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- La Renaissance à Paris
- (seconde
partie)
En
août 1572, c'était aussi l'union de Marguerite de Valois, catholique, (ci-contre) dans la capitale
avec son cousin Henri de Navarre. Le Béarnais
abjura-t-il sa foi pour la paix civile du royaume? Ce qui le poussa à
six revirements... tentons d'y voir plus clair !
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Le
futur Henri III était élu
roi de Pologne en 1573 (ci-contre
son portrait en tant que duc d'Anjou peint par Jean Decourt). A la
mort de son frère Charles IX, l'année
suivante, neuf
mois après il fut
sacré à
Reims, le 13
février 1575. Le roi épousait le surlendemain Louise de Vaudémont
contre
toutes les attentes de Catherine de Médicis, qui envisageait un mariage
princier avec la Suède et de faire élire son dernier fils François, duc
d'Alençon, comme le
nouvel édile de Pologne et de Lituanie à la suite d'Henrik 1er,
remplacé au final par un prince Transylvanien (Etienne Bathory).
A contretemps, Henri de
Valois épousa une femme de petite noblesse lors du retour de son
périple européen, qui plus est de la maison de Lorraine. Toutefois
comme sa mère, la jeune reine inattendue s'avéra elle aussi comme une
femme d'Etat, pareillement à sa belle-mère. Toutes les deux eurent une
activité diplomatique conséquente. Et en ce domaine Catherine de
Médicis fut au centre des nombreuses tractations qui assurèrent l'unité
du royaume, loin ou à rebours des portraits et récits dressés par les
historiens du XIXe siècle, et toujours en débat.
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Sous
le coup d'une légende noire, les réalités ne sont pas simples à
exposer. Catherine de Médicis avec ses trois
enfants rois
"névrosés", il n'est pas évident d'aborder une période, où le
discrédit était général et les oppositions exacerbées, donc propice à
des partis pris, même en l'état des recherches et connaissances.
Selon
l'idée que les vainqueurs effacent ou éliminent les vaincus, Henri de
Navarre n'aurait pas pu ramasser la mise sans les vues à long terme
de la reine-mère, qui assura plusieurs régences. Et Henri le Béarnais a
été sous son emprise et inclus à ses perspectives politiques d'unions,
mais pouvait-elle se douter que ses ouailles pouvaient la contrecarrer
ou être les acteurs directs de la discorde?
Henri de Valois naquit à
Fontainebleau en 1551 et avant d’accéder à la couronne de France, il a
été d’abord roi de Pologne en 1573 sous le nom d’Henri 1er pendant deux
années, il fut élu par la Diète, le Parlement polonais. Parti
en Pologne l’année 1574, ce fut sa mère Catherine de Médicis
(ci-contre) qui assura la régence en son absence. Henri de Valois fit
en
sorte de ne pas conserver le titre étranger, son ambition (et espoir de
gloire) aurait été de devenir roi de France. Ce qui
ne correspondit pas au
plan de sa mère, depuis la disparition d’Henri II, cette dernière avait
la haute
main sur les affaires et administrait le pays comme régente.
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Le quatrième
fils (et le préféré) de Catherine de Médicis et d’Henri II, le nouveau monarque débuta son règne en
s’appuyant un temps sur la sainte Ligue. Mais un de ses appuis,
le
cardinal Charles de Lorraine de la famille de Guise contesta la
transmission réclamant le trône pour sa branche, mais cette prétention
n’allait pas pour autant en finir avec cette vieille lignée
carolingienne. Ce dernier décéda peu après.
Les deux
Henri (Navarre et Valois) avaient à peu près le même âge et ils avaient
grandi ensemble à la cour d’Henri II. Henri
III se vit confronter à la menace que représenta son cousin le
troisième duc de Guise, Henri 1er, et fit en sorte de se débarrasser de
cette contestation, et là où il avait échoué devant les forces
Réformées, il dut se résoudre à la paix et ouvrit ainsi la succession à
Henri de Navarre. Henri III a été à l’origine des édits de Beaulieu et
de Poitiers, bien plus favorables aux huguenots, que l’acte promulgué
en 1598 par son
cousin héritier.
Avec Henri de Valois, il
n’est
pas plus simple de faire une synthèse des faits ou événements de ce
règne d’une quinzaine d’années, ou ce qui est propre à la seconde
partie du XVIe siècle, du sacre d’Henri II au règne d’Henri IV. Pour
une raison assez simple, l’avènement de ce prince n’a pas laissé
grandes victoires ou louanges, mais des critiques négatives et
oppositions nombreuses. Une attitude désinvolte et pleine de
maladresse irritèrent divers partis dès son accession à la tête du
royaume. Ce qui en fit un personnage d’intrigues et erratique dans ses
comportements. Et s’il a été tant décrié, il représente une faille et
demanderait à plus d’éclaircissement.
À la suite des nombreuses
guerres civiles et religieuses survenues de 1562 à 1598, sur 36 années
se déroulèrent huit étapes conflictuelles plus ou moins longues et
faîtes de batailles, de déplacements de troupe et villes assiégées,
comme La Rochelle en 1573, qui opposèrent les réformés aux tenants du
dogme romain. Et qui participèrent des traités de paix plus ou
moins solides et selon une géographie, où la France n’était pas
vraiment établie dans ses frontières de l’est ou à l’orient, menacée au
nord par les Pays-Bas espagnols. Mais cela ne
suffit pas à comprendre les conditions dans lesquelles Henri de Valois
accédait dans un contexte de fortes rivalités, si l’on examine les deux
décennies avant l’édit de 1598 et le rôle et les fonctions de la reine
mère depuis son union avec Henri II, nous plongeons dans un roman
familial où beaucoup peut concourir à ne plus savoir qui est qui ?
Famille de Valois
d'Henri II à Henri III
Chaque maillon de la famille
de la reine mère et en particulier ses héritiers mâles : cinq au total,
trois furent rois et en offrant au
mariage sa fille Margueritte de Valois (Margot) à son cousin Henri de
Navarre, elle a su tisser des liens et une mainmise affirmée sur la
conduite des affaires et de la famille royale. Son dernier
fils, François
proche des huguenots a été envisagé dans une union à Elisabeth 1ère
d’Angleterre, et Catherine de Médicis a su contracter des unions utiles
pour maintenir l’unité du royaume face à la toute puissance de
l’Espagne. Une femme de caractère, sans nul doute, qui jusqu’à son
décès en 1589 officia à un rôle prépondérant, ce qui ne signifia pas
que ses enfants ne furent pas pour autant contradictoires ou dans une
opposition au monarque? On peut considerer que pour l'ensemble des
partis en cause la famille royale était intouchable, et les rivalités
familiales s'exerçaient à fleurets mouchetés... jusqu'alors.
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L’ennui et contrairement aux
nombreuses couches que connut Catherine la "florentine" : une dizaine,
les héritiers ou progénitures n’ont rien laissé comme possible dauphin
ou succeseur mâle.
A la mort de son fils Charles IX qui n’a pas vraiment régné, en raison
de son jeune âge et de crises de folie, la régente à sa disparition
ordonna la fermeture de certains accès du Louvre et appela à sa
rescousse des forces armées pour protéger les entrées, dont elle conçut
l’idée d’un Palais royal. Par ailleurs, la reine-mère mit en demeure
son dernier fils le duc d’Alençon - et d’Anjou à son tour - et Henri le
Béarnais de ne
pas quitter la cour, jusqu’à ce que ces derniers prennent la poudre
d’escampette, et combattent à leur tour. |
La place des histoires familiales et de leurs choix pour la Réforme ou
contre n'expliquent pas tout, ni les nuances qui ont pu exister, entre
autres à l'exemple la modération d'hommes comme Montaigne (tout comme
le poète de cour Pierre de Ronsard, Montaigne a connu le mécénat de la
reine Catherine). Ce
qui est sûr c'est que les grands perdants furent les huguenots, et que
l'édit de Nantes n'a été qu'une pâle copie par rapport à l'édit de
Beaulieu ou de Poitiers. Il s'agit de même de prendre en compte une
guerre civile et un affrontement anglo-espagnol. Le rôle des
ambassades, des services secrets sont aussi de cette histoire
tumultueuse où Catherine de Médicis a été renvoyée à ses occupations
sur l'occultisme, ou bien avoir été l'instigatrice de la
Saint-Barthélemy, ou même être une empoisonneuse, soit l'équivalent
d'une sorcière ou d'une personne maléfique. Dans le doute obtenu et une
déconsidération abusive, il vaut mieux échapper aux binarismes des
"gentils et méchants". De toute part les violences ont dominé et
décimé, et les cercles fermés des pouvoirs négocier en coulisse, et
malgré les plans prévus, elle ne se doutait pas qu'Henri de Valois
(tout aussi discrédité), et bien que son fils préféré lui amener de si
gros soucis de gouvernabilités.
Néo-platonicienne et de formation humaniste, la reine-mère a laissé une
abondante correspondance (5.000 lettres), elle s'adonnait aux
horoscopes ou prédications de mages (Nostradamus et Ruggieri), ce qui
n'avait rien d'anormal, la chose était courante, l'astrologie pour
l'époque était une science. Et pour saisir le
contexte, René Descartes naissait à la fin du siècle, la pensée
rationnelle plutôt absente pour considérer ces temps-là autrement que
par ses oppositions cultuelles et ses réalités économiques et sociales.
L'annonce de la disparition de Marie de Clèves, princesse de Condé son amante
et mère d'une fille qui lui fit perdre la vie en couche, encore duc
d'Anjou et d'Orléans, Henri de Valois à l'annonce de sa mort sombra
dans des excès, aussi bien mystiques, qu'en des dépenses inconsidérées
pour des somptueuses festivités.
Henri
III avait été un batailleur, il mena de rares batailles du temps de son règne, le roi avait ainsi cru prendre
la tête de la sainte Ligue et tenir à distance les prétentions à un
trône, qui s'avéra en apparence plus vacillant, qu'il ne le pensait.
On pourrait en oublier les pressions et
interventions extérieures des états Allemands calvinistes, et
des traités qui favorisèrent des solutions d’aménagements territoriaux
face aux pays frontaliers de l'Est, qui comprenaient : les duchés de
Savoie, du Dauphiné, de Lorraine, la Franche-Comté espagnole et le
saint Empire germanique.
Au final, il y a de quoi s'interroger
sur la
conception et mise en oeuvre de l'Eglise gallicane parachevant la
structure intemporelle en faveur de la royauté et d'un pouvoir tendant
pas à pas à "l'absolutisme" : ce terme prendra forme sous la plume de
Montesquieu, plus tardivement. Depuis François 1er jusqu'à Henri IV, il
est possible de parler de rois absolus.
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Nous ne pourrons pas apporter
sur cette période terminale du XVIe siècle tous les tenants, sauf à
comprendre les oppositions religieuses en une autre perception
conflictuelle.
Assassinats et duels, et conflits guerriers ont
été légions dans les rangs de l’aristocratie française, tout camp
confondu. Mais ces données ne peuvent suffire pour en saisir toutes les
interactions et nuances, et de quoi se perdre ou patauger dans les
lignages. Le danger est d’appréhender le règne d’Henri III sous le seul
angle des bons et mauvais huguenots ou catholiques et toujours de
manière frontale. Une vision un peu trop simple et limitée au royaume.
Sinon, Henri III marquait la fin de la dynastie des Valois et l'entrée en
scène des Bourbons.
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Les origines de la sainte Ligue (ou sainte Union)
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Les
40 dernières années du XVIe siècle sont particulièrement riches et
denses, et tout ce qui se déroule dans la capitale n’aide pas à prendre
en considération l’état général du royaume et plus largement en Europe.
Une mutation d’ampleur qui va au-delà des seuls affrontements guerriers
en interne et met en scène la première puissance avec l’Espagne,
financeur de la sainte Ligue, qui s’appuya sur le clan des Guise, ducs
et cardinaux de Lorraine pour tenter de mettre la main sur la couronne
de France. Souhait que n'a pu réaliser Philippe II d'Espagne, malgré la fortune considérable qu'il y a engloutie.
Procession de la Ligue par le peintre Jacob Bunel
(Château de Pau)
La
réalité de trois clans familiaux à intérêts divergents, mais dont le
but commun était de diriger le pays participa du chaos ambiant sans se
défaire, le paradoxe de cette époque trouble. Les
membres et
soutiens à Henri troisième duc de Guise (le petit dernier)
représentèrent le camp des ultras catholiques refusant toute
conciliation et s’armèrent comme du temps des croisades pour combattre
l’hérésie huguenote jusqu’au dernier de ses membres. Une folie
meurtrière dont les huguenots calvinistes ont été aussi acteurs de
massacres dans les années 1560.
La famille royale de la dynastie des Valois, bien que dotée de
plusieurs héritiers successifs (François II et Charles IX), avec
l’avènement d’Henri III finissait la dynastie des Valois, à un peu plus
des trois-quarts du siècle, l’issue ne pouvait amener que soit un de
Guise, soit un de Bourbon sur le trône, deux familles prétendantes et
Philippe II aux embuscades. Ce n’était pas sans
compter sur l’appui des
états Allemands calvinistes et ceux que l’on nommait les "Malcontents
ou
Mécontents", qui au sein du royaume se positionnèrent sur les partisans
religieux modérés des deux camps et trouvèrent dans le duc François
d’Alençon leur figure de prou, dernier fils de Catherine de Médicis
(décèdé en 1584). Plus d’enfants mâles pour succéder et les menaces
externes se précisant, l’unité ne céda pas pour autant et s’est
maintenue au fil des conflits et trêves ou Etats Généraux.
Quant au parti
catholique organisé dans la sainte Ligue, il prenait pour décision
d'interdire au roi Henri III de
faire allégeance aux Protestants, prêt si besoin était, notamment de mettre un arrêt à la
dynastie des Valois, ce qui survint par absence d'héritiers mâles.
