiative d'Ignace de Loyola, sept étudiants du collège Sainte-Barbe prononcent leurs vœux de pauvreté et chasteté, dont Pierre Favre, Savoyard et (saint) François-Xavier, Navarrois (1506-1552), le 15 août dans la crypte de St-Denis à Montmartre. Ils créent ainsi la Compagnie de Jésus. Affaire des placards : des écrits injurieux et séditieux sont collés sur les murs de la capitale et d'autres villes (17 et 18 octobre). Henri VIII devient en novembre le chef spirituel de l'Église d'Angleterre par l'Acte de Suprématie. Le navigateur Jacques Cartier entreprend son premier voyage vers le continent américain. Etienne Dolet quitte Lyon pour rejoindre Paris. Dans la capitale, du mois de novembre de l'année en cours à mai 1535, 22 personnes sont brûlées place Maubert pour hérésie. L'hôpital des Enfants-Dieu, est créé rue Portefoin (actuel 3ème arrond.), par le roi à la demande de Marguerite de Navarre, il a pour but de secourir les orphelins de parents morts à l'Hôtel-Dieu, surnommés les Enfants-rouges, en raison de leur vêtement en drap rouge, ainsi que le nom d'une rue de la ville depuis disparue. Gargantua de Rabelais est édité par François Juste. Est aussi imprimé le premier traité réformateur en langue française de l'institution de la Religion Chrétienne de Jean Calvin (1509-1564) et achèvement de la traduction de la Bible par Martin Luther.

1535 : Le  5 mars, est signé un traité d'alliance avec Soliman dit le Magnifique (1494-1566), souverain de l'empire Turc ou Ottoman présent en Europe de l'Est depuis le XIIIe siècle, et qui va déboucher sur l'ouverture d'ambassades et d'échanges commerciaux. A Constantinople s'ouvre une ambassade et une chapelle française et sont accordés des privilèges commerciaux dans l'empire Ottoman (et ouvre à l'autre voie des épices). Un édit royal prohibe l'imprimerie et les librairies, la mesure est abandonnée un mois plus tard, parce qu'inapplicable. François Ier  signe l'ordonnance d'Is-sur-Tille (Bourgogne), il est précisé que les actes doivent être rédigés « en français ou à tout le moins en (langue) vulgaire du dit pays ». L'ambassadeur vénitien Giustiniano écrit que « Paris n'est guère plus vaste que Venise, et on en fait le tour en trois heures, en allant à pied et assez doucement  ». Le 6 juillet, l'ancien lord chancelier Thomas More est décapité sur ordre du roi Henri VIII à la Tour de Londres.
1536 :  La compétence des prévôts avec la déclaration du 25 janvier est étendue à certains crimes et visent : « les gens de guerre de cheval et de pied, de nos ordonnances, et autres vagabonds et domiciliés... tenant les champs, pillant, robant (dérobant) leurs hôtes, forçant et violant femmes et filles, détruisant et meurtrissant les paysans... soit qu'ils aient domiciles ou se fussent retirés en ceux-ci, où qu'ils fussent errants ou vagabonds ». L'édit du 30 août ordonne que les mendiants valides « seront contraints de labourer et besogner pour gagner leur vie ; » s'ils s'y refusent, ils seront punis du fouet. Les Parisiens apprennent l'entrée en France de l'armée impériale. Ordre est donné de construire des tranchées, des fossés et des boulevards sur tout le périmètre de la rive droite sous la conduite de l'architecte Boccador. Le fils aîné du roi, François de France décède, son frère Henri d'Orléans devient dauphin. Le philosophe Erasme décède à Bâle (Suisse).
1537 : Un édit depuis Montpellier est signé par François 1er, le 28 décembre, il est promulgué que pour tout imprimeur ou éditeur est dans l'obligation de déposer au château de Blois l'ensemble de leurs publications (début du contrôle du contenu des éditions et des censures légales). Michel de l'Hospital (vers 1503-1573) acquiert un office de conseiller auprès du Parlement de Paris, il est issu d’une famille de marranes (juifs convertis) expulsés d’Espagne. Depuis Rome, le pape Paul III condamne l'esclavage des Indiens (par la bulle Sublimis deus puis par la lettre Veritas ipsa).
1538 : Les récoltes dans le bassin Parisien sont mauvaises. Anne de Montmonrency (1493-1567) est nommé connetable de France (commandant en chef des armées du roi). En juin est conclu un traité de paix dit de Nice entre François 1er et Charles Quint sous l'égide du pape Paul III.


1539 : A Lyon et Paris surviennent des grèves. Il est signé un édit contre les Réformés, et publication en France de l'Atlas en projection planisphérique, le plan Mercator (ci-dessus). Étienne de la Boétie nait près de la ville de Bordeaux. Le théologien et dominicain Matthieu Ory (1482-1557) est nommé inquisiteur de Paris. Comme répercution de l'Affaire des placards, le roi signe un édit, où l'état s'approprie le monopole de l'affichage et « interdit l'arrachage sous peine de punition corporelle » le 13 novembre. En août, l'ordonnance générale sur le fait de justice, police et finances de Villers-Cotterêt préparée par son chancelier Guillaume Poyet est paraphée par François 1er, il y est question à l'article 51 des actes de baptême (ce qui était jusqu'alors presque inexistant, soit un tout début d'état civil, mais sous la conduite des paroisses), à l'article 168 il est fait état de la légitime défense, et aussi à la "langue maternelle française", qui ainsi remplace le latin dans les actes officiels. Les deux articles parmi plus d'une centaine précisent :

article 110. Afin qu'il n'y ait cause de douter sur l'intelligence des arrêts de nos cours souveraines, nous voulons et ordonnons qu'ils soient faits et écrits si clairement, qu'il n'y ait ni puisse avoir ambiguïté ou incertitude, ni lieu à demander interprétation.

art. 111. Nous voulons donc que dorénavant tous arrêts, et ensemble toutes autres procédures, soient de nos cours souveraines ou autres subalternes et inférieures, soient des registres, enquêtes, contrats, testaments et autres quelconques actes et exploits de justice ou qui en dépendent, soient prononcés, enregistrés et délivrés aux parties en langage maternel "françoys" et non autrement. (mis en français moderne)

1540 : Charles Quint doit se rendre à Gand, François 1er invite son beau-frère à traverser la France et le convie à Paris pour obtenir ses faveurs (peinture ci-contre), les deux monarques rentrent dans la capitale le 1er janvier. En mars, à son retour en Espagne Bartolomé Las Casas revient dénoncer les crimes commis contre les Amérindiens. En juin est promulgué l'édit de Fontainebleau contre les Luthériens, ils sont proscrits du royaume. La fondation de la Compagnie de Jésus est reconnue par le pape Paul III. Edition et impression à Lyon de La manière de bien traduire d'une langue en aultre d'Étienne Dolet.

1541 : Ignace de Loyola devient le premier Supérieur général des Jésuites. Le peintre de cour Jean Clouet, père de François, et originaire du Hainaut (Belgique actuelle) décède à Paris. L'Institution Chrétienne de Jean Calvin est traduite en français par lui-même de l'édition latine de 1539 (première édition à Bâle en latin en 1536, il y en aura plusieurs et des versions plus nombreuses en chapitres jusqu'en 1559).
1542 : Le pape Paul III en réponse aux thèses de Martin Luther convoque le concile dit de Trente au mois de mai, l'événement  le plus déterminant du siècle et mis en pratique à partir du XVIIe siècle dans la "reconquête des esprits" ou sous l'empreinte du classicisme. Un édit royal du 7 juillet ordonne aux curés de dénoncer publiquement les Luthériens, ou ceux et celles qui niaient le purgatoire, les saints et leurs miracles, et d'avertir leurs fidèles dans les paroisses. Des révoltes éclatent contre la gabelle en Aunis, Saintonge et Guyenne, elles sont réprimées par François 1er, qui fait son entrée à La Rochelle fin décembre. La Guerre en Italie redémarre, neuvième conflit (jusqu'en 1544). Et sont édités Pantagruel, roy des dipsodes etc. et de La Vie très honorifique du grand Gargantua, etc. de François Rabelais, à Lyon. Ainsi que la première traduction de la Vie de Demetrios (manuscrit) du moraliste grec Plutarque (vers 46 - vers 120) par Jacques Amyot, enseignant, maître de librairie, évêque et précepteur des enfants d'Henri II. Ses traductions de l'oeuvre de Plutarque auront une influence certaine pour Michel de Montaigne, et ses vifs remerciements.
1543 : Dans la capitale, les halles marchandes en rive droite sont entièrement reconstruites (jusqu'en 1572). La couronne a racheté tout l'emplacement, puis l'a revendu par lots, exigeant des acquéreurs que les bâtiments nouveaux soient construits suivant les plans adoptés par la ville. En août, le corsaire Barberousse et sultan de Tunis, au service de Soliman Ier, et ses troupes attaquent et assiègent la ville de Nice, dépendant du duché de Savoie. Barberousse et ses hommes prennent leur hivernage à Toulon et le roi François Ier invite le corsaire à dîner. Publication un peu avant son décès de De revolutionibus orbium coelestium (Des révolutions des sphères célestes) de l'astronome polonais Nicolas Copernic (document en latin).

