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Sommaire de la page :

1 - Le contexte de la naissance des protestantismes à la Renaissance
2 - Martin Luther ou la naissance du protestantisme en Europe
3 - Jean Calvin et la difficile existence du protestantisme en France
  et vidéo sur le Musée de Noyon consacré à Calvin.
  et audio avec Michel Rocard sur "Calvin et l'argent"
4 - Une histoire chronologique de la vie de Jean Calvin 
5 - Lettres de Jean Calvin, au vicomte François Bouchard d’Aubeterre et son testament, discours d'adieu aux ministres d'avril 1564
6 - Calvin face aux Anabaptistes
7 - Carte du Protestantisme en Europe (XVIe et XVIIe siècle)
8 - Sources : Vidéos en ligne & Bibliographies


Le contexte de la naissance
des protestantismes à la Renaissance


 

Avec le XVIe siècle s’ouvre un chapitre de l’histoire de l’Europe manifestement guerrier, il en va de même d’un processus de transformation des mentalités. Nous passons du Moyen Âge à la Renaissance (ou la première modernité), une transition ou période historique qui s’est appuyée pour beaucoup sur des idées et des inventions nouvelles, qui sont venues en quelques décennies bousculer l’ordre des choses. Cet ordre politique est depuis les Mérovingiens pour bonne part aux mains des ecclésiastiques, du moins tout ce qui concerne le droit, c’est-à-dire tous les actes légaux, ou ce qui concerne certaines formalités de la vie quotidienne, notamment cultuelles.

Cette emprise religieuse allait se trouver face à une contradiction incontournable, elle n'était plus la seule dépositaire des textes écrits. L’imprimerie de Gutenberg a joué un rôle considérable dans la circulation de l’information, et relégua peu à peu l’usage du latin. Les langues nationales et locales trouvèrent là un moyen d’exister autrement que dans l’oralité.

Ce fut également un moyen d’élargir le champ des lecteurs, en s’adressant à eux dans une langue connue ou constitutive de leur quotidien. L’imprimerie comme média nouveau a permis des chamboulements inattendus, du moins les fondements des croyances chrétiennes furent re-mises à jour. Il ne suffisait pas d’avoir de bons imprimeurs, fallait-il trouver les plumes pour nourrir cette
pensée nouvelle. Quelques individus lettrés et humanistes ont contribué avec et malgré eux à l’effondrement de l’édifice rigide et fragile que représentait l’église catholique.

Entre la papauté et l’ensemble des évêchés et diocèses en Europe occidentale, nous avons là pendant près de mille ans un pouvoir bien plus stable que celui des états et royaumes souverains du continent. Le seizième siècle vit poindre des suzerains forts, à l’exemple de la première moitié du siècle avec Henri VIII, François 1er, et Charles Quint. Une politique centraliste se dessina dans toute l’Europe, elle n'a pu vraiment se faire en "Allemagne" (plus exactement au sein du Saint-Empire romain Germanique) en raison d’un contexte très parcellisé des pays Allemands.

Non seulement le pouvoir de l’église était mis à mal sur le plan de sa foi, mais en plus il perdit une part de son rôle sur l’ensemble des monarques et princes en affirmant ou imposant plus de pouvoirs civils, ou en rejoignant le camp de la Réforme protestante. Les terres d’Allemagne et de la Scandinavie furent les plus perméables aux idées réformistes. Cette perméabilité au protestantisme a été la grosse épine de Charles-Quint, qui vit une partie de ses états et membres devenir hérétiques.

Et qui entraîna plus tardivement la dislocation du Saint-Empire, en la perte de l’Espagne et des colonies latino-américaines, et des Pays-Bas (ou Province Unies). De son côté, la Papauté se servit au mieux de faire valoir, au pire, il se trouva en prise avec les puissants du moment. Elle allait devoir elle-même se réformer et essayer de reconquérir son influence perdue. Le long Concile de Trente (1545 à 1563) a servi justement à trouver des compromis et se conclure en des termes hostiles à la Réformation

Comme une évidence, il n’y a pas à tirer les traits des gentils protestants contre les méchants catholiques. L’on doit saisir, que deux projets de sociétés s’opposèrent, l’un se nourrissant d’expériences autonomes (1), l’autre préférant le renforcement des pouvoirs centraux. Imaginez qu’une poignée d’hommes purent convaincre environ la moitié des pays d’Europe occidentale des bienfaits de leurs doctrines. Ce qui est assez étonnant dans les cas de Luther et Calvin, c’est qu’ils vécurent de leur vivant une expansion fabuleuse de leurs idées.

On appela en France les partisans de Luther ou de Calvin, les Huguenots. Ils vont supporter une longue période de persécutions, mais aussi d’exils. En Angleterre, c’est le pouvoir royal qui provoqua le schisme anglican et les conséquences de nombreux troubles en Irlande et en Écosse. Au Danemark, l’on poussa de force les Islandais à choisir la Réforme. Dans les pays de langue germanique ou allemande, les conversions furent massives, et ont eu un grand écho populaire. En moins de cinquante ans, le rapport de force se mit en place. A la sortie du Moyen âge, le catholicisme prédominait, et voilà que pointa un nouveau visage culturel, cultuel et politique de l’Europe.

Ce nouveau courant religieux chrétien selon les pays s'imposa majoritairement, en particulier en Europe du nord : pays Allemands, Angleterre, Benelux, Suisse, Scandinavie. En France, le basculement ne fut pas de la même ampleur, il a abouti au deuxième tiers de ce siècle à une guerre de religion qui dura plus de trente ans.

Nous allons évoquer sur cette page principalement Martin Luther et Jean Calvin (et ne pas oublier l'importance du courant humaniste dans la fondation de ces idées nouvelles). L'objet de ces textes est d'apporter des éléments significatifs de l'histoire naissante du protestantisme, avec pour but d'attirer votre attention sur une période charnière de l'Histoire.

Cette transition que fut la Renaissance a connu de nombreuses transformations.




Note :

(1) Principaux protagonistes de la Réforme en Europe de l’Ouest au 16ème siècle :
    • Œcolampade, dit Jean Husschin, 1482-1531, Églises réformées de Bâle
    • Ulrich Zwingli : 1484-1531, Églises réformées de Zurich
    • Guillaume Farel : 1489-1565, Églises réformées de Suisse romande
    • Thomas Cranmer : 1489-1556, Anglicanisme
    • Martin Bucer : 1491-1551, Luthéranisme et anglicanisme, Strasbourg
    • Philippe Melanchthon : 1497-1560, Luthéranisme
    • Pierre Viret : 1511-1571, Églises réformées des Pays de Vaud
    • John Knox : 1513-1572, Presbytérianisme, Églises réformées d'Écosse
    • Théodore de Bèze (*) : 1519-1605, Calvinisme, Églises réformées de Genève
    • Jacobus Arminius : 1560-1609, Arminianisme
(*) Théodore de Bèze, réformateur protestant du XVIe siècle. Un entretien avec Olivier Millet et Pierre-Olivier Léchotdu, universitaires. France Culture, 27/10/2019, durée 28 minutes.


Martin Luther et la naissance
du protestantisme
en Europe





« Ceux qui veulent discuter de la prédestination feraient mieux d'y renoncer ; ils devraient commencer par songer aux plaies du Christ et bien se placer le Christ devant les yeux ; alors, les craintes occasionnées par la prédestination disparaîtraient, car Dieu a destiné son Fils à souffrir pour les pécheurs.
» (Martin Luther).

