- Présentation du
sujet et qu'est-ce que le narcissisme?
- Vidéo en ligne : André Green sur le narcissisme
- Manipulations perverses et maladie-s mentale-s, que dire?
- Psychopathes ou pervers : Le faux débat?
- L'enfant du pervers par Yvonne
Poncet-Bonissol
- Compléments d'infos : justice et soutien psychologique
Bonjour,
Suite
à des courriers, je tiens à preciser pour des raisons éthiques : je ne
donne, ni avis ou conseils, ni aides ou assistances, ni coordonnées de
thérapeutes. Je vous renvoie aux numéros de téléphone en
bas de page à disposition des publics concernés.
Cordialement, LM, le 16 jan. 2016
« La famille est souvent le
terrain fertile où la perversion s’enracine, laissant croire à ceux qui
la subissent qu’ils sont victimes d’une fatalité implacable.
Marie France TAYEBALY
Présentation,
Lionel Mesnard - le 6
juin 2014
Le « pervers narcissique », ou la psychopathologie de la destruction ?
Dans
les notes ou en bas de cette page, vous
trouverez de quoi vous informer sur les pervers narcissiques dits PN
(livres reccommandés, l'association de défense contre le harcèlement
moral et numéro d'urgence...).
Ce texte n'a pour but de répondre à tous les aspects du malaise, mais
la question mérite d'être posée, et de donner à lire une page sur un
sujet de société difficile à cerner en raison de sa complexité.
Je n’avais jamais songé écrire sur un
tel un sujet, même s’il trouve une cohérence avec la « question psy »
sur ce site. Il a fallu prendre du temps pour en poser les contours et
ne pas
chercher à faire un portrait type de malade ou bien partir d’une
seule expérience vécue, tant elle serait à relativiser dans un ensemble
commun.
La
première question pouvant venir à l’esprit
est comment se construit et agit ce type de personnalité, qualifiée de
"perverse" et de "narcissique" ?
A ce sujet, vous trouverez une
abondante littérature sur les autoroutes de l’information, et
tout ce
qui peut toucher à la question « psy », il importe de pouvoir
distinguer ce qui ressort d’un fonds de commerce de la souffrance
humaine, d’une démarche altruiste ou bienveillante et il faut en
convenir les pièges sont nombreux.
Nous passons tous par des blessures narcissiques au moment de l’enfance
et à d’autres moment de l’existence, néanmoins une fois installées dans
l’âge adulte, les blessures n’auront pas pour la grande majorité
d’incidences majeures sur la vie psychique.
Toutefois et selon la
violence vécue, une part non négligeable de la population se trouve
affectée par des « incidences pathologiques » plus ou moins sévères et
pouvant avoir en matière de traumatisme des conséquences sur le cours
de la vie quotidienne. Les PN représenteraient entre 1 et 3% de la
population totale en France, des chiffres donnant 10 à 20% de la
population semblent plus qu'exagérés, ou qui sait un moyen de
commercialiser les peurs ?
Des termes comme "borderline" (aux limites de quoi ?) ou bien
parler de
"trouble de la personnalité" ne peuvent suffire pour comprendre ce
qu'un psychopathe de la
destruction ou PN peut faire comme dégâts autour de lui (famille,
cercle amical et au travail). Attention il s'agit de personnes malades,
mais échappant pour la plupart au filet sanitaire ou légal. Et les
raisons sont nombreuses.
Il est difficile de pouvoir définir d’un seul trait de plume ce que
peut être une famille saine ou malsaine, sauf à moraliser, mais il est
crucial de saisir
que certaines familles sont plus propices que d'autres à générer ce
type de
maladie. Le phénomène est aussi intergénérationnel.
Ce qui prime est d'apporter une
approche fiable, sur ce que peut vouloir dire une « famille
pathologique, pathogène ou dysfonctionnelle », ou pour reprendre l’idée
de Mme Yvonne Poncet-Bonissol une « famille formidable » ou tyrannique
(lire le texte concernant "l'enfant du pervers" sur cette page).
Les termes utilisés sont variés et il importe
de ne pas tout confondre. L’usage de certains mots est à manier avec
précaution ou distance et si vous en ignorez le sens consultez un
dictionnaire, et cherchez à en comprendre les origines si nécessaires.
(lire le texte psychopathe "Psychopathe et pervers : le faux débat ?"
sur cette page).
La terminologie « pervers narcissique » est devenue assez commune, et
elle peut être facteur d’une certaine confusion. Pour une victime, en
arriver à ce
type de conclusion, mieux vaut être accompagné par un psychiatre
faisant des psychothérapies, un psychologue clinicien ou bien un
psychanalyste compétent pour s’assurer des faits.
Et encore, il faudra un certain temps avant de pouvoir établir le
"diagnostic", sa cohérence dans le « roman familial ». Cela peut
s’avérer être un très long cheminement. L’enjeu est suffisamment grave
pour celles et ceux victimes de ces personnages malades ou parents
et conjoints tyrans, pour ne pas en faire un délire victimaire.
Trop de femmes, mais aussi des hommes, des jeunes et des moins jeunes
sont amenés à traverser des périodes dépressives fortes et pouvant
garder des années durant un malaise manifeste, sans en comprendre sa
signification, les êtres confrontés à de véritables pervers
narcissiques sont des personnes plus que vulnérables et elles-mêmes
soumises à des
failles narcissiques.
Avant qu’une personne prenne véritablement conscience, hors fantasmes
et projections, il en va, non pas de répondre à un simple questionnaire
en dix questions, comme il peut être proposé sur les autoroutes de
l’info et de ses dérives en tout genre en ce domaine.
Il s’agit
d’arpenter une souffrance et sortir d’un parcours quasi inaudible, tant
que ne reculera pas la violence ou la soumission à un ordre familial et
moral, ou le mot famille n’est que la manifestation d’un symptôme ou
les manipulateurs et les tyrans imposent leur toute puissance au nez et
à la barbe de notre société.
Donc avant de pouvoir aboutir à cette conclusion, qui libérera non pas
un malade, mais une victime de l’emprise d’un voleur ou violeur
d’identité. Il importe de comprendre d’où vient le problème et qui est
ou sont au final le ou les malades en question ?
Le
narcissisme selon André Green
Manipulations perverses
et maladie-s mentale-s, que dire ?
Lionel Mesnard - 6 Juin 2014
1 – Plongée dans un malaise de société...
Tout le danger pourrait être de ne pas nommer ce mal étrange, pourtant
les pervers et les manipulateurs qualifiés de narcissiques ont de beaux
jours devant eux. Un phénomène de société dont les conséquences sont
redoutables dans l’espace social et dont l’impact peut se transformer
en du mortifère pour les victimes.
Ensuite qu’entend-on par victime, l’objet de ce texte est surtout de
faire comprendre, que sans prise de conscience de cette question de la
perversité et de la manipulation dans tous les recoins de notre vie
sociale, les victimes ne peuvent se faire entendre dans
l’immense majorité des cas, elles sont condamnées à
subir, ou sont réduites à l’état de silence.
Le plus souvent c’est la
victime qui se croit folle, alors qu’en réalité, elle est sous
l’emprise de ce que l’on peut nommer « la beauté du diable ». Et
arriver à faire reconnaître ce qui est une mystification pure, peut
être une
mission impossible en l’état des choses.
Quand une partie de votre mémoire ou identité ou intimité vous a été
volée, voilée,
maquillée transformée, parfois de la naissance et tout au long de votre
vie, et
qu’en plus, cela altère sur votre quotidien dans votre relation à tout
à chacun. Vous êtes pris dans un piège dont il est très difficile de
s’extraire et, cela peut mettre de très longues années à faire jour ou
surface à
votre conscience pleine et du temps aussi pour couper les liens
toxiques.
Si le sujet concerne principalement des femmes, la question des
enfants, ceux qui auront vécu aux côtés d'un PN est parfois un oubli
révélateur, car ce qui est d'abord une maltraitance psychologique
concerne tout l'entourage direct et pas seulement le conjoint. Un
véritable non-dit de société, où
vivent dans une certaine tranquillité des individus nuisibles au sens
plein de l'horreur ou plus exactement tirant plaisir ou jouissance de
la souffrance
des autres.
Un sujet de société faussement banal et ayant toutefois abouti à une
loi protégeant une partie des victimes de ce type de prédation, mais
pas toutes, et
restant difficile à démontrer, car demandant aux plaignants d’apporter
des preuves sur des auteurs s’avérant comme des maîtres dans l’art de
manipuler les faits et surtout leurs entourages, qu’ils soient
professionnels, sociaux ou familiaux.