1544 : Le 19 janvier, c'est la naissance du dauphin François à Fontainebleau. A la fin du mois de mai, le corsaire Barberousse quitte la côte d'azur après avoir reçu de François Ier un dédomagement et pillé sur son passage. Par lettres patentes du roi du 7 novembre, le Grand Bureau des pauvres est fondé à Paris, il a pour but de réorganiser la mendicité, de distribuer des aumônes, d'apporter de l'aide aux malades et aux insensés, de donner du labeur aux démunis ou indigents, voire d'imposer du travail. Les pouvoirs sont délégués au Prévôt des marchands, jusqu'alors de la compétence du Parlement ; et les plus aisés de la capitale sont taxés pour assurer le budget de fonctionnement de cette nouvelle institution. Le Grand Bureau des pauvres aura pour charge deux hôpitaux, en 1545 celui de la Trinité en rive nord (rue St-Denis) consacré aux enfants et des Petites Maisons au sud de Paris en 1557 pour les insensés (actuel 7ème arrond.) à l'emplacement d'une ancienne maladrerie (ou léproserie). Son activité perdurera jusqu'à la Révolution de 1789 avant de devenir le "Bureau de la charité". Il est décidé le déménagement et la réunion à Fontainebleau de deux bibliothèques royales, environ 2.000 ouvrages dans un cabinet privé du château (l'autre bibiliothèque était à Blois). Pierre Lescot architecte, sous sa direction et ses plans est contruit l'hôtel Carnavalet.
1545 : La déclaration du 16 janvier veut que, par préférence à tous autres, les pauvres soient employés aux travaux de la ville, et y fassent « bonnes et entières journées, étant payés des premiers et plus clairs deniers de la dite ville ». « François Ier, à la suite d’une broutille, prit le fameux arrêt de Mérindol, qui visait à arrêter, juger puis brûler, vifs et en public, dix-neuf habitants de Mérindol. L’arrêt fut pris le 18 novembre 1540, mais ne fut “exécuté” qu’en avril 1545. Les troupes du sinistre Jean Meynier, baron d’Oppède, en ont d’ailleurs largement extrapolé les termes, et ont littéralement réglé leur compte aux Vaudois du Luberon (document radiophonique), avec une barbarie inouïe... ». Se tient la première session du Concile de Trente (sur 25) et le lancement de la Contre-Réforme catholique (fin des travaux dits œcuméniques en 1563). Le corsaire Barberousse décède à 70 ans. Publication à Paris de la Méthode pour traicter les plaies etc.  d'Ambroise Paré.
1546 : Après deux années de procès et de prison à la Conciergerie, Étienne Dolet, écrivain, imprimeur et philologue est reconnu coupable de blasphème, de sédition, et à la damnation pour ses écrits par le Parlement de Paris. Le 3 août, le poète est étranglé et brûlé vif en place Maubert (actuel 5ème arrondissement) avec ses ouvrages. Le libre penseur Dolet aurait dit avant de mourir : « Non pie turba dolet sed Dolet ipse dolet, ou « Non, ce n'est pas Dolet qui gémit sur lui-même, mais ce bon peuple ». Une statue sera édifiée par la Ville de Paris en son honneur en 1889 sur cette même place parisienne (et une conférence à la mairie du Ve arrondissement) : Étienne Dolet : sa vie, ses oeuvres, son martyre (39 pages) par le docteur Bourneville. Pierre Lescot est désigné comme surintendant du Louvre par lettres patentes, on lui doit aussi plusieurs réalisations et constructions dans Paris, et le style d'architecture classique à la française.
1547 : François Ier meurt en mars à Rambouillet, le 31 mars de la syphilis ou de la vérole (voire grande ou petite vérole). La rénovation du Louvre est entreprise par l'architecte Pierre Lescot, fils de l'ancien Prévôt de Paris (1518-1520), portant le même prénom que son père (ce qui était très fréquent). Et il deviendra moine dix ans après, Lescot restera au service des monarques successifs jusquà sa disparition en 1578, puis sera enterré dans une des chapelles de la cathédrale de Notre-Dame. Michel de l'Hospital est envoyé par le nouveau roi Henri II comme ambassadeur au concile de Trente. La population du royaume est estimée à 17 millions de personnes. Est édité, Le Tiers Livre des Faictz & Dictz Héroïques du noble Pantagruel de Rabelais.




Réglementation
ou réorganisation
de l'ancienne Police

Le Guet de Paris
sous François 1er  
(ou milice bourgeoise)


d'après René Lespinasse
Le Guet (ou celui qui surveille ou tient la garde) prend date sous Hugues Capet au XIe siècle, son origine remonte à l'empire romain. La police dit du "Guet de Paris" est à distinguer du "Guet royal" pour son autorité tutélaire ou directe. Dans la capitale la protection et surveillance sont dévolues à une milice bourgeoise depuis Louis IX. Cette police encore embryonnaire a été particulièrement détestée par les parisiens pauvres, et marginaux, et bourgeois inclus. Ces derniers étaient réquisitionnés ou pas selon les critères établis au fil des siècles, pour défendre et surveiller les remparts de nuit de comme de jour, comme les entrées dans la cité, et assurer si nécessaire la tranquillité ou la sûreté des urbains.

Une administration connue pour avoir été l’objet de nombreuses plaintes, grognes ou colères contre sa forte corruption ou la tentation d'y échapper, voire de s'en prémunir dans ses aspects louches ou délictueux. Elle était aussi rattachée à la justice du "Chastelet", un tribunal servant aussi de lieu de dépôt des contrevenants. La police de la capitale avec ses guets "assis ou dormants", plus ses sergents, lieutenants et le chef ou "chevalier du Guet" (créé par louis IX), cette administration se restructure difficilement sous le règne de François 1er, la présente ordonnance est datée de janvier 1540 depuis Saint-Quentin (dans l’Aisne).

Cet édit sera supprimé sous henri II en 1559 et laissera place à l'Édit de Henri II portant suppression du guet des gens de métier, établissement d'un corps spécial d'hommes d'armes, et fixation d'une imposition particulière pour le guet sur tous les artisans, sans tenir compte des anciens privilèges, selon René de Lespinasse.

Edit du roi François 1er sur les règlements du guet des gens de métier, à faire la nuit dans les seize quartiers de la ville de Paris, avec des prescriptions spéciales pour assurer une meilleure exécution du service.
« François par la grâce de Dieu, roi de France (1), comme pour la continuation du dit guet ont été faîtes plusieurs ordonnances et sont intervenus plusieurs arrêts au moyen des fautes trouvées en l'exercice et fait du dit guet. Ce néanmoins ont été et sont faits plusieurs abus fautes et négligences, en ce que dit est, tant par les officiers que par autres, ayants la charge du dit guet et au moyen de ce nôtre peuple fort foulé (piétiné ou écrasé) et travaillé, à notre très grand regret. (sic)

1. Pour ces causes, et pour la conservation de notre dite ville et cité de Paris et des habitants de celle-ci et aussi pour obéir aux inconvénients dessus dits et pourvoir à l'entretien des dites ordonnances et arrêts sur ce intervenus, nous avons statué et ordonné, statuons et ordonnons - que le guet de cette ville sera fait et constitué, c'est a savoir (c'est-à-dire) par le chevalier du dit guet et sa compagnie, qui sont vingt hommes de cheval, et quarante hommes de pied, en ce compris le lieutenant celui-ci chevalier (noble), pour faire le dit guet, par dix hommes à cheval, et vingt hommes de pied, en chacune nuit, par tour et alternativement.

2. Item (idem), que le guet assis, autrement appelé le guet dormant, fait par les gens de métier de la dite ville de Paris, sera pareillement continué les nuits qui seront commandées par deux sergents, en la manière accoutumée. Et seront les dits gens de métier tenus eux présenter, dedans le Châtelet de Paris, pour être enregistrés et envoyés par nombre de personnes certain et compétant, à la place des carreaux, outre le guichet des prisons, comme au lieu appelé la pierre qui est a la barrière et alentour du dit Châtelet, pour la garde des prisonniers, du geôlier et de ses gens et aussi dedans la cour du palais, pour la garde des saintes reliques du geôlier, des prisonniers et des choses qui sont dedans le dit palais, et pareillement au carrefour du bout du pont Saint Michel, sur le quai des Augustins, et au carrefour de Saint-Côme, au carrefour de Saint-Yves, au carrefour Saint Benoît, a la croix des Carmes, au carrefour Saint Séverin, au Petit-Pont, près l'église de la Madeleine, aux planches de Mibray, à la croix de Grève, à l'hôtel de Sens, à la porte Baudier, au coin Saint-Paul, à la traverse Quadier, a l'échelle du Temple, à Saint-Nicolas-des-champs, à Saint-Jacques de l'hôpital, à la fontaine Saint-Innocent, à la pointe Saint-Eustache, à la croix du Tiroir, à l'école Saint-Germain, à la place aux Chats (2), et aussi les autres lieux et places nécessaires, par les seize quartiers de la ville de Paris; seront déclarés par chacun jour aux dits gens de métier par les clercs du dit guet, selon l'ordonnance qui leur en sera faite par notre prévôt de Paris ou soit lieutenant criminel, qui pourra muer et changer les dites places et augmenter le dit guet, selon les cas et nécessités qui viendront à connaissance.

3. Lesquels lieux et places, les dits gens de métier seront tenus demeurer et eux tenir toute la nuit, par les temps et saisons ci-après déclarés, c'est à savoir (c’est-à-dire) depuis le premier jour du mois d'octobre jusqu’au dernier jour de mars, à commencer entre sept et huit heures du soir, jusque entre quatre et cinq heures du matin; et depuis le premier jour d'avril jusqu’au dernier jour de septembre, à commencer entre huit et neuf heures, jusque entre trois et quatre heures du matin.

4. Et pour faire l'assiette et la retraite de ce guet, sera tenu celui qui a charge de la guette (endroit d'où l'on surveille) du dit Châtelet, de sonner la trompette par chacune nuit, selon les heures dessus dites. Et après ladite trompette sonnée, le dit guet partira pour marcher et se retirera, et non plutôt; toutefois en cas nécessaire et urgent le guet royal pourra partir plus tôt, selon qu'il sera pour le mieux avisé.

