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Biographie
de Sigmund Freud
"L'intérêt
porté a la psychanalyse est parti en France des hommes de
lettre. Pour comprendre ce fait, il faut se rappeler que la
psychanalyse, avec l'interprétation des rêves, a
franchi les bornes d'une pure spécialité
médicale" (Sigmund Freud In "Ma
vie et la psychanalyse").
Pour
avertissement ce texte n'est pas récent et il n'est pas sûr que je
l'écrirais dans les mêmes termes, néanmoins, avant de m'engager dans de
nouveaux travaux à son sujet, ce texte est un apport et surtout une
réflexion.
Si
l'on parle de "Freudisme", il faut l'apparenter à l'histoire
de la psychanalyse et au mouvement que construisit Sigmund Freud
à travers l'Europe, notamment centrale. Ils ne furent pas
nombreux au début à s'intéresser au
travail du professeur "viennois". Seuls quelques pionniers (une
dizaine) se réunissaient un jour par semaine (le mercredi)
pour échanger sur les travaux de chacun des membres de ce
premier groupe de psychanalystes. Il s'élargira avec le
temps et la reconnaissance du père de la psychanalyse. Il y
aura avec le temps certains désaccords et plusieurs
séparations, mais certains proches comme Karl Abraham
(Berlin), ou Sandor Ferenczi (Budapest) le resteront jusqu'au bout,
tout en apportant leur pierre à l'édifice.
La
dispute la plus connue se produirsit avec C. G. Jung en 1913, qu'il
rencontrit en 1906 à son domicile. Le doit-on à
l'intransigeance de Freud? rien n'est moins sur, le débat
théorique sera âpre et certaines attaques mettront
en cause son intimité. Quand à sa vie, elle
permet de saisir un peu de sa personnalité. Il fut
critiqué d'avoir voulu brouillé son propre
passé dans ses écrits, de s'être en
quelque sorte servi de ses patients pour y dissimuler sa propre
névrose. Mais que ne lui a t'on pas reproché, ou
que n'a t'on pas inventé pour le discréditer? La
vie fantasmagorique autour du "nom du père" de la
psychanalyse est abondante, et plus de 65 ans après sa
disparition, on continue à alimenter à son propos
des idées fausses. Nous sommes loin d'un marginal, ou d'un
excentrique, c'est un homme relativement austère et bon
père de famille. Le jeune Freud fut plutôt
conformiste et représentatif de l'activité
intellectuelle de la ville de Vienne à la fin du
dix-neuvième siècle, plus largement en Europe
centrale sous domination autrichienne. Toutefois il changera, et de
l'enthousiasme de ses jeunes temps, vont poindre des années
difficiles, une longue traversée du désert et il
sera quasiment incompris dans son propre pays. Il aura aussi le souci
de ne pas passer pour un pur "germaniste".
Ses
rencontres illustrent la place relativement importante qu'il va prendre
auprès d'un grand nombre d'intellectuels ou chercheurs
jusqu'à nos jours. Cette reconnaissance sera toutefois tardive ou
graduelle. A Vienne, plus largement dans le monde
alémanique, il rencontrera beaucoup de résistance
à son travail. Il n'y a pas vraiment de hasard à
voir que les collaborateurs de Freud furent majoritairement juifs, la
bonne société viennoise et bourgeoise baignait
dans une morale étriquée et ouvertement
antisémite. Toutefois entendons-nous sur la
judaïté de Freud, il ne fut pas croyant. Il puisera
dans les origines du judaïsme, un message à bien
des égards universel. La théologie aura une place
importante dans son travail, ainsi que les mythes et
légendes gréco-latines. On peut parler
à son sujet de trois grandes étapes, en rapport
avec son travail et ses recherches. La première
période va de sa naissance à ses
études médicales et ses premières
analyses qualifiées de cathartique (en octobre 1891). La
deuxième concerne la première
théorisation de l'inconscient et de ses
mécanismes (conscient, inconscient et subconscient), ce que
Freud qualifia de première topique. Après 1914,
la seconde topique marque le dernière étape de sa
vie intellectuelle dense, et la théorie du moi, du surmoi et
du ça.
I
- Le jeune Sigismund Freud
prénom qu'il
abandonnera pour devenir Sigmund
Sa
jeunesse se déroule en Autriche, à Vienne, il
fera des études universitaires brillantes, mais probablement
pas au niveau de ses propres attentes. Il
aurait été à un moment
attiré par un
engagement politique, et il fut conduit tout au long de sa vie par une
ambition forte, mais conserva toujours une certaine distance avec le
pouvoir. Le climat social et politique ne lui pas
été
vraiment favorable en tant que juif. Il trouvera dans la médecine et
plus
particulièrement la neurologie de quoi comprendre pourquoi il
deviendra le fondateur d'une nouvelle méthode faisant lien entre
le système nerveux et son apport surl'inconscient.Il voulut une reconnaissance allant bien au
delà de la commune raison. Freud construira l'une des plus
grandes oeuvres théoriques de tous les temps. Il manifestera
très tôt son désir de pouvoir mener ses
propres
recherches et trouver ainsi son indépendance
financière.
