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La Commune de Paris

Vue de l'Est?

Dans l'Est de la capitale et tout particulièrement dans le 20ème, le 19ème, le 18ème, le 11ème et pour la rive gauche, le 13ème arrondissement, etc., leurs habitants et gardes nationales locales participèrent activement à l'insurrection du 18 mars 1871.

Moins connu, le dixième arrondissement de Paris, cette localité a connu aussi une place et une activité notable dans le processus révolutionnaire.
 
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Les 20 arrondissements de Paris émanaient d'une décision de Napoléon III de 1860, qui fut désigné sous le terme d'annexion des villages limitrophes, tout un poème.... Comment ne pas rappeler que le préfet Haussmann avait fait entreprendre de larges tranchées, un urbanisme qui favorisa les édifices bourgeois. Immeubles qualifiés du nom de cet ancien préfet de la Seine, d'haussmanniens. Le 10ème arrondissement a été la localité parisienne, l'une des plus transformées, en raison des travaux sur plusieurs voies de circulation, notamment le boulevard de Magenta et de Strasbourg.

Au sein du dixième arrondissement, on recensait une population de l'ordre de 200.000 à 300.000 personnes vers 1870 et loin des chiffres officiels ou voulus comme tels autrefois, un choix volontaire d'escamoter les populations miséreuses des statistiques. Sachant qu'aujourd'hui les habitants sont un peu plus de 90.000. Malgré cette baisse importante, cette localité est restée l'une des plus densifiées d'Île de France, à l'exemple de ses 0,4 mètres par habitant d'espaces verts, aux débuts des années 2000. Depuis quelques lieux de verdures ont été créés, et grâce à des actions militantes, faut-il souligner. Cela commmence tout juste a changé, mais pour la surface requise, c'est bien moins que le vélo, patience !

De nouveau et depuis peu, la baisse de la population est de reprise, appartements et locaux vides (et son lot de miséreux à chaque coin de rue, etc.), des locations à la nuitée au service exclusif des touristes, rien d'étonnant que la spéculation avec une moyenne des prix à 10.000 euros le mètre carré soit à son comble. Le logement a été durant la Commune une question importante, voire centrale avec l'approvisionnement en vivre. L'augmentation des loyers des dernières années furent de l'ordre de 20% pour des logis souvent  petits surpeuplés et mal entretenus
par les propriétaires (ou "gens de biens"), voire sordides et sous la coupe d'un concierge ; plus l'accueil des réfugiés des villages et villes limitrophes durant le 1er siège (150.000 personnes), divers problèmes furent sur le feu et notamment le prolongement du moratoire sur les loyers, une des raisons du soulèvement du 18 mars 1871.
 
 
 
Avant les travaux du préfet Haussmann, les rues ne dépassaient pas quatre à six mètres de largeur, voire en faisait deux maximum de large en raison d'une urbanisation non maîtrisée ou héritée du Moyen Âge. On devine l'ampleur des travaux, les mouvements de population. En particulier, quand on délogea les plus pauvres des faubourgs et rues avoisinantes. N'oublions pas la présence de deux gares, celles du Nord et de l'Est, et le développement du train au cours du dix-neuvième siècle. Sans omettre la construction du canal Saint-Martin, et l'aspect industrieux et artisanal, qui font de cet arrondissement parisien, un des principaux poumons économiques de la capitale.
 
Les quartiers populaires du dixième, jouxtant les grands boulevards, comme les quartiers Saint-Martin et Saint-Denis furent des lieux festifs et de "débauches". Les révolutions de 1789, 1830, et 1848 eurent leurs heures de gloire sous les arcs des deux portes monumentales de St-Denis et de St-Martin (édifiées sous Louis XIV). Ces quartiers rassemblaient de jour et de nuit une activité grouillante. De jour, s'y illustra le jeune Victor Schœlcher qui y naquit et travailla dans le magasin de son père dans le faubourg Saint-Denis. La nuit tombante, le guinguet coulait à flot, et ici ou là, les chants révolutionnaires jaillissaient de la nostalgie des anciens et de l'espoir d'un autre monde.

 Depuis Louis XIV, Paris restait une ville hautement surveillée, dans l'ombre agissent les "mouches" (mouchards) ou indicateurs de la police. La surveillance policière ne faisait pas de cadeau aux agitateurs : en point de mire "les rouges" et surtout ce que l'on désignait depuis 1830 comme les classes dangereuses. La présence d'une classe ouvrière naissante, peu à peu s'organisa et se reconnaissait dans les idéaux républicains et démocratiques de 1792 dans l'Est parisien, et resta une menace permanente.

Et si les cafetiers connaissaient des descentes régulières de police. On peut
aussi présumer de nombreuses planques ou lieux d'accueils pour les militants révolutionnaires de France et d'ailleurs, au sein de cet ancien dédale des ruelles et des passages jouxtant les faubourgs de la rive droite.

En raison des voies de circulation et des déplacements ferroviaires, c'est aussi un arrondissement par où passeront de nombreuses migrations de l'Est européen. La venue nombreuse d'Allemands, de Polonais, de Suisses et de Belges tout au long du XIXème siècle, se vit renforcer par la présence des deux gares et le développement des moyens de transports en communs. Rien de vraiment étonnant de découvrir encore aujourd'hui, en ce bout de capitale, qu'un habitant sur quatre est de nationalité étrangère. Pour donner une mesure en 1890 et valables les deux décennies précedentes, il y avait environ 170.000 étrangers vivants à Paris et fluctuants selon les migrations. Le 10ème a connu une forte population parlant des langues germaniques, l'Alsacien ou ses patois notamment.
 

La Commune vécue (extraits)

 Construction d'une barricade limitrophe du boulevart

A la réunion plénière tenue le 13 mars au Tivoli-Vaux-Hall (ancienne rue de la Douane, 10e), chaque délégation d'arrondissement se présenta avec ses procès-verbaux et ses mandats en règle et il faut croire que le projet de ces délégués inconnus avait du bon puisque une fédération de 215 bataillons se trouva ainsi constituée. C’était bien là en définitive le corps électoral armé, appuyant de la garantie du fusil la volonté affirmée par le bulletin de vote.

Les politiciens d'alors (…) contestèrent avec insistance l'autorité de ces élections ; mais, outre que les 215 bataillons adhérents réduisent par les faits mêmes cette contestation à néant, les procès-verbaux des Conseils de légion sont encore là pour établir que le Comité central émanait bien d'un vote de la très grande majorité des gardes nationaux parisiens. Afin d'établir ce point historique, il a son importance nous allons donner le procès-verbal de l'élection des trois délégués pour le 10ème arrondissement (*).