5. Item (idem), que pour faire registre des gens du dit guet tant royal que des gens de métier, seront tenus les dits clercs du guet assister par chacun jour au dit Châtelet, aux heures assignées pour l'assiette de celui guet, et faire registre des comparants et défaillants. Et seront les dits gens du guet, tant du Roi que des métiers, tenus de comparoir (se présenter ou comparaître) à faire le dit guet aux jours et heures à eux assignés, selon que dessus, sur peine de dix sols parisis d'amende, pour chacun défaut; pour laquelle amende seront les défaillants contraints dès le lendemain du défaut qui sera expédié, sur le rôle et certification des dits clercs du guet et sur le rapport du sergent qui aura donné l'assignation : Et ce tant par prise et vente sommaire des biens de ceux défaillants, que par emprisonnement de leurs personnes, si métier est.

6. Et afin que le dit guet assis ne puisse partir des dits lieux et places, avant les heures dessus dites, nous ordonnons que le dit guet royal ira et viendra les dites places, pour savoir ceux du dit guet assis qui serviront ou défendront. Et de ce (ceci ou cela) le dit chevalier du guet et ses lieutenants feront rapport qui sera enregistré par les dits clercs, pour être procédé contre les dits défaillants, et qui se seront absentés, selon que dessus; et afin de savoir ceux qui se seront ainsi absentés, enjoignons aux autres qui auront été livrés avec eux, de le relever, sur (sous) peine de prison et de l'amende.

7. Toutefois si les dits gens de métier ont excusation (excuses) de maladie, d'absence, de mariage ou autre exoine (ou essoine : empêchement) recevable, les dits clercs du guet commettront autres personnes fidèles et suffisantes, et dont les dits clercs seront responsables, pour faire guet au lieu des absents, tant défaillants qu'excusés, et seront payés ceux qui serviront, au lieu de ceux qui auront fait défaut, sur les dits défauts et amendes. Et pour les autres ils seront payés aux dépens des excusés, le tout au prix de deux sols parisis pour chacune nuit, et s'il advenait que, pour aucune cause nécessaire, fut besoin assembler plus grand nombre de gens, le dit chevalier du guet ou ses lieutenants pourront appeler avec eux la totalité de gens du guet royal avec les gens de métier, en nombre compétant et raisonnables.

8. Et pour ce que par ci-devant plusieurs personnes se sont voulu exempter de servir audit guet, les aucuns (certains) alléguant privilèges, et les autres disants n'être point de métier, et, par ce, le dit guet a été diminué, et le peuple qui a servi au dit guet foulé et trop chargé, nous ordonnons que tous marchands gens de métier, artisans ou autres tenants boutiques et ouvroirs, dedans la dite ville de Paris, seront tenus et contraints de servir audit guet, par la manière et ainsi que dessus est déclaré, soient exempts ou non exempts, privilégiés ou non privilégiés, jusqu’à ce que par nous autrement en soit ordonné exceptés toutefois les personnes qui ont été excusées par l'arrêt donné en nôtre cour de Parlement, en l’an 1484, c'est à savoir les six vingt archers, soixante arbalétriers, et cent arquebusiers de nous et de la ville de Paris, gardes des clefs des portes, ceux qui ont le rouet des chaînes, quarteniers, dizainiers, cinquanteniers de ladite ville de Paris, bedeaux ordinaires de l'Université de Paris, messagers de nous et de la dite Université, durant leurs absences, monnayer pour le temps qu'on œuvre à la monnaie et les personnes âgés de soixante ans ou qu'ils aient meshaings (blessures graves) ou mutilation de membres, dont soit apparu a nôtre dit prévôt de Paris ou son dit lieutenant : toutes lesquelles personnes nous voulons et entendons être francs et exempts d'aller audit guet, selon le dit arrêt.

9. Item, nous ordonnons que les deniers des dits défauts amende et autres qui proviendront, à cause de ce que dit est, seront levés et reçus par les dits deux sergents, lesquels seront tenus rendre compte par chacun an d'eux deniers à notre receveur de Paris appelle notre procureur au dit Châtelet. Et enjoignons aux dits gens du guet, tant royal que des gens de métier, de biens et dûment vaquer à faire celui guet, selon ce que dessus et de faire les captions (arrestations) des malfaiteurs qu'ils trouveront en présent méfait et les emprisonner au dit Châtelet ; et aussi de traiter humainement les habitants de la ville de Paris, et leur donner confort et aide sans leur faire ne souffrir être fait aucun opprobre ou moleste (gène), le tout sur peine de punition corporelle.

10. Et pour faire entretenir le contenu ci-dessus et ce qui en dépend, enjoignons au dit prévôt de Paris ou son lieutenant criminel, d’y entendre soigneusement et contraindre les dits gens et officiers tant de guet royal, que de métiers et toutes autres personnes. Savoir est; les dits officiers, sur peine de privation de leurs offices, et les autres par amende et punition corporelle, selon l'exigence des cas, le tout nonobstant oppositions ou appellations quelconques.

11. Et pour ce que le dit prévôt de Paris ou son dit lieutenant ne pourra vaquer a l'assiette dudit guet, en faisant laquelle se sont par ci-devant faits plusieurs excès, rebellions et désobéissances, par les dits gens de métier, tant entre eux que pour les haines qu'ils ont les uns contre les autres, comme aussi à l'encontre des clercs et officiers du dit guet, le dit prévôt de Paris ou son dit lieutenant criminel pourra commettre l'un des examinateurs du Châtelet pour informer promptement et faire son rapport, et aussi (si métier est) pour procéder par emprisonnement contre les rebelles et délinquants, en présent méfait, afin d'y être pourvu sommairement par nôtre dit prévôt de Paris ou son lieutenant criminel.

12. Et ordonnons que les dits clercs du guet, sergents et examinateurs seront payés pour l'exécution des choses dessus dites, c'est à savoir les dits sergents et collecteurs, à la raison de deux sols parisis; les clercs du dit guet, de deux sols huit deniers parisis, et le dit examinateur, de quatre sols parisis. Le tout par chacun jour et pour chacun d'eux; le tout pris et levé sur les deniers provenant desdits défauts et amende.

Donné a Saint Quentin, au mois de janvier l'an de grâce mil cinq cent trente neuf et de nôtre règne le vingt-sixième.

Notes : 

Ce texte a été mis dans un français plus moderne et avec des notes sur les termes aujourd'hui disparus ou relevant d'une langue en mouvement et loin d'être figée dans le marbre, ou une orthographie très relative et fluctuante selon les auteurs.

(1) Ici trouvait place en préambule la charte du roi Jean du 6 mars 1364 sur la sûreté, guets et sergents de la ville de Paris, lire en page 44 l’ouvrage de René de Lespinasse (en source).

(2) La situation topographique de tous ces endroits ne saurait être déterminée ici et rentre dans le sujet de la « Topographie de Paris ».

Source : Gallica-Bnf,  Les métiers et corporations de la ville de Paris
Ordonnances générales, métiers de l'alimentation par René de Lespinasse
(1843-1922),
ancien élève de l'école des Chartes - Imprimerie nationale (Paris, 1886-1897).






Le fonctionnement
de la Prévôté parisienne


Alfred Franklin, bibliothécaire et historien



Ci-contre : le prévôt en roube rouge



Le prévôt des marchands présidait à tout ce qui concerne la sûreté des personnes, la défense, la petite voirie, les approvisionnements et le commerce de la ville. Il était assisté de quatre échevins, un procureur du roi, un greffier, un receveur, un clerc, vingt-quatre conseillers, dix sergents, seize quarteniers, quatre cinquanteniers et deux-cent-cinquante-six dizainiers. Le prévôt des marchands devait être né à Paris et bourgeois de cette ville. Il était élu pour deux ans, suivant les formes prescrites par un arrêt du 8 août 1500, et qui peuvent se résumer ainsi.

Chaque quartenier dressait une liste des principaux habitants de son quartier, et la soumettait au prévôt et aux échevins. Ceux-ci choisissaient sur la liste douze bourgeois, qui élisaient à leur tour six notables pour chaque quartier (16 en tout), soit quatre-vingt-seize pour tout Paris ; on tirait au sort trente-deux d'entre eux, qui procédaient, au scrutin secret, à l’élection du nouveau prévôt. Son costume était une robe de satin noir, mi-partie rouge et tanné. Un édit de janvier 1577 conféra à tous les prévôts des marchands et échevins la noblesse avec le titre de chevalier. Les échevins restaient également deux ans en charge, et portaient des robes semblables à celle du prévôt, mais en drap.

Les dix sergents de la ville avaient une robe mi-partie bleu et rouge. Une fois par an au moins, ils vérifiaient les poids et mesures de tous les marchands et les poinçonnaient de la fleur de lys.

Les quartiniers étaient élus par les cinquanteniers et les dizainiers. Ils étaient chargés de la police et de la défense d'un quartier ; mais, vers la fin du XVIe siècle, le commandement de la milice bourgeoise leur fut enlevé et confié à un colonel.
 
Les cinquanteniers transmettaient aux dizainiers les ordres des quartiniers, et, dans l’origine, commandaient cinquante hommes de la milice. Ils veillaient à la conservation des chaînes destinées à barrer les rues, et devaient posséder une liste de tous les habitants de leur circonscription. Les dizainiers commandaient dix hommes de la milice.

Trois compagnies soldées, une d'archers (120 hommes), une d'arbalétriers (60 hommes) ; et une d'arquebusiers (100 hommes), placées depuis 1550 sous les ordres d'un capitaine général, dépendaient aussi de l'Hôtel de ville et obéissaient aux deux prévôts. La garde bourgeoise était composée des corps des métiers, et formait, vers le milieu du siècle, soixante et une compagnies ; François 1er les passa en revue en 1540, et vit défiler devant lui quarante mille hommes bien armés.

La police nocturne était faite par le guet, composé du guet royal et du guet dit assis, dormant ou bourgeois. Le guet voyais composé de quarante sergents à pied et de vingt sergents à cheval, faisait des rondes pendant toute la nuit ; « ceux-ci, dit l'ambassadeur Lippomano, vont chevauchant dans la ville, et ils font un si grand tapage qu'ils donnent aux malfaiteurs le signal et le temps de se sauver. »

Le guet assis était formé de bourgeois et d'artisans, les hommes de garde, prévenus la veille par les « notaires ou clercs du guet, » se rendaient, à la nuit tombante, dans des postes désignés, d'où ils pouvaient, en cas d'alerte, se porter un mutuel secours. Étaient seuls exempts de ce service les gardes des clefs des portes, ceux qui conservaient le rouet des chaînes, les bedeaux et les messagers de l'Université, les ouvriers employés au monnayage, les estropiés et les hommes qui avaient passé soixante ans. 