La loi est en ce domaine le seul rempart face à
la maladie des auteurs, car sur le plan médical s'ils sont facilement
détectables, ils n'entrent dans aucune case pouvant les prendre en
charge. Ce ne sont pas des névrosés et en dehors des psychopathes
criminels, ils sont renvoyés à des catégories plus que floues. Même si
l'incidence, les faits des violences (verbales ou physiques) sont
évidents sur
le plan psychologique pour les victimes sous l'emprise d'un PN. Un
sujet d’étude qui a pris jour dans les années 1990
grâce à l’apport depuis de différents auteurs, notamment. des psychanalystes,
des psychiatres, des psychologues cliniciens travaillant en milieu
hospitalier ou en lien avec la justice.
Les bonnes références, les écrits de qualité ne sont pas si nombreux et
ils viennent tous de
l’univers « psy » : psychiatrie, psychanalyse ou psychologie clinique,
faut-il préciser. Mais la dimension du problème est encore plus
complexe, manifestement il s’agit de s’interroger sur la place du
pervers ou de la perversité au sein de nos sociétés ?
Particulièrement sur la protection et les recours existants pour s’en
sortir. Il est nécessaire à minima d’avoir une aide ou un
accompagnement
psychologique, la loi pouvant dans une certaine mesure servir comme un
bouclier, mais elle ne couvre pas pour autant les dégâts causés, et en
particuliers les chocs émotionnels, qui peuvent se traduire par de
véritables traumatismes et mettre gravement en danger la santé mentale
et physique des victimes.
La construction ou la reconstruction de la victime peut prendre
beaucoup de temps et
faut-il apprendre ou trouver la bonne distance, car face à un
prédateur, un individu agissant par malveillance et dont l’objet est de
nuire à l’autre. Le PN à toutes les chances de vieillir tranquille et
sa
victime finir au bout d’une corde.
Là aussi difficile de savoir le nombre de suicides provoqués par des
situations de harcélements, de maltraitance, mais à la connaissance du
nombre de suicide dans le cadre professionnel chaque année, l'on devine
qu'en raison de la diversité des circonstances vécues, cela ne soit pas
sans incidence dans les familles.
2 - La perversion narcissique en
question?
C’est un sujet complexe et concernant à minima en France des dizaines,
voire des centaines de milliers de personnes, qui au sein de notre
société causent et posent comme question de comment se
protéger de leurs personnalités.
Les témoignages ne manquent pas sur les forums de discussions et la
presse s’est emparée de la question avec des réponses très partielles,
voire inutiles pour celles et ceux confrontés à cette situation.
Par exemple, la contre manipulation ne sert à rien sauf à jouer le jeu
du PN. Une drôle d'idée que de vouloir se transformer ou jouer de tels
scénarios.
Toutefois une certaine médiatisation du sujet a permis la prise en
compte des victimes et de faire parler d’un sujet touchant à des vies
brisées. Mais rien sur son coût social et économique et le fait de
devenir source de bénéfice pour
quelques agents du marché de la souffrance humaine. En ce domaine, il
existe un marché très juteux, lire ou découvrir des solutions version
coaching ou thérapeutiques cognitives donne une idée des pièges à
éviter.
Un ouvrage paru en 2012 d’une psychanalyste pose cette finalité (1), «
Pour en finir avec les pervers narcissiques ». Ou comment mettre fin à
des processus qui détruisent ou minent des
familles entières et sont la source de trop nombreux traumatismes. De
plus, un
phénomène se reproduisant sur plusieurs générations. Souvent ayant un
caractère irréversible, et dans tous les cas, les victimes ne peuvent
s’en défaire sans l’appui d’un spécialiste ou d’une assistance
spécifique.
Cela peut ressembler à un labyrinthe, un parcours de vie qui mérite
une
attention particulière, ce n’est pas un sujet superficiel ou pour
magazine féminin. C’est un mal de société qui attend des réponses
propres et d’abord d’être à l’écoute des victimes.
Victimes, qui de leurs
côtés ne seront pas vraiment ou toujours écoutées, car se défaire d’un
manipulateur
pervers peut mettre des dizaines d’années. Et pose la question d’une
société « complice » et aussi la question des complices directs et
indirects dans l’environnement d’un menteur ou de mystificateurs
pathologiques.
Face aux harcèlements et aux manipulations, faire la preuve devient
dans ce cas difficile à prouver quand il s’agit d’une violence verbale
et un rabaissement quotidien à ne pouvoir exprimer une blessure vive.
Il est encore plus difficile de faire entendre qu’un géniteur, un
parent sous le coup d’une maladie dont on commence depuis 30 ans à
cerner le comportement, soit un "monstre". Si autour de vous, personne
ne comprend ce qui
vous arrive, c’est le tragique que devront payer les victimes, car en
plus d’être réduit à l’état d’objet, il n’est pas sûr que vos tiers
entendent votre appel au secours. Alors à qui se fier et sortir de cette
impasse ?
La
face cachée du porc
..."
Quand j’ai soudain réalisé ce qui m’était arrivé,
ce fut aussi
violent que toutes ces années de terreur que j’avais traversées.
Je ne
fus plus jamais la même, ma part d’innocence disparue à jamais. La monstruosité et
l’inhumanité font partie de ce monde,
vous ne pouvez cependant concevoir qu’elles fassent partie du vôtre. Votre regard sur la vie
aura changé à jamais,
vos valeurs seront
ébranlées,
tout ce que vous allez connaître n’aura plus jamais la même
saveur. Le temps n’effacera
jamais cet état de maltraitance profonde,
il vous
imposera une autre vision de la vie, l’enfant qui sommeille en vous est
assassiné. Le crime est loin d’être
parfait, la torture poursuit sa tâche,
il est des expériences qui ne vous grandiront jamais. Inutile de lutter, les
alliés dont vous auriez le plus besoin ne seront
jamais présents,
l’issue c’est le respect de vous-même. Aucune limite ne doit
vous arrêter dans cette conquête.
Le jour où vous
aurez gagné cette estime, vous aurez gagné votre liberté. Car c’est bien de cela
dont il s’agit : votre liberté..."
(source internet)
3 - C’est quoi un pervers narcissique, comment agit-il?
Comment offrir des éléments sur un sujet qui mérite une attention
particulière sur la nature des dégâts psychiques occasionnés par les
pervers narcissiques chez leurs proches ? Il ne faut pas
hésiter à parler de négation de la personne, le PN est un être froid et
calculateur et il assouvira ses besoins en allant jusqu’à provoquer une
mort psychique chez l’autre, en niant sa réalité dans les moindres
détails.
Cela peut conduire au suicide ou à des phases dépressives
longues ou dépréciatives chez les victimes, mais la question est
relativement méconnue au sein des familles et surtout comment échapper
à ce que l’on peut appeler des prédateurs?
Ce qui pourrait paraître extravaguant dans mon propos est d’une
très
grande importance pour celles et ceux amener à lire ce texte : fuyez et
rompez tous les contacts, si vous êtes sous l’emprise de ce type de
personnalité. Mais faut-il en avoir conscience, plus exactement le
vivre dans tous ses aspects sombres pour pouvoir faire émerger votre
part de vérité.
Le tyran qui
sommeille chez le PN ne se présente jamais sous son vrai jour.
Dans
les cas de grandes souffrances, il ne faut pas hésiter à prendre
contact avec un spécialiste : psychologues cliniciens ou un psychiatre
et/ou psychanalyste. Voire si vous disposez sur votre région d’une
association pouvant vous porter recours et vous aidez sur le plan
juridique, notamment dans le cas des unions matrimoniales où les PN
agissent à leurs guises en imposant leurs marques parfois indélébiles.
Il faut dans le cas de nombreuses femmes s’extirper de personnalités
qui ont su tisser des liens particuliers à l’image d’une araignée
tissant sa toile pour piéger sa proie. Comme l’autre n’est qu’un jouet,
le
sujet ne peut s’exprimer et c’est ainsi que l’on tue à petit feu un
être « sain » et au service des intérêts propres du « malade ».
Il est
peut abordé la question de l’enfant dans le milieu familial, et
comment se développe un mineur dans de telles circonstances ? Et
pareillement comment devient-on PN ou comment se structure une telle
personnalité ?
La question de la perversion narcissique est un sujet hautement
sensible et touche au sein de notre société un nombre de victime non
négligeable, notamment des femmes et des enfants, et aussi des hommes
qui sont soumis à un
ordre des choses assez terrifiant, la négation de ce qu’ils sont.
Les
victimes peuvent avoir le sentiment d’une fatalité ou d'une
malédiction, il
en va surtout de quelque chose qui a été « mal dit » (maudit), non
exprimé ou tapis dans un silence qui enferme des êtres des années
durant, s’ils en trouvent les clefs pour s’en sortir.
