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"Ce qui est démocratique, c'est à faire du petit cercle de connaisseurs un grand cercle de connaisseurs"


Bertholt Brecht
"Otages" en Colombie,

1- Après Sarkozy, Lula et Kirchner..., par Fernando Cibeira (2007)

2 - Le gouvernement (Colombien) est lamentable, interview de                 Jairo Ramirez (2007)
3 -  La Petite Mousquetaire, par Semana (2007)
4 -  Aïda Duvaltier, otage française décédée (2006)
5 - Bogotà se lêve pour Ingrid, par Alain Lipietz (2006)
6 - Diverses infos sur la Colombie  (2005) 
7 -  Ingrib Betancourt, courte bio, et  infos comités (2002)
8 - Infos générales et sélection de sites internet  sur la Colombie

Amérique Latine

Sommaire de la page 



Archives des articles
2002 - 2007



COLOMBIE : Otages 

Après Sarkozy,
Lula et Kirchner veulent intervenir


par Fernando Cibeira
le 07-12-2007

La crise colombienne doit se résoudre à l'échelle régionale. Ainsi l'ont fait savoir les chefs d'Etat brésilien et argentin qui, mobilisés, estiment qu'ils sont mieux placés que Bush ou Sarkozy pour réussir à dénouer la crise. Tous les protagonistes sont invités à discuter, dimanche 9, lors de la prise de fonctions de la nouvelle présidente argentine Cristina Kirchner.

L'Argentine a décidé d'intervenir activement dans les négociations pour la libération des otages en Colombie. Après l'envoi par le président français Nicolas Sarkozy d'une lettre demandant à Nestor Kirchner son aide dans les tractations, on a appris que Cristina Kirchner avait invité Yolanda Pulecio, la mère de l'otage des FARC ex-candidate à la présidentielle colombienne Ingrid Betancourt, à assister à sa cérémonie d'investiture. Lundi et mardi prochains, à Buenos Aires, seront ainsi représentées toutes les parties ayant des intérêts dans cette tragique affaire (la France, la Colombie, le Venezuela, la famille d'Ingrid Betancourt ainsi que l'Argentine et le Brésil, entrés récemment dans les négociations), toutes déterminées à relancer le dialogue interrompu depuis la dispute entre le président colombien Alvaro Uribe et le chef d'Etat Vénézuélien Hugo Chávez. (NDLR - regarder la vidéo qui suit l'article)

Depuis quelque temps, soucieux d'éviter que les négociations ne retombent au point mort, l'Argentine et le Brésil avaient commencé à établir des contacts discrets. Brasília et Buenos Aires sont convaincus que la solution au problème ne peut provenir que d'Amérique latine, et en aucun cas de pays comme les Etats-Unis ou la France, qui ont certes des intérêts dans l'affaire mais aussi des difficultés manifestes à dialoguer avec toutes les parties en présence.

En ce sens, les bonnes relations qu'entretiennent l'Argentine et le Brésil avec la Colombie et le Venezuela favorisent la réouverture des négociations : d'aucuns reconnaissent à Kirchner un ascendant certain sur le tempérament sanguin de Chávez, tandis que Lula s'est toujours efforcé de maintenir des relations fluides avec Uribe.

Mercredi 5 décembre, Yolanda Pulecio avait "supplié" le président et le gouvernement brésiliens de l'aider à relancer les négociations. Parallèlement, le Brésil et l'Argentine avaient réactivé leurs échanges sur cette affaire. Les deux pays souhaitent faire en sorte que les progrès obtenus par Hugo Chávez ne soient réduits à néant au seul motif de son contentieux avec Uribe.

"Il s'agit d'une affaire humanitaire, les questions politiques doivent être mises de côté, répétait-on hier au ministère des Affaires étrangères argentin. Les FARC acceptent Chávez comme interlocuteur, c'est une chance qu'on ne peut pas laisser filer."

Déterminés, affirment-ils, à ce que la solution à cette crise vienne de la région même, les deux grands voisins passent à l'action.

Le gouvernement brésilien a annoncé le 5 décembre qu'il offrait "ses bons services" pour la résolution du conflit.

La mère d'Ingrid Betancourt, Yolanda Pulecio, arrivera dimanche 9 décembre à Buenos Aires avec la sénatrice colombienne Piedad Córdoba, actrice essentielle de la médiation dont Chávez avait pris la tête. Mardi, une fois investie présidente de la République argentine, Cristina Kirchner recevra les deux femmes à la Casa Rosada lors d'une audience prévue à 17 h 30.

D'ici là, la présidente argentine aura rencontré les représentants des autres parties en présence : lundi 10, le Premier ministre français François Fillon, chargé par Sarkozy de trouver une issue au problème des otages en Colombie, et mardi 11, le Colombien Alvaro Uribe, à 11 h 30, puis Hugo Chávez, à 17 h 00.

Ainsi, lorsque Cristina Kirchner se retrouvera face à Yolanda Pulecio, la présidente argentine connaîtra clairement la position de chaque pays et, qui sait, peut-être entreverra-t-elle déjà l'ombre du début d'une solution pour dénouer la crise.


Sources : Courrier International  et Página12 - Photo : AFP


« L’attitude du gouvernement
(colombien) est lamentable »

 Journal l'Humanité - 24/11/2007

Interview de Jairo Ramirez

Un entretien avec Jairo Ramirez, responsable de l’Assemblée permanente de la Société civile colombienne pour la paix.
Comment réagissez-vous à la décision du président Colombien de mettre fin aux médiationsde Chavez et de Cordoba ?

Jairo Ramirez. La décision d’Alvaro Uribe n’est pas une surprise car nous la pressentions depuis quelque temps déjà. Ces derniers jours il avait laissé entendre qu’il n’était pas d’accord avec la médiation de Hugo Chavez. L’ambassadeur des États-Unis en Colombie a fait également pression, en déclarant que la gestion du président vénézuélien ne donnait pas de résultats. L’attitude du gouvernement est lamentable car elle condamne les séquestrés à des années supplémentaires de captivité.

Pourquoi alors l’avoir mandaté ?

Jairo Ramirez. En réalité, Hugo Chavez ne figurait pas dans les plans du président. C’est Piedad Cordoba, une fois désignée par Uribe, qui a demandé à Chavez de participer à cette initiative. Piedad Cordoba et le président Chavez ont agi avec doigté et multiplié les contacts avec les chefs d’État d’Amérique latine et au-delà. Alvaro Uribe a senti que cette médiation lui échappait car il ne pensait pas qu’elle irait aussi loin. Il a alors cherché n’importe quel prétexte pour casser cette médiation.

Est-il à craindre qu’Alvaro Uribe ne veuille pas de l’accord humanitaire ?