« Dès l’an 1562, vingt-six ans
avant la journée des barricades, le
cardinal de Lorraine étant au concile de Trente conçut le plan d’une
sainte ligue, ou association de catholiques, qui devait avoir le triple
but de défendre à main armée, l'église romaine en France, de faire
rendre au frère du cardinal, François duc de Guise, la lieutenance
générale du royaume, et de l'aider a monter au trône, dans le cas où la
race (dynastie) des Valois viendrait à s'éteindre. La mort du
duc, assassiné devant Orléans par Poltrot, ne permit pas au cardinal
d'exécuter son plan.
Cinq
ans après, Henri de Lorraine, duc de Guise, fils aîné de François,
et alors âgé de dix-huit ans, fit, pour la première fois, composer une
formule de serment, par laquelle les signataires s'engageaient à
sacrifier leurs biens et leurs vies à la défense de la religion
catholique envers et contre tous, excepté contre le Roi, la famille
royale et les princes de son alliance. Cette formule fut signée par la
noblesse de Champagne et de Brie, provinces dont Henri était
gouverneur, et le 25 juillet 1568, l'évêque et le clergé de Troyes la
signèrent également. L’association est nommée dans la formule sainte
ligue, ligue chrétienne et royale.
Jusqu'à
l'année 1576 cette
association resta secrète et ne franchit pas les limites de la
Champagne. Les massacrés de la Saint-Barthélemy avaient suffi pour
occuper les catholiques et pour satisfaire l'ambition des Guises. D'un
autre côté, l'inventeur de la Ligue, le cardinal de Lorraine, étant
mort en 1574, ses plans semblaient devoir s'éteindre avec lui ; mais
Henri de Guise n'oublia pas les instructions de son oncle, et le
nouveau roi, Henri III, lui donna bientôt l'occasion de les mettre à
profit. »
Source : Gallica-BnF - Histoire abrégée de la
Ligue depuis son origine, Vitet
Ludovic,
pages 282 et 283, éditions Michel Lévy
frères Paris, 1861.
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C'est
à partir de l'année 1585, qu'était publié à Perrone (département
de la Somme) la proclamation de la Ligue, elle demandait entre autres,
la
tenue d'Etats Généraux, et une religion unique. La dite sainte
Ligue avait obtenu le soutien du roi Philippe II d'Espagne, pour
faire pression sur le roi de France, et resta relativement
secrète avant de se manifester ouvertement dans Paris et y trouver le
soutien des Parisiens du peuple. Les ligueurs demandèrent au prince Henri
de Guise de les
rejoindre à Paris. Le roi Henri III, de son côté fit
venir des troupes françaises et des gardes Suisses, qu'il disposa tout
autour du Louvre et de l'île de la Cité. Dans cette ambiance surchauffée, la foule
fit le choix de
la Ligue et se prononça en faveur d'Henri de Guise, dit le Balafré,
présent à Paris depuis le 9 mai 1588. Une rumeur circulait dans la ville
d'une Saint-Barthélemy de revanche, qui devait s'organiser contre les
catholiques cette fois-ci.
La révolte gagna le vendredi 12 mai 1588, dès
l'aube, le quartier dit latin se remplissait de « barricades »,
les monticules étaient formés à partir de barriques. Les
objets le plus
couramment utilisé pour barrer les voies, et plusieurs porteurs d'armes
y trouvèrent la mort. Henri III s'en allait précipitamment à Chartres, se
replia par la suite à Rouen et signait l'édit de l'Union. Le roi
se soumettait aux conditions de la sainte Ligue, Henri de Guise
devenait Lieutenant-général du royaume, puis Henri III
convoquait une nouvelle fois les Etats-généraux à Blois.
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La journée des Barricades et fuite
d'Henri III
Pierre de l’Estoile (1546-1611) |
De l’arrivée du duc Henri de Guise à
Paris à la
fuite d’Henri III après la journée des Barricades, Pierre de l’Estoile
ici nous narre un petit bout d’histoire qui marqua les esprits. Son
journal ou mémoires est un splendide et authentique témoignage, car
l’auteur a été un contemporain des événements. Bien que parti pris dans
son récit, il raconte ces journées avec entrain et simplicité, et il
est de toute façon, un des rares écrits qui n’ait pas tourné à
l’avantage des Ligueurs, qu’il détestait. Est-il précisé dans l’ouvrage
dans sa présentation, placardages venus des partis adverses qui
s’activèrent à la publication de brûlots contre le roi et la reine
mère, et qui a perduré longtemps sous d'autres formes.
Nous sommes à peu de mois de la disparition d’Henri de Guise, et qui
l’année suivante connaît la disparition et la fin tragique d’Henri de
Valois, sans héritier naturel, et le dernier souffle de Catherine de
Médicis. Et cela ne mettait pas fin aux guerres civiles et de
l’extérieure, tout en influant en interne, mais ouvrit la voie au
Béarnais dans des conditions où l’unité de la France se vit menacée,
jusqu’à la conclusion de l’édit de Nantes et le ralliement de tous les
grands du royaume. Hier farouches ennemis de ce roi de Navarre
hérétique aimé par l’auteur de ce présent texte, sa référence ultime.
Il est à noter que la fin de la Renaissance diffère très peu du Moyen
Âge et cet écrit est une assemblage de notes de l’auteur (les
parenthèses des éditeurs scientifiques n’ont pas été conservées, mais
intégrées au texte). |
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Journal et Mémoires du 5
au 14 Mai 1588 à Paris
« Le jeudi 5
mai, le seigneur de Belièvre revint de Soissons, de l'assemblée qui s'y
était faite avec ceux de Lorraine et de Guise, et rapporta au Roi, qui
l'y avait envoyé, et mandé par lui au duc de Guise qu'il n'eût à venir
à Paris, des réponses ambigües de sa part, avec hautes paroles de
mécontentement du dit duc de Guise, qui fût cause que le Roi lui fît
une recharge par le dit de Belièvre, par laquelle il lui mandait exprès
qu'il n'eût à venir à Paris qu'il ne le mandât ; et que s'il y venait,
les affaires étant en l’état qu'elles étaient, pourraient y causer une
émotion de laquelle il l'en tiendrait à jamais auteur et coupable de
tout le mal qui en adviendrait. Et pour le regard de la ville de Paris,
sa majesté étant dûment avertie qu'il s'y pratiquait un remuement
dedans contre lui et son état; pour y donner ordre et prévenir les
conspirateurs, fît faire fort guet de nuit et de jour et renforcer ses
gardes à l'entour de son Louvre, avec résolution d'y châtier quelques
Ligueurs perturbateurs du repos de la ville et de l'Etat.
De quoi ceux de la Ligue ayant été avertis envoyèrent en diligence à
Soissons supplier le duc de Guise de les venir secourir contre les
cruels desseins du Roi. Celui qui y fût envoyé de leur part, fût
Brigart qu'on appelait à cette heure là le courrier de l'Union, lequel
démontra à M. de Guise le hasard que courait la Ligue à Paris, s'il n'y
venait, et que sa présence y était tellement requise, que s'il ne s'y
acheminait promptement, il ne fallait plus qu'il fît état d'y avoir
aucun serviteur usant de ces mots : « que les frères étaient fort
débauchés, mais que sa présence rhabillerait tout et qu'il pouvait
assurer sur sa vie et son honneur, que tout se porterait bien s'il y
venait. »
Sur quoi M. de Guise ayant un peu songé et insisté sur la défense que
le Roi lui en avait faite, enfin s'étant résolu, il monta à cheval avec
huit gentilshommes des siens, sur les neuf heures du soir, Brigart
faisant le neuvième de sa troupe, et en cette compagnie arriva le
lendemain à midi à Paris, qui était le lundi 9 mai. Etant arrivé, alla
droit descendre au logis de la Reine mère, qui était indisposée,
laquelle néanmoins se fît porter dans sa chaire à bras jusques au
Louvre, accompagnée du duc de Guise toujours à son côté, qui la suivie
à pied jusques au dit lieu. Cette venue étant annoncée au Roi, l'étonna
et lui fut si peu agréable, qu'étant enfermé pour lors en son cabinet,
avec le seigneur Alphonse Corse, il lui commença à dire avec un visage
triste et plein d'indignation :
- Voilà monsieur de Guise qui vient d'arriver, et toutefois je lui
avais mandé qu'il ne vînt point à votre avis capitaine Alphonse, si
vous étiez en ma place et que vous lui en eussiez mandé autant et qu'il
n'en eût tenu autre compte, que feriez-vous?
- Sire, dit-il, il n'y a ce me semble qu'un mot en cela tenez-vous
monsieur de Guise pour votre ami ou pour votre ennemi?
A quoi le Roi n'ayant rien répondu, sinon par un geste qui donna assez
à connaître à l'autre ce qu'il en pensait le seigneur Alphonse alors
lui dit :
- Sire, il me semble que je vois à peu près le jugement qu'en fait
votre majesté, ce qu'étant, s'il vous plait de m'honorer de cette
charge, sans vous en donner autrement peine, je vous apporterai
aujourd'hui sa tête à vos pieds, ou bien vous le rendrait en lieu là où
il vous plaira d'en ordonner, sans qu'homme du monde bouge ne remue, si
ce n'est à sa ruine. Et de ce j'en engage présentement ma vie et mon
honneur entre vos mains.
A quoi le Roi répondit qu'il n'était encore besoin de cela, et qu'il
espérait de donner ordre à tout en bref, par un autre et plus court
moyen. Et là-dessus étant sorti de son cabinet, le duc de Guise lui
ayant fait une grande et plus basse révérence, mais moins assurée que
de coutume, Sa Majesté lui fît assez maigre accueil, se plaignant de ce
que l'ayant prié de ne venir, il n'avait laissé nonobstant sa prière et
son mandement, de passer outre. De quoi le duc de Guise s'excusa le
mieux qu'il pût, laissant à la Reine-mère à faire le demeurant, qui ne
cessa d'après le Roi qu'elle ne l'eût apaisé et non tellement
toutefois, qu'il n'en demeurât du ressentiment dans l'estomac de ce
prince principalement quand il eût entendu, ce jour, les grandes
révérences et acclamations que ce sot peuple avait faites à sa venue,
et qu'en la rue Saint-Denis et Saint-Honoré on avait crié : Vive
Guise
vive le pilier de l'église! même qu'une damoiselle étant sur une
boutique avait abaissé son masque et dit tout haut ces propres mots Bon
prince, puisque tu es ici, nous sommes tous sauvés. »
Le mercredi 10 mai, le Roi ayant eu avis que le duc de Guise avait fait
approcher de Paris ses Albanais et autres gens de guerre qui n'en
étaient pas loin, et que la suite de ses amis et serviteurs entraient à
Paris file à file même que l'archevêque de Lyon, qui était l'intellect
agent de son conseil, était arrivé sur le point du dîner à l'hôtel de
Guise redoublant ses soupçons et sa défiance commanda la garde des
postes très étroite et qu'on eût à faire la nuit bonne garde et
sentinelles.
Le vendredi12 mai, le Roi, dès le grand matin, fît à petit Pont, depuis
le carrefour Saint-Sevrin, jusques au devant de l'Hôtel-dieu ranger une
compagnie de Suisses, et une compagnie de soldats français de sa garde
sur le pont Saint-Michel, une compagnie de soldats Français au
Marché-Neuf, trois compagnies de Suisses et une compagnie de Français
en la place de Grève, trois compagnies de Suisses et une compagnie de
Français dedans le cimetière des Innocents quatre compagnies de Suisses
et deux compagnies de Français. Et autour du château du Louvre, les
autres compagnies de Suisses, restants des quatre mil, et les autres
compagnies françaises.
Le Roi tâchait par ce moyen d'exécuter ce qu'il avait déjà résolu en
son conseil, c'est à savoir de se saisir de quelque nombre des
bourgeois de Paris, de la Ligue, des plus apparents, et de quelques
partisans du duc de Guise, faisant la faction comme chef de part,
contre lui et contre son état et qui avaient signée la conjuration
qu'il disait savoir au vrai avoir été arrêtée entre les Parisiens et
ceux de Guise, pour se saisir de sa personne et le déposséder de sa
couronne, et faire mourir tous tels remuants et rebelles par les mains
des bourreaux, pour servir d'exemple aux autres Ligueurs adhérents au
parti du duc de Guise, qui à la bonne foi l'avaient suivi, ayants été
trompés sous le masque de la religion qu'il avait prise pour prétexte
et couverture de ses damnables et ambitieux desseins.
Telle était l'intention du Roi ; laquelle, le président Séguier sans y
penser assez imprudemment pour un grand courtisan qu'il est, découvrît
ce matin à un Ligueur, qui lui demandait que ce pouvait être que tout
ce grand remuement car il lui dit qu'il était raisonnable que chacun
fût le maître en sa maison, et que le Roi se ferait reconnaître ce jour
à Paris ce qu'il était, mettant ses bons serviteurs en liberté, par la
justice et châtiment qu'il ferait faire des mutins et perturbateurs.
Lequel dessein du Roi, toutefois ne réussit à la fin par lui prétendue
; car le peuple voyant ainsi toutes ses forces disposées par la ville,
commença à s'émouvoir, et craindre quelque chose de pis, et à murmurer
qu'on n'avait jamais vu ni ouï à Paris qu'on y eût mis une garnison
étrangère.
Sur ce incontinent chacun prend les armes, sort en garde par les rues
et cantons, en moins de rien tend les chaînes et fait barricades aux
coins des rues l'artisan quitte ses outils, le marchand ses trafics,
l'université les livres, les procureurs leurs sacs, les avocats leurs
cornettes, les présidents et les conseillers mêmes mettent la main aux
hallebardes on n'ait que cris épouvantables, murmures et paroles
séditieuses pour échauffer et effaroucher un peuple. Et comme le
secret, l'amour et le vin, ne valent rien quand ils sont éventés, ainsi
le duc de Guise ayant découvert de ce côté là le secret du Roi, comme
pareillement le Roi avait découvert le sien, craignant d'être prévenu,
envoie sous mains plusieurs gentilshommes de ses partisans qu'il fait
disposer de son ordonnance en chaque canton pour encourager ce peuple
assez mutin mais couard, et enseigner aux escouades et dizaines le
moyen de se bien barricader et défendre car encore que l'archevêque de
Lyon eût assuré le duc de Guise de la part du Roi, que le département
des gens de guerre par les quartiers de Paris, n'étaient contre lui,
sinon s'en veut-il fier qu'à son épée.