Le 10 novembre 1483, naissance de Martin Luther à Eisleben (chef-lieu du comté de Mansfeld, en Allemagne) ou il décèdera en 1546. « Il a été un bon moine, trop bon même sans doute, car il s'applique à suivre la règle avec une scrupuleuse rigueur, en rajoutant constamment sur le minimum prescrit. Il est évident qu'il vise la perfection, sinon la sainteté, car il sait que nul pécheur ne peut vivre devant Dieu. Et plus il vise haut, vers l'absolu de son idéal spirituel, plus la conscience de son péché le tourmente et le terrorise. » (témoignage non daté)

À dix-huit ans, Martin Luther entre à la faculté d'Erfurt (1501), il va suivre une formation en droit. À partir de 1505, Martin Luther devient « maître ès Arts ». Ses études le mèneront à devenir docteur en théologie. Puis surtout, il se produit un événement dans sa vie. Il va avoir un rôle décisif dans la prise de conscience du jeune Martin Luther. Il est touché par la foudre, il risque la mort, puis sorti indemne de cette mésaventure, il fait le serment de devenir moine. Il rejoint peu de temps après les Ermites de Saint Augustin. En 1507, il est ordonné prêtre au sein de l’ordre des Augustins (proche des humanistes).

En 1510, Martin Luther missionné, il séjourne à Rome, il n’en reviendra pas pleinement satisfait et commence à poser l’ébauche de ses critiques. En 1511, il vit au monastère de la ville de Wittemberg en Saxe et enseigne à l'université. Entre 1514 et 1518, l’archevêque, puis cardinal, Albert de Brandebourg  propose des indulgences contre de l’argent. Il sera un farouche opposant aux thèses luthériennes qui condamneront cet usage du rachat des fautes commises en sommes trébuchantes. En 1515, Luther commente les épîtres de Saint Paul et organise progressivement une autre approche de la foi chrétienne.

Le 31 octobre 1517, à Wittenberg, le prêtre Martin Luther affiche dans la ville ses 95 thèses. Il s’attaque notamment à la pratique des "indulgences", qui offraient contre paiement aux fidèles plutôt fortunés, un accès plus ou moins direct au paradis. Il défendra de même l’idée que les prêtres peuvent se marier. Il pose ainsi les bases du protestantisme. Ses thèses seront propagées des les pays Allemands sans son avis, et connaîtront un succès certain. La Réforme s’engage. Le commerce des indulgences n’en n’est pas à ses premières critiques, déjà un siècle et demi plus tôt John Wyclif (1320-1384) et Jan Hus (1369-1415) les dénoncèrent.

Extraits des thèses de Martin Luther (numérotées de 19 à 29)

(…) Il n'est pas prouvé non plus que toutes les âmes du Purgatoire soient parfaitement assurées de leur béatitude, bien que nous-mêmes nous en ayons une entière assurance. Donc, par la rémission plénière de toutes les peines, le Pape n'entend parler que de celles qu'il a imposées lui-même, et non pas toutes les peines en général. C'est pourquoi les prédicateurs des Indulgences se trompent quand ils disent que les indulgences du Pape délivrent l'homme de toutes les peines et le sauvent. Car le Pape ne saurait remettre aux âmes du Purgatoire d'autres peines que celles qu'elles auraient dû souffrir dans cette vie en vertu des canons. Si la remise entière de toutes les peines peut jamais être accordée, ce ne saurait être qu'en faveur des plus parfaits, c'est-à-dire du plus petit nombre. Ainsi cette magnifique et universelle promesse de la rémission de toutes les peines accordées à tous sans distinction, trompe nécessairement la majeure partie du peuple. Le même pouvoir que le Pape peut avoir, en général, sur le Purgatoire, chaque évêque le possède en particulier dans son diocèse, chaque pasteur dans sa paroisse. Le Pape fait très bien de ne pas donner aux âmes le pardon en vertu du pouvoir des clefs qu'il n'a pas , mais de le donner par le mode de suffrage. Ils prêchent des inventions humaines, ceux qui prétendent qu'aussitôt que l'argent résonne dans leur caisse, l'âme s'envole du Purgatoire. Ce qui est certain, c'est qu'aussitôt que l'argent résonne, l'avarice et la rapacité grandissent. Quant au suffrage de l'Eglise, il dépend uniquement de la bonne volonté de Dieu. Qui sait si toutes les âmes du Purgatoire désirent être délivrées, témoin de ce qu'on rapporte de Saint Séverin et de Saint Paul Pascal. (…)

Dès 1518, les écrits de Martin Luther sont publiés et lus en France. En juin 1520, les thèses de Martin Luther sont brûlées par décision du pape Léon X.


  Le 3 janvier 1521, la bulle papale "Decet romanum pontificem" excommunie Martin Luther et  ses partisans considérés hérétiques. En avril, Luther défend sa doctrine devant la Diète de Worms, en la présence de l'empereur Charles Quint. Le 26 mai, Luther est banni de l’Empire.

Avec l’invention de l'imprimerie, suite à son excommunication, des traductions de ses thèses circuleront rapidement en Europe. De même, il commence à rédiger une traduction allemande de la Bible. Il se réfugia au Château de la Wartbourg auprès de l’Électeur de Saxe. Par ailleurs, la faculté de la Sorbonne à Paris ne voit pas d’un bon œil le fait que lui échappe de tels écrits, et qu’ils puissent ainsi circuler auprès des profanes.

En 1522, Martin Luther retourne à Wittenberg, où il y continue son combat et ses écrits. Deux ans après, la Diète de Nuremberg met fin à la sentence de Worms. Entre 1524 et 1526 se déroule La guerre des Paysans ou le Soulèvement de l’homme ordinaire, ou en France la révolte des
Rustauds. C’est une jacquerie qui s’étendra sur le Saint Empire romain Germanique, dans de larges parties de l’Allemagne du Sud, de la Suisse et de l’Alsace.

  En 1525, Luther se marie, et s’engage la mise en oeuvre de la Réforme et de l'église luthérienne. Quelques désaccords surviendront avec d'autres réformateurs à l’exemple d’Ulrich Zwingli (1). En 1526, une Diète se tient à Spire, elle permet aux Princes de choisir entre les lois catholiques et protestantes. Ce sera la première victoire des idées de Martin Luther, ce tournant malgré les guerres que mènera Charles-Quint sera décisif dans l’implantation des églises protestantes en Europe. Et elles vont ébranler fortement  la domination de Rome et du saint-Siège.

Le 27 février 1531, La ligue de Smalkalden est créée, c’est une union militaire au sein de l'Empire romain germanique de Charles Quint. Elle est formée par des princes protestants allemands du Nord, elle est dirigée par Philippe de Hesse, puis l'Électeur Jean Frédéric de Saxe. Le 11 octobre, les troupes des cantons protestants en Suisse furent défaites près de Kappel où Zwingli tomba sur le champ de bataille (et le 23 octobre, signature du traité de Kappel).
 
Le 17 avril 1532, la diète de Ratisbonne a lieu sans la participation des Etats protestants de la Ligue. Le 9 juin, le parti catholique réclame la convocation d’un Concile général auprès de l’Empereur. Le 23 juillet, la paix de Nuremberg est signée entre Charles Quint et les Princes protestants. Le 13 décembre,
à Bologne se produit la rencontre entre Charles Quint et Clément VII .

