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Amérique Latine, 2008 - 2ème partie
Sommaire, COLOMBIE :
Paramilitarisme et
tensions régionales...
1 -
Article, Les
crimes d’État, la première
plaie de la
Colombie, Charlotte Bozonnet
2 - Article, Le HCR
préoccupé par le sort de milliers de
déplacés au sud de la Colombie
3 -
Article, Le
retour de la IVe Flotte, Jules Dufour
4 - Article, Ingrid
betancourt et la
tourmente médiatique
5 -
Article, Uribe a
des soucis..., Paxti
6 -
Article, Ils
tuent encore des syndicalistes, Laura Carpineta
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Les crimes
d’État,
la première plaie
de la Colombie
Charlotte Bozonnet
le 6 octobre 2008
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Le
rapport de plusieurs ONG et les témoignages
exposés
à Paris par la Commission éthique de la
vérité sont des pièces accablantes au
dossier des
exactions du régime Uribe. Plusieurs dizaines de portraits
sont
épinglés sur le mur. Des syndicalistes,
défenseurs
des droits de l’homme ou opposants. Tous morts ou disparus,
victimes de l’État colombien. Dans cette salle de
conférence située au coeur de Paris, ce 3
octobre, Angel,
un réfugié colombien vivant en Europe depuis
plusieurs
années, est venu témoigner devant la Commission
éthique de la vérité de Colombie sur
ce qui
l’a poussé à fuir son pays.
C’était un
soir de janvier 1990. Soixante hommes armés sont
arrivés
dans son village, ont incendié des bâtiments avant
d’emmener 43 paysans. Parmi eux se trouvait le
père
d’Angel. Comme les autres, il n’est jamais
réapparu
vivant. Des corps seront finalement retrouvés dans la
propriété de chefs paramilitaires. Angel veut
savoir, il
cherche, pose des questions, mais des menaces de mort le contraindront
à l’exil. Des témoignages similaires,
la Commission
éthique de la vérité en a recueilli
plusieurs
dizaines lors de la session publique qu’elle vient de tenir
à Paris du 1er au 5 octobre à
l’initiative du
Mouvement national des victimes de crimes d’État
de
Colombie (Movice) (1). C’est lui qui a
créé cette
Commission internationale il y a quelques années face au
silence
et à l’impunité qui couvrent, dans ce
pays, les
crimes d’État.
SITUATION
AGGRAVÉE DEPUIS URIBE
Depuis
plus de cinquante ans, la Colombie est en proie à un conflit
interne, que la médiatisation du dossier des otages a
souvent
réduit aux enlèvements et à
l’action des
guérillas. La publication, le 23 septembre, du rapport
d’une coalition d’ONG (2) internationales,
révèle une réalité bien
différente.
Non seulement le principal responsable des violations des droits de
l’homme reste – par action directe ou par soutien
aux
groupes paramilitaires – l’État
colombien, mais la
situation s’est aggravée depuis
l’élection,
en 2002, d’Alvaro Uribe. Selon le rapport, 13634 personnes
ont
été tuées pour des raisons politiques,
entre 2002
et fin 2007. Dans les cas élucidés, 25 % des
crimes
étaient imputables aux guérillas, 58,1% aux
paramilitaires et 16,5 % directement à la force publique.
Officiellement démobilisés, « les
groupes
paramilitaires continuent à poursuivre les leaders sociaux,
et
plus généralement toute forme de critique et
d’opposition au gouvernement, à travers des
menaces, des
disparitions forcées, des assassinats et des
déplacements
forcés », notent les auteurs, pointant les liens
persistants entre paramilitaires et agents de
l’État. Si
l’action du gouvernement a permis de réduire
certaines
violences telles que les enlèvements, ajoutentils, la
militarisation croissante du territoire a mené à
une
hausse des violations des droits de l’homme directement
attribuées à la force publique. Les
exécutions
extrajudiciaires ont ainsi doublé entre 2002 et 2008. En
Colombie, cette collusion entre paramilitaires
d’extrême
droite et responsables de l’État fait
aujourd’hui
les gros titres. Le scandale de la parapolitique, qui a
éclaté après les aveux de chefs
paramilitaires, a
déjà conduit 60 parlementaires devant la justice,
dont
certains sont très proches du président. Ce
premier pas
contre l’impunité reste pourtant fragile. Entre
autres
attaques, Alvaro Uribe vient ainsi d’accuser les magistrats
de la
Cour suprême de complicité avec la
guérilla.