La route sera longue et révélatrice des
états
d'âme de notre homme. Il supporte mal la
séparation, la
mort l'afflige, et il cherchera en lui le moteur de comment parvenir
à ses fins et soifs de savoir. Et cela le conduira
à de
crises ou phases dépressives, mais il surmontera toutes les
épreuves et elles furent nombreuses.
"Je
ne ressentais pas, en ces jeunes années, une
prédilection particulière pour la situation et
les occupations du médecin ; je ne l'ai pas d'ailleurs
ressentie depuis. J'étais plutôt mû pas
une sorte de soif de savoir, mais qui se portait plus sur ce qui touche
les relations humaines que sur les objets propres aux sciences
naturelles, soif de savoir qui n'avait d'ailleurs pas reconnu la valeur
de l'observation comme moyen principal de les satisfaire. Cependant, la
doctrine, alors en vogue, de Darwin, m'attirait puissamment, comme
promettant de donner une impulsion extraordinaire à la
compréhension des choses de l'univers, et je me souviens
qu'ayant entendu, peu avant la fin de mes études
secondaires, dans une conférence populaire, le bel essai de
Goethe sur "La Nature", c'est ce qui me décida à
m'inscrire à la faculté de médecine
("Ma vie et la psychanalyse" p. 11 et 12).
II - Naissance de la
psychanalyse
C'est
la deuxième tranche de la vie et de l'oeuvre de Freud
(l'âge mur), il décide d'écrire un
livre sur les rêves (1897). Il posera ainsi les
bases de ses théories, mais l'accueil sera soit glacial,
soit tournera au scandale. Dans l'Empire Autrichien et partout en
Europe, Freud aborde un domaine ou la morale impose plutôt un
silence pesant. Pour exemple lier l'inconscient du rêve
à un désir de nature sexuel, il ne sera pas
vraiment compris. Même si Freud est persuadé du
bien fondé de son travail, il va essuyer à la
parution de son livre sur les rêves un échec.
Toutefois relatif, certaines personnes prendront contacts et
deviendront ses condisciples ou ses patients. Il va aussi essuyer une
nouvelle dépression. Il constatera que son ouvrage
était trop long, la deuxième édition
sera plus courte et trouvera enfin un lectorat plus nombreux. On
compare souvent sa découverte des mécanismes de
l'inconscient à une étape aussi importante que
celle de Copernic et sa description de l'Univers. Plus de cent ans
après on pourrait en douter et passer sous la table ce
savoir. Ce dénigrement ne l'a jamais vraiment
quitté et marquera toutes les
générations de psychanalystes. Au minimum, il
bouleversera l'univers médical et philosophique et offrira
une nouvelle prise en compte du traitement de la souffrance psychique.
Si
Freud a fini par rejeter les concepts de Charcot et Breuer (ses anciens
maîtres), c'est qu'il se rendra compte que les crises des
patientes hystériques se calment après chaque
séances d'hypnoses, mais l'appaisement de la suggestion est
momentané. La thérapeutique hypnotique n'agit
en rien dans le temps, les pathologies réapparaissent
à brève échéance. Alors
comment libéré un patient de ses troubles, Freud
en inventera une clinique un peu particulière, un espace ou
la parole circule sans contrôle. Mais ou a t'il pu donc
allé chercher ce savoir, pourrait on se demander ? En lui,
tout simplement grâce à sa phase d'auto-analyse
(après le décès de son père
Jakob). Ses propres associations vont au fil des années
renforcer l'idée que le "savoir" est en chacun de nous.
Comme Lacan l'envisagera, le psychanalyste a un rôle de
passeur. De nos jours l'ethnopsychiatrie ferait
référence au shaman et son rôle
initiatique. Celui qui sait n'est pas l'analyste mais l'analysant et en
laissant libre cours à la parole, il peut mettre
à jour la part inconsciente ou refoulée. En
quelque sorte, le psychanalyste dispose d'outil pour amener le patient
à mieux se connaître et si possible engager une
transformation de ses symptômes.
Le
cas le plus emblématique fut celui de Anna O., sa
première patiente, celle qui expérimentera avec
lui la toute nouvelle pratique psychanalytique. Freud cherchera
à lever les troubles de sa patiente en travaillant sur son
enfance et les conséquences de certaines peurs
étranges l'invalidant dans la vie courante. Anna O. fut donc
la première à entreprendre une psychanalyse, et
fournir à son expérimentateur la
cohérence de ses interprétations. Mais nous ne
sommes pas dans le domaine de la guérison pure et simple
d'une maladie. L'enjeu global de ce qu'il dénomma une
métapsychologie recoupe un monde qui ne se limite pas au
seul univers psychique, ou pire à une science du sexe. Il
ouvrit la voie à de nombreuses connaissances, on peut
même évoquer un espace pluridisciplinaire
associant : l'anthropologie, la biologie, la théologie, la
psychologie, la philosophie (ces deux dernières avec
certaines réticences). Pourtant la pensée
psychanalytique n'est pas une science, à moins de se
cantonner à un carcan et l'enfermer dans une conception
parfois trop rigide.
