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Infos,
Amérique Latine 2011
Sommaire de la page 2,
1 - Le
projet
HidroAysen, une idée folle du système
néo-libéral au Chili
2 - Chili,
répression d’une manifestation anti-barrages en
Patagonie, Cristian Palma
&
En Patagonie, les Chiliens se révoltent pour
défendre leur eau, Cristina L'Homme
3 - Extraits sonores, Journées
Amérindiennes à Sciences-Po Paris,
Amnesty International
5 - La
France en
guerre, le monde arabe en révolution, et
l’Amérique Latine «radicale»?
6
- Colombie,
Mouvements sociaux des menaces dans le Cauca, Sergio Ferrari
&
Colombie, 10 ans après le massacre du
Naya,
Primitivi
7 - Colombie :
Uribe à Metz - Même le silence à une
fin, Louise Mitchell
& Les
“Aigles noirs” menaces contre des journalistes et
des ONG, RSF
8 - Une
affaire
de droit : La question des Mapuche, Mireille Fanon
Mendes-France
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Le
projet Hidro-Aysen,
une idée folle du système
néo-libéral au Chili
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Lionel Mesnard, le 7 juin 2011
Comment ne pas
s’associer aux voix qui
s’élèvent au Chili, mais aussi en
d’autres
lieux de la planète, contre une idée hors de
toute
raison. Le ministre de l’énergie chilien, Laurence
Golborne et les instances en charge de la production
électrique
du pays sont sur le point de donner un aval à un projet qui
dépasse un peu l’entendement. De son doux nom
«
Hidro-Aysen » va dans les années prochaines
détruire un bout de patrimoine commun pour construire de
gigantesques œuvres de béton d’environ
130
mètres de hauteur dans une partie très
isolée du
Chili, et qui ne demande certainement pas ce type de
développement, même s’il est
montré sous un
jour très vert reluisant.
L’enrobage semble vert, mais il est tout le contraire. Vous
pouvez vous demander, mais quel intérêt
porté
à des questions énergétiques et
d’un bout de
la Patagonie ? Au demeurant pas grand-chose, mais à fouiller
et
saisir les enjeux, nous sommes tous concernés par des
ouvrages
pouvant rendre « fou de joie » tous les
bétonneurs
du monde. Qui peut soutenir l’objet de
détruire
quelques bijoux naturels sans éveiller plus que du doute.
Pour
notamment comprendre que l’eau est une question centrale de
notre
avenir. Il existe suffisamment de possibilités
énergétiques, notamment durables et sans de trop
grandes
incidences, dites renouvelables, pour projeter un monde plus
respectueux des équilibres écologiques.
Une partie de la Patagonie du Chili est face à un grave
danger
environnemental, c’est au sein de la 11ème
Région
(à l’extrême sud) qu’est
prévue la
construction de cinq barrages hydroélectriques (Baker I et
II et
Pascua I,II et III). C’est une vieille idée, qui
était jusqu’à présent
restée dans les
cartons du pouvoir et des entreprises privées, mais cette
fois-ci le gouvernement Pinera semble disposé à
mettre en
oeuvre ce projet colossal. Son coût est
estimé
à 7 milliards de dollars (environ 5 milliards
d’euros) et
pouvant générer 2750 Mégawatts en
puissance. On
peut parler d’un projet pharaonique et supérieur
au
barrage d’Assouan en Egypte (puissance 2200
Mégawatts).
Cela donne une idée de l’ampleur des travaux
futurs et des
conséquences évidemment irréparables
sur les
écosystèmes, et en particulier ce qui touche
à la
question cruciale de l’eau.
La Patagonie est une région sensible,
d’une nature foisonnante et en partie vierge, et depuis
quelques
années cette région du monde aiguise les
appétits
en raison de son faible développement. Au pays du
néo-libéralisme Roi, ce projet
soulève de
nombreuses questions, et dans ce cas particulier comment
s’organise le marché « libre »
des
énergies au Chili? Qui sont ceux décidant
vraiment des
orientations prises, quand on découvre que 100% du
marché
de l’énergie est aux mains de consortiums
privés.
Et précisément, l’on trouve une
multinationale
Italo-espagnole aux commandes (ENDESA Energia), ou du moins pour 50%
des parts dans ce chantier titanesque au sein d’une filiale
se
nommant ENDESA COLBUN (mi-chilienne, mi-italo-espagnole).
Les filiales chiliennes du groupe ENDESA ont récemment
décidé de mettre 5,5 milliards au pot en 2011 et
ouvrir
1,5 milliard aux investissements principalement étrangers,
peut-on présumer. Le coût réel de ce
projet risque
s’il était entrepris de
s’avérer bien plus
onéreux, sachant qu’il a fallu chercher depuis son
élaboration active au moins un milliard de dollars
supplémentaire et que chaque année passant les
coûts sont réévalués de 30%.
Il y a de
grandes chances que ce projet revienne au final à 10
à 15
milliards de dollars, sans parler des destructions inestimables
d’un bien commun à toute
l’Humanité, et qui
aura irréparablement des conséquences sur le
milieu
ambiant et cela va de soit la population locale.
C’est une région très faible en
présence
humaine, ou l’on n’approche à peine un
habitant au
kilomètre carré et la majorité vivant
en de
petites et moyennes localités urbaines. Des
échauffourées ont eu lieu début mai
2011 entre la
population locale et la police, néanmoins ont pris naissance
des
groupes autour d’une résistance locale et une
coordination
représentative de l’opposition à ce
projet
destructeur et mégalomaniaque. Les deux rivières
menacées Pascua et Baker, plus ce que l’on peut
présumer comme inondation des terres (plusieurs centaines
d’hectares) et possibles évacuations
révèlent de
nombreux enjeux. Ils sont économiques,
écologiques,
sociaux et politiques, c’est en soit un nouveau cataclysme,
non
seulement pour les Chiliens mais aussi pour toute personne cherchant
à se faire une opinion sur un tel sujet et quel soit le lieu
sur
le diktat néo-libéral, qui a pris naissance du
temps de
la junte militaire (1973-1992).
Le Chili a besoin d’électricité et voit
d’année en année augmenter sa
consommation. Ses
besoins actuels sont de l’ordre de 18 Gigawatts, dont 60%
proviennent de l’énergie fossile, 4% en
énergie
renouvelable (0,1% pour l’éolien) et pour 36% les
autres
sources proviennent notamment des centrales thermiques au charbon
(neufs en projet), et barrages hydroélectriques.
Jusqu’à là rien de très
anormal de voir une
nation en quête de son développement,
l’on comprend
moins ce qu’elle a sacrifié ses ressources et ne
pas
disposer d’un plan tout aussi ambitieux, mais à
d’autres fins.
Le projet Hidro-Aysen va à contresens d’une
logique
respectueuse des niches environnementales et préconise la
destruction assumée de deux vallées et deux cours
d’eaux (les rivières Baker et Pascua), qui sont
probablement deux petits poumons de notre planète
à ne
pas toucher. La grande faille est certainement la distance qui
sépare lieu de production et les besoins centraux
énergétiques du Chili, notamment Santiago
étant
à 1800 kilomètres de distance. De plus, acheminer
sur une
seule ligne ou un seul ouvrage l’énergie comporte
le
risque de provoquer une rupture de l’approvisionnement, mais
aussi de déséquilibrer l’ensemble des
circuits
nationaux de distribution. Comble d’ironie, en fait
l’ouvrage sera de 2300 kilomètres et aura pour but
exclusif de fournir de l’électricité
aux
entreprises minières de l’acier. Quand il est
fortement
recommandé de produire de l’énergie
près des
lieux de distribution, on peut estimer que les pertes seront
d’environ un tiers en raison des distances
d’acheminement
de cette énergie.
La question n’est pas de dénoncer les
investissements
étrangers, mais se demander quel impact social et
économique peut avoir une idée et des plans
instruits
à plusieurs milliers de kilomètres et pour le
simple
appât du gain. Les forces vives locales dans ce type de
projet
ont de quoi se faire entendre et trouver un soutien, pour que la
technocratie chilienne puisse au moins prendre son destin en main. Le
monde n’est pas un grand jeu de Monopoly, sauf que dans cette
architecture capitalistique, le Chili est un des exemples de comment
est vendu à la découpe un état en
principe
souverain. Il n’y a rien d’original de voir des
cours
d’eaux en Amérique Latin être des
propriétés privées, l’une
des
rivières en question est depuis longtemps la
propriété d’une multinationale.
Soit il vous semble anodin de voir confisquer aux populations du cru
son droit de jouissance pour ce qui devrait normalement être
un
bien commun est purement confisqué pour des
intérêts sans point précis de
résidence et
se moquant du sort des "riens de riens". Quelle idée de
vouloir
prendre part dans une actualité non hexagonale ? Je ne suis
pas
certain, que nous accepterions cette privatisation de biens collectifs.
A noter qu’en France, le retour des concessions de
l’eau du
privé aux services publics disposent de quelques exemples
significatifs. Et oui même la capitale parisienne a mis fin
aux
années pas très reluisantes ou
l’équipe
chiraquienne à Paris avait vendu les plus beaux fleurons de
l’eau à deux multinationales françaises
bien
connues en ce domaine.
Cet exemple chilien avec « Hidro-Aysen »
démontre
à quel point l’exercice du politique est au final
assez
lointain. Et le Chili est en ce domaine est un des exemples du culte
voué à l’ultralibéralisme.
Comment le
politique peut-il vraiment intervenir, si tout est
déjà
ficelé par ailleurs ? C’est assez ahurissant mais
très révélateur,, de comment au Chili
le peuple est
disjoint de l’exercice du politique, la
représentation
nationale ou gouvernementale semble soumise, puisque le pouvoir chilien
est plutôt une somme négligeable, au pire un
rouage,
à qui l’on promet un mirage
énergétique. La politique du
gouvernement Pinera, par bien
des aspects, c’est un pas en avant, pour trois pas en
arrière, et seule une mobilisation internationale peut
participer à faire marche arrière, et voir le
Chili se
doter d’un plan plus ambitieux, non seulement avec
des
capitaux locaux et des objectifs respectueux de
l’économie
du vivant.
La géothermie, le solaire, et plus encore
l’autonomie
énergétique du Chili n’est pas
gagnée, loin
d’un contexte où l’imagination serait au
pouvoir.
Néanmoins la circulation d’informations sur ce
projet en
question est importante pour saisir les différents aspects
d’un même problème. Comment lutter
contre ces
trusts, ces pouvoirs économiques qui ne pensent
qu’en
retombée et plus value juteuse. Où est
l’humain, le
vivant dans tout cela, quelle économie favoriser en tout
lieu du
globe pour sortir de cette marche forcée vers
l’absurde de
croire qu’il faille pour des besoins électriques
mettre en
péril non seulement deux vallées et
rivières, mais
tout un processus qui prend sa source dans le lac le plus profond du
continent américain, le San Martin à cheval sur
le Chili
et l’Argentine. Et ces eaux aboutissent en fin de parcours
dans
l’océan Pacifique, et il faut souligner le
rôle
crucial des sédiments dans les eaux maritimes et
ses
conséquences sur le biotope.
Dans ce crescendo de conséquences et de choix absurdes,
Hidro-Aysen est appelé à retourner à
ses cartons.
Soixante et un pour cent des chiliens rejettent ce méga
titanesque projet. Pas besoin d’être chilien ou
économiste, mais simplement se dire comment construire de
vrais
barrages à cette idéologie dominante. Il est
temps que le
Chili rompe avec ce passé empli
d’inhumanité et
gagne les voix d’un progrès partagé et
non pas
subit. L’entrée de cette nation comme
modèle
économique essaie de faire oublier les souffrances non
seulement
du passé, tout en continuant le même ouvrage
à des
fins financières à court terme.