Au contraire le Roi, qui jusques au midi dudit jour était le plus fort,
ayant moyens de rompre les intelligences et barricades du Guisart et de
ses Parisiens, remet la sienne au fourreau, avec défense à tous les
siens de tirer leurs épées, seulement à moitié, sur peine de la vie
espérant que la temporisation, douceur et belles paroles, accroîtraient
la fureur des mutins, et désarmeraient peu à peu ce sot peuple, lequel
tout au rebours, l'après dîner venue s'étant armé, assemblé et
barricadé plus que devant et se sentant fort, commença à regarder de
travers les Suisses et soldas français étant par les rues et à les
braver de contenance et de paroles, les menaçant, si bientôt ils ne se
retiraient, de les mettre tous en pièces. De quoi le Roi averti, envoya
le seigneur d'O, le capitaine Alphonse, les maréchaux de Biron et
d'Omont, Grillon et plusieurs autres des siens, pour retirer toutes ces
compagnies, tant étrangères que françaises, le plus doucement qu'ils
pourraient vers lui, du côté du Louvre, et empêcher que ce peuple mutin
ne les offensât. Mais ils n'y purent sitôt venir que déjà l'émeute ne
fût commencée vers le Petit-Pont, et le Marché-Neuf, et qu'on n'eût
déjà blessé quelques-unes des compagnies des Suisses qui y étaient.
Lesquels lesdits seigneurs d'O et Corse retirèrent, les reconduisant
par-dessus le pont Notre-Dame et pria as le peuple de les laisser aller
sans les offenser, si ne peuvent-ils tant faire, ni ces pauvres Suisses
; jetant les armes bas et criants bonne France et à mains jointes : «
miséricorde!» que ce peuple furieux, depuis le Petit-Pont, jusques au
pont Nostre-Dame, n'en tuât tout plein tant de coups d'arquebuse,
qu'autres coups de main et de grès, et pierres que les femmes et
enfants jetaient par les fenêtres. Les autres s'étant rendus criant
vive Guise furent désarmés par monsieur de Brissac, et logés en une
boucherie au Marché-Neuf, et les morts enterrés d'une fosse qui
fût faite au milieu du parvis Notre-Dame. Le reste des gardes du Roi
passa ledit pont à grande peine, et furent lesdits seigneurs d'O et
Corse,qui les ramenaient, en grand danger de leurs vies et personnes,
confessant qu'ils n'avaient jamais eu tant de peur qu'à cette heure là.
Ceux de Grève et des Innocents menacés d'être taillés en pièces, aussi
bien que les autres, furent sauvés avec ces pauvres Suisses
prisonniers, par le duc de Guise, lequel, à l'instante prière et
requête du Roi, qui lui envoya le maréchal de Biron, exprès pour cet
effet, les alla prendre et conduire lui-même en lieu de sûreté. Sans
lui ils étaient tous morts et n'en fût réchappé la queue d'un, comme
depuis ils ont reconnu et avoué ne tenir la vie que de ce seigneur, qui
pria le peuple de les lui donner, ce qu'il fît tout aussi tôt, étant la
fureur de cette sotte populace accointée au simple son de la voix de
Guise, tant elle était empoisonnée et assottée de son amour.
Il n'était sorti tout ce jour de son logis, et avait toujours été aux
fenêtres de son hôtel de Guise, avec un pourpoint blanc découpé, et un
grand chapeau, jusques à quatre heures du soir de ce jour, qu'il en
sortît pour faire ce bon service au Roi. En sortant furent ouïs
quelques faquins ramassés là pour le voir passer, qui crièrent tout
haut il ne faut plus lanterner ; il faut mener Monsieur à Reims;
passant par les rues, c'était à qui crierait le plus haut : vive
Guise ! Ce qu'il voulait faire paraître avoir à déplaisir,
tellement
que baissant son grand chapeau, on ne sait s'il riait dessous, leur dit
par plusieurs fois « Mes amis, c'est assez ; Messieurs, c'est trop;
criés vive le Roi ! Les autres compagnies françaises de la garde du
Roi, se retirèrent vers le Louvre, sans être autrement offensées fors
deux ou trois, qui furent si téméraires que de vouloir braver les
bourgeois du carrefour Saint-Sevrin qui étaient animés et assistés par
le comte de Brissac, qui avait dès le matin gagné le côté de
l'université, fait armer les écoliers, et fait faire les premières
barricades vers la rue Saint-Jacques et le quartier de la place Maubert
où un avocat de la cour, nommé La Rivière, se montra tant ardent et
actif par dessus tous tes autres à barricader et animer le peuple à
l'encontre du Roi, qu'il lui échappa, en régnant Dieu, de dire ces
vilains mots : « Courage, messieurs, c'est trop patienter, allons
prendre et barricader ce bougre de Roi dans son Louvre. »
Paris à la fin du XVIème siècle
Le chevalier d'Omale vint sur le soir retirer monsieur d'O de la presse
où il était et le ramena avec le seigneur Corse jusques au Louvre en
assurance. Laquelle escorte servît bien au dit d'O, qui était
mortellement haï et mal voulu du peuple, qui avait opinion que par son
conseil, et celui de Villequier son beau-père, le Roi avait fait faire
cette belle disposition de troupes armées par la ville; comme aussi
ç'avait été lui qui, le matin, les y était venu poser et disposer avec
Grillon, au quel on n'en voulait pas moins, pour avoir été si insolent,
et vilain en paroles, que de menacer les bourgeois de Paris cette nuit
là, du déshonneur de leurs femmes, et ce en termes injurieux, sales, et
impudiques tout outre. Toute cette nuit le peuple fût en alarme, et
par deux fois en la dite nuit vint le comte de Brissac l'animer et
encourager de poursuivre sa pointe, lui tenant le secours des écoliers,
qu'il avait fait armer, prêt au carrefour Saint-Sevrin, pour le faire
marcher quand besoin serait. Et pour ce que, le jeudi des barricades,
toutes les portes de Paris avaient été tenues fermées fors la porte
Saint Honoré qui seule avait été ouverte, le lendemain qui était le
vendredi 13 mai, les portes Saint-Jaques, Saint-Marceau la porte de
Bussi (Buci ou St. Germain) et celle de Saint-Antoine furent ouvertes
et gardées par les bourgeois de la Ligue, qui n'y voulurent souffrir
les gardes des Suisses, et soldats français, que le Roi y voulait
envoler, si bien qu'à ce pauvre Roi ne demeura que la fausse porte du
Louvre, par la quelle il se pût sauver, (comme il fît), la nécessité le
pressant. Or voyant le prévôt des marchands et échevins que ce peuple
armé et mutiné, qui toute la nuit était demeuré tumultueux, les armes
au poing, et bravant sur le pavé, continuait encore ce jour, et
menaçait de faire pis, soutenu sous main par le duc de Guise et ses
partisans qui se renforçaient d'heure à autres, et entraient à la file
dans la ville, allèrent au Louvre accompagnés de quelques capitaines de
la ville parler au Roi, et lui remontrer que s'il ne donnait prompt
ordre d'apaiser ce tumulte, sa ville de Paris s'en allait perdue.
A quoi le Roi (rassurant un peu sa contenance qu'il portait fort
triste), leur dit qu'il ferait tout ce qu'on voudrait mais qu'il
voulait que le peuple levât les barricades et posât les armes, les
assurant en foi et parole de Roi, qu'il ferait retirer ses forces à
sept lieues de Paris, voire à dix, si ce n'était assez, et
contremanderait les autres, qu'il avait mandées venir à lui. Sur quoi
auraient répliqué à sa Majesté le dit prévôt et capitaines, que
l'affaire pressait, et qu'il eût été bon que sa Majesté, pour raccoiser
(calmer) un peu la fureur du peuple, les eût fait sortir à l'heure même
sans plus tarder, et qu'il n'avait autre moyen pour leur faire quitter
leurs armes et leurs barricades, car si on attendait davantage, ils
avaient peur qu'on y vînt trop tard. Sur quoi le Roi leur dit, qu'il y
allait donner ordre incontinent, et qu'ils regardassent de leur part
d'apaiser le peuple. Sur ces entrefaites, le seigneur de Meru, que le
Roi avait envoyé hâter, se vînt présenter avec sa compagnie d'hommes
d'armes à la porte Saint-Honoré ; mais les bourgeois qui étaient en
garde ne le voulurent pas laisser entrer. Aussi lui manda le Roi, qu'il
se retirât, craignant qu'on ne courût lui et à ses gens, comme on était
prêt à ce faire. Le tumulte se renforçant, la Reine-mère, laquelle tout
du long de son dîner n'avait fait que pleurer, prend le chemin vers
l'hôtel de Guise, pour tâcher de pacifier cette émotion laquelle était
telle qu'à peine pue-t-elle passer jusques là par les rues si dru
semées et retranchées de barricades, desquelles, ceux qui les
gardaient, ne voulurent jamais faire plus grande ouverture que pour
passer sa chaire.
Enfin y étant arrivée, elle parle au duc de Guise, le prie d'éteindre
tant de feux allumés, venir trouver le Roi, du quel il aurait autant de
contentement qu'il en pourrait espérer, et lui faire paraître en une si
urgente occasion qu'il avait plus de volonté à servir qu'à dissiper sa
couronne. A quoi le duc de Guise, faisant le froid, répond qu'il en
était bien marri mais qu'il n'en pouvait mais, que c'est un peuple, et
que ce sont des taureaux échauffés qu'il est malaisé de retenir. Quant
à aller trouver le Roi, dit que le Louvre lui est étrangement suspect,
que ce serait une grande faiblesse d'esprit en lui d'y aller, les
choses étant en l'état qu'il les déplorait, et se jeter faible et en
pourpoint à la merci de ses ennemis.
Lors la Reine remarquant de l'opiniâtreté en la résolution et au
dessein du duc de Guise, en donna avis au Roi par Pinart, lequel voyant
le peuple continuer en ses armes et en sa furie, et celle-ci croître et
augmenter d'heure en heure, l'Hôtel de la Ville et l'arsenal pris et
occupés par le duc de Guise, et les Parisiens ses partisans, qui
s'étaient approchés des portes du Louvre, et commençaient à se
barricader contre celles-ci entre les autres, un coquin de tavernier
nommé Perriechon (qui depuis fût pendu à Paris par ses compagnons) ;
averti d'ailleurs qu'en l'université le comte de Brissac, et les
prédicateurs qui marchaient en tête comme colonels des mutins, et ne
tenaient autre langage, si non qu'il fallait aller quérir frère Henri
dans son Louvre, avaient fait armer sept ou huit cens écoliers, et
trois ou quatre cens moines de tous les couvents, prêts à marcher vers
le Louvre, à la faveur du peuple, furieusement animé contre le Roi et
ceux qui étaient prêts de lui, sur les cinq heures du soir, ayant reçu
avis par un de ses serviteurs, qui déguisé se coula dans le Louvre
qu'il eût à sortir plutôt tout seul, ou qu'il était perdu, sortît du
Louvre à pied, une baguette en la main, comme s'allant (selon sa
coutume) promenée aux Tuileries.
Il n'était encore sorti la porte qu'un bourgeois de Paris, qui le jour
de devant avait sauvé le maréchal de Biron, l'avertit de sortir en
diligence pour ce que le duc de Guise était après pour l'aller prendre
avec douze cens hommes dont le capitaine Boursier, capitaine de la rue
Saint-Denis en était, qui avait usé de ce langage « Il ne faut plus
attendre, allons quérir le sire Henri dans son Louvre. Etant arrivé aux
Tuileries, où était son écurie, il monta à cheva), avec ceux de sa
suite, qui eurent le moyen d'y monter ceux qui n'en avaient pas, ou
demeurèrent,ou allèrent à pied. Du Halde le botta, et lui mettant son
éperon à l'envers : « C'est tout un, dit le Roi, je ne vais
pas
voir ma maîtresse, nous avons un plus long chemin à faire. » Etant
à
cheval, se retourna devers la ville, et jeta sur elle sa malédiction,
lui reprochant sa perfidie et ingratitude, contre tant de biens qu'elle
avait reçus de sa main, et jura qu'il ne rentrerait que par la brèche.
Il prît le chemin de Saint-Cloud, accompagné du duc de Montpensier, du
maréchal de Biron, du sieur d'O du chancelier, des seigneurs de
Villeroi et Brulard, secrétaires d'état, du sieur de Bélièvre, du
cardinal de Lanoncour, de maître Jacques Faye, son avocat au parlement,
et de plusieurs autres, avec ses quatre mille Suisses et soldats
français, de sa garde, qui quittèrent le logis à ces nouveaux rois, et
l'escortèrent jusques à Saint-Cloud, et de là le suivirent plus
lentement, car il alla passer à Trappes de là faire collation et
coucher tout botté à Rambouillet, et le lendemain dîner à Chartres, où
il fut bien reçu par les habitants, et y séjourna jusques au dernier
jour de mai.
Ce jeudi 12 de mai, surnommé le jour des barricades, fût le
commencement et l'occasion des grands troubles advenus depuis, haut
loué et magnifié seulement des Ligueurs et des sots badauds de Paris,
que la bonté du Roi seule sauva, et non la vaillance du duc de Guise,
qui (Dieu merci) ne fut point en peine de mettre la main à l'épée
contre ses compères et bons amis, qui se montraient tant siens et
affectionnés ce jour-là, qui ne lui resta à faire que ce qu'il n'osa
entreprendre le lendemain. Sur quoi un quidam ne rencontra pas mal
quand il disait, que les deux Henri avaient tous deux bien fait les
ânes, l'un pour n'avoir eu le coeur d'exécuter ce qu'il avait
entrepris, en ayant eu tout loisir et moyen de le faire jusques à onze
heures passées du matin du dit jour des barricades, et l'autre pour
avoir, le lendemain, laissé échapper la bête qu'il tenait en ses
filets. Et à la vérité, qui a voulu boire une fois du vin des dieux,
jamais ne se doit reconnaître homme qu'il puisse, car il lui faut être
César ou rien du tout.
Ce que le duc de Guise a enfin reconnu, mais bien tard. En quoi, les
gens de bien et craignant Dieu doivent remarquer le jugement de Dieu et
son indignation sur cette maison meurtrière, en ce principalement que
les pères et enfants brûlants d'ambition, et s'osant promettre
avancement par la ruine de ceux de la religion en France prenants ce
voile pour couverture de leurs tyranniques desseins, Dieu les a
abandonnés aux cupidités de leurs cœurs endurcis et aveuglés, pour leur
faire perdre toute raison et tout respect, afin d'attenter sur l'état
et sur la personne du Roi, lequel de successeur de saint Louis, roi
Très Chrétien et Catholique, leur a commencé à être tyran, hypocrite,
et hérétique, quand ils l'ont vu pauvre orphelin, tant qu'à la fin, ils
l'ont chassé ignominieusement de sa capitale ville, le contraignant de
leur quitter la place, ce vendredi 13 mai. Pauvre condition d'un roi à
la vérité, mais péri à la longue de l'usurpateur, sur lequel vengeance
de Dieu doit tomber, pour la catastrophe de la tragédie. Aux premières
nouvelles qui furent apportées au roi de Navarre des barricades de
Paris, il ne dît mot, sinon qu'ayant songé un bien peu, étant couché
sur son lit vert, il se leva et tout gaiement dit ces mots : « Ils ne
tiennent pas encore le Béarnais. »
Le samedi 14 mai, la forteresse de la Bastille fut rendue au duc de
Guise, qui, en ayant ôté le capitaine que le Roi y avait mis, y fit
entrer maître Jean Le Clerc (1), procureur en parlement, capitaine de
sa dizaine de la rue des Juifs, qui était estimé fort brave soldat pour
un procureur, et fort zélé à la cause de la Ligue, et l'on établit
garde et gouverneur du consentement des Parisiens, id-est des zélés
mutins de la Ligue ses partisans. Ce jour, arriva à Paris le cardinal
de Guise, et fut l'Italien Jamet (ce grand partisan) mené à l'hôtel de
Guise, et tôt après lui y furent portés certains coffres pleins de
deniers clairs et comptants, montants à grandes sommes. Et disait-on
que ce avait fait le duc de Guise à la faveur de Jamet pour la
conservation de sa personne et de son bien car le peuple murmurait fort
contre les Italiens, nommément contre ceux qui prenaient les partis, et
les menaçaient du couteau et du sac. »
Notes :
Ce texte été mis dans un « françois » plus actuel.
(1) Jean Leclerc avait été prévôt de salle avant d'être procureur; il
entra dans la Ligue en 1587, et fut fait lieutenant de la Bastille sous
Lachapelle-Marteau, maître des comptes, et prévôt des
marchands de Paris après les barricades. Ce prévôt des marchands ayant
été député aux États de Blois, y fut retenu prisonnier après la mort du
duc et cardinal de Guise.
Source
: Gallica-BnF, Mémoires et journal
de Pierre de l’Estoile-
Registre/journal d’Henri
III d’après diverses notes de Lestoile, pages 248 à 252
de MM.
Champollion-Figeac et Aimé Champollion fils. (édition à Paris,1837)
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Chronologie du règne d'Henri
III : |
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1573 : Quatrième
guerre entre les partis Catholiques et Protestants (depuis 1572). En
mai, Henri duc
d'Orléans et d'Anjou, le futur Henri III est élu par la Diète roi de
Pologne sous le nom d'Henrik Ier,
il s'y rend l'année suivante et conservera le titre jusqu'en 1575.
Michel de Montaigne est nommé gentilhomme ordinaire de la chambre du
roi de France, qu'il servira tout au long de son règne loyalement.
|
1574 : Cinquième guerre de religion (jusqu'en 1576). Mort de Charles IX, Catherine
exerce la régence, et le Henri III part pour un voyage à travers l'Europe
(Pologne, Autriche et Italie) et fait à son retour une halte à
Avignon. Sont publiés Les
Sonnets à Hélène
de Pierre de
Ronsard. |
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Commissaires
(de Police)
distribués
dans les quartiers
de Paris
Michel Félibien
Ci-contre : Grand Chatelet de Paris,
dessin d'Alexandre-Hyacinthe Dunouy (1785)
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Du jeudi 9 Septembre de l'an 1574.
«
La cour sur les remontrances et conclusions du procureur général du
roi, pour le désordre qui est au fait de police, et les fautes et
négligences qui procèdent par le défaut des commissaires du châtelet de
Paris en la résidence des quartiers auxquels ils sont tenus demeurer et
résider, afin de donner ordre chacun en leur quartier à ce qui dépend
de leurs états ; et après avoir vue les remontrances des dits
commissaires, a ordonné et ordonne que pour la plus prompte et facile
exécution de l'arrêt et ordonnance de cette cour faite le 12 décembre
1561.
Les dits commissaires seront tenus et contraints de garder et observer
étroitement le département et distribution des seize quartiers de cette
ville et faubourgs à eux assignés et distribués, en la forme et selon
le retranchement qui en est, à savoir :
1. Le quartier de la porte de Paris à maîtres Gilles du Pré et Gervais Beautemps.
2. Le
quartier de Grève à maîtres Grégoire Bachot et Nicolas Peon
3. Le
quartier de Ste Avoye et le Temple à maître Charles Bourdereau et
Pierre Jacquet.
4. Le quartier St. Gervais et Mortellerie à maiftres Charles Poucet et Nicolas Debout.
5. Le
quartier de la porte Baudoyer et St. Antoine à maîtres Pierre Leurmant
et Jehan Canto, lequel Canto ira résider rue St. Antoine.
6. le quartier de la Verrerie et Tisseranderie à maîtres Olivier Le Clerc et François Hardy.
7. Le quartier quartier St. Martin à maîtres Nicole Aubert et Jehan Fournier.
8. Le quartier de la rue St. Denis et St. Josse à maîtres
Jehan Bouchard et Nicolas de la Croix.
9. le quartier des Halles à maîtres Regnault Chambon et Gilles Tondelle.
10. Le quartier de St. Eustache à maîtres Léon de Corbie et Claude l'Estourneau.
11. Le quartier St. Honoré à maîtres Denis Lufaige et Etienne Coullet.
12. Le quartier St. Germain de l'Auxerrois à maître Jérôme de Sens seul.
13. Le quartier Ste Opportune à M. Jehan Poncet seul.
14. Le quartier de la rue de la harpe à maîtres Pasquier Vallée, Nicolas l'Allemant, Nicolas le Tellier et Nicolas Martin.
15. Le
quartier de la place Maubert à commencer à Petit-pont tirant
contre-mont la rue St. Jacques, compris les faubourgs dudit St.
Jacques, et St.Victor et St. Marcel, à maîtres Simon Brûlé, Claude
Pépin, Jehan Hervé de Guillaume Nicolle, lequel Hervé ira résider au
carrefour Ste Geneviève tirant à la porte Bordelle, et le dit Nicolle
près les Jacobins.
A tous lesquels commissaires qui ne sont à présent résidents aux dits
quartiers à eux ci-dessus distribués, la dite cour y enjoint de résider
et se tenir dedans le jour de la St. Remy prochainement venant pour
tous délais, sur les peines contenues et portées par le dit arrêt de
décembre 1551, qui sont, qu'à faute de ce faire dedans le dit temps et
celui passé, la dite cour déclare dès à présent leurs offices vacants
et impétrables (qu'on peut obtenir), et tout ce qui sera par eux fait,
n'ayant obéi au présent arrêt, nul et de nul effet. Et ne pourront les
dits Hervé et Nicolle eux départir et retirer des quartiers à eux
ci-dessus ordonnés et distribués, qu'il ne soit advenu vacation
d'autres quartiers à commencer de l'ancien. Et au surplus enjoint aux
lieutenants civil et criminel du dit Châtelet de faire garder le
présent arrêt, et au substitut du dit procureur général d'y tenir la
main. »
Source : Gallica-BnF, Histoire de la ville de Paris, Michel Félibien, revue, augmentée
et mise au jour par G.A. Lobineau, pages 2 et 3, tome 5. Éditeur, G. Desprez (Paris,1725)
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| En
1575, la bourgeoisie marchande engageait une offensive pour
réduire le nombre des tavernes dans la capitale et ses stocks de vente
facteur de spéculation et de prix élévés. Les
vins se virent soumis à des droits
d'octroi pour toute entrée dans Paris et l'habitude instaura de passer
les enceintes pour boire à moindre coût, mais aussi les prémices d'une
contrebande du vin. Apparition des guinguettes et des
cabarets qui au fil des ans s'ouvriront hors des murailles. Le guinguet
était le vin que l'on trouvait en Ile de France et donna son nom aux
débits de boisson en région parisienne. Ce qui provoqua en retour des
"émotions" populaires contre cette taxe à Bordeaux et dans la capitale.
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1575 : En
février, le 13, Henri III est sacré à Reims sous les auspices du
cardinal Louis de Guise (ou de Lorraine) et épouse peu après Louise de
Vaudémont. Le savant Bernard Palissy (1510-1590) débute ses conférences dans la capitale jusqu'en 1584.
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1576 : En février, Henri de Navarre,
troisième du nom s'enfuit de la cour. En
mai est promulgué l'édit de Beaulieu ou "paix de Monsieur" (Francois
d'Alençon négociateur). Montaigne fait graver sur un médaillon : Que-sais-je? Tenue des Etats
Généraux et ouverture à Blois
en décembre (jusqu'en 1577 et divers actes royaux sur les monnaies). Le philosophe Jean Bodin
(v.1530-1596) est édité pour son livre : Les
six livres de la République
(le nom de cet ouvrage peut-être trompeur, Bodin y fait l'éloge d'un
pouvoir en une seule main, en la défense d'une monarchie absolue.
Toutefois, il y prend la défense de la tolérance religieuse).
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1577 :
Sixième guerre dont le conflit se passe pour grande part dans le bas
Languedoc et promulgation de l'édit de Poitiers. Les
Tragiques d'Agrippa d'Aubigné sont rédigés (publiés en 1621). A Paris est pris un arrêté par le Parlement le 14 août, il impose de s'approvisionner à moins de vingt lieues (80 kilomètres) aux marchands de vin et cabaretiers de la capitale
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1578
: Catherine de Médicis engage en août un tour de France pacificateur en
direction des Protestants (il s'achève en novembre 1579). Débuts de
la construction du Pont-neuf : en raison
des troubles et de la difficulté des travaux, la construction est
stoppée au bout de peu d'années, ou suspendue (sic) pendant dix années
(En 1599, Henri IV relancera le chantier et les
travaux
finiront en 1607). Il
est le plus ancien pont existant, ou ayant échappé
aux usures du temps, catastrophes ou intempéries. Il est question d'une
possible apparition du choléra à Paris, nommé le "courant."
|
1579 :
En janvier est signé le traité d'Utrecht, il unifie les provinces protestantes et sépare en deux
les Pays-Bas dits espagnols, cet acte marque les
débuts de l'indépendance des Provinces-Unies. En février est signé
entre les parties adverses le traité de Nérac,
puis 6 mois après les accords non respectés par les forces huguenotes
entraînent le septième conflit. Le 1er avril, se produit en rive gauche
une imposante crue de la Bièvre
ou plus usuellement désignée sous le nom de la rivière des Gobelins.
Cette montée des eaux est surnommée le « déluge de la Saint-Marcel
»,
de 14 ou 15 pieds de hauteur (1 pied est égal à un peu plus de 30
cm) et le faubourg Saint-Marcel est inondé. Et il sort des presses la première édition des Essais de Michel de
Montaigne.
|
1580 :
Epidémies de peste et de coqueluche dans la
capitale à partir de mai, elles font au moins 20.000 morts, la ville se
vide de ses habitants et s'ouvre de fait aux voleurs pour le pillage des
maisons. En
juin, Montaigne entreprend son voyage à cheval pour des cures thermales
jusqu'à Rome pour des raisons médicales (maladie de la pierre). Depuis
le bordelais Montaigne se dirige en premier vers Paris où il présente
ses Essais
au roi Henri III. Son périple équestre s'étalera sur deux années, le
philosophe se rendra en
Suisse, puis en Allemagne et enfin en Italie l'année suivante, ce qui
donnera lieu à un Journal de voyage qui
ne sera pas édité avant 1774. En novembre, est signée la Paix de
Fleix en Dordogne, et fin du septième conflit civil et religieux. |
1581 : Sont annoncées les
fiançailles
de François duc d'Alençon et d’Anjou avec la reine Élisabeth
d’Angleterre (malgré une rencontre prometteuse les fiancailles seront
sans suites). Au retour de son tour européen, Montaigne apprend qu’il
est élu maire de Bordeaux (en septembre), il pense un temps refuser sa
nomination, mais Henri III le presse de prendre la fonction.
|
1582 : En février, le pape Grégoire XIII ordonne la mise en
oeuvre du calendrier grégorien, dix jours calendaires sont
supprimés. Marguerite de Valois ("la petite Margot") quitte son
époux Henri de Navarre pour la cour.
|
1583 : Henri
III renvoie sa soeur
Marguerite de Valois de la cour. Selon Pierre de l'Estoile, le prévôt
de la capitale fait arrêter et conduire en prison une cinquantaine de
femmes de la bourgeoisie parce que contrevenantes à l'édit sur les
habits.
|
1584 :
Henri III se rend chez Jean de Vigny, receveur de la ville, il fait
ouvrir la caisse et s'empare du contenu. Une nouvelle épidémie
apparaît, soit de peste ou la coqueluche, selon Alfred Franklin. Est
annoncée la mort de François duc
d'Alençon et d'Anjou, frère cadet du roi.
|
1585 :
La guerre des "Trois Henri" :
de France, de Navarre et de Guise
est désignée aussi comme la huitième guerre (jusqu'en 1598).