Fédération Républicaine de la Garde Nationale,
Conseil de légion du 10ème arrondissement

Extrait du procès-verbal de la séance du mardi 14 mars 1871, rue Dieu, n° 8. Nomination de trois délégués au Comité central.
Sont présents :
Pour le 24e bataillon, les citoyens Lisbonne, Colombillier (1 manquant);
Pour le 107e, bataillon, Vallée, Sée, Protot
Pour le 108e, Philippe, Grégoire, Sadier
Pour le 109e, Dosbleschin, Théat, Fossé
Pour le 110e, Mogan, Noël, Bahaben
Pour le 128e, Salomon, Joug, D'huin
Pour le 137e, Oiselez, Richetin, Frondière
Pour le 153e, Sans, Bez, Wantzet;
Pour le 167e, Lemaire, Leber (1 manquant)
Pour le 170e, Arnold, Simonet, Tilleul
Pour le 186e, François, Aubry, Desagneaux;
Pour le 202e, Brétheau, Babick, Corlet;
Pour le 238e, Durand, Lebel, Guillochet.
Après appel nominal des délégués présents, il est procédé au vote par scrutin secret. Nombre des votants, 32. Majorité absolue, 17. Ont obtenu Arnold, 32 voix, Babick, 32 voix, Lisbonne, 20voix. Il suffit de se reporter aux statuts pour comprendre comment ces membres du Comité central avaient été élus, au suffrage graduel, par les citoyens de ces 13 bataiïtons d'un arrondissement. (…)
*
Dès midi, l'insurrection (du 18 mars) était donc maîtresse du 11e arrondissement mais le Comité central, qui avait là de nombreux bataillons sous la main, ne savait qu'en faire et ne songeait nullement à les utiliser. II fallut l'arrivée de ce fou qu'était Lullier pour le tirer de son embarras et de sa torpeur. Nous avons dit ailleurs comment ta population de Ménilmontant, Belleville et La Villette avait accueilli la troupe.

Après le départ du général Faron, des barricades s'élevèrent de tous côtés ; c'est toujours la crainte d'un retour offensif qui préoccupe alors tous tes esprits. Ce n'est que très tard, sous la vigoureuse impulsion de Brunel, de Ranvier et de Emile Eudes que les Bellevillois se décident à quitter les hauteurs, à prendre l'offensive et a marcher vers l'Hôtel de Ville.

Voici d'ailleurs comment Maxime Lisbonne, alors membre du Comité central et commandant du 24e bataillon de marche, relate, dans des Mémoires, encore inédits son rôle au cours de la journée :
« Lorsque je fus averti que Brune avait été délivré et qu'il était à la tête de son bataillon, près du pont Grange-aux-Belles, de l'autre côté du canal, nous correspondîmes et nous décidâmes de prendre la caserne du Prince-Eugène. Le rendez-vous était place du Château-d'Eau. Le 107e bataillon, les compagnies de marche du 24e et quelques débris d'autres bataillons de l'arrondissement composaient la colonne d'attaque. A notre arrivée, on parlementa quelques instants avec le colonel du régiment de ligne qui occupait la caserne. Mais les lignards agitaient leurs képis en criant : Vive la République! Vive la garde nationale!

Nous entrâmes dans la caserne, tambours battants. Nos hommes étaient armés de fusils à tabatière. Les soldats livrèrent leurs chassepots et leurs cartouches. Les officiers se retirèrent et les soldats restèrent ainsi livrés à eux-mêmes. Je reçus du Comité l'ordre de conserver la caserne du Château-d'Eau tout en essayant de marcher sur l'Hôtel de Ville. Enfin, vers 6 heures du soir, laissant là une force suffisante, notre colonne se mit en marche. (...)

  (*) Enquête parlementaire sur le 18 mars (Documents).


Sources  : Gallica-BNF, 
La Commune vécue
Gaston Da Costa (1903-1905) - pages 71, 140 à 142




 
 Notes ou éléments propres au dixième arrondissement de Paris
 
Les ouvriers dès le 18 mars font causes communes avec la garde nationale, cette dernière défendant les canons de la souscription du journal le Siècle. Des barricades se dressent au pied des Portes Saint-Denis et Saint-Martin, mais aussi sur le boulevard du Magenta et partout dans la capitale. Elles éclosaient sur les axes principaux de circulations et ont maintenu la défense des faubourgs populaires, dont celui du Temple qui connut une forte activité. Le Tivoli-Waux-Hall a été le lieu de formation du Comité central des Gardes nationales parisiennes (215 bataillons). Les employés du café l'Écu de l'Est (disparu) qui se trouvait à proximité de la Gare de l'Est enclenchèrent la première grève connue ou répertoriée, et en solidarité avec le mouvement naissant.

Ci-contre une reproduction colorisée d'une barricade sur le boulevard Magenta.
 




Publication officielle et presse : Il a été fait mention dans le Journal Officiel de la Commune, du 10 avril 1871, d'un article relatant les héroïnes de la révolution de 1848 et de faits aux Portes St-Martin et St-Denis. 

Le Journal du Xème arrondissement : Il a été publié deux numéros, il s'agissait d'un journal d'inspiration Proudhonien : L'organe des intérêts communaux, politique, littéraire et commercial.

Autres publications :  Le Faubourg, journal politique et La Montagne (journal de la révolution sociale) de Gustave Maroteau (en photo).

Le Journal du Xe Arrondissement
(Organe des intérêts communaux, politique, littéraire et commercial.
Tout par la liberté et par la patrie. N°1, 4 décembre 1870)

Ce journal, tout à la dévotion de M. Dubail, maire du Xe arrondissement, espère que du milieu de nos discordes s'élèvera, fondé sur la Liberté, le Droit et la Justice, l'édifice modèle de l'administration municipale, auquel le couronnement ne manquera pas cette fois. Ainsi soit-il ! Cette feuille sait allier le plaisant au sévère et cherche à dérider les administrés de M. Dubail par des  saillies auxquelles, j'en suis certain, lesdits administrés préféreraient de beaucoup une distribution supplémentaire de bœuf en boîte.

En attendant, voici ce qu'on pouvait se procurer en achetant le Journal du Xe arrondissement :

A propos de la réquisition des mulets, Anes, etc.: « Nous serons bien cette fois la ville des lumières, puisqu'il n'y aura plus d'ânes parmi nous. »
Au sujet de la viande salée : « Les Parisiens sont déjà habitués à tout ce qui emporte la bourse et la bouche. »
A propos de la déclaration relative à la taxe sur les chiens : « Que doivent faire les personnes qui ne possèdent que le tiers ou le quart d'un chien? » Etc.

Ces pauvres plaisanteries font assez l'effet d'allumettes qu'on frotterait contre un papier humide. Quand ils ont tant d'esprit, les journaux vivent peu et mal ; aussi le n°2 du Journal du Xe arrondissement, journal bi-hebdomadaire cependant, n'a paru que le 9 janvier, c'est-à-dire plus d'un mois après la publication du premier numéro.
Administrateur-gérant : J. Béraud. Collaborateurs : V. Montantaine ; P. .Mignard ; G. l'Etienne, etc.

Le Faubourg
(Journal politique quotidien.
2e année. N°1, 26 mars 1871)
2e année !... Mon Dieu oui ! Mais ce que ne dit pas le citoyen Maroteau, c'est que son journal le Faubourg, publié le 26 février 1870, n'eut que trois numéros dont un spécial. Il m'en souvient encore de ce numéro spécial ; il était adressé au président de la 7e chambre, et Gustave Maroteau ne mâchait pas ce qu'il avait à lui dire :

« Bonnet bas ! mon président, Je vous condamne à me juger tous les vendredis.»
« Le Faubourg tué, je fonderai la Révolte, et quand vous aurez déchiré encore mon papier, épointé ma plume, je ferai feu sur du papier d'affiches avec le rouge d'une allumette. »
« Et malgré vous, la foule, la grande foule en blouse, achètera notre feuille d'un sou ; et avec notre papier, son cuivre, nous ferons pour le jour de l'émeute des bourres et des balles. »

C'était raide en février 1870. Ne parlons pas du Faubourg de 1871. Un seul numéro !