L’objectif a
été de faire du Chili un état
vidé de ses
prérogatives politiques et citoyennes, un Eldorado pour
investisseurs européens et étasuniens. Toutefois
les
Chiliens ne sont pas dupes, mais ils disposent de la gauche la plus
désunie du monde, et pour certaines franges sur des
positions
dogmatiques. Pas simple dans ce cas de trouver une unité
commune, même si l’on dispose d’un
opinion publique
majoritairement à gauche. Chercher l’erreur !
Pinera, le président fait partie de cette
génération d’élu
coulé dans
l’orthodoxie financière du pinochetisme, car non
seulement
Augusto Pinochet fut un dictateur sanguinaire, mais aussi
l’homme
qui a transformé le Chili en le soumettant à la
religion
néo-libérale et en concentrant tous les pouvoirs
dans les
mains d’intérêts transnationaux. Ce fut
pour les
Chiliens un traitement de choc, la paupérisation
d’une
partie de la population, une junte militaire et un
développement
non consenti et au détriment de l’enrichissement
du pays
et de ces concitoyens. Dire non au projet hydroélectrique
« Hidro-Aysen » c’est refuser de se
soumettre
à cet ordre des choses, à ce chaos que propose le
capitalisme comme agent de destruction des ressources.
Pour le même prix des universitaires chiliens, comme, Roberto
Roman et Stephen Hall expliquent qu' il est possible
d’avoir une production électrique bien
supérieure
que le projet envisagé d’Hidro-Aysen, et avec un
moindre
impact environnemental. En comparaison, il est possible de produire
plus de 4.000 Mégawatts avec la géothermie, voire
sinon
plus de 5.000 Mégawatts avec les énergies
éoliennes, et bien plus avec le solaire pour 40.000
Mégawatts, si l’on s’en tient
à ses
spécialistes de la question. L’on voit
bien que ce
projet est non seulement dangereux et qu’en plus on ne
cherche
pas à s’appuyer sur les compétences ou
des
contre-expertises. Cette folle insouciance du gouvernement Pinera et
promoteurs chiliens et européens ne doit pas laisser
indifférents. Les futures générations
ne sont pas
appelées à vivre selon des dogmes financiers ou
politiques, mais auront besoin de faire respecter leur droit
à
protéger des richesses inestimables et essentielles
à la
vie. Si les barrages sont entrepris, ils engageraient des dommages
irréparables et une menace sur une des derniers patrimoines
de
notre humanité qu’est la Patagonie.
A l’exemple du président équatorien
Rafael Correa
et son choix de renoncer à certains chantiers
pétroliers en Amazonie, prouve qu’il existe
d’autres
chemins. Rafael Correa a fait appel à une aide
internationale
pour protéger un bout de poumon du monde, croire que ce qui
passe à mille lieu est sans effet serait une
grossière
erreur. L’eau, l’air, les énergies ne
sont pas des
sujets seulement pour spécialistes, ces deux
éléments naturels ont pour méritent
de nous mettre le nez dans ce qui est du domaine du possible et
à distance de la folie
néo-libérale. Il ne s’agit pas
d’aller contre
le progrès ou les besoins énergétiques
des
Chiliens, mais le Chili n’a pas besoin de se sacrifier une
fois
plus sur l’autel du profit. Et la question n’est
pas que
chilienne, et il en va de proposer d’autres choix,
d’autres
alternatives, et l’écologie pose comme question
l’importance des sciences dans le champ des analyses
politiques
et socio-économiques.
Source
: Article tous droits réservés, ne
peut être publié sans autorisation
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Chili :
répression d’une manifestation
anti-barrages en Patagonie
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Cristian
Palma, , 16 mai 2011
HidroAysén est le nom d’un mégaprojet
que le gouvernement de droite essaie de mettre en œuvre en
Patagonie chilienne et qui a réveillé le
mécontentement dans les rues.
Selon les Carabiniers ce sont 30 000 personnes qui sont descendues dans
les rues vendredi pour protester contre HidroAysén, un
mégaprojet énergétique
qu’Endesa et la fortunée famille Matte essaient de
mettre en œuvre en Patagonie chilienne. Pour ceux qui ont
participé à la manifestation, ils
étaient plus de 50 000.
Au-delà des chiffres, il est certain que
l’approbation de l’étude
d’impact environnementale de l’initiative
privée a échauffé une bonne partie de
la population - non seulement à Santiago - qui est contre un
projet qui inondera des milliers d’hectares, modifiera pour
toujours le sud du Chili et qui voit comment le gouvernement de
Sebastián Piñera serre de plus en plus de mains
patronales et ordonne des pompeux projets de loi.
La marche est pacifiquement partie de la Place l’Italie,
centre névralgique de la capitale. Les manifestants ont
défilé en direction de la Place de la
Citoyenneté, en face du Palais de La Moneda. Les
manifestants étaient tranquilles, portant des bougies et
entonnant des chants de contestation contre le gouvernement de droite
au pouvoir dans le pays. La tranquillité a peu
duré. Des forces Spéciales de Carabiniers ont
empêché que les gens s’approchent du
palais du gouvernement. Certains qui ont réussi à
atteindre la place, ont été pratiquement
balayés du lieu. Appuyés par des voitures
lance-eau, les effectifs ont commencé à lancer
des bombes lacrymogènes vers 21.30, à
l’heure des infos télévisées.
Cependant, les chaines n’ont pas ressorti la nouvelle,
malgré le fait qu’à cette heure la
marche avait déjà dérivé en
dur affrontement contre les forces de l’ordre de
Piñera, qui pour beaucoup ont fait un usage
démesuré de la force. De fait, les twitters qui
étaient dans la manif ont dénoncé que
plusieurs effectifs policiers ne portaient pas de plaque
d’identification. Une telle situation fait rappeler les temps
dans lesquels l’ennemi du peuple avait nom et
prénom : Augusto Pinochet.
Dans les réseaux sociaux, le coupable de cette situation est
le ministre de l’intérieur, Rodrigo Hinzpeter
(d’une obsession reconnue pour faire baisser les indices de
criminalité, coûte que coûte), qui a
interdit que la manifestation ne circule librement et a mis tous les
policiers en état d’alerte. "Cela n’est
pas seulement pour HidroAysén. Il y a un
mécontentement avec ce gouvernement, avec la
manière de faire les choses et avec les offres de campagne
non accomplies. Ils nous ont promis une administration
d’excellence, où il n’y aurait pas
d’espace pour perdre de temps et hier nous avons vu le
porte-parole de La Moneda (Ena von Baer) déguisée
de motoquera dans une revue pituca", avancait le sociologue Roberto
Valencia tandis qu’il se séchait les larmes
provoquées par les gaz toxiques. Des feux de circulation
arrachés, presque tous les panneau de signalisation
détruits, plusieurs rideaux métalliques de
magasins abîmés, des automobiles avec leurs verres
cassés et des succursales bancaires affectées,
c’était le bilan de la journée.
La manifestation a été organisée par
l’ONG Patagonie Sans Barrage. L’organisation
s’oppose au projet approuvé par douze
fonctionnaires gouvernementaux lundi dernier de construction de cinq
barrages dans le lit des rivières Pascua et Baker, et
d’un réseau de transmission de 2000
kilomètres jusqu’à Santiago. Les 67
personnes arrêtées et les nombreux
blessés de vendredi - entre manifestants et carabiniers
– n’ont en aucune façon
freiné les plaintes. Le mouvement Action
Écologique a convoqué à une nouvelle
manifestation pour vendredi prochain, qui veut arriver
jusqu’au menton de Piñera. Les manifestations
continueront jusqu’au 21 mai prochain, jour où le
président Sebastián Piñera remettra au
Congrès le compte-rendu public de sa gestion. Hier il y a
déjà eu un préalable avec un "concert
de casseroles" massif.
Source :
Pagina/12,
traduit
par Amerikenlutte
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En
Patagonie, les Chiliens se révoltent
pour défendre leur eau |
Cristina L’Homme, le 19 mai 2011
«
Non aux barrages en Patagonie! -
La Patagonie
n'est pas à vendre! - Non à HidroAysén
! »
C'est
avec ces cris et des banderoles plein les rues que des dizaines
de milliers de manifestants défilent depuis plus d'une
semaine dans les grandes villes du Sud du Chili, et principalement en
Patagonie, où les carabiniers les ont violemment
réprimés. Ils protestent contre
HidroAysén, un projet de construction de cinq
méga-barrages hydro-électriques.
Ce
slogan signifie qu'ils ne veulent pas que la Patagonie meure. Cette
région du bout du monde est l'une des rares encore intactes
de la planète et représente la
troisième réserve d'eau douce dans le monde.
Si
ce projet aboutit, la distribution de
l'électricité produite par les centrales (18 430
GWh par an) se fera à travers un alignement de
pylônes de plus de 70 mètres de haut, qui
s'étendra sur 2 300 kilomètres en direction du
Nord du pays (sachant que le taux de pertes d'énergie avec
ce type de transport est de 30%).
Autant
dire un coup mortel pour la région
d'Aysén, qu'on appelait depuis 26 ans, la «
réserve de vie », étant
donné les efforts poursuivis pour y défendre un
style de vie tourné vers le « vivre ensemble
» et le respect de la biodiversité.
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Journées
Amérindiennes - Amnesty International |
Extraits
sonores de la Conférence à Sciences-Po Paris du
29 avril 2011
I
- Juana Calfunao : Représentante et résistante
Mapuche du Chili en Europe
A écouter ou télécharger
l'intervention de Juana Calfunao en MP3 :

Juana
Calfunao
17 minutes - Résistance Mapuche - En français et
en castillan
II - Christian Gros : Professeur
émérite
(Université de Paris-III, Institut des Hautes
études de
l’Amérique latine- IHEAL)
A
écouter ou télécharger l'intervention
de Christian Gros en MP3 :
De l'indigénisme
à l'indianisme : d'un mouvement pour les
indigènes
à un mouvement par les indigènes,

s
Christian
Gros
18 minutes - Etat des
lieux des résistances Amérindiennes
III
- Bernard Duterme : Sociologue, directeur du CETRI (Belgique)
A écouter ou télécharger
l'intervention de Bernard Duterme en MP3 :
L’ « autonomie de fait » des zapatistes
du Chiapas : Une alternative viable ?

Bernard
Duterme
20 minutes - Mexique, résistances Amérindiennes
au Chiapas
IV - Diego Landivar : Chercheur et co-auteur
d'"Indigénisme,
capitalisme, socialisme : l’invention d’une
«quatrième voie» ? Le cas bolivien"
A écouter ou télécharger
l'intervention de Diego Landivar en MP3 :
Indigénisme, capitalisme, socialisme:
l’invention d’une «
quatrième voie » ? Le cas bolivien

Diego
Landivar
16 minutes - Bolivie, mouvements et pouvoirs Amérindiens
Source :
Pantuana TV - Creative Commons 3.0
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La
France en guerre, le monde
arabe en révolution,
et l’Amérique Latine «
radicale » dans une impasse ? |

Par Lionel Mesnard, le 12 avril 2011
De la lutte contre le communisme, à la lutte contre la
drogue
puis contre le terrorisme : on peut ainsi désigner trois
étapes importantes de comment les Etats-Unis ont pu des
années durant imposer un ordre mondial sans partage. De ce
qui
fut la guerre froide, la chute des régimes de
l’Est
européen en 1989 obligera les Usa à changer de
stratégie, notamment guerrière, du moins
à trouver
de nouveaux ennemis fédérateurs. Si hier ils
étaient « rouges » ou «
communistes »,
ils sont passés du statut du trafiquant de drogue dans les
années 1990, à celui de terroriste dans les
années
2000. Mais, sur le fond, ces stratégies politico-militaires
visant à projeter une cible à abattre ont-elles
véritablement changé ? Peut-on imaginer un
instant que la
protection de la veuve et de l’orphelin soit du ressort
d’un état qui ne cache pas sa volonté
d’imposer au monde une conduite avant tout
économique?