Ce que l’on dénomme le pervers narcissique est dans la très grande
majorité des cas un homme qui peut sévir dans de multiples situations,
plus rarement des femmes, si l’on s’en tient à des situations de
justice où ce type de personnalité est évoqué. Le phénomène, cette
maladie proprement mentale est difficilement classable, mais elle
n’est pas si banale ou si rare que l’on pourrait le croire ou
l’envisager.
Il est difficile de mesurer le pourcentage de la population en France
qui serait concernée, par ce type d’individu ou pathologie ambulante
qui peut avoir aussi une place et un rôle dans l’espace social : le
monde de l’entreprise, de la politique sous ses différentes coutures,
(élus, apparatchiks, ...). Ce qui n’est pas une surprise, nos individus
aiment
surtout avoir du pouvoir sur les autres.
Le pervers adore se sentir le pouvoir qu’il exerce sur les
autres, et il aime briller en société en plus de sévir sur les siens,
il est à ce
titre multifonctions… Il n’apparaît jamais en terrain ouvert ou à
visage découvert, il agit toujours par derrière ou s’en prend à ses
victimes dans un espace sans communication avec l’extérieur.
Le PN peut à ce titre changer de personnalité comme de chemise, son
adaptabilité aux circonstances très symptomatiques, dans son cas ne
jamais répondre
ou rester dans l’insensibilité. Une absence d’empathie ou le sort de
l'autre n'a aucun intérêt. S’il ne
s’agit à vraiment dire d’une pathologie névrotique, elle n’est pas non
plus classifiée dans le domaine des psychoses. Bien qu’elle ait été
dénommée
« psychose blanche » par André Green (2). Mais attention, ce terme
entre dans un
registre assez vague, ou il renvoie à quelques éléments théoriques ne
faisant pas
l’unanimité.
Le PN est le terme que l’on retrouve sur de nombreux sites ou
blocs-notes et permet ainsi d’y découvrir des témoignages forts et sur
les dégâts psychiques encourues par les victimes. Il faut préciser, que
si Freud a écrit sur la question des perversions dans son essai "une
théorie de la sexualité", il faisait lien avec la sexualité. La notion
de PN a pris véritablement forme, il
y a trente ans grâce aux apports d’un psychanalyste français,
Paul-Claude Racamier (3).
D’autres travaux ont suivis et les plus connus d’entre eux sont les
ouvrages de Marie France Hirigoyen (4). Cette dernière ayant consacré
une bonne part de ses écrits à la question du harcèlement moral.
Depuis des lois contre le harcèlement dans les entreprises et dans le
couple ont été votées, mais comme il est très difficile de pouvoir
établir les faits de certaines violences et trouver un bon avocat
connaisseur de ce type de violence sourde, cela peut devenir un sacré
parcours d’embûches. Car le PN est un être nocif pour son entourage,
mais il n’en fait pas état, il n’est pas pleinement conscient des
dégâts qu’il occasionne. Il se vit dans la toute puissance et les
dégâts occasionnés ne sont pas de son fait, quitte à les faire porter
par d'autres, il vit un état de déni permanent.
Il ne saute pas à première vue que le caméléon
fait tout pour se confondre avec les décors. Il n’agit la plupart du
temps que si son ou ses méfaits échappent à la loi, car ce qu’il
redoute avant tout, c’est qu’il puisse être démasqué, même si dans les
cas les plus extrêmes un pervers n’hésitera pas à user de la violence
physique et à tuer sa victime, si celle-ci devient trop gênante ou
vient à combler ses manques existentiels.
Nous entrons là dans une catégorie judiciaire et psychiatrique sur la
perversion comme action criminelle, mais c’est l’aspect le plus visible
et connu et qui a été l’objet de nombreux romans, films et série
télévisées et qui passionnent les foules. Le PN moyen a un peu le
masque de monsieur tout le monde. Il peut apparaître comme un « bon
père de
famille », être « un collègue très lisse, ou sous d’autres formes un
chefaillon ou un supérieur aux dents longues ». Son objet est d’être le
sujet de l’attention, il baigne comme un poisson dans les milieux
de pouvoir.
Etonnant pour une personnalité que l’on peut considérer comme
inachevée. Qui n’a pas pu se développer sans prendre en compte ce que
l’empathie peut vouloir signifier. Ce sont des êtres incomplets se
nourrissant des souffrances des autres, pour le seul plaisir de dominer
et d’être le centre des attentions. Les PN sont persuadés de leur
importance et quiconque se dresse sur leur
chemin a droit de s’attendre en retour aux attaques les plus
sournoises, aux stratégies les plus malsaines et visant à discréditer
ou ternir l’image de celui ou celle qui peut représenter un rival.
Le PN va inévitablement être à la source de conflits, de stratégies
diverses, l’argent est un de ces moteurs. Sa vie est dédiée à son «
égo » et certains traits de caractères permettent de savoir à qui nous
pouvons avoir à faire.
Petite
précision, ce type de malade ne demandera jamais une prise en charge
psychologique, ou dans de très rares cas, il maquillera ses sentiments,
ses raisons propres, car la prise en charge psycho-thérapeutique sera
comme dans toutes les situations de sa vie, une mise en scène dont il
doit tirer bénéfice.
L’objet n’est pas d’engager une chasse au PN, mais d’en comprendre les
raisons et de pouvoir s’en prémunir. La question de la perversion comme
dimension psychique n’est pas un sujet mineur et comment s’y retrouver
dans
ce qui fait appel à une personnalité perverse? En langage psy, il est
fait part de structure perverse, s'opérant dans la petite enfance au
moment (l'œdipe), ce n'est donc pas génétique, mais en relation avec
l'histoire de la personne.
Le rajout du terme
narcissique est important. Les perversions sont diverses et ce n’est
pas l’objet de cet écrit. Même si, il est difficile de ne pas en faire
état, ils ont aussi une sexualité. Faire la relation sur jusqu’où ces
individus sont en mesure d’aller pour humilier
l’autre, pour la seule satisfaction de leur petite jouissance ou pour
se jouer
des autres ressemble pour beaucoup à des relations sadomasochistes
entre la victime et son bourreau.
Une personnalité perverse est toujours autocentrée sur son seul plaisir
et se moque du sort des victimes toujours non consentantes. Car par
opposition le PN sait se trouver des complices passifs ou actifs. Si
j’ai été amené à réfléchir sur ce sujet, c’est qu’il touche non
seulement les femmes mais aussi des enfants et que j’ai pu me rendre
compte dans mon travail de recherche des conséquences lourdes et
invalidantes pour certains jeunes qui deviendront inévitablement des
adultes.
D’autres enfants dans la fratrie ou la famille reproduiront le
modèle dominant et c’est ainsi que le PN se reproduit en quelque sorte
de génération en génération dans les familles. Ce n’est pas un
phénomène récent, et la prise de conscience et les moyens d’y répondre
sont très nouveaux, du moins de pouvoir s’informer sur ce sujet.
En l’état, si la loi peut tenir compte des
souffrances, elle ne peut prendre en charge tous les dégâts et les
personnalités ou personnes brisées. Il en va de comment répondre
préventivement et
d’appuyer les professionnels qui font face à ce genre de problème dans
l’exercice de leur travail (avocats, cliniciens, ...).
Et il s’agit d’une rencontre très
improbable entre des juristes et les personnels médicaux pour faire de
la loi une protection et une aide aux victimes et du système de santé
mental un outil
adapté à ce type de pathologie et à l'écoute des symptômes, qui
trouveront, espérons-le un jour une classification acceptable et des
soins appropriés. Le PN est un malade, ne jamais l'oublier.
4 - Le traumatisme et victimes
sous emprises
Oublions un peu le PN et intéressons-nous à la question des victimes et
ce qu’elles peuvent endurer. Sigmund Freud et ses pairs, se sont
intéressé à la
question des traumatismes de guerre lors du premier conflit mondial, et
ce que le trauma des champs de bataille pouvait avoir comme
conséquence sur l‘activité psychique et physique.
Si nous nous ouvrons à une
dimension plus large du trauma, il existe bien un parallèle à faire
avec les victimes sous le coup d’un harcèlement moral ou psychique, si
la pression psychologique agit
sans discontinuité, des mois, des années durant. L’humiliation et son
caractère moral, c’est-à-dire vexatoire influe sur
le psychisme et si régulièrement, il vous est expliqué ou martelé que
vous n’êtes rien, il y a de grandes chances que vous finissiez par le
croire.
L’assaillant psychique est en expert en la matière, il devine
les faiblesses de sa victime potentielle, il appuiera en toute
complaisance sur le point faible. Et il saura bien alterner le chaud
et le froid, et vous faire croire que vous comptez à ses yeux, quand
son objet est d’avoir un ascendant sur vous.