Jairo Ramirez. Depuis cinq ans qu’Uribe est au gouvernement, il ne s’est jamais déclaré en faveur de l’accord humanitaire. Avant Chavez, d’autres personnalités ont tenté des médiations. Ils ont tous échoué en raison de l’immobilisme des FARC mais également du gouvernement. Alvaro Uribe a toujours opté pour le sauvetage par la force. Seule la force militaire est valable à ses yeux, alors que cette méthode a déjà coûté la vie à vingt-cinq séquestrés. Le président Uribe prétexte que si Chavez se réunit avec la guérilla, alors qu’il les considère comme des terroristes, cela délégitimerait sa politique de « sécurité démocratique ». Le gouvernement a toujours avancé le concept de guerre pour sortir du conflit. Une attitude dogmatique.

Selon vous, l’actualité colombienne a-t-elle influencé sa décision ?

Jairo Ramirez. Bien sûr. Le président joue avec le scandale de la parapolitique. Lorsque le thème de la parapolitique est sur le devant de la scène, il brandit la question de l’accord humanitaire. Il s’agit pour lui de distraire l’attention de l’opinion publique pour lui faire oublier que déjà plus de 40 parlementaires de la majorité gouvernementale font l’objet d’une enquête judiciaire pour lien dans des crimes du paramilitarisme.

Peut-il revenir sur sa décision ?

Jairo Ramirez. Tout dépend maintenant du degré des pressions qu’exerceront sur le gouvernement les opinions publiques colombienne et internationale.


"La petite mousquetaire"

Entretien avec Mélanie Betancourt-Delloy

L'hebdo colombien Semana

du 26 mai 2007

 

Mélanie Delloye Betancourt, la fille d’Ingrid Betancourt, est devenue le fer-de-lance en France des campagnes pour la libération des otages. L'hebdomadaire SEMANA s'est entretenu avec elle.

Les récentes critiques de Mélanie Delloye Betancourt contre le président colombien Alvaro Uribe, ont amené plus d’une personne à froncer les sourcils et désapprouver de la tête. Beaucoup de Colombiens faisaient la même chose quand, il y a des années, sa mère abordait les sujets qui fâchent au Sénat. La fille a hérité de sa détermination comme de sa capacité à parler sans faire de mystères, pour exprimer ce qu’elle pense avec le cœur. « Une chose que ma maman nous a transmis à mon frère et moi est le sens de la lutte, mais de la lutte quand on croit réellement en quelque chose », explique Mélanie.

A 21 ans, elle a consacré tous ses efforts et ses larmes à faire connaître à l’étranger, le fléau de la prise d’otage en Colombie, à travers l’histoire et l’image de sa mère. « Cela me fait toujours mal quand je vois certains articles qui disent que nous luttons uniquement pour ma maman et pour Clara (ndlr : Rojas, collaboratrice d’Ingrid, enlevée avec elle). Et cela me fait mal parce que depuis le début, nous avons réellement tout fait pour également parler des autres et faire comprendre que ma maman est un symbole mais qu’il y a 58 otages politiques et des milliers d’autres pour des raisons économiques ». C’est pourquoi sa voix n’a pas tremblé à l’heure de dénoncer ce qu’elle considère comme un manque de volonté du gouvernement colombien quant à négocier avec les FARC pour parvenir à un accord humanitaire. Un accord humanitaire qui permettrait de libérer les otages politiques, parmi lesquels certains sont privés de liberté depuis près de neuf ans.

Quand, le 23 février 2002, Ingrid a été amenée par la force dans les profondeurs de la jungle colombienne, Mélanie avait 16 ans, l’âge auquel une jeune a le plus besoin de sa maman. Elle a aujourd’hui 21 ans et a déjà eu sa licence de philosophie à l’Université de la Sorbonne. Elle a du grandir plus vite, comme tous les enfants qui affrontent la dure réalité d’avoir un parent séquestré. A son jeune âge, elle a déjà un agenda de rendez-vous avec des chefs d’Etat, des journalistes et des hommes politiques. Mais elle a grandi face aux circonstances. Les micros ne l’intimident pas et elle est une leader naturelle qui a réussi à mobiliser des milliers de personnes en France, pour générer la prise de conscience sur la tragédie que vivent les plus de 3.200 otages de Colombie.

Le 16 mai, la famille Delloye Betancourt a eu un sursaut de joie quand elle a entendu les déclarations du policier Jhon Frank Pinchao, qui avait récemment échappé aux FARC après huit ans de captivité. Il disait avoir été dans le même campement qu’Ingrid et racontait qu’elle était vivante et en bonne santé. Il a ajouté qu’elle écrivait beaucoup, faisait de l’exercice quand elle pouvait, essayait de lui apprendre le français et avait tenté de s’échapper à cinq reprises. « Qu’il nous apporte des nouvelles de ma maman a été très fort car nous ne savions plus rien d’elle depuis quatre ans. Je crois que nous avons tous été soulagés de savoir qu’elle était bien en vie, bien que cela soit une certitude que j’ai toujours eu en moi, malgré les rumeurs », a assuré Mélanie.

Le cas de Pinchao a amené Nicolas Sarkozy à réitérer sa demande au président colombien, de soutenir une négociation avec la guérilla, tel qu’il l’avait dit dans son discours de prise de fonction. Le nouveau président français a, de plus, reçu Mélanie, son frère Lorenzo (âgé de 18 ans) et son père, Fabrice Delloye, pour une réunion privée au Palais de l’Elysée. Mais quelques heures plus tard, Alvaro Uribe ordonnait : « Messieurs les généraux, nous allons porter secours à Ingrid Betancourt, je vous en prie ». Ce n’est pas un secret et Pinchao l’a redit : un raid a feu et à sang mettrait en péril la vie des otages. « Ces déclarations m’ont honnêtement parues complètement irresponsables » a expliqué Mélanie à Semana alors qu’elle traversait la Ville Lumière pour arriver à un autre de ses rendez-vous. « Car si ce que cherche réellement Uribe, est la libération de ma maman et des autres otages politique par la voie militaire, la moindre des choses qu’il doit faire est de traiter ce dossier avec discrétion et non pas faire des annonces au monde entier. Il me semble que ses paroles ont été un coup médiatique ».

La France est sa deuxième maison, mais la Colombie continue à être sa patrie, où elle a passé la plus grande partie de sa vie. Ses parents se sont séparés quand elle avait 4 ans, mais elle assure qu’ils ont su gérer intelligemment le divorce et que jusqu’à aujourd’hui, malgré la terrible distance, ce sont de grands amis. Avec l’époux d’Ingrid, Juan Carlos Lecompte, elle maintient également une relation proche et le remercie du profond amour qu’il ressent pour sa mère. A 11 ans, elle a été obligée, pour la première fois, de quitter le pays à cause des menaces qui planaient sur elle et son frère, quand sa mère était congressiste. A 14 ans, elle est revenue et a vécu à Bogota jusqu’à ce qu’Ingrid lance sa campagne présidentielle. Depuis lors, elle n’a pas pu revenir mais elle rêve de le faire, tous les jours.