Le 20 décembre 1535, François 1er consentait à ce que l’on puisse convoquer un Concile sous condition d’un accord stable sur la paix. En février 1536, un accord est conclu entre le royaume de France et les Turcs, les troupes françaises envahissent la Savoie. En juin 1536, les hostilités entre Charles Quint et François Ier ont repris. A noël, Martin Luther fait publier les Articles de Schmalkalden pour consigner les prétentions et revendication de la part du protestantisme allemand en vue d’un Concile commun avec le pape.

 En 1536 mort d'Érasme, chef de file du courant humaniste en Europe à la Renaissance. Le 18 juin 1538, Charles Quint et François Ier concluent à Nice un cessez-le-feu. Le 19 avril 1539, Charles Quint et la Ligue de Schmalkalden s’accordent à Francfort sur un cessez-le-feu.

En 1541, Henri VIII, roi d’Angleterre devient de même roi d’Irlande. Auteur de l’Acte de suprématie quelques années plus tôt, Henri VIII tente d’imposer le protestantisme, il suscitera des révoltes, il les réprimera en confisquant les terres. Le 7 novembre, En Islande, l’évêque islandais de Holar, Jón Arason, est mis à mort par les Danois, qui depuis des années cherchait à y imposer la Réforme.

 En 1546, à la disparition de Martin Luther (18 février), les pays Allemands et la Scandinavie sont devenus
pour deux tiers réformés.

En 1555, Une Diète  est tenue  à Augsbourg. Avec l'axiome Cujus regio, jus religio (tel prince, telle religion), les princes protestants sont définitivement libres de leurs choix religieux.

Note :

(1) Ulrich Zwingli 1484-1531, Suisse. Il fut curé de Glaris de 1506 à 1516, puis d'Einsiedeln de 1516 à 1518. Il se réclama des idées d'Érasme. Il rencontre le luthéranisme à la collégiale de Zurich en 1519. Il défend, en 1523, dans son  commentaire « des 67 thèses », et se trouve dans la quasi lignée de Luther. Ses idées se propageront en de nombreux des cantons. Avec l'aide de la ville de Zurich, il modifie le culte et les bases de l'Église locale, en préservant que ce qui est justifié par « l'Écriture sainte ».


Jean Calvin et la difficile existence
du protestantisme en France




Il est né Jehan Cauvin à Noyon, en Picardie, le 10 juillet 1509. Il fut juriste, homme de lettres et  théologien, et le fondateur de l’église protestante calviniste. Il fut avec Martin Luther, Ulrich Zwingli, Guillaume Farel et Théodore de Bèze, l'un des principaux artisans de la Réforme protestante en Europe de l’ouest. Jean Calvin est français, bien qu’amené plusieurs fois à prendre l’exil, notamment à Genève.

C'est un personnage contrasté et il fait encore débat. Cet homme illustre bien le seizième siècle naissant, il est un enfant de l’imprimerie. Détail important pour comprendre certains enjeux, pour évidence ce en quoi l’impression de livres et d’affiches vont avoir comme rôle dans la circulation des idées réformatrices. C’est un changement fondamental de la transmission du savoir, qui ne s’opérera plus seulement entre gens lettrés et le plus souvent au sein de l’église romaine. De plus, Calvin jouera un rôle clef dans la propagation du français, qui mettra peu à peu avec le temps fin au seul règne du latin concernant les textes les plus courants.

  Calvin se perçoit comme un « bon chrétien ». Il ne cherchera pas à ses débuts à créer un schisme ou une séparation avec les autorités du saint-Siège ou locales. Il souhaite surtout une lecture plus conforme des saintes Écritures. Il rejoint ainsi les préoccupations des humanistes de son temps. Sa cause ou sa mission est un retour aux premières valeurs du christianisme, loin des fastes et du pouvoir pontifical. Ses idées se trouvent dans une certaine continuité de celles de Martin Luther et sa critique des indulgences. Mais, il le sera plus dans l’esprit d’une confrontation inter-religieuse, certains éléments de sa vie peuvent en faire un fanatique ou un dévôt. Il est simplement un homme remettant en cause tout l’édifice légal de son temps.

La Réforme a eu pour conséquences de venir mettre à mal les pratiques religieuses de l’époque. Nous pouvons percevoir certains aspects comme très rigides dans le développement des protestantismes. Au contraire et avec étonnement, ce rigorisme vient ébranler mille ans de domination de l’église chrétienne et de Rome en Europe occidentale.

Calvin et ses partisans prônent une liberté reconquise. À sa mort en 1564, l’on recensera 100.000 calvinistes. Il ne s’agit pas d’un phénomène marginal, mais bien un mouvement de société à l’échelle de l’Europe. Toutefois peut-on parler d’un mouvement populaire, mieux vaut rester prudent, les premiers concernés ont été d’abord les Princes ou aristocraties locales, et les bourgeoisies des grandes villes principalement. Et cela ne va pas être en France sans répercussion.

Le fait qu’une partie des élites du pays s’approprie la pensée calviniste ou luthérienne, posera inévitablement au cours du XVIe siècle et siècles qui suivront des relations plus que tendues. La concurrence des cultes plongera pendant des dizaines d’années dans des guerres meurtrières entre catholiques et protestants. Cet état de guerre permanente, huit conflits « inter-religieux » rien qu’en France entre 1561 à 1594, il ne cessera que momentanément qu’en 1598 avec la proclamation de l’Édit de Nantes.

Ce sont des parties non négligeable du royaume de France choisirent la foi protestante, pour exemple, l'Aunis, voire la Saintonge ou l’on recensa jusqu’à près 40% de la population comme réformée, 10% à l'échelle nationale. À Paris, la bourgeoisie a adhéré massivement et prendre plus de part dans les affaires politiques locales et nationales. Un des faits qui pousse à comprendre ce rattachement de la bourgeoisie est en l’usage de l’argent, et du prêt en particulier.

Sur ce point le calvinisme entre de plein fouet dans le domaine de l’économie et des finances, doit-on pour autant y voir un précurseur du capitalisme ? telle est la question que se posera Max Weber. Il importe surtout de replacer le mouvement réformé en Europe dans le sillage de l’humanisme, que l’on retrouve dans les deux camps et surtout à la recherche d’un équilibre entre les dogmes religieux.

François Rabelais, Étienne de La Boétie et Michel de Montaigne sont les grandes figures littéraires et philosophiques du XVIe siècle et des pensées humanistes en France. Auxquels il faut rajouter le sieur Calvin, qui aura un rôle certes confus mais structurant au sein de la ville état de Genève. Il de va de soit que tout à chacun est confronté à des contradictions, et que personne n’y échappe.

  Jean Calvin a semble-t-il connu un goût prononcé pour l’organisation, sa formation juridique a été comme d’autres une voie ouverte sur l’administration de la chose politique ou publique. En découlèrent pas mal d’excès, mais l’idée d’une société égalitaire pointait son nez. On peut avoir une lecture religieuse et austère du calvinisme, mais on peut aussi s’interroger sur les effets "révolutionnaires" de sa pensée.

Calvin préconisa, rien de moins que la séparation de l’église et de l’état, l’élection des curés ou pasteurs, il réinventa la liturgie, et il distingua une foi individuelle sans mettre de limite ou de passeurs entre dieu et "ses serviteurs" autre que Jésus Christ. Au seizième siècle avancer de telles idées, en revenait à se mettre en rupture avec les logiques officielles. Il a été plus vindicatif que Martin Luther, mais il est difficile de lui associer tous les crimes ou excès du calvinisme naissant.