Alors peut se mettre en scène, le trauma comme un handicap, une
incapacité de
vous extraire d’une situation usante, répétitive, un ou des souvenirs
heurtant votre conscience, mais sans trouver d'explication ( des
réminiscences du passé, de mêmes échos souvent en relation avec
l'agresseur) avec
en retour un malaise général de vos perceptions
et des séquelles organisant son lot dépressif, et toujours vécu dans de
très grandes douleurs.
Comment vivre avec un être qui va au final faire
de vous un souffre douleur, un exécutant de ses pulsions morbides, le
goût de détruire ?
Mission impossible, si l’on ne peut s’extraire de l’emprise du ou des
PN. Au sein d'une famille, ils peuvent être plusieurs.
Un enfant « sain » de PN mettra très probablement très longtemps avant
de comprendre, pourquoi tel père, ou tel frère ou parent, voire telle
mère a voulu établir tels rapports de force à son insu. Quand
l’humiliation est devenu un lot commun ou quotidien, nous sommes très
loin d’un modèle gratifiant et constructif ou stable, il n’est que
facteur d’insécurité ou de liens insécures. Et comme l’être sain ou
commun est aussi un être qui
culpabilise, la mécanique infernale tourne à plein et le PN a atteint
ses objectifs.
Sans que vous le sachiez vraiment, le PN est devenu le maître et il
vient à contrôler vos
faits et gestes, vous êtes sa chose. Et la "beauté du diable" continue
son œuvre de basse besogne.
Si ces éléments ont été vécu pendant un temps très long, il devient
impossible à la victime de cerner la nature du mal, de comment
c’est produit le « trauma initial dans la relation à l'autre », quand
l’emprise a
pris le dessus, ou quand les événements dépassent votre seul espace
intime, car le prédateur a rarement une seule victime.
Il faut
insister sur un fait important le PN sait aussi comment se faire passer
pour une victime et entretient le doute dans les esprits. Il n’oublie
pas de se faire des "complices" et de monter la victime comme le
responsable de ses malheurs, c’est un Tartuffe par excellence. Des
pères la morale aussi.
Alors est-ce qu’une victime peut se libérer de ce genre de
maltraitance, la réponse est oui et non. Oui, parce
qu’il est possible de renaître ou de sortir des limbes, pour enfin
vivre ce que l’on est. Mais il n’y a pas de solutions miracles et ce
n’est qu’après que l’on se rend compte du chemin parcouru pour
s'émanciper de ses peurs ou culpabilités infondées.
Des vies
détruites, à reconstruire, ce n’est pas simple et surtout si vous ne
prenez conscience que tard de la raison des altérations
de la conscience, mais pas seulement. Un long temps à comprendre que
vous n’êtes pas responsable de votre état psychique, mais que vous avez
été l’objet d’une manipulation, une logique intrusive et visant à
nuire.
Vous voilà comme un pion dans l’échiquier du stratège malfaisant,
qui jamais n’abdiquera, l’animal est tenace. Ce
qui a lien à votre histoire restera trouble et obscur, parfois sans
réponse. Néanmoins, certains s’en sortent plus ou moins bien, mais
faut-il et insister à ce sujet en être conscient. Ensuite en tenant
compte de l'activité
inconsciente, si vous trouver les clefs du mal être et le bon psy ?
Dans le cas d’un traumatisme, l’objet répétitif va organiser ce mal
être, l’inhibition de l’action devenir un refuge destructeur. Vivre
avec des manipulateurs et qui plus est des pervers laisse entrevoir que
la victime s’est elle-même pris au piège et à la tyrannie de son
maître. Pouvoir discerner le vrai et et faux est impossible, parce que
rien ne présente un caractère solide, ou comment naviguer dans le flou
le plus total... Le réel est sous contrainte, la fuite est un
excellent conseil et mode de vie face à ce type de folie, qui ne dit
pas son nom.
Réduit au néant et au silence, comment fuir cet enfer ou
cette entreprise aux aspects sadiques ? Telle est la question, mais la
loi ne peut
tout résoudre, alors comment (re)naître ? Du courage et même
beaucoup plus face à l’adversité et l’inaudible de la chose.
5 - Psychopathie et perversion?
Le texte Psychopathes ou pervers : Le faux débat ? (sur cette page) met
en évidence la profusion langagière concernant
seulement la psychopathie ou ce qui est plus connu sous le terme de
perversion narcissique, et si l’on s’en tient au seul mot pervers, dans
le langage courant, ses définitions religieuses ou morales, la
confusion peut devenir totale.
Faut-il aussi pouvoir distinguer ce qui
est de l’ordre des perversités sexuelles, non criminelles ou consenties
entre adultes, mais trouvant une nature commune ou l’autre devient
objet et non pas un être de désir à part entière.
Le champ des perversions est large, il en va de la petite décharge de
plaisir agissant comme des stimuli, jusqu’à ce qui peut s’apparenter à
une non nature d’être, une impossibilité de vivre comme tout à chacun
dans une démarche
altère.
L’idée que "l’homme est un loup pour l’homme" s’accorde bien avec
les personnalités les plus extrêmes du pervers criminel, c’est-à-dire
celui qui avec cette pathologie tendra irrémédiablement à commettre des
actes non légaux, allant de la corruption passive ou active au meurtre,
comme d’un rituel.
De plus ce texte date de l’année 2003, les notions liées à ce terme
sont encore plus nombreuses et si l’on cherche dans l’abondance des
textes, en finalité, beaucoup de redite, d’appréciations, et assez peu
d’analyse clinique ou de compréhension de quel chemin la victime doit
parcourir pour s’entendre dire, non ce n’est pas vous qui êtes
malade et dangereux, mais celui ou ceux assaillant vos pensées
quotidiennes.
Une partie de cette littérature des autoroutes de
l’information a surtout pour objectif de se créer une clientèle, vendre
une approche comportementaliste, quand ce n’est pas un groupe sectaire,
et apporter des réponses simples à une question d’une très grande
complexité.
Le psychopathe en anglais ou en psychiatrie, le pervers narcissique
pour lui donner une double réalité est une expression de plus en plus
commune. Au risque des interprétations les pervers criminels n’ont pas
un visage commun, mais une communauté dans la nature de l’acte commis
sur autrui, visant à détruire et s’approprier ce que l’autre a et
qu’ils n’auront jamais.
Pour ce type de pathologie, il faut se rendre à
l’évidence, que ce qui est tu dans les profondeurs de ces âmes damnées,
ne peut être analysé que sous l’angle de ce que les victimes ont enduré
ou endurent encore.
On ne revient pas facilement de l’horreur, et pour pouvoir remonter
l’ensemble des conséquences, il faut signaler que la victime est
soumise à un système répressif (interne et externe) et que pour s’en
libérer, faut-il trouver la combinaison pouvant vous libérer d’un tel
joug.
Pas simple, plus que problématique, une personne sous l’emprise d’un
pervers narcissique, va endurer la souffrance et ne sera pas dans la
majorité des cas quoi faire.
Sauf à revivre un tel traumatisme, tellement subi et sans être en
mesure d’y faire face véritablement. Il semble indispensable de pouvoir
mieux cerner un problème touchant à l’échelle de la France quelques
dizaines de milliers de personnes, très majoritairement des femmes,
mais aussi une proportion assez peu connue d’hommes confrontés à un
grand vide et finalement connaissant assez peu de recours dans
l'adversité à laquelle ils ou elles devront faire face seul-e-s.
Toutefois, il existe toujours un moyen d’agir et il est possible de se
remettre de telles épreuves, sachant que la personne toxique agit comme
un prédateur ou un chasseur et l’objectif est la mort du « gibier ». Il
faut apprendre à ne plus être une proie et parer aux urgences. La prise
de conscience
peut agir comme d’un déclic, d’une lecture, d’une vidéo sur Internet ou
des
témoignages, de reportages TV, à la galerie « je promène » ma souris
sur les moteurs de recherche… pour comprendre.
Des doutes s’ajoutant à d’autres peuvent
venir vous mener vers un début de résolution des problèmes, c’est de
pouvoir nommer l'intrus. Car le pervers manipulateur narcissique ou
psychopathe, lui n’en a pas fini avec sa victime, plus exactement avec
ses
victimes. Aussi le pervers narcissique n’est pas cantonné à la seule
sphère familiale, ses terrains de chasses sont étendus.
Ces messieurs
et madame tout le monde sont dangereux, mais comme ils agissent
toujours dans un réel qui est leur est propre, hors de l’entendement et
de la loi, nos détrousseurs d’âmes ne sont que le reflet de leur
absence, vous comprendrez qu’un bon nombre passe entre les filets.
L’on touche là plus exactement une limite, voire un segment entre la
psychiatrie et le monde de la justice pénale, où la réponse de ces deux
institutions de la République ne sont pas contradictoires, mais
complémentaires. Mais les réponses largement insuffisantes sur l’agir
de celui qui manipule ou comment il tisse comme une araignée une toile
sur sa victime, et cela peut durer des années et même des décennies et
jusqu’au suicide de la victime.