Qui peut croit encore à un humanisme des relations
diplomatiques, quand les voies consulaires n’ont que pour but
d’asseoir une domination et si cette critique est porteuse
pour
les Etats-Unis, elle l’est aussi pour tout ce qui ressemble
de
près loin ou de loin à un état nation.
Toute la question est de savoir comment on passe d’un monde
bipolaire (anciennement sur un axe Est/Ouest ou les Usa et
l’Urss) puis monopolaire à un multipolarisme,
quand tout
porte à croire que nous vivons une période
transitoire,
et le passage d’un empire dominant à un autre. La
question
n’est pas de crier au loup ou dire attention à
l’empire du milieu, il serait hasardeux de comparer les deux
molosses impérialistes, l’un en construction,
l’autre sans véritable contradiction, et les deux
sur le
même modèle économique capitaliste. En
20 ans, la
Chine est devenue la deuxième puissance
économique
mondiale, et les Etats-Unis ne tiennent, au seul prix d’un
surarmement et de conflits répétitifs. Sinon
depuis
Ronald Reagan la machine économique serait partie en morceau
depuis fort longtemps. Le poids de ce que l’on appelle le
lobby
militaro-industriel, et surtout la présence
d’hommes
accrédités, dans les cénacles du
pouvoir à
Washington et liés aux groupes étasuniens de
pression
économique est une réalité objective
de la
conduite de « l’hyperpuissance » en
faveur
d’une domination sans partage.
L’on ne peut comprendre, l’ordre du monde
qu’à
travers une grille de lecture en mouvement. En un peu plus deux
décennies, nous sommes passés d’un
monde à
un autre sans nous rendre compte des changements intercontinentaux, des
stratégies en cours pour nous endormir et nous
détourner
des enjeux majeurs. Ce qui a pu produire dans le monde Arabe depuis le
début de l’année 2011 est le
deuxième volet
d’une attente populaire à
l’échelle de
plusieurs pays, révolution de velours ou de jasmin, les
aspirations ne sont pas lointaines. Toutefois l’histoire
n’est pas la même et ce qui a pu se produire de
Berlin Est
à Bucarest s’est fait sans trop de heurt et
s’est
soldé au pire avec la condamnation à mort du
tyran
roumain. Si l’on a pu constater des mécanismes de
manipulation de l’information sur les
événements en
Roumanie (décembre 1989), l’on peut
s’interroger
à savoir pourquoi et par ailleurs elle a pu aussi servir
à ne pas informer les opinions publiques sur ce qui se
produisait dans l’arrière-cour des Etats-Unis
à la
même période.
Vue
du plancher des vaches…
Il est difficile de ne pas avoir un peu le tournis au regard de
l’actualité internationale récente. On
peut se
demander, à juste titre, si le monde fait son
entrée dans
un nouveau cycle ? En l’état personne ne
maîtrise véritablement les clefs du futur. La
France en
quelques semaines s’est engagée dans deux conflits
armés et participe de fait à trois guerres, si
l’on
n’oublie pas l’Afghanistan. Le
gouvernement fait entendre qu’il n’y a plus
d’argent dans les caisses, mais nous avons les moyens
d’entretenir des troupes par milliers et d’engager
un
arsenal guerrier qui coûtera à la
collectivité et
pèsera indubitablement dans les relations diplomatiques.
Une fois de plus, aucun citoyen de ce pays ne pourra
s’exprimer
en raison d’un débat confisqué, pas
même les
représentants des assemblées ne pourront
véritablement s’exprimer sur le sujet. Notre
constitution
est ainsi, les élus du peuple français sont
consultés seulement si le pays est engagé
à son
propre titre. Le président et ses ministres se cachant
derrière l’ONU, nous voilà donc devant
un fait
accompli. Quid d’un débat public plus
qu’important,
à minima nous sommes en droit d’attendre un examen
et un
vote des parlementaires français. Il n’en sera
rien et ce
problème n’a rien de nouveau.
C’est pourquoi il est presque impossible de prendre parti
dans un
processus militaire, ou de toute façon la voix
d’un
représentant du peuple équivaut au
néant, et celle
de l’opinion publique à du vent. Ceci
n’est
qu’une histoire de pouvoir et nous ne pouvons qu’en
regretter le vide démocratique, ici comme ailleurs.
La Libye est une guerre qui tombe à pic. Croire que la
politique
n’est qu’un exercice
d’équilibre et de raisons
nobles peut induire fortement en erreur. C’est surtout le
fait de
calculs égoïstes et
d’intérêts parfois
personnels se faisant sur le dos des peuples. Nous sommes en droit de
nous demander, si le Président de la République
française, ne trouve pas là une bonne aubaine que
de
jouer les va-t-en-guerre en déclarant des
hostilités
à la Libye ? En soit, ce n’est pas la question de
savoir
si Kadhafi doit rester ou non au pouvoir, on ne peut que souhaiter son
départ après 34 ans de pouvoir militaire (sans
partage) et de
multiples
crimes à l’encontre des populations libyennes.
Mais
pourquoi subitement, ce virage à 180 degrés
à
l’égard de ce régime?
Pourquoi ces deux poids et deux mesures, quand, il y a à
peine
quelques semaines, la France proposait ses services, par la voix de son
ministre des affaires étrangères, dans le
maintien du
maintien de l’ordre au régime tunisien de Ben Ali
? Il
n’est point besoin de mentionner la visite
remarquée de
Kadhafi en 2007 en Europe, ce qui devait se résumer en de
fabuleux contrats et milliards à la clef. A quoi peut tenir
ce
changement brutal d’orientation concernant ce qui
était
encore l’an dernier un partenaire. C’est
à se
demander si de mauvais sondages pourraient avoir un rôle,
notamment en vue d’une réélection ?
Devenir le pourfendeur de Kadhafi, c’est bien mieux
qu’un
débat sur l’Islam (qu’une bonne part de
l’opinion publique en France a rejeté en raison de
son
caractère stigmatisant), et cela peut avoir un
rôle non
négligeable et utile pour regagner un électorat
qui
semble prendre la fuite vers l’extrême droite. Et
puis pour
tous ceux qui sont toujours prêts à
lâcher une larme
sur la grandeur de notre César local, comme par
enchantement,
des sondages récents donnent 66% à 72% des
Français favorables à une intervention militaire
en
Libye.
Grâce à ce qui se passe de Rabat à
Téhéran (aujourd’hui en Syrie), comme
soulèvements populaires, on peut mieux comprendre
l’aspect
négatif des différentes diplomaties en
présence.
Si l’on peut bien constater la naissance d’un monde
multipolaire, il y a de quoi être surpris par la courte vue
des
chancelleries du monde entier. On peut affirmer
qu’à ce
petit jeu, on ne voit pas une seule diplomatie être
à la
hauteur des enjeux. C’est le chacun pour ses
intérêts, ses petits calculs pour sortir du
ridicule de la
situation, car qui n’a pas mangé dans
l’assiette ou
dans la main de Kadhafi ?
L’homme du petit livre vert est un habile
manœuvrier et il
n’est pas si fou qu’on l’entend. Il est
simplement le
prototype de ces pervers ou manipulateurs «de
génie», qui n’ont
qu’à l’esprit
de se maintenir au pouvoir et seule la mort pouvant nous en
délivrer. Justement une opinion publique arabe, notamment
jeune
souhaite prendre une autre voie et à contresens de ce que
pense,
Sarkozy, ou Cameron, ou leurs potentats locaux.
Un tel mouvement d’émancipation n’avait
pas vu jour
depuis la révolution de velours en Europe de l’Est
à partir de 1989, et nous ne pouvons que nous en
réjouir.
Toutefois il est impossible de dire ou d’affirmer que les
peuples
arabes vont pouvoir se libérer des tutelles du
passé, la
route sera longue avant que tous les fantoches ne tombent. Cela prouve
néanmoins que les aspirations à la
démocratie et
à la liberté peuvent faire chuter un
régime
dictatorial, et quel que soit le lieu sur cette planète.
Les
gauches radicales latino-américaines dans
l’impasse ?
Il n’y a aucune raison de se désolidariser des
mouvements
sociaux et politiques oeuvrant en Amérique Latine, tout au
contraire, c’est par l’usage de la critique que
nous
avancerons, et mieux vaut éviter les autoroutes de
l’embrigadement… Pour reprendre une
métaphore, il
est préférable de « convaincre et non
de vaincre
».
Bien heureux celui qui aura suivi et compris les évolutions
politiques au Venezuela ces dernières années. Si
vous
faîte preuve d’un peu
d’honnêteté
intellectuelle, - vous ne pouvez que constater, - que le
débat
prometteur sur le socialisme du XXI° siècle
n’a pas
encore eu lieu. Raison de plus de le relancer, et d’y
apporter
quelques critiques, car de mémoire jamais depuis 1989 les
relations internationales n’ont été
autant au
centre de nos préoccupations, et de notre devenir commun.
Ce vent d’air frais venu notamment de Tunisie et
d’Egypte,
et en raison de ce qui se passe en Libye ne peut que pousser
à
soutenir des mouvements populaires, démocratiques et assez
lointains des bigots fanatiques. En clair ces mouvements ont une
dynamique révolutionnaire, et actuellement dans le monde
Arabe
et Persan, ils cherchent à transformer les anciennes bases.
Mais
à Managua et à Caracas, l’on a pu
constater une
certaine confusion et un soutien embarrassant au régime de
Kadhafi. Tout en soulignant une tentative de dialogue.
Le problème n’est pas nouveau et repose en bonne
part sur les évolutions que l’on a pu
remarquer dans
l’entourage d’Hugo Chavez, et surtout ses propres
évolutions depuis le coup d’état de
2002.
L’objet n’est pas de faire une critique du pays en
interne,
mais s’interroger et quand cela est nécessaire sur
des
désaccords de fond et l’orientation prise sur le
terrain
de la diplomatie. Il est regrettable de constater dans ce concert
diplomatique, que certaines forces de progrès ne soient pas
aux
côtés des damnés de la terre.
Depuis presque une décennie et
l’arrivée
d’Hugo Chavez au pouvoir, il semblerait que du moment que
l’alliance peut se faire sur le dos de l’Empire,
tout est
bon pour pactiser avec les pires régimes de la
planète.
Il y a là un enjeu de fond à ne vouloir voir
qu’une
seule face, et en aucun cas les revers et surtout chocs et vents de
répression en retour pour des populations
réduites au
silence et subissant depuis trop longtemps de Rabat à
Téhéran les exactions de pouvoirs iniques. En
bref, les
amitiés se situent d’abord sur le terrain
économique et au domaine des surprises récentes,
même, la Colombie du très droitier Juan Manuel
Santos
emboîte le pas des relations et échanges avec
Téhéran. Et l’on peut remarquer que la
brouille
entre Bogota et Caracas est bien terminée, et Juan Manuel
Santos
à même déclaré que Chavez
était
«son meilleur ami».
Pour reprendre cette formule utilisée de nombreuses fois :
les
amis de nos amis ne sont pas obligatoirement nos amis. Et dans le cas
de la Syrie, de l’Iran, de la Libye, de la
Biélorussie, du
Zimbabwe, de la Corée du Nord, de la Chine ou de la Russie,
il y
a de quoi être perplexe et un peu nauséeux. Si
l’idée est de croire que le socialisme se
construira au
sein de chaque état nation et indépendamment des
autres,
il y a là une vulgate marxiste dont on connaît le
résultat, et de comment au nom du socialisme dans un seul
pays,
nous avons abouti à un ordre bipolaire après
1945.
Il serait vraiment dommage de voir l’histoire balbutier en
Libye.
Même s’il n’y a rien, à
attendre d’un
pouvoir bourgeois, pour autant passer d’un régime
dictatorial ou théocratique à des fondations
démocratiques est préférable, et nul
besoin de
faire référence à une quelconque
dialectique
historique, il en va de l’expression du plus grand nombre.