Les rues n'en étaient pas moins fort peu sûres pendant la nuit, malgré́ le é́loges emphatiques dont Paris était toujours l'objet.

Source : Moeurs et coutumes des Parisiens au XVIe siècle, pages 67 à 70, Alfred Franklin (Paris, 1876)



 Création du Collège royal ou de France

A ses débuts, cette école se vit attribuer le titre en 1545 de Collège des lecteurs royaux, puis plus couramment de Collège royal, cette appellation allait perdurer jusqu'à la révolution française, avant de devenir le Collège de France. Cette institution fut créée en 1530 à la demande de Guillaume Budé, Maître de librairie de François 1er, et furent nommés six lecteurs royaux chargés d'enseigner des disciplines jusqu'à là non transmises au sein de l'Université de Paris :


- Trois pour l'hébreu (François Vatable, Agathias Guidaccerius, Paul Paradis).
- Deux pour le grec (Pierre Danès, Jacques Toussaint).
- Un pour les mathématiques (Oronce Finé).

Les cours furent ouverts à tous et gratuits, ce qui est toujours le cas de cette honorable institution. En 1534, Barthélemy Latomus enseigna l'éloquence latine, en 1538, Guillaume Postel enseignait à la fois le grec, l'arabe et l'hébreu. Les cours furent d'abord donnés en latin, puis à partir de 1573 apparurent les premiers enseignements en français.

En 1551 Henri II élargissait le champ d'enseignement du Collège à la philosophie en confiant une chaire à Ramus (Pierre de la Ramée), anti-aristotélicien notoire et contesté, qui, à partir de 1559, fit le choix d'enseigner les mathématiques. C'est en 1567 qu'un document mentionna pour la première fois le Collège, il s'agissait du certificat d'aptitude à l'enseignement du grec délivré à Nicolas Goulu.

Portail du Collège de France, ci-contre
 

En 1539, François 1er envisagea la construction d'un « grand et beau collège » juste en face du Louvre en rive gauche (ou sud), là où se trouve aujourd'hui l'Institut de France, mais l'idée resta en friche, et les plans se perdirent. Les bâtiments du Collège royal à sa création n'étaient pas encore construits, car sur l'actuel emplacement se trouvait deux collèges, celui de Cambrai et de Tréguier, rachetés en 1612. Ces établissements servirent plusieurs décennies avec le collège Cardinal Lemoine de lieux pour la transmission des savoirs qui y étaient délivrés.

C'est avec Henri IV que fut prise la décision d'y bâtir un espace spécifique. La mort de ce dernier aurait pu repousser un nouvelle fois l'édification des locaux, mais la première pierre fut néanmoins posée en août 1610 par la régente Marie de Médicis, qui a eu à coeur de faire poursuivre les travaux. En 1639, le chantier n'en était qu'à la moitié de la surface envisagée et il fallut attendre des lettres patentes de Louis XV, en raison de l'exiguïté des locaux, pour que de 1772 à 1775 s'achèva l'ouvrage concu à l'origine par l’architecte Claude Chastillon (1559-1616). A remarquer que le portail date seulement de l'année 1775...

NB : Le Collège royal se chargea aussi des premiers dépôts légaux des publications : livres, revues et journaux. Aujourd'hui ce dépôt se fait auprès de la BNF sans censure préalable ou interdiction, mais requiert une autorisation de publication ou un numéro d'attribution. Depuis François 1er, la censure des textes relevait des lecteurs royaux de ce même collège (édit de 1537 et ses suites légales dont la mention de l'auteur et de l'imprimeur, etc.).


La Renaissance et le goût du monde : cliquez ici
Jean-Marie Le Gall et Frank Lestringant,  professeurs des universités
France Culture -Tout un monde par Marie Hélène Faissé - 12/05/2015 - Durée : 35 minutes




 Les villes de la Renaissance


Les villes de la Renaissance furent le résultat de l'expansion au Moyen Âge des centres urbains, le commerce fleurissant, elles allaient évoluer aux XVe et XVIe siècles en raison des progrès ou évolutions techniques.



Ci-contre le cimetière des saints Innocents



Gilles Corrozet, libraire, éditeur et imprimeur, dans son ouvrage : La fleur des antiquitez de la noble et triomphante ville et cité de Paris édité en 1555, nous apprend qu'il existait : « Dans la Cité, 32 rues, sur la rive gauche, 112 rues ; sur la rive droite, 241 rues ; culs-de-sac, 73 ; rues non nommées, 37 ». Ce qui donne un total de 496 rues incluant les faubourgs. SIx années auparavant l'on avait recensé les maisons et l'on en trouva environ 10.000 (sans compter les fauxbourgs). Il existait dans la ville pour l'approvisionnement hors l'apport de la Seine en eau seulement dix-sept fontaines, et pour certaines en très mauvais état.

« Paris ne possédait encore que dix-sept fontaines publiques, toutes alimentées par deux aqueducs, celui du Pré Saint-Gervais et celui de Belleville. Elles étaient réparties sur la rive droite de la Seine ; la rive gauche et la Cité devaient donc se contenter de l'eau que leur fournissaient la Seine et les puits. L'aqueduc de Belleville alimentait les fontaines situées place Baudoyer, rue Saint-Julien, rue Barre-du-Bec, rue Sainte-Avoye, rue Maubuée et rue Salle-au-Comte . Cette dernière, qui tombait en ruines, fut reconstruite en 1578. On la nommait aussi fontaine de Marie, parce qu'elle était adossée à l'hôtel qu'habitait le chancelier Henri de Marie, massacré en 1418. L'aqueduc du Pré Saint-Gervais fournissait de l'eau aux fontaines de Saint-Lazare, des Filles-Dieu, Reine, du Temple, des Halles, de la Culture Saint-Martin, de la Croix du Trahoir et du Ponceau, toutes deux rebâties en 1529 ; de Sainte-Catherine, élevée en 1579 par le cardinal René de Birague dans la rue Saint-Antoine, en face de l'église Saint-Paul ; enfin, à l'angle des rues Saint-Denis et au Fer, la fontaine des Innocents, qui datait du XIIIe siècle, mais qui fut entièrement reconstruite par Pierre Lescot et Jean Goujon vers 1550 ».

Source : Gallica-Bnf, Paris et les Parisiens au seizième siècle : Paris physique,
Paris social, Paris intime, pages 61 et 62, Alfred Franklin (Paris, 1921)

Le monde urbain allait disposer de meilleures voies de communication, des aménagements urbanistiques et la naissance d'une architecture plus luxuriante : places et rues plus grandes, maisons bourgeoises, et hôtels de ville. De plus, les villes importantes en Europe disposaient et proposaient de répondre au savoir des habitants avec des écoles, des collèges et des universités. Avec la croissance démographique qui s'engagea au XVIème siècle, les villes attiraient de fait les populations pauvres des campagnes. Ce qui favorisa le développement des commerçants : boulangers, bouchers, tenanciers, etc., Et démontre un dynamisme économique longtemps ignoré ou méconnu.

Le commerce de Paris avait pris, en effet, un développement considérable, et il faisait régner en tout temps dans la ville le luxe et l'abondance. « A tout prendre, dit Philipppe de Comines, cette cité de Paris est la cité que je visse environnée de meilleur pays et plus plantureux, et est chose presque incroyable des biens qui y arrivent ». L'ambassadeur Lippomano n'est pas moins enthousiaste : « Paris a en abondance tout ce qui peut être désiré. Les marchandises de tous les pays y affluent ; les vivres y sont apportés par la Seine, de Normandie, d'Auvergne, de Bourgogne, de Champagne et de Picardie. Aussi rien n'y manque, tout semble tomber du ciel ; cependant le prix des comestibles y est un peu élevé... Les bouchers, les marchands de viande, les rôtisseurs, revendeurs, les pâtissiers, les cabaretiers, les taverniers s'y trouvent en une telle quantité que c'est une vraie confusion ; il n'est rue tant soit peu remarquable qui n'en ait sa part ».

Moeurs et coutumes des Parisiens au XVIe siècle, pages 90 et 91, Alfred Franklin (1876)

À Paris l'activité de l'imprimerie a eu une place conséquente dans l'activation et la circulation des idées de "progrès" (le sens était différent à l'époque procédant des victoires ou batailles militaires gagnées). Il s'agit surtout de se référer à des progrès ou évolutions techniques sans rapport premier avec des questions sociales, outre des améliorations fonctionnelles en relation avec certains travaux du quotidien. L'artisanat perdait peu à peu du terrain avec ses produits de facture en nombre limité face à la manufactorisation ou une démultiplication des produits par des fabrications en série.

Comme activités qui devaient tenir un rôle plus prépondérant, on trouvait en particulier les professionnels du droit : notaires, procureurs et juges. Subsistaient les différents artisans en corps de métiers avec une organisation sociale spécifique ou codifiée avec les maîtres en haut de la pyramide. (regarder la vidéo, ci-dessous de 6 minutes sur les structures et le fonctionnement de cette codification d'une centaine de métiers).


Au service des "maistres", les apprentis et les ouvriers étaient organisés dans les codes de leur corporation ou selon le principe de jurer fidélité.


Une organisation spécifique et légale que l'on nommait la jurande
:
« Charge de juré sous l'ancienne monarchie française conférée par élection à un (ou plusieurs) membre(s) d'une corporation, choisi pour la représenter, défendre ses intérêts, veiller à l'application du règlement intérieur ». (source : dictionnaire du CNRS en ligne).