Il n’y a pas à porter un point de vue positif ou négatif sur un homme ou son époque, 2009 fut l’année du 500ème anniversaire de la naissance de Jean Calvin. Une occasion de regarder, de découvrir, de comprendre un siècle riche naturellement en raison de l’importance grandissante de l’imprimerie, qui nous permet de mieux cerner la naissance d’un média… et de disposer de plus de sources pour appréhender un courant d’idée, l’humanisme, qui garde encore de nos jours une certaine fraîcheur.

« Luther a certainement vaincu la servitude par dévotion, mais parce qu’il l’a remplacée par la servitude par conviction. Il a brisé la foi en l’autorité, parce qu’il a restauré l’autorité de la foi. Il a transformé les clercs en laïcs parce qu’il a transformé les laïcs en clercs. Il a libéré l’homme de la religiosité qui lui était extérieure parce qu’il a fait de la religiosité le caractère intérieur de l’homme. Il a émancipé le corps de ses chaînes parce qu’il en a chargé le cœur. » 

Karl Marx, Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel - 1843

Le Musée Jean Calvin à Noyon


« Ouvert en 1930, ce musée fut fondé à l'emplacement de la maison natale de Jean Calvin. Outre l'histoire de cette figure, il aborde les grandes périodes du protestantisme qu'il réinscrit dans une histoire plus large, politique, sociale et culturelle. Il cessa d'être un lieu de culte au début des années 1980. »

Source : Maison de l'histoire de France



Calvin et l'argent
(durée 24 minutes)

Entretien de Virginie Crespo avec Michel Rocard (2009)            

Source :  Canal Académie 
 
         


Une histoire chronologique
de la vie de Jean Calvin et des événements de son temps



    

En 1515, la mère de Jean Calvin meurt, il a six ans. À partir de 1521, Calvin reçoit deux bourses pour ses études juridiques et religieuses. Il s'en alla étudier, à Paris, à Orléans pour apprendre le grec avec Melchior Wolmar, puis à Bourges sous l’enseignement d’Alciat. André Alciat est rangé parmi les humanistes dans la lignée d’Érasme. Il est considéré comme un des premiers jurisconsultes joignant l'étude de l'histoire à celle des lois.

Jean Calvin allait devenir licencié en droit, et il publia son premier livre aux premières années de ses vingt-ans un commentaire de l'ouvrage De Clemencia de Sénèque.

Le 20 mars 1533, les Bernois écrivent aux autorités genevoises en faveur du protestant Guillaume Farel, celui-ci retourne à Genève le 20 décembre. Farel organisar le culte réformé sur la base de sa liturgie parue à Neuchâtel. La même année, dans le cadre de ses études Calvin a opté pour la théologie. Il aurait été mû par une conversion subite à la foi protestante, et il l'écrivit dans son "Epître au cardinal Sadolet". Nicolas Cop recteur de l'Université à Paris demande à Calvin de lui rédiger un discours sur les Béatitudes. Ce discours lu devant les facultés provoqua de fortes réactions en raison des positions réformistes du texte.

Le Parlement arrête le recteur Cop, et fait rechercher l’auteur des écrits. Les soldats recherchent Calvin dans tout Paris. De son collège, il serait parti de sa chambre au moyen d’une corde, puis aurait par une tour de la forteresse parisienne réussit à s'enfuir de l'autre côté de l'enceinte de la ville en passant par les toits. Dans sa fuite, il part pour Noyon, et trouve la protection de Marguerite de Navarre. Il tentera de revenir à Paris, mais comprend en quelques jours l’impasse dans laquelle il se trouve dans une ville qui lui est fortement hostile.

En août 1533, Calvin aurait participé à une procession du chapitre de Noyon contre la peste. En novembre, Calvin fuit près d'Angoulême, sous le nom de Charles d'Espeville, auprès de son ami le chanoine Louis du Tillet (curé de Claix), fils de l’ancien vice-président de la chambre des comptes de Paris.

« Soyez assuré que les premiers légers rapports n’auront pas telle puissance envers moi que de renverser l’expérience que j’ai eu de vous depuis si longues années. » (extrait d’un courrier de Jean Calvin à Louis du Tillet). Calvin se serait possiblement lié à cet aristocrate lors de son premier séjour à Paris (1523-1527). Il apparaît que depuis plusieurs années Jean Calvin a tissé de nombreux contacts et en particulier auprès de nobles et bourgeois se sentant proches des idées réformées.

« Angoulême fut la forge où ce nouveau Vulcan bâtit sur l’enclume les étranges opinions qu’il a depuis publiées ; c’est là où il ourdit premièrement, pour surprendre la chrétienté, la toile de son institution, qu’on peut appeler l’Alcoran, ou plutôt le Talmud de l’Hérésie, étant un ramas de toutes les erreurs quasi du passé, et qui serait, ce crois-je à l’advenir, si assidu après ce travail qu’il passait les nuits entières sans dormir, et les jours sans manger.

Étant dans Angoulême, dit-il ailleurs, il s’entretenait souvent tout seul dans une longue galerie qu’il y avait en la maison de, du Tillet, meublée lors de trois à quatre mille volumes de livres, tant de manuscrits qu’autres. J’ai appris de ceux qui l’ont vu et pratiqué de ce temps-là, que ses plus privés amis avaient assez à faire à parler à lui, tant il faisait le renchéri. »

Source : www.histoirepassion.eu

En 1534, Calvin est converti définitivement à la Réforme protestante. Il résilie les bénéfices qu'il possédait pour ne plus être lié à l'institution catholique. On suppose que sa conversion fut suite à un conflit d’intérêt au sein de sa famille entre son père et son frère. Il n’aurait pas apprécié les méthodes du pouvoir religieux dans cette affaire financière. C'est aussi cette année, le 18 octobre précisément que l'affaire des Placards éclatait, et que l'on monta dans le royaume français des dizaines de bûchers.

Des affiches, des tracts contre la messe sont distribués ou apposés en une nuit à Paris et en province à Orléans et à Amboise, où réside la cour, ainsi que devant la porte de la chambre du roi François 1er à Blois. Ces écrits sont d'une rare violence : ils traitent les rites de la messe de sorcellerie et accusent le pape, les évêques, les prêtres et les moines de mensonge et de blasphème. Ces placards proviennent de Neuchâtel où un pasteur, Antoine Marcourt, les avait fait imprimer. Ce pasteur fait partie d'un groupe de Français réfugiés en Suisse auprès de Guillaume Farel.

Vers 1535, son cousin Pierre Robert dit Olivétan est le premier à faire paraître une Bible "protestante" en français. Les différents exils de Calvin le mèneront à Ferrare, Strasbourg et Bâle (Suisse). C'est à cette époque que son père meurt ruiné et excommunié. En mars 1536, Calvin est en exil à Bâle. Il publie, l'Institution de la religion chrétienne (1536 pour la version latine, 1541 pour la version française), qui contient l'essentiel de ses idées sur la loi, la foi, la prédication, les sacrements et les rapports entre les chrétiens et l'autorité civile. Cet ouvrage va avoir un important succès et retentissement. Ce livre consacre de fait la naissance de l’église calviniste.