Henri III se
déclare "roi de la Ligue" et en juillet, il interdit le
culte protestant avec l'édit dit de Nemours (ci-après). Henri IV est
excommunié par le pape Sixte V (ou Quint). L'ordonnance d'octobre, sur
la police des prisons de Paris fixe le droit d'entrée au Châtelet à
dix livres parisis pour un comte ou une comtesse, à vingt sols pour un
chevalier banneret, à cinq sols pour un simple chevalier ou une simple
dame, à onze sols pour un juif ou une juive, à huit deniers pour tous
les gens de basse condition. L'article 173 ordonne au geôlier de tenir
pleine d'eau « la grande pierre qui est sur les carreaux ; » il devait, en effet, fournir « à ses dépends pain et eau aux prisonniers qui n'ont de quoi vivre ». Constitution de la sainte Ligue à Perrone. |
|
|
Edit
du Roi sur la réunion de ses sujets
à l'église catholique,
apostolique et romaine
Lu et publié en la cour de Parlement, à
Paris,
le roi y siégeant, le 18 de juillet, 1585.
Edit du roi Henri III dit de Nemours
|
|
 |
Henry
par la grâce de Dieu Roy de France et Pologne, à tous présents et à
venir, Salut.
Dieu et les hommes savent la volonté que nous avons toujours eu, et la
continuelle peine que nous avons prise devant et depuis notre avénement
à la Couronne, pour réunir au giron de I'Eglise Catholique, Apostolique
et Romaine, nos sujets séparés de celle-ci, et purger de tout notre
Royaume des sectes et diversités d’opinions en la Religion, qui ce sont
coulées et introduites en celui-ci, durant la minorité des feux Rois
nos très-chers Sieurs et frères, que Dieu absolve, et la notre, tant
pour décharger notre conscience envers Dieu comme nous sommes tenus de
faire, que pour établir et fonder un bon, solide et perpétuel repos
entre nos sujets : par le moyen duquel nous puissions rendre notre
règne aussi heureux et tranquille qu’ont été ceux des Rois, nos
prédécesseurs d’heureuse mémoire.
Car nous avons souvent pris les armes, et longuement fait la guerre en
notre dit Royaume pour cette seule occasion en quoi nous aurons très
volontiers employé notre propre personne, et toute notre puissance
assistée de nos bons et loyaux sujets. D'ailleurs aussi les Rois nos
dits Sieurs et frères, et nous voulons épargner le sang et la substance
de nos sujets, et délivrer notre pauvre peuple de l’oppression et
injure de la guerre : Avons semblablement fait plusieurs et divers
Edits de Pacification, pour essayer de parvenir au but de notre
intention par la voix de douceur. Mais Dieu n’a permis que ce chemin
nous ait été plus heureux que celui de la force, comme il se voit à
présent par la nouvelle sublimation et prise, des armes fait en notre
dit Royaume, qu’elle a tiré son origine et fondement de la diversité de
la dite Religion tolérée en celui-ci.
Par où nous connaissons et éprouvons, que si la prévoyance humaine est
faible et très fragile en toutes choses, elle l'est encore plus en ce
qui touche et concerne le fait de la Religion : en laquelle toutes et
quantes (combien de) fois qu'il y a eu controverse et division dans un
Etat, il a été sujet à toute infélicité et désolation, fuyant la sainte
parole de Dieu. A quoi désira pourvoir et remédier comme un Roi
Très-Chrétien, qui a son salut et celui de ses sujets en singulière
recommandation.
Nous pour ces causes et autres bonnes, et grandes raisons à ce nous
mouvas (?), de l’avis de la Reine notre très honorée Dame et Mère, de
plusieurs Princes et Sieurs de notre Conseil ; avons celui de notre
présent Edit perpétuer et irrévocable, dit, statué et ordonné, disons,
statuons et ordonnons ce qui s’ensuit.
PREMIEREMENT qu’en celui notre Royaume, pays, terres et Seigneuries de
notre obéissance, il ne se sera plus dorénavant aucun exercice de la
nouvelle Religion prétendue Reformée, mais seulement celui de notre
Religion Catholique, Apostolique et Romaine. Ce que nous inhibons et
défendons très-expressément à tous nos sujets de quelque qualité et
condition qu'ils soient, sous peine de confiscation de corps et de
biens : nonobstant la permission qui était donnée de ce faire par nos
Edits de Pacification précédents.
Laquelle nous avons révoqué et révoquons par ces présentes, par
lesquelles voulons et ordonnons sur les mêmes peines que dessus est
dit, que tous Ministres de la dite religion aient vider et à sortir de
notre dit royaume, et pays de notre obéissance, un mois après la
publication qui en aura été faite en nos Cours de Parlement. Et pour
mieux retrancher l'occasion des grands maux et calamités que la
tolérance de la diversité d’opinions la Religion à ci-devant introduit
en notre dit Royaume et remettre en repos et tranquillité plus assurée
entre nos sujets : Nous avons ordonné et ordonnons sur les mêmes peines
que dessus, que tous nos dits sujets seront tenus de vivre dorénavant
selon la Religion Catholique, Apostolique et Romaine : et ceux qui font
de la dite Religion nouvelle de s'en départir, se réduire à la dite
Religion Catholique, Apostolique et Romaine : en faire profession
dedans six mois après la publication de ces présentes : et au cas
qu'ils ne veulent pas faire la dite profession, nous voulons qu’ils
aient à vider et sortir de notre Royaume et pays de notre obéissance.
En quoi faisant leur avons permis et permettons de pouvoir néanmoins
vendre, jouir ou autrement disposer de leurs biens ; tant meubles,
qu’immeubles, ainsi que bon leur semblera. Pour la même cause et
considération, nous avons aussi déclaré et déclarons par ces dites
présentes, tous ceux de nos sujets de quelque qualité et condition
qu’ils soient, qui se trouveront atteint d’hérésie, incapable de tenir
et exercer aucunes charges publiques, états, offices et dignités en
notre dit Royaume, et pays de notre obéissance. Et pour éteindre la
mémoire des troubles passés, et de la diversité qu'il y a eu entre nos
sujets au fait de la Religion : Nous avons dès à présent révoqué et
révoquons les Chambres Mi-parties, Tri-parties, et autres établies en
nos Cours de Parlement, suivant et en vertu de nos Edits de
Pacification, et par même moyen avons renvoyé et renvoyons les procès
qui y sont pédants (de peu d’importance) ; en quelque état qu'ils
soient, par devant les juges, auxquels la connaissance en appartient.
VOULONS aussi et ordonnons que les villes, qui ont été ci-devant
baillées en garde à ceux de ladite Religion nouvelle pour leur sureté,
soient par eux délaissées libres, et que les Garnisons qui y sont en
sortent et soient mises hors incontinent après la publication de ces
dites présentes en nos Cours de Parlement au ressort desquelles elles
sont situées et assises.
ET POUR CE qu'à l'occasion des susdites défenses de l'exercice de la
nouvelle Religion, aucuns pourraient prendre prétexte d'exercer
vengeances particulières, et émouvoir troubles et séditions en celui-ci
notre Royaume. Nous défendons très-expressément à tous nos sujets, de
quelque qualité qu’ils soient, sur peine de la vie, d'user de voie de
fait, ni entreprendre aucune chose les uns sur les autres de leur
autorité privée : réservant à nos Officiers la correction et la
punition des contraventions à celui-ci notre présent Edit.
Et d’autant que nous avons connu que ce que les Princes, Officiers de
la Couronne, Prélats, Seigneurs, et autres nos Officiers, Villes,
Communautés, et tous ceux qui les ont suivis, secourus et favorisés,
ont fait en ces nouveaux remuements, tant en la prise des armes,
villes, forteresses, deniers de nos recettes générales, et
particulières, ou autres nos deniers, en quelque sorte que ce soit,
vivres, fonte et prise d'artillerie, confection de poudres, boulets, et
autres munitions de guerre, pratiques, et levées de gens de guerre,
rançons, actes d'hostilité, et généralement toutes autres choses qui
ont été faites, gérées et négociées dedans et dehors notre dit Royaume,
pour raison de ce que dessus, a été pour le zèle et affection qu'ils
ont à la manutention et conservation de la dite Religion Catholique,
Apostolique et Romaine : Nous avons déclaré et déclarons par ces mêmes
présentes, que nous l'avons pour agréable, l'approuvons, et voulons
qu'ils en demeurent déchargés en tout et par tout, sans pouvoir en être
recherchés à l’avenir, en quelque sorte et maniéré que ce soit :
imposant sur ce silence perpétuel à nos Procureurs généraux, présents
et à venir, et à tous nos autres juges et personnes quelconques.
Et si pour raison des choses susdites aucuns jugements avaient été
donnés. Nous voulons et entendons qu'ils demeurent nuls et comme non
advenus. Et à fin que le contenu en notre présent Edit fait de tant (?)
mieux suivi et observé en tous et chacun ses points, Nous voulons que
tous les Princes, Pairs de France, Officiers de notre Couronne,
Conseillers en notre Conseil d’Etat, Chevaliers de nos Ordres,
Gouverneurs et Lieutenants Généraux de nos Provinces, Présidents, et
Conseillers en nos Cours souveraines, Baillis, Sénéchaux, et autres nos
Officiers : Les Maires, Echevins, Corps et Communautés de nos villes,
promettent et jurent solennellement de garder et observer
inviolablement celui-ci notre Edit : et que de leurs ferments, Actes,
et procès verbaux soient dressés et mis les Registres des Greffes de
nos dites Cours, pour y avoir recours quand besoin sera.
Si donnons en mandement par ces dites présentes à nos âmes et féaux les
gens tenants nos Cours de Parlement, Baillis, Sénéchaux, Prévôts et
leurs Lieutenants et à tous nos autres Justiciers et Officiers, et à
chacun d'eux, si comme il appartiendra, que celui-ci notre présent
Edit, ordonnance, vouloir et intention, ils fassent lire, publier et
enregistrer, entretiennent, gardent et observent, et fassent
entretenir, garder et observer inviolablement et sans enfreindre : Et à
ce faire et souffrir, contraignent, et fassent contraindre tous ceux
qu'il appartiendra, et qui pour ce seront à contraindre.
Car tel est notre plaisir : Nonobstant quelconques Edits, Ordonnances,
Mandements, Défenses, et Lettres à ce contraires : auxquelles nous
avons pour le regard du contenu en ces dites présentes, et sans y
préjudicier en autres choses, déroge et dérogeons.
Et à fin que ce soit chose fermé et fiable à toujours, nous avons signé
ces dites présentes de notre main : et à celles-ci fait mettre et
apposer notre sceau.
Donner à Paris : au mois de juillet l’an de
grâce mil-cinq-cents quatre-vingt-cinq.
Et de notre règne le douzième.
Ainsi signé, HENRY
Et sur le repli est écrit, Par le Roi, étant en son Conseil.
Par Frédéric Morel, Imprimeur Ordinaires du Roy. M.D. LXXXV. Avec
privilège dudit Seigneur.
Ps : L’édit royal a été mis dans un français moderne et deux
mots suivis
d’un point d’interrogation n’ont pas pu trouver de correspondance
actuelle.
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1586 : Henri
de Guise parade dans Paris. Marguerite de Valois est mise sous bonne
garde à Usson en Auvergne, où elle restera en résidence surveillée
jusqu'en 1605.
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1587 : Froids,
pluies abondantes et
mauvaises récoltes provoquent une famine à Paris et la peste fait son
retour. Il est procédé à des cérémonies religieuses et à des prières
publiques pour l'obtention de la clémence divine face aux fléaux. Se déroule la
bataille de Coutras avec la mort au combat du duc Anne de Joyeuse,
"mignon" d'Henri III.
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1588 :
En mars, c'est l'annonce du décès du prince de Condé, cousin d'Henri de
Navarre. En mai, le duc de Guise entre dans Paris et se rend au Louvre,
le monarque s'interroge pour savoir s'il doit le faire assassiner? Puis se
produit "la journée
des
barricades", Henri III est dans l'obligation de fuir la ville. Le 1er
août, un ordonnance royale, il est assigné seize noms de quartiers à la
ville de Paris. « Le
quartier que l'on voulait appeler de Carrel se nommera dorénavant de
Sainte Geneviève ; Celui de Huot se nommera Saint Séverin ; Celui de
Guerrier, de Notre-Dame ; ... » etc. En octobre se tiennent les Etats Généraux à Blois, où le duc et
son
frère le cardinal de Guise sont assassinés sur ordre du
roi fin décembre. Le cardinal Charles de Bourbon, oncle d'Henri le Béarnais
est mis aux arrêts sur ordre d'Henri III. Elisabeth 1ère d'Angleterre
apporte son soutien aux insurgés des
provinces des Pays-Bas contre l'Espagne, "l'invicible armada" envoyée pour se venger de l'exécution en février de Marie Stuart, en août, les forces navales de Philippe II sont battues par la marine anglaise.
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1589 :
En janvier, c'est l'annonce du décès de
Catherine de Médicis à Blois. Le 1er août, c'est le premier siège de Paris, il est levé au bout de 6 semaines et pareillement en octobre avec le
même résultat négatif. Henri
III est assassiné à Saint-Cloud, le 2 août, par le moine
dominicain Jacques Clément partisan de la Ligue, qui lui-même fini massacré par les gardes royaux
(dessin ci-dessous). Avant son dernier souffle le roi reconnait
Henri de Navarre comme son héritier, et s'ensuivent les campagnes
militaires
du nouveau roi Henri IV en
Normandie avec la victoire d'Arques, en septembre. Le cardinal Charles
de Bourbon est
reconnu par les Ligueurs comme le roi de France sous le nom de Charles
X. |
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DEUX MARTYRES PARISIENNES :
Radegonde et Claude Foucaut (28 juin 1588)

Bûcher en place de Grève
Nathanaël Weiss (*)
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Il est très regrettable que pour les persécutions de l'époque de la
Ligue nous ne possédions aucune narration détaillée comme pour les
époques précédentes. L'Histoire ecclésiastique, (de l’imprimerie
de Genève) Crespin (1), les Mémoires de l'État de France
et beaucoup d'autres relations contemporaines nous donnent une idée,
sinon complète, du moins suffisante de ce qui a été entrepris pour
l'extirpation du protestantisme jusqu'à la Saint-Barthélemy
inclusivement. Le continuateur de Crespin, Simon Goulart, aurait pu
sans doute combler cette lacune, car il avait rassemblé de nombreuses
informations grâce auxquelles il put compléter l’Histoire des Martyrs
et compiler les Mémoires de la Ligue.