Le bas de l'échelle sociale était composé de petits échoppiers, des modestes commerçants ou ambulants des rues, des salariés à la tâche ou journaliers, les bras-nus des villes n'entraient toujours pas dans les métiers bien codifiés. Le grand nombre d'individus qui circulaient sur les routes comme errants ou vagabonds commençaient à inquiéter, car sans statuts autre que "oisifs" au regard des lois et des pouvoirs politiques. L'enjeu et la morale publique changeait, l'errance devenait suspecte, alors qu'elle fut en d'autres temps acceptée, voire un mode de vie. Cette main d'œuvre d'hommes (ou des familles) recherchaient des conditions moins misérables. Ils étaient les premiers exposés aux crises économiques et a subir les transformations des techniques, pouvant faire appel à des ouvriers très qualifiés, comme à des bras occasionnels. En France se créa pour aider les plus démunis des structures charitables comme le Grand Bureau des Pauvres à Paris, son rôle était de distribuer de la nourriture, d'aider selon l'activité économique à trouver du travail (forcé) aux sans labeurs.

La vie urbaine favorisa des différences sociales au sein des populations, et les crises sociales et économiques les amplifier. Il n'y a pas eu pour autant de très grandes tensions sociales et économiques dans ces temps dit renaissants en dehors de rares tensions de 1420 à 1548, mais les guerres ont favorisé l'augmentation des impôts comme la taille. La bourgeoisie gérait le quotidien, et elle était de plus en plus intéressée par l'exercice du pouvoir et de la justice. Et le sera de moins en moins par le commerce, c'est aussi parmi eux que la Réforme allait trouver ses partisans les plus actifs.

La Renaissance a été un tournant culturel, architectural décisif, et Paris la ville latine reprenait ses droits ; vers 1527, la cité parisienne redevenait la capitale de la France, mais pas obligatoirement le lieu de séjour le plus fréquent des monarques.

A l'exemple de François 1er, celui-ci a été un roi itinérant, avec une cour suivant les déplacements royaux et qui fit les beaux jours des pays de Loire pour son patrimoine. Il a été à l'origine de nombreuses re-constructions ou rénovations d'anciennes demeures fortifiées, comme à Fontainebleau (Seine-et-Marne) et à Saint-Germain -en-Laye (dans les Yvelines) en île de France.



Le nouvel Hôtel de Ville

Les travaux allaient durer jusqu'en 1628. Une partie été édifiée sous François Ier, Henri II, puis sous Henri IV et Louis XIII s'élargissait la bâtisse, deux ailes (ou pavillons) sur sa gauche et sur sa droite furent rajoutées.

« En l'an 1533, le 15 juillet, fut posée la première pierre du nouveau bâtiment de l'hôtel de ville par MM. Maistre, Pierre Viole, sieur d'Athis, conseiller du roy, notre sire en sa cour de parlement à Paris, prévost des marchands et Maistres Gervais Larcher, Jacques Boursier, Claude Daniel, et Jean Barthélémy, échevins, lesquels avaient chacun une truelle argentée pour prendre du mortier fait de sable et de chaux. Sur laquelle pierre étaient gravées les armes du roi, et aux deux côtés les armes de la ville avec cet écrit : facta fuerunt haec fondamenta (ces fondations ont été faîtes) ; pendant que l'on faisait l'assiette de cette pierre sonnaient les fifres, tambourins, trompettes et clairons, artillerie, cinquante arquebusiers à crocq de la ville avec les arquebusiers d'icelle ville qui sont en grand nombre et aussi sonnaient à carillon les cloches de Saint Jean de Grève, du Saint-Esprit et de Saint-Jacques de la Boucherie. Aussi au milieu de la grève, il y avait vin défoncé, tables dressées, pain et vin pour donner à boire à tous venants en criant par le menu peuple à haute voix : Vive le roi et Messieurs de la ville. ».

    L'hôtel de Ville sous Henri IV

Source et illustrations, Gallica-Bnf, Paris à travers les siècles,
tome I, d'après Henri Gourdon de Genouillac, en cinq volumes -1882-1889


Sous le règne de François 1er  sont apparues des institutions prestigieuses, à l'exemple du Collège royal (ou de France), et plus tardivement de la Bibliothèque royale ou nationale, et selon les époques. Les différents religieux de la fin du XVIe siècle firent surgir des tensions jusque-là contenues, en raison des dispendieuses modernisations, pour exemple à l'intérieur des enceintes fortifiées. Les prix grimpaient, provoquaient chômage et misère, quand le travail venait à manquer. Plus tardivement, en 1533 débutait la construction en lieu et place de l'Hôtel-de-Ville, la construction d'un palais, des plans commandés quatre ans auparavant à l'architecte italien Boccador. Des travaux qui prirent fin sous Louis XIII. L'Hôtel-de-Ville sera en parti détruit par un incendie en 1871, puis il fut reconstruit sous la conduite de l'architecte Théodore Ballu, tel que nous le connaissons.

Durant cette période dite de la Renaissance, les relations commerciales s'intensifièrent entre les villes et les campagnes. Les premières offraient aux secondes de vendre leur production et facilitaient le passage d'une agriculture de subsistance à une agriculture productrice de richesse. Les campagnes restaient en population largement majoritaires. Nous sommes encore loin d'un exode de population qui intervint tardivement et moins massivement qu'en Allemagne ou en Angleterre. L'on vivait des cultures qui aidaient à accroître les revenus comme la vigne, l'ile de France a été propice à cette plantation. La région parisienne produisit un vin de table courant, aujourd'hui des quelques pieds subsistants de la butte Montmartre, c'était tout l'Est et une partie du Sud parisien (Montrouge) où l'on pouvait voir s'étendre une production vinicole, toutefois d'assez mauvaise qualité.

Si la paysannerie française a pu connaître quelques évolutions techniques, toutefois les habitudes, coutumes locales et superstitions restaient tenaces et l'opposition ville-campagne a été longtemps une contradiction bien connue entre traditions et progrès. La césure avec le temps resta toujours très vivante. Dans les campagnes, pour les plus riches s'esquissa une aristocratie provinciale, ce furent la plupart des propriétaires terriens qui louaient leurs instruments aux paysans. Pour les plus pauvres, les gages ne suivirent pas le prix des denrées, les métairies remplacèrent le servage, mais demeura un asservissement pour les uns et des rentrées régulières pour les autres possédants. 


A Noter : Apparition du maïs au pays basque ; du tabac vers 1560, il a été introduit par Jean Nicot. Les cultures dominantes étaient le froment ou le seigle pour les humains, le sarrasin (ou blé noir), l'orge et l'avoine pour le bétail.

En bref de 1547 à 1572, à Paris et dans le monde des idées

En 1547, Henri II était sacré roi, le 26 juillet à Reims, le 8 octobre, il créait au Parlement de Paris une chambre exclusivement compétente en matière d'hérésie, qui a eu pour nom la « Chambre Ardente », nommée ainsi parce que décorée de tentures noires avec de grands chandeliers, et elle visait tout particulièrement les Protestants.

La première Chambre de ce type fut instituée sous François 1er en 1535, puis a continué sous Henri II et François II. Matthieu Ory (1482-1557) fut nommé pour la diriger comme Inquisiteur de Paris (dès 1539). Trois ans après son accession au trône la dite Chambre rendait plus de 500 arrêtés contre l'hérésie et fit de nombreuses victimes, et des prisonniers par milliers.

Portrait d'Henri II par François Clouet, ci-contre


Le roi fit refaire « en grande partie les fortifications de la rive droite, mais ne furent pas reculées et suivirent à peu près le même tracé qu'à l'époque de Charles V, c'est-à-dire, la ligne du boulevard du Temple, Saint-Martin, Saint-Denis, etc. »
Guide pratique de Paris, par A.M, Lyon, 1913

1548 : L'édit pris par Henri II en janvier, défend « d'ores en avant édifié ni bâti de neuf les fauxbourgs de Paris (...) sur peine de confiscation du fonds et du bâtiment qui sera incontinent (tout de suite) démoli ». Il est interdit « au non noble d'usurper le titre de noblesse et de porter l'habit de Damoiselle », au sein de la Déclaration du Roy, sur le faict et reformation des habits. Il s'agit de l'ordonnance d'Henry II faites à Paris, le 12 juillet, et de la déclaration de Folembray du 17 octobre 1549, etc. Un traité est signé entre les royaumes d'Ecosse et de France, Marie Stuart est promise au dauphin et le royaume écossais passe sous protection de la royauté française. Publication des Exercices Spirituels d'Ignace de Loloya.
1549 : Décès de Marguerite de Navarre ou d'Angoulême, femme de lettres et sœur de François 1er. Sous la direction de l'architecte Pierre Lescot et avec des bas reliefs du sculpteur Jean Goujon est constuite la fontaine des Innocents (actuel 1er arrondissement). Rédigé l'année précédente, Etienne de la Boétie publie De la Servitude Volontaire (manuscrit original).
1550 : A Paris sont estimés à seulement soixante-douze les médecins. Henri II accorde le droit d'entrée sur la royaume aux Juifs et Musulmans convertis (dits "Portugais"), ils arrivent notamment dans les villes et ports de Bordeaux et Bayonne. En Espagne, Charles Quint et le Pape Jules III convoquent une disputation à Valladolid avec une quinzaine de théologiens, où notamment les thèses de Juan de Sepulveda et de Bartolomé de Las Casas s'affrontent pour savoir si les "Indiens" ont une âme? Il y est question plus exactement de savoir si la colonisation par la force est nécessaire et si l'évangélisation est une mission de l'Eglise, sur ce dernier point les deux religieux sont en accord et favorables à la christianisation des populations "indiennes".
1551 : A Fontainebleau nait en septembre le quatrième fils des époux royaux, le futur Henri III. Bartolomé de Las Casas fait publier l'Histoire générale des Indes en espagnol & parution de De Scandalis, de Jean Calvin, où il dénonce l'athéisme de Rabelais, de Des Périers, d'Etienne Dolet, etc.
1552 : En janvier, Le traité de Chambord scelle un accord entre Henri II et les princes réformés. Le duc d'Albe pour Charles Quint fait le siège avec ses troupes en octobre de la ville de Metz, sous les ordres de François de Guise, il dure 4 mois sans succès. Sont publiés le Guide des Chemins de France de Robert Estienne & Le Quart Livre de François Rabelais.
1553 : Pierre de Ronsard forme une nouvelle Pleiade (depuis l'Antiquité) avec six autres poètes français : Joachim Du Bellay, Jacques Peletier du Mans, Rémy Belleau, Antoine de Baïf (le musicien du groupe), Pontus de Tyard et Étienne Jodelle. Les Amours de Ronsard sont publiés chez la Veuve Maurice de la Porte à Paris. Henri de Navarre, fils de Jeanne d'Albret et d'Antoine de Bourbon, nait le 13 décembre, celui-ci est baptisé catholique. Le prévôt des marchands recense 12.000 maisons dans la capitale.