« On peut se demander si cette offensive de la justice
n’a
pas comme pendant un raidissement du gouvernement en Colombie et
à l’extérieur », souligne
Sophie
Thonon-Wesfreid, avocate et présidente de
France-Amérique
latine.
AMALGAME
OPPOSITION TERRORISME
Les
réfugiés politiques réunis
à Paris ont tous
dénoncé la stratégie de leur
gouvernement,
relayée par ses services diplomatiques, qui vise
à
amalgamer opposition et terrorisme, et fait de tout demandeur
d’asile colombien un suspect. Ceux qui sont
arrivés il y a
vingt ans ont obtenu leur statut sans trop de difficultés,
tandis qu’aujourd’hui, plusieurs années
d’attente sont souvent nécessaires. Tous ont dit
la
douleur de l’exil, cette rupture des liens familiaux, sociaux
et
professionnels. Pour la première fois, la session de la
Commission éthique s’est accompagnée
d’une
Audience citoyenne internationale en présence du
délégué du Défenseur
national du peuple,
une institution de l’État colombien
chargée de
défendre les droits de l’homme. Celui-ci doit
maintenant
transmettre les témoignages recueillis à la
justice
colombienne.
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"Les paramilitaires
n’ont pas disparu"
Entretien
avec Ivan Cepeda Castro, directeur du Mouvement national des victimes
des crimes d’État de Colombie (Movice).
Pourquoi
avoir centré cette session de la Commission de la
vérité autour de la situation des
exilés ?
Ivan Cepeda Castro. Le
problème de l’exil politique des Colombiens est
à
la fois quantitatif – on parle de 60000 personnes !
– et
qualitatif. Les exilés sont des personnes qui ont
joué un
rôle significatif dans l’histoire
récente du pays.
Leur exil a fragilisé le mouvement social làbas.
D’autre part, un processus de recherche de la
vérité est en cours en Colombie. Les assassinats,
les
tortures et les déplacements forcés commencent
donc
à être visibles. La Fiscalia general
(ministère
public – N.D.L.R.) parle de 25000 disparus en vingt ans, et
le
pays compte 4 millions de déplacés internes.
L’analyse de la situation des réfugiés
permet aussi
de voir comment le gouvernement colombien fait de ses services
diplomatiques des appareils de propagande.
Comment
réagissez-vous au récent rapport sur la
responsabilité de l’État colombien ?
Ivan Cepeda Castro. Il
montre bien qu’un conflit armé se poursuit, que
les
paramilitaires n’ont pas disparu, et que la politique de
«
sécurité démocratique
» d’Uribe
ne garantit pas la sécurité de tous les
Colombiens.
Quarantequatre syndicalistes ont ainsi été
tués
cette année. Contrairement au discours officiel, les
violations
des droits de l’homme restent massives. C’est la
situation
la plus grave dans tout l’hémisphère
américain.
Comment allez-vous poursuivre
votre combat ?
Ivan Cepeda Castro.Nous
allons organiser d’autres audiences car elles
représentent
une voie alternative de justice. La présence du
délégué spécial du
défenseur
national du peuple, Alonso Ojeda Awad, a été
très
importante car il représente l’État. Il
doit
maintenant transmettre les informations recueillies à la
justice. Sa présence est aussi une garantie pour la
sécurité des témoins.
Source : Entretien
réalisé par Charlotte Bozonnet. humanite.fr
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Le HCR
préoccupé
par
les milliers de
déplacés
dans
le sud de la Colombie
le 22 août 2008
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Le
Haut Commissariat des Nations Unies pour les
réfugiés
(UNHCR) s'est déclaré vendredi de plus en plus
préoccupé par la situation humanitaire le long de
la
côte Pacifique, dans le sud de la Colombie, où des
milliers de personnes ont été
déplacées ou
prises au piège par des combats.