Il y a de quoi se rendre compte du malaise, il faut prendre en
considération que les conséquences ne peuvent que favoriser des
angoisses et des peurs, source d’un repli sur soi pour les victimes et
provoquer de nombreux maux (perte d'emploi, envies suicidaires, ...).
D’autres termes comme « vampires » ont fait
leur apparition dans le langage courant, donnant bien l’image d’un
individu qui a pour objet de vous vider de votre substance, de votre
vie.
Notes :
(1) "Pour en finir avec les
Pervers Narcissiques", un livre de Marie France Tayebaly:
« La famille est souvent le
terrain fertile où la perversion s’enracine, laissant croire à ceux qui
la subissent qu’ils sont victimes d’une fatalité implacable. »
(2) La "psychose blanche"Le Blanc, Le Vide
– Mère Morte « Quelles sont les modalités de ce
secteur touché par la Folie privée ? Sans être du délire comme dans la
psychose, ni dépression, la psychose blanche (telle que Green la nomme)
touche la pensée elle-même. Être frappé de blanc, d’incapacité à
penser, se sentir vide, avoir la tête vide, trouée… S’ouvre la
passionnante clinique du vide. Pensons par exemple a celui qui mange
sans mâcher, qui se remplit, ou à celui qui parle, parle, parle, parle,
pour remplir un vide, une absence profonde de sens.
La psychose blanche
agit comme une paralysie de la pensée.Green apporte alors dans un
article qui a fait date (in Narcissisme de Vie, Narcissisme de Mort) le
concept de mère morte. La mère morte n’est pas réellement morte, mais
psychiquement morte. Accaparée par la dépression, par la souffrance, la
mère désinvestit l’enfant, laisse un vide… Tout ce que l’enfant a,
c’est un trou, un vide, qui est préférable à rien n’avoir. Alors, il
s’identifie négativement à ce vide, ce trou, trouant ainsi son Moi,
laissant du blanc. L’informe, l’absence de contenant, seront les
caractéristiques de ce secteur de la pensée. Le sujet est ainsi
mobilisé par cette dame blanche.
Reprenons les deux pulsions originaires : La pulsion de vie lie alors
que la pulsion de mort sépare et disjoint. Deux énoncés contradictoires
peuvent ainsi se lier ou alors devenir paradoxaux. Le devenir paradoxal
est le fruit de clivage. Le clivage coupe, pose un hiatus sans
communication, la pensée est déliée et semble incohérente. La
dé-liaison
du clivage lorsqu’elle touche la pensée est ressentie comme une
paralysie intellectuelle, comme des trous dans la tête… »
Source
: La
psychose blanche chez André Green
(3) Perversion narcissique, ses
origines
« L'expression perversion narcissique est
proposée en 1986 par
Racamier dans Entre agonie psychique, déni psychotique et perversion
narcissique1, puis en 1987 dans La Perversion narcissique, enfin en
1992 dans Génie des origines. Il la tire de la théorisation
psychanalytique qui relie les points de vue de Freud sur la sexualité
et sur le narcissisme. Le terme s'est ensuite étendu dans la
psychologie populaire commune où il a aussi pris des sens qui relèvent
parfois d'un jugement de valeur.
Pour Racamier, elle est « une organisation durable caractérisée par la
capacité à se mettre à l'abri des conflits internes, et en particulier
du deuil, en se faisant valoir au détriment d'un objet manipulé comme
un ustensile ou un faire-valoir ». Selon Gérard Bayle, Racamier ne
cherche pas à qualifier des individus mais à identifier l'origine d'un
dysfonctionnement dans les interactions : il explique que la notion «
sert son souci de décrire et de traquer les processus pervers dans les
familles et dans les groupes. » La mise en actes de ces stratégies est
précisée par Racamier. »
. source Wikipedia
(4) Le Harcèlement Moral : la violence perverse au quotidien - Éditions
La Découverte & Syros, 1998
« II est possible de détruire quelqu'un
juste avec des mots, des
regards, des sous-entendus : cela se nomme violence perverse ou
harcèlement moral.Dans ce livre nourri de nombreux témoignages,
l'auteur analyse la spécificité de la relation perverse et met en garde
contre toute tentative de banalisation. Elle nous montre qu'un même
processus mortifère est à l'oeuvre, qu'il s'agisse d'un couple, d'une
famille ou d'une entreprise, entraînant les victimes dans une spirale
dépressive, voire suicidaire. Ces violences insidieuses découlent d'une
même volonté de se débarrasser de quelqu'un sans se salir les mains.
Car le propre du pervers est d'avancer masqué.
C'est cette imposture qu'il faut dévoiler pour permettre à la victime
de retrouver ses repères et de se soustraire à l'emprise de son
agresseur. S'appuyant sur son expérience clinique, l'auteur se place en
effet, en tant que victimologue, du côté des personnes agressées pour
que le harcèlement qu'elles subissent quotidiennement soit pris en
compte et nommé pour ce qu'il est : un véritable meurtre psychique. »
Psychopathes ou pervers :
Le faux débat ?
Jean-Pierre Chartier (*)
Le débat autour du statut différentiel entre « psychopathes » et «
pervers » qui anime les cliniciens est-il justifier ou révèle-t-il le
malaise actuel autour de la psychopathologie ? C'est à partir d'une
recherche historique sur les concepts que Jean-Pierre Chartier explore
ici les défaillances de l'organisation psychique qui éclairent de tels
comportements.
En psychopathologie, psychopathes et pervers ont en commun d'apparaître
comme ceux qui seraient les plus faciles à diagnostiquer comme tels
tant leurs symptomatologies semblent évidentes si ce n’est
caricaturale. Comment ne pas reconnaître le pervers contraint de mettre
en acte un
scénario immuable, seul susceptible de lui apporter le plaisir sexuel,
quelles qu'en soient les conséquences judiciaires ?
Quant au psychopathe, sa quête éperdue de jouissance transgressive, son
recours permanent au passage à l'acte destructeur et son absence de
remords et de toute culpabilité après les crimes les plus odieux,
suffisent à l'identifier, que l'on soit ou non spécialiste de la psyché
!
Mais sont-ils vraiment différents ?
Après avoir été confondus au début du siècle, puis opposés dans les
années 1980, la question de leur statut différentiel continue d'animer
sinon d'enrager les réunions de cliniciens : ce sujet dérangeant est-il
pervers ou psychopathe ?
J'essaierai ici de montrer qu'il s'agit d'un faux débat, fruit de
méconnaissances étymologiques et historiques et qui illustre
parfaitement le malaise actuel de la psychopathologie.
Une profusion de termes et de concepts
C'est Pinel
qui, le premier, observa et décrivit en 1801 des aliénés
qui présentaient « une manie sans délire ». Ne souffrant d'aucune
lésion de l'entendement, « ils sont dominés par une sorte d'instinct de
fureur, comme si les facultés affectives avaient été seulement lésées
». Rush, le père de la psychiatrie américaine, onze ans plus tard,
incriminera le « dérangement de la volonté et l'indécence » chez des
patients comme ceux de Pinel.
Ainsi sera-t-il le premier à utiliser des
critères moraux pour les caractériser... ce que le psychiatre anglais
Pritchard va systématiser en parlant de « folie morale » (Moral
Insanity) en 1835. On peut, selon Reid Meloy (Meloy, 2000), le
considérer « comme le chef de file des générations qui ont contaminé
l'objectivité scientifique par un discours moralisateur », celui qui
reste présent dans les DSM (1).
En France, Morel, en 1857, introduira le concept de « dégénérescence
nerveuse ». Il sera relayé par son élève Magnan qui proposera celui de
« déséquilibre » (1895) qui a en partie survécue jusqu'à aujourd'hui.
Entendons que le « déséquilibré » est quelqu'un qui a un cerveau qui
dysfonctionne puisque sa partie frontale ne contrôle pas les zones
instinctuelles postérieures.
Si la plupart des auteurs français sont avant tout préoccupés de
découvrir une étiologie organique et/ou héréditaire, comme Lombroso en
Italie et son « criminel né », Dupré va réinstaurer la confusion entre
l'approche médicale et la morale en introduisant sa théorie de la «
perversion constitutionnelle » lors du Congrès des aliénistes de langue
française qui se réunissait en 1912 à Tunis. Pour ce psychiatre du
ministère de la Justice, « les perversions sont des anomalies
constitutionnelles des instincts de l'individu considéré dans son
activité morale et sociale. La perversion est aux plans moral et social
l'équivalent de l'oligophrénie au plan intellectuel ».