Elle se souvient aussi des conversations franches et ouvertes qu’elle avait, chaque jour, avec sa maman.    « Elle est quelqu’un d’extrêmement intelligent qui sait prendre un peu de distance avec les choses pour les analyser. Sa présence était infinie et c’est pourquoi son absence l’est aussi », dit Mélanie avec nostalgie, avant d’assurer qu’elle a été la meilleure maman du monde. Elle est également très reconnaissante vis-à-vis de la relation étroite qu’elle entretient avec son frère, Lorenzo, qu’elle a pu voir grandir et devenir un homme, à la différence de sa mère.

A présent, Mélanie est une femme indépendante qui vit seule à Paris. Il n’est pas rare de la rencontrer, un jour comme un autre, marchant au bord de la Seine, sur le Champ de Mars ou la Place de la Concorde avec une photo de sa mère, grandeur réelle. Suivie par des centaines de personnes de différentes nationalités qui portent des pancartes demandant la libération des otages en Colombie. Il n’est pas rare non plus de l’écouter faire des déclarations à la radio ou au Parlement européen. Peut-être que tous ne sont pas d’accord avec sa vision du monde et son opinion politique, mais personne ne peut nier qu’elle n’a pas connu de répit dans sa lutte, que sa volonté inébranlable comme son espoir ont inspiré des milliers de personnes. Des milliers de citoyens honnêtes qui, comme elle, attendent le retour prochain des otages parmi leurs proches.

texte en espagnol : http://www.semana.com/wf_InfoArticulo.aspx?IdArt=103992

Source : Traduction, IngridBetancourt-idf.com 
http://www.ingridbetancourt-idf.com/base/article.php3?id_article=287


Aïda Duvaltier, otage française oubliée 
et décédée en captivité

La mobilisation en faveur d'Ingrid Betancourt contraste avec la quasi-indifférence qui a accompagné l'annonce récente de la mort en Colombie d'Aïda Duvaltier, Franco-Colombienne elle aussi, décédée en captivité après avoir été enlevée voilà près de cinq ans par l'Armée populaire de libération (EPL), un groupuscule maoïste.
 

Mme Duvaltier, alors âgée de 67 ans, avait été prise en otage le 6 mars 2001 par des guérilleros de l'EPL entrés dans la ferme qu'elle et son mari Jean-Marie possédaient dans les reliefs ouest de la Colombie. Son époux étant souffrant, elle avait insisté pour prendre sa place. Malgré le versement d'une rançon, elle ne sera jamais libérée et il faudra même attendre septembre 2005 pour que son cas soit évoqué publiquement par les autorités françaises, à l'occasion d'un discours de Nicole Guedj, ex-secrétaire d'Etat aux Droits des victimes.

Le mois suivant, dans un ultime effort, la famille de l'otage largue par avion 50.000 prospectus au-dessus des Etats colombiens d'Antioquia, Caldas et Risaralda, la région où Aïda avait été enlevée. Le texte exhortait les rebelles ou toute autre personne ayant des informations sur elle à prendre contact avec eux. Le 12 février dernier, la police colombienne annonçait avoir retrouvé, sur les indications d'un déserteur de la guérilla, le corps de la septuagénaire victime d'une activité courante en Colombie: l'enlèvement contre rançon. Bien que l'identification de la dépouille soit rendue difficile, Paris confirmait quelques heures plus tard qu'il s'agissait "selon toute probabilité" d'Aida Duvaltier.

Dans un message adressé à son époux, le ministre des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy a salué "le courage et l'abnégation" dont a fait preuve l'otage franco-colombienne. "Il y a à peine deux semaines à Bogota, nous avions, ensemble, avec votre fille, évoqué la disparition de votre épouse et j'avais pu vous faire part, à cette occasion, de la solidarité des autorités françaises dans l'épreuve que vous traversez depuis bientôt cinq années." "L'issue malheureuse de son enlèvement et de sa séquestration illustre l'ampleur de la tragédie que connaît la Colombie. Elle nous incite, plus que jamais, à persévérer pour tenter par tous les moyens de rendre leur liberté à tous les otages et séquestrés de Colombie", a conclu le chef de la diplomatie française.

Source : PARIS (AP) - mercredi 22 février 2006



Bogota se lève pour Ingrid !

Par Alain Lipietz
Jeudi 23 février 2006
 

Mercredi et jeudi, Bogota célèbre le quatrième anniversaire de l'enlèvement d'Ingrid Betancourt. Bien entendu, notre délégation est de toutes les cérémonies. Nous sommes d'ailleurs rejoints par Sergio Coronado au nom des Verts français, ainsi que par d'autres délégués des villes européennes qui ont nommé Ingrid citoyenne d'honneur.En organisant ces cérémonies, le maire de Bogota, Lucho Garzon, proclame bien haut ce qui est une évidence pour nous, mais qu'il faut rappeler sans cesse à la presse et aux autres politiciens colombiens : que le mouvement en Europe en faveur d'Ingrid, avec les centaines de villes qui l'ont faite citoyenne d'honneur ou ont donné son nom à une rue, est un vaste mouvement de solidarité avec toutes les victimes des enlèvements en Colombie (80% des otages mondiaux !). Au delà, il s'agit d'un véritable retour de l'Amérique latine dans l'imaginaire du mouvement démocratique européen. Mais, comme je le rappellerai en plusieurs occasions : quand j'étais jeune, nous avions sur nos murs la photo du Che en guérillero ; la nouvelle icône de la jeunesse européenne est celle d'une victime d'une guérilla. Changement radical dans la perception de ce qui est juste et légitime : nous n'admettons plus aujourd'hui qu'au nom d'une cause, si juste soit-elle, on s'affranchisse des droits de la personne humaine.