«
Dans la
région de Cauca, des combats impliquant deux groupes rivaux
de
la guérilla et l'armée nationale ont
forcé quelque
800 personnes à fuir la petite ville de Lopez de Micay
»,
a expliqué le porte-parole du HCR, Andrej Mahecic, lors d'un
point de presse à Genève
«
Leurs conditions sont très précaires. La plupart
sont
hébergées dans des bâtiments scolaires,
où
la municipalité leur fournit un repas par jour depuis la
semaine
dernière. La majorité des
déplacés
appartiennent à des groupes indigènes et
afro-colombiens.
Plus de la moitié d'entre eux sont des enfants »,
a-t-il
ajouté.
Dans le département
voisin de
Nariño, plus au sud sur la côte Pacifique, quelque
1 000
personnes ont fui leurs maisons dans la région montagneuse
des
Andes autour de la petite ville de Policarpa à cause des
combats
entre l'armée colombienne et un groupe armé
irrégulier. De plus, environ 1 000 personnes sont prises au
piège plus au nord par des combats survenant dans les
villages
de Santa Cruz et de Santa Rosa, a dit le porte-parole.
La
situation à Nariño est critique depuis plus de
deux ans.
Divers facteurs entraînent des déplacements
forcés
dans ce département Pacifique, qui borde l'Equateur au sud,
a
précisé Andrej Mahecic, qui a cité la
présence de groupes armés irréguliers,
les
combats, les mines antipersonnel, les meurtres et les
exécutions
sommaires, ainsi que la culture et le trafic de substances illicites
comme la cocaïne.
Au début de
cette semaine, les
autorités provinciales ont indiqué que plus de
100 000
personnes sont enregistrées comme
déplacées
à Nariño – et plus d'un quart d'entre
elles l'ont
été au cours de l'année qui vient de
s'écouler.
Cette tendance s'observe
toujours actuellement
dans toute la région. Durant les deux derniers mois, des cas
de
déplacements massifs ont été
observés dans
la région montagneuse de Cordillera, dans plusieurs
municipalités situées le long de la
côte et
à La Victoria à la frontière avec
l'Equateur.
Plusieurs communautés ont souffert d'avoir
été
coupées du monde, y compris dans le territoire de la
population
indigène awa.
Le HCR est aussi
préoccupé
par la situation le long du reste de la côte Pacifique, y
compris
dans les départements de Cauca, de Valle del Cauca et de
Choco.
L'année dernière, le gouvernement a
enregistré
plus de 70 000 personnes en tant que déplacés
internes
dans ces quatre départements. Les chiffres
préliminaires
pour les six derniers mois de l'année montrent une tendance
similaire, voire une détérioration de la
situation.
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Le
retour
de la IVe Flotte
le 21 août 2008
par Jules Dufour
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Démembrée
en 1950, la IVe Flotte des États-Unis renaît. Elle
patrouille depuis juillet les Caraïbes et les
océans qui
entourent l’Amérique du Sud. Cette
décision a
suscité de vives réactions chez les
Latino-Américains, car elle est perçue comme une
menace
additionnelle à l’endroit des pays qui cherchent
à
s’affranchir de l’hégémonie
des
États-Unis comme le Venezuela,
l’Équateur et la
Bolivie.
La IVe Flotte sera
intégrée au
Commandement du Sud, le système qui assure la
sécurité et la défense des
intérêts
de Washington dans cette région. Ce système est
organisé autour d’un réseau de bases ou
d’installations militaires qui permettent aux
États-Uniens
d’intervenir dans l’ensemble du sous-continent. De
plus,
les Américains peuvent recourir aux services des
armées
nationales pour effectuer des missions ou opérations,
notamment,
contre des groupes qu’ils considèrent comme
terroristes,
pour empêcher le trafic de drogue ou pour maintenir
l’« ordre établi » et la
« paix sociale
».
La IVe Flotte est un
élément dissuasif
déterminant pour ceux qui osent ou oseront poser des
obstacles
aux visées de Washington. Elle vient aussi consolider les
dispositifs du système de défense terrestre.