Mais, soit la lassitude, soit l'insuffisance des matériaux dont il
disposait, le décidèrent à ne nous laisser, pour la période qui s'étend
de 1572 à 1597, qu'un résumé ou récit d'histoire qui forme le livre XII
et dernier du Martyrologe. Un seul fait y est raconté avec des
détails qui ne peuvent venir que d'un témoin occulaire ou du moins
minutieusement informé, c'est celui du martyre des «Foucaudes »
dont nous publions ci-dessous le jugement définitif.
Jacques Foucaut (2), procureur au parlement de Paris, avait eu vers
1547 et 1551, deux filles. L'aînée, Radegonde, épousa plus tard Jean
Surault (3) garde des sceaux de Montargis, y fut au service de Renée de
Ferrare et eut trois enfants dont deux au moins furent des fils.
Claude, la cadette, ne se maria point et continua, après la mort de son
père, à habiter le faubourg Saint-Germain. Nous ne savons quand mourut
Jean Surault, mais seulement que sa veuve se retira, sans doute après
la mort de sa protectrice (1575) à Pierrefitte, au-dessus de
Saint-Denis, où elle avait une propriété.
L'édit de Nemours, du 8 juillet 1585, vint l'en chasser ; on sait qu’il
accordait aux protestants qui ne voulaient pas abjurer, six mois pour
réaliser leur fortune et quitter le royaume. Or trois mois plus tard,
le 6 ou 7 octobre, Henri III y ajouta une déclaration restrictive,
laquelle, sous prétexte d'armements et de complots organisés par les
huguenots, grâce à ce délai de six mois, le réduisait à quinze jours
(1). Radegonde Foucaut était résolue à quitter le royaume, mais fut
retenue au-delà du terme légat par la mauvaise foi de son vigneron qui,
« pour s'acquitter envers elle, l'accusa d'hérésie ».
Le 29 octobre 1587 les deux sœurs, alors âgées de quarante et
trente-six ans, furent saisies et incarcérées au Châtelet. Il faut lire
dans Crespin (édition de 1597, fol. 757) le récit des tentatives que
firent les plus grands personnages et le roi lui-même, pour obtenir
leur abjuration. Fortes de leur bon droit et fermes dans leur foi,
elles réfutèrent tous les arguments et ne se laissèrent ébranler ni par
les promesses ni par les menaces. Cette résistance faisait évidemment
redouter en haut lien le spectacle d'un supplice que l'innocence et la
constance des victimes ne pouvait rendre glorieux que pour elles. On
part donc s'être arrêté au parti de les laisser mourir sans bruit et
comme oubliées, après la longue agonie causée par la faim et par les
horreurs du cachot, à laquelle Bernard Palissy devait succomber deux
ans plus tard (4).
Cette résolution fut traversée par la journée des Barricades (12 mai
1588). Le duc Henri de Guise ne pouvait mieux honorer son nom et sa
royauté éphémère qu'en faisant assassiner et noyer le plus grand nombre
possible d'hérétiques. Ce retour aux traditions des bourreaux d'Amboise
et de Vassy détermina le prévôt de Paris et le procureur du roi au
Châtelet et conclure le procès des Foucaudes par une sentence capitale
aux termes de laquelle elles devaient être pendues, étranglées, puis
brûlées en place de Grève. Or cette sentence ne put être exécutée tout
de suite, parce que, déterminée à se défendre jusqu'au bout, les
courageuses femmes en appelèrent au parlement. Elles furent donc
transférées du Châtelet à la Conciergerie dont les sombres murailles,
encore debout, sont comme imprégnée des souffrances de nos martyrs.
Le parlement, lui aussi, semble avoir hésité à confirmer le jugement en
première instance, puisque la populace, fanatisée par les fameux
prédicateurs de la Ligue, vint menacer « les présidents et conseillers
de leur dire un mauvais parti s'ils ne condamnaient à mort les deux
prisonnières ». Celles-ci tentèrent une démarche suprême en faisant
présenter, par le fils aîné de Radogonde, une requête à la duchesse de
Nemours, fille comme on sait, de Renée de Ferrare, et mère du héros des
Barricades. Anne d'Este, qui n'a jamais complètement renié sa haute
origine, insista vainement auprès de son fils qui craignait « que la
commune se mutinât contre lui ».
Le 28 juin 1588, la cour confirma donc l’arrêt du Châtelet, on y
ajoutant une clause qui nous livre le secret de ses hésitations. Elle
redoutait que ces nobles femmes fissent entendre une de ces paroles qui
avaient si souvent révélé l'iniquité ou la honte des bourreaux, et
c'est pourquoi elle ordonna qu'elles seraient « bâillonnées avant
d’être renvoyées » par devant leurs premiers juges.
EXTRAIT des REGISTRES du PARLEMENT (5)
1588
: Radegonde et Claude Foucaut
Vue par la Cour le procès criminel fait par le Prévôt de Paris, ou son
lieutenant, à la requête du substitut du Procureur général du roi au
Châtelet, demandeur, à l’encontre de Radegonde Foucaut, veuve de feu M.
Jehan Sureau, vivant garde des sceaux de Montargis, et Claude Foucaut
sa sœur, filles de feu M. Jacques Foucault vivant procureur en
Parlement, natives de Paris, prisonnières ès prisons de la Conciergerie
du Palais, appelants de la sentence contre eux donnée ;
Par laquelle pour raison de crime d'hérésie, et nouvelle opinion en
laquelle elles ont vécu et persisté jusques à présent, et n'avoir obéi
aux édits et ordonnances du roi, les dites Radegonde et Claude Foucaut
auraient été condamnés à être pendues, et étranglées à une potence
croisée, qui pour ce faire sera plantée et mise en la place de Grève,
leurs corps morts jetés dans un feu pour y être consommées et réduites
en cendre, tous et chacun de leurs biens acquis et confisqués à qui il
appartiendrait sur iceux préalablement pris la somme de trois cents
écus applicables, cent écus au roi, cent écus à l'Hôtel-dieu de Paris,
et autres cent écus au couvent des Cordeliers pour la réfection de leur
église ;
Le certificat de MM. Jehan Prevost, et Christophe Aubry, docteurs en la
faculté de théologie, qui auraient par ordonnance de ladite cour ouï
les dites Radegonde et Claude Foucaut sur le fait de leur religion et
croyance par lequel appert (apparaît) icelles Foucaut être opiniâtres en
leur opinion, et ne vouloir recevoir et croire autre doctrine, que la
doctrine de ceux qui se disent de la religion prétendue reformée, et
non de l'Église catholique apostolique et romaine ;
Ouies et interrogées en ladite cour les dites Radegonde et Claude
Foucaut, sur les causes d'appel et cas à elles imposés, et tout
considéré ;
Dit a esté, qu'il a été bien jugé et sentence par le Prévôt de Paris
ou son lieutenant, mal et sans grief appelé par lesdites Radegonde et
Claude Foucaut, et l'amenderont ; ordonne qu'elles seraient bâillonnées
et renvoyé prisonnières par devant le dit Prévôt de Paris ou son
lieutenant.
Elles furent exécutées à mort le 28
juin, la veille St-Pierre mil cinq cent quatre-vingt et huit.
Ainsi qu'on vient de le lire, l'exécution eut lieu l'après-midi du même
jour. Pendant qu'on les conduisait à la place de Grève, dit d'Aubigné,
« le peuple les trouvant belles, et un vieillard tout blanc ayant
monté sur une boutique pour s'écrier : « Elles vont devant dieu »,
le peuple au lieu de sauter au collet de cet homme répondit quelques
gémissements ».
Crespin, confirmé par l'Estoile, ajoute qu'en montant à l'échelle de la
potence où elle devait être pendue, Radegonde « secoua
de ses mains un bois en figure de croix qu’on lui avait attaché par
force, dont la populace fut tellement irritée qu'elle vint jusqu’à ruer
pierres et bâtons, tellement que le bourreau l'ayant jetée bas, coupa
promptement la corde, et ainsi à demi-morte elle chut dans le feu, où
elle rendit l'âme à dieu comme aussi fit sa soeur. Tôt après, le duc de
Guise et le roi aussi eurent leur tour ».
(*) N.
Weiss, pasteur et historien -
1845-1928
Notes conservées de l’auteur :
(1) Crespin l'appelle Jean par erreur.
(2) D'Aubigné se trompe en les appelant les filles de Sureau.
(3) Il est probable qu'on laissa ainsi périr Palissy pour éviter un
deuxième spectacle comme celui du supplice des Foucaudes.
(4) Il s’appelait Antoine du Prat. Il était séparé de sa femme qu'il
fit, dit-on, égorger peu après, le 10 novembre. Voyez Mémoires journaux
de l’Estoile, éditeur Jouaust.
(5) Fonds Dupuy, bib. nationale, n°135, f.85
Source
: Gallica-BnF - Bulletin historique et littéraire
Société de l'histoire du
protestantisme français. Tome 35 - Pages 406 à 410
Éditeur, Agence centrale de la Société (Paris,1886)
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Pour
plus d'information nous vous conseillons
la consultation du site
Musée Protestant : ici !
et notamment ce document pdf sur les huit guerres de religion
(1562-1592)
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1590 :
C'est la bataille d'Ivry le 14
mars et
une victoire
importante du futur Henri IV. Le
Parlement de Paris reconnait Charles de Bourbon à la mi-mars comme roi
de France (celui-ci meurt deux mois après le 9 mai). Puis s'engage le
deuxième siège de Paris d'avril au mois d'août entre
Henri de Navarre et le duc de Nemours pour la Ligue. Le 9 juillet la
ville de Saint-Denis menacée par la famine se rend aux troupes d'Henri
IV. Selon le mémorialiste Pierre de l'Estoile : « Le
27 juillet se sont assemblés de divers quartiers grand nombre de bons
bourgeois, et sont allés vers le duc de Nemours, auquel ils ont
remontré avec larmes qu'il était déjà mort trente mille personnes par
la famine. » En septembre, la
situation tourne au profit des Ligueurs. Ce qui permet de
réapprovisionner la ville sous le coup de la faim, et des cas de
cannibalisme ont pu être constatés lors de ce siège. Pedro Cornejo,
religieux de l'ordre du Carmel, historien espagnol et à Paris au moment des faits explique : « que les pauvres se nourrirent de pain fait avec les ossements des morts mis en poudre ». Et ajoute : « Je l'ai vu de mes propres yeux, et m'a assuré davantage un président de la ville que l'on avait mangé vingts et deux enfants. » Bernard Palissy,
huguenot peintre, verrier et potier meurt à 80 ans prisonnier à la
Bastille « de misère, nécessité et
mauvais traitements », selon Pierre de l'Estoile, à qui il
lègue une tête de mort pétrifiée (qu'il appelait sa pierre
philosophale). Découverte
des fractions décimales, algèbre littérale par François
Viète. |
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Le siège de Paris en 1590
« Donc
s’étant passé jusques à quinze jours sans que le Roi de Navarre se
remuât, lui étant arrivé une partie des munitions qu'il attendait, et
lui semblant que son armée s’était assez reposée, partit de Mantes avec
celle-ci, et chemina en intention d’ôter le commerce de la rivière à
Paris, duquel elle se maintenait : et passant aux environs de celle-ci,
commanda à quelque cavalerie s'avancer pour connaître et tenter la
volonté de ceux de la ville de Corbeil assise sur la rivière de Seine,
distant de Paris de sept lieues, qui est comme la clef de tous les
vivres qui défendent par cette rivière. Cette cavalerie gagna les
faubourgs sans beaucoup de résistance et le lendemain les habitants,
qui n'avaient voulu recevoir garnison des Catholiques, se rendirent à
volonté, où entrant le Roy de Navarre se fait reconnaître pour Roy : et
séjourna là quelques jours, se réjouissant comme si la perte de Paris
n'eût consisté qu'à gagner ce peuple, et de fait tous ceux qui étaient
avec lui le pensaient aussi. La ville de Lagny, sise de l'autre côté
sur la rivière de Marne quasi vis à vis du dit Corbeil, se rendit aussi
bien que par ce moyen serrant plus étroitement les rivières d’une part
et d'autre, il fit mettre du canon d’une part et d'autre, pour
empêcher, que pas une flotte, tant petite fut elle, put passer. »
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La levée du siège de Paris de 1590 - Frans Hogenberg
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Lettre d'Henri IV adressée aux manants
et habitants de notre ville de Paris (15 juin 1590)
« Pour ce que vous avez pu demeurer
étonnés de ce que nous avons révoqué le passeport que nous avions
premièrement accordé à ceux que vous aviez député pour aller trouver le
duc de Mayenne, c'est que nous ne doublons point que ceux qui, sous
leur faux prétexte de religion et liberté, vous ont précipité aux
extrêmes périls où vous êtes, et qui ne fondent plus leur espérance que
sur vos désespoirs, ne tâchent maintenant sur ce sujet que de vous
désespérer de trouver jamais en nous aucune grâce et clémence (...)
Vous ayant bien voulu dire tout succinctement ce que dessus, tant pour
la décharge de notre conscience envers Dieu et ne laisser rien de ce
qui est de notre devoir et qui peut servir à votre bien, que pour vous
faire paraître le charitable soin que nous avons de vous et de votre
conservation, et que ne devez entrer en aucun désespoir de ne pouvoir
requérir et recouvrer votre grâce, laquelle, en vous réduisant en ce
qui être votre devoir, vous sera toujours favorable et propice, et
qu’aussi peu déviés avoir aucune appréhension que nous voulions rien
innover, altérer ni changer de la religion catholique, laquelle nous
protestons devant Dieu de vouloir conserver, maintenir et la prendre en
notre protection, avec tous ceux. qui en font profession ; et ne
souffrirons aussi qu'il y soit rien attenté ou entrepris non plus que à
notre propre personne. Ce sera à vous à vous conseiller, vous adresser
à Dieu et recourir à sa sainte bonté, à ce qu'il lui plaise vous
dessiller les yeux, pour pouvoir discerner ce qui est de votre salut ou
de votre ruine, vous donner moyen de vous retirer du péril qui vous est
sy imminent, et vous pouvoir servir de ce peu de loisir qui vous reste,
qui est véritablement bien bref, mais toutefois encore tel qu'il vous
peut servir, pourvu que le vouliez et que n'en laissiez écouler
l'occasion. »
Source : Gallica-BnF, Lettres de Henri IV, t. III, p. 203 et 204.