Pourquoi
Lacan et bien d'autres ont du à nouveau arpenter son travail?
Pourquoi figée une pensée quand il s'agit
à chaque génération de la
re-dynamiser, d'expérimenter, plutôt de conclure
et officialiser un domaine échappant en principe
à toute forme de normalisation. Au moins sur cette question
et avec un certaine pointe d'ironie, les mécanismes
névrotiques ne sont en rien du ressort d'un inconscient
collectif, mais bien une réalité individuelle.
À ceux qui voudraient normaliser ou reproduire certains
égarements, le vingtième siècle
laissera de quoi méditer sur comment les aveuglements
nationalistes ont voulu contrôler le domaine psychique et en
particulier une pensée à bien des
égards révolutionnaires. Il a fallu le
caractère trempé de notre "viennois" pour
traverser quasi seul les quolibets et les vexations. Il
présume bien du combat qu'il a du mener pour se faire
entendre. On ne vient pas bousculer l'ordre du monde sans se mettre
à dos l'ordre des "biens pensant", et il est toujours plus
simple de dénoncer les travers d'un individu que faire le
tour de son oeuvre, et en ce domaine ses travaux psychanalytiques.
"Je continue à ne pas savoir ce qui
m'est arrivé. Quelque chose venu des profondeurs abyssales
de ma propre névrose s'est opposé à ce
que j'avance encore dans la compréhension de tout le
problème, se poursuit dans mes rêves et m'a fourni
les preuves et les renseignements les plus précieux." "Celui
de mes malades qui me préoccupe le plus, c'est
moi-même. (...) Cette analyse est plus malaisée
que n'importe quelle autre et c'est elle aussi qui paralyse mon pouvoir
d'exposer et de communiquer les notions déjà
acquises. "
(lettre à W. Fliess)
III -
Troubles de guerre et seconde topique
Freud
a cinquante huit ans en 1914, c'est aussi le deuxième
tournant de sa pensée, le dernier volet de sa vie jusqu'en
1939. Malgré son
égarement nationaliste, la guerre mondiale et ses
conséquences le pousseront à aller encore plus
loin dans sa réflexion et son travail théorique.
Les difficultés au sein de l'Internationale Psychanalytique
sont aussi un peu le reflet trouble de ce monde en ce début
de vingtième siècle.
Les
différents Freud Jung iront un peu plus loin qu'une simple
bataille de clôcher. Freud a possiblement deviné un
malaise, ce fameux malaise de civilisation qui engendre la haine
"raciale", faute de saisir les dimensions de la mémoire.
Plus largement en rapport avec son oeuvre, Jung fut une courte
parenthèse et son éviction un mal
nécessaire, du moins pour celui qui y voit plutôt
un sous dérivé psychanalytique. Le
médecin zurichois n'a su que puiser dans un reflet
identitaire malsain ou déjà dans une mode
orientaliste des plus ridicules, très en vogue au
début du vingtième siècle. En soit
l'apport de Jung à la psychanalyse c'est de pouvoir en tirer
une lecture historique. Malgré, ou peut être
grâce à «la
névrose» de Freud, il évitera ainsi un
détournement des fondements, qu'il alimentera tout au cours
de sa vie comme un travail de ré-écriture.
Freud
pour avancer, a su aussi reconnaître certaines de ses
erreurs. Nous ne sommes pas face à de la grandiloquence, ou
à un mégalomane. La description d'une
pathologie est un travail d'observation plus que minutieux, et demande
une attention particulière. Freud parle de ses fatigues
après ses séances. Bien que certains ne veulent
le croire, le travail d'écoute n'est pas de tout repos. On
amène pas une personne à parler d'elle sans
résistances, l'écoute est justement pas la simple
attention que l'on porte à l'endroit du patient. Il faut
permettre que peu a peu ce qui brouille la compréhension des
faits viennent à parler de la part non consciente. Le
refoulement a pu être ainsi mis en lumière dans
l'organisation de la névrose, et ce que l'on nomme le
transfert a pour but de déplacer la névrose vers
l'analyste. Il devient alors le centre ou se porte un espoir d'y voir
un peu plus clair. Winnicott a écrit sur le du
rôle du psychanalyste, comme celui d'un pasteur ou d'un
prête accueillant les confidences des ses ouailles, dans une
perception évidemment laïque et
singulière.
Freud
sera amené à soigner des malades de troubles de
guerre, il passera à la dernière étape
de sa vie et au vu de son expérience, son pessimisme
grandit. Un
ordre construit sur la violence ne peut conduire qu'à de la
violence, si l'on peut résumer l'enjeu philosophique au plus
court. Les soldats qu'il découvre sont incapables de se
libérer des séquelles d'un traumatisme issu des
champs de bataille. C'est une remise en cause de son propre travail
qu'il entreprend à nouveau, et il ne peut plus ignorer dans
quel monde il se trouve. Cela lui ouvrira la porte de sa seconde
topique : "le moi, le surmoi et le ça". À titre
personnel, des problèmes de nature physiologique lui
imposeront une grande souffrance physique (un cancer à la
mâchoire). Son prestige international surviendra
après la guerre de 1914. Il cherchera même
à s'attirer des clients nord américains, qui
paieront à prix d'or leur analyse avec lui. Il entretiendra
une correspondance avec un certain nombre de personnalités
de l'époque. Et pas seulement avec ses confrères,
mais avec des artistes de premier plan : Stéphan Zweig,
Salvador Dali, André Breton (le pape du
surréalisme). Il gardera à l'égard de
ces derniers une certaine distance, mais sa pensée
submergera ainsi les arts nouveaux, notamment le cinéma.
L'affluence
des auditeurs à ses cours hebdomadaires à
l'Université pousse Freud à les
développer, puis à les publier en livre. Ces leçons
seront les dernières. L'ouvrage (1916-1917), Introduction
à la psychanalyse, deviendra vite le plus populaire des
travaux de Freud. Il écrit par la suite le cas de "L'homme
aux loups" (extrait de l'Histoire d'une névrose infantile).
"J'osai tenter l'essai d'une "Métapsychologie". J'appelai
ainsi un mode d'observation d'après lequel chaque processus
psychique est envisagé d'après les trois
coordonnées de la dynamique, de la topique et de
l'économie, et j'y vis le but extrême qui soit
accessible à la psychologie. La tentative demeura une statue
tronquée, je l'interrompis après avoir
écrit quelques essais Les pulsions et leur destin, Le
refoulement, L'inconscient, Deuil et mélancolie, et j'eus
certes raison d'agir ainsi car l'heure de telles mises à
l'ancre théorique n'avait pas encore sonné"
(S.Freud).
Ses
derniers travaux se tournèrent vers le prophète
Moïse et le judaïsme. Comme il
l'écrivit à son ami poète Romain
Rolland, il ne croit pas une seconde à un sentiment
"océanique" ou religieux. La complexité du
travail de Freud a pu ainsi prendre toute sa dimension et ses
dernières années sont les plus
fécondes. Plus il est pessimiste et
désabusé, plus sa pensée grandit. Au
regard de l'histoire son caractère peut sembler tyrannique,
ou sans concession, mais cela n'a pas vraiment d'importance au regard
de l'Histoire qui se déroula après 1918, sauf
à lui donner raison. Il s'ouvre à quelques
évidences sur la politique et le pouvoir. Il n'y a pas de
quoi vraiment s'exalter, les temps furent sombres et difficiles
à vivre. La maladie et la mort de certains proches l'a
plongé dans un univers désolé, où l'on
devine que son combat en devenait encore plus significatif. Le but
était d'avancer coûte que coûte, d'aller
dans les entrailles de l'Humanité et construire une
première charpente du comportementalisme humain, sachant que
d'autres continueraient le travail. Dans ce profond nous
dépassant un tant soit peu, qui sommes-nous vraiment? Freud
est plus que perplexe devant certaines évidences
très communes. La liberté est un leurre, notre
fonctionnement répond à des conditions, voire une
problématique du temps ou l'individu n'est que le produit
d'un système nerveux. Que dit il vraiment sur notre
incapacité à comprendre le réel, quel
réel en est-il, quand hommes et femmes sont l'objet d'une
conduite en partie non consciente ? Cette part qui nous
échappe forcément. Il n'est pas non plus question
de déterminisme, ou nous serions ainsi fait ou
condamnés à vivre.
Il
est peu fait état de ses lectures de Marx, notamment sur la
question de la religion. Freud y verra aussi un opium du peuple. Il
analysera de même les phénomènes de foule pour se
rendre compte de certaines dérives des émotions
collectives, notamment nationalistes ou partisanes. Dès
1925, il ne se fait aucune illusion sur ce qui se passe à
Moscou. Néanmoins, il restera relativement
clément à l'égard des bolcheviques,
mais conscient que la violence ne débouche que sur de la
violence. Donc après Marx et aussi sur des bases
internationalistes, la révolution psychanalytique se mis
elle aussi en marche. Sa pensée, comme celle de son
aîné berlinois allait se propager sur presque tout
le globe. Ceux qui tentèrent une jonction intellectuelle ou
idéologique entre Freud et Marx ont
été assez peu nombreux. Il fut Louis Althusser en
France, qui tentera cette impossible théorisation, mais le
sujet à quelques aspects maudits et l'enjeu de nos jours
n'est plus vraiment le même. Toutefois, lire Freud et Marx
est encore possible, ils n'ont pas tellement pris de ride.