Le
Honduras et la Colombie, piliers des États-Unis en
Amérique latine
Avec
la fermeture de leurs installations à Panama qui
constituaient,
jusqu’en 1999, le centre opérationnel du
système de
défense des États-Unis en Amérique
latine, les
États-Uniens ont choisi le Honduras et la Colombie pour
déménager ces installations.
En
Amérique
centrale, ils ont établi leur quartier
général sur
la base aérienne de Soto Cano au Honduras, dotée,
entre
autres, de dizaines d’hélicoptères et
d’un
personnel de 500 militaires. Les États-Unis peuvent aussi
compter sur des installations au Costa Rica, au Salvador, à
Porto Rico et dans les îles néerlandaises
d’Aruba et
de Curaçao.
La Colombie demeure toutefois
le plus
important partenaire militaire des États-Unis dans la
région. Plus de cinq milliards de dollars ont
été
déboursés entre 1999 et 2005 dans le cadre du
Plan
Colombie. Au cours de la dernière décennie, les
États-Unis ont augmenté de 1 000 % leur aide
militaire
à ce pays !
En Colombie, on note la
présence de
800 militaires américains et de 600 conseillers
placés
sous contrat. Ces effectifs appuient Bogota dans ses
opérations
contre les Forces armées révolutionnaires de
Colombie, et
surtout contribuent à la formation et à
l’entraînement des forces armées
colombiennes.
De
plus, le Pentagone a doublé le nombre de militaires
colombiens
formés aux États-Unis depuis 5 ans, soit un total
de
13 000 soldats. Avec les changements politiques
opérés
dans le cadre de la révolution bolivarienne au Venezuela, en
Équateur et en Bolivie, la Colombie, alliée
fidèle
de longue date de Washington, donne la possibilité aux
États-Unis d’attaquer, au besoin, ces pays qui
refusent la
docilité.
Pour ce faire, Washington a
installé
trois bases militaires en Colombie. La base de Arauca a
été conçue officiellement pour
combattre le trafic
de drogue en Colombie, mais c’est aussi un point
stratégique pour la surveillance de cette zone
pétrolifère qui s’étend tant
en Colombie
qu’au Venezuela. Celle de Larandia est une base pour
hélicoptères. Elle peut également
accommoder
l’atterrissage de bombardiers B-52 qui peuvent mener des
attaques
dans l’ensemble du sous-continent.
Celle
de Las Tres Esquinas sert pour les opérations terrestres
héliportées ou par voie fluviale et
s’est
transformée en une base stratégique pour les
attaques
contre la guérilla. C’est aussi un centre
d’approvisionnement permanent en armements et un cantonnement
pour des troupes de combats. Ces bases pourront
éventuellement
être mises à profit pour une invasion et une
occupation du
Venezuela d’Hugo Chavez, le plus virulent critique de la
présence états-unienne dans la région.
Rebuffade
de l’Équateur
Les
États-Unis viennent toutefois d’essuyer une gifle
en
Équateur, où le président Rafael
Correa a tenu sa
promesse faite durant la dernière campagne
électorale :
il ne renouvellera pas un accord pour louer la base aérienne
de
Manta. En vertu de cette entente qui va prendre fin en novembre,
l’Équateur avait cédé la
souveraineté
sur son espace aérien et accepté un statut
juridique
d’exception qui permettait aux membres de la base de jouir de
l’immunité diplomatique et qui empêchait
toute
réclamation en cas de blessures, morts ou destruction en
Équateur par les États-Unis. À la
suite de cette
décision de ne pas reconduire l’entente avec
Washington,
le porte-parole du président équatorien a
déclaré que ni vote ni
référendum
n’auront lieu à ce sujet, car « on
n’a pas
à voter sur une question de souveraineté
nationale et de
dignité d’un peuple ».
La
base de Manta est
équipée de chasseurs lui permettant de
patrouiller
l’Amazonie, le canal de Panama et
l’Amérique
centrale. C’est le principal centre d’espionnage
électronique de l’Amérique du Sud.
Les
États-Unis disposent toujours de plusieurs installations en
Amérique du Sud, comme au Pérou. Plus au sud, au
Paraguay, ils jouissent de la base aérienne Mariscal
Estigarribia à partir de laquelle leurs bombardiers peuvent
atteindre rapidement n’importe laquelle partie de
l’Amérique du Sud. Il importe de mentionner
qu’ils
disposent, en Argentine, d’enclaves à partir
desquelles
ils peuvent aussi intervenir.