L’impact de cette conception du pervers inéducable, inamendable et
inintimidable fut considérable, elle continue d'infiltrer les
théorisations les plus récentes. Le jeune au fonctionnement pervers qui
s'amuse à corrompre son compagnon est du côté du «mal pur », écrit en
2001 un psychiatre qui enseigne la psychopathologie à Bruxelles (Havez,
2001). L’origine de cette version peccamineuse, si ce n'est
théologique, des désordres du comportement se trouve, selon moi, dans
l'amphibologie des mots « perversion » et « pervers ».
Le mot « pervers » apparaît dans la langue française au XII° siècle
(1176) ; il est issu du latin perversitas qui désigne le goût pour le
mal, la malignité de celui qui cherche à nuire à autrui en
accomplissant des actes agressifs, immoraux et systématiquement
malveillants. La perversité renvoie ainsi à l'axiologie, au péché et au
vice.
La perversion (1190), du latin pervertere qui signifiait mettre sens
dessus dessous, bouleverser, renvoie à l'idée de retournement comme
dans « subversion » et à celle de changement radical comme dans «
conversion ». Le pervers, dans cette acception, a des comportements aux
antipodes du sujet normal, en particulier dans le domaine de la
sexualité.
En 1905, Freud publie un livre scandaleux qui propose une étiologie
psychique de ces conduites. Les Trois essais sur la théorie sexuelle
(Freud, 1905) entendent démontrer que les perversions trouvent leurs
racines dans l'enfance. Les expériences corporelles et les
satisfactions recherchées aux plans oral, anal puis génital,
constituent autant de points de fixation possibles pour de futures
conduites perverses.
Les traits de sexualité considérés comme anormaux se retrouvent chez
les névrosés sous forme de fantasme ; chez le pervers, ils sont au
contraire mis en actes d'où la célèbre formule freudienne « la névrose
est le négatif de la perversion » ; il faut ici entendre négatif au
sens photographique du terme. Avec « « On bat un enfant », en 1919, il
établira l'origine oedipienne des futures perversions, mais c'est dans
l'article sur le fétichisme, en 1927, qu'il va relier les perversions à
la problématique d'une angoisse de castration insupportable.
En 1923, Kurt Schneider reprendra à Kraepelin le terme de «
psychopathie» pour désigner des états qui ne relèvent en rien de
processus organiques pathologiques, mais qui dépendent de personnalités
« anormales » telles que leur caractère anormal les fait pâtir ou fait
pâtir la société. Le psychopathe est étymologiquement celui qui souffre
de sa psyché, encore faut-il préciser qu'il n'en veut rien savoir.
Ainsi, les mêmes sujets seront diagnostiqués « pervers » en France
(versus Dupré) et « psychopathes » en Allemagne (versus Schneider).
Le terme de psychopathie s'imposera ensuite partout, même s'il fut lui
aussi contaminé par cette dérive moralisatrice dont la psychiatrie
répugne apparemment à se défaire. Aux États-Unis, en 1941, Cleckley
définit seize caractéristiques qui seront à la base des échelles
contemporaines censées mesurer la psychopathie. Mises au point par Hare
pour les adultes et par Frick pour les enfants, elles inspirent la
plupart des recherches actuelles qui s'inscrivent dans le paradigme du
DSM bien que celui-ci n'envisage que le diagnostic de « personnalité
antisociale ».
Qu'en est-il aujourd'hui ?
Je m’inscrirai en faux contre l'affirmation de Gilles Coté et de
Thierry Hoang Pham (2000) pour qui « la psychopathie est devenue une
entité nosographique beaucoup mieux circonscrite au cours des vingt
dernières années ». Pour preuve, la multiplication actuelle des
dénominations qui se juxtaposent, voire se superposent.
Ainsi utilise-t-on en France les concepts d'« organisation à expression
psychopathique » d'Hubert Flavigny (Flavigny, 1996), de « pervers
narcissique » de Racamier ; aux États-Unis : « la personnalité
antisociale » du DsM IV, mais aussi « la personnalité antisociale avec
psychopathie sévère » (Reid Meloy), repris par les psychiatres français
sous l'appellation tautologique de « psychopathie grave », comme s'il
pouvait en exister de bénignes !
Ce confusionnisme est le résultat de la coexistence de classifications
purement symptomatiques avec d'autres approches qui cherchent à prendre
en compte l'organisation de la personnalité, difficulté de toute la
psychopathologie actuelle, compliquée dans le cas de la psychopathie
par la difficile articulation du social et du thérapeutique, où
fantasmes et préjugés se masquent sous les apparences de la
scientificité.
Faut-il alors différencier, voire opposer, perversion et psychopathie ?
Si l'on s'en tient à la symptômelogie. oui, surtout si l'on se réfère
aux perversions sexuelles. Pour les autres sujets qualifiés de «
pervers », cela paraît beaucoup moins évident. Je soutiendrai qu'au
niveau structural cette distinction perd toute signification. L'agir
compulsif et protecteur pour leur psyché apparaît bien comme le
symptôme cardinal de ces pathologies. Lacan, le 23 janvier 1923, dans
son séminaire sur «L ’angoisse », distinguera l'acting out porteur
d'une parole in statut nascendi, du passage à l'acte, moment de bascule
« hors du symbolique vers le réel ».
Ainsi, «l’agir », terme que je préfère à celui de « passage à l'acte »,
connoté psychiatriquement et ambigu sémantiquement, se voit dénué de
toute signification symbolique. Il serait la marque d'une impuissance à
métaboliser les tensions par la voie psychique, qu'elle utilise le
symptôme névrotique ou qu'elle emprunte l'hallucination ou le délire
psychotique.
L'agir atteste donc de la présence persistante chez le psychopathe
d'une homéostasie mentale archaïque, basée sur la décharge de toute
tension psychique par « la voir motrice » (Freud, 1956) et révélatrice
de la faillite des processus de symbolisation chez lui.
Un triptyque existentiel
Leur vie semble s'organiser autour d'un triptyque existentiel que j'ai
appelé les « 3D » : déni, défi, délit (Chartier, 1991-1998-2001).
Le déni, défense radicale contre les sources externes d'angoisse, est
décrit par Freud à plusieurs reprises dans son oeuvre, en particulier
comme un mécanisme spécifique des psychoses (cf. le clivage du moi,
1938). Je soutiendrai avec d'autres qu'il a une place centrale dans
l'organisation et le fonctionnement de la personnalité psychopathique.
Reid Meloy, qui consacre une dizaine de pages à ce mécanisme qu'il
situe sur un continuum, affirme que le processus psychopathique «permet
à l'individu de cultiver différentes formes de déni qui vont des formes
quasi psychotiques à des rationalisations de niveau développemental
supérieur ».
Quoi qu'il en soit, pour le psychopathe, le déni est cette incapacité
structurale de se situer en tant que responsable de ses actions.
L'autre sera toujours jugé, de bonne foi, comme l'auteur des
tribulations qui l'accablent. De la même manière, le déni des
conséquences de leurs actes amène les psychopathes à de folles
extrémités comportementales, susceptibles de mettre en péril leur
existence et celle d'autrui.
Le défi est aussi au coeur de leurs conduites. Défi de la loi et de
l'autorité sous toutes ses formes (enseignants, policiers, etc.), mais
aussi défi de l'autre et défi de soi-même, censé démontrer son
omnipotence. Ainsi va le « Chevalier de Thanatos », arpentant les
trottoirs des hauts lieux de la marge afin de se mesurer à plus fort
que lui (Chartier, 1986).
Le troisième D, le délit, est la conséquence inévitable des deux
précédents. Cette « formule existentielle» peut s'appliquer aussi aux
pervers sexuels et aux grands toxicomanes. Seuls la localisation du
déni (absence de pénis chez la femme dans les perversions sexuelles,
déni de la mort dans les conduites addictives) et le niveau de
désintrication pulsionnelle permettent de différencier ces sujets qui,
selon moi, relèveraient tous de la structure perverse (Lacan, Aulanier).
Une homologie structurale
Comme je l'ai déjà écrit, notre expérience clinique nous emmène à
affirmer l'homologie structurale des grands toxicomanes, des pervers
sexuels et des psychopathes. Deviendrait pervers ou addictif l'enfant
qui, confronté à des expériences traumatisantes et, en particulier, à
«l’idolâtrie maternelle » (Masud Khan, 1977) a su sauvegarder une
liaison suffisante des pulsions à travers des pratiques sexuelles ou
toxiques qui ont la particularité de satisfaire conjointement Eros et
Thanatos. Risque d'entrer dans la carrière psychopathique celui chez
qui les expériences traumatiques ont contribué à désintriquer plus
profondément les pulsions.