La conclusion ultime du Manifeste du Parti Communiste de Marx fini sur
cette maxime : «travailleurs de tous les pays
unissez-vous». Et cela pose l’idée que
les masses
laborieuses ne
peuvent poser les bases de leur émancipation sans tenir
compte
de l’ensemble des exploités ou
persécutés de
cette planète. Ce n’est donc pas un
débat entre
nationaux et peu importe le lieu, mais du regard que nous portons sur
le monde, et de comment nous pouvons articuler notre pensée
en
tant qu’internationalistes?
Croire qu’un régime théocratique comme
l’Iran, ou un état policier comme la Syrie
puisse
aider à lutter contre
l’hégémonie
étasunienne, et par la même contre
l’ordre
capitaliste, c’est à la fois une erreur et un peu
léger comme construction idéologique. Et
l’on en
oublierait que ce furent les Iraniens, les premiers à se
soulever contre le régime des mollahs l’an
dernier. Que
certains y cherchent la main basse de la Cia, du Département
d’Etat à Washington, si ce n’est un
énième complot, comment peut-on être
aussi sourd
aux souffrances populaires, en niant de la sorte des
soulèvements progressistes? Car combattre un
état
théocratique ou dictatorial s’est
aspiré à
une évolution sociale et politique, notamment pour que le
genre
féminin obtienne des droits égaux au masculin.
Que des pays commercent avec des pouvoirs autoritaires ou dictatoriaux,
c’est en soit la règle
générale de tous les
états, mais de là à tomber dans des
alliances
anti-impérialistes aux accents surréalistes et
à
contrario de la volonté des peuples. ll y a non
seulement
une
contradiction de taille, si ce n’est une impasse certaine et
particulièrement indéfendable. Cela ne remet pas
en cause
les résultats positifs obtenus par les pays de
l’A.L.B.A.
(1) en matière de scolarisation, de médecine, et
autres
urgences sociales, et Cuba y a trouvé un rôle non
négligeable, mais questionne sur l’idée
que nous
pouvons nous faire des libertés publiques et de
l’usage de
son expression?
Il est souhaitable de garder une distance avec certains objets
médiatiques de la propagande virtuelle, et dans le cas du
Venezuela, de Cuba trouver une opinion échappant
à la
polarité des points de vue. Les questions internationales et
l’Amérique Latine en particulier est un exemple en
la
matière, les rapports de force sont tellement vifs que
l’analyse finie par passer par pertes et au profit
d’un
discours parfois à la limite de la psychose
paranoïaque, du
moins à la sauce du complot. Certes l’influence et
les
dégâts imputables à la puissance
étasunienne
sont pléthores, mais on ne peut que remarquer ses limites et
ses
échecs ces dernières années en Irak et
en
Afghanistan, allant de concert avec l’autonomie politique et
économique conquise de haute lutte par la gauche
latino-américaine et ses pouvoirs en place.
Que l’on veuille ou non, les Etats-Unis sont plutôt
dans un
grand état de faiblesse et engage probablement son
déclin
à moyen terme. Quand Chavez parlait d’un monde
multipolaire, ses détracteurs se gaussaient et
c’est
depuis devenu un fait presque acquis, mais cela n’augure en
rien
un meilleur équilibre, si ce n’est qu’un
autre
système impérial pointe son nez à
grands pas. Que
la Chine prenne une telle importance préfigure de
changements,
mais il faudrait s’accorder sur la nature des
progrès. Le
parti unique et le marché imposant des contraintes folles
aux
travailleurs chinois n’est certainement pas la voie
à
suivre et cela ne peut que produire des doutes sur la construction
d’un socialisme ou l’Homme ne serait pas le moteur
de son
émancipation propre.
Nous touchons là à la limite des pouvoirs et
l’usure des modèles actuels, ou ce que
l’on
dénomme sous le nom de realpolitik. Ce pragmatisme
très
en vogue dans les chancelleries nous aura ouvert les yeux sur le
cynisme des enjeux, sur les faiblesses intellectuelles du socialisme du
siècle présent. L’objet n’est
pas en soit de
lancer de grands anathèmes, mais ne pas se laisser avoir par
ces
mécanismes qui poussent à l’exclusion
au titre du,
« si tu n’es pas avec moi, tu es donc contre moi
» ou
une conception plus que ridicule du
«marxisme-léninisme». Et bien non, quoi
qu’on
veuille, les choses ne
sont pas
si simples. Que dire à un Iranien partageant des convictions
de
gauche ou progressiste, et lui soutenir que le président de
son
pays est un homme respectable et du même camp? On peut en
comprendre l’inconfort et le côté abusif
et
fâcheux.
Il n’est pas possible à la vue de cette confusion
de ne
pas poser la question du pouvoir et de son exercice. Il y a de quoi
être critique et cette approche critique est une des bases
essentielles du mouvement socialiste, et il ne s’agit pas en
contre point de dénigrer ou de caricaturer, mais bien de
prendre
en compte nos évolutions face aux temps présents
et pas
selon des théorisations datant du bloc soviétique
ou
venant de gens plus allumés que radicaux. La
mélasse
nationaliste ou à la sauce du complot est devenue plus que
problématique, et ouvre la voie à des propos
outranciers,
ou à des analyses à deux sous ou
d’inspiration
réactive et souvent primaires.
Les
« anti-systèmes » de papier et
idées fausses
Nous avons pour preuve certains courants
«anti-systèmes» européens ou
américains qui ont
beaucoup
manœuvré pour faire passer
l’idée d’un
monde tournant autour du seul conflit israélo-palestinien,
au
point de ne plus pouvoir différencier ou établir
des
échelles de valeurs cohérentes. Lire sous
quelques plumes
que la Colombie est l’Israël de
l’Amérique
Latine revient à désinformer sur ce qui se passe
en
Colombie. Que des similitudes ou des échanges entre ces deux
pays existent, cela n’a rien d’étonnant
dans un
monde «ouvert», mais à faire des
projections pour
comparer l’incomparable, c’est plus
qu’agaçant, c’est absurde et
inopérant.
Le plus inquiétant c’est de vouloir monter des
peuples, ou
des communautés les unes contre les autres, et dans cette
soupe
virtuelle et médiatique cela participe à
crédibiliser des courants extrêmes droitiers ou
confessionnels, simplement parce qu’ils reprennent en tue
tête, que c’est la faute au système.
Que des pays réclament une plus grande
souveraineté, il
n’y a rien de choquant, mais que cela devienne
l’architecture d’une nouvelle pensée
ultra-nationaliste ne peut que désoler une bonne partie de
la
gauche radicale ou pas. Si Kadhafi, Bouteflika, Ahmadinedjad et Bachar
el-Assad sont le point d’orgue de la lutte contre
l’impérialisme, il va de soit que l’on
écarte
du progrès les forces vives de ces nations.
L’ennui est
que tout cela relève du cynisme des gouvernants et
d’un
débat à ouvrir sur les limites des
états nations.
Ceci bien évidemment dans une perspective internationaliste,
et
les possibilités qui nous sont offertes de pouvoir
échanger en d’autres termes restent à
construire.
Ce qui a pu se passer ces dernières années en
Amérique Latine n’a pas à
empêcher de penser
en d’autres termes, parce que rien
n’accrédite que
c’est la seule voie du possible, si cet autre monde est
possible… C’est avec seulement quelques principes
qui
poussent à ne pas gober les objets de la propagande.
Certains
actes, écrits vont à contresens de
l’émancipation des populations civiles en Afrique
du Nord
et bien au-delà. Qu’il existe une
réalité
Nord Sud c’est une évidence, mais que cela soit un
frein
de communication entre les travailleurs des deux
hémisphères, c’est tout bonnement
contre-productif.
Même Marx n’y reconnaîtrait pas ses
idées.
Ce qui peut nous rassembler, c’est justement
réactiver la
lutte de classes en vue d’une transformation de nos modes de
productions et de consommations et d’échanges
à
l’échelle planétaire, et cela va de
soit dans un
processus d’adaptation écologique de grande
ampleur,
planifié si besoin est ; et de soutenir
d’où que
nous soyons des mouvements progressistes et pluralistes,
démocratiques au bon sens du terme. Si l’on peut
en
résumé l’idée, il en va du
regard que nous
portons sur l’autre, et de comment nous abordons le domaine
des
consciences et de la construction d’une critique des
systèmes.
Il semblerait qu’un consensus assez large puisse se faire
d’une réalité universelle, et que le
facteur
culturel ne soit que secondaire et pousse à essentialiser
les
discours politiques. On ne peut pas faire état de la
mondialisation ou de la globalisation, sans comprendre ce processus, en
particulier de populations jeunes, instruites et utilisant à
bon
escient, ce que l’on pouvait envisager comme le pire de la
virtualité, c’est-à-dire les
réseaux sociaux
biens connus des autoroutes de l’information.
Il est un facteur, celui de l’existence de cet outil de
communication pour saisir que nous entrons dans une période
nouvelle, ou les jeunesses de ce monde se ressemblent de plus en plus
et concentrent des aspirations tout à fait louables quant
à la protection des droits de la personne humaine et en
particulier son droit à une expression libre et qui plus est
laïque et féministe. Peut-être
qu’un monde
multipolaire pourra aider à penser autrement notre monde,
les
défis à accomplir à
l’échelle des 40
années à venir sont énormes et
relèvent
plus du qualitatif, que du quantitatif. Il en va d’une
transformation de nos modes de vie et notre rapport au vivant.
Internet est entrain de modifier non seulement nos repères
de
lecteurs, mais surtout nous basculons dans une période
historique propice à la naissance de changements politiques
majeurs, à des prises de consciences sur
l’universalité du genre humain. Il suffit de
constater une
cohésion générationnelle, les
sociétés patriarcales ont quelques soucis
à se
faire.
À vouloir chanter les louanges de certains tyrans au nom de
l’anti-impérialisme, les pouvoirs dits radicaux en
Amérique Latine n’auront pas fait mieux que les
autres
chancelleries du camp bourgeois. La tripoté de prix
décernés ces dernières
années par le régime de
Kadhafi au nom des droits de l’Homme à certaines
personnalités politiques sud américaines ne
pourra que
laisser une gêne certaine. Et pour éviter ce type
de
complaisance, il faut apprendre à refuser certains prix, qui
n’ont que pour but de flatter et aussi à vous
clouer comme
un bagnard à son boulet.
A nous laisser nous imposer un ordre du monde, nous finissons par
oublier de le penser. Et il est très compliqué de
vivre
sur les ruines du passé… A vouloir tout
réduire et
limiter au nom d’un dogme, ou à mettre sur un
même
plan des ensembles impossibles ; alors le refuge pulsionnel ou
dogmatique gagne du terrain, mais n’explique rien.
Agir contre le système capitaliste, ne se résume
pas
à penser en anti-système. Il faut saisir un
aspect
crucial, le moteur des luttes des classes d’hier
n’a plus
grand-chose à voir avec les réalités
présentes, en particulier si l’on
l’examine en
regard du désordre mondial présent et persistant.
Il
existe des étapes à franchir, pour trouver
plusieurs
niveaux d’organisations, aussi bien mondiaux, que locaux, et
à commencer par la question des intégrations
continentales avant d’envisager une forme de gouvernement
mondial. Ne serait-ce que pour souligner que l’ONU a surtout
besoin de se réformer.
Note
:
(1) L’A.L.B.A : Alliance Bolivarienne des
Amériques
rassemblant notamment le Venezuela, la Bolivie, Cuba, le Nicaragua,
…
Source : texte de
Lionel Mesnard sous la mention
tous
droits
réservés et ne peut faire l'objet
d'une reproduction sans autorisation
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Colombie,
les mouvements sociaux
du Cauca encore menacés |

par
Sergio Ferrari, le 12 avril
2011
COLOMBIE • Dans un contexte de lutte pour le territoire et
d’offensive militaire, les «paras»
tentent
d’intimider les organisations sociales.
Depuis fin mars, les organisations sociales du Cauca vivent dans la
crainte. Plusieurs menaces et événements
inquiétants se sont produits dans ce département
colombien, visant plus particulièrement les peuples
autochtones,
les associations paysannes et de femmes et les défenseurs
des
droits humains. Dans une zone de présence active
d’ONG et
de programmes suisses.
Les six organisations du Réseau pour la vie et les droits
humains dans le Cauca ont dénoncé le 28 mars
«les
menaces contre la vie et l’intégrité
physique de
défenseurs des droits humains, de journalistes et de membres
d’organisations sociales». Plusieurs des
signataires, entre
autres la Ruta Pacífica de Mujeres (Route pacifique des
femmes)
et l’organisation paysanne Comité du massif
colombien
(CIMA) sont depuis de nombreuses années partenaires ou
bénéficiaires directs du Programme suisse pour la
promotion de la paix en Colombie (SUIPPCOL).
Paramilitaires
actifs
Le dernier vendredi de mars, un groupe d’inconnus a
forcé
le domicile de Miguel Alberto Fernández, fouillant
entièrement son appartement et ne volant que le
matériel
professionnel. Ce défenseur des droits humains est un des
responsables du CIMA et préside la section
départementale
de la Centrale unitaire des travailleurs (CUT).
Le représentant de la police nationale qui est
arrivé sur
les lieux quelques minutes plus tard aurait reconnu qu’il ne
s’agissait pas d’un «vol
ordinaire». Ce qui
amène les associations à y voir un «vol
d’informations» et une «intimidation
envers les
organisations sociales et leurs dirigeants», selon leur
communiqué.
Par ailleurs, un pamphlet signé par un groupe paramilitaire
connu a été distribué fin mars dans la
ville de
Popayán, capitale du Cauca. Ce texte identifie comme
objectif
militaire plusieurs organisations indigènes (CRIC, ACIN),
paysanne (CIMA) et l’Associations des institutions du Cauca,
ASOINCA. La menace s’adresse également
à des
stations émettrices indigènes et à des
journalistes locaux.
Tensions
«Les informations que nous recevons du Cauca nous
préoccupent énormément. Elles
s’inscrivent
dans une conjoncture d’augmentation de la tension
politico-militaire dans cette région de Colombie, avec une
impunité totale pour les actions paramilitaires»,
souligne
Bernard Borel, député du canton de Vaud et
coordinateur
de l’association Tejiendo Solidaridad (Tissant la
solidarité) active dans cette région
grâce à
la coopérante colombienne Julia Madariaga (lire ci-dessous).
«Malgré le fait que le nouveau
président parle de
changements substantiels et de droits à respecter, il
semblerait
que l’on soit en train de répéter la
même
stratégie qui a caractérisé Alvaro
Uribe, son
prédécesseur», juge M. Borel.
Le popiste a visité cette région l’an
dernier au
sein d’une délégation de
personnalités
helvétiques. «Nous avons fait la connaissance du
défenseur des droits humains Miguel Fernández
lors de
notre visite et nous avons été marqués
par le
sérieux du travail qu’il réalise, en
totale
autonomie par rapport aux différents acteurs
armés, et en
faveur de la population paysanne et de son développement
productif et social», relève-t-il. I
Traduction de Bernard
Perrin
Massacre
d’enfants soldats à Tacueyó
Hazard
du calendrier? Dans ce même département de Cauca,
la fin
mars a été aussi marquée par un
événement fondamental: les autorités
et la
communauté de Sauvegarde indigène de Canoas, dans
la
commune de Santander de Quilichao, ont expulsé de leur
territoire le personnel et les machines d’une entreprise
minière qui s’était
installée dans la zone
pour réaliser ses activités, sans respecter le
processus
de consultation préalable des communautés, tel
que
l’établit la Convention 169 de
l’Organisation
mondiale du travail. Simultanément, elles ont
éradiqué trois cultures de produits illicites.
Cette
régularisation n’a pas été
du goût de
tous. Comme le signale un communiqué signé par
l’Association des Conseils autochtones du Nord du Cauca
(ACIN),
«une fois terminés les travaux
d’éradication,
les membres du Conseil furent l’objet d’un attentat
avec
des rafales de fusil». Quelques jours plus tard, Carlos
Andrés Campo, gouverneur indigène de Canoas, a
été menacé de mort par courrier
électronique.
Le
climat de tension dans le Cauca a par ailleurs augmenté
considérablement, aussitôt après le
bombardement
par l’armée d’un camp de la
guérilla à
Tacueyó. Cette attaque perpétrée le 26
mars a
causé la mort de quinze personnes, majoritairement des
enfants
autochtones encore mineurs, qui auraient été
l’objet de «recrutement forcé»
de la part des
Forces armées révolutionnaires de Colombie
(FARC), selon
les organisations de la région.
«Les
faits ne sont pas clairs, des enquêtes ont
été
ouvertes et elles vont prendre un certain temps», explique
par
téléphone depuis Cali l’anthropologue
Julia
Madariaga.
Source :
Le
Courrier http://www.lecourrier.ch/les_mouvements_sociaux_du_cauca_encore_menaces
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Colombie
: 10 ans du Massacre du Naya,
Ni oubli, Ni pardon |

par
Primitivi, mise en ligne avril 2011,
Cette année se commémore le dixième
anniversaire
du Massacre du Naya, région qui borde le Rio Naya, limite
entre
les départements du Cauca et de Valle del Cauca. Plusieurs
événements ont été
organisés pour
rappeler et dénoncer l’impunité dans
laquelle
demeure ce massacre.
Le samedi 9 avril, les victimes, accompagnées par les
autorités indigènes et associations de Droits de
l’Homme, ont procédé à une
dénonciation publique à Santander de Quilichao et
ont
planté un plan de palme en mémoire aux morts du
Naya et
à Alexander Quintero, leader du Naya assassiné
l’an
dernier. Ont ensuite été parcourues les
communautés afros, afin d’exprimer
l’unité
entre les descendants afros, les indigènes et les paysans,
avant
de procéder à une cérémonie
d’harmonisation dans le Rio Naya, où se trouvent,
encore,
des disparus du Massacre. Une messe politique a
été
organisée le dimanche, ainsi qu’une galerie de la
Mémoire. En ce même jour ont
été
écrites les exigences des victimes et des organisations,
avec
l’objectif de les présenter le lundi, lors de
l’Assemblée de Commémoration,
à Timba Cauca.
Quelques éléments pour ceux qui ont
oublié ou qui
n’ont jamais su de ces journées de barbarie, de
ces
années d’agression des peuples
indigènes, des
communautés afros et des paysans du Cauca et de la
Vallée
du Cauca...
Ces 50 dernières années, sur les terres fertiles
du Naya,
ont commencé à pousser les cultures illicites de
coca :
la zone, presque vierge, est un lieu privilégié
pour le
transit de produits illicites. Ces activités ont
attiré
tous types de groupes armés, tant les FARC, l’ELN
que le
Bloc Calima des Autodéfenses Unies de Colombie (AUC).
Les AUC, c’est à dire les paramilitaires, furent
convoquées par les principaux narcotrafiquants du cartel du
Nord
de Valle del Cauca et par un groupe d’entrepreneurs locaux
afin
de protéger les commerces du harcèlement de la
guérilla (source : www.verdadabierta.com ). A partie de
l’année 2000, dirigée par
Jodé Ever Veloza
Garcia, connu sous le nom de "HH", une armée de 800
paramilitaires impose des barrages routiers illégaux,
repère, séquestre, agresse, fait
disparaître et
assassine dans le centre de Valle et dans le Cauca, causant de nombreux
déplacements forcés de population. En novembre de
cette
même année, le ministère public alerte
le
gouvernement sur des barrages des paramilitaires entre Buenos Aires et
Santander de Quilichao, ceux-ci contrôlant
l’accès
des communautés à la nourriture et autres vivres.
"Ils
déterminaient ceux qui allaient vivre et ceux qui
n’allaient pas vivre" commente le Gouverneur
indigène de
Kitek Kiwe. Le massacre du Naya avait déjà
commencé un an avant, mais les autorités ont pris
en
compte la gravité de la situation qu’en
décembre
2000, lorsque se déplacèrent plus de 4000
indigènes du Resguardo de La Paila dans le Naya. Dans une
situation tendue, après l’assassinat de
Elías
Tróchez, gouverneur indigène du Haut Naya, par
l’ELN le 11 décembre 2000, la force publique entre
dans la
région du Naya.
En Mars 2001, l’Armée s’en va et les
paramilitaires
reviennent. La Defensoría del Pueblo (Défense du
Peuple)
montrait sa préoccupation depuis 1999 en rapport avec la
présence de paramilitaires dans la zone, et
déjà
prédisait un massacre, quand, le 27 mars, la Commission
Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) exige
de
l’État colombien qu’il
établisse des mesures
de protection de s populations indigènes.
Cependant, le 5 avril, ce sont 500 hommes armés des AUC,
selon
la Defensoría del Pueblo, qui entreprennent le parcours de
la
mort, passant par les 17 villages du Naya. Le 9 avril, ils bloquent les
routes et séquestrent des informateurs dans le but de les
aider
à chercher les présumés
guérilleros. Le
jour suivant ils commencent le massacre à El Ceral, lequel
dure
4 jours, principalement à Palo Solo, Rio Mina, El Placer et
San
Antonio. Jusqu’à aujourd’hui ont
été
retrouvés seulement 37 cadavres, mais selon les
communautés, ce sont plus de 100 personnes qui furent
assassinées. Le 13 avril, après avoir
tué tant de
civils, les combats entre les AUC et les FARC commencent et prennent
fin le 16 avril. Il a également été
reporté
que certains paramilitaires se seraient enfuis avec l’aide de
l’Armée colombienne, après le massacre.
Des
milliers de déplacés arrivent à Timba,
Santander,
Popayán, Jamundí et Cali. La force publique se
présente sur les lieux le 26 avril, quand tout est
terminé, juste à temps pour ramasser les morceaux
de
chair en putréfaction.
Doña Rubiela se rappelle de tous les détails de
ce 11
avril 2001, quand ils ont tué son mari et qu’elle
a du
s’enfuir avec sa fille de 5 ans. "Mon histoire, pour vous est
très émouvante, très triste,
très
amère, pour moi aussi" introduit-elle avec une photo de
famille
à la main. Sur la photo, un hombre, une femme et une enfant.
Ils
sourient.
Doña Rubiela était en train de
préparer les arepas
(galettes colombiennes) quand arrivèrent les paramilitaires.
"Ce
sont les AUC" a dit son voisin. "Qui c’est ?" "Bin
c’est
les gens qui tuent à El Ceral, à Timba, partout"
il lui a
répondu. Les AUC emmenèrent la famille et les
accusèrent d’être des
guérilleros, des
collaborateurs. Selon Doña Rubiela, un guérillero
capturé par les AUC répétait : "Si
vous allez tuer
des gens, vous vous trompez, ici il n’y a pas de
guérilleros, que des paysans, des travailleurs". Mais ils
fusillèrent tous les hommes de la communauté.
"Mon mari a
ouvert la bouche et ils lui ont tiré une balle
là"
raconte cette dame, "ils ont voulu baisser le pantalon de ma fille pour
voir si c’était pas un garçon." Comme
de nombreux
déplacés, les deux femmes ont tout perdu, et
s’en
sont allées sans rien. Comme de nombreuses victimes, elles
n’ont pas obtenu réparation. "J’ai eu
faim,
j’avais aucun endroit où me mettre avec ma fille,
ces dix
ans ont été durs pour moi... coups sur coups."
Ce lundi 11 avril 2011, dans cette Assemblée de
commémoration et de résistance, les victimes du
massacre
du Naya, les organisations et les processus sociaux du Territoire
ancestral n’oublient pas. Ils exigent la
réparation
intégrale pour les victimes, particulièrement des
veuves
et orphelins du massacre, et pour les populations
déplacées par le conflit armé, avant,
durant et
après le massacre. "Le mal que nous ont fait les
autodéfenses au Naya, le Président va devoir le
réparer" s’exclame Doña Rubiela avec
colère,
"nous ne voulons pas plus de kilos de riz, ni plus de kilos de
lentilles, nous avons besoin qu’ils nous donnent un logement
où on puisse vivre". Devront également
être prises
en compte les victimes des assassinats antérieurs et
postérieurs au massacre du Naya. Parce qu’on ne
sait
toujours pas le nombre exact de victimes, car les gens ont peur des
menaces de la part des paramilitaires.
Par ailleurs, les autorités dénoncent la
persistance de
crimes et menaces dans la zone : la disparition de Manuel Antonio
Ramos, gouverneur indigène, en 2003, la
responsabilité de
la force publique dans des assassinats de civils passés pour
guérilleros en 2007, les menaces contre la direction de
Kitek
Kiwe en 2008 ou l’assassinat d’ Alexander Quintero,
leader
du Naya, le 25 mai 2009. Et l’horreur continue : de retour de
cette commémoration même, un communard
indigène,
Hugo Ulcue, appartenant au Cabildo la Playa Haut Naya, a
été assassiné ce 12 avril. "le cadavre
a
été abandonné dans les alentours du
siège
du Cabildo (autorité politique indigène) de la
localité, comme un acte d’avertissement"
dénonce la
ACIN. Le massacre du Naya n’est toujours pas
terminé !!
Ils demandent Justice. Encore une fois. Pour montrer au grand jour qui
a été responsable de ce massacre, autant les
responsables
matériels -les paramilitaires- que les responsables
intellectuels. Que se reconnaisse la responsabilité de
l’État pur omission et participation. Si
aujourd’hui
73 paramilitaires sont en prison, d’autres questions restent
sans
réponse. La participation d’ex-militaires dans les
AUC,
l’usage de véhicules de
l’Armée et son aide
dans la fuite de nombreux "paras", le silence de la base militaire
quand passèrent les bataillons de paramilitaires, les
réunions entre "HH" et des responsables de la force
publique...
la contemplation de l’État devant les nombreuses
alertes.
Sur la question du paramilitarisme, le Gouverneur de Kitek Kiwe, Gerson
Acosta Salazar, analyse: "Ils s’appelaient
Pájaros,
Chusmas, ensuite AUC, Rastrojos, Águilas Negras, et
maintenant
les ‘Bacrim’. Mais la communauté dit
clairement
qu’elle ne se laissera pas avoir par ces termes, nous savons
que
le conflit persiste dans ce pays et nous savons très bien
que
c’est une politique d’Etat, le paramilitarisme peut
changer
de nom mais persiste dans nos territoires et c’est ce
qu’aujourd’hui nous refusons. La politique
d’agression de l’État, de spoliation,
continue".
Et le gouvernement est le grand absent de cet
événement.
Il n’a jamais eu la volonté de faire justice dans
ce cas.
Jamais il n’a accompagné les victimes, jamais il
n’a
reconnu sa responsabilité. Même s’il a
accepté et confirmé l’invitation
à cette
commémoration, il n’est pas venu. Quelques
fonctionnaires,
visiblement mal à l’aise, ont
présenté des
rapports mais, comme le reporte le compte rendu, "depuis leur
responsabilité politique et administrative, ils
n’ont pas
pu aller plus loin que ces rapports" et "assumer les engagements qui
permettrait de démontrer la supposée
volonté du
gouvernement et de l’État envers les victimes et
sa
responsabilité dans garantie de leurs droits fondamentaux".
L’Assemblée exige la titularisation des
territoires du
Naya de manière collective aux communautés afros,
indigènes et paysannes, ainsi que le respect de ces
territoires,
la consultation préalable pour n’importe quel
projet
économique. Ils demandent le respect de leurs droits, des
garanties de prévention et de protection des leader-e-s et
intégrant-e-s des communautés du Naya,
l’accès à la Justice. Ils veulent une
Loi des
Victimes punissant les faits perpétués par les
paramilitaires et "les déterminants du délit"
comme
l’a manifesté le Gouverneur de Kitek Kiwe "assez
de
chiffres sur les victimes, nous exigeons une loi qui respecte et
défende les peuples".
Finalement, il se reconnaît que "seules la mobilisation et la
lutte dans les rues ainsi que la libération des territoires
rendront possible de véritables résultats dans le
chemin
de la réparation collective, dans la reconnaissance de la
vérité et la consécration
d’une
véritable justice". Ainsi, en cette année de
mémoire, la communauté a
décidé de se
réunir le 29 avril pour décider les actions
à
réaliser dans le but de faire pression sur le gouvernement
et en
terminer avec cette impunité. "Nous ne voulons pas attendre
dix
ans de plus !" crient les victimes. Dans ce cadre s’est
proposé une minga (marche) de résistance
à
Bogotá, ce qui sera discuté lors de cette
réunion.
Toutefois, les participants reconnaissent la
nécessité de
s’unir pour protester contre la violence
générale
que vit le département du Cauca. "Il y a un conflit interne,
des
intérêts territoriaux, des politiques
néo-libérales qui affectent autant
l’indien, le
noir que le paysan, c’est pour cela que nous devons
être
tous être unis en un seul langage, exiger le droit et les
respect
à notre territoire" conclue Gerson Acosta Salazar. Une
volonté qui pourra se réaliser par cette minga.
Pendant que les bus se remplissent, quelques victimes doutent. "ils ne
tiennent pas leurs promesses" lâche une dame, avant
d’ajouter "la marche est une bonne alternative, parce
qu’ils nous ont oublié", "nous avons besoin des
autres
communautés, qu’elles nous soutiennent." La lutte
de ceux
du Naya n’est pas juste une lutte pour la
’Justice’,
elle est beaucoup plus grande, c’est une lutte contre le
capitalisme et ses armées qui veulent convertir des
poignées de terre en sacs de monnaie, qui veulent en
terminer
avec les processus organisés des peuples pour jouir de leurs
ressources naturelles. C’est une lutte de tous et toutes.
Une mémoire
présente et un peuple en résistance
Le
massacre du Naya : plus jamais !
Source :
Primitivi.org
(traduction)
Tejido de
Comunicación de la Asociación de
Cabildos del Norte del Cauca Colombia
ACIN
- nasaacin.org
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Uribe
à Metz - Même le silence a une fin |

Louise Mitchell, le 7 avril 2011
« Nous avons le sens inné du bonheur »
Ce sont par
ces mots qu’Ingrid Betancourt parle des Colombiens. Pamela
Perl,
elle, parle de souffrance. Cette jeune française, brigadiste
de
la paix a passé prés de deux ans dans la jungle
du Choco,
dans le Nord du pays, dans « Le meilleur coin des
Amériques » comme on le
répète
là-bas. Un écosystème parfait, des
richesses
minières, du bois, tout pour faire pousser bananes, huile de
palme et Coca, bien sûr. Des conditions tellement bonnes
qu’elles peuvent devenir un enfer pour ses habitants.
« Ce
sont des afro colombiens, descendants d’esclaves
déportés et des métis, qui sans terre
dans les
années 60 sont venus dans l’état du
Choco
encouragés par l’état. » Mais
en 1996 les
ennuis commencent sur fond de politique et de trafic de drogues. Les
FARC, la guérilla d’extrême
gauche occupe une
partie du territoire, ailleurs des paramilitaires chassent tous les
ennemis possibles du gouvernement. Le président Uribe disait
des
FARC : « « Je les tuerai tous jusqu'au dernier
»,
avant de mettre en place la fameuse sécurité
démocratique, qui donne pour chaque guérillero
tué, droit à une prime et des avantages. Ces
paramilitaires formés par l’armée
à la lutte
anti subversive « ont commencé un
harcèlement
économique et physique des habitants de la région
sous le
prétexte du narco-trafic » En 1996 ils
débarquent
dans la Cuenca de Cacarica où Pamela travaillera quelques
années plus tard. Tortures, meurtres et violences sont au
menu
de cette excursion dans la jungle. Les militaires de la XVII brigade,
l’armée régulière, poussent
le vice en
jouant au football avec la tête d’un paysan, crime
pour
lesquels le général Rito Alejo Del Rio
est
poursuivi aujourd’hui. Celui qu’on nomme le
«
pacificateur d’Uraba » était au courant
de cette
opération nommée Genesis. C’est alors
un proche de
l’ex président Alvaro Uribe, gouverneur alors de
la
province d’Antiquioa.
Pamela parle aujourd’hui parce qu’en rentrant en
France,
elle a été scandalisé qu’
Uribe puisse
être nommé comme professeur à
l’école
de Metz, école à qui il a donné de
l’argent
et qui le lui rend bien. Elle rend responsable Uribe
d’être
mêlé aux narcotrafiquants, et
d’être un
criminel de guerre. « Entre le 24 et le 27 février
1997,
5000 personnes sont déportés, certains fuient
vers le
Panama ou vers Turbo, la capitale d’Antioquia où
ils
resteront enfermés dans un stade durant quatre longues
années. » Durant ce temps leur terre est
exploitée
par des gros entrepreneurs qui plantent des palmiers à
huile.
L’opération se passe en quatre temps comme le
raconte
Fidel Mingorance et Jean Ziegler pour tous les déplacements
en
Colombie : Incursion armée, appropriation
illégale des
terres, déplacement forcé des populations et
plantation
de palmes ou élevage intensif de
bétail.
L’huile de palme certifié par Ecocert avec tout le
fatras
du développement durable est la conséquence
d’une
monoculture dangereuse autant pour les hommes que pour
l’écosystème. Dix sept entreprises de
palmistes ont
financé la campagne électorale saluée
comme un
modèle de victoire, celle du président Uribe.
La Colombie comprend au bas mot une centaine de groupes paramilitaires
regroupés dans les AUC (Auto défenses Unis de
Colombie)
des unités composées de tueurs avec le doigt
sur la
gâchette qu’Uribe va amnistier. «
Difficile de
n’appartenir à aucune groupe quand la violence est
monnaie
courante » ajoute Pamela très en colère
contre
Uribe qui affirmait « que les ONG travaillaient avec la
Guerilla
»
Comme le rappelle Alfredo Molano, journaliste à
l’Espectador : «L’Etat colombien
n’a jamais pu
procéder à une redistribution de la terre, il
n’a
même pas réussi à imposer une
réglementation
timide à la concentration brutale. Il a dû
céder et
laisser aux mains de bandes armées par les grands
propriétaires terriens le pouvoir de
légiférer de
facto et d’imposer un ‘code’ du travail.
Les
propriétaires d’haciendas possèdent les
terres les
plus fertiles, proches des routes et des villages; les paysans et les
colons, les terrains montagneux et cultivent la coca. De nombreux
propriétaires d’haciendas ont des actions, pour ne
pas
dire plus, dans les plantations de coca protégées
par les
paramilitaires. »
Quoique qu’englué dans des scandales tels que
celui de la
Parapolitique c’est à dire
l’infiltration totale du
système par les groupes armés dirigés
par
l’oligarchie, Uribe est parvenu à la fin de son
mandat
à faire libérer Ingrid Betancourt,
l’icone des
otages, dont la médiatisation a outrance a laissé
le pays
dubitatif, notamment quand elle a réclamé
dédommagement à son pays pour sa
captivité. Des
centaines de politiciens, des sénateurs du camp
même
d’Uribe, le chef des services secrets, vont être
rattrapés par la justice. Ce dernier justement dans
l’affaire des Chuzadas, les écoutes
téléphoniques branchés sur les
syndicalistes et
les défenseurs des droits de l’homme. Pour Ivan
Cepeda,
membre d’une association de colombiens pour la paix :
« Il
est certain que les paramilitaires ont utilisé les
politiques,
mais ce dont on est encore plus sur c’est que les politiques
ont
utilisé les paramilitaires pour gagner des postes
politiques”
« Une chose est très grave en Colombie,
c’est
lorsque que quelqu’un fait un signalement sur toi,
c’est
à dire qu’il ‘accuse
d’être de la
guérilla, Uribe l’a fait pour les ONG, et aussi
contre la
Cour Suprême de Justice qui a fait tomber tout le
système.