En face, la droite colombienne met le paquet. Elle essaie de délégitimer le mouvement pro Ingrid - et donc en faveur de l'accord humanitaire - en s'appuyant sur le livre d'un ancien correspondant de l'AFP à Bogota, Jacques Thomet : Ingrid Betancourt, histoire de coeur ou raison d'Etat, "révélant" les liens familiaux ou personnels (de notoriété publique et connus de très longue date pour quiconque s'intéressait à Ingrid !!) entre des responsables de la politique étrangère française et Ingrid et sa famille, en particulier sa soeur Astrid, déjà compagne de l'Ambassadeur de France au moment de l'enlèvement d'Ingrid. Ces liens expliqueraient que la France n'a pas laissé tomber une de ses ressortissantes (comme elle aurait sans doute dû le faire ?). A quand le livre de Thomet expliquant que si l'Etat français n'a pas laissé tomber Florence Aubenas, c'est qu'elle ou sa cousine avait couché avec un ministre ? Mais bon, on peut à la rigueur soutenir qu'en effet, la raison d'Etat implique d'oublier ses nationaux pris en otage pour ne pas avoir d'ennui. Thomet insiste lourdement : les entreprises françaises auraient perdu 700 millions de dollars de contrats à cause de l'engagement de la France pour Ingrid ! Car bien sûr, si un marchand français n'arrive pas à exporter, c'est que l'Etat ne l'aide pas... Chirac devrait s'abstenir de parler des droits de l'Homme en Colombie, comme il a su si bien se taire à propos de l'Irak dans les années 80 ou de la Chine aujourd'hui. Et je pense qu'en effet, c'est la mobilisation de l'opinion relayée par la presse, voire déclenchée par elle quand il s'agit de journalistes enlevés, qui oblige les Etats à s'occuper des otages, sinon Kaufman ou Aubenas auraient pourri définitivement, sans valeur, entre les mains de leurs geôliers. On peut même à la rigueur plaider que les liens personnels entre les Betancourt et le Quai d'Orsay (qui remontent à la longue présence du père d'Ingrid à Paris, comme ambassadeur !) ont pu aider à relayer ce mouvement jusqu'au sein de l'appareil d'Etat.

Là où le livre bascule dans l'ignoble et, plus grave, l'illogisme, c'est quand il prétend à la fin que cet activisme français (donc, y compris la mobilisation populaire) serait responsable... de la non-libération d'Ingrid ! Car pourquoi la guérilla l'aurait-elle relâchée, sans en obtenir la moindre contrepartie ? Et pourquoi les Etats auraient-ils accordé cette contrepartie, sans une pression quelconque ? En réalité, les raisons du livre apparaissent clairement en Colombie, où la presse uribiste cite élogieusement Thomet en parlant de "Ingridgate". On tente de monter l'opinion publique colombienne contre la politique colombienne de la France, contre Ingrid, contre ceux qui veulent l'accord humanitaire. La communauté française à Bogota, le nouvel ambassadeur de France depuis novembre dernier au moins sont sur la même ligne : cette "Ingridmania sentimentale", comme titre en Une El Tiempo du mercredi pour se gausser de la mobilisation en France, nuirait aux intérêts français en Colombie et isolerait la France de l'Union européenne.

C'est là-dessus que l'Union européenne frappe un grand coup qui remet les choses en place. Dès mercredi après midi, je suis en mesure d'annoncer, lors d'une conférence de presse, la déclaration du Conseil de l'Union européenne en l'honneur du quatrième anniversaire de l'enlèvement d'Ingrid, appelant à l'accord humanitaire, félicitant la France (et l'Espagne et la Suisse) pour leur médiation de septembre dernier, et appelant au dialogue politique des toutes les forces en conflit en Colombie. Je découvrirai le lendemain (et le dirai à toutes les conférences et interview suivantes) que non seulement les 25 Etats de l'Union ont signé, mais aussi tous les autres pays d'Europe, y compris la Norvège, l'Ukraine et... la Moldavie (on attend le prochain livre de Thomet : Astrid à Chisanau !). Tous les pays de l'ex Yougoslavie ont signé aussi ! Autrement dit, ces pays, ravagés par une horrible guerre civile, incapables de se réconcilier, appellent la Colombie à ne pas commettre les mêmes erreurs.

Les jours suivants, comme par miracle, la totalité de la presse et de la classe politique colombiennes se découvrira partisane de toujours de l'accord humanitaire. Il y a deux ans, hors les ami-e-s d'Ingrid, on comptait ses partisans sur les doigts d'une main. El Tiempo titrera : "37 pays européens appellent... les FARC à accepter un accord humanitaire". Je devrai rectifier : "non, ils appellent toutes les parties au conflit" ! C'est entièrement sous cet axe que Lucho Garzon a organisé les deux jours de Bogota : il en a fait deux jours de mobilisation pour les droits de l'homme, l'accord humanitaire, le débat politique et la réconciliation pour les Colombiens, mobilisation à décliner dans les rues, dans les écoles, et, jeudi soir, dans un grand concert sur la place Bolivar, la grande place de Bogota, entre la cathédrale, la mairie , le palais présidentiel et le palais de justice.

Mercredi matin, donc, nous filons d'abord visiter deux écoles, à San Cristobal et à Ciudad Bolivar, arrondissements de la périphérie sud de Bogota : sa périphérie populaire, autoconstructions et bidonvilles. En novembre dernier, j'avais déjà visité une réserve biologique (envahie de réfugiés) et un restau populaire de San Cristoblal. Mais, depuis vingt ans que je parcours la Colombie, je n'étais jamais descendu aussi loin vers le sud de Bogota que Ciudad Bolivar. C'est là, dans ce quartier d'un million d'habitants au moins, très loin du centre et qui ne figure même pas sur les cartes de Bogota offerte par cette mairie progressiste, qu'affluent les "déplacés" de tout le pays. Trois « blocs » d'AUC démobilisés tiennent le quartier la nuit, assassinant les militants de gauche. Mais le jour appartient aux forces démocratiques, à travers d'énormes mobilisations pour les droits de l'Homme et contre les violences. Après bien des efforts, l'administration locale a réussi a nouer de meilleurs rapports avec la police, qui s'implique enfin dans la lutte contre les paramilitaires.

Dans un collège de Cuidad Bolivar nous attend Diana, la toute jeune mairesse de Ciudad Bolivar. Toutes les maires d'arrondissement sont d'ailleurs des femmes ! On en plaisante : le programme de lutte contre la faim de Lucho Garzon, « Bogota sin hambre », devient un programme « Bogota sin hombre », Bogota sans les hommes...
Devant un parterre de jeunes militant-e-s des droits de l'Homme, les responsables nous expliquent en long et en large leur politique de développement de l'enseignement et de la santé dans ces quartiers (très différente de la politique des "missions" de Chavez, et semble-t-il plus solide), et leur politique de lutte contre la faim (elle, basée sur le tiers-secteur). Les collégiens nous jouent évidemment l'Hymne à la joie de Beethoven, occasion pour moi de conclure la matinée sur le thème de la construction européenne et de la réconciliation. Diana me présente un responsable du mouvement droit-de-l'Hommiste et me confie "il est très menacé" sur le ton dont elle aurait dit "un type marqué pour mourir".

Nous déjeunons dans un « comedor » populaire, à l'extrême limite de l'urbanisation. Au bout de la rue, ce sont les champs : dorénavant, les AUC se font gardiens de la propriété privée du sol péri-urbain et les bidonvilles de brique ne s'étendent plus. Ils se densifient par sous-location du bâti existant, ce qui fait que Ciudad Bolivar, à vue de nez, peut avoir aussi bien 2 millions qu'un million d'habitants.Ce restaurant communautaire est géré par une fondation catholique, financé quant à la construction par les entreprises privées, avec une contribution de la police, subventionnéequant à son fonctionnement par la municipalité (environ un euro par personne nourrie et par jour), avec une ferme où se relaient les habitants, et qui fournit une partie de la nourriture. Avec ça, on arrive à fournir un repas par jour aux plus démunis et entretenir des activités dans la journée, et c'est pour eux le seul repas de la journée.