La Montagne


N°1, 2 avril 1871

(journal de la révolution sociale)


Le rédaction se trouvait au 19 boulevard Saint-Denis, Paris 10e, ce journal lui aussi éphémère a connu 22 numéros du 2 au 25 avril 1871 et Gustave Maroteau comme rédacteur en chef : En fondant la Montagne j'ai fait le serment de Rousseau et Marat : Mourir s'il le faut, mais dire la vérité. Ce dernier avait collaboré au journal La Rue de Jules Vallès en 1869 et tient de lui un style tranchant... Le journal était imprimé sur deux grandes feuilles au prix de 5 centimes. Le gérant fut Jules Gouffé, son comité de rédaction était composé de Francis Enne (écrivain), Léon Picard, A. Olirini, Gustave Sauger, G. Tridon (membre de la Commune), Passedouet, etc.

Rédacteur en chef du Faubourg, de la Montagne et du Salut public (la dernière publication communarde née le 15 mai et encore en activité le 24 mai...) : Gustave Maroteau homme de lettres et journaliste sous la Commune est né à Chartres (Eure-et-Loir) le 28 juillet 1849. Il décéda au bagne en Nouvelle-Calédonie le 17 mars 1875  et avait été à l'origine condamné pour ses articles à la peine de mort.


Source :
Firmin Mailllard, Histoire des journaux publiés à Paris
pendant le siège et sous la Commune, pages : 92, 93 et 18. Editeur-libraire E. Dentu (Paris, 1871)

 
Un appel à la mobilisation sera lancé en avril et signé par Monsieur A. Moreau en tant que délégué à l'administration de la mairie du 10e.  Au sein de la Commune, il exista une Fédération des artistes de Paris, dont fut membre le peintre Corot (habitant du 10ème, rue du faubourg Poissonnière).

 
Figures au sein du dixième arrondissement pendant la Commune de Paris





Paul
Antoine
Brunel
(ci-contre)

Antoine Brunel est né le 12 mars 1830 à Chalmoux (Saône-et-Loire), et décéda le 26 avril 1904 à Devon (Grande-Bretagne) et se réclamait comme républicain socialiste. Il fut officier de carrière, élu membre et général en chef de la Commune. Sur le terrain du 10ème arrondissement Antoine Brunel s'y illustra suite à son incarcération en 1870 pour indiscipline, et profita de la confusion. Il sortit discrétement de la prison Ste Pélagie avec l'aide de la Garde nationale, puis avec des troupes il s'empara le 18 mars de la caserne du Château d'Eau (ou caserne du Prince Eugène, actuelle place de la République) et d'autres sites stratégiques. Il se trouva ainsi désigné chef de la 10ème légion. A la fin des combats Brunel fit le choix de l'exil en Angleterre.
 
Antoine Brunel  prend part au soulèvement blanquiste du 31 octobre 1870, contre le gouvernement de la Défense nationale. Le 26 janvier 1871, à l'annonce de l'armistice avec les Allemands, il tente de s'emparer des forts de l'Est parisien ; il est arrêté et condamné à la prison. Il est libéré le 26 février par la Garde nationale. Le 18 mars 1871, au début du soulèvement des Parisiens contre le gouvernement Thiers, il s'empare de la caserne Prince-Eugène et de l'Hôtel de Ville de Paris. Le 24 mars, il est nommé général de la Commune (avec Émile Eudes et Émile-Victor Duval). Le 7ème arrondissement l'élit au Conseil de la Commune. Il demande alors sa mise en disponibilité comme général. Il est chargé de la difficile réorganisation de la défense du fort d'Issy. Il est grièvement blessé au combat pendant la Semaine sanglante, mais parvient à se réfugier en Angleterre. Il y reste et devient professeur à l'école navale de Dartmouth. 
Louis
Charles
Delescluze

(ci-contre)

Louis-Charles Delescluze est élu le 5 novembre 1870
Maire du XIXème arrondissement,


Mort sur la barricade
place du Château-d'Eau à Paris,
10e arrondisssement


« servir de victime ou de jouet à la réaction victorieuse »
Il démissionna le 6 janvier 1871, appelant à « la lutte armée contre les capitulards » (c’est-à-dire le gouvernement de la Défense nationale). Son journal est suspendu en janvier après l'échec de l'insurrection contre le gouvernement. Le 8 février 1871, il est élu par un vote massif à l'Assemblée nationale, où il demande la mise en accusation des membres du gouvernement de la Défense nationale. Le 26 mars, élu membre du Conseil de la Commune par le XIe et le XIXe arrondissements, il donne sa démission de député. Il est membre de la commission des Relations extérieures, de la Commission exécutive (4 avril), et à celle de la Guerre. Il est membre du Comité de Salut public (9 mai) et délégué civil à la Guerre (11 mai). Lors de l'entrée des Versaillais dans Paris, il en appelle le 24 mai à une guerre des quartiers : « Place au peuple, aux combattants aux bras nus !». Le lendemain, 25 mai, désespéré, il ne fera rien pour éviter la mort sur une barricade au Château-d'Eau, ne voulant en aucun cas « servir de victime ou de jouet à la réaction victorieuse ». Considéré comme en fuite bien que mort, il sera condamné à mort par contumace en 1874. (Sources en italique rajoutées en avril 2011)


Jean Baptiste Corot



Né en 1796 à Paris, J.B. Corot avant de devenir un plasticien reconnu a été graveur de profession. Il décéda dans le 10ème en 1875 dans son atelier (ci-contre) au 56 de la rue du faubourg Poissonnière.

Le peintre Corot dans ses dernières années a pu vivre de son art, il versa à titre personnel 20.000 francs aux pauvres lors du premier siège, puis sous le second, il a été élu membre de la commission fédérale des artistes de la Commune, le 17 avril 1871. Il l'est l'un des fondateurs de l'école de Barbizon en Seine-et-Marne.



Dans la nuit du 9 au 10 septembre 1870, alors que les troupes prussiennes progressaient vers Paris, Corot fit le cauchemar que l'ennemi entrait dans la ville pour l'incendier. Le lendemain, dans un tableau qu'il intitula Le Rêve, Paris incendié, l'artsite fixa rapidement et fébrilement, comme pour s'en libérer, cette vision terrifiante en laquelle il vit, quelques mois pluis tard, une prémonition des destructions de la Commune. Jusqu'à sa mort, Corot conserva presque secrètement ce tableau dans son atelier, où il fut peu montré, au point qu'à la vente posthume de l'atelier de l'artiste, en 1875, il fut relégué parmi les études et les esquisses. Après la Commune cette représentation fantasmée de la capitale livrée aux flammes devint certainement pour Corot une sorte de mémorial des ses traumatismes intimes confondus avec l'histoire récente.

Source : La Commune de Paris, la révolution sans images, de Bertrand Tillier
Editeur Epoques - Champ Vallon, année 2004


 Les élus du 10ème arrondissement de Paris après le 26 mars 1871
 

Jules-Nicolas-André BABICK (1820-1902) : parfumeur et chimiste, né en Pologne, il adhèra à l'internationale en janvier 1871 et signa l'affiche rouge. Il est élu au Conseil de la Commune par le Xe arrondissement. Il fut membre de la commission justice puis des services publics et fut condamné à la déportation. Connu pour ses positions mystiques, il créa même un culte et deux livres furent édités en 1893 et 1902 : "A nos bienfaiteurs connus et inconnus! : témoignage de reconnaissance et de vénération pour la réalisation du règne de dieu sur terre comme au ciel !" - imprimerie Haussmann et Lips, à Genève. Et "Sept prières édifiantes : suivies de la loi des lois paraphrasée et des six raisons". Il décéda à Genève.