Les pasteurs seront élus, les textes religieux seront surtout lisibles en français (de l’époque) et non plus en latin. À l'été, il arrive à Genève, dans une ville favorable et gagnée à la Réforme depuis peu. Il est nommé professeur de Théologie. Il jouera un rôle à la fois religieux et politique. En octobre, il participe à la dispute de Lausanne, dont l’objet est de faire basculer la ville dans le camp de la Réforme. Il écrit avec Guillaume Farel les Confessions de foi. Elles sont publiées le 10 novembre 1536, le texte ne satisfait pas les autorités de Genève, elles ne signent pas les 21 articles. Les désaccords portent sur la fréquence des communions, et sur la sévérité à appliquer l'excommunication. Excommunier, c’est exclure tout individu de la norme de la société de cette époque.


  En mars 1537, Calvin fait bannir les Anabaptistes à Genève. En avril, il crée un syndic chargé de se rendre de maison en maison pour s'assurer que les habitants souscrivent à la confession de foi. Des résistances naissent au sein de la population face aux pressions, mais le dogmatisme de Calvin et de ses amis prédomine. Le 30 octobre, il est demandé publiquement aux hésitants de souscrire à la confession de foi. Le 12 novembre, les récalcitrants sont bannis de la ville. Le 4 janvier 1538, le Conseil général de Genève statue que plus personne ne doit être interdit de participer à la communion.

Le 3 février, quatre nouveaux syndics sont élus, et sont tous hostiles à Calvin. Les deux reproches les plus fréquents sont le mélange permanent du spirituel et du pouvoir temporel, et le fait que ce soit un étranger qui décide de bannir de la ville des genevois. Cette hostilité à Calvin ne remettra pas en cause la réforme. En mars, le conseil pousse Calvin à ne plus s'occuper des affaires civiles. Puis l’emprisonne un mois plus tard. Finalement son ami Farel et lui sont bannis de Genève en avril 1538. Il se retire à Strasbourg, où, il continuera à  professer ses doctrines.

Le 1er août 1540, Calvin se marrie avec Idelette de Bure, le mariage a lieu à Strasbourg. Ils vont avoir 3 enfants, qui mourront à un très jeune âge. Ils connaîtront neuf années d’union au terme desquelles Idelette décèdera (le 2 avril 1549).

En septembre 1541, Calvin retourne à Genève. Il participera à la mise en place d'une république calviniste dans la ville. L'État genevois stagnait depuis le départ de Calvin à réorganiser son Église et subissait une pression constante de la part de Berne son seul allié parmi la Confédération. Les proches de Farel gagnent les élections à Genève, les magistrats décident donc de rappeler Calvin et Farel. Seul Calvin accepte de revenir, à la condition que l'Église soit désormais indépendante de l'État.

En 1542, est convoqué le Concile de Trente par le pape Paul III, en réponse aux demandes formulées par Martin Luther dans le cadre de la Réforme protestante, il débutera après moultes tractations le 13 décembre 1545.

En 1545, suite à une épidémie de peste, Calvin accusera de sorcellerie des habitants de la ville de Genève. En quelques mois à peine, 34 individus, après qu’ils eurent été martyrisés, furent brûlés comme sorciers devant les maisons qu’ils étaient supposés avoir pestiférées. En 1548, Calvin combat l'astrologie dans son Avertissement contre l'astrologie judiciaire. En 1550, est publié le Traité des scandales de Jean Calvin.

En 1557, Théodore de Bèze, ami de Calvin part en mission à Berne, Zurich et Bâle, puis dans les pays Allemands, afin de convaincre ces Etats d'intervenir auprès de Henri II en faveur des Vaudois du Piémont, puis des réformés emprisonnés à Paris. En 1559 Calvin fonde l'Académie de Genève dont il confie le rectorat à Théodore de Bèze. Lorsque meurt Henri II en 1559, les protestants sont près de deux millions en France.




En 1560, avec la conjuration d'Amboise, le chef de la conjuration est Godefroy de Barry, seigneur de La Renaudie, aristocrate du Périgord. Il réunit des hommes venus de toute la France comme le baron Charles de Castelnau de Chalosse, Bouchard d'Aubeterre, Edme de Ferrière-Maligny, le capitaine Mazères, le capitaine Sainte-Marie, le capitaine Lignières, Jean d'Aubigné (père d'Agrippa d'Aubigné). Sont également complices des bourgeois des villes d'Orléans, de Tours et de Lyon.

Le 1er février, les conjurés se réunirent à Nantes pour décider d'un plan. Les premiers troubles s'annoncent entre les catholiques et les protestants. Au cours du mois de février et de mars, les de Guises reçoivent plusieurs avertissements sur l'existence d'un complot. Ils pensent tout d'abord qu'il s'agit d'un complot fomenté par l'étranger. Puis, le 12 février, ils sont informés de la réalité de la conjuration par Pierre des Avenelles, un avocat parisien.

Le 22 février, ils décident de transférer le roi François II et la cour, du château de Blois à celui d'Amboise, bien mieux protégé. Les conjurés, qui avaient prévu leur action pour le 1er mars, la remettent au 16 mars. Grâce à des complicités sur place, certains conjurés arrivés en avance, préparent l'arrivée du gros des troupes protestantes. Mais les de Guises font fouiller les alentours d'Amboise, et les premiers conjurés sont arrêtés le 10 mars. Jusqu'au 16 mars, les arrestations se multiplient.

Le 17 mars l'attaque surprise des huguenots effraye la cour et les rebelles, rapidement matés, sont punis : des conjurés sont pendus aux balustrades du château, les autres sont noyés dans la Loire ou massacrés par la foule. Le 19 mars, Godefroi, seigneur de La Renaudie est capturé, puis écartelé et les parties de son corps sont exposées aux portes de la ville. Le prince de Condé est mis en arrestation, mais il sera délivré quelques semaines plus tard. La répression fera 1200 à 1500 morts.

L'amiral Gaspard de Coligny empêchera la noblesse protestante de Normandie de s'associer au complot. Le prince de Condé lui-même refusera de participer à la conjuration bien qu'il attendra à Orléans de recueillir les fruits du de cette conjuration ; il fut désigné par le terme de capitaine muet dans les courriers des conjurés. Jean Calvin et la plupart des pasteurs protestants refuseront la voie de la violence et condamneront le projet.


En décembre 1560, Michel de l'Hospital devenu chancelier de Catherine de Médicis, grâce à l'influence du cardinal de Lorraine, il déclare : « Ôtons ces mots diaboliques, noms de partis, factions et séditions, luthériens, huguenots, papistes, ne changeons pas le nom de chrétiens ! » (Discours de tolérance).

Le 9 septembre 1561, débute le colloque de Poissy, son objet est de rapprocher catholiques et réformés (du 9 septembre au 14 octobre 1561). Il est convoqué à l'initiative de Catherine de Médicis. L'impossibilité de s'accorder sur la question de la présence ou non du Christ lors de la célébration de l'eucharistie conduit à la rupture. Fin décembre 1561, des troubles sont provoqués par les catholiques, alors que Théodore de Bèze et Jean Malet prêchent aux portes de Paris. La guerre civile menace, et la reine demande l'aide armée des protestants. Plus de 2000 communautés répondent favorablement. l'Edit de Janvier est signé, il accorde aux protestants la liberté de culte, mais hors des murs des villes.

Le 28 février 1562, le duc de Guise fait massacrer 80 protestants à Wassy. S’engage la première phase de la guerre de religion entre les deux cultes, qui en comptera en tout huit (jusqu’en 1598). À son retour à Paris, de Guise est accueilli comme victorieux, et le peuple réclame une croisade contre les huguenots. Dans le sillage du massacre de Wassy d’autres suivront. Des protestants sont massacrés à Sens, à Tours, dans le Maine, et en Anjou.

Le 19 mars 1563, le premier conflit prend fin avec la paix d'Amboise. Le 27 mai 1564, Calvin meurt à Genève.

Principaux ouvrages de Jean Calvin :

- L'Institution de la religion chrétienne, (1535)
- Confessions de foi (1538)
- Traité de la Cène (1540)
- Ordonnances ecclésiastiques (1541)
- Traité des reliques, (1543),
- Avertissement contre l'astrologie judiciaire (1548)
- Traité des scandales (1550)
- Commentaires sur l'Écriture sainte
- Le sommeil des âmes



Lettre de Jean Calvin
au vicomte François Bouchard d’Aubeterre



Angoulème au XVIe siècle


Monsieur, je vous prie qu’il vous plaise m’excuser en ce que je vous déclare mon intention par écrit, plutôt que de bouche. Il y a deux raisons qui m’y contraignent, car je craindrais en une chose odieuse ou étrange de prime face n’avoir pas telle audience qu’il serait à souhaiter, et puis la révérence que je vous porte m’a toujours fermé la bouche jusqu’ici. En la fin je me suis avisé d’essayer si je vous pourrais apaiser en ce dont vous êtes mal content de moi, ou pour le moins tellement adoucir l’offense, que vous pourriez avoir conçue, que j’eusse ci-après meilleure entrée à vous en satisfaire du tout. Vous êtes marri que je ne me conforme avec vous au service de Dieu, tel que vous l’estimez. Si je le faisais par mépris, comme beaucoup de gens volages ne tiennent guères de compte de Dieu et n ont nulle dévotion à le servir, je ne serais pas digne que cela me fut pardonné. Mais si la crainte de Dieu me contraint à faire ce que je fais, et ma conscience m’y induit, je crois que pour le moins je vous seray un peu plus supportable en cet endroit.

Pour ne vous point fâcher par trop long propos, il est bien certain, Monsieur, qu’il règne beaucoup de lourdes corruptions et abus en l’Eglise aujourd’hui, sous couverture du nom de Dieu. On dira bien que c’est à bonne intention qu’on y va, mais en se faisant à croire qu’on fait bien sans avoir témoignage de la volonté de Dieu, on compte sans son hôte. Il faut en somme que Dieu soit servi à son gré, non pas à notre appétit. Je confesse que ce serait trop grande présomption à moi de me fier à mon sens propre, croyant avoir meilleur jugement que les autres. Mais il n’est pas ici question lequel sera le plus sage en soi. Ceste règle est notoire à tous, jusques aux plus rudes et idiots du monde, que Dieu prise plus obéissance que tous les sacrifices qu’on lui saurait faire, par quoi sans grande subtilité nous pouvons bien conclure qu’il désavoue tout ce qui ne s’accorde point à son plaisir. Et où est-ce que nous devons chercher le bon plaisir de Dieu, sinon en l’Écriture sainte? Maintenant si je vois une chose contraire à l’Écriture, ne la dois-je point fuir, si je ne veux offenser Dieu à mon escient ?

Vous trouverez étrange que ceci se dise des choses qui sont tant reçues par tout le monde sans contredit. Mais je vous prie, Monsieur, combien que je sois jeune homme et possible trop facile, qu’en une chose de telle importance, je ne me fusse jamais laissé transporter si légèrement sans être convaincu par bon témoignage et suffisant. Et quant Dieu m’a fait la grâce de lire et écouter patiemment, il a fallu que je me sois rangé. Puisque est ainsi, vous savez, Monsieur, que de communiquer aux choses mauvaises, il ne me serait pas licite ; de ne m’en pouvoir pas abstenir sans vous déplaire, ce m’est une merveilleuse angoisse. Car si jamais j’ai désiré de vous obéir, je m’y voudrais efforcer maintenant plus que je ne fis quelquefois, pour m’acquitter mieux de mon devoir.

Il ne reste que ce moyen que je vous supplie qu’il vous plaise me pardonner si je n’ose pas faire ce qui serait damnable en moi. Et en cela je ne dois être accusé de présomption, comme si je devais être plus sage que les autres. Car puisque Dieu m’a fait la grâce de me déclarer ce qui est bon ou mauvais il faut que je me règle à ceste mesure. Il est dit que chacun portera son fardeau. Pourtant il n’y aurait nulle excuse pour moi, quand même les autres seraient excusés, puisque nous devons cheminer selon la mesure de la connaissance que Dieu nous a donnée. Je ne disputerai pas subtilement sur quoi je fonde, et comment, ou pourquoi je connais les choses qu’on tient pour bonnes être mauvaises, mais pour que ma capacité ne le porte point, et que je sais aussi que cela ne vous serait agréable. Tant y a que les contrariétés qu’à la messe avec ce que toute l’Écriture nous déclare de la rémission des péchés qui nous a été acquise par la mort du Fils de Dieu, et aussi avec le saint sacrement de la Cène qu’il a institué, sont tant notoires qu il vous sera facile d’en juger, moyennant que vous ne refusiez point d’ouvrir les yeux.

(Si bon vous semble, vous pourrez ici coucher ce qui en est simplement et en peu de paroles)

Monsieur, je considère assez que ces choses vous seront étranges, et que je ne mérite pas d’être écouté en choses si grandes. Mais s il vous plait … etc … lui faisant offre de communiquer plus à plat en la présence de l’oncle, afin que la chose ne soit éventée plus long (Mai 1553)


Le testament de Jean Calvin (*) :

Discours d'adieu

aux ministres


Jean Calvin, huile anonyme sur panneau de bois,
musée du couvent Sainte-Catherine, XVIe siècle.



Du vendredi du 28e jour d'avril 1564 recueilli par (Pinault (1) et écrit au naïf autant qu'il se l'est pu remettre en mémoire, et de mot à mot selon qu'il avait été prononcé, quoique par quelque autre ordre en quelques mots et propos.

Mes frères, d'autant que j'ai eu à vous dire quelque chose qui concerne l'état, non seulement de cette Eglise mais aussi de plusieurs autres qui quasi en dépendent, il sera bon de commencer par la prière, afin que Dieu me fasse la grâce de dire le tout sans ambition, mais toujours regardant à sa gloire, et  aussi que chacun puisse retenir et faire son profit de ce qui sera dit. Il pourrait sembler que je m'avance beaucoup et que je ne suis pas si mal que je me fais accroire : mais je vous assure que combien que je me suis trouvé autrefois fort mal, toutefois je ne me trouvai jamais en telle sorte ni si débile (faible) comme je suis. Quant on me prend pour me mettre seulement sur le lit, la tête s'en va et m'évanouis incontinent(tout de suite). Il y a aussi cette courte haleine qui me presse de plus en plus. Je suis en tout contraire aux autres malades : car quand ils s'approchent de la mort, leurs sens s'évanouissent et s'égarent. De moi, vrai est que je suis bien hébété, mais il semble que Dieu veuille retirer tous mes esprits dedans moi et les renfermer, et pense bien que j'aurai bien de la peine et qu'il me coûtera bien à mourir, et je pourrai perdre le parler que j'aurai encore bon sens : mais aussi en ai-je averti et ai dit ce que je voulais qu'on me fît, et par ainsi j'ai bien voulu parler à vous devant que Dieu me retire, non pas que Dieu ne puisse bien faire autrement que je ne pense ce serait témérité à moi de vouloir entrer en son conseil.

Quand je vins premièrement en cette Eglise il n'y avait quasi comme rien. On prêchait et puis c'est tout. On cherchait bien les idoles et les brûlait-on, mais il n'y avait aucune réformation. Tout était en tumulte. Il y avait bien le bonhomme Maître Guillaume et puis l'aveugle Couraut (non pas né aveugle, mais il l'est devenu à Bâle). D'avantage il y avait Maître Anthoine Saulnier, et ce beau prêcheur Froment qui ayant laissé son devantier (tablier) s'en montait en chaire, puis s'en retournait à sa boutique où il jasait et ainsi il faisait double sermon.

J'ai vécu ici en combats merveilleux, j'ai été salué par moquerie le soir devant ma porte de 50 ou 60 coups d'arquebuse. Que pensez-vous que cela pouvait étonner un pauvre écolier timide comme je suis, et comme je l'ai toujours été, je le confesse?

Puis après je fus chassé de cette ville et m'en allai à Strasbourg, où ayant demeuré quelque temps je fus rappelé, mais je n'eus pas moins de peine qu'auparavant en voulant faire ma charge. On m'a mis les chiens à ma queue, criant here here, et m'ont pris par la robe et par les jambes. Je m'en allai au Conseil des 200 quand on se combattait et retins les autres qui y voulaient aller et qui n'étaient pour faire cela : et quoi qu'on se vante d'avoir tout fait comme Monsieur de Saulx (2) je me trouvai là et en entrant on me disait : Monsieur retirez vous ; ce n'est pas à vous qu'on en veut. Je leur dis : Non ferai, allez méchants, tuez-moi, et mon sang sera contre vous, et ces bancs mêmes le requerront.

Ainsi j'ai été parmi les combats et vous en expérimenterez qu'ils ne seront pas moindres, mais plus grands. Car vous êtes en une perverse et malheureuse nation, et combien qu'il y ait des gens de bien, la nation est perverse et méchante, et vous aurez de l'affaire, quand Dieu m'aura retiré : car encore que je ne sois rien, si sais-je bien que j'ai empêché trois mille tumultes qui eussent été en Genève. Mais prenez courage et vous fortifiez, car Dieu se servira de cette Eglise et la maintiendra, et vous assure que Dieu la gardera.

J'ai eu beaucoup d'infirmités lesquelles il a fallu qu'ayez supportées, et mêmes tout ce que j'ai fait n'a rien valu. Les méchants prendront bien ce mot : mais je dis encore que tout ce que j'ai fait n'a rien valu, et que je suis une misérable créature. Mais si puis-je dire cela que j'ai bien voulu, que mes vices m'ont toujours déplu, et que la racine de la crainte de Dieu a été en mon coeur, et vous pouvez dire cela que l'affection a été bonne, et je vous prie que le mal me soit pardonné, mais s'il y a du bien, que vous vous y conformiez et l'ensuiviez.

Quant à ma doctrine, j'ai enseigné fidèlement et Dieu m'a fait la grâce d'écrire, ce que j'ai fait le plus fidèlement qu'il m'a été possible, et n'ai pas corrompu un seul passage de l'écriture, ne détourné à mon escient ; et quand i'eusse bien peu amener des sens subtils, si je me fusse étudié à subtilité, j'ai mis tout cela sous le pied et me suis toujours étudié à simplicité.

Je n'ai écrit aucune chose par haine à l'encontre d'aucun, mais toujours ai proposé fidèlement ce que j'ai estimé être pour la gloire de Dieu.

Quant à nôtre état intérieur, vous avez élu Monsieur de Bèze pour tenir ma place. Regardez de le soulager, car la charge est grande et a de la peine, en telle sorte qu'il faudrait qu'il fût accablé sous le fardeau. Mais regardez à le supporter. De lui, je sais qu'il a bon vouloir et fera ce qu'il pourra.

Qu'un chacun regarde à l'obligation qu'il a non seulement à cette Eglise, mais à la ville, laquelle vous avez promis de servir tant en adversité qu'en prospérité, et ainsi qu'un chacun continue sa vocation et ne tâche point de se retirer ni pratiquer. Car quand on va par dessous terre pour échapper, on dira bien qu'on n'y a pas pensé, et qu'on n'a sollicité ceci ni cela. Mais qu'on regarde à l'obligation que vous avez ici devant Dieu.

Et regardez aussi qu'il n'y ait point de piques ni de paroles entre vous, comme quelquefois il y aura des brocards qui seront jetés. Ce sera bien en riant, mais le coeur aura de l'amertume. Tout cela ne vaut rien et mêmes il n'y a point de chrétienté. Il se faut donc garder de cela et vivre en bon accord et toute amitié sincèrement.

J'avais oublié ce point : je vous prie aussi ne changer rien, ni innover — on demande souvent nouveauté — non pas que je désire pour moi par ambition que le mien demeure, et qu'on le retienne sans vouloir mieux, mais parce que tous changements sont dangereux, et quelquefois nuisent.

A mon retour de Strasbourg je fis le Catéchisme à la hâte, car je ne voulus jamais accepter le ministère qu'ils ne m'eussent juré ces deux points, à savoir de tenir le Catéchisme et la discipline, et en l'écrivant, on venait quérir les morceaux de papier large comme la main, et les portait-on à l'imprimerie. Combien que Maître Pierre Viret fût en cette ville, pensez-vous que je lui en monstrasse jamais rien. Je n'eus jamais le loisir, et avais bien pensé quelquefois d'y mettre la main si j'eusse eu le loisir. Quant aux prières des dimanches, je pris la forme de Strasbourg et en empruntai la plus grande partie. Des autres je ne les pouvais prendre d'eux, car il n'y en avait pas un mot : mais je pris le tout de l'Ecriture. Je fus contraint aussi de faire le formulaire du baptême, étant à Strasbourg, et qu'on m'apportait les enfants des Anabaptistes de cinq et de dix lieues à la ronde pour les baptiser. Je fis alors ce formulaire rude, mais tant il y a que je ne vous conseille de ne changer (sic).

L'Eglise de .... (3) a trahi ceste-ci, et ils m'ont toujours plus craint qu'aimé, et je veux bien qu'ils sachent que je suis mort en cette opinion d'eux qu'ils m'ont plus craint qu'aimé, et encore me craignent plus qu'ils ne m'aiment, et ont toujours eu pour que je ne les troublasse en leur eucharistie.

Ce propos (4) doit être mis ci-dessus en quelque endroit duquel il ne me souvient. Il usa de ces mots que dessus. Je ne les ai point couchés en double et incertitude. Je ne doute pas qu'il ne les couchât mieux et qu'il ne dit davantage. Mais ce dont il ne m'est pas souvenu assurément, je l'ai omis. Il prit un honnête congé de tous les frères qui le touchèrent en la main, l'un après l'autre, fondons tous en larmes.


Ecrit le premier jour de mai 1564, duquel mois et an il mourut le vingt-septième jour.