L'après-midi, je rejoins la réunion des parents des victimes d'enlèvements (essentiellement des FARC, mais aussi enlèvements civils contre rançon, et les parents des victimes des AUC nous rappellent que celles-ci retiennent encore 550 otages, malgré l'amnistie !) Bien sûr, ce sont presque toutes des femmes. Elles égrènent une à une leurs titres : « Je suis madame X, femme du député Y, enlevé depuis 4 ans... », « Je suis la mère du lieutenant Z, prisonnier des FARC depuis 7 ans... » Ces femmes n'ont pas réussi à susciter le même mouvement que les Folles de la Place de Mai en Argentine, mais Yolanda, la mère d'Ingrid, a su les réunir et leur faire comprendre que le mouvement européen pour Ingrid est en fait leur principale défense, face au manque de solidarité de l'Etat et de la presse colombiens.

Le lendemain, petit déjeuner avec le maire, Lucho Garzon. La place Simon Bolivar, au pied de la mairie, fourmille des préparatifs du concert du soir. Le rapport de Lucho à l'enlèvement d'Ingrid date de son élection en 2003 : lui avait fait campagne pour l'échange humanitaire, et à l'époque, il était presque le seul. Son élection, comme les victoires de la gauche indépendante à Medellin et Calli, avait marqué le premier ébranlement de l'hégémonie quasi totale d'Uribe. C'est avec lui que la délégation des Verts en novembre avait préparé les cérémonies d'aujourd'hui. Il a choisi comme conseiller pour les questions des Droits de l'homme le frère d'un des commandantes des FARC. Ce qui permet à la droite d'accuser la gauche de faire place aux FARC au sein de son appareil administratif local, manière de parer l'accusation de la gauche contre la pénétration des AUC démobilisées au sein de l'appareil d'Etat ! Mais déjà il faut filer (après la petite visite au ministre du Commerce évoquée dans mon blog d'hier ) : on nous attend à Medellin. Je laisse aux ami-e-s d'Ingrid un message à lire sur la Place Bolivar, en ouverture au concert de ce soir

Sources : photo + article http://lipietz.net/blog.php3?id_breve=130
 
 


 Quelques infos sur la Colombie en 2005 :

- "L'accord humanitaire est un devoir constitutionnel"
- La Colombie : le pays le plus dangereux au monde pour les syndicalistes
- Le HCR préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire en Colombie
- Dix  partis verts viennent à Bogota pour soutenir l'accord humanitaire
- Hugo Chavez propose son assistance à la France pour libérer Ingrid Betancourt
- Au moins 5426 personnes séquestrées en Colombie


"L'accord humanitaire est un devoir constitutionnel"

17/11/2005 - Diario Occidente

Le Gouvernement National a la responsabilité constitutionnelle d'appliquer l'accord humanitaire et les Farc l'obligation de libérer les kidnappés. C'est une déclaration des écrivains réunis dans la IV Rencontre Nationale d'Auteurs pour la Paix en Colombie, qui s'est tenue à  Caicedonia ce week-end. Dans leur manifeste, ils soulignent que "l'accord humanitaire est une obligation constitutionnelle de l'État et doit être un impératif moral pour les Farc".

Dans ce document qu'ils ont appelé : l'Accord Humanitaire : Impératif moral et constitutionnel, ils déclarent que "le gouvernement a la responsabilité constitutionnelle d'appliquer le Droit International Humanitaire, pour protéger les kidnappés et les libérer vivants". Ils ajoutent en outre que "les Farc doivent répondre de la vie des séquestrés; ils les ont capturés vivants et c'est vivants qu'ils doivent les rendre à leurs familles". De leur côté également ils doivent faire un geste humanitaire. Les auteurs affirment que "l'Accord Humanitaire qui est non seulement une expression juridique, mais aussi un geste d'humanité en défense de la vie, a été retardé surtout pour des raisons liées au conflit armé et par un cynique calcul politique. Il faut faire une pause dans ce conflit, et renvoyer les séquestrés dans leurs familles".

Ils ajoutent que "par malheur pour les kidnappés, la société colombienne dans sa majorité est devenue insensible face à la douleur, et n'a jamais exprimé clairement son indignation; si elle le faisait  ce serait la chance pour les victimes. La société colombienne souffre d'une crise humanitaire déconcertante : la vie humaine a perdu toute valeur ".Les auteurs rappellent dans leur document que "dans toutes les guerres, même dans les plus cruelles, on a décrété des trêves pour des échanges de prisonniers, de malades et de civils sans défense. Alors, pourquoi ne pas le faire aujourd'hui en Colombie, comme cela a déjà été fait auparavant, par exemple dans le kidnapping et l'échange du frère du Président César Gaviria ? dans l'accord de Remolinos del Caguán avec la libération de 60 soldats et de 10 cadets de marine ; ou dans cet autre accord, pendant le gouvernement d'Andres Pastrana, quand on a échangé des soldats et des guérilleros malades ; ou encore dans les accords entre Pastrana et l'ELN, quand ont rendu leur liberté aux civils kidnappés de la María, de l'avion d'Avianca et du Kilomètre 18 ; et aussi dans l'accord de la Macarena par lequel les Farc ont libéré 250 soldats et policiers ".

Ils font appel à ceux qu'ils considèrent comme les "Seigneurs de la guerre" : si on a appliqué l'Accord Humanitaire dans toutes ces occasions et dans bien d'autres, pourquoi ne pas le faire maintenant ? "C'est la réponse que nous,  les Colombiens, attendons avec anxiété". Un grand nombre de personnes sont séquestrées soit pour en retirer une rançon, soit pour des raisons politiques ou encore en tant que prisonniers de guerre; elles sont privées de leur liberté depuis de nombreuses années, détenues dans des conditions sous-humaines dans des prisons perdues dans la profondeur de la forêt.Le kidnapping fait partie de la guerre que nous les Colombiens endurons depuis plus de 50 ans, et qui a apporté de nouvelles formes de souffrance : l'épouvantable déplacement forcé de trois millions de Colombiens,  les assassinats et les disparitions de centaines de personnes, et aussi le phénomène dramatique de la prise en otage de citoyens, utilisée comme une stratégie de guerre.

Cette réalité cruelle créée par le conflit interne est ignorée par par la politique de "Sécurité Démocratique" du Président Uribe qui, en la niant veut également nier l'autre, c'est-à-dire, son ennemi. Les Farc, pour leur part, dans leur logique de guerre, utilisent le kidnapping de la population civile comme un mécanisme de pression politique ou de financement économique.

 

La Colombie : le pays le plus dangereux au monde pour les syndicalistes

16/11/2005 - CISL, Alter Business News

Comme chaque année, la Confédération internationale des syndicats libres (CISL), basée à Bruxelles et représentant 234 organisations affiliées dans 154 pays et territoires, publie son rapport des violations des droits syndicaux. Un bilan qui fait état de 145 personnes décédées dans le monde en 2004, de plus de 700 agressions violentes à l'encontre de syndicalistes et près de 500 cas de menaces de mort. Si tous les continents sont concernés, l'étude fait apparaître que le continent américain détient le nombre le plus élevé d'assassinats et de menaces de mort. Avec 99 assassinats et des centaines de menaces de mort, la Colombie détient la palme du pays le plus dangereux pour les syndicalistes.

En 2004, la violence physique envers les syndicalistes a persisté et s'est même aggravée. Au total, 99 syndicalistes ont été assassinés au cours de l'année (neuf de plus qu'en 2003), la majorité d'entre eux dans le cadre de négociations collectives ou au cours d'actions de grève. Des centaines d'autres ont reçu des menaces de mort, d'autres encore ont été victimes de tentatives d'assassinat et d'enlèvements, beaucoup ont été arrêtés et certains feraient l'objet d'intimidations policières ou de l'armée. Les célébrations du 1er mai ont été durement réprimées par la police, laissant 12 blessés graves. Quatre membres d'une délégation syndicale internationale qui avaient participé auparavant à une mission de solidarité avec la Colombie ont été expulsés du pays à la fin du mois d'octobre et au début du mois de novembre.

L'impunité perdure; dans presque 70 pour cent des cas, l'on ne dispose d'aucune information sur les auteurs intellectuels ou physiques du crime. Pour les 30 pour cent restants, neuf menaces sont attribuées aux forces paramilitaires d'extrême droite ou à des agents de l'État, y compris l'armée régulière du pays.

Le HCR préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire en Colombie


15/11/2005 - Intelink

L'agence des Nations Unies pour les réfugiés s'est dit aujourd'hui extrêmement préoccupée par la détérioration de la situation humanitaire dans le sud de la Colombie, après le départ pour l'Équateur de plus de 500 personnes fuyant les combats qui font rage dans le pays.« Il s'agit du plus grand afflux de réfugiés en Équateur cette année », a déclaré le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, après le départ pour l'Équateur, ce week-end, de plus de 500 Colombiens fuyant les combats qui font rage dans les départements de Putumayo et Nariño, a indiqué Marie Okabe, la porte-parole adjointe du Secrétaire général, au siège à New York.

OCHA prévient de l'arrivée imminente de nombreux autres réfugiés. Des informations font état de blessés graves parmi les réfugiés arrivés en Equateur, précise le Bureau des affaires humanitaires. Le HCR, qui coopère avec les autorités locales et la Croix-Rouge pour fournir un abri et distribuer des vivres aux demandeurs d'asile, continuera de surveiller la situation en Colombie, a ajouté la porte-parole.            

Dix partis verts viennent à Bogota pour soutenir l'accord humanitaire

03/11/2005 - Terra, LesVerts.fr, Le Monde

Tous les mardis, les mères des soldats et policiers détenus par la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) se retrouvent sur la place Bolivar, à Bogota. Une banderole, un mégaphone, quelques passants indifférents : le drame de 34 hommes retenus dans la jungle, certains depuis huit ans, ne pèse pas lourd. Quinze personnalités politiques, dont Ingrid Betancourt, et des dizaines d'otages enlevés contre rançon, partagent leur sort. "Nous ne sommes plus qu'une dizaine à venir toutes les semaines" , soupire Marleny Orjuela, présidente de l'Association des familles de militaires séquestrés. Après quarante ans de conflit armé, la Colombie s'est habituée à l'intolérable.

Mardi 1er novembre, une délégation internationale des Verts, qui a fait le voyage à l'initiative de l'eurodéputé Alain Lipietz, a fait acte de présence. "Nous sommes là pour exprimer notre solidarité avec Ingrid Betancourt et tous les otages , explique Grazia Francescato, porte-parole du Parti vert européen. Nous voulons que le gouvernement accepte de s'asseoir à la table des négociations." Parmi les familles des otages, le pessimisme règne. La Cour constitutionnelle vient d'autoriser le président Alvaro Uribe à se représenter aux élections de 2006. Cette délégation comprend l es représentants de partis écologistes d'Australie, de Belgique, de Bosnie, du Brésil, des Etats-Unis, de France, de Hollande, d'Italie, du Japon et de Taiwan, qui prennent part à Bogota au forum 'Rencontres Internationales pour l'Accord Humanitaire et le Droit des Peuples".

Les Verts mondiaux entendent ainsi montrer publiquement à l'opinion publique colombienne, au président Uribe et aux FARC le prix qu'ils attachent à la libération de l'ensemble des otages colombiens, dont Ingrid Betancourt et Clara Rojas. Les Verts sont convaincus qu'une très forte pression internationale est nécessaire pour pousser le président Uribe et les FARC à un accord humanitaire. La délégation des Verts s'associera à la manifestation des parents de victime, et aura de nombreux entretiens avec de nombreuses organisations et personnalités colombiennes comme Luis Eduardo Garzon, maire de Bogota, Luis Carlos Restrepo, commissaire à la paix du gouvernement, Mgr Luis Augusto Castro, président de la conférence épiscopale, des forces politiques de la gauche démocratique (Pole démocratique indépendant, Front Social et politique), des syndicats, des ONG, etc.

Les participants à cette réunion ont demandé aux autorités colombiennes de ne pas tenter un sauvetage militaire des kidnappés pour ne pas mettre leurs vies en danger. Karl Romanelli, du Parti Vert des USA, a déclaré que la mission des parlementaires et sympathisants qui sont arrivés à Bogota 'espère une solution négociée au conflit colombien 'et veut oeuvrer dans le monde pour la paix dans la nation sud-américaine. Cependant, il a souligné que cette solution 'implique de rompre avec la culture de l'impunité '.Les représentants internationaux ont critiqué la loi justice et paix promulguée par le Congrès et le Gouvernement colombiens pour organiser la démobilisation des paramilitaires de droite, qui poursuivent des négociations avec l'Exécutif depuis la fin de 2003. Ils ont souligné que cette loi ne combat pas l'impunité des crimes contre d'humanité commis par les paramilitaires.

"Uribe ne veut rien négocier, mon fils va pourrir dans la forêt" , soupire une manifestante. Marleny Orjuela tente de lui rendre courage. "Le chef de l'Etat est imprévisible , dit-elle. Pendant la campagne électorale, il va peut-être accepter de négocier."