     Notice sur Etienne Jodelle,
retour de la tragédie antique au-devant de la scène...


Estienne Jodelle a été des auteurs de la nouvelle pléiade et le seul Parisien du groupe, il n’a pas été retenu pour son œuvre poétique, plutôt ennuyeuse ou déclamatoire, mais pour avoir relancer un style théâtral oublié : la tragédie. Ce petit texte de Louis Viollet-le-Duc (1781-1857) est son introduction aux pièces sauvegardées de ce dramaturge précurseur d’une écriture en alexandrin et adaptée en français en vers de douze pieds puisés auprès des auteurs de l’antiquité grecque et latine.

« Etienne Jodelle, né à Paris en 1532 mort en 1573, passe généralement pour le premier qui osa substituer aux mystères, moralités et sotties (ou soties : piécettes de théâtres à caractère politico-sociales), des ouvrages dramatiques français faits selon le système des anciens. Il est cependant vrai de dire que déjà Baïf, en 1537, et Ronsard, en 1549, avaient fait représenter et imprimer l'Electre de Sophocle et le Plutus d'Aristophane, traduits en vers français ; mais Jodelle ne se contenta pas d'une traduction il composa, en effet, le premier, une véritable comédie et deux tragédies de son invention, s'assujettissant seulement à la forme adoptée par les Grecs et les Latins. L'Eugène, comédie, et Cléopâtre captive furent représentées le même jour, en 1552, Didon en 1558.

Cette sorte de spectacle parut tellement insolite, nouvelle, que, dans l'impossibilité de trouver des acteurs capables de jouer ces pièces, et peut-être même de les comprendre Jodelle et ses amis Remy Belleau et Jean de la Péruse qui, plus tard, furent auteurs dramatiques aussi, furent obligés de prendre dans ces pièces les rôles principaux. On prétend que ce fut Jodelle, alors âgé de vingt ans, et d'une figure agréable, qui joua Cléopâtre.

Un théâtre fut élevé, pour cette représentation, dans la cour de l'hôtel de Reims, à Paris où assistèrent Henri II et ses courtisans. Pasquier, dans ses Recherches de la France, nous donne lui-même ces détails, assez curieux pour être reproduits ici : « Cléopâtre fut jouée devant le roi Henry II, avec de grands applaudissements de toute sa compagnie, et, depuis encore, au collège de Boncourt, où toutes les fenêtres étaient tapissées d'une infinité de personnages d'honneur, et la cour si pleine d'écoliers, que les portes du collège regorgeaient. Je le dis comme celui qui y était présent avec le grand Tournebus (Turnèbe), en une même chambre. Le roi lui donna (à Jodelle) cinq cents écus de son épargne et lui fit tout plein d'autres grâces, d'autant que c'était chose nouvelle et très belle et très rare. » Pasquier, en portant plus loin un jugement sur Jodelle, ajoute pourtant « Je me doute qu'il ne demeurera que la mémoire de son nom en l'air. » Et cependant nous voyons que Regnier (Mathurin 1573-1613, poète), plus de vingt ans après la mort de Jodelle, le cite encore avec éloge (satire IV, vers 108).

Non seulement les poètes antérieurs à Jodelle et ses contemporains négligeaient l'entrelacement des rimes dans leurs poésies mais, que le sujet qu'ils traitaient fût grave ou léger, la mesure leur semblait indifférente. Jodelle, le premier, consacra le grand vers alexandrin à la tragédie, sauf les chœurs. Seulement, le premier acte de Cléopâtre est en grands vers, (…). C'est évidemment un essai. Didon est écrite toute en grands vers, et cette mesure a été adoptée par tous les successeurs de Jodelle. Eugène, Cléopâtre et Didon sont les seules pièces de Jodelle qui nous aient été conservées par l'éditeur de ses œuvres posthumes, Charles de la Mothe, son ami (*), quoi qu'il en eût d'autres dit-il, « achevées ou pendues au croc ; attendant » pour les publier des temps meilleurs. Elles sont perdues.

Ce même éditeur nous apprend que tout ce qui a été composé par Jodelle « n'a jamais été fait que promptement ; la plus longue et difficile tragédie ou comédie ne l'a jamais occupé à composer et écrire plus de dix matinées ; même sa comédie d'Eugène fut faite en quatre traites.» Nous savons que le temps ne fait rien à l'affaire ; toutefois, ne pourrait-on pas attribuer cette précipitation blâmable d'abord à l'état de gêne et de désordre dans lequel vivait Jodelle, ensuite à l'incertitude du succès de ses poèmes dramatiques et aux difficultés sans nombre qu'il pressentait pour leur représentation?

Un fait consigné par Jodelle lui-même peut en donner une idée. Dans un ballet des Argonautes, qu'il fut chargé par le prévôt des marchands de faire exécuter à l'Hôtel-de-Ville de Paris, obligé de diriger, d'organiser tout, arcs de triomphe, trophées emblématiques, décors de toute sorte, compositions de devises, d'emblèmes, d'inscriptions, en place de deux rochers (les Cyannées probablement) qu'il avait commandés au peintre, Jodelle exprime son dépit de voir arriver, durant la représentation, deux clochers, entre lesquels Jason dut passer. On conviendra que cela était décourageant.

Il faut faire la part du temps. Jodelle vivait dans un siècle d'examen, où tout était tenté ou mis en doute. Il fut novateur. Jamais, dit-il de lui-même dans un chapitre à sa muse : Jamais l'opinion ne sera mon collier.

Son style, souvent barbare, est rempli de locutions neuves, hasardées pour la plupart, mais dont quelques unes ont pris droit de cité. Sa comédie, dont le prologue indique des idées dramatiques, offre des caractères bien tracés, entre autres celui de Guillaume, la perle des maris. Cléopâtre captive, la plus faible de ces trois pièces, ne doit être considérée que comme une tentative heureuse qu'il importe de consigner. Didon prise tout entière du quatrième livre de l'Enéide de Virgile contient des morceaux remplis d'âme et de chaleur pour qui saura soulever la rude écorce qui les recouvre. Enfin c'est l'art dans l'enfance; mais c'est un enfant vivace, et qui promet un avenir. (Corneille, Molière, etc.)

Note :


(*)  Charles de la Mothe né et mort au XVIe siècle fut l’éditeur et il est « l’auteur d'un propos liminaire intitulé De la poésie françoise, et des œuvres (poétiques) d'Estienne Jodelle, sieur du Lymodin ».

Source : Gallica-Bnf, Ancien théâtre françois ou Collection des ouvrages dramatiques les plus remarquables depuis les mystères jusqu'à Corneille. Avec des notes et éclaircissements de M. Viollet le Duc, édité en 1855 au Liechtenstein.


1554 : Est rétabli le régime des greniers et du sel en particulier. Michel de l'Hospital est nommé surintendant des finances du royaume.
1555 : sont publiées les Oeuvres (Les Soupirs et Sonnets) de Louise Labbé (ou Labé, 1524-1566) dite la "Belle Cordière", poétesse et courtisane, imprimé à Lyon sa ville natale. Cependant, il se pourrait que Louise Labbé n'a jamais existée et serait en fait un collectif d'auteurs.  Nicolas de Villegagnon part en mai du port du Havre avec deux navires et six cent hommes, ils arrivent en octobre au Brésil. La colonisation française échouera et durera que cinq années. Est éditée la Cosmographie universelle, selon les navigateurs tant anciens que modernes de Guillaume Le Testu.
1556 : Charles Quint abdique de son titre d'empereur du Saint-Empire en janvier et Ferdinand 1er lui succède, en août c'est au tour du trône espagnol qui revient à la faveur de Philippe II, le nouveau roi d'Epagne déjà roi de Naples. Celui-ci ratifie et confirme dans l'année les règles de loi de 1547 sur la "pureté de la race" (ni juif, ni mulsulman). Ignace de Loloya décède à Rome.
1557 : Le livre La deffence & illustrastion de la langue françoise de Joachim Du Bellay (décès en 1560) est édité à Paris.
1558 : Le 24 avril, Marie Stuart, reine d'Ecosse épouse le dauphin François à la cathédrale Notre-Dame et devient à son tour roi d'Ecosse, et il est précisé dans le contrat de mariage qu'en cas de décès de Marie, François peut réclamer le trône d'Angleterre. Le 13 mai, les Incidents du Pré-aux-Clercs provoquent des heurts entre Catholiques et Protestants, ces derniers manifestent régulièrement par la lecture et le chant des psaumes, ils s'attirent l'ire du roi et l'indignation de la Sorbonne. En juillet, suite à des négociations avec le royaume d'Ecosse et un accord de protection, le Parlement de Paris naturalise les Ecossais (et inversement). Sont publiées Le premier livre des Antiquitez de Rome & Les Regrets et autres œuvres poétiques de Joachim Du Bellay. En Espagne, Charles Quint meurt dans un monastère.
1559 : S'achève après deux années d'affrontements la onzième guerre d'Italie avec le traité de Cateau-Cambrésis. S'engage la mode des portraits grandeur nature par François Clouet, le portraitiste d'Henri II. Anne du Bourg, juriste protestant, est depuis deux ans devenu conseiller au Parlement de Paris, lors d'une réception avec le roi (une mercuriale), il se prononce contre les exactions menées contre les huguenots et pour la tolérance religieuse. Henri II le fait embastiller. Le 29 juin Henri II est mortellement blessé, d'un pieu fiché dans son œil, suite à joute avec le comte Gabriel de Lorges dans la rue Saint-Antoine à Paris intra-muros et dans la plus large rue de la capitale (ci-dessous une gravure du combat). Le roi décède 10 jours après de ses blessures. Commence le court règne de François II, qui est sacré roi en septembre à Reims sous le contrôle de ses oncles de Guise, à l'âge de 15 ans. Le 21 décembre, dans la capitale le conseiller Anne du Bourg est condamné à mort en place St-Jean de Grève et pendu à la vue du public. Il nous laisse pour mémoire :  Confession sur les principaux poincts de la religion chrestienne (...). Plus l'histoyre de la mort et martyre du mesme seigneur Du Bourg, par lequel il a signé de son sang la susdite confession. Edition de L'Heptaméron de la princesse Marguerite de Valois, reyne de Navarre à Lyon et sont traduites les Vies de Plutarque par Amyot.