Ultima Calvinus nobis quae verba locutus, Quae meminisse mihi licuit certoque referre, Hic mihi descripsi monumentum, sed mihi soli. I.P.M.
(5)

Notes :

(*) Rédigé un mois avant sa mort à Genève. Le texte a été mis en un français plus actuel.
1) Nous ne savons pourquoi ce nom est entre parenthèse.
2) Nicolas des Collars sieur de Saules, collègue de Calvin à Genève pendant de longues années, plus tard à Londres et à Orléans.
3) Le nom est omis, il s'agit de Berne.
4) relatif à Berne
5) Les dernières paroles que Calvin nous a dites, qu'il m'a été permis de me souvenir et de rapporter avec certitude, j'ai écrit ici un mémorial pour moi, mais pour moi seul.


Calvin face aux anabaptistes
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Par TKR, le 21 Août 2007
























En raison d'une répression rapide dans son terreau alémanique, l'anabaptisme s'est peu répandu en Suisse romande. Il a néanmoins suscité de vives oppositions théologiques. Ainsi, en 1532, deux rebaptiseurs étrangers torturés à Bâle signalent que leur nombre augmente à Genève (sans preuve concrète cependant). A la mi-mai 1537, les Hollandais Herman de Gerbehaye et André Benoît d'Engelen demandent au Conseil des deux cents la tenue d'une dispute théologique dans l'ancien monastère de Rive.

En butte aux critiques du camp libertin, Jean Calvin (1509-64) profite de l'occasion pour reluire son blason. La confrontation dure deux jours. Elle achoppe sur les questions du baptême et d'unité de l'Eglise. Les deux Néerlandais doivent quitter la cité et deux semaines plus tard, Jean Bomeromenus et Jean Tordeur de Liège sont aussi expulsés. A l'automne, Calvin fait remarquer aux autorités que des citoyens persistent dans «la fausse foi». Certaines personnalités sont connues: Jean Japin de Cologny, un des premiers citoyens favorables à la Réforme, est condamné à un an de prison afin de ne plus troubler les prêches, mais encore Jacques Merauld de Lyon et Jean Moynier.

Leurs partisans semblent avoir été plus nombreux, car les autorités, réservées, ordonnent en octobre de ne pas leur refuser le sacrement mais de simplement les admonester, ce dont se plaint Farel encore en janvier 1538. Quoi qu'il en soit, les quelques punitions ne dépassent pas le stade de l'emprisonnement ou du bannissement. Après le départ de Calvin en juin 1538, les anabaptistes ont le droit de retourner en ville à condition d'obéir aux lois, renouant ainsi avec une politique de relative tolérance qui a prévalu jusqu'à l'adoption définitive de la Réforme, le 21 mai 1536. Mais cela ne dure qu'un temps.

Revenu en 1541 de Strasbourg, où il s'est marié à Idelette de Bure (la veuve de Jean Stordeur, ce dernier ayant renoncé à sa foi grâce à son adversaire picard) et s'est confronté plus durement aux anabaptistes, Calvin (à l'origine le moins anti-anabaptiste de tous les grands réformateurs) publie ses Brèves instructions pour armer tous bon fidèles contre la secte commune des anabaptistes dans lesquelles il réfute et condamne avec virulence tous les points de la théologie des rebaptiseurs. Dès lors, on ne recense plus d'anabaptistes, vraisemblablement exilés ou rentrés dans le giron, au bout du lac.

 Signalons également que le fameux docteur catalan Michel Servet, brûlé pour cause d'antitrinitarisme en 1553, peut être rattaché à la mouvance de la Réforme radicale. Les anabaptistes font de nouveau parler d'eux dans la cité de Calvin lorsque Pierre Kennel, un mennonite français professeur de biologie, est chassé de l'université le 7 mai 1915 à la demande des autorités cantonales et académiques: il refusait de répondre à l'appel des armes lors de la Grande Guerre. Aujourd'hui, on trouve une petite communauté à Ferney, qui doit beaucoup à l'émigration bernoise de l'entre-deux-guerres.

  Source :  Le Courrier – Quotidien suisse et indépendant   

Carte sur le Protestantisme et son expansion en Europe




Sources principales



***


Vidéos sur le Protestantisme
et bibliographies de Luther et Calvin




Sources principales sur le web : museeprotestant.org, renaissance-france.org, histoirepassion-eu, Larousse.fr, linternaut.com, wikipédia.org, etc.

Vidéos : un choix de sept documents sur le protestantisme en ligne...


    • Les "Protestants et la France" en 3 parties par Patrick Cabanel (33 minutes)
    • Jean Calvin en deux parties par Olivier Abel (25 minutes)
    • Un film de Réné Allio sur les Camisards (1972-1h45)
    • L'histoire du Protestantisme du XVIe siècle à la Révolution (1h45)
Bibliographie sur Martin Luther :

- DELUMEAU Jean, Naissance et affirmation de la Réforme, PUF, coll. «Nouvelle Clio».
- FEBVRE Lucien, Martin Luther, un destin, PUF, 2008, coll. Quadrige. 1ère édition : 1928.
- MAYEUR Jean-Marie, PIETRI Charles, PIETRI Luce, VAUCHEZ André, VENARD Marc (dir.), Histoire du christianisme, t. 7 : De la réforme à la Réformation (1450-1530), éditionss Desclée, 1994.

Bibliographie sur Jean Calvin :

- Œuvres choisies (contient l'épître à Sadolet, le traité des reliques, les préfaces à la Bible), éditions Gallimard, Folio, 1995.
- Œuvres, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2009.
- Ses Lettres latines ont été publiées par Théodore de Bèze, 1586, traduit par Antoine Teissier, 1702 ; ses Lettres françaises, par Jules Bonnet, 1854.
- Sa Vie a été écrite par Théodore de Bèze, puis par Jean-Marie-Vincent Audin, Paris, 1841; par Paul Henry, Hambourg, 1844, et par Félix Bungener, Paris, 1864.
- La vie de Jean Calvin, Théodore de Bèze, éditions Europresse
, 1993.
- Castellion contre Calvin ou Une conscience contre la violence, de Stefan Zweig, 1936
- Le Castor Astral, 1997, préface d'Hervé Le Tellier
- Calvin, sources et évolution de sa pensée religieuse par François Wendel, 1950, éd. PUF, réédité par Labor et Fides, Genève, 1985.
- La morale selon Calvin par Éric Fuchs, 1986, Édition : Cerf, Paris
- Calvin et la dynamique de la parole, Olivier Millet, Éditeur  H. Champion, Paris, 1992.
- Calvin, Bernard Cottret, éditions Petite bibliothèque Payot,1998.
- Jean Calvin, Denis Crouzet, éditeur Fayard, 2000
- Calvin Mystique, au cœur de la pensée du réformateur, Carl A. Keller, éditeur Labor et Fides, 2001.
- Marc Vial, Jean Calvin : Introduction à sa pensée théologique, éd. Labor et Fides, 2008.
- Calvin
et le calvinisme : Cinq siècles d'influences sur l'Église et la Société, Ernst Hirzel, éd. Labor et Fides, 2008.
- Calvin, Au-delà des légendes, Yves Krumenacker, éditions Bayard, 2009.
- Renaissance et Réforme, Jules Michelet, Coll Bouquins, Robert Laffont,1982
- Chronique de la France moderne, le 16ème Siècle, Joel Cornette, éditeur Sedes, 1993.
- Jean Calvin,  Denis Crouzet, éditeur Fayard 2000
- Jean Calvin, Puissance de la Loi et limite du Pouvoir, Denis Muller, Coll. Le Bien Commun, éd. Michalon 2001.
- Histoire générale du protestantisme, Émile G. Léonard, La Réformation éd. PUF, 1961.


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