 
Hugo Chavez propose son assistance à la France pour libérer Ingrid Betancourt

21/10/2005 - Nouvel Obs, El Nuevo Herald

Le président du Venezuela a annoncé à Chirac qu'il espérait aider à faire pression et pense "qu'un message public devrait être adressé aux rebelles". Le président du Venezuela Hugo Chavez a annoncé jeudi 20 octobre à son homologue Jacques Chirac qu'il espérait aider à faire pression pour libérer l'otage franco-colombienne Ingrid Betancourt, enlevée par les FARC en Colombie il y a quatre ans. "Je connais Ingrid Betancourt personnellement, et je suis vraiment désolé de ce qui lui arrive", a déclaré Hugo Chavez lors d'une conférence de presse à Paris. "Depuis le début, le président Chirac m'a appelé à Caracas et m'a demandé si je pouvais faire quelque chose. Nous avons essayé, mais sans résultat. J'espère que nous pourrons aider", a ajouté le président vénézuélien. Hugo Chavez a déclaré qu'avec le président cubain Fidel Castro, il pense "qu'un message public devrait être adressé aux rebelles".

"En vie" selon Chavez. Candidate à la présidentielle 2002 en Colombie, Ingrid Betancourt est détenue par les guérilleros des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie), qui l'ont enlevée le 23 février 2002 alors qu'elle effectuait un déplacement électoral en zone rebelle dans le sud du pays."Selon nos informations elle est en vie", a affirmé Chavez. "Il y a une proposition d'échange humanitaire, mais nous ne pouvons rien faire en ce sens." Le leader vénézuélien, proche de Fidel Castro, espère qu'un accord pourra être conclu et que les Colombiens pourront mettre fin à une guerre civile qui oppose depuis quarante ans rebelles marxistes et paramilitaires d'extrême droite.

Au moins 5426 personnes séquestrées en Colombie

AFP, Bogotà 5/12/2005

Au moins 5426 personnes sont actuellement séquestrée en Colombie dont 2491 pour lesquelles les enlèvements n'ont pas été revendiqués, ont indiqué vendredi à Bogota deux organisations non gouvernementales (ONG). Les ONG «Fundacion Pais Libre» et «Fondelibertad», précisent que depuis 1996 22 363 personnes ont été séquestrées en Colombie dont 5.426 sont encore détenues. Sur ces 5426 personnes, 1140 sont des otages des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, guérilla marxiste), 671 ont été enlevées par l'Armée de libération nationale (ELN, guérilla guévariste), 474 sont détenues par les groupes paramilitaires d'extrême droite, 400 par des délinquants et le reste par des groupuscules.

Toutefois, 2491 personnes ont été séquestrées mais leur enlèvement n'a jamais été revendiqué. Olga Lucia Gomez, directrice de la fondation «Pais Libre», précise que depuis 1996, 994 otages ont été tués. «Mais, poursuit-elle, dans de nombreux cas, les ravisseurs continuent à exiger des rançons en faisant croire que les otages sont encore vivants. Et souvent, ils exigent même une rançon pour indiquer où ils ont enterré les corps de leurs victimes». «Le pire, dit-elle, est que la tragédie des enlèvements se heurte chaque jour à un mur d'indifférence de la part des autorités et du reste des Colombiens». Les FARC, principale armée rebelle forte de 17 000 combattants, réclament la libération de prison de 500 de leurs guérilleros emprisonnés en échange de celle de 59 personnalités militaires et politiques dont la franco-colombienne Ingrid Betancourt.


 
Ingrid Betancourt
 
47 ans, de nationalité colombienne et française, 
parlementaire et militante écologiste
 
Ingrid Betancourt est depuisle 23 février 2002 
prisonnières des FARC

 

 

Vous avez certainement entendu parler de cette femme courageuse. Depuis plus de cinq ans, elle est au main des Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes (les Farc). Son dernier message date de 2003, depuis rien sur son sort et celui de Clara Rojas (sa collaboratrice). Il est important de savoir qu'elle exige sa libération au même titre que ses co-détenus (3000). Elle pose une condition, c'est à dire que s'engage des négociations globales. Son appel est un message de paix et en faveur du réglement du conflit armé colombien, qui ravage depuis trop longtemps ce pays. Sa lutte est digne et mérite la mobilisation de tous. Son combat n'est en rien manichéen, et c'est pour cela qu'Ingrid Betancourt est un exemple à suivre.

C'est aussi un moyen de parler du chaos que supportent des millions de citoyens, des 3 millions de réfugiés ou déplacés, des 300.000 exilés de Colombie à travers le monde. Du poids aussi des multinationales et de l'oligarchie, d'où résulte un frein à tout progrès social et économique. Selon les associations des droits de l'Homme, on recense rien que pour le premier trimestre 2005, plus de 1000 crimes contre des civils et plus de 60.000 réfugiés nouveaux. Face à un des plus vieux conflits du monde construisons des réseaux de paix et de soutien au peulpe colombien : lire l'article sur les AUC en page d'info sur l'Amérique Latine

 
Courte biographie d' Ingrid Betancourt
1961 : naissance d'Ingrid à Bogota (son père est ambassadeur)   1981 : elle fait Sciences Po à Paris et épouse un diplomate français.

1990 : entre au ministère des Finances.et dénonce la corruption de l'intérieur.   1994 : elle est élue députée , là aussi elle devra consater les faiblesses corruptives du pouvoir.

1996 : publication de son livre Si sabia, enquête sur le financement de la campagne électorale de Samper par le cartel de Cali.   1998 : Fondation d'Oxygeno, le parti Vert. Elle est élue sénatrice avec le meilleur score du pays. Sa vie et celles de ses enfants seront plusieurs fois menacés.
2002 : candidate aux élections présidentielles en Colombie, elle proclame «la Colombie n'a jamais eu que des petits chefs à sa tête», et «nos vrais leaders ont tous été assassinés.   2001 : publication en France de La rage au coeur aux éditions XO.
     
`
 
Infos publiées en 2002 : Vous avez sans doute déjà lu dans vos journaux que les Forces Armées Révolutionaires Colombiennes avaient diffusé une video -datant de mai- où et nous fait parvenir un message. Grace à la RtbF, la video a été accessible sur internet dès juillet 2002, et via le site www.betancourt.info, s'y trouve aussi le communiqué que la famille d'Ingrid a publié à propos de cette cassette. Merci de continuer à supporter Ingrid et son combat ! et continuez à visiter http://www.betancourt.info/ pour des nouvelles quotidiennes sur la situation des otages en Colombie
 
 Association des Amis d'Ingrid Betancourt

Voilà maintenant plus d'un mois et demi qu'Ingrid a été enlevée et la campagne pour sa libération s'organise. Vous êtes de plus en plus nombreux à vous manifester.