Fritz Wittels, dès 1937, dans un article brillant « Le psychopathe
criminel,», oppose le « Don Juan névrosé du Moyen Âge chrétien au Don
Juan psychopathe de l'opéra de Mozart » : c'est un personnage
préoedipien typiquement narcissique « phallique » qui ne connaît ni
limites (il tue son père) ni culpabilité, car « il n'est jamais passé
par les fourches caudines de l'angoisse de castration ».
Chez lui coexistent, clivées et sans problème d'inhibition, masculinité
et féminité, qu'il utilise à son gré, « ce qui en fait un psychopathe
triomphant et trépidant ». Peu d'auteurs, à ma connaissance, n'ont
approfondi cette bisexualité aconflictuelle du psychopathe. Les
analystes postkleiniens, en revanche, mettront en évidence le rôle
primordial des mécanismes de défenses archaïques (clivage, déni,
identification projective, idéalisation primaire).
Kernberg (1975) fera de la psychopathie une variante des personnalités
narcissiques qui souffrent d'un excès d'agressivité et sont incapables
d'établir des relations objectales.
L'identification « au soi grandiose» (Heinz Kohut) permet ainsi au
psychopathe « état limite » en danger de décompensation psychotique de
se restaurer dans une position d'omnipotence. Il n'y a pas d'offense
narcissique minime pour ces sujets psychopathes et pervers pour qui «
l'autre est le prolongement de leur soi grandiose ». « Les mauvais
traitements infligés, le sadisme et le meurtre d'autrui sont à
l'évidence les preuves qu'ils n'ont pas pu se construire de
représentation de l'autre et qu'ils externalisent leurs conflits sur
lui, en lui déniant toute altérité. » (Racamier.)
L'autre devient ainsi « le miroir du
négatif de soi » (Roussillon).
Mais pourquoi n'ont-ils pas pu se fabriquer de représentation de
l'autre ? La raison est simple : ils n'ont pas pu se construire une
image positive d'eux-mêmes. L’internalisation (Hartman, 1939) est un
processus par lequel « le sujet transforme les interactions
régulatrices réelles ou imaginaires avec son environnement et les
caractéristiques réelles ou imaginaires de son environnement en règles
et caractéristiques internes ».
Prototype de l'identification, équivalent psychanalytique de
l'incorporation piagéticienne, elle ne fonctionnerait pas chez le
psychopathe et le pervers, empêchant la mise en place des
identifications humani- santes et socialisantes.
Pour conclure...
Ainsi, pour moi, la distinction pervers/psychopathe est un faux débat
qui révèle pleinement l'antagonisme des cliniciens qui se réfèrent soit
à une approche symptomatique, soit à un abord structural des patients
comme Freud l'avait fait en formulant sa loi de cristal (Freud, 1974).
Quand on frappe un cristal minéral, celui-ci se brise en fonction de
son organisation interne. Cette façon d'envisager la psychopathologie,
même si elle fait l'objet de nombreuses critiques, me semble en tout
cas plus appropriée que le recours aux approches symptomatiques
statistiques des DsM et autres CIM qui se donnent l'apparence de la
scientificité et fonctionnent comme le miroir aux alouettes des
cliniciens.
(*) Psychanalyste - Membre du 4e Groupe Directeur de l'École de
psychologues praticiens
Source : Le journal des psychologues (année 2003)
L'enfant du pervers
Extrait du
livre : Pour en finir avec les tyrans et les pervers dans la famille,
de Me Yvonne Poncet-Bonissol.
Une
famille formidable
Toute la difficulté pour l’enfant confronté à un parent pervers
narcissique réside dans un paradoxe : sa souffrance est d’autant plus
gigantesque que tous les signes extérieurs de son développement, ainsi
que ceux relatifs à son milieu familial, non seulement ne laissent
transparaître aucune faille, aucune souffrance, mais renverraient même
l’image d’une famille quasi parfaite, dans laquelle l’enfant se
développe et grandit dans l’harmonie sans jamais poser de problème.
Par conséquent, cet enfant n’a aucun moyen direct de crier son malaise,
aucune accroche possible dans cette illusion d’harmonie et cette
réalité factice, aucune place pour une quelconque révolte : le piège
est bien ficelé, l’image renvoyée est lisse, socialement correcte.
C’est un peu comme avoir un revolver braqué dans le dos et être obligé
de faire bonne figure pour ne pas que celui qui le pointe tire. Ne
surtout pas attirer l’attention sur la face cachée de la réalité.
Seul au monde
« le sentiment dominant, de loin, chez cet enfant, est celui d’un
isolement profond et d’une immense solitude », précise Catherine
Salobir, psychologue clinicienne. D’abord parce qu’il n’existe entre
son parent pervers narcissique et lui aucune transmission, quelle
qu’elle soit. Rien ne lui est dit, rien ne lui est jamais raconté, ou
alors, bien « enrobé » et « lissé ». Il prendra conscience, au fil des
années, qu’il y a des trous dans son histoire, parce qu’il n’y a jamais
eu de véritable récit à ce sujet. Les bribes d’information que l’enfant
finira par obtenir ne seront que celles qu’il aura pu glaner de ci de
là, au fil des conversations dont il aura été le témoin avec certains
proches de la famille, ou de recoupements que lui seul sera parvenu à
établir. Le pervers narcissique ne se dévoile pas, il ne livre rien.
Ainsi, tant sur le plan de son histoire personnelle que sur celui des
connaissances générales, l’enfant comprend très tôt qu’il doit tout
découvrir et apprendre par lui-même. Il sait qu’il devra grandir seul,
ce qu’il aura beaucoup de mal à pardonner.
L’enfant a par conséquent du mal à se situer dans son histoire, à
trouver sa place, comme si le lien de la filiation n’existait
finalement que sur les registres d’état civil. C’est là encore un
paradoxe : son parent est bien vivant, mais en réalité, l’enfant se
sent orphelin, à ceci près qu’il n’a aucune chance d’être adopté, ce à
quoi il pense d’ailleurs parfois car cela signifierait enfin avoir un
parent, c'est-à-dire quelqu’un qui sait que l’essentiel est dans le don
et l’échange, quelqu’un qui « sait vivre ».
Le pervers narcissique vit avec son enfant, mais séparément ; ils ne
partagent rien. Sécheresse absolue. Un gouffre infini les sépare. Le
parent ne sait pas ouvrir les portes de son cœur, symboliquement tenir
chaud et envelopper. C’est un langage qu’il ignore complètement et dont
il ne veut rien entendre, préférant se réfugier dans une
intellectualisation quasi systématique des évènements de la vie, qui
lui permet habilement, (car il s’agit en général d’un être brillant),
de ne pas aborder les sujets sensibles tout en jouissant d’un pouvoir
de fascination sur son entourage, qui se laisse, hélas, berner.
De cette mascarade, l’enfant est témoin, mais il a appris à dissimuler
sa nausée et son chagrin. Sa plaie est à l’intérieur, comme sa
solitude. Que son parent soit donc rassuré, pour l’heure tout semble –
désespérément – normal.
Le pervers narcissique ne présente son enfant aux autres qu’à travers
son propre narcissisme, ce qui le valorise aussi. De fait, l’extérieur
ne perçoit cet enfant qu’à travers la description qu’il lui en fait, et
le méconnaît. Une fois encore, nous sommes dans le domaine de l’image,
de l’apparence. L’enfant expérimente la solitude qu’il y a à ne pas
être reconnu et compris, à peaufiner l’image du foyer parfait, comme un
accessoire dernier cri qu’il est de bon ton d’afficher.
Il arrive néanmoins que certaines personnes proches de l’entourage
familial parviennent à saisir quelque chose de cet enfant : capables
d’une réelle écoute et de se faire leur propre idée sur lui, sans être
influencés par le discours ambiant des parents, ils établissent avec
lui une relation sincère et vraie, simplement parce qu’ils le
regardent, lui.
Cette situation nouvelle procure à l’enfant un profond bien-être, même
si, dans le même temps, cela ne fait qu’intensifier sa souffrance de
réaliser que ses proches sont incapables de saisir au quotidien ce que
d’autres, plus éloignés et plus anonymes, ont su percevoir.
Un dernier aspect du sentiment d’isolement est directement lié à
l’autre parent, le conjoint sur lequel le pervers narcissique exerce
une emprise considérable, pris dans une relation de soumission, avalé
par celui qui organise et centre chaque instant de la vie autour de
lui, devant abandonner presque totalement son rôle de parent pour se
dévouer exclusivement à celui d’époux ou d’épouse. L’enfant est
doublement orphelin de ses parents : il réalise l’impensable, il lui
faut faire son deuil et surmonter l’anachronisme qu’il y a à vivre avec
ceux qui sont déjà morts, qu’il doit déjà « enterrer ».
Qui suis-je ?
L’affirmation de soi est également très délicate pour l’enfant :
n’ayant pas de place réelle, il a beaucoup de mal à se manifester
autrement qu’à travers ce qu’il a compris de ce qu’il devait être. Il
ne réclame jamais grand-chose, n’est quasiment jamais demandeur. Il
sait qu’il doit se glisser dans le costume tristement étroit qu’on a
confectionné pour lui, sinon il deviendra un étranger. Il n’y a pas
d’espace pour la contestation, qui serait immédiatement étouffée et
violemment réprimée. L’enfant perçoit très tôt, dans ce simulacre
d’équilibre, l’intolérance de son parent à toute forme de différence, à
tout ce qui ne lui ressemble pas. La singularité est taboue.
La discrète mais réelle dictature ambiante ne laisse évidemment pas de
place à la discussion, à l’échange de points de vue différents, puisque
rien ne doit risquer de menacer l’ordre établi et le sentiment de toute
puissance que le pervers narcissique défend envers et contre tout.
L’enfant sait que c’est ailleurs qu’il pourra vivre libre, qu’il doit
pour l’instant se taire s’il ne veut pas être rejeté ou risquer de
confronter son parent à son propre néant. Il ne s’oppose pas de front
au pervers narcissique, il se réfugie souvent dans le silence, ce qui
lui vaut alors d’être défini comme un enfant sage et bien élevé, un
enfant modèle qui vient redorer bien malgré lui le blason du
narcissisme du parent, qui, incapable de la moindre empathie, à aucun
moment ne réalise l’artificiel de cette attitude.
Ce silence imposé verrouille chez l’enfant toute verbalisation des
sentiments et des affects. La parole avec le pervers narcissique ne
s’articule qu’autour de discussions où les émotions ne transparaissent
jamais parce qu’elles sont dangereuses pour lui, risqueraient de
l’affaiblir, de le rendre vulnérable et de lui faire perdre son
pouvoir. Son discours, souvent empreint d’une culture à vertu
protectrice, est toujours sérieux ». Sa parole, sa pensée, doit occuper
tout l’espace, tant celui des autres que celui de leurs émotions. Ici,
on ne s’épanche pas, on raisonne. Ici, on ne vit pas, on est mort.
Une île au milieu des gens
Le fardeau que supporte l’enfant du pervers narcissique a un impact sur
ses relations avec le monde extérieur.
Sur le plan relationnel, l’enfant dans sa famille témoigne d’une
raideur forte vis-à-vis du contact physique. Les rares étreintes avec
le parent ne sont pas chaleureuses, comme si l’enfant se préservait de
manière inconsciente, d’une dangereuse contamination. Au quotidien, ce
contact physique se réduit au strict minimum, comme s’il fallait mettre
le plus de distance entre la vie et la mort. Il faut dire que le parent
narcissique n’est pas lui non plus enclin au contact physique.
Sur le plan social, il ne sera pas facile à l’enfant de nouer des
contacts avec les autres. D’avoir vécu auprès d’un parent intolérant à
toute différence, systématiquement dans le jugement et préoccupé par
l’apparence lui aura rendu difficile toute spontanéité et toute
intégration dans un groupe : du temps lui sera nécessaire.
L’enfant du pervers narcissique, qui a appris à survivre à la tragédie
des faux-semblants, a toujours eu en lui la connaissance intuitive et
très précoce qu’il échapperait au piège de son parent et qu’il
trouverait, dehors, la terre qu’il devait conquérir pour vivre libre
(sauf si les manipulations font apparaître le monde extérieur comme
dangereux, auquel cas il sera pris dans un filet de contradictions
inconscientes plutôt paralysant).
Plus âgé, il « sait » qu’il est un rescapé, qu’il est passé à côté de
ce qui aurait pu l’enterrer vivant, le rendre taciturne ou pire. C’est
pourquoi il a parfois la rage de vivre chevillée à l’âme, la rage
d’exister, de dire, de se dire, et surtout de partager, de transmettre.
Dans ce duel ultra sophistiqué, le pervers narcissique n’est pas
parvenu à mettre la voix de son enfant en échec, ni sa richesse, ni sa
chaleur.
L’immense solitude dans laquelle il l’aura fait vivre pendant des
années aura fait naître un sentiment de force et d’indépendance, même
s’il met du temps à se révéler. Il a grandi seul, est devenu fort et
avide de liberté, lui qui a connu la prison. Il saura jouir de la vie
d’une manière qui déplaira certainement à son parent, confronté à son
propre vide et à son affligeante inconsistance. Tel est le destin d’un
enfant parvenu à faire de sa souffrance l’œuvre d’art de sa vie.
Cependant, les enfants n’ont pas tous, face au drame d’avoir un parent
pervers narcissique, ce potentiel de lutte et de survie. Pour la
majorité d’entre eux, certains symptomes empreints de souffrance
s’expriment très tôt : agressivité, terreurs nocturnes, troubles
alimentaires, psychosomatisations, allergies… Toutes ces manifestations
expriment une soif d’être aimé, regardé et entendu.
Tyrannique, coléreux, agressif… Non, il
n’est pas caractériel. Mais en révolte. Dans
la
constellation familiale du
pervers narcissique, on constate que l’enfant est très tôt désigné
comme l’héritier du parent pervers. C’est celui qui, généralement, est
le préféré de ce dernier, comme s’il avait reconnu d’emblée celui qui
serait digne de lui « succéder ». Alors peu à peu, une toile d’araignée
perverse se tisse.
« La loi est représentée par des êtres humains, plus ou moins
conscients, plus ou moins consciencieux, plus ou moins influençables,
plus ou moins au courant des pathologies psychologiques et des
techniques de manipulation mentale.
Lorsqu’une procédure juridique oppose une personne honnête à un pervers
narcissique, c’est généralement de la personne honnête dont le juge va
douter, et non du pervers narcissique ! Ce n’est pas parce que le
manipulateur est plus malin. C'est tout simplement parce que, pour le
pervers narcissique, il n’y a aucune différence entre le bien et le
mal. Puisque le pervers narcissique pense toujours avoir raison, il en
arrive à convaincre les autres de sa prétendue bonne foi. C’est aussi
simple que cela !
Ma propre expérience m'a montré que la seule solution pour qu'un juge
commence à entrevoir la réalité, c'est que la procédure devienne de
plus en plus dure. Le pervers narcissique ne peut accepter de
s'expliquer. Il ne peut admettre la remise en question. Il est
incapable de se justifier calmement face à une attaque en règle. S'il
est poussé dans ses retranchements par la partie adverse et par le
juge, le pervers narcissique est capable de perdre son contrôle
légendaire et de se dévoiler tel qu'il est, à la fois extrêmement
pervers, très manipulateur et totalement narcissique.
C'est ce qui a failli se passer pour mon cas personnel en Appel,
puisqu'une Juge sur 3 s'est parfaitement rendue compte du problème qu'a
la mère de mes enfants. C'est aussi ce qui se passe maintenant devant
un pédopsy. Celui-ci vient d'organiser une première séance en présence
de mon ex épouse et moi, sous prétexte de sauver nos enfants de
certains troubles qu'ils montrent depuis le début de la procédure de
divorce. Le pédopsy a pris soin de transformer rapidement cette séance
en confrontation au cours de laquelle mon ex épouse a tenu des discours
tellement délirants que l'évidence lui a sauté aux yeux.
Je n'ai donc qu'un seul conseil à vous donner si vous êtes
malheureusement obligé de vous battre contre un pervers narcissique
plutôt que de fuir : Poussez-le toujours plus loin dans ses derniers
retranchements, sans vous énerver, et toujours en présence de la
Justice. Entourez-vous d'un avocat connaissant très bien cette
pathologie. Votre avocat pourra alors vous soutenir lorsque vous êtes
au fond du trou (le combat est psychologiquement très dur à supporter
...), et vous calmer de manière à ne surtout pas vous emporter devant
la Justice. Peut-être arriverez-vous ainsi à gagner face à lui !
Une dernière recommandation : Si vous avez des enfants communs, sachez
que le pervers narcissique s'en prendra forcément à eux s'il n'arrive
pas à vous détruire directement. Prenez donc soin de protéger vos
enfants avant le combat, si c'est possible. Une fois le combat
juridique démarré, le pervers narcissique prendra un immense plaisir à
manipuler vos enfants pour mieux vous détruire ... »
Source
: le Post année 2008
Trouver un soutien
psychologique, une aide juridique !
Le
manipulateur pervers narcissique dans la sphère familiale ?
La violence
physique et psychologique infligée à la maman et à l'enfant
Comment s'en
sortir? Outils, soutiens et solutions !
EN CAS D'URGENCE, COMPOSEZ LE 112 !
Ou bien le 3919 : UN NUMÉRO CONTRE LES VIOLENCES CONJUGALES.
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