Sa fiche détaillée sur le Maitron

 
Charles-Ferdinand GAMBON (1820-1887) : avocat et juge, élu de la Seine et de la Nièvre, socialiste, il écrivit deux essais : La revanche et La dernière révolution. Il se rangea du côté de la Commune puis s'exila en Suisse et fut condamné par contumace. Gambon dit «L'homme à la vache», selon M. Thoreux, s’adressa aux communes du centre de la France : «Frères, si Paris trahi, livré, insulté, provoqué, attaqué violemment, est assez fort pour défendre son droit, la France ne peut se dispenser de son devoir. Agissez donc. Plus de conscription, plus de police, plus d'octrois, plus d'impôts sur les boissons, plus de gendarmes, plus de vols, ni rats de cave, ni rats d'église, ni rats de théâtre, ni rats du palais. Travail et lumière partout.» (29 avril 1871). (...) Après la proclamation de la République le 4 septembre 1870, il est élu à l'Assemblée nationale comme socialiste révolutionnaire. Il en démissionne le 26 mars à la suite de son élection au Conseil de la Commune par le Xe arrondissement. Il fait partie de la Commission de la Justice, mais refuse le poste de Procureur de la Commune. Le 9 mai 1871, il devient membre du Comité de Salut public. (...)

Sa fiche détaillée sur le Maitron





Henry-Louis CHAMPY (1846-1902) : doreur sur métaux, membre de l'Internationale et du comité central de la Garde Nationale. Pendant le siège de Paris par les Allemands (septembre 1870 - mars 1871), il est membre du 203e bataillon de la Garde nationale. Il fut membre de la commission de subsistance de la Commune de Paris et condamné à la déportation au mois de septembre et revint en France en 1880 ; il devint président et fondateur de la Société des proscrits de 1871 (aujourd'hui l'association "des ami(e)s de la Commune de Paris"). Il décéda dans la capitale en 1902.

Sa fiche détaillée sur le Maitron


En 187O, Le journaliste Félix Pyat lance pour la première fois dans Le Combat l'idée d'une Commune de Paris.
Félix, Aimé PYAT (1810-1889) : publiciste radical, avocat, journaliste et écrivain, il écrivit quelques pièces de théâtre dont "le brigand et le philosophe", "les deux serruriers", "le chiffonnier de Paris". Élu membre de la commission exécutive de la Commune de Paris, il fait une proposition à la séance le 2 avril que L'Officiel (J.O. de la commune, elle sera rejetée par 32 voix - pour : 25). Le 20 avril il menace de démissionner, Henry Champy demande que sa démission ne soit pas prise en compte. A la fin de la Commune, il a du s'enfuir et fut condamné à mort par contumace (et réhabilité en 1880). Il fut élu député des Bouches du Rhône en 1887.

Sa fiche détaillée sur le Maitron
 


Paul Philémon RASTOUL (1835-1875) : Il s'établit comme médecin à Paris vers 1870 (demeurant au 109 bld Magenta). Pendant le siège de Paris par les Allemands (septembre 1870 - mars 1871), il est garde national au 9e bataillon. Il préside le club des Montagnards et organise à ses frais une ambulance. Le 26 mars 1871, il est élu au Conseil de la Commune par le 10e arrondissement ; il siège à la commission des services publics et le 9 avril il est nommé inspecteur général des Ambulances, il fut condamné par le Conseil de Guerre à la déportation. En mars 1875 tentant de s'évader de l'Île des Pins en Nouvelle Calédonie son embarcation échoua et périt sur un banc de corail.


Il a été rédigé un livre non réédité sur le Docteur Rastoul "Une vie d'apostolat de la Commune à l'île des Pins", en 1995 par Michel Lubac, où il est fait mention de ses activités dans l'arrondissement (rajouté en 2017)






   Henry FORTUNé (1821-1882)

Le
portrait d'Henry Fortuné par Félix Vallotton paru dans La Revue Blanche, 1897


Poète et militant politique, il est issu d’une famille d’artisans bottiers de Nîmes. Il s'installe à Paris à partir de 1846. Fortuné combat  sur les barricades en 1848. Considéré comme un opposant à Napoléon III, il est interné politique à la Prison Sainte-Pélagie après le Coup d'État du 2 décembre 1851. Il collaborera à l’Almanach phalanstérien et au quotidien La Démocratie pacifique. Il s’intègre à la société littéraire parisienne et reprend la publication de Panurge. Mais un article qualifié d’obscène lui vaut une nouvelle condamnation : en janvier 1863 il est condamné à un mois de prison. D'abord fouriériste, il évoluera vers l'anarchisme.
En 1867 il se marie avec une jeune confectionneuse méridionale, Rose Caubet, dont il aura trois enfants. La même année il fonde avec les militantes féministes Louise Michel et Marguerite Tinayre la Société des équitables de Paris, une société coopérative de consommation et d’éducation. Par cette société il adhère à l’Association internationale des travailleurs.Son militantisme politique lui vaut un nouveau séjour à la Prison Sainte-Pélagie. En tant que délégué de son arrondissement Fortuné est l’un des signataires de l’affiche rouge du 6 janvier 1871 appelant à la création de la Commune de Paris. Le 3 mars il est élu au Comité central de la Garde nationale.

Après le 26 mars 1871, il est désigné membre de la Commune de Paris par les élus du X° arrondissement, il siègea à la commission des subsistances et fut le créateur du Comité de vigilance du 10ème arrondissement ; il s'exilera après la Commune. Pendant la Semaine sanglante Fortuné est l’un des derniers à combattre. Il occupe l’hôtel de ville dont il dirige la défense avec Pindy.

Le 27 mai il combat encore rue Haxo à Belleville puis il parvient à échapper à la répression versaillaise en se déguisant en peintre en bâtiment. Condamné à mort par contumace par le Conseil de Guerre, Fortuné doit attendre l'amnistie de 1880 pour revenir en France. Malade et sans revenu, il est heureusement aidé par son ami le docteur Goupil qui le soigne et l’emploie comme secrétaire. Fortuné meurt le 28 mai 1882 dans son domicile parisien d’une congestion cérébrale due aux vapeurs de mercures qu’il avait respirées dans son usine. Il est enterré au cimetière d’Ivry en présence de plusieurs communards dont le docteur Goupil et Benoît Malon.


NB : Les sources en italique sont de Wikipédia, le texte sur les élus du 10e a été modifié le 7 avril 2011, et un grand merci à l'auteur M. Gauthier Langlois pour ses précisions et son apport sur Henry Fortuné. 



Source : Carte de Paris assiégé,  Gallica-BNF

 Le regard critique de Marx et des internationalistes...



 
Suite à son Manifeste achevé en janvier 1848, il rédigea un opuscule sur les Luttes sociales en France (publié en 1850). Au hasard de sa vie d'exilé, il fut présent à Paris en mars 1848 furtivement avant de retourner à Cologne. Il en rédigea une analyse des rapports de classes, il tablait sur un changement selon des conditions historiques et sociales particulières, et par une meilleure fédération du mouvement ouvrier.

Quand Marx s'installa en Angleterre à partir de 1849, il compléta ses analyses historiques, économiques, sociales et politiques sur la révolution industrielle, dont le Royaume Uni était le fer de lance depuis la fin du dix-huitième siècle.

Un site de référence : Marxiste.org

Karl Marx habita donc ainsi les trois nations occidentales les plus importantes du dix-neuvième siècle : l'Allemagne prussienne, la France et la Grande Bretagne. Et il passa aussi quelques années en Belgique avec Engels et sa petite famille dont Jenny son épouse (1844-1847). Il a été l'un des fondateurs en 1864 de la 1ère Internationale, plus exactement de l'Association Internationale des Travailleurs (AIT).