Il s'agit de faire pression non seulement pour la libération d'Ingrid et de Clara Rojas , mais à travers d'elles, aussi pour celle des quelque 3.000 autres détenus et pour que cessent les violations des droits de l'homme commises par tous les acteurs du conflit en Colombie: FARC, ELN, paramilitaires, Etat colombien et que s'établisse enfin un Etat de droit dans ce pays. Les Amis d'Ingrid Betancourt, le comité de soutien de Belgique, le comité Ingrid pour la paix et la famille d'Ingrid se sont réunis et mis d'accord pour coordonner les actions que vous pouvez entreprendre:

- une campagne internationale "INGRID BETANCOURT CITOYENNE D'HONNEUR" auprès des municipalités.
- l'envoi de pétitions en France et en Colombie, notamment à la presse et aux médias colombiens.
- La création de comités locaux ou l'adhésion aux comités existants.
- l'information en se branchant sur : www.betancourt.info la diffusion de l'information.

Bien sûr, toutes les initiatives et les autres formes d'action sont les bienvenues.

Il est très important que l'opinion publique colombienne connaisse cette action internationale dont nous sommes tous responsables. Mais, nous savons que la presse colombienne, qui a toujours discriminé Ingrid, ne rendra pas compte spontanément de cette campagne.

Extraits du communiqué de presse du 13 avril 2002

 
Texte de la première pétition

Consternés par l'enlèvement d'Ingrid Betancourt, candidate à la présidence de la République de Colombie, le 23 février 2002 par les FARC, nous demandons sa libération immédiate et sans condition. Rien ne peut justifier l'enlèvement de civils, quels qu'en soient les motifs ; et un véritable processus de paix ne pourra se développer tant que de telles pratiques continueront. Mais nous pensons aussi qu'une négociation politique sérieuse est la seule voie possible pour ramener la paix et la justice sociale en Colombie. Aussi, nous nous adressons à vous pour vous demander de tout mettre en oeuvre pour la libération d'Ingrid Betancourt et des autres civils détenus par les groupes armés et d'instaurer le plus rapidement possible un véritable dialogue politique en vue d'établir la paix à laquelle aspire la grande majorité des Colombiens, de restaurer un véritable état de droit et de mettre fin aux massacres de civils perpétrés par toutes les forces en présence.

  Clara Rojas, ci contre à droite,

Directrice de la campagne présidentielle de 2002
du parti Oxygeno.
Enlevée en compagnie d'Ingrid Betancourt le 23 février 2002
et libérée en janvier 2008

 

Quelques commentaires généraux sur la Colombie


Les civils colombiens subissent depuis de trop longues années la terreur des mafias d'une part, mais aussi une guerre civile larvée, d'autre part.
Le poids économique et social des cartels est considérable et la misère endémique dans ce pays (pourtant très riche en ressources minières et vivrières). C'est un facteur qui contribue à ce que l'enlèvement soit aussi une pratique très courante des petits mafieux. Le kidnappé dans ce pays s'organise comme d'une compétition sordide sur les routes ou à domicile.

La guerre civile dure depuis le début des années cinquante,. L'on ne peut omettre le rôle trouble de l'armée régulière avec les paramilitaires, les menaces permanentes qui pèsent sur les élus ou défenseurs des droits de l'Homme qui dérogent aux règles dictées par les deux groupes d'oppressions en présence (libéraux et conservateurs). Chaque année des milliers civils sont enlevés ou assassinés, la plus vieille démocratie sud américaine souffre d'un mal persistant et échappe la plupart du temps à l'actualité des médias, hors des prises de stupéfiants et des catastrophes naturelles.

Les colombiens ont besoin du soutien de l'opinion publique en France et dans le monde. Ce pays peut trouver dans le conflit qui l'oppose aux FARC une issue politique et mettre fin à l'un des plus vieux théâtre de guerre de la planète, et aux souffrances civiles. Mais cette nation riche, doit pouvoir aussi pouvoir assurer de meilleures conditions de vie à ses citoyens, seule solution pour endiguer les violences de toute sorte, aujourd'hui, les familles colombiennes se confinent dans les villes, à leurs maisons, leurs quartiers. Les longs et moyens déplacements sont pratiquement impossibles ou sans protections, ils sont hautement risqués d'une région à l'autre.

L'Amérique Latine dans son ensemble est fort mal connue. Sa composition multi-culturelle ou métissée est emblématique des conquêtes espagnoles et portugaises, mais ce sont les populations indigènes qui ont été et restent les principales victimes de la colonisation, sans omettre les esclaves venus d'Afrique. Il n'y a pas qu'un regard sur ce monde, il y a des pays, une histoire riche et qui ne date pas que des "conquistadores" et qui n'est pas la même d'une nation à une autre.

La Colombie est une vieille démocratie républicaine. Elle doit à Simon Bolivar d'être une nation moderne. Son système administratif date du milieu du dix-neuvième siècle, son système politique connait depuis toujours une quasi une alternance entre les libéraux et conservateurs. Son plus illustre personnage vivant est Gabriel Garcia Marquez, le lauréat du prix Nobel vient régulièrement en France. C'est un des derniers monstres sacrés de la littérature mondiale. A lire absolument : - Erendira - Pas de lettre pour le colonel - Les funérailles de la grande mémé - et bien sur, - Cent ans de solitude, son chef d'oeuvre.

Bogota, sa capitale se trouve sur un plateau à plus de 2600 mètres, en début nord de la Cordillères des Andes. une des capitales les pus hautes du monde. Cest une ville à l'architecture des grands centres villes américains, avec ses quartiers résidentiels et et ses bidonvilles denses : barrios. Les gamins de Bogota ont fait parlé d'eux suite à quelques ouvrages et des reportages. Une idée du sort qui est administré aux mineurs errants de cette ville, se calfeutrant la nuit dans des cartons ou dans les égouts, le jour volant pour survivre.

L'intelligentsia colombienne a toujours entretenu avec la France un rapport étroit. Il existe un accord bilatéral permettant l'existence d'une double nationalité pour un petit français naissant sur le sol de ce pays. Il y a depuis longtemps entre ces deux nations des relations. Ingrid Bétancourt, colombienne et française, incarne au mieux cette attente d'une Colombie qui souhaite tourner le dos à l'horreur du quotidien. Pour une marche vers un progrès partagé. La France, si elle le voulait , ne pourrait que renforcer son soutien à des populations en grande souffrance, qui elles savent ce que l'insécurité peut vouloir dire. A vouloir jouer avec le feu de la violence l'on connait bien, là bas, où cela peut bien mener.

Notes LM - 2002
 
 

Informations supplémentaires 
sur la Colombie, 

cliquez ci-dessous :

Université de Sherbrooke

http://perspective.usherbrooke.ca

Fédération Internationale des Droits de l'Homme :

http://www.fidh.org

Amnesty International  France:

http://www.amnesty.fr/

Encyclopédie de l'AGORA :

http://agora.qc.ca

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