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1591 : A
Paris, se déroule "la journée des farines", un stratagème d'Henri
de Navarre
pour reprendre la ville aux Ligueurs, mais il renonce à déployer son
plan. De février au 16
avril se tient le siège puis la prise de la ville de Chartres et
l'entrée du roi Henri IV. Le 15 novembre, Barnabé Brisson
président du Parlement de Paris est pendu pour traitrise et hérésie, les magistrats Claude
Larcher et Jean Tardif sont exécutés comme hérétiques place de grève à
la demande du Conseil des Seize (l'exécutif des ligueurs, un membre par quartier désigné).
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1592 : Le
maréchal de Brissac meurt sous les feux d'un canon, il est le premier
officier de haut rang à être victime de l'artillerie ou d'un boulet à
Epernay. Clément VIII devient pape et décès de Michel de Montaigne.
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1593 : En
janvier, convocation des Etats Généraux à Paris à l'appel de la Ligue.
En juillet Henri le Béarnais, après s'être emparé de la ville de Dreux
et de ses réserves, le 8, il abjure sa foi protestante, le 25 à
St.-Denis. Premiers jardins botaniques français à l'université de
Montpellier, invention du thermomètre par Galilée (et 10 ans plus tard,
il réalisera la Loi de la chute des
corps).
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Henri IV (1553-1610), le
plus Parisien de nos rois... |
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Les
guerres de religion ont laissé des traces importantes, les menées
contre les protestants allaient favoriser l'accession de ce roi de
Navarre, très opportuniste (ci-contre, peint par Franz Pourbous dit
le jeune). Il a été pourtant
d'une grande sagesse
politique, Henri de Navarre a représenté le "bon roi Henry" pour
mémoire parisienne. Son
nom fut maintes
fois
prononcé lors des révoltes populaires ou la révolution
de 1789. Toutefois, le Béarnais ne se fit pas que des amis, et l'on
peut avoir plus que des doutes sur sa popularité du temps de son
vivant. Il fut sujet de plusieurs attentats. Son assassinat a
probablement construit sa légende. Henri
dit le "vert Galant" (pour ses frasques sexuelles) naquit en 1553 à
Pau. Il était le
fils de Jeanne d'Albret, reine de Navarre, elle-même la fille de
Marguerite d'Angoulème, soeur de François Ier, et le fils d'Antoine de
Bourbon, duc de Vendôme, et descendait de Louis IX. Il
devint, le roi Henri III de Navarre à la mort de sa mère en 1572.
La
même année, suite à la paix de Saint-Germain entre catholiques et
protestants, il épousait à Paris, Marguerite de Valois (La reine
Margot) à la demande de Catherine de Médicis. Le mariage fut
annulé par le pape Clément VIII en
1599. Suite à ce mariage et le massacre de la Saint-Barthélémy,
poussèrent Henri de Navarre à abjurer sa foi huguenote.
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Jusqu'en 1576, Henri de Bourbon a vécu à
la cour d'Henri III (de Valois). Puis il s'enfuya et rejoignit de
nouveau le
camp huguenot et reprenait la lutte contre les Ligueurs en combattant
en Guyenne, Saintonge et Poitou. En 1587, c'était la bataille de
Coutras,
dite ''bataille des trois Henri'', victoire du roi de Navarre.
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En 1588, ce fut la fameuse ''journée des barricades'',
les Ligueurs se voyaient maîtres de la ville en mai, ce qui contraignit
Henri III à fuir de Paris, et à s'allier à son cousin béarnais Henri. Le roi
fit assassiner le duc de Guise en décembre. Deux ans après se
tenait la
mémorable bataille d'Ivry, le duc de Mayenne était à nouveau défait, au
nom de ''ralliez-vous à mon panache blanc'' (phrase qui
n'a jamais été prononcée).
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Henri
de Bourbon mena trois sièges de suite de Paris, le premier débuta en
mai 1589
avec Henri III avant que celui-ci ne fut tué en octobre à Blois, et une
deuxième fois la même année se tint un nouveau siège sans plus de
réussite. Henri de Navarre revint avec ses troupes
l'année suivante en avril, il tenta une
fois de plus le siège de Paris et s'empara des
faubourgs
et en juillet de la ville de Saint-Denis soumise elle aussi à un siège,
ce qui provoqua dans la
capitale une famine de 12 à 30.000 morts sur environ 200.000 personnes.
Mais cette fois là, les
ducs de Parme et de Mayenne le poussa à rebrousser chemin, fort du
soutien de
l'Espagne. En 1591, la
Ligue fit régner la
terreur dans la ville, Barnabé de Brisson, le Président du Parlement
resta à
Paris, et fut exécuté avec deux de ses
conseillers, cette même année.
En 1593, siègèrent les Etats-généraux de la Ligue, sous l'impulsion du
duc de Mayenne, la loi
salique était une fois de plus évoquée, pour qu' « aucun traité ne se fasse pour transférer
la couronne en la main de prince ou princesse étrangers » (extrait de l'arrêt de Jean Lemaître, avocat général au
Parlement de Paris).
Sous
la pression de ses proches et en particulier Maximilien de Béthune qui
conserva sa foi huguenote, le 25 Juillet, Henri de Navarre abjura sa
foi en la basilique de Saint-Denis. On lui a accordé d'avoir dit à
cette occasion « Paris
vaut bien une messe »,
mais la phrase en question, elle aussi n'a jamais été prononcée. Ce fut
sa sixième et
dernière conversion au catholicisme, qu'il fit mine de pratiquer par la suite très
dévotement, tout en rejetant certains rites. Et le 27
Février 1594, Henri IV était sacré roi à Chartres et non à Reims, et en
mars il pouvait entrer enfin dans Paris.
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Dernière conversion d'Henri IV
« L'avant-veille,
Henri écrivait à Gabrielle d'Estrées, sa belle maîtresse : « ce sera dimanche que je ferai le saut
périlleux ».
(...) « Le
matin du 25 juillet, il se présentait devant la porte de l'église,
tenue grande ouverte. Il était accompagné d'une suite nombreuse et
richement vêtu d'un pourpoint de satin blanc, recouvert à demi d'un
court manteau noir. Il entra dans la nef, fit quelques pas et se
trouva en présence de l'archevêque de Bourges, assis en habits
pontificaux sur un siège garni de satin blanc. Trois curés de Paris
tenaient debout près de lui. D'un geste il arrêta le roi :
- Qui
êtes-vous?
- Je suis
le roi. ?
- Que
demandez-vous ?
- Je
demande à être reçu au giron de la sainte Eglise catholique,
apostolique et romaine.
- Le
voulez-vous sincèrement ?
- Oui, je
le veux et je le désire.
On apporta un coussin. Le roi s'agenouilla
devant l'archevêque, et fit une humble profession de foi. Il jura de «
vivre et mourir en la religion catholique, de et défendre envers tous,
au péril de son sang et de sa vie, renonçant à toutes hérésies
contraires ».
Source : Gallica-BnF - Paris et les Parisiens au XVIe siècle,
Alfred Franklin, Préface, pages XIV et XV, réédiion Paris 1921
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Les événements du 22
mars 1594 |
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« Ce
fut-là le premier fruit de la conversion de Henri IV. Cependant les
négociations de Brissac créé maréchal de France par le duc de
Mayenne, et le zèle de quelques citoyens de Paris, donnèrent à Henri
IV cette capitale que la victoire d’Ivry, la prise de tous les
faubourgs et l’escalade aux murs de la ville n’avaient pu lui donner.
Le duc de Mayenne avait
quitté la
ville, et y avait laissé pour gouverneur le maréchal de Brissac. Ce
seigneur au milieu de tant de troubles avait conçu d’abord le dessein
de faire de la France une république ; mais un échevin nommé
Langlois, homme qui avait beaucoup de crédit dans la ville, et des
idées plus saines (sic) que
le maréchal de Brissac, traitait déjà
secrètement avec le roi.
Lhuillier
prévôt des marchands entra bientôt dans le même dessein ; ils y
entraî̂nèrent Brissac ; plusieurs membres du parlement se joignirent
secrètement à lui. Le premier président Le Maître était à la
tête, le procureur-général Molé, les conseillers Pierre d’Amours et
Guillaume Du Vair, s’assemblaient secrètement à l’arsenal (c'est-à-dire
l'actuelle
bibliothèque de l'arsenal, située bd. Morland).
Le reste du parlement
n’était point dans le secret ; il rendit même un arrêt par lequel il
défendait toute sorte d’assemblées et d’amas d’armes. »
Source : Histoire
du Parlement de Paris, Oeuvres de Voltaire,
tome 22, chapitre
35, page 175, Henri IV reconnu dans Paris
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Le nouveau roi converti avait
provoqué l'inquiétude des Ligueurs, ce qui avait poussé le légat du
pape et le
cardinal
Pellevé à promener dans Paris la châsse de sainte Geneviève pour contrecarrer la conversion de
"l'hérétique" Henri.
Le Parlement avait aussi rendu dans son arrêt, que toutes critiques de
la sainte Ligue étaient considérées comme un "crime d'état". Ainsi les
ambassadeurs d'Espagne, la faction des Seize, la
Sorbonne et autres autorités religieuses se trouvèrent à leur réveil
trompés et au fond de leur lit pour la plupart, lorsque le 22 mars à
quatre heures du matin, retentissait un coup de feu et des cris dont on
distingua un « vive le roi ! ». On
recensa une soixantaine de soldats étrangers morts dans cette prise par surprise de
la ville, selon Voltaire. Qui a été aussi l'auteur de l'Henriade, un texte faisant l'apologie d'Henri IV.
L'Huillier
et Langlois
avaient passé la nuit avec tous les bourgeois qui étaient au courant de
cette manipulation. On
fit ouvrir la porte des Tuileries, celle de Saint-Denys, et
la Porte-Neuve (entre le Louvre et les Tuileries),
les troupes d'Henri pénétrèrent dans la capitale par ces trois côtés et
en direction de la
Bastille. A peine le
cardinal légat fut-il sorti de son sommeil, qu'Henri IV se trouvait
déjà maître de Paris. Auguste de Thou,
juriste et témoin privilégié le résuma ainsi : «
On
vit presque
en un moment les ennemis de l'État chassés de Paris, les factions
éteintes, un roi légitime affermi sur son trône, l'autorité du
magistrat, la liberté publique et les lois rétablies. » |
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« De par le Roi, Sa
majesté désirant réunir tous ses sujets, et les faire vivre en
bonne amitié et concorde, notamment les bourgeois et habitants de sa
bonne ville de Paris, veut et entend que toutes choses passées et
advenues depuis les troubles, soient oubliées. Défend à tous ses
procureurs généraux leur substitut et autres officiers, en faire aucune
recherche à l'encontre de quelques personnes que ce soit, mêmes de ceux
que l'on appelait vulgairement les Seize (les membres de la Ligue parisienne), (....) est
contenu par les articles accordés à la dite ville. Promettant sa dite
Majesté en foi, et parole du Roi, vivre et mourir en la religion
catholique, apostolique et romaine, et de conserver tous ses dits
sujets et bourgeois de la dite ville en leurs biens, privilèges,
états, dignités, offices et bénéfices. »
A Senlis,
le 26ème jour de mars 1594.
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Henri IV mettait de l'ordre à tout avec le secours
d'Auguste Thou, grand érudit qui obtint les fonctions de procureur
général. Le Parlement de
Paris (la grande chambre des affaires juridiques) était rétabli par le
roi, qui annula tout ce qui avait été inscrit contre Henri III et sa
personne. Il cassait les états de la Ligue, et institua "à perpétuité"
une procession à laquelle devait assister le Parlement tous les ans, le
22 mars, en robes rouges. Dès le mois de septembre 1594, le roi proposait de
l'ouvrage au Louvre et à l'abbaye de Saint-Denis. Le nouveau Louvre démontrait son tout
neuf pouvoir, ce fut dans la construction du Pont-Neuf qu'il manifesta
le plus d'enthousiasme. Comme à l'automne 1601. Henri IV, non loin de
la Seine, à proximité des travaux du pont en construction prit son élan,
il lança son cheval au galop et le fit sauter. Ainsi, il afficha sa joie et en retour celle
des ouvriers et des passants présents, dit badauds. |
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Après
l'intronisation, en 1595, le duc de Mayenne se soumettait, Henri était
absous par le pape Clément VII en septembre, et déclarait la guerre à Philippe II d'Espagne, et puis il
signa en 1598 la Paix de Vervins avec l'Espagne (selon les modalités du
traité de Cateau-Cambrésis de 1559). Puis
s'en suivait la proclamation de l'édit de Nantes,
qui ré-accordait la liberté de culte aux Protestants, du moins des
droits plus élargis que l'édit de Mantes (juin 1591) qui ressemblait
pour beaucoup à l'édit de Poitiers (1577), bien plus restrictif sur la
tolérance religieuse et le culte réformé.
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En
1600, Henri IV épousait Marie de Médicis (ci-contre) sans qu'il soit
procédé à son sacre.