Il importait de créer une césure et c'est en partie en septembre 1870 que l'échec de la révolution sociale ou "socialiste" s'est jouée, pour Marx il s'en fut d'un fil que le 31 octobre tout bascule en faveur de la révolution (lire absolument son texte sur la guerre civile en France). Au moment de la débâcle du pouvoir impérial. Paris, la capitale politique du pays était en mesure de constituer un gouvernement provisoire, d'imposer la République aux factions monarchistes. En quelque sorte, la Sociale laissa à ce moment à la réaction, une porte ouverte pour une reprise en main à court terme. D'autres ont vu des occasions manquées au moment du 18 mars 1871, Bakounine avait déjà soldé l'échec d'une révolution en France à son commencement.

Ce gouvernement provisoire fut non conforme aux vœux de Marx et il le fit savoir. Les français en 1870 n'y entendaient pas grand-chose à la nouvelle problématique internationaliste et à ses fondements matérialistes de l'histoire. Marx dans sa correspondance marqua son agacement en raison de la tournure des événements, ne disant rien des désordres internes de l'AIT. Il est difficile de savoir qui de Engels ou son compère a été le plus actif ou a pu avoir les moyens (statutaires) d'intervenir sur des structures plus ou moins nationales ayant chacunes des modes de fonctionnement propres et pouvant diverger sur les objectifs?

Bien que Marx ait demandé aux soldats allemands de ne pas faire de la République et du peuple Français les victimes d'une guerre où serait victorieuse la domination Prussienne, des doutes furent émis. Ce qui l'avait lui-même poussé à l'exil, et lui fit connaître ainsi les accents de la censure et de la répression. Le Marx de 1870 n'était plus vraiment l'auteur tranchant du Manifeste de la Ligue des Communistes. Son analyse avait évolué, même si Karl Marx pensait toujours en terme de rapport de force, il l'envisageait autrement, résurgence de la dialectique hégélienne? ou fruits de la présence des anarchistes au sein de l'AIT?
Pour les Socialistes comme pour Hegel, le présent n'est qu'un passé contemporain qu’il faut modifier sans cesse, pour préparer l'avenir qui n’est qu'un devenir. Ceci dit, nous n’avons pas besoin d’insister sur la connexion existant entre le développement moral des sociétés et leur développement économique, formant ensemble le développement social dont nous devons, encore une fois, connaître la direction et les lois, pour agir efficacement sur lui. 

Benoît Malon, L'agiotage de 1715 à 1870 (Paris, 1885)
En France, en 1870, les proto-marxistes ont été denrées plutôt rares, en dehors des personnes de Léo Frankel (en photo) ou Elisabeth Dmitrieff, peu de figures de premier plan, hors Eugène Varlin. Frankel était un hongrois d'origine, ministre du Travail au moment de la Commune. Il représenta pour certains un "social-démocrate"..., voire un "social-traître". L'on en conserve encore une trace d'ignorance en France de l'oeuvre de Marx, et surtout de sa pensée au fil du temps et de son évolution intellectuelle.

Le 26 mars 1871, Frankel était élu membre de la Commune pour le 13e arrondissement et le 29 mars, il devenait membre de la Commission du Travail, Industrie et Echange.
Le programme de cette commission se chargea des réformes des services publics, des rapports entre travailleurs et patrons, de la refonte du Code du commerce, et de l'éducation professionnelle, avec une pédagogie axée sur une méthode empirique et se voulant scientifique.
 


Léo Fränkel

On connait mieux les changements politiques de Victor Hugo, royaliste dans sa jeunesse, devenu sensible à une Europe progressiste et républicaine en 1870 à tonalité socialiste. Lui aussi, comme Marx a connu l'exil, point commun entre ces deux hommes, de plus tous les deux étaient  contemporains. Sauf que l'on connait moins l'évolution intellectuelle du Rhénan, surnommé le Maure. Sa jeunesse fut aussi contrastée que celle d'Hugo, notamment quand il partagea certaines vues avec un certain Bruno Bauer, professeur, théologien et "hégélien de gauche" (cf. à L'idéalisme allemand). Toutefois, Marx sera le précurseur de beaucoup de révolutionnaires du vingtième siècle. Avec le temps, il deviendra non pas plus lisse, mais moins présomptueux sur le devenir victorieux de la classe ouvrière en Europe.
Marx a eu tout à loisir d'être l'observateur le plus avisé de son temps, des mouvements sociaux et politiques dans l'hexagone, en Grande Bretagne, en Allemagne, plus largement en Europe mais aussi des recherches importantes sur les États-Unis et la Russie.


La Commune et les crises de l'A.I.T.
Extraits de courriers de Karl Marx (1870-1873)


Depuis Londres, le 23 juillet 1870 devant la menace de la guerre franco-allemande, Marx écrivait : 
« La classe ouvrière anglaise tend une main fraternelle aux travailleurs de France et d'Allemagne. Elle se sent profondément convaincue que, quelque tournure que prenne l'horrible guerre qui s'annonce, l'alliance des ouvriers de tous les pays finira par tuer la guerre. Tandis que la France et l'Allemagne officielles se précipitent dans une lutte fratricide, les ouvriers de France et d'Allemagne échangent des messages de paix et d'amitié. Ce fait unique, sans parallèle dans l'histoire du passé, ouvre la voie à un avenir plus lumineux. Il prouve qu'à l'opposé de la vieille société, avec ses misères économiques et son délire politique, une nouvelle société est en train de naître, dont la règle internationale sera la Paix, parce que dans chaque nation régnera le même principe : le travail! Le pionnier de cette nouvelle société, c'est l'Association internationale des travailleurs ».
Suite à l’enclenchement du conflit entre la France et la Prusse, Marx rédigeait le 16 septembre une lettre au Professeur E.S. Beesly :
« Cher Monsieur, (…) Après avoir déclaré faire la guerre à Louis Bonaparte et non au peuple français, la Prusse fait maintenant la guerre au peuple français et la paix avec Bonaparte. Elle a relâché l'assassin. Elle a déclaré son intention de le rétablir, lui ou sa famille aux Tuileries. L'infâme Times affecte aujourd'hui de traiter cela comme un simple cancan. Il sait, ou devrait savoir, que la chose a été imprimée dans le Staatsanzeiger de Berlin (le Moniteur prussien). D'après les journaux prussiens semi-officiels, tels que la Gazette de Cologne, je vois que ce vieil âne de roi Guillaume, fidèle aux traditions de famille des Hohenzollern, se prosterne déjà aux pieds du tsar et l'implore d'avoir la magnanimité de l'employer comme son domestique contre les Turcs ! Récemment, la réaction a déjà débuté en Allemagne. A commencer par nos gens à Brunswick qui ont, comme je vous l'ai décrit, été mis en route enchaînés comme de vulgaires traîtres dans la direction de la frontière de l'Est. Mais cela n'est qu'un fait entre mille ». (La première Adresse sur la guerre franco-allemande pour l’AIT).
Du 18 mars au 28 mai 1871, se déroulait la Commune de Paris. Marx écrivit pendant la Commune, La Guerre civile en France, plus un certain nombre de courrier à ses correspondants français de l’AIT. Londres, le 13 mai, il envoyait une lettre à ses camarades parisiens :
« Chers citoyens Frankel et Varlin, J'ai eu des entrevues avec le porteur. Ne serait-il pas utile de mettre en sûreté les papiers compromettants pour les canailles de Versailles ? Une telle précaution ne peut jamais faire de mal. On m'écrit de Bordeaux que quatre Internationaux ont été élus aux dernières élections municipales. Les provinces commencent à bouger. Malheureusement, leur action est localisée et "pacifique". J'ai écrit plusieurs centaines de lettres pour votre cause à tous les coins du monde où nous avons des sections. La classe ouvrière était du reste pour la Commune dès son origine. Même les journaux bourgeois de l'Angleterre sont revenus de leur première férocité. Je réussis à y glisser de temps en temps des articles favorables. La Commune me semble perdre trop de temps à des bagatelles et à des querelles personnelles. On voit qu'il y a encore d'autres influences que celles des ouvriers. Tout cela ne serait rien si vous aviez le temps de rattraper le temps perdu.