Pour
Freud, les traductions en français ont
évolué, en raison d'une terminologie relativement
complexe, c'est-à-dire des mots dont la signification a pu
changer selon les traductions. Pour exemple si un allemand lit de Freud
« malaise dans la culture », la lecture francophone
est « malaise dans la civilisation ». Le mot
culture en Allemagne recoupe la notion de civilisation, en France cela
renvoi à la terre nourricière. Absurde pourrez
vous penser, mais au combien important de préciser le sens
des mots et d'y apporter un importance certaine. C'est l'aspect
relativement contraignant des ouvrages du père de la
psychanalyse, il n'y a pas vraiment de prouesse d'écriture,
il décrit surtout et amène à une forme
de redite. Si évidemment il utilise des termes que l'on peut
qualifier de techniques, il n'est pas pour autant indigeste et ne fait
pas appel à des connaissances propres, sauf à un
bon dictionnaire. Faut-il probablement commencé par ses
premiers écrits, avant de s'engager sur un terrain ou la
lecture, comme l'analyse n'a pas vraiment de fin. Il y a cette part
empirique qui circule entre le shaman et celui ou celle, voulant se
protéger de des esprits mauvais. Il peut aussi devenir
à son tour shaman, mais un psychanalyste doit avant tout
avoir été en analyse et si possible avoir suivi
une analyse didactique auprès d'une Ecole. La passe, le
passage agit comme un rite initiatique, la cure analytique ne se
résume pas à un traitement, c'est une prise de
conscience individuelle et progressive, on sait plus ou moins le jour
ou cela à commencer, mais on ne mesure plus la distance du
temps comme une certitude.
SIGMUND FREUD, L'INVENTION DE LA PSYCHANALYSE
Suite et fin du documentaire...
IV -
Mort de Freud et suites
"Nous ne savons ce que l'avenir
réserve au pan-sexualisme de Freud. Il fut l'objet, en
France comme dans le monde entier, d'un engouement qui n'a pas
laissé un brillant souvenir. Le refoulement, les complexe,
le jeu analytique des rêves, ont mené souvent a
une littérature et a des pratiques avilissantes. Si le
freudisme a guéri des névroses, il
apparaît aussi a beaucoup de psychiatres, qu'il en a
créé et qu'il a fait des victimes" (Le figaro, 23 septembre
1939).
En
1939, Françoise Marette (future épouse Dolto)
devient titulaire de la Société Psychanalytique
de Paris fondée par Marie Bonaparte quelques
années auparavant sur le boulevard Saint-Germain. Le 6 juin c'est
l'arrivée de Freud et de sa famille a Londres. "Le
lendemain, 21 septembre, tandis que j'étais à son
chevet, Freud me prit la main et me dit: "Mon cher Schur, vous vous
souvenez de notre première conversation. Vous m'avez promis
alors de ne pas m'abandonner lorsque mon temps serait venu. Maintenant
ce n'est plus qu'une torture et cela n'a plus de sens." Je lui fis
signe que je n'avais pas oublié ma promesse.
Soulagé, il soupira et, gardant ma main dans la sienne, il
me dit: "Je vous remercie." Puis il ajouta après un moment
d'hésitation : "Parlez de cela à Anna.". Il n'y
avait dans tout cela pas la moindre trace de sentimentalisme ou de
pitié envers lui-même, rien qu'une pleine
conscience de la réalité. Selon le
désir de Freud, je mis Anna au courant de notre
conversation. Lorsque la souffrance redevint insupportable, je lui fis
une injection sous-cutanée de deux centigrammes de morphine.
Il se sentit bientôt soulagé et s'endormit d'un
sommeil paisible. L'expression de souffrance avait disparu de son
visage. Je répétai la dose environ douze heures
plus tard. Il entra dans le coma et ne se réveilla plus. Il
mourut le 23 septembre 1939 à trois heures du matin".
Avec
la disparition de Sigmund Freud s'éteint la
première génération d'analystes, la
nouvelle pointe son nez : Anna Freud, Mélanie Klein ;
Françoise Dolto, Jacques Lacan, Donald Winnicott, .... Paradoxalement, la
France et la Grande-Bretagne vont devenir après 1945 les
pays phares et concurrents du courant freudien en Europe, et les USA
une terre d'asile, notamment sur la côte Est. Les
années du second conflit mondial vont réduire
quasiment à néant l'enseignement ou la pratique
de la psychanalyse dans l'Est européen. Les forces nazis
envahissant l'Autriche sonneront le glas des Instituts psychanalytiques
au delà du Rhin. Dès 1933 à Berlin, on
nazifie la psychanalyse et l'on brûlera ses
éditions, comme beaucoup d'auteurs renégats. Avec
le soutien de praticiens évidemment non juifs, et les
théories et allégations d'un incertain C.G Jung
serviront le régime en place pour répondre aux
v(o)eux d'une idéologie meurtrière. En 1938, les
troupes armées du troisième Reich,
sitôt arrivées à Vienne s'en prennent
directement à l'Ecole viennoise de Freud. Dans la
démesure des forces, le symbole est clair. Il faut
détruire tout ce qui est porteur d'universalisme et de non
conformisme germanique.