Henri IV mourrait assassiné le vendredi
14 Mai 1610, rue de la Ferronnerie par François Ravaillac, un angoumoisin
catholique intégriste, plus ou moins aidé dans ce régicide. Ses années
de pouvoir laissèrent un socle et
engagea une nouvelle dynastie, qui n'en avait pas finie de créer
des guerres intestines ou d'en subir. Les intrigues
de cour eurent une dimension politique pesante jusqu'au milieu du
dix-septième siècle et l'arrivée du despotisme dit éclairé de Louis XIV. |
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Henri de Bourbon et de Navarre aura tenté d'asseoir un
peu
d'équilibre dans le Royaume de France. Il
avait créé de nouvelles fondations dans Paris, en particulier dans le
dixième arrondissent de Paris, où il fit bâtir l'hôpital Saint-Louis
pour répondre aux maladies infectieuses et de peaux. Sa femme Marie de
Médicis a tenu un rôle prépondérant dans l'installation du couvent des
Récollets (actuel 10e arrond.), elle lança la construction en y posant
la première en 1614, après que furent donnés des terrains en 1604 à
l'ordre des Franciscains. On lui doit
aussi la construction du Palais du Luxembourg, la rénovation d'un
aqueduc romain pour les besoins de cette nouvelle résidence et ses
jardins (aujourd'hui le Sénat et le jardin du Luxembourg). |
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Certains rois
ont été des bâtisseurs, Henri IV l'était, le temps du règne il changea
radicalement la conception de la vie urbaine par des initiatives
novatrices à Paris. Il
fit du développement général et de
l'embellissement de la capitale son principal objectif politique
d'aménagement. Paris aura été toujours au centre de sa prise de pouvoir
et de ses ambitions. L'édit de Nantes en 1598, aura été une petite
parenthèse de tolérance religieuse, mais qui n'effaça pas au sein de
l'aristocratie les tensions. Et il faut préciser que l'édit dit de
Nantes avait un caractère temporaire, ce qui permit à Louis XIV en 1685
de le révoquer.
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Chronologie du règne d'Henri IV (suites et
fin) |
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1594 : En février, la ville de Lyon
se rallie et Henri IV est sacré roi en la ville de Chartres. Traité
de St-Germain-en-Laye et Charles III duc de Lorraine, fils du "balafré"
se plie à l'autorité royale en novembre. A la fin de l'année est
condamné à mort Jean Châtel ou Chastel (Jésuite), pour crime de "lèse
majesté",
une tentative d'assassinat d'Henri IV mise en échec. En décembre, Les
Jésuites sont expulsés de France sur décision du Parlement de Paris. Il existe au moins huit carrosses dans la capitale.
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1595 : En
janvier, déclaration de guerre à l'Espagne et siège de la ville de
Cambrai par les troupes espagnoles en août. Henri IV lance les travaux
d'une aile supplémentaire au Louvre, nommée la Galerie du bord de l'eau, longue de
450 mètres (les travaux dureront 15 ans).
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1596
: Henri IV s'enfui à Rouen par peur devant les ravages de la peste. A l'hôpital de l'Hôtel-Dieu, en avril, on recense 600 morts et en juillet 350 décès en raison de l'épidémie, etc. A
Paris l'effondrement du pont des Meuniers fait 150 morts. C'est l'ouverture de
l'Assemblée des Notables à Rouen et naissance de René Descartes. |
1597 : En janvier, sont remis les
cahiers de doléances de l'Assemblée des Notables. Entrée du roi dans la
ville de Nantes. |
1598 : Maximilien de Béthune devient
surintendant des finances du royaume. Le
30 avril c'est la promulgation de l'Edit de Nantes (texte
en ligne) et il marque la fin de 36 années conflictuelles depuis
1562, d'un pays fatigué de ses guerres intestines.
La paix est signée avec le royaume d'Espagne (Paix de Vervins) et
célébrée à Notre-Dame,
le 21 juin. En septembre, Philippe II d'Espagne (ou Felipe II) et
autres possessions
meurt au palais de l'Escurial (près de Madrid) et Philippe III lui
succède. Le nombre de Protestant dans le royaume français a chuté de
1572 à 1598 de 10 à 6% de la population. Réforme de l'Université, la
supériorité des médecins sur les chirurgiens est décrétée, et a
l'obtention du diplôme les docteurs en médecine doivent s'engager
devant un notaire à ne plus opérer : « car, disent les statuts, il convient de conserver pure et entière la dignité de l'ordre des médecins.
» Les chirurgiens sont ainsi relégués à principalement raser les barbes
et à faire des coupures pour les saignements, d'où le nom de
"chirurgien-barbier" qui leur est conféré.
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1599 : Le mariage de Marguerite de
Valois avec Henri IV est annulé et la favorite du roi, Gabrielle d'Estrée
décède lors d'un accouchement. |
1600 : Vincent de Paul est ordonné prêtre. En
avril, est signé le contrat de mariage avec Marie de Médicis. En octobre
est organisé un mariage par procuration à Florence et le 3 novembre, la
prochaine reine de France débarque à Marseille. Et au final, le mariage
des
deux époux se déroule à Lyon en décembre en leurs présences.
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1601 : En janvier, fin de la guerre
avec la Savoie, le traité de paix est signé à Lyon, le mois
suivant,
c'est l'arrivée de Marie de Médicis à Paris. En avril, sous l'impulsion
d'Henri IV est ouverte la manufacture des Gobelins, en lieu et place
d'« une grande maison où anciennement se faisait la teinture », les
maîtres tapissiers flamands
Marc Coomans et François van der
Placke sont récrutés pour le tissage des tapisseries à la façon des
Flandres. C'est aussi la naissance du dauphin le futur Louis XIII
accouché par la sage-femme et accoucheuse de Marie de Médicis et de ses
six enfants, Louise Bourgeois.
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1602 : A Paris, Théophraste Renaudot
suit les cours de chirurgie du collège de Saint-Côme. Sous l'autorité
de
l’évêque de Paris et l'impulsion de la reine, les Frères de la Charité
(ou Frères de St-Jean-de-Dieu) s'établissent et créent l’hôpital de la
Charité (détruit en 1935). Les droits d'entrée ou taxes sur le vin dans la capitale sont
augmentés du triple, et si l'imposition de la taille baisse dans les
campagnes, l'imposition sur le sel (la gabelle) lui progresse.
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1603 : Elisabeth 1ère d'Angleterre et
d'Irlande décède en mars, lui succède
Jacques Ier, jusqu'à présent roi d'Ecosse. Henri IV paraphe à Rouen
l'édit de rappel des Jésuites (expulsés en
1595) et ces derniers récupèrent leurs établisements d'enseignement. Le
roi franchit le Pont-Neuf non achevé à cheval sur un
plancher jusqu'au Louvre. Arrêtés en septembre dans la capitale Julien et Marguerite
de Ravalet, les enfants du seigneur de Tourlaville sont condamnés pour
inceste et adultère ; le 2 décembre, ils sont décapités en place de Grève.
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1604 : De
mars à avril, Henri IV quitte la capitale pour faire le siège de Sedan
et mettre fin à la sédition d'un énième grand du royaume (le duc Henri
de la Tour d'Auvergne). Le Parlement enregistre l'édit de Rouen et
rétablit la Compagnie de Jésus en France sous la condition d'un serment. Un édit annonce l'établissement d'une manufacture d'habits de draps et toile d'or, d'argent et de soie à Paris. Jules Mazarin naît à
Pescina dans les Abruzzes, au sein du royaume de Naples.
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1605:
Henri IV lance le projet de création à Paris d'une place Royale (la
place des Vosges). Le même roi qui passait par le Pont-Neuf sur sa
monture est attaqué et menacé par un dénommé Isle, qui tente de le tuer d'un coup de poignard, l'assaillant échoue. Un cousin du roi, Charles de Bourbon, devient le premier vice-roi de la Nouvelle France (Canada).
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1606 : Un traité avec Jacques 1er, roi d'Angleterre et d'Ecosse pour la liberté du commerce est ratifié en mai. Par lettres patentes Maximilien de Béthune devient duc de Sully et Pair
de France. En juin, les époux royaux et leur suite échappent à la
noyade en traversant le bac de Neuilly. Un pont en bois y sera
construit.
Richelieu est désigné évêque de Luçon par le roi. |
1607 : Henri IV unifie son domaine, le Béarn, à celui du royaume. En décembre est promulgué un édit
sur les questions de voirie. Il est à noter la création et
aménagement de la place Dauphine sur l'île de la Cité et la fondation de
l'hôpital St.-Louis (rive nord). |
1608 : En
janvier, est rédigé par Lettres-patentes la construction d'un pont
marchand à Paris en remplacement du pont détruit en 1496, dit des
Meuniers. Pierre
Coton (jésuite) devient le confesseur ordinaire du roi. Est Inaugurée
la grande galerie du Louvre (où seront présentées des oeuvres d'art).
En septembre, est publié un énième édit pour l'entretien des rues de
Paris : « Nous
défendons à toutes personnes de quelque état, qualité et condition
qu'ils soient, demeurans en nostre dite ville et fauxbourgs de Paris, de
jetter ou faire jetter en la rue aucunes ordures, immondices, charrées,
paille, gravois, terreaux, sumiers, râclures de cheminées, ou autres
ordures que ce soit, sur peine de six livres d'amende ». Samuel de Champlain fonde le 3 juillet, la ville de Québec, et en fait la capitale de la Nouvelle France (Canada).
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1609 : Henri
IV depuis Fontainebleau fait publier en juin l'édit visant
l'interdiction
des querelles et des duels. L'abbé Vincent de Paul rencontre le roi et
devient l'aumonier de Marguerite de ou de Valois, répudiée.
Louise Bourgeois, sage-femme (1563-1636)
publie deux ouvrages : « Instructions, l'art d'être sage-femme et Observations
diverses sur la stérilité, perte de fruit, fécondité, accouchements et
maladies des femmes et enfants nouveaux nés. » L'astronome
Galilée met au point un télescope plus puissant, avec lequel il fait de
nouvelles découvertes : La surface de la lune est montagneuse, la voie
lactée se compose d'étoiles distinctes, et apperçoit quatre satellites
autour de Jupiter, qu'il nomme les "astres médicéens".
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1610 : Le 14
mai, le roi part du Louvre sans protection au chevet de
Sully malade,
le carrosse se rend à l'Arsenal, et il est
assassiné en route, rue de la Ferronnerie par un fanatique, F. Ravaillac (dessin ci-contre). Le régicide est exécuté en place de Grève 13 jours après. Théophraste
Renaudot,
médecin, publie le Traité des pauvres et défend l'idée
d'un bureau de placement. A Venise en mars, Galilée fait publier Sidereus
nuncius
(le messager des étoiles), l'ouvrage est dédié à Cosme de Médicis,
grand-duc de Toscane (qui l'invitera à venir à Florence commme
mathématicien et philosophe de cour). Si vous cherchez à en savoir plus sur les réalisations
sous Henri IV, consultez : Les
actes de Sully passés au nom du roi de 1600 à 1610, etc. (Imp. nationale, 1911). |
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Court
extrait d'un poème
Aux campagnes d'Ivry (*).
Ta
valeur délivrant ton peuple d'esclavage,
Rend
l'honneur aux Français,
Et
remplit tes soldats de ce brillant courage,
Ici
ta valeur seule,
et
ta propre personne
Décident
du combat.
(*) La bataille d'Ivry en Normandie
s'est déroulée le 14 mars 1590
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Au fil et au final de
nos routes... |
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En 1552, Charles Estienne (1504 -1564) éditait le premier
guide routier français : Le
Guide des chemins de France qui décrit deux cent
quatre-vingt-trois
itinéraires, dont une petite partie (Paris-Orléans) était pavée. En
1599 était créé l'office de grand Voyer de France qui était confié à
Maximilien de Béthune, duc de Sully (1560-1641). |
En 1596,
le pont
dit aux Meuniers (ci-contre) construit sous Charles le Chauve (860)
était emporté
par une crue de la Seine.
Si
vous souhaitez en savoir plus sur l'histoire la capitale et ce qu'il y
à découvrir comme lieux de mémoires (Musées de la ville), vous
pouvez
aussi consulter : LIre à Paris et autres sites où trouver de
même des ouvrages
sur l'histoire de Paris avec des archives sonores ou des vidéos
complémentaires.
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Maximilien de Béthunes
duc de Sully ordonna
l'édification ou l'achèvement de nouveaux ponts dont le Pont-Neuf de
Paris (1576-1606). En 1602, sur ce même pont était construit la pompe à eau de la Samaritaine,
pour l'alimentation du Louvre.
Le
surintendant des finances organisa des inspections annuelles des
chaussées, des ouvrages
d'art, des réparations et du bon emploi des péages et des financements
royaux. |
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Nous ne pouvions oublier dans cette
énumération des constructions entreprises sous Henri de Bourbon, à qui
nous devons de 1595 à 1610, la construction de la Grande galerie ou Galerie au bord de l'eau donnant
sur la Seine, le tout relié des appartements royaux jusqu'aux Tuileries et se terminant par le pavillon de Flore. Et
l'oeuvre a été édifiée sous la conduite de l'architecte Louis Métézeau
(1560-1615).
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Autre réalisation à signaler fut
l'édification de 1605 à 1612 d'une nouvelle place dite Royale (l'actuelle
place des
Vosges), une des plus belles places parisiennes connut
jusqu'à ce jour, notamment avec la présence de la maison de Victor Hugo
et le somptueux Hôtel de
Sully réalisé à partir de 1624 (le duc de Sully y habita de 1634 à sa
mort en 1641) : qui permet de déambuler de cette place carrée à
la rue de
Rivoli. L'ancienne
place Royale a été conçue par Louis Métezeau, qui s'inspira de la place
ducale de Charleville-Mézière, et elle a été classée monument
historique en 1954.
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« Sur
bien des points, la Seine était sans quais ; les rives descendaient en
pente douce jusqu'au fleuve. Aussi les inondations se succédaient-elles
presque sans interruption. (...) Les quais du Louvre et de la
Mégisserie datent de François Ier. Jusqu'en 1580, la Seine venait
battre les murailles du Palais ; on commença alors la construction des
quais de l'Horloge et des Orfèvres, qui ne furent terminés qu'en 1611.
On établit le quai Malaquais sur une sorte de levée en dos d'âne qui
avait pour objet de protéger contre les inondations le petit
Pré-aux-Clercs, dont l'aire était en contre-bas des terres
environnantes. De là vint le nom de rue des Marais donné à une voie
nouvelle ouverte entre la rue de Seine et le chemin de la Noue. Le quai
de l'Arsenal et le quai Saint-Michel furent aussi commencés au XVIe
siècle, qui ne vit pas leur achèvement. »
Paris et les Parisiens au seizième siècle, etc., page 56, Alfred Franklin (Paris, 1921)
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Dessin de la vue du Pont-neuf avec ses habitations et
commerces (les tourelles) sur chaque pilône
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n'appartient à aucune organisation politique, ou entreprise
commerciale. Le contenu est sous la
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