Place St-Jean de Grève,
exécution publique de Anne du Bourg




29 juin 1559, joute entre Henri II et le comte de Montgommery rue Saint-Antoine (illustrations de Frans Hogenberg)

1560 : La population du royaume français est estimée à environ 20 millions d'habitants, et elle atteint le même chiffre et son plus haut niveau d'avant la guerre de Cent ans (début du quatorzième siècle). Les actes notariés doivent obligatoirement être signés. Le 17 mars se déroule la conjuration d'Amboise, Louis de Bourbon, prince de Condé et d'Antoine de Bourbon (père du futur Henri IV, qui est catholique, mais il fini par renoncer à y participer) sont à l'origine d'un complot contre François II, qui échoue et préfigure des suites. Environ 1.200 conjurés huguenots se font massacrer par les troupes du roi. Les conjurés ont cherché à enlever François II, le trouvant trop sous l'influence de la famile de Guise. Jeanne d'Albret, reine de Navarre, choisie la religion réformée. En mai la Chambre Ardente (l'inquisition) est supprimée par l'édit de Romorantin, en juillet le Parlement l'enregistre. Après le décès de François II, le 5 décembre débute le règne de Charles IX et la régence de Catherine de Médicis. Antoine de Bourbon est intégré au Conseil royal. Michel de l'Hospital prend la charge de chancelier de France (justice) jusqu'en 1568, il est désigné pour conduire une politique de réconciliation entre Catholiques et Protestants. Celui-ci est aussi l'auteur le 7 septembre, de l'Harangue au Parlement de Paris (au sein de ses oeuvres complètes édition de 1825). André Vésale (1514-1564), médecin et père de l'anatomie moderne est publié à Lyon pour sa Description et demonstration des membres interieurs de l'homme & de la femme, en onze tables, tirées au naturel, selon la vraye anatomie.
1561 : Fin janvier, Charles IX clos les Etats généraux à Orléans et il est sacré roi à Reims, le 5 mai. Vers la fin du mois de mai la peste est de retour dans la capitale. L'épidémie fera 25.000 morts et s'arrêtera en 1562. Fin décembre, le 27, au sein du quartier Mouffetard, les Huguenots attaquent l'église Saint-Médard, les cloches de cette dernière empêchent le pasteur de se faire entendre. Il est envoyé dans un premier temps une ambassade, s'engagent des heurts violents entre des partisans des deux cultes. Le lendemain, les Catholiques répliquent et s'en prennent au temple du Patriarche et l'incendie. Antoine de Bourbon est nommé gouverneur de Guyenne et Lieutrenant général du royaume par Catherine de Médicis. Le livre de l'architecte Philipbert de l'Orme (ou Delorme) est imprimé sous le titre : Nouvelles inventions pour bien bastir et à petits fraiz.
1562 : Le 22 février, l'amiral de Coligny quitte la cour. Le 1er mars, sont massacrés une centaine de Huguenots à Wassy (Haute-Marne), au nom du duc de Guise et précipite l'enclenchement des guerres de religion : 8 conflits jusqu'en 1598. Quinze jours après François de Guise entre dans Paris. Fin avril, la ville de Lyon est mise à sac par les calvinistes (La  rumeur pendant les guerres de religions de Passion modernistes avec Gauthier Mingous). Lors du siège de la ville de Rouen occupée par les huguenots, à la mi-octobre, Antoine de Bourbon est mortellement blessé, il décède en Normandie un mois plus tard. En décembre, François de Guise à son tour devient Lieutenant général du royaume.
1563 : En février, lors du siège de la ville d'Orléans, François 1er de Guise, duc de Lorraine est visé et touché par la balle d'un gentilhomme protestant, Poitrot de Méré, il meurt quelques jours après, son assassin est écartelé. Fin du premier conflit, le 19 mars est signé et publié l'édit d'Amboise, qui assure la liberté de conscience pour les Protestants, le culte est néanmoins limité à leurs domiciles. Le 2 juillet, il est signé l'acquisition d'une bâtisse par les Jésuites situé rue Saint-Jacques, ainsi la compagnie de Jésus va pouvoir ouvrir dans la capitale le collège dit de Clermont. Celui-ci deviendra le collége royal Louis-le-grand. Le 17 août, Charles IX est déclaré majeur devant le Parlement de Rouen. En décembre, le concile de Trente s'achève. L'on remarque la réalisation de poteries et d'assiettes ornementales par le savant et autodidacte Bernard Palissy. Et puis survient la disparition d'Etienne de la Boétie à 33 ans, ami de Michel de Montaigne. Philosophie : l'histoire d'une amitié (France Culture, le 18/03/2019)
1564 : En janvier, le roi Charles IX et sa famille (dont Catherine sa mère), le jeune roi quitte la capitale pour un tour de France pendant deux ans et demi, suivi par 8.000 personnes allant parcourir 4.000 kilomètres. Catherine de Médicis décide de la construction du château des Tuileries ou du futur Palais-Royal sous la conduite de Philibert Delorme (fin des travaux 10 ans plus tard). Jean Calvin décède à Genève.
1565 : Suite à l'ordonnance royale prise deux ans plus tôt, le mois de janvier devient le premier mois de l'année. Charles IX confie à Pierre de Ronsard le  Prieuré de Saint-Côme en Touraine, saccagé deux ans plutôt par les Huguenots. Où le poète résidera jusqu'à ses derniers jours en 1685 comme Prieur et sera inhumé dans l'église. Est éditée La Bergerie de Rémy Belleau, poète du groupe de la Pléiade.
1566 : Le 1er mai le tour de France du roi et sa cour s'achève. En août les Pays-Bas se révoltent contre l'Espagne.
1567 : Se déroule, le 10 novembre, la bataille de Saint-Denis entre Catholiques et Huguenots, le duc Anne de Montmorency y décède.
1568 : Le collège créé en 1439 à Paris par M. Nicolas Coqueret d'Amiens, chanoine et bachelier en théologie, c'est-à-dire l'école qui a accueilli Du Bellay et Pierre de Ronsard (professeur M. Jean de Dorat, 1508-1588) et d'autres auteurs de la Pléiade est fermée (quartier Latin ou des Ecoles). Michel de l'Hospital est destitué, faute de conciliation entre huguenots et catholiques. Le conseiller et aumonier ordinaire du roi, Philipbert de l'Orme (ou Delorme) est édité pour son premier tome de l'Architecture.
1569 : Se déroule le 13 mars la bataille de Jarnac, et différents combats dans le cadre de la troisième guerre de religion et de la guerre civile. Qui sera suivie en octobre, d'une nouvelle victoire du duc d'Anjou, le futur Henri III, à Montcontour (aujourd'hui dans le département de la Vienne),  sur les troupes de l'amiral de Cologny, et qui fera dire au duc d'Anjou à son sujet :  « Qu’il se souvienne qu’il est périlleux de heurter contre la fureur française ! ». Le 13 septembre, sur la requête de Gilles Bourdin, procureur général au Parlement de Paris, la tête de l'amiral de Coligny est mise à prix pour 50.000 écus d'or. Publication post-mortem à Paris Des Portraicts anatomiques de toutes les parties du corps humain, gravez en taille douce... Ensemble l'Abrégé (d'anatomie en français moderne) d'André Vésale et l'explication d'iceux, accompagnée d'une déclaration anatomique, par Jacques Grevin
1570 : Faits déjà produit à Paris en 1544,1564 et 1570, avec les débordements de la Seine il a été possible de se rendre jusqu'à la place Maubert en bâteau et dans les grandes rues de la ville, idem en 1573. Michel de l'Hospital adresse un Mémoire sur la nécessité de mettre un terme à la guerre civile à la reine-mère : Le but de la guerre et de la paix. Le 8 août est signé le traité de Saint-Germain-en-Laye par Catherine de Médicis, qui met fin à la troisième guerre et autorise le culte protestant sans aucune restriction. La Bibliothèque royale présente à Fontainebleau depuis 1544, est transférée à Paris. La Bibliothèque royale s'installera dans le "Quadrilatère Richelieu" en 1720 et elle deviendra la Bibliothèque nationale lors de la Révolution française.
1571 : Les Amérindiens au Pérou se révoltent et l'avant dernier empereur Inca Titu Kusi Yupanqui décède et marque le début du règne de Túpac Amaru, celui-ci sera exécuté l'année suivante par les colons Espagnols. L'on dénombre à Paris 16.400 maisons, chiffre établi selon les taxes prélevées.
1572 : Un édit du 19 mars suite à l'ordonnance d'Orléans oblige les « notaires de faire signer les parties sur tous les actes, ou de mentionner qu'elles ne savent pas écrire » (par une croix peut-on présumer). Le 18 août est célébré à Notre-Dame le mariage d'Henri de Navarre avec la fille de la reine-mère, Marguerite de Valois (surnommée, la reine Margot par Alexandre Dumas), et à cette occasion de nombreux huguenots sont venus à la capitale, dont 800 personnes dans l'entourage d'Henri le Béarnais et sont estimés à 8.000 les huguenots dans la ville (sur 300.000 habitants). Développement de la médecine en France, il est édité les Cinq livres de chirurgie par Ambroise Paré (document en latin). Michel de Montaigne fait éditer Vers françois de feu Estienne de La Boétie. C'est à partir de cette année là que Montaigne entreprend la rédaction des Essais. Son travail prendra fin un peu avant sa disparition en Dordogne en 1592, son œuvre acceptée dans un premier temps, sera mise à l'index par l'Église en 1666.


Montaigne et les historiens?


Statue de Montaigne en face de la Sorbonne du sculpteur Michel Landowski (1933)

« Paris a mon coeur dès mon enfance. Je ne suis français que par cette grande cité. Grande surtout et incomparable en variété. La gloire de la France et l’un des plus nobles ornements du monde ».

En ce genre d'étude des histoires, il faut feuilleter, sans distinction, toutes sortes d'auteurs et vieils et nouveaux, et barragouins et français, pour y apprendre les choses de quoi diversement ils traîtent. (...)

J'aime les historiens ou fort simples, ou excellents. Les simples, qui n'ont point de quoi y mêler quelque chose du leur, et qui n'y apportent que le soin et la dilligence de ramasser tout ce qui vient à leur notice, et d'enregistrer, à la bonne foi, toutes choses sans choix et sans triage, nous laissent le jugement entier pour la connaissance de la vérité : tel est entre autres, pour exemple, le bon Froissard, qui a marché, en son entreprise, d'une si franche naïveté, qu'ayant fait une faute, il ne craint aucunement de la reconnaître et corriger en l'endroit où il en a été averti, et qui nous représente la diversité même des bruits qui couraient, et les différents rapports qu'on lui faisait : c'est la matière de l'histoire nue et informe ; chacun en peut faire son profit autant qu'il a d'entendement.

Les biens excellents ont la suffisance de choisir ce qui est digne d'être su ; peuvent trier, de deux rapports, celui qui est plus vraisemblable ; de la condition des princes et de leurs humeurs, ils en concluent les conseils, et leur attribuent les paroles convenables : ils ont raison de prendre l'autorité de régler nôtre créance à la leur ; mais, certes, cela n'appartient à guêre de gens. Ceux d'entre-eux (qui est la plus commune façon) nous gâtent tout ; ils veulent nous mâcher les morceaux ; ils se donnent loi de juger, et par conséquent d'incliner l'histoire à leur fantasie ; car, depuis que le jugement pend d'un côté, on ne se peut garder de contourner et tordre la narration à ce biais (1) : ils entreprennent de choisir les choses dignes d'être sues, et nous cachent souvent telle parole, telle action privée, qui nous instruirait mieux ; objectent, pour choses incroyables, celles qu'ils n'entendent pas, et peut-être encore telle chose, pour ne la savoir dire en bon latin ou français.

Qu'ils étaient hardiment leur éloquence et leur discours, qu'ils jugent à leur poste : mais qu'ils nous laissent aussi de quoi juger après eux ; et qu'ils n'altèrent ni dispensent, par leurs raccourcissements et par leur choix, rien sur le corps de la matière, ainsi qu'ils nous la renvoient pure et entière en toutes ses dimensions.

(le texte a été mis dans un français plus moderne)

(1) « Les faits changent de forme dans la tête de l'historien ; ils se moulent sur ses intérêts ; ils prennent la teinte de ses préjugés. »  J-J. Rousseau, Emile, livre IV.

Source : Gallica-Bnf - Essais  de Michel de Montaigne  (1533-1592)
Avec des notes de tous les commentateurs. Livre II - chapitre X, page 233 - Éditeur, Lefèvre - Paris, 1834



Les massacres de la Saint Bathélemy, la fin d'une énigme ?



Dans la nuit du 23 au 24 août 1572 se produisit un des pires drames de  l'époque, son annonce était lancée au son des cloches de l'église Saint-Germain de l'Auxerrois. Des Parisiens du peuple, des bourgeois de religion catholique appuyèrent l'exaction qui provoqua environ 3.000 victimes Protestantes ou assimilées à des hérétiques (à l'échelle du pays 10.000 morts).



Tableau de François Dubois, protestant,
qui échappa aux massacres et se réfugia à Genève.



Quelques heures plus tôt s'était tenu le Conseil du roi Charles IX en présence de dignitaires et de la reine mère. Cette nuit de la Saint-Barthélemy fut suivie d'autres atrocités dans une bonne partie du royaume et perdura plusieurs jours dans la capitale, jusqu'au 29 août. Les massacres à Orléans commencèrent le lendemain et durèrent de même, et la même chose dans une dizaine de grandes villes, dont Lyon et Toulouse.

Ce fut ainsi l'occasion d'éliminer ses voisins, ses parents ou ses proches indésirables, et qui furent les commanditaires? Ce qui a été longtemps une énigme commence à trouver des réponses et des éléments de preuve à travers les actes notariés, et des travaux récents (*). Catherine de Médicis a été plutôt et tout au long de sa vie, vecteur d'unité et de paix pour le royaume, et la responsable toute désignée, du moins très surestimée dans les guerres civiles. Il est toutefois possible qu'elle fut, du moins son fils Charles à l'origine du massacre. Après avoir été donné l'ordre d'éliminer une vingtaine de chefs militaires huguenots, il n'avait pas été prévu que les meurtres pouvaient prendre une telle ampleur et aller très au-delà des consignes.

« Jour qui avec horreur parmi les jours se comptent,
Qui se marque de rouge et rougit de sa honte ».

Les tragiques d'Agripa d'Aubigné (1552-1630)

Il fut question d'une Seine rougeoyant du sang des cadavres (et peut renvoyer à d'autres pages sombres de la ville), et ce fut à la hauteur de l'île Maquerelle (des Cygnes aujourd'hui) qu'un bon millier de cadavres s'agglutinèrent sur un méandre du fleuve. A noter que les corps subirent de nombreuses mutilations ou un acharnement particulier. Cela a été l'œuvre d'une vingtaine de miliciens Parisiens qui agirent et tuèrent sans trouver de résistance, pour la simple raison que les Protestants étaient habitués à être persécutés par les mêmes et envoyés en prison si besoin était, et ils n'avaient pas envisagé d'être si lâchement attaqués. Certains trouvèrent de l'aide et furent cachés durant les massacres. A Clermont, il ne fut procéder qu'à des arrestations et il n'a été occasionné aucun crime pour fait de religion. Il s'ensuivit cependant qu'un nombre important à l'échelle du royaume de réformés se convertirent au catholicisme, environ 100.000 personnes. Les huguenots représentaient environ 10% de la population française sur 20 millions d'âmes et ils étaient environ 15.000 à vivre dans la capitale.

(*) Tous ceux qui tombent - Visages du massacre de la Saint-Barthélemy, de Jérémie Foa, éd. La Découverte 2021.


« Le lendemain de la Saint-Barthélemy, environ midi, on vit une aubépine fleurie au cimetière Saint-Innocent. Si tôt que le bruit en fut répandu par la ville, le peuple de Paris y accourut de toutes parts en si grande foule, qu'il fallait y poser des gardes à l'entour on commença aussi à crier miracle, et à carillonner et sonner les cloches de joie. Le peuple mutiné, pensant que Dieu par ce signe approuva leurs massacres, recommencèrent de plus belle sur les huguenots et s'en allant au logis de l'Amiral (Gaspard de Coligny) après avoir coupé le nez, les oreilles et parties honteuses à ce pauvre corps, le traînèrent furieusement à la voirie ; et parce qu'il y avait tout plein de catholiques qui interprétaient le reverdissement de l'aubépine pour le reverdissement de l'état de France, et embrouillaient le papier, un méchant huguenot caché, qui se fut volontiers aidé s'il eût pu d'autre chose que de la plume, (...) qui nonobstant le temps coururent incontinent par tout Paris et ailleurs (...) ».


Ci-contre, tableau du meurtre de l'amiral de Coligny.

« Un coquin nommé Thomas, vulgairement appellé le Tireur d'or, tua en sa maison un nommé Rouillard, conseiller en la cour de parlement, et chanoine de Notre-Dame, encore qu'il fut bon catholique, témoin son testament trouvé après sa mort ; et après l'avoir gardé trois jours lui couppa la gorge, et le jeta en l'eau par une trappe qu'il avait en sa maison. Ce bourreau, autorisé du Roi et des plus grands, chose horrible à voir, se vantait publiquement des grands meurtres qu'il faisait journellement des huguenots, et d'en avoir tué de sa main pour un jour jusques à quatre-vingts mangeait ordinairement avec les mains et bras tout sanglants, disant que ce lui était honneur, pour ce que ce sang était sang d'hérétique. (Ce qui serait mal aisé à croire si on ne l'avait vu et entendu de sa propre bouche) La Reine mère, pour repaître ses yeux, fut voir le corps mort de l'amiral pendu au gibet de Montfaucon, et y mena ses fils, sa fille et son gendre. »

Mémoires et journal de Pierre de l'Estoile (1546-1611)


24 août 1572 : La Saint-Barthélemy : cliquez ici

Denis Crouzet, prof. d'histoire moderne à l'Université Paris-Sorbonne - FMSH Productions - durée 48 minutes

L’ordinaire de la Saint-Barthélemy : cliquez ici

Jérémie Foa, maître de conférences à Aix-Marseille Université (laboratoire TELEMMe) - durée 46 minutes



Suite de la promenade :
La Renaissance à Paris (2ème partie)

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