» insiste Pamela, qui nous signale le cas Uribe à
Metz !
Source :
Fourmes
de
discours http://fourmesdediscours.over-blog.org/
|
Colombie
- Les “Aigles noirs” amplifient leur campagne
de menaces contre des journalistes et des ONG
alors que tarde la réaction des autorités
|

Reporter
Sans Frontières, le 21 Mars 2011
Reporters sans frontières a reçu copie d'un
nouveau
message du groupe paramilitaire des “Aigles noirs”
contre
des journalistes, des personnalités de la
société
civile et des ONG. C'est la deuxième fois en cinq semaines
que
de telles menaces sont adressées aux mêmes
destinataires.
En date du 14 mars 2011 et envoyé d'un compte gmail au nom
de
“fenixaguilasnegras”, le texte promet
“extermination” et “nettoyage”
en ciblant une
liste élargie d'organisations – collectifs de
femmes,
associations paysannes, (...)
Colombie - Les “Aigles noirs” amplifient leur
campagne de
menaces contre des journalistes et des ONG alors que tarde la
réaction des autorités
Reporters sans frontières a reçu copie d'un
nouveau
message du groupe paramilitaire des “Aigles noirs”
contre
des journalistes, des personnalités de la
société
civile et des ONG. C'est la deuxième fois en cinq semaines
que
de telles menaces sont adressées aux mêmes
destinataires.
En date du 14 mars 2011 et envoyé d'un compte gmail au nom
de
“fenixaguilasnegras”, le texte promet
“extermination” et “nettoyage”
en ciblant une
liste élargie d'organisations – collectifs de
femmes,
associations paysannes, communautés afro-colombiennes,
organisations de défense des droits de l'homme –
dont de
nombreux représentants ou adhérents ont
déjà été victimes de la
terreur
paramilitaire.
Dans les rangs de la presse, cinq noms reviennent sous la mention
d'“objectifs militaires” : Hollman Morris,
directeur du
programme "Contravía" ; Daniel Coronell, ancien directeur de
"Noticias Uno" (vice-président de la chaîne
Univisión aux États-Unis depuis janvier 2011) ;
Marcos
Perales Mendoza, directeur du journal Periódico Portada de
Bucaramanga ; Claudia Julieta Duque de Radio Nizkor et Eduardo
Márquez González, président de la
Fédération colombienne des journalistes
(Fecolper). Cette
dernière figure également parmi les organisations
visées par le bloc central des “Aigles
noirs”.
L'email ayant été adressé depuis les
États-Unis selon nos informations, la coopération
judiciaire entre services compétents colombiens et
américains doit permettre de remonter à la source
de
l'envoi.
“Nous avons du monde qui travaille au niveau national et
ainsi
nous savons où ils se trouvent et où ils
travaillent,
nous les localiserons”, avertit le message. Trois jours
après son envoi, selon la Fecolper, Mónica
Arcella, de la
chaîne locale Enlace TV de Barrancabermeja dans la ville du
même nom (département de Santander), a
reçu au
téléphone l'ordre de quitter la ville sous peine
d'être assassinée par un autre groupe
paramilitaire,
“Los Urabeños”. La journaliste, qui a
porté
plainte, avait récemment fait état du
contrôle
exercé par ce groupe sur les infrastructures et les services
publics d'un quartier populaire.
“Faut-il rappeler aux autorités colombiennes les
45 000
disparitions et le millier de massacres d'envergure
perpétrés contre des populations civiles par les
paramilitaires au cours de la dernière décennie
pour
enfin obtenir d'elles une réaction à la mesure de
la
menace ? L'échec – sinon l'absence – de
la
‘démobilisation' de ces groupes criminels et
prédateurs de la démocratie n'est plus
à
démontrer. Aucune paix durable n'est possible tant que leurs
atrocités demeureront impunies. L'impunité vaut
une prime
à la terreur comme l'exprime ce nouveau message”.
Lire
aussi le récent rapport de Reporters sans
frontières sur
le crime organisé.
Bande annonce du film
Impunity (sous-titrée en anglais),
Cliquez ici
Attention aux images choquantes
|
Impunity. C'est justement le titre
que porte le nouveau
documentaire du cinéaste helvético-colombien Juan
Lozano
et d'Hollman Morris. Primé lors sa présentation,
le 11
mars à Genève, dans le cadre du Festival du film
et forum
International sur les droits humains (site en trois langues :
http://www.impunitythefilm.com/), le film dénonce la
scandaleuse
amnistie de fait dont bénéficient aujourd'hui les
paramilitaires à l'appui de la mal nommée loi
Justice et
Paix de 2005.
Brutalités et lynchages
Reporters sans frontières s'inquiète par ailleurs
des
comportements hystériques et brutaux de certains citoyens
envers
la presse, observés en province ces derniers jours. De
telles
violences appellent des sanctions, d'autant plus rapides que les
auteurs sont généralement connus.
Ainsi, Ana Mercedes Ariza et son cameraman Armando Camelo,
correspondants de la chaîne publique Canal Uno, ont
été agressés par une vingtaine
d'individus, le 19
mars dans le département de Santander. Les assaillants
reprochaient à la presse d'avoir provoqué le
désistement de la compagnie canadienne Greystar dans un
projet
d'exploitation aurifère. Gravement blessée
à la
tête, au bras et à la jambe, Ana Mercedes Ariza a
été hospitalisée en état de
choc. Le
même jour, dans le département de Tolima, Olberg
Escobar,
de la station Radio Lumbí, a échappé
de justesse
à un lynchage pour sa couverture jugée mauvaise
d'un
conflit social. Enfin, la dénonciation d'une affaire de
corruption a semble-t-il coûté un jet de pierre en
pleine
tête à Camilo Uribe Carriazo, directeur de la
station
locale Radio Chipilín, le 16 mars dans le
département de
Sucre. La scène a eu lieu dans l'enceinte de la
municipalité de San Marcos et l'agresseur est le
beau-frère du maire.
Source :
Reporters Sans
Frontières http://fr.rsf.org
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Une affaire de droit
au
Chili :
La question des Mapuche
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Mireille Fanon-Mendès-France
Canete -petite ville de la région du Bio-bio et de la
Araucana-,
6 décembre 2010, où s'ouvre la
première
audience réservée à l'audition de
témoins
protégés dans le cadre du procès
-débuté le 8 novembre dernier- de 12 militants ou
proches
de la CAM jugés pour des actes de
"résistance" menés entre 2005 et 2009 dans le but
de
récupérer leurs terres.
Les revendications des Mapuche
Emprisonnés dans différentes prisons du Chili,
depuis avril 2009, la trentaine de militants Mapuche, demandent:
• la libération de
l'ensemble des
prisonniers politiques Mapuche détenus dans
différentes
prisons du Chili
• la fin de la militarisation
des zones Mapuche
• l'application pleine et
entière de leurs droits civils et politiques
• la fin du recours à
la loi dite
anti-terroriste -loi 18.134- adoptée par la
dictature
militaire de Pinochet. A l'issue d'une longue grève de la
faim,
le gouvernement en juillet dernier avait annoncé qu'il n'y
ferait plus recours, ce n'est toujours pas le cas
• le non recours à la
justice militaire
pour juger des civils -il faut rappeler que ce recours à des
juridictions militaires est en contradiction avec les
réglementations internationales-
• le droit fondamental
à un procès juste et équitable
• la restitution des terres
Mapuche
• la fin des discriminations
sociales et politiques dont sont victimes les Mapuche
Les conséquences de la dépossession des terres
Mapuche
Les Mapuche sont dépossédés de leurs
terres depuis
le début du XXème siècle.
L'armée chilienne
a commencé cette colonisation qui s'est poursuivie avec
celle
des entreprises forestières qui, aujourd'hui, occupent
presque
intégralement le territoire Mapuche
-réduit en
quelques années de 10 000 000 d'hectares à 500
000!
A ces entreprises forestières qui focalisent toutes leurs
productions sur l'eucalyptus et le pin dont la culture érode
et
favorise la contamination des sols, des eaux et des nappes
souterraines. A ces cultures, s'ajoute celle du saumon, le
développement de projet de centrales
hydroélectriques, y
compris celui de la construction d'un aéroport
régional.
La destruction massive de l'éco-système porte
préjudice à la société
Mapuche tant sur le
plan de leur vie quotidienne que sur les relations qu'ils entretiennent
étroitement avec la cosmogonie et leur environnement.
Ne cessant de revendiquer leur droit sur leurs terres ancestrales, ils
vivent dans une extrême pauvreté et sont victimes
de
discriminations dénoncées aussi bien par des
organisations et institutions internationales que nationales, dont la
Commission des droits de l'Homme de la Chambre des
députés chilienne. Les gouvernements chiliens
successifs
n'ont d'autre réponse que de criminaliser leurs
revendications
et de les considérer comme des terroristes.
Quelques références relevant du cadre
international
• L'Assemblée
générale
Il faut rappeler que devant
la
domination coloniale et la violence exercée sur les peuples
colonisés- dont le peuple Mapuche-
l’Assemblée
générale des Nations unies a manifesté
sa
conviction que «...le processus de libération est
irrésistible et irréversible et que, pour
éviter
de graves crises, il faut mettre fin au colonialisme et à
toutes
les pratiques de ségrégation et de discrimination
…», ce qui est une injonction que se doivent de
suivre
tous les Etats qui maintiennent des peuples sous domination coloniale.
Par ailleurs, cette même Assemblée ne
s’est pas
privée de proclamer «le désir
passionné de
liberté de tous les peuples dépendants et le
rôle
décisif de ces peuples dans leur accession à
l’indépendance ».
Au regard du droit international, le peuple Mapuche est dans son droit
de revendiquer son droit à disposer de lui-même et
à disposer librement de ses ressources naturelles. Disposer
de
ses richesses suppose qu’aucun peuple ne peut être
dépouillé de son environnement au profit de qui
que ce
soit. Il s’agit bien ici de l’affirmation que le
droit
à l’environnement, et de ce qu’il
produit, reste et
doit rester aux peuples. Ce dont est exclu le peuple Mapuche.
•
La Charte des Nations unies
N’oublions
pas que
«Nous, peuples des Nations» dans la
Charte des
Nations Unies avons demandé à ce que soient
établies des relations internationales basées
essentiellement sur la volonté de «proclamer la
foi dans
les droits fondamentaux de l’homme, dans la
dignité et la
valeur de la personne humaine, dans
l’égalité des
droits ».
•
Les deux Pactes internationaux
Cette intention s’est traduite par l’adoption
simultanée de 2 Pactes relatifs, l’un
aux droits
civils et politiques, l’autre aux droits
économiques
sociaux et culturels.
Ces deux Pactes ont un article commun qui aurait dû engager
la
nature et la forme des relations internationales si les gouvernements
ou les institutions internationales n’étaient mues
par des
enjeux de pouvoir, de domination et de profit. Non seulement de par cet
article commun, les peuples peuvent disposer librement
d’eux-mêmes, déterminer leur statut
politique et
assurer leur développement économique, social et
culturel mais de plus, ils peuvent disposer librement de
leurs
richesses et de leurs ressources naturelles, sans être
privés de leurs propres moyens de subsistance .
Si cet article 1 réaffirme le droit de tous les peuples
à
disposer d’eux mêmes, il fait obligation aux
États
parties de faciliter la réalisation de ce droit et de le
respecter, car le droit à l'autodétermination est
une
règle de droit international largement reconnu,
consacré
par la Charte des Nations Unies et proclamé par l'ONU comme
étant le droit de tout peuple à se soustraire
à la
domination coloniale .