Pour servir ses
intérêts, Washington compte également
sur la
présence de représentants du Federal Bureau of
Investigation (FBI), de la Drug Enforcement Administration (DEA) et de
la Central Intelligence Agency (CIA) dans les différentes
sphères des appareils des États nationaux et dans
les
secteurs économiques et sociaux. Ces organismes de
renseignements ont été très actifs
dans les
opérations lors du coup d’État
avorté au
Venezuela en avril 2002 et, plus récemment, en Bolivie, dans
l’appui apporté aux partis d’opposition
dans la
préparation des référendums pour
l’autonomie
des régions de Beni et de Pando ainsi que dans leur campagne
pour la révocation du président Morales.
Qui paie
la note ?
Selon
les données de l’Institut international de
recherches sur
la paix (SIPRI) de Stockholm, les dépenses militaires en
Amérique latine ont augmenté de façon
constante
depuis le début des années 1990 passant de 16,9
milliards
$ en 1991 à 36 milliards $ en 2007.
L’essentiel
de ces dépenses est financé par les gouvernements
nationaux. Selon les données du SIPRI, les
dépenses
militaires du Brésil sont les plus
élevées
atteignant, en 2007, 15,33 milliards $ pour assurer la
sécurité de ses frontières, dissuader
toute
velléité d’invasion de la part de ses
nombreux
voisins et conserver son statut de plus grande puissance en
Amérique du Sud. Puis, vient la Colombie avec la somme de
5,32
milliards $, ce qui est supérieur aux budgets de la
défense du Mexique, de l’Argentine ou du Venezuela.
Ces
dépenses risquent d’exploser au cours des
prochaines
années si on tient compte de la politique
extérieure des
États-Unis pour l’Amérique latine qui
encourage un
réarmement de plusieurs pays comme le Pérou et la
Colombie et si les menaces d’invasion des
États-Uniens
continuent de peser sur le Venezuela. En somme, les
États-Unis
favorisent le gaspillage de sommes qui ne servent pas au
développement économique et social dont
l’Amérique latine a tant besoin.
L’auteur
est
professeur émérite de
l’Université du
Québec à Chicoutimi, chercheur associé
au Centre
de recherche sur la mondialisation de Montréal et chevalier
de
l’Ordre national du Québec.
Source
: http://www.alternatives.ca/
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Ingrid
Betancourt
et
la tourmente médiatique…
Colombie
:
vol
au-dessus
d’un nid de coucou !
Lionel
Mesnard, 25 juillet 2008
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Madame Ingrid
Betancourt est
enfin libre. Une page se tourne, mais l’histoire dans sa
dimension tragique continue. En 2002, j’avais comme
d’autres ouvert une page sur son séquestre, celui
de son assistante Clara Rojas et les autres... De fait, je condamnais
cette logique de l’enlèvement, je soulignais cette
pratique comme une difficulté allant bien plus loin que
seule la situation des otages politiques des FARC et de
l’ELN. Fallait-il comprendre le pourquoi, et aussi comment ce
système à l’échelle du pays
relève « d’un sport national
». En Colombie, le séquestre ne se limite pas
à une cause politique, il est surtout la raison
d’un délabrement des structures sociales et des
règles politiques les plus communément
démocratiques. Dès l’origine de son
engagement, Ingrid Betancourt avait pointé du doigt les
déséquilibres en présence. Elle avait
fini par créer le parti Oxygène pour
échapper aux logiques bipartisanes en place à
Bogota (libéraux et conservateurs). De part, son
tempérament frondeur et peu orthodoxe, elle se mit une bonne
partie du monde politique colombien à dos. Et pour
évidence, elle dénonçait une
corruption à tous les niveaux de l’État
et les inégalités sociales. Sur ce dernier point,
faut-il rappeler que la majorité des Colombiens vit dans une
misère prégnante, et ceci malgré les
richesses du pays. En l’état, les ressources sont
considérables et ouvertes aux pillages des multinationales,
sans que cela ne vienne troubler nos consciences.