Reconnaissons
lui simplement les bases d'un nouvel espace de réflexion et
d'action, pour le reste les juges de Freud sont toujours apparus
très moraux ou conventionnels, voire dangereux pour le
monde. Notre
trublion avait peur en public et il préférait son
domicile pour écrire ou recevoir. Il a fait aussi en sorte
que l'on ne sache pas vraiment qui il était, ou comment sa
propre "névrose" a induit ses découvertes sur
l'univers mental sans tomber dans l'a peu près de son
être. Sa vie intime devait elle s'étaler au grand
jour ? A ce sujet on ne lui connaît pas d'excès en
la matière. Si il est question de sexualité, le
langage psychanalytique n'est pas pornographique, il est au mieux
descriptif, la sexualité à un rôle,
mais elle ne transcende pas toutes nos actions, sauf dans la recherche
et la satisfaction de nos instincts primaires. Finalement quel amour
gratuit pour l'humanité, pouvons nous penser. Il a voulu
transformer la face du monde sans aucune violence et il a fortement
contribué à ce que nous changions notre regard
sur l'univers mental. Sa disparition est celui d'un monde disparu
à jamais.
Une
culture du brassage des idées s'est évanouie avec
les deux guerres mondiales. Elle trouvait refuge à Berlin,
à Prague, à Budapest ou à Vienne, et
les communautés juives y contribuèrent pour leur
part. A
l'image du juif étudiant au sein d'une Yeshiva, que reprit
Freud pour lui et les siens et les différents instituts, il
ira toutefois au delà du phénomène
religieux. C'est une forme d'apprentissage du savoir en
collectivité, né au sein des écoles
talmudiques. Après 5700 ans d'histoire du peuple juif, Freud
à interpréter à sa façon et
dans la plus pure tradition juive la critique des écritures.
Il inventa au passage une autre conception du monde ou l'Homme prend un
jour nouveau, sans pour autant devenir un nouvel Homme. Il aura une
correspondance avec Albert Einstein et l'on devine encore de nos jours
que la paix sur terre demeure un difficile chemin. Il
démonta de nombreuses illusions, et au sein de sa
correspondance son pessimisme est de rigueur. Il se méfie du
lyrisme de la pensée, des faits, rien que des faits
à décrire pour alimenter une
désillusion totale. Il trouva auprès de sa fille
Anna, et d'autres femmes, ses meilleurs sujets et ses
légataires. Il y a raison de croire que son oeuvre ne venait
à peine d'être comprise que par une
minorité de chercheurs et d'analystes.
Sortons
Freud et d'autres des tiroirs ou de certaines naphtalines du pouvoir.
La psychanalyse comme objet littéraire est devenu avec
certains "lacaniens" ou freudiens" une quasi frontière de
langage. Chacun
est libre d'aimer le verbe de Lacan, certes il est le plus souvent
étincelant, faisant appel à une
élocution ou une prose toute française, et l'art
de ses jeux de mot est magistral. Mais au final combien de lecteurs
potentiels, suffisamment aguerris ou gonfler pour s'y plonger ?
Rassurez-vous, il n'y a pas vraiment non plus de raisons de
s'interroger sur un domaine relativement récent du savoir
humain. Et pouvoir assimiler les deux montres sacré de la
psychanalyse, reste encore un objet assez lointain pour de modestes
profanes. De toute façon le travail de Lacan est une
relecture du professeur et docteur Freud. Une nouvelle mise en
perspective en quelque sorte. Mais quand nous avons dit ou
écrit cela, nous avons rien dit fondamentalement de l'outil
psychanalytique. Et à ce jeu de la mémoire le
véritable dépositaire c'est le patient,
l'analysant et sa souffrance.
Freud
devinait que la névrose deviendrait la maladie des temps
futurs, il ne se trompa pas. Au point que le terme, même, est
surtout utilisé pour tout et n'importe quoi. La nervosité
c'est surtout un mécanisme animal ou remontant aux premiers
âges de la vie, ce que mesura Henri Laborit dans ses
études comportementales et biologiques. Laborit
précisa au sujet de Freud qu'il avait compris intuitivement
le fonctionnement biologique de l'humain. Il confirmait ainsi la
validité de son travail près de trente ans
après sa mort. Est-il devenu depuis moins pertinent, pas
vraiment sur. Les héritiers tirant sur la corde et le fonds
de commerce qui en découle mériteraient de se
faire oublier, ou de sombrer dans l'ire du vieux maître. Il
importe de redonner vie à cette aventure de la
pensée. Elle est avant tout intime, "si je ne puis tout
dire", il reste suffisamment à expliquer ou à
mettre en lumière. Nous sommes bien loin d'un monde de
paillette et de strass, le vivant, ses mécanismes et
particulièrement son économie vitale sont encore
méconnues.
Si
l'on tente de comparer la personnalité de Lacan à
celle de Freud, on remarque deux hommes très
différents. Lacan à toute les
qualités du "mondain", du bon verbe, il tranche avec la
réserve de l'autre et ses pratiques toxicomanes. Au nom des
marchés, et ce en quoi, il y a critique à porter
à Lacan : c'est d'avoir voulu vouloir créer
l'offre, la souffrance humaine n'est pas affaire à faire !
Autant il y a à croire en une humanité
sincère chez Freud, elle ne point pas vraiment chez Lacan.
Cette dimension propre est du côté de femmes,
telles que F. Dolto, M. Klein, M. Mannoni. Ce que dépeint la
fille de Lacan (in "Mon Père") sur son géniteur
est assez terrifiant. Le génie n'excuse pas tout pour autant
tout. Et les discours à l'adresses des étudiants
de Vincennes sur le désir relèvent de
l'imposture. Il est facile d'assigner une conduite. On parle beaucoup
des survivants de mai 1968, moins deux qui se sont suicidés
ou ont fini en hôpital psychiatrique. Si on peut lui
reconnaître une attitude courageuse, c'est d'avoir dissous
son école peu de temps avant son
décès. Et aussi étrange que cela
puisse paraître, Sartre à la même
époque, peu de temps avant de mourir, va changer certains
fondements de sa pensée, pour enfin accepter la
pensée psychanalytique dans son questionnement (lire les
entretiens avec Béni Lévy) .
Qui
pourrait clore le chapitre, si ce n'est que la montée d'un
corporatisme contraire aux voeux de Sigmund Freud, chacun est un peu
porteur des tables de la Loi. De plus le monde bouge, là aussi
que de pré-sentiment de la part de Freud d'avoir importer la
peste aux USA. A nous quelque part, le retour de certains virus qui
consistent à conceptualiser des jargons psy venus d'outre
atlantique. De plus, l'analyste freudien se confine surtout
à New York et les "Jungiens" adeptes de la
normalité délivrent à tour de bras des
ouvrages d'une grande pauvreté sur comment sauver son couple
ou retrouver un emploi. Aussi les sciences cognitives ne peuvent que
favoriser des thérapies réparatrices, ou comment
remettre sur les rails du bien pensant. Il y a bien sur quelques
îlots de savoir aux USA au sein des universités,
des écoles analytiques américaines ont aussi
participées à l'aventure ou aux
défrichements des mondes psychologiques et de la neuro
linguistique (Ecole de Paolo Alto).
Dans
toute l'Amérique Latine comme une sorte de terre en devenir,
les psychanalystes "freudiens" et "lacaniens" sont au vif des
déséquilibres. Soit, ils s'interrogent
fortement sur les mécanismes économiques et les
causalités sociales, soit, ils proclament haut et fort un
changement et un regard sur le monde politique, comme un
contre-pouvoir. Il y a en France quelques résistances aux
seins des institutions, que l'on nous préserve d'une
hégémonie de la bonne parole psychanalytique. Les
Etats Généraux de la psychanalyse ont
donné lieu au moins à savoir qui vit ou se
nourrit du système. C'est à dire pas vraiment
ceux qui anonymement continuent le « sale boulot ».
Si l'écrit est une part importante, c'est tout le lot de
misère humaine qui arrive le plus souvent en
extrême limite chez un psychanalyste. Le travail premier de
l'analyste, est d'ouvrir une autre voie. Pas cette destiné
que l'on voudrait coller à la peau de n'importe quelle
personne en souffrance. Ce qui peut se dire au sein du cabinet d'un
analyste n'a pas en soit un grand intérêt.
L'analyse est un processus long et difficile à entreprendre.
Il dépend de la seule volonté de son
quémandeur, rien n'est en ce domaine une obligation, c'est
un contrat avec ses règles que l'on accepte ou pas. Vous
n'en sortirez pas transformer, ou tout nouveau comme un
bébé à naître. Non vous
aurez appris sur une matière relativement essentielle, vous
même ? Ce que vous êtes venus chercher
correspondait à un désir contrarié,
à des conditions de l'existence, il est, sera ou fut
l'espace adéquate pour vider son sac sans attendre en retour
un jugement de valeur.
Soyons
plus que réservé sur la question de la
guérison, au fait guérir de quoi,
d'être un homme qui va un jour mourir et devine ne lui ce
qu'incombe toute cette déchéance ? Notre extrême
sensibilité quand elle est à l'épreuve
peut avoir recours à l'attention de l'autre, et cela
à un prix. Les conséquences ne sont pas neutres
et peuvent bousculer tout notre univers proche, notamment l'entourage
familial et amical. On peut y trouver des outils pour agir plus en
cohérence avec sa personnalité sans nuire aux
autres. Il y a là aussi une part de fantasme de penser que
la psychanalyse peut contrarier une carrière artistique.
Certes Freud a laissé pour empreinte l'idée "de
plaisir et déplaisir" et un manuscrit à ce sujet.
Pour autant il ne s'agit pas d'une morale
étriquée, mais un travail sur les sources
internes et externes de l'Homme, qu'il qualifie "d'animiques". Il ne
délivre pas une route à suivre pour entrer dans
une moule, le comportementalisme n'est pas une fin en soit, c'est
simplement un outil d'analyse. Il s'est surtout appuyé sur
des comparaisons. Il expliquera comment depuis l'aube des temps on
délivre à l'objet une valeur
particulière dans les sociétés
tribales. Et dans ce tréfonds des âges on rejoint
la question de notre cerveau reptilien ou de notre système
nerveux, et celui de mammifère avec ses fonctions
affectives. L'un et l'autre, les deux premiers étages de
notre cerveau répondent à des sources de plaisir
ou son contraire, de préférence pour l'obtention
d'une satisfaction. Mais, il y a dans cette construction de notre
cerveau, le cortex et le langage, et ce qui fait de chaque
être humain est une entité complexe. Il y a des
tiraillements dans cette organisation de nos pensées,
sentiments et réflexes. Ce qui peut paraître comme
fonctionnel débouche sur une perception autre, plus ou moins
perceptible selon le temps et l'âge. L'animique : c'est aussi
la représentation des premiers âges, la
pensée animiste et ses fétiches. Où
comment s'est construit la civilisation humaine, c'est à
dire en édifiant des barrières morales et en
renforçant la répression contre les instincts.
Freud
est peut être venu simplement nous dire que nous confondions
notre univers fantasmatique avec les liens du passé et de
nos jours avec le futile de l'image. La mémoire
et le langage fabriquent de l'imaginaire, tout comme ils nous
permettent d'appréhender l'existence comme un passage
obligé mais pas obligatoirement voulu. La vie n'est pas
qu'un grand bonheur, une explosion de joie, elle a aussi son pendant
mortifère. Finalement la psychanalyse c'est une histoire de
sorcellerie et les psychanalystes sont des sorciers,
héritiers ou récepteurs de ces esprits qui nous
"hantent". Ces dernières années l'analyse des
rêves prend un nouveau tournant, elle revient à
des questions très symbolique, et plus que jamais
être en mesure de retenir le contenu des rêves
participe à agir sur certains mécanismes de la
vie courante. Un rêve pourrait être aussi
annonciateur du futur et non comme le présumait Freud, des
seuls éléments du passé. La
conjonction reste de toute façon autour du désir
et ce que peut nous apprendre notre inconscient sur nous
même. Dernier point, ou dernière idée
reçue, il n'y pas de contre indication à lire des
ouvrages psychanalytiques durant une cure. Encore une idée
toute faite, mais mieux vaut lire les meilleurs en ce domaine et ce ne
sont pas toujours les plus difficiles à lire. Comme il est
souvent sous entendu que l'intellectualisation est une menace sur le
bon déroulement de l'analyse, il faut surtout se
méfier des ouvrages de psychanalystes, écrits par
des hommes notamment, ils abusent du jargon ou d'un langage
spécialisé. Mais sans jamais atteindre le
génie du verbe de Lacan. Les
références, hormis Freud et d'autres pionniers,
sont plutôt des femmes, il y a chez Anna Freud,
Mélanie Klein, Françoise Dolto et Maud Mannoni
beaucoup à découvrir et s'inspirer. En
particulier Maud Mannoni disparue dans les années 1990,
cette dame a participé à l'aventure de la Maison
de Bonneuil et le traitement des enfants autistes et psychotiques. Elle
a écrit sur la question "de la théorie comme
d'une fiction". Il faut à avoir à
l'évidence que tout ceci sans pratique se fige dans un dogme
et ce qui est manifeste avec la révolution psychanalytique,
c'est sa manière d'évoluer. Une
théorie peut remettre en cause une autre ou donner naissance
à une nouvelle, il n'y a pas à limiter les champs
de l'esprit.
Nous
sommes face à une "science" expérimentale et but
est de découvrir génération
après génération, ce que l'on peut en
transmettre et aussi participer à des changements de
société sur le long terme. Le politique est
indissociable de la démarche psychanalytique, dire que le
politique est sans impact sur la vie des individus est absurde ou
très conforme. Ceux qui finiraient par confondre l'exercice
à la pratique, sont appelés à
rencontrer leurs confrères sud américains. La
crise monétaire en Argentine à poser quelques
problèmes et lever quelques doutes sur le système
capitaliste. Et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres, ou l'exercice de
la psychanalyse est l'affaire d'une minorité. Pourtant plus
que jamais il est temps de l'ouvrir à toutes les franges de
la société. En France, il est très
révélateur que Paris (et aussi Strasbourg)
regorgent de psychanalystes et la capitale concentre la
majorité des praticiens. En banlieue et en province, ils
sont une denrée est rare et ce n'est pas très
étonnant. Il y a une césure sociale
évidente et pourtant un névrosé des
classes bourgeoise ou un névrosé des quartiers
populaires sont un même public, pour les enfants de la
cité une névrose est une névrose. Et
si il y a possibilité de lever un voile et à ce
sujet il y en a, c'est au sein de toute la population qu'il importe de
transmettre certains outils et de plus pouvant avoir un rôle
dans l'émancipation de chacun.
LM , 1er septembre 2005
Sources :
- Le Magazine Littéraire,
numéro spécial sur Freud.
- L'Histoire de la psychanalyse de Elisabeth
Roudinesco (il existe une édition en version poche, et un
documentaire de 2 fois 52 minutes)
Ci-contre : Marie Bonaparte en 1925
à Paris
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