Il est tout à fait nécessaire de faire vite tout ce que vous voulez faire en dehors de Paris, en Angleterre ou ailleurs. Les Prussiens ne remettront pas les forts dans les mains des Versaillais, mais après la conclusion définitive de la paix (26 mai), ils permettront au gouvernement de cerner Paris avec ses gendarmes. Comme Thiers et Cie se sont, comme vous le savez, assuré un important pot-de-vin dans leur traité conclu par Pouyer-Quertier, ils ont refusé d'accepter l'aide des banquiers allemands offerte par Bismarck. Dans ce cas, ils auraient perdu le pot-de-vin. La condition préalable de la réalisation de leur traité étant la conquête de Paris, ils ont prié Bismarck d'ajourner le payement du premier terme jusqu'à l'occupation de Paris. Bismarck a accepté cette condition. La Prusse, ayant elle-même un besoin très pressant de cet argent, donnera donc toutes les facilités possibles aux Versaillais pour accélérer l'occupation de Paris. Aussi, prenez garde ! ».
Londres, le 6 avril 1871 Marx écrit une lettre à Wilhem Liebknecht :
« Cher Liebknecht, (…) Il semble que si les Parisiens succombent ce soit par leur faute, mais par une faute due, en réalité, à une trop grande honnêteté. Le Comité central et, plus tard, la Commune, ont donné au malfaisant avorton Thiers le temps de centraliser des forces ennemies:
1. Parce qu'ils ne voulaient pas, les insensés, ouvrir la guerre civile. Comme si Thiers ne l'avait pas déjà ouverte par sa tentative de désarmer Paris par la force, comme si l'Assemblée nationale, convoquée seulement pour décider de la paix ou de la guerre avec les Prussiens, n'avait pas immédiatement déclaré la guerre à la république !

2. Pour ne pas se donner l'apparence d'un pouvoir usurpateur, ils ont perdu des moments précieux (il s'agissait de se porter immédiatement vers Versailles après la défaite, place Vendôme, de la réaction dans Paris) par l'élection de la Commune, dont l'organisation, etc., a encore pris du temps ».
En 1872, Jenny Caroline Marx épousait Charles Longuet (futur député socialiste). Ils eurent cinq garçons et une fille. Jenny Julia Eleanor, la cadette des filles Marx à 17 ans rencontrait le journaliste français, le comte Prosper Olivier de Lissagaray. Son père désapprouva la relation, il avait le double de son âge. Eleanor penchait alors plus pour les thèses anarchistes, il ne fut pas possible de la retenir, elle décida de suivre son amant. Elle finit par quitter le foyer pour le rejoindre en France et participer à la rédaction de son Histoire de la Commune de Paris. Mais Eleanor quittera Lissagaray au bout de dix ans de vie commune pour retourner en Angleterre, au contraire de ses deux autres sœurs qui vécurent leurs derniers jours et décédèrent en France. Premières publications en avril du Capital en Russe, puis en Français en juillet, sauf que la censure bloqua sa parution jusqu’en 1895 et il fut lu à sa publication de manière très marginale.

En septembre, au congrès de La Haye, le cinquième de l’AIT, Bakounine et d’autres membres étaient exclus. Le sujet avait été abordé lors d’une conférence un an plus tôt aux Pays-Bas. La section Russe ayant demandé à Marx de les représenter, et non Bakounine impliqué dans des méandres sectaires et indirectement par un meurtre. Voici un extrait d’un rapport rédigé à la suite de ce congrès par Engels, Lafargue, Marx et d’autres contributeurs :
« Pour se faire reconnaître comme chef de l'Internationale, il lui fallait se présenter comme chef d'une autre armée dont le dévouement absolu envers sa personne lui devait être assuré par une organisation secrète. Après avoir ouvertement implanté sa société dans l'Internationale, il comptait en étendre les ramifications dans toutes les sections et en accaparer par ce moyen la direction absolue. Dans ce but, il fonda à Genève l'Alliance (publique) de la démocratie socialiste. (…) Mais cette Alliance publique en cachait une autre qui à son tour était dirigée par l'Alliance encore plus secrète des Frères Internationaux, les Cent Gardes du dictateur Bakounine ».
L’exclusion aurait dû intervenir plus tôt, mais la guerre franco-allemande, plus la Commune de Paris en retardèrent l’échéance. Cette affaire au sein de l’AIT allait être une des raisons importantes de la disparition de la première Internationale. A ce titre, un certain Serguei Netchaïev, écrivain (Le catéchisme révolutionnaire – publié en1868) et nihiliste Russe fut l’auteur d’un meurtre en 1869, sans être arrêté, parce qu’en fuite. Il souleva une enquête judiciaire sur les membres de l’AIT en Russie.

Netchaïev (1846-1882) a été le facteur enclenchant de cette division en interne et constitua à lui seul une réalité politique, toutefois limitée, ou ce qu’appela plus tard Lénine la « maladie infantile du communisme ». Sur son éviction Bakounine exploita le sujet pour dénoncer l’autoritarisme de Marx, plus tard pour soutenir des entreprises terroristes, et des campagnes calomnieuses. Pour autant, l’anarchisme n’étant pas le reflet d’un seul ou deux hommes, des contacts ou des groupes observateurs anarchistes ou libertaires se poursuivirent ou contribuèrent au sein de l’Internationale à son maintien, mais celle-ci fut affaiblie par des départs, et des campagnes pour certaines sournoises.

Londres le 21 juillet
1873, le débat n’étant pas vraiment épuisé, le sujet continua à soulever au sein de l’AIT des condamnations :
« On ne saurait dire ce qui l'emporte dans les élucubrations théoriques et dans les tentatives pratiques de l'Alliance, du grotesque ou de l'infâme. Néanmoins, elle a réussi à provoquer au sein de l'Internationale une lutte sourde qui pendant deux ans a entravé l'action de notre association, et qui a fini par la sécession d'une partie des sections et fédérations. Les résolutions prises par le Congrès de la Haye contre l'Alliance étaient donc de devoir strict; il ne pouvait laisser tomber l'Internationale, cette grande création du prolétariat, dans les piéges tendus par le rebut des classes exploitantes. Quant à ceux qui veulent dépouiller le Conseil général des attributions sans lesquelles l'Internationale ne serait qu'une masse confuse, éparpillée et, pour parler le langage de l'Alliance, "amorphe," nous ne saurions y voir que des traîtres ou des dupes ».
Lettre signée par les membres de La Commission : E. DUPONT, F. ENGELS, Léo FRÄNKEL, C. LE MOUSSU, Karl MARX, Auguste SERRAILLIER.

Notes de Lionel Mesnard du 28/08/2019


L'historien Nicolas Delalande retrace la naissance de l’A.I.T. :

Association Internationale des Travailleurs (1864)

France Culture - La fabrique de l'histoire - 10 juin 2019 - durée : 53 minutes



Pour en revenir à la Commune, l'on comprend mieux que Marx ait été en colère. Mais ses idées eurent peu de place à Paris? C'est en analysant les divers courants en présence que l'on se rend compte que l'annonce d'une révolution socialiste n'était pas vraiment à l'ordre du jour. Sauf, pour en comprendre les failles et souhaiter qu'un jour un changement radical suive un autre chemin. Il faut surtout souligner que ce fut la dernière révolution d'un long cycle et que si une révolution peut en effacer une autre, il n'existe pas un mouvement type, mais des époques données.

Après Septembre 1870, les élections successives furent des échecs électoraux pour les progressistes. Le scrutin du 26 mars 1871 ne fut que le résultat des arrondissements parisiens. Il ne fut en rien représentatif de l'opinion globale des Français. La lecture des différents scrutins a été moins reluisante que l'héroïsme des communards. Il faut avoir une lecture plus austère des élections. Très évocatrices des forces en présence, notamment réactionnaires en interne comme en dehors de la capitale.
 
L'analyse des scrutins de septembre, novembre 1870, de janvier, à mars et avril 1871 releva d'un contexte particulier. La capitale assiégée s'était vidée d'une partie de sa population. Comme analyse historique un tant soit peu sérieuse, l'on remarque aussi une abstention forte et le recul électoral des élus internationalistes, sauf en mars et en avril 1871 à Paris pour les membres de l'AIT. Il faut aussi re-situer l'ensemble des composantes républicaines ou révolutionnaires : blanquistes, proudhoniens, anarchistes ou libertaires de tout poil, socialistes bourgeois ou réformistes (anciennement le camp des utopistes et/ou Saint-Simoniens), etc.

Il fut aussi difficile de maintenir l'unité des diverses composantes de l'AIT, et l'on a eu une césure claire entre un camp républicains qualifié de "bourgeois", et de l'autre un camp révolutionnaire très éclaté. La situation fut complexe, les échanges vifs et les attaques des armées Versaillaises ne pouvaient installer une situation stable. Le piège d'Adolphe Thiers fonctionna en mobilisant les troupes revenues des camps de prisonniers, à coup de propagande, il rendit ainsi les parisiens libérés de sa tutelle responsables des pires horreurs, et il a pu ainsi décapiter une génération militante. Les conditions n'étaient pas au rendez-vous, mais il restera le courage de ces femmes et hommes du petit peuple qui ont cru pendant quelques semaines à un changement fondamental des consciences. Et si en France souvent la mémoire est défaillante, le message des communards est devenu depuis lors un message universel d'espoir.
 
 Ce mouvement populaire fut aussi celui de figure que l'on retrouve sous le trait d'exilés de Pologne ou de l'Est de l'Europe. Souvent très actifs sur le terrain, et au titre le plus souvent des marxistes de la Commune comme Élisabeth Dmitrieff (d'origine russe), qui informa Marx des événements.

Et il y a des figures comme Benoît Malon (ci-contre), ouvrier teinturier, journaliste et un des fondateurs de l'Internationale en France en 1865. Député en 1871 un court temps avant de démissionner le 26 mars, il refusa les conditions de l'armistice comme représentant des prolétaires parisiens, et s'illustra dans son intrépide combat contre les dérives des blanquistes. « Soyons révolutionnaires quand les circonstances l’exigent et réformistes toujours.

MALON (Benoît), membre de la Commune de Paris, né aux environs de Saint-Etienne (Loire), en 1841, d’une famille de cultivateurs, reçut une assez bonne instruction primaire, chez son frère aîné, instituteur dans ce département. Tour à tour homme de peine et ouvrier teinturier, dans la banlieue de Paris, il fut l’un des fondateurs de la seconde section de l’internationale dans la Seine en 1868, et condamné, comme tel, à trois mois de prison. Ces rigueurs ne ralentirent point son zèle. Avec l’aide de M. Varlin, il organisa la fédération des sociétés ouvrières, et devint le secrétaire de la section des travailleurs unis, de Puteaux. Au congrès de Bâle, il soutint les théories de l’Internationale, et au mois d'ami 1870, fut l'un des promoteurs de la fameuse grève du Creuzot, qui prit si rapidement les proportions les plus inquiétantes, et ne put être domptée que par la force.

M. Malon était alors rédacteur de la Marseillaise et il y raconta les péripéties du mouvement industriel qu'il avait provoqué. Sa correspondance avec E. Varlin ayant été saisie, il fut arrêté, et condamné, au mois de juin 1870, lors du troisième procès de l’Internationale, à un an de prison. Mis en liberté, après la révolution du 4 septembre, M. Malon se montra, pendant tout le siège, l’adversaire acharné du Gouvernement de la défense. Elu adjoint du 17e arrondissement, après l’affaire du 31 octobre au second tour de scrutin, par 1787 voix sur 4.487 votants (8 novembre). il prit part à la tentative du 21 janvier l871. Nommé député à l’Assemblée nationale dans le département de la Seine, aux élections du 8 février le dix-huitième sur quarante-trois, par 117.483 voix, sur 328.970 votants, il donna peu après, sa démission, et vint reprendre, aux Batignolles, l‘exercice des fonctions municipales.

Après l’insurrection du 18 mars il se rallie au Comité central, consentit aux élections du 26, et fut élu membre de la Commune dans le 17e arrondissement, par 4199 voix sur 11.394 votants. Membre de la commission de travail et d’échange, le 30 mars, officier municipal du 17e arrondissement, le 13 avril, il vota pour la validation des élections complémentaires à la majorité absolue des suffrages, quel que fût le nombre des votants, mais repoussa, par des considérants énergiques, la création d'un Comité de Salut public. Il signa, avec la minorité, une déclaration d’abstention politique, qu‘il pratiqua rigoureusement, se bornant, jusqu’à l’entrée des troupes dans Paris à l’administration de son arrondissement. A ce moment. il s'échappa et gagna la Suisse, où il fonda et rédigea, avec MM. Eudes, Lefrançais et Razoua, le journal la Revanche, que le gouvernement helvétique crut devoir supprimer au commencement du mois de février 1872.

G. Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains, page 123, Librairie Hachette et C° (Paris 1873)



Karl Marx dans la presse bourgeoise
 et "calomnies" en France



LA REVUE QUOTIDIENNE


du mercredi 15 mars 1871, journal Le Gaulois, n°981


Il faut pourtant en revenir, et chaque jour à la question de la reprise du travail. D'après la Patrie de Bordeaux, nous disions, hier, que des négociants de province avaient envoyé à des fabricants des commissions importantes d'articles de Paris, et qu'il leur avait été répondu qu'il était impossible, de leur livrer ces marchandises, les ouvriers refusant de travailler.

Un fait raconté par la Gazette de France montre que cette grève des «citoyens à trente» a dès longtemps commencé : C'était dans les premiers mois du  siège : un industriel, qui avait une commande considérable du gouvernement, se rendit auprès du ministre de la guerre pour lui faire part de l'impossibilité où il était de tenir ses engagements.

- Je ne trouve pas d'ouvriers, lui dit-il; la garde nationale les a tous pris : si vous voulez que je travaille, facilitez-moi le moyen de recruter des travailleurs.

Il fut donc convenu que les ouvriers qu'il emploierait seraient exemptés des exercices de la garde nationale pour service public, l'atelier où ils allaient rentrer devant uniquement travailler pour le compte de l'Etat. En conséquence, l'industriel fit part à ses anciens ouvriers, et à d'autres encore des conditions avantageuses qui leur étaient faites, puisqu'ils recevraient le même salaire qu'autrefois, tout en étant maintenus sur les contrôles de la garde nationale, ce qui leur permettrait d'ajouter à leur salaire la solde d’un franc et cinquante centimes par jour.

A ces conditions, les ouvriers consentirent, en effet de rentrer à l'atelier; mais ils ne revinrent pas le lendemain, et, à une démarche qui fut faite auprès d'eux, ils répondirent qu'avant d'être ouvriers ils étaient citoyens, qu'ils tenaient, à en remplir les devoirs, et que la solde de 1,50 fr. leur suffisait.

Dans un appel à l'armée, des «citoyens à trente» exposent sur une affiche rouge leurs théories ; les murs remplacent les Journaux suspendus. Il y a pourtant, dans cet appel à l'indiscipline une chose à relever et un exemple à suivre par ceux qui donnent ainsi des conseils aux soldats.

Que veut le peuple de Paris, disent-ils? Il veut conserver ses armes, choisir lui-même ses chefs, et, les révoquer quand il n'a plus confiance en eux. Il veut, que l'armée soit renvoyée dans ses foyers, pour rendre au plus vite les cœurs à la famille et leurs bras au travail. On n'en demande pas davantage aux «citoyens à trente».

Leurs cœurs à la famille, Et leurs bras au travail.

*
Le grand chef de l'Internationale va d'ailleurs prendre la parole «pour un fait général», si l’on en croit le Paris-Journal, qui promet la lettre de M. Karl Marx, prussien à qui il ne manque aucun sacrement, puisqu'il a été aussi condamné à mort.

Ce Karl Marx n’est pas satisfait de l'attitude des membres français de l'Internationale. Il trouve qu’ils s'occupent infiniment trop de politique et pas assez de questions sociales. C'est son avis, et il vient de le formuler très nettement dans une lettre adressée de Berlin à son frère et ami, le citoyen Serallié (*), un des grands prêtres parisiens de l'Internationale.

Karl Marx supplie les membres français et en particulier les affiliés parisiens, de ne pas perdre de vue que leur société a un but unique l'organisation du travail et l'avenir des sociétés ouvrières. Or, on désorganise le travail au lieu de l'organiser, et il croit devoir rappeler les délinquants au respect des statuts de l'association. (…)

(*) Auguste Seraillier
ou Serraillier (né à Draguignan1840-1891), dit Jackson, fut envoyé par l’AIT en septembre 1870 dans le 2ème arrondissement de Paris depuis Londres, où il vivait depuis 1869 avec son père. Il est élu membre de la Commune, le 16 avril 1871. Ce militant ouvrier dans la chaussure trouvera refuge à Londres après avoir été condamné à mort et sera présent au Congrès de La Haye en 1872 votant l’exclusion de Bakounine de l’Internationale.

31 mars 1871, le Gaulois - Rubrique « à Paris »

« C'est, parait-il, à Londres que s'est organisé le complot qui a éclaté à Paris, le 18 mars. L'insurrection aurait été préparée par MM. Karl Marx, Prussien, et chef suprême de l'Internationale; Assi (**), agent général pour la France; Bentini (non identifié), agent général pour l’Italie; et Dermott (non identifié), agent général pour l’Angleterre. Blanqui aurait assisté a cette réunion, qui a eu lieu dans les premiers jours de février dernier.
*
Hier, à neuf heures et demie du matin, les gardes nationaux des Batignolles ont tenté un coup de main sur la mairie de Neuilly. La bonne vigilance et l'attitude énergique des gardes de cette localité ont permis de déjouer cette surprise, et les fédérés des Batignolles se sont retirés au bout d'un quart d'heure de pourparlers. (…) »

(**) ASSI Adolphe, (1841 à Roubaix (Nord), et décédé à l’hôpital militaire de Nouméa en février 1886. Un "ouvrier mécanicien d’origine italienne, il prit une part active aux grèves du Creusot de janvier 1870. Il fut élu membre de la Commune, le 26 mars 1871, puis déporté en Nouvelle-Calédonie. Il n’appartenait pas à l’Internationale." (Source : dictionnaire Maîtron du mouvement social).

13 août 1871, le Gaulois - Rubrique « La Bourse »

« L'Angleterre nous avait lâché l’internationale pour ruiner nos usines et notre industrie, parce que le prétendu libre-échange lui permettait de se substituer sur notre marché au travail national. Que les nécessites du budget nous forcent à imposer ses produits, et elle renoncera à alimenter de ses millions l'Internationale et les grèves, depuis celle des chapeliers jusqu'à celle du Creuzot. Sans compter que l'Internationale unirait par l'inquiéter pour son propre compte; c'est du picrate dangereux à manipuler.

Et quant à la Prusse, qui n'a plus à gagner a la guerre, elle n'a plus le même intérêt a affaiblir notre gouvernement, et entraver l'exécution des lois, et il est probable qu'elle congédiera l'auxiliaire dangereux qu'elle avait introduit en France. M. de Bismarck n'a qu'un mot à dire à son secrétaire Karl Marx, chef de l'Internationale, et tout sera dit. (…)»

   Signé par le journaliste (boursicoteur), Jules Fleurichamp (1817-1890).

Source : Gallica-BNF - Le Gaulois - année 1871
Directeur-gérant, Edmond Tarbé des Sablons

Karl Marx dans le journal The Times,

Réponse du Secrétaire général de l’AIT


Déclaration du Conseil général à l'éditeur du Times Écrit, le 21 mars 1871

Monsieur,

- Je suis chargé par le Conseil Général de l'Association Internationale des Travailleurs de solliciter votre faveur pour publier ce qui suit dans les colonnes de votre journal :

- Une déclaration a circulé dans la presse anglaise que les membres parisiens de l'Association internationale des travailleurs avaient rejoint jusqu'à présent la soi-disant ligue anti-allemande pour déclarer tous les Allemands désormais exclus de notre association. Cette déclaration est le contraire des faits.

Ni le Conseil fédéral de notre association à Paris, ni aucune des sections de Paris représentées par ce conseil, n'ont jamais adopté une telle résolution.
La soi-disant Ligue anti-allemande, pour autant qu'elle existe est l'œuvre exclusive des classes supérieures et moyennes: elle a été créée par le Jockey Club et entretenue par les adhésions de l'Académie, de la Bourse, de quelques banquiers et fabricants, etc. Les classes ouvrières n'ont rien à voir avec cela.

L'objet de ces calomnies est évident. Peu de temps avant le déclenchement de la dernière guerre, l'Internationale devint le bouc émissaire général de tous les événements fâcheux. Ceci est maintenant répété à nouveau.

Tandis que la presse suisse et prussienne l'accuse d'avoir créé les outrages tardifs contre les Allemands à Zurich, des journaux français tels que le Courrier de Lyon, le Courrier de la Gironde, La Liberté, etc., disent que certaines réunions secrètes de l’Internationale ont été à Genève et à Berne, l'ambassadeur de Prusse à la présidence, dans lequel des réunions un plan a été concocté pour remettre Lyon aux Prussiens et aux Internationaux unis pour l'amour du pillage commun. (propos ironique…)

         Respectueusement votre,

    J. George Eccarius, Secrétaire général de l'Internationale, depuis, le 256, High-Holborn (Londres - GB), publié  par le Times, le 23 mars 1871.

Source: The Times, Marxists.org
par Tony Brown
(version anglaise)



Suite de la promenade :
 Chronologie des événements (1870-1871)

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