J’ai
voulu un temps très court en 2005, découvrir le
comité parisien pour la libération de Mme
Betancourt (Agir Pour Ingrid), ma surprise fut assez grande. Seul le
médiatique suintait. Un des objets de la seule
réunion à laquelle je me rendis tourna autour de
la question primordiale de mettre des autocollants sur la formule un du
colombien Montoya. Il fallait y penser ! Par ailleurs, quelques
échanges, avec des membres de ce groupe, me
laissèrent sur ma réserve. Mon constat fut
dès plus décevant. Le sort de ce pays, la
connaissance des faits se résumait à souffrir
pour Ingrid, et à dénoncer une situation sans
lien avec les réalités, hormis les traits
d’une icône, plus exactement une inconnue pour qui
l’on s’entiche. Cette image victimaire a beaucoup
contribué à ne surtout rien dire et ouvrir le
champ à des introspections secondaires, à tromper
en partie l’opinion publique sur le sort des otages civils.
Que des braves gens se soient ouvert au calvaire des
séquestrés, en soit, je n’ai pas
à juger. J’aurais aimé que les opinions
publiques en sachent un peu plus, et prennent conscience des
difficultés prégnantes de millions de colombiens.
Je reste après ces années toujours dans
l’attente d’une approche moins niaise du public en
France et d’ailleurs. Bien qu’en ce domaine, le
service public de télévision en Suisse (la TSR)
et la chaîne franco-allemande Arte ont
été l’une et l’autre capables
de diffuser des documents disposant d’un contenu
sérieux, mais relativement rares.
La
question n’est pas de jeter la pierre sur des anonymes
membres d’une association en quête du Saint Graal
médiatique, mais de comprendre ce qui se passe dans
l’univers des masses médias, notamment sur les
questions internationales. En dehors d’une presse
spécialisée et d’universitaires, ils
sont relativement peu à analyser le bourbier colombien et
à le restituer dans un ensemble cohérent. De
plus, nous tombons aussi dans une approche politique des choses. Il est
difficile de ne pas être d’un camp, ou
catalogué en tant que tel. Ce qui participe à une
perception limitée et à instruire parfois des
procès idiots. Certes il y a de quoi être en
colère sur la nature des commentaires de la presse bon
teint. Mais à présenter Ingrid Betancourt comme
un simple produit de l’oligarchie colombienne, ou comme ayant
passé plusieurs années au "Club
Méditerranée", c’est tout
aussi contre-productif que de souffrir dans sa propre peau pour une
inconnue. Mais à ce sujet, il est impossible de contenir
l’ignorance et le discrédit, notre
humanité est ainsi faîtes. Ce que je trouve
inquiétant est l’usage du mensonge et son
cortège de rumeurs. Les fausses accusations participent
d’un rideau de fumée, et, au sein un
État en guerre, cela n’a rien de circonstanciel.
C’est le propre de tout conflit, il importe de
désinformer et d’activer une propagande, la
vérité a peu de place.
Il y a
de quoi être un peu fatigué du tintamarre
médiatique essentiellement vu à travers une
lorgnette très floue, à la limite de la
fantasmagorie. De quoi se demander à qui profite la
souffrance du peuple colombien ? Concernant les aspects
médiatiques qui ont entouré
l’enlèvement d’Ingrid Betancourt et de
Clara Rojas depuis février 2002, nous avons un exemple de
comment cette machine fonctionne, ou comment elle ne dit pas
grand-chose sur les réalités internes. En ce
domaine, toute démarche un tantinet pédagogique
risque un échec, seul le sensationnel a vraiment pris le pas
sur l’information. La connaissance du public a
été la grande perdante. Malgré les
années de détention de l’ancienne
candidate, nous voilà toujours aussi pauvre sur comment ce
pays vit au quotidien une situation peu enviable et s’enlise
depuis des décennies dans une guerre interne ou civile, dont
on ne veut pas dire le nom. Au préalable, il aurait
été important de comprendre l’histoire
tragique de ce pays, qui avant 2002 dans les médias se
confinait aux seuls narcotrafics et aux tremblements de terre.
Évidemment comprendre cela demande du temps, une certaine
distance avec l’actualité, