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Lutèce, la
gallo-romaine Là où l'empire Romain prit
domination, il imposa ses règles, d'évidence
celles de la construction et de l'urbanisme.
Les cités en
Gaule correspondirent trait pour trait à la civilisation
romaine : routes pavées, temples, théâtres, arènes,
aqueducs, rues perpendiculaires, etc... Ce
qui deviendra plus tard Paris est à l'origine une ville
d'inspiration latine. Une approche pas si
éloignée de la conception contemporaine
de l'urbanisme.
Ci-contre : "le frigidaire" (thermes
de Cluny) | |

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Si Lutetia (en latin), plus couramment Lutèce a été une
ville de très moyenne importance, elle a eu pourtant sa
monnaie et les romains fortunés aimèrent y venir
séjourner, et la présence passagère d'empereurs romains dans la lignée des Augustes marquait la fin de la république romaine.
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Repères chronologiques :
-44 : Assassinat de Jules César à Rome.
-43 : Fondation de Lugdunum (Lyon).
-31 : Octave triomphe d’Antoine et de Cléopâtre (l’Égypte devient romaine).
-27 : Octave prend le nom d’Auguste et devient le premier empereur de Rome et débuts du Haut Empire romain (fin vers 280).
-21/-20 : Résistances gauloises avec les révoltes des nobles Florus et Sacrovir contre les impôts et non contre Rome.
-20 : Premières traces d’occupation gallo-romaine sur le site parisien actuel.
-15/-13 : L’empereur Auguste séjourne à Lyon
(Lugdunum), dénommée capitale des Gaules (Gallia). Il est procédé à une
réorganisation géographique et politique des provinces gauloises avec
la partie Lyonnaise (Lugdunemsis) à dominante Eduens, de Belgique
(Belgica) et d’Aquitaine (Aquitania), une Gaule séparée de la partie
Narbonnaise intégrée ou annexée par Rome depuis plus d’un siècle. Le
Rhin depuis les Pays-Bas jusqu’en Suisse, délimite la partie non
soumise des Germains ou échappant à leur romanisation contrairement à
des villes comme Trèves, Bonn, Mayence ou Cologne. Nous sommes loin des
divisions en sept parties de la Gaule conquise par Jules César, la
Bretagne faisant référence à la grande île, et l’Armorique est incluse
à ce nouvel ensemble géographique.
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Premier siècle : Fondation de Lutèce (Lutetia).
année 09 : Désastre de Varus, fin de la conquête en Germanie.
année 14 : Mort d’Auguste et les débuts de la Pax Romana, l’empereur Tibère prend sa suite.
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Ce fut une ville paisible, avec une garnison
militaire de petite importance, bien qu'elle donna lieue à des "hivernages", pour le repos des troupes. C'est
en rive
gauche que la cité allait s'étendre et accueillir une
population de l'ordre de 5 à 20.000, selon les sources et les périodes.
Au tout début du 1er siècle, à Lutèce on peut estimer à 2.000 habitants
ses débuts
romano-gaulois. Et il faut noter un arrêt de la production artistique
Celte pour un
art de copie ou s'assimilant à l'Empire, voire à la Grèce comme
référence et culture prédominante avant l'occupation romaine.
Pour mémoire seule une
petite rébellion a pris place contre l'autorité
romaine. Il y fut mis fin par la volonté des habitants,
plus que de la volonté de ceux chargés de
protéger la ville.
Pour autant, les résistances ne prirent pas totalement fin, mais en
d'autres termes, c'est-à-dire en relation avec les questions
religieuses et la prédominance des cultes polythéistes. Les divinités
celto-gauloises ne disparurent pas, mais se partageaient les cultes avec les
dieux romains, notamment avec Mercure ou Jupiter. Il est possible de parler
de domination culturelle, en plus des questions sociales et
économiques, entre autres avec les monnaies qui allaient prendre une place
importante dans la coupure entre élites romanisées et gaulois
traditionnels de l'Ouest européen : Celtes, Aquitains et Belges.
Le
développement de Lutèce s'est étendu
en contre-fort de la Montagne Sainte Geneviève. Les protections
édifiées vers 270 ne tinrent pas l'assaut des
Germains et la ville allait connaître les premiers soubresauts
parvenant du Nord et de l'Est européen. Entre-temps et depuis la fin du premier
siècle, Lutetia prospéra et
développa mieux qu'ailleurs la Pax Romana ou la "paix romaine".
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Théodore Vacquer et l'histoire de Lutèce?
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Si Eugène Belgrand a
laissé des témoignages précieux pour son époque et sur la Préhistoire,
il serait difficile de ne pas donner à lire (après dans l'encadré) quelques apports des
travaux de Théodore Vacquer (1824-1899).
Cet
"antiquaire" ou archéologue n’est pas une figure connue en dehors de
cercles de spécialistes, pourtant son travail, ses recherches et ses
écrits apportent des lumières supplémentaires sur les Parisii et Lutèce.
Ci-contre : un Hercule gaulois
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Dans le cas de Théodore Vacquer, il a été préféré de lui réserver une
place, ses travaux comparés à d’autres de la même génération ou presque
est bien plus conséquent, et ses appréciations sont très utiles pour se
plonger dans la Gaule Celtique (Chevelue ou Lyonnaise). Un moyen
d’aborder 400 ans d’une histoire pas seulement de domination militaire.
Mais avec un contenu où la géographie, les espaces routiers et
l’architecture, plus la population autochtone, nous dévoilent des
évolutions, des crises, ou comment l’archéologie a su faire connaître
une histoire fragmentaire en terre des Parisii.
Le livre qui a retenu notre attention n’est pas né de la volonté de
l’auteur, mais de comment à partir de ses archives il a pu être transmis une histoire de Paris à l’époque Gallo-romaine, datant de
1912. L’objet n’est pas de faire une comparaison
avec les travaux actuels, l’archéologie en région île de France dispose
de plusieurs pôles de référence (Cnrs, Inrap, universités et musées) et
les méthodes employées sont bien plus élaborées et élargies aux
spécificités des recherches faisant appel à une ingénierie propre et des technologies de pointe.
Ce qui n’empêche pas que les travaux de Vacquer d’être d’une grande
qualité, mais les fouilles n’étaient pas liées à des mesures légales
comparables, et plus encore à des fouilles comme le conçoivent les
chercheurs actuels. D’autant plus qu’il a été
un des aménageurs ou superviseurs de la capitale sous la conduite du
préfet Haussmann et de la Ville de Paris, elle-même sous la tutelle de
l’Etat.
L’érudit, méticuleux et solitaire Théodore Vacquer a rassemblé tout au
long de son existence une foultitude d’anciens documents. Il
a ainsi suivi les grands chantiers de réaménagements jusqu’à ce qu’il
parvienne à trouver l’emplacement des Arènes de Lutèce dans la saillie
opérée dans le percement de la rue Monge en 1860. Dans cette artère, il
a pu avec des ouvriers mettre à jour d’anciens sarcophages
gallo-romains. Ce conservateur du musée Carnavalet officiait pour la
municipalité parisienne. Il pouvait ainsi donner un avis, le plus
souvent d’expertise et avec des interrogations propres à un archéologue?
A savoir, l’étiage ou le niveau de sols, leurs compositions et si les
hypothèses soulevées tenaient la route. Une note qu’il fit sur
l’emplacement d’un ancien cimetière romain proche de l’Hôtel-de-Ville. Un
auteur a eu la bonne idée de faire un ouvrage dès plus remarquable sur
ce féru d’histoire sur les origines gauloises, plus exactement
s’afférant aux Parisiens d’avant et d’après la conquête de Jules César
de la Gaule Aquitaine, Celtique et Belge.
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Repères chronologiques :
43 : Conquête de la Bretagne (Britannia) par Claude.
48 : L’empereur Claude obtient du Sénat l’accès des notables des trois Gaules aux magistratures romaines.
Vers 50 : Construction du forum, des thermes (à l'emplacement du Collège de France), des arènes.
68 : La révolte de Vindex contre Néron et crise de l’Empire.
69/70 : Les Bataves
romanisés se révoltent, le mouvement est impulsé par Civilis et suivi
par des Germains se liguant à ses côtés, en Gaule, il est rejoint par
Julius Sabinus.
Vers 95 : Apparition
de la première hiérarchie chrétienne sous Clément, 4ème évêque de Rome
avec la Première lettre aux Corinthiens, son pontificat aurait duré de
92 à 99.
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A partir du IIe siècle :
Une possible construction du théâtre de Lutèce sans l’affirmer,
embellissement du forum et construction des thermes de la rue
Gay-Lussac.
Vers 150 : Apogée de
l’Empire et de la Pax Romana. L’empire est à son plus haut stade de
colonisation par l’étendu de ses territoires et la population de
l’empire estimée de 50 à 80 millions d’habitants.
Vers 175 : construction des thermes de Cluny, apogée de la ville romaine.
*
A partir du IIIe siècle :
Une forte insécurité engage la fortification des villes. Deux tiers du
siècle sont marqués par des contestations et des désordres internes à
l’empire.
212 : Un édit de Caracalla donne la citoyenneté romaine à tous les hommes libres de l’empire.
Vers 230 : S’engage un recul urbain.
235 : L’empereur
Sévère Alexandre est assassiné, il en résulte une guerre civile. En
parallèle démarrent les premières vagues d’invasion germanique et une
période d’anarchie militaire.
260-275 : L’« Empire
gaulois », terme ambigu est une période de guerres civiles et de
problèmes économiques au sein de l’empire, toutefois les 6 ou 7
empereurs accolés à cette période trouble se réclamaient tous de Rome.
Cette distinction est venue avec la découverte de pièces en circulation
frappées par les autorités romaines en terres gauloises.
284-305 : Débuts du Bas Empire romain et Dioclétien empereur.
281 : Rome permet la plantation de vigne à Lutèce.
286 : Milan devient la capitale de l'empire. (fin en 402)
293 : Instauration
de la tétrarchie, ou le découpage en 4 territoires et 4 nouvelles
autorités tutélaires (deux Augustes et deux Césars) de l’empire sous l’impulsion de Dioclétien.
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Le dieu Mercure
Bas relief (musée Carnavalet)
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Paris à l’époque Gallo-Romaine |

Jardin du Musée de Cluny
Théodore Vacquer et Félix-Georges de Pachtère
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« La forêt couvrait l'Yveline et la Laye, et, partie en amont de Paris
des bords de la Seine, elle les rejoignait en aval vers Saint-Cloud et
Saint-Germain, Elle s'avançait même sur Lutèce. De la plaine
Saint-Denis, elle montait sur les sables de Belleville et de Montmartre
et s'étendait sur les alluvions du Marais. Du Sud, elle devait dévaler
des sables de Beauchamp de la montagne Sainte-Geneviève sur le sol
marécageux de Grenelle. Les monastères qui s'établirent dans le
bas-fond de l'amphithéâtre parisien dès les temps mérovingiens
attestent sa présence. Une tradition veut qu'au IXe siècle, l'église
Sainte-Opportune se soit établie sur l'emplacement d'une chapelle de
Notre-Dame « aux bois ». Encore aujourd'hui, ces bois arrivent aux
portes de Paris, à Vincennes et à Boulogne ».
(…) Le Parisis s'étend sur la Marne jusqu'au-delà de Lagny-sur-Marne,
en aval du grand coude de Jablines. Dans la Brie, la fixité de ses
limites est peut-être marquée par le village de Châtres. (…) Sur la
rive gauche de la Seine, les Sénons lui laissent tout le cours
inférieur de l'Essonne, et la Juine comme frontière d'un moment, mais
ils sont maîtres du pays par la Seine, les hautes vallées de l'Yerres,
de l'Essonne et de la Juine. Les Carnutes enfin tiennent les sources de
l'Orge, de la Rémarde, de l'Yvette et de la Bièvre.
(…) Note sur la population des Parisiens : « Elle aurait été de
78.000 à 108.000 habitants pour une superficie de 3.300 kilomètres
carrés (1/3 de l’actuelle région Ile de France en superficie). La
densité moyenne aurait été de 29,6 habitants au kilomètre carré
(environ 100.000 habitants). La région parisienne aurait été plus
peuplée que la Narbonnaise. Mais M. Beloch (l’auteur de ce chiffrement)
a bien dû s'avouer que son mode de calcul, quelle qu'en soit la valeur
approximative générale, ne pouvait s'appliquer aux Parisiens.
(…) Lutèce était bien située sur le fleuve pour permettre un passage
facile en cet endroit de passage nécessaire. Tandis qu'un peu en amont
ou un peu en aval, il eût fallu, pour traverser la Seine, cheminer
indirectement par deux îlots pour tomber sur la rive gauche en plein
marécage, l'île de Lutèce permettait à une industrie encore peu
audacieuse, à la fois de relayer son effort et de construire en deux
parties seulement ce pont de bois qu'il eût été plus difficile de
lancer d'une seule venue. Lutèce doit son importance à sa situation en
plein fleuve sur le passage d'une route. Sa croissance est liée aux
progrès de la Seine et de cette route comme voie commerciale ou
militaire. (…)
Mais pour que Lutèce, ville d'importance locale, sorte de sa
médiocrité, il faut que la route du Nord-Est devienne un grand chemin.
Or c'est à basse époque seulement, avec les grandes invasions barbares
du IIIesiècle, qu'elle deviendra une route militaire sur laquelle
s'avanceront les Francs jusqu'à Soissons, puis jusqu'à Paris. Le
développement de la ville est lié aux progrès mêmes de l'invasion.
(…) Lutèce du premier au quatrième siècle va connaître diverses
évolutions ou péripéties, se subdivisant en deux périodes de deux
siècles de durée, que l’on nomme le Haut et Le Bas Empire. (...)
Le Haut Empire : Ier et IIe siècle après J-C
Le développement de Lutèce comme cité n’a pas été une exception et son
essor à l’image de la Gaule sous domination Romaine, toutefois ce
n’était qu’une obscure place forte. La position géographique de Lutèce
s’est avérée décisive.
Si Jules César n’y passa qu’en coup de vent, celui-ci ne fit que
vaguement référence aux Parisii et à leur campement - pour le stratège
- ce fut une autre affaire. Lutèce devenait un axe routier névralgique
parce que stratégique, un point de jonction offrant une position
centrale et des moyens d’interventions militaires plus adéquats pour
tenir en respect les peuplades soumises ou à tenir en respect. En bref
un point de passage de ses troupes qui permettait à Rome d’asseoir sa
position.
Avec le Premier siècle de l’ère dite chrétienne, les variations de
pouvoir depuis Rome mettent fin à la République, nous entrons sous le
règne des Augustes, et aux errances, complots et crimes pour
l’obtention du titre suprême, le Sénat vidé de ses attributs ouvre à
des exercices politiques dictatoriaux.
L’Oppidum qui n’était qu’un espace de repli dans son île. L’ancien camp
retranché, brûlés par ses occupants sous les ordres de Camulogène, lui
passera de ses structures villageoises qui l’environnaient à une petite
ville de 2.000 habitants. C’est en rive sud que cette petite commune
devenue un petit point dans l’Empire allait faire sa mue et atteindre
possiblement 20.000 habitants à son apogée.
L’impulsion possiblement commencée sous l’Empereur Tibère donna une
architecture et une organisation comparables aux vues de l’envahisseur
ou des conquérants romains, les particularités tenant au références
religieuse. Cette région de la Gaule allait prospérer, et connaître une
certaine stabilité, pour autant la résistance gauloise n’était pas
totalement éteinte, mais plus active ailleurs avec des contextes
d’autres natures.
Nous sommes encore loin d’un contexte de basculement ou changement
religieux, le passage au monothéisme fut un processus en cours mais non
affirmée. Faut-il attendre 161 le sacrifice de sainte Blandine à
Lugdunum (Lyon) pour voir un début de christianisme, la toute majorité
se référant aussi bien à dieux locaux que des divinités venues de Rome
ou de la Grèce. Un joyeux éclectisme qui aura un rôle dans la notoriété de ce qui n’était qu’un trou perdu ou presque.
Le plus souvent l’île de France est mentionnée et se voit placée en
Gaule Celtique, les Parisii une tribu non négligeable, mais très loin
des groupes les plus puissants en nombre, comme les Sénons ou Eduens,
et plus au Nord les tribus Belges et à l’Est une partie de la Germanie,
sans compter à l’Ouest avec l’Armorique, à distinguer de la Bretagne,
la grande île. »
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Source : HISTOIRE GENERALE DE PARIS - PARIS À L'ÉPOQUE GALLO-ROMAINE
ETUDE FAITE À L'AIDE DES PAPIERS ET DES PLANS DE TH. VACQUER
de Félix-Georges de Pachtère, historien et géographe (1881-1916)
à partir des travaux de Théodore Vacquer (1824-1899), archéologue, archiviste.
Edition de l'Imprimerie Nationale – 1912 |
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Vidéo à découvrir : Quand Paris s'appelait Lutèce
(France 3 - durée 28 minutes)
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La
présence des Arènes avec 17.000 spectateurs et
d'un théâtre, démontre une certaine
vitalité de la vie culturelle et une place importante du
spectacle à Lutèce. Le monde urbain
s'éveille et l'on peut affirmer que cette ville a connu au
début de l'ère chrétienne une assez
grande stabilité et devint rapidement un nœud routier et
fluvial important.
A souligner, presque 200 ans de stabilité, ce qui est très rare dans l'histoire de l'Humanité, de la petite
commune celte à la ville gallo-romaine, que de
chemins accomplis. Les dits gaulois allaient en moins d'une centaine d'année
accepter la suprématie latine, même
devenir un exemple au sein de l'Empire. Si l'on parlait de barbares
à Rome, les gallo-romains devinrent un exemple de
développement et de raffinement après seulement
quelques décennies de domination. Quand Rome ne cessa de
jouer la nostalgie et l'annonce de son déclin. |
Les Romains
laissèrent aux dominés le choix de la religion. Ils
remplacèrent toutefois la loi celte par la loi romaine. Des
patriciens (d'origines gauloises) siégèrent au
Sénat à Rome.
L'un d'eux, Antonin Le Pieux,
84-161 après J.C., Nîmois d'origine devint
empereur (ci-contre). La
prospérité des Gaulois amena à un
réseau denses de villes. Elles furent toujours selon les
préceptes de Rome, s'embellissant de constructions et
édifices. On dénombra jusqu'à 65
amphithéâtres dans les Gaules romanisées. Toutefois, les réseaux routiers en
Gaule étaient déjà antérieurs aux Romains, et la partie Narbonnaise
était annexée depuis quelques décennies, bien avant la guerre des
Gaules.
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Descriptif de la vie
à Lutetia |
| | Paris
et son histoire de l'eau n'est pas un détail de son
histoire. Ce
fut un problème important tant la situation sanitaire a pu
connaître des accents pathétiques.
Néanmoins au IIIe siècle
(après J-C) l'on vantait les qualités de l'eau de
la Seine. Ce qui ne durera pas avec l'accentuation de la population
à la fin du premier millénaire.
La Seine fut
même une poubelle à ciel ouvert dès le Moyen Âge et une
réalité urbanistique oubliée depuis.
Bien que ranimée par la pollution actuelle, et à
vouloir à ses risques et périls y nager entre le
rejet des eaux usées et la navigation du fleuve. Il n'est
resté jusqu'à présent qu'une promesse
électorale d'un maire extravaguantesque de Paris, datant de
la fin du vingtième siècle... |
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| Il importe de
préciser que la navigation fluviale a connu dès
l'époque gallo-romaine un rôle
économique important, sans parler de ses marines de guerre. La corporation des Nautes fut le nom
donné au corps des premiers bateleurs de la Seine. C'est de
leur maxime, elle tangue mais ne coule pas..., que Paris a sur ses armoiries un
bateau et la devise Fluctuat nec mergitur.
La circulation fluviale était déjà un enjeu important et la congrégation des Nautes
était puissante. Ce type de voie de communication a
assuré le commerce par voie navigable, un enjeu non
négligeable dans l'expansion économique de
Lutèce. Et jusqu'à aujourd'hui, si cela peut
échapper, Paris demeure un grand port marchand et fluvial,
le plus important en Europe.
À
noter:
la
dédicace d'un pilier volumineux d'au moins six
mètres de haut et composé d'au moins cinq blocs
de granit en l'honneur de l'empereur Tibère
(début du premier siècle). |
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Un pilier (ci-contre une parcelle) offert par la corporation des Nautes à Lutèce.
Les
marchands bateliers de la Seine avaient pour représentation
le dieu gaulois Smertrios, qualifié de "vainqueur du serpent". Mais aussi des dieux
romains et des dieux traditionnels gallo-celtes.
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Le droit romain ne fit
pas des femmes l'égale du chef de famille. Il exista une loi sur
le divorce, mais elles eurent pour interdiction l'accès aux
carrières publiques.
Se limita principalement ainsi
l'activité des femmes à la famille et
à la religion, avec de rares sages-femmes ou des doctoresses. Certaines néanmoins connurent une situation sociale de
premier plan. |
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| Veuves
fortunées ou jeunes héritières
pouvaient avoir un rôle économique, voire
politique au sein du monde gallo-romain. Les femmes dans la vie
religieuse eurent une grande place. Les déesses jouèrent un
rôle important dans l'ordonnance des cultes, et les
prêtresses ont été nombreuses. Avec l'apparition du
christianisme les femmes allaient perdre progressivement cette place et ce
pouvoir au profit d'un clergé masculin. |
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La vie d'un enfant (de
famille aisée) se déroulait jusqu'à la
septième année à la maison, puis
à l'école jusqu'à environ dix-huit
ans. Le jeune bambin
grandissait ainsi, entouré de ses frères et sœurs,
et il avait des jouets, des jeunes esclaves de son âge lui étaient
choisis pour compagnons. Garçons et filles avaient aussi des
animaux familiers. | | Le
costume type des habitants de Lutèce était un
caleçon long, un peu bouffant, ou
légèrement étroit pour ressembler
plutôt à la culotte qu'au pantalon. Par dessus les
braies ou le pagne, l'on passait une tunique à manche. Les
femmes portaient fréquemment une tunique et généralement un long châle
enroulé autour du torse. |
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Découverte archéologique et en animation 3D d'une maison à Lutèce
Réalisation Olivier Lemaître - Extait du DVD "Lutèce, Paris gallo-romain"
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Le
monde des marchands était à la fois composé d'artisans et
commerçants : potier, sabotier, cordonnier, tonnelier,
tailleur, etc.
Les marchands de produits alimentaires étaient les plus nombreux, les
plus variés avec le marchand de légumes secs, le
pâtissier, le marchand d'huile, etc. La vente des boissons et
principalement du vin représenta l'une des activités
les plus rentables du commerce de gros et de détail, la
boisson la plus courante fut une cervoise à base de
blé, ou d'orge. |
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Cette stèle d'époque montre la mère de famille
entourée de ses enfants, aux côtés de
son époux décédé ou
agonisant.
Selon les fresques, la veuve porte le gobelet et la serviette utile au
repas funéraire ou bien un coffret pleins de ses bijoux et
deniers. |

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« La découverte
des Arènes fut amenée par le percement de la rue Monge, qui se
poursuivit, au début de l'année 1870, à partir de la rue du
Cardinal-Lemoine. »
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La résurgence
des Arènes de Lutèce remonte à l'année 1860, après que fut expropriée la
Congrégation de Notre-Dame, propriétaire des terrains. Ce fut Théodore Vacquer, architecte, de même antiquaire (ou archéologue) qui se vit dans un premier temps charger
de l'aménagement de la rue Monge, où il entreprit les premières fouilles, ainsi que le suivi des travaux de terrassements, avant la mise à jour en 1870 de cette ancienne structure romaine quasi oubliée (en photo ci-contre).
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Cet espace ainsi
conçu permettait de mettre en valeur des exhibitions, et pour les plus connus les combats des gladiateurs. Les
jeux du cirque furent supprimés par des successeurs de
Constantin. Les arènes sont répertoriées depuis au moins le Moyen Âge. Des textes des XIIe et
XIIIe siècles l'attestent. Elles furent peut-être restaurées à l'époque
mérovingienne, mais rien ne l'affirme. |
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L'Amphithéâtre pour les jeux du cirque désignait les arènes,
le Théâtre était réservé au jeu de l'esprit et se situait rue Racine (6ème arrondissement). A
Lutèce comme ailleurs les édifices réservés au spectacle étaient tout aussi important
que les bains (Thermes de Cluny) et le sport. Dans les très
grandes villes comme Rome, un Odéon pouvait même
s'ajouter au théâtre. Des lieux de surveillance de
la rumeur publique et de transmission intellectuelle. Le
théâtre était à la fois festif et
spontané, autour de la farce (ou comédie grotesque), et aussi de la
tragédie. L'espace s'ouvrait à une
"orkhêstra improvisée"
délimitée par les spectateurs. |
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Le forum, et aussi le
temple, la place centrale, la basilique et ses boutiques. Le
Forum de
Lutèce était un espace public, s'y tenait des
cérémonies officielles et religieuses. La place
publique représentait un vaste rectangle d'environ 60 mètres de long
offert aux promeneurs. Non loin se tenait le Temple et ses offices. Puis, la
Basilique où se trouvait les tribunaux, où se traitait les affaires publiques et commerciales.
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« On doit orner de verdure les espaces
à découvert qui s’étendent au milieu des portiques, parce que les
promenades à l’air libre sont très hygiéniques pour les yeux. L’air
subtil et léger qui s’élève de la verdure, se répandant à cause du
mouvement du corps, éclaircit en effet la vue ; il enlève des yeux une
humeur grossière et rend la vue plus perçante. En outre comme le corps
s’échauffe par suite du mouvement, l’air en pompant les humeurs des
membres, diminue la réplétion et atténue, en le dissipant ce qui dans
le corps, étant en trop, ne peut être supporté. »
Selon Vitruve, architecte Romain
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Les
Temples, rien que des indications éparses. Ils ont dû
subir des destructions complètes avec l'expansion du
christianisme. Ils n'étaient pas répartis au
hasard, on sait que l'urbanisme romain avait des préceptes
théologiques, dont Vitruve a transmis une théorie. Impossible de
dénombrer aussi les chapelles réparties au hasard
de la croissance de Lutèce. L'on
doit ainsi à Vitruve, architecte du 1er siècle (avant J-C) une méthode sur
l'organisation urbaine du temps de la civilisation Romaine. Son travail servit
longtemps de base pour le travail des chercheurs et
archéologues. |
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La Nécropole (*) dit de St-Jacques, bien que Lutèce disposa de plusieurs nécropoles, elle a été la seule identifiée. De
l'emplacement de l’ancienne abbaye de Port-Royal à Denfert-Rochereau,
sur un axe sud-nord. Normalement les nécropoles se tenaient au bord
d’une voie de circulation, comme le Cardo dit "maximus", en dehors de
la ville Antique et alla en s'agrandissant et empiétant son espace. La
nécropole (*) de St.-Jacques est estimée à quatre hectares de surface.
Seule une partie minime des sépultures a été retrouvée, soit environ
400 tombeaux, datant du Ier siècle jusqu’au IIIe siècle, et s'amenuisant au
IVe siècle comme espace mortuaire (incinération et monuments).
(*) Nécropole provient du Grec "nécros et polis" : la Cité des morts.
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« On devra creuser fortement ces allées : à droite et
à gauche on fera des égouts de pierre, et dans les parois, qui
regardent les promenades, on insérera des tubes inclinés du faite vers
les égouts. Ceci fait, on remplit l’excavation avec du charbon ; par
dessus on répand du sable qu’on égalise. Ainsi donc, par suite de la
porosité du charbon et l’introduction des tuyaux dans les égouts, la
plus grande quantité des eaux y est reçue et les promenades restent
sèches et sans humidité. »
Vitruve ((Livre V, chapitre IX)
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A
partir du IIe siècle, les constructeurs romains prirent une eau de
qualité́ et en quantité à environ une quinzaine de kilomètres au sud
de Lutèce, de nos jours près de Rungis et Wissous (Val-de-Marne), dans
un espace où̀ se concentrent des eaux saines et abondantes. Ils s'appuyèrent sur les dénivelés du terrain
marquant une pente naturelle et douce à un peu plus de la moitié du
parcours et une connaissance approfondie de la géographie et de ses
reliefs.
Le parcours de l'aqueduc romain
allant jusqu’aux thermes de Cluny, il était relié à la rivière de la
Bièvre à la hauteur de l'actuelle ville d'Arcueil (Val-de-Marne), cette autre construction revêtait
la forme d'un pont de dérivation. Il reste depuis lors que deux
vestiges (colonnes), non loin de l’aqueduc dit de Médicis (de la reine
Marie). Les matériaux étaient fait d'une maçonnerie composée de petites
pierres et des gravillons assemblés dans du mortier, avec pour
couverture une dalle. L'aqueduc romain restera en usage jusqu’au
IXe siècle, après les parisiens durent se contenter principalement de
l’eau de la Seine jusqu'au XVIe siècle.
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Les vestiges de la
période gallo-romaine à Paris ne sont pas si nombreux,
mais pour ce qu'il en reste, c'est imposant.
A ce titre, les Thermes
de Cluny (de nos jours le Musée du Moyen Âge)
se trouve dans le
quartier latin, et l'aqueduc est encore
visible du côté de Cachan et des canalisations depuis Arcueil
(Val-de-Marne) jusque dans les sous-sols parisiens, pour certains
restaurés ou
mis à la vue du public.
L'aqueduc fut restauré du
temps d'Henri IV pour l'alimentation
en eau de la capitale, notamment pour les eaux du jardin et Palais du Luxembourg (Le Sénat).
Et ce ne fut pas le seul aqueduc en direction de Paris, il en existe
d'autres, comme ceux de la Vanne et du Loing, qui sont aussi des noms
de rivières prenant sources en Bourgogne. Ces eaux alimentèrent le
réservoir de Montsouris à partir du XIXe siècle (au sein du parc
du même nom), une œuvre d'Eugène Belgrand.
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Le président du conseil municipal
de
Paris reçoit
une lettre de Victor Hugo
- Monsieur
le président,
-
- Il
n'est pas possible que Paris la ville de l'avenir renonce à
la preuve vivante qu'elle a été la ville du
passé.
- Le
passé amène l'avenir.
- Les
arènes sont l'antique marque de la grande ville.
- Elles sont un monument unique.
- Le
conseil municipal qui les détruirait se
détruirait en quelque sorte lui-même.
- Conservez les arènes de
Lutèce.
- Conservez-les
à tout prix.
- Vous
ferez une action utile, et, ce qui vaut mieux,vous donnerez un grand
exemple.
-
Je vous sers les mains
-
Paris, le 27 Juillet 1883,
Victor Hugo
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Peu après, le
conseil municipal se porta acquéreur des vestiges des
Arènes qui furent classées auprès des
monuments historiques, un square fut aménagé sur
le site toujours existant.
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« Les
villes sont des bibles de pierre. Celle-ci n’a pas un dôme, pas un
toit, pas un pavé, qui n’ait quelque chose à dire dans le sens de
l’alliance et de l’union, et qui ne donne une leçon, un exemple ou un
conseil. Que les peuples viennent dans ce prodigieux alphabet de
monuments, de tombeaux et de trophées épeler la paix et désapprendre la
haine. Qu’ils aient confiance. Paris a fait ses preuves. De Lutèce
devenir Paris, quel plus magnifique symbole ! Avoir été la boue et
devenir l’esprit ! »
Victor Hugo - Paris-Guide - chap. Déclaration de paix - 1867
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Les Romains, l'art de
construire et le plâtre |
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Question anodine
à première vue, mais importante dans les faits. Mais qu'ont pu
importer les romains aux gaulois comme matériaux
de construction? L'on sait qu'ils furent les premiers inventeurs du
béton dit armé. Ce procédé a disparu avec l'Empire pour
réapparaître à Paris quelques
siècles plus tard comme une nouvelle invention... |
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Ce
que l'on sait moins, c'est le rôle du plâtre qu'ils
allaient diffuser là où ils s'établirent
en Europe du Nord. La présence des carrières
de gypse près de Lutèce allait devenir un atout de
son développement. D'où son succès
pour l'ornementation de la ville et les segmentations au sein des
édifices parisiens. Reste d'une tradition qui depuis est
l'élément incontournable des maçons,
et il semble que de l'envol de Lutèce aux enfants de Clovis,
ses administrateurs ont toujours cherché à mettre
en valeur les bâtiments.
Les
murs des maisonnées de Lutèce étaient enduits de
plâtre et de chaux, les plafonds constitués
de bois et de plâtre. Le plâtre peut servir dans la
maçonnerie pour unir les pierres les unes aux autres. Les
artisans romains en usèrent comme revêtement
extérieur : de couleur "ton chaud d'ocre rouge".
Mélangé on en fait un stuc. Du plâtre
et de la poudre de marbre offre un bel éclat pour
l'ornementation des édifices. | |
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| À
Lutèce, sur les bords de la Seine, les huttes de la tribu
des Parisii firent place à des bâtisses plus
solides. La
colline de Montmartre regorge de gypse : des dalles, des carreaux de
plâtre, des colonnes plusieurs vestiges des IIème
et IIIème siècle de notre ère en
témoigne. La chute de l'Empire et les invasions
entraînent pour de longs siècles le
déclin des constructions en pierre au profit de
bâtiments en bois.
Au
Moyen Âge, les bâtisseurs, les moines de Cluny et
de Cîteaux allaient remettre à l'honneur l'emploi du
plâtre. La profession s'organisa et codifia son
activité : le Livre des métiers,
commandé par Louis IX au Prévôt de
Paris, a été le texte fondateur des corporations au XIIIème
siècle. Le mot plâtrier désignait
celui qui réalisait l'extraction et la cuisson du gypse
(c'est-à-dire le fabricant).. | |
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Les premiers
réseaux routiers |
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L'existence
des routes fut un des traits forts de l'urbanisme latin. On peut en comprendre
l'importance au titre qu'obtint Marcus Vispanius Agrippa (-63 à -12 avant
J-C.) : Grand maître des voies romaines. Les voies de
communications participèrent à l'essor de
l'Empire.
Ci-contre : le tracé du Cardo
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| | Les Latins en Gaule ont tracé "la Via Domitia" vers 118 avant J.C. dans
la région de Narbonne. Le reste des provinces gauloises furent par la
suite desservies par un réseau de voies militaires,
impériales publiques, régionales et
privées. Un réseau dense : en dehors des zones de
montagne et de marais, les maillons routiers sont espacés de
l'ordre de cent kilomètres au maximum. Au premier
siècle Lutèce était déjà un
nœud routier : au nord un pont mènait aux routes de Senlis,
de Rouen et de Melun, au sud partaient les voies
de Dreux et Chartres et le cardo menait
vers Orléans. | | Ce
réseau routier romain a été surveillé et entretenu,
ses voies étaient construites et munies de fossés, de postes de
douane ou de péage, et jalonnées par les bornes
milliaires. Pour
le franchissement des cours d'eau étaient construits des ponts de bois
ou en pierres qui servirent d'appui. Les pierres formaient des voûtes
levées avec des engins à poulie, puis étaient scellées à la chaux, un
procédé obtenu par cuisson du
calcaire. Les routes romaines furent utilisées par des
voitures à deux roues tirées par des chevaux non
ferrés et munis d'attelages, le réseau de l'Empire dans sa
globalité comporta environ quatre-vingt-dix mille
kilomètres de grandes routes et deux cent mille
kilomètres de voies secondaires. |
| - Les premières
dégradations par le gel furent observées dans le
nord de l'Empire sur l'usure des chaussées. Cela suscita une
réglementation de Dioclétien (vers 245 - 313 ap.
J-C.), il limita la charge des charrettes. Ce même
réseau fut aussi à l'origine du
développement de relais, d'auberges, de villes
étapes, et, même, de cartes routières
comme en témoigne une copie du XIIIème
siècle d'une carte des itinéraires romains (du
IIIème et IVème siècle).
- Une des
dernières bornes milliaires date de 435. Ce qui conduisit
progressivement avec la chute de Rome, en Europe occidentale,
à l'arrêt de l'entretien des routes et un frein à la circulation charretière du
VIe au VIIe siècle, au profit
d'une navigation fluviale de faible activité.
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Ce
fut au cours du
IVe siècle que Lutèce devint Paris,
abréviation de civitas Parisiorum ou urbs Parisiorum. Civitas (ou
civitates au pluriel) est l'équivalent d'une agglomération ou d'un
district et urbs désigne la ville.
Au sud
se tenait le faubourg Saint Jacques, la route qui menait à
Orléans trouvait dans son axe nord le faubourg Saint-Martin, celui-ci en direction des Flandres.
Ci-contre : le tracé du Cardo de Vaugirard
à la Villette, Paris intra-muros
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Ce
développement suivait les grands axes urbains datant des
premier siècles. Mais en l'état rien ne permet
d'affirmer qu'une voie romaine passa précisément par le faubourg Saint-Martin. Nous
sommes là face à un enjeu de mémoire, donc faillible,
et il reste semble-t-il du travail aux archéologues
à Paris. Si la volonté politique n'essaie pas de
son côté d'empêcher la recherche de
faire son travail, comme on a pu le constater ces dernières
années autour d'enjeux immobiliers. Pour exemple assez récent
du côté de l'ancienne ferme de Montsouris (rue de la Tombe-Issoire 14ème
arrondissement) où se situe des restes de la canalisation, ils ont été
en partie épargnés. Alors que peut peser un
bout d'aqueduc, de route face à des enjeux
spéculatifs? | | La Cité des Parisiens se tournait vers le christianisme
importé en 250 par le saint Denis, premier
évêque de la ville et figure de
légende. Les
nouveaux édifices religieux allaient se
dresser sur les anciens temples gallo-romains pour la
vénération de personnalité
chrétienne, telle que sainte
Geneviève. La rive droite parisienne, hors la partie dite de la
"grève" (la plage de sable disparue) ou ce qui correspond au quartier
du Marais ne se peupla
véritablement que sous le règne des
Mérovingiens (à partir du VIe siècle) à la hauteur de l'église
Saint-Laurent (en bas de la Gare de l'Est - Paris 10ème). |
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Résumé en vidéo de Lutèce à Paris - Images en 3 D (durée 3 minutes) |
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L’empereur Julien dit l’Apostat, le dernier républicain? (vers 331-363)
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| A partir du IVe siècle : Il s'agit d'une grande
période d’insécurité, une bonne partie de la ville de Lutèce se
replie dans l’île de la Cité, et édification du rempart, du Palais et
de la basilique civile (du marché aux fleurs).
306-337 : Règne de Constantin.
307 : Trèves, capitale des Gaules.
313 : L'édit de Milan des empereurs Constantin et Lucinius sur la tolérance religieuse est promulgué dans tout l'Empire, et permet « d'adorer à sa manière la divinité qui se trouve dans le ciel » (fin du matyricide chrétien).
325 : Le concile de Nicée condamne le prêtre Arius.
330 : Fondation de Constantinople.
337 : Triumvirat (pouvoir à 3) et Constance II jusqu’en 361.
Ci-contre le mur d'enceinte (fouilles de 1908)
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L’apostasie
est une « renonciation publique à une confession, plus particulièrement
(l’) abandon de la foi » chrétienne ou autres dogmatiques religieuses,
et elle est encore considérée comme un crime contre « dieu » dans
des approches et lois fondamentalistes et/ou étatiques.
Julien en 360 lors de son dernier hivernage déclarait : « J’étais alors
en quartiers d’hiver près de ma chère Lutèce. Les Celtes appellent
ainsi la petite ville des Parisii. C’est un îlot
jeté sur le fleuve, qui l’enveloppe de toutes parts. Des ponts de bois
y conduisent de deux côtés. Le fleuve diminue ou grossit rarement ; il
est presque toujours au même niveau, été comme hiver ; l’eau qu’il
fournit est très agréable et très limpide à voir et à qui veut boire. »
L’empereur Julien dit le philosophe ou l’apostat, est nommé en latin
Flavius Claudicus Julianus. Il est né en 331 ou 332 à Constantinople
(l’actuelle Istanbul), sa langue maternelle fut le Grec, son frère
Constantin a été empereur de l’église chrétienne d’Orient. Julien apprit le latin quand il fut nommé César en Gaule, soit comme vice-empereur, par
décision de Constance II, le fils de Constantin.
Il dut aller combattre sur les frontières de l’Est de la Gaule ou de
l’Empire romain. A cette occasion, il rasa sa barbe en signe de sagesse.
Souvent cité dans les histoires de Lutèce et le monde antique, ce
personnage historique est souvent évoqué sans que l’on sache
véritablement l’empreinte qu’il a pu laisser. Toujours en butte à la
place des légendes ou mythes, Julien a été deux ans un des envoyés de
Rome, puis se trouva réprouvé par ses futurs auxiliaires et le monde chrétien. Il représenta le dernier soubresaut des mystiques
polythéistes.
« Tant que Paris resta renfermé dans les deux bras de la Seine
qui forment l’île de la Cité, l’eau du fleuve suffisait aux besoins de
ses habitants ; mais lorsque les Romains l’eurent fait sortir de ses
premières limites, et triplé sa superficie en y réunissant plusieurs
bourgs environnants, qui portèrent à 113 arpents les 44 de sa première
enceinte, il devint nécessaire d’amener l’eau des plateaux élevés qui
la dominent, pour alimenter plusieurs de ses quartiers. Alors fut
construit, vers 357, par l’empereur Julien, l’aqueduc d’Arcueil, qui
amenait au Palais des Thermes les eaux de Rungis. Au IXe siècle ce
premier aqueduc fut ruiné par les Normands, aussi bien que cette partie
de la ville qui occupait le mont Lucotitius, aujourd’hui
Sainte-Geneviève, et les nombreuses habitations qui s’étendaient, à
droite de la Seine, depuis où est notre Pont-au-Change jusqu’à la Grève ».
Tableau historique des eaux de Paris et de leur distribution, Adrien Louis Lusson – 1835
Julien séjourna à deux occasions à Lutèce, dont il fit des louanges et
les vertus de ses eaux, en 358 et 359, on lui devrait un aqueduc et les
thermes de Cluny (plus ancienne). Julien devint
empereur ou César en titre en 361 et mourut deux ans après. Homme de
lettres, il a laissé un certain nombre de textes et en tant que sujet
d’histoire. Il est une preuve que la linéarité n’existe pas vraiment,
du moins que le paganisme ou les croyances divines ou naturelles au IVe
siècle étaient encore très vivaces.
La christianisation à ce stade a été sérieusement remise en cause dans
ce qui peut s’apparenter à un dernier soubresaut des polythéismes face
à un pouvoir chrétien pas encore établi, mais déjà en voie de s’imposer
comme la foi unique ou reconnue seulement depuis Constantin en 311
(fondateur de Constantinople) au début de cette même centurie. Julien
l’apostat a laissé des écrits qui ont retenu l’attention de Denis
Diderot ou de Voltaire, a-t-il été un précurseur de la tolérance
religieuse? Possiblement ou à contrevent des dogmes de l’unité
religieuse, d’un passage au christianisme d’un seul tenant, qui n’a
pris forme ou corps que beaucoup plus tardivement, et pas sans ruptures
avec les premiers évêques et saints de la foi christique.
En juin 362, l’empereur Julien promulgua des lois et interdit aux
Chrétiens d'enseigner la poésie classique évocatrice des dieux, qu’ils
niaient dans leurs fondements. Les Chrétiens selon lui devaient par eux-mêmes reconnaître leurs erreurs. Le
mois de mars de l’année suivante, Julien partait d’Antioche
accompagné de son armée gauloise et celles du roi d’Arménie, suite aux
offensives victorieuses de l’empereur Perse Shapur II contre Constance
II (Amida, Singara et Bezabdé). Julien, allait vouloir réparer
l’affront et perdre la vie au combat le 26 juin 363, son corps par la
suite a été ramené à Tarse (dans l’actuelle Turquie).
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Repères chronologiques
Vers 350 : Lutèce est un site stratégique dans la défense de la Gaule et un cantonnement fréquent de troupes.
352-358 : Incursions des Alamans et des Francs en Gaule.
353-357 : Persécution des païens dans l'Empire.
355 : Julien le philosophe quitte en décembre Milan, il devient chef militaire et hiverne à Vienne (en Rhône-Alpes).
356 : Constance II fait publier un édit interdisant les cultes païens
sous peine de mort. Julien repousse les Alamans à Autun (en Bourgogne).
357 : Constance II menant des combats par ailleurs donne tout pouvoir à
Julien sur la Gaule et promulgue un édit interdisant les astrologues et
devins. Julien gagne du terrain sur les Alamans, il remporte une
victoire à Strasbourg et s’attaque au pays Mosellan.
358 : Julien hiverne à Lutèce en janvier et y installe son quartier
général, puis mène des combats contre les Francs et reprend la Vallée
de la Meuse. Le César des Gaules prend ses quartiers de nouveau en
automne à Lutèce.
359 : Julien renforce les positions des armées romaines sur le Rhin et fait des incursions en pays des Germains.
360 : Julien en février à Lutèce est proclamé Auguste par son armée, il
repart combattre en territoire Franc, puis il retourne à Vienne
(Viena). Constance II décéde en novembre, quand il se préparait à
combattre Julien. Ce dernier part pour Constantinople et ne reviendra
plus en Gaule.
361, 362, ou 364 : Le concile de Paris condamne l’arianisme.
361-363 : Julien est proclamé empereur renvoyant ceux qui ne lui sont
pas acquis dans les administrations, et il est restauré pendant deux
années le paganisme et la liberté de foi.
Au sein du bourg Saint-Marcel, il est édifié une première église chrétienne, son premier lieu de culte recensé !
365-366 : Séjours à Lutèce de l’empereur Valentinien Ier à l’occasion de ses campagnes contre les Germains. 380 : Edit de Thessalonique promulgué par Théodose 1er (347-395) : "Nous voulons que tous les peuples gouvernés par la juste mesure de Notre Clémence vivent dans la religion (du) divin apôtre Pierre".
386 : Conversion d’Augustin d’Hippone, Berbère, sa doctrine va tenir un
rôle conséquent d’un point de vue théorique dans le christianisme, il a
été un sujet d’études et nourrir des controverses nombreuses pendant
des siècles : notamment le Jansénisme.
392 : Le christianisme devient religion officielle à Rome.
395-396 : Arles devient la capitale des Gaules.
395 : Séparation de l’Empire entre l’Orient et l’Occident (Rome et Constantinople).
397 : Décès de Martin, évêque de Tours. Sa tombe devient un haut lieu de pèlerinage.
406 : Les Vandales, les Suèves et les Alains traversent le Rhin.
410 :
Rome est conquise et pillée pendant 3 jours par les Goths d'Alaric 1er,
sauf les basiliques chrétiennes, le droit d'asile est respecté.
(document sur Les Wizigoths par Bruno Dumézil).
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Photos des Arènes

Fouilles de la rue Monge

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La Gaule sous domination romaine,
à travers la Celtique : Lutèce ou Paris ?
Camille Jullian (1902)
« Le pays s'éclaircissait tout à fait au confluent de l'Yonne et de
la Seine : on entrait dans la vallée du grand fleuve, plus ouverte,
plus riante, mieux cultivée, et l’on arrivait à Lutèce ou Paris. Paris
était peu de chose alors, et nul n'aurait pu en ce moment prédire ses
glorieuses destinées. Si l’on avait pu croire à la naissance d'une
grande capitale dans ce pays maussade et déshérité, Romains et Gaulois
n'auraient songé qu'à la ville de Sens.
Toutefois, Paris devait offrir un agréable lieu de
repos et de réconfort au touriste fatigué par un monotone voyage à
travers les forêts. On se sentait enfin dans un paysage plus élégant,
où l'air était plus libre, le coup d'œil plus varié. Paris n'était en
ce temps-là qu'un petit port de commerce, le centre du cabotage dans la
vallée de la Seine, et l'intermédiaire obligé du transit entre Sens et
l'Océan : c'est ce qui donnait une importance particulière à cette
corporation des «nautes parisiens», qui apparaît dès le temps de
Tibère.
La ville occupait surtout l’île de la Cité, son berceau
primitif. Mais, sur la rive gauche de la Seine, elle s'était peu à peu
étendue et gravissait les pentes du mont Sainte-Geneviève : là se
construiront bientôt ses édifices de plaisir. La rive droite était
laissée aux marécages.
Les débuts de Paris ont été lents et pénibles, mais
sa marche sera continue. Lyon a surgi tout d'un coup dans toute sa
splendeur : il est tombé aussi brusquement qu’il s’est élevé. Paris a
marché doucement, à pas réguliers, assurés. Trois ou quatre générations
après le règne d’Antonin, on lui donnera, sur la rive gauche, un
amphithéâtre, dont les ruines sont à peine visibles, et des thermes, en
partie bien conservés.
Au IVe siècle, au moment
où tant de villes célèbres des Gaules déclinent et s'effondrent, Paris
continue agrandir : non pas en étendue, car, à partir de l’an 300, il
se renferme de nouveau dans son île; mais il croit au moins en renom.
Il sera la résidence aimée du césar Julien, l'empereur le plus
semblable aux Gaulois qui ait jamais gouverné la Gaule. Désormais, son
avenir est fixé.
Julien nous a raconté avec enjouement son séjour à Lutèce et nous a donné, à son sujet, de piquants détails : « J'étais
en quartier d'hiver dans ma chère Lutèce : c'est ainsi que les telles
appellent la petite ville des Parisiens. Elle est située sur le fleuve,
et un mur l'environne de toutes parts, en sorte qu'on n'y peut aborder
que de deux côtés, par deux ponts de bois. Il est rare que la rivière
se ressente beaucoup des pluies de l'hiver et de la sécheresse de
l'été. Les eaux pures sont agréables à la vue et excellentes à boire.
Les habitants auraient de la peine à en avoir d'autres, comme ils sont
dans une île; l'hiver n'y est pas rude, ce qu'ils attribuent au
voisinage de l'Océan, qui peut envoyer jusque-là des souffles propres à
tempérer le climat. Ils ont de bonnes vignes et des figuiers même,
depuis qu'on prend soin de les revêtir de paille et de ce qui peut
garantir des injures de l'air. »
Julien ajoute qu'une année « un hiver
extraordinaire couvrit la rivière de glaçons : c'étaient des pièces
énormes de glaces, qui flottaient au gré des eaux, et qui, se suivant
sans relâche, étaient près de se raccrocher et de faire un pont. On se
chauffe, en ce pays-là, par le moyen de poêles, qu'on met dans la
plupart des appartements ». On voit que bien des choses sont restées du Paris d'autrefois : ce qui a le plus changé, c'est l'eau de la Seine, « excellente à boire », disait Julien.
En aval de Paris, la navigation était assez active
sur la Seine; des navires descendaient jusqu'à l'embouchure, pour
gagner de là l'île de Bretagne. Rouen était le vrai port maritime de la
région; mais son importance était bien inférieure à celle de Nantes et
de Bordeaux. Des embouchures des trois fleuves océaniens, celle de la
Seine est aujourd'hui la plus vivante : c'était alors, au contraire, la
moins fréquentée. »
Source : Gallica-Bnf - Camille Jullian, historien et archéologue
Gallia tableau sommaire de la Gaule sous domination romaine
Pages 278 à 282 - Editeur Librairie Hachette - 1902
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Une conférence de Bertrand Lançon (*)
"La chute de Rome n'aura pas lieu"
(*) Historien spécialiste de l'Antiquité tardive
Université de Corse Pasquale Paoli, 5 octobre 2022
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