Ce droit devrait être la garantie d’une
société pluraliste et démocratique,
selon la
formulation contenue dans la revendication en faveur d’un
nouvel
ordre économique international de 1974 . En ce qui concerne
le
peuple Mapuche, ce n'est pas la cas.
Effectivement, le gouvernement chilien les discrimine, les poursuit,
les criminalise et les condamne alors que le principe
inaliénable du droit des peuples à disposer
d’eux-mêmes -faisant partie du droit coutumier-
consacré par la Charte des Nations Unies et
réaffirmé par la résolution 2625 (XXV)
de
l’Assemblée
générale précise
que « tout État a le devoir de
s’abstenir de
recourir à toute mesure de coercition qui priverait de leur
droit à l’autodétermination
… les peuples
(...)».
•
Le droit au développement
La population Mapuche à qui est nié son droit
à la
souveraineté voit, de facto, son droit au
développement
ignoré. Ce droit au développement,
défini dans la
Déclaration sur le droit au
développement met
l’accent sur le développement en tant que droit
des
peuples en premier lieu et de l’individu en second. Avec
cette
Déclaration le droit au développement est au
centre des
droits de l’homme et s’intéresse
à
l’interdépendance entre les droits
économiques,
sociaux, politiques et culturels.
Si l’on considère le développement
comme un droit
des peuples, que ce soit des individus ou des nations, il
s’ensuit que les gouvernements ont l’obligation de
soutenir
les politiques qui favorisent le développement. Cette
obligation
implique que les droits énoncés dans la
Déclaration ne peuvent être
aliénés,
amputés ou supplantés. Cette approche signifie
que tenant
compte de l’interdépendance des droits de
l’homme,
le droit au développement nécessite un
progrès
simultané vers la réalisation des
différents
droits (droits civils et politiques, sociaux, économiques et
culturels). Dans cette perspective, le droit au
développement
sous-entend que les progrès et les politiques mises en place
vers la réalisation d’un droit particulier ne
doivent pas
se faire au détriment de l’engagement envers les
autres.
Cette conception de la notion de développement du point de
vue
des droits des peuples est le premier ajout qualitatif fondamental issu
de l’intégration d’une perspective
fondée sur
les droits de l’homme au droit au développement.
Vu ainsi,
la pauvreté résultant des choix politiques
imposées par les Etats ou les Institutions
Financières
Internationales «est une violation des droits humains
».
La
cour de Canete
Mais
ce 6
décembre, devant la cour du district de Canete, ce sont 12
Mapuche, en détention préventive depuis 19 mois,
qui se
serrent, assis sur le banc disposé derrière les 5
avocats
qui les représentent, dont 2 ont été
désignés par l'Etat. En face d'eux se tient le
juge; sur
leur droite, 3 procureurs accompagnés d'un des avocats des
compagnies forestières!
Le juge confirme que durant les prochains jours seront entendus des
témoins «cachés». Tous les
Mapuche sortent,
sauf Victor Llanquileo qui est directement mis en cause par le premier
témoin.
•
Audition du témoin 23
Cette
première
audition permet d'assister à une parodie de justice. Lors de
l'interrogatoire des témoins - 4 seront entendus sur deux
jours-, le seul objectif du procureur et de l'accusation
était
de démontrer que ces 12 militants sont des terroristes qui
ont
monté une entreprise de criminalité
organisée.
Cet interrogatoire relève d'une véritable
mascarade.
Les preuves apportées par ce témoin pourraient
concerner
n'importe quel autre prévenu tellement elles sont floues et
ne
sont pas individualisées.
Le juge, conscient de l'imprécision, vient à sa
rescousse, relayé par le procureur qui le relaie
et dicte
ses réponses au témoin en l'interrogeant de telle
manière qu'il n'a plus qu'à reprendre la partie
de la
question qui comprend la réponse attendue par l'accusation.
Lorsque dans son témoignage une contradiction est
relevée
par un avocat de la défense, le juge oriente une fois encore
les
réponses du témoin.
La défense, lors du contre-interrogatoire, s'enquiert de la
déclaration qui devrait être signée par
le
témoin. S'en suit un échange
surréaliste où
le juge finit par préciser que malheureusement cet
élément a dû être tout
simplement
effacé! Le témoin finit par avouer qu'il ne sait
ni lire
ni écrire.
A chaque question posée par les avocats de la
défense,
l'accusation l'a délégitimée au
prétexte
qu'elle risquait de permettre l'identification du témoin et
mettait sa vie en danger et ce quelque soit les
éléments
sur lesquels portait la question.
•
Audition du témoin 25
Ce
témoin souffre d'un problème d'audition ce qui
oblige de lui fournir un casque supplémentaire.
La défense tente de savoir si ce témoin a reconnu
quelqu'un car il semble ne pas savoir de qui il parle. Il avoue qu'il
n'a reconnu personne -il a un problème de vue- alors que
lors de
sa déclaration il avait avoué le contraire.
Il avoue avoir du mal à mettre ses idées au clair
lorsqu'il a bu, ce qui lui était arrivé lorsque
les
événements ont eu lieu.
Devant tant d'imprécisions, l'accusation essaie de reprendre
la
main en précisant au témoin qu'il a lu sa
déclaration et qu'il l'a signée -d'une croix!
A la défense, il affirme ne pas avoir lu sa
déclaration
du 14 janvier 2009, il ne sait même pas s'il l'a vu
imprimée, même s'il a entendu le bruit de
l'imprimante.
•
Audition du témoin 26
La défense s'étonne de ne pas avoir eu
accès au
témoignage de ce témoin et précise que
ce dernier
ne peut être retenu puisqu'il a lui-même
participé
à des actes pour lesquels les prévenus sont
jugés
mais le procureur affirme que ce témoin est apte
à
être entendu et précise qu'il est libre
d'intégrer
les éléments qu'il juge pertinents pour mener
à
bien son accusation.
Pour mieux étayer son «droit»
à
intégrer les éléments qu'il juge
pertinents et
mieux asseoir la crédibilité de ce
témoin, le
procureur oriente ses réponses, voire les
suggère.
Lors du contre interrogatoire de la défense, celle-ci pointe
le fait que le témoin
• a signé une
déclaration dans laquelle il ne dit pas la
vérité
• a obtenu sa
libération et une remise de peine, après cette
déclaration
• a été
détenu pour les faits incriminés
• n'a aucun souvenir de la
déclaration du
9 avril dans laquelle il a menti à propos de
l'identification
d'une personne
• avoue ne pas
connaître les personnes qu'il a reconnues sur une photo
Le procureur, aidé du juge, a bouté toutes ces
remarques
au prétexte qu'y répondre permettrait
d'identifier le
témoin et de mettre sa vie en danger.
La défense possédait des
éléments
-fournissant une nouvelle preuve- qui permettaient de
délégitimer ce témoin puisque, lors de
son service
militaire en 2004, il a été accusé de
vols et a
dû quitter son unité.
Pour toute réponse, le procureur affirme que la
défense
n'a de cesse d'intimider le témoin en vue d'obtenir sa
rétractation.
Il ajoute que la défense manque d'anticipation, car elle
aurait
dû penser à la production d'une nouvelle preuve.
Lors du
protocole d'accord, la défense n'avait elle pas
accepté
de pas faire appel à de nouvelle preuve! Dès
lors, cette
information ne peut être prise en compte.
3 témoins, 3 moments de déni du droit et du
respect de la
Rule of Law qui incombent à tous les personnels oeuvrant
pour la
justice.
Il s'agit d'une obstruction caractérisée au droit
de la
défense organisée par le procureur,
avec l'appui du
juge qui a abusé de son pouvoir judiciaire et l'a
exercé
de façon repréhensible.
Le juge, en agissant ainsi, n’a pas respecté le
droit de
la défense et donc à un
procès juste et
équitable. Toutes les décisions prises pour ne
pas
permettre à la défense d'obtenir de
réponse sont
fondées sur des éléments
répréhensibles.
Dès lors, la défense serait habilitée
à
demander que la décision soit examinée par une
cour
d’appel, laquelle devrait s’appuyer sur la norme de
l’abus de pouvoir judiciaire discrétionnaire pour
procéder à la révision judiciaire. En
effet, le
pouvoir judiciaire discrétionnaire doit être
exercé
équitablement, sagement et impartialement, à
défaut de quoi la décision rendue en
première
instance risquera fort d’être infirmée
au motif
d’abus de pouvoir judiciaire discrétionnaire.
Le juge a formulé des commentaires désobligeants
et a
fait preuve d’un parti pris flagrant, interrompant les
interrogatoires, délégitimant les questions de la
défense, entravant le droit à la
défense et le
travail des avocats.
Par ailleurs, il doit être dénoncé le
fait que la
plupart des communications concernant les témoins ont
été transmises très tardivement aux
avocats,
entrave supplémentaire à leur travail et au droit
de la
défense.
Le juge et les procureurs ont commis intentionnellement le
délit
de subornation de témoin puisqu'ils ont obtenu des
déclarations mensongères -t émoins 25
et 26 - en
usant d'offres - témoin 26 -. Cet acte relève, ni
plus ni
moins, de la corruption .
Doit être ajouté qu'aussi bien le juge que les
procureurs
ont, en tant que fonctionnaires de la justice chilienne, commis le
délit de prévarication en manquant, par mauvaise
foi, aux
devoirs de leur emploi.
Le but essentiel est de museler la défense et de faire,
définitivement, passer les militants Mapuche pour des
terroristes auxquels doit s'appliquer une loi hors cadre.
Ces méthodes de subornation de témoins et de
prévarication ont été
utilisées dans de
nombreux procès politiques aussi bien aux Etats-Unis -entre
autres lors du procès de Mumia Abu Jamal
où des
témoins ont été subornés et
lorsqu'ils sont
revenus sur leurs témoignages ont été
menacés de mort ou de représailles-, que par
l'Etat
d'Israël qui utilise fréquemment la subornation de
témoins pour faire condamner des dirigeants politiques
palestiniens -par exemple Marwan Barghouti - mais aussi de simples
citoyens palestiniens -ainsi de Salah Hamouri .
Se trouvent ici questionnées les instrumentalisations de ce
qui
constitue le droit mais aussi les manipulations du droit et plus
généralement des droits au profit d'une
idéologie
qui veut légaliser des pratiques liberticides contraires
à toutes les normes internationales de protection des droits
humains.
Et pour cela, cette idéologie impose l'idée que
le
terrorisme menace absolument toutes les sphères de la
société, particulièrement lorsque des
hommes et
des femmes revendiquent leurs droits fondamentaux, dont celui
à
leur souveraineté et à leur terre.
Ceux-ci sont
alors présentés et assimilés
à une
menace et dès lors mener une lutte contre eux offre un
nouveau
cadre légitime, même si cette lutte se fonde sur
toute une
série de mesures liberticides et attentatoires aux droits
humains, mesures incompatibles avec tout état
démocratique ou qui s'affirme démocratique.
En définitive, cette lutte contre le terrorisme, quelque
soit sa
forme et sa gravité, vise à obstruer,
à
limiter, à empêcher, voire à
éliminer
l’exercice des droits fondamentaux et plus
précisément à criminaliser tout type
d'activité, y compris celles qui ont pour base la motivation
politique.
Avec cette lutte contre le soit disant terrorisme, le droit national ou
international apparaît nettement avec la fonction, non de
changer
les régimes juridiques ou de les améliorer, mais
d’être utilisé, de plus en plus, comme
un instrument
de répression politico-idéologique et de remise
en cause
des droits politiques et civils.
C'est face à cela que se trouvent les Mapuche qui
mènent
une lutte exemplaire pour récupérer les terres
dont ils
sont spoliés.
Les
notes ne
sont pas incluses
(*) observatrice internationale mandatée par le
Comité de soutien aux
prisonniers Mapuche et par France Libertés- Fondation
Danièle
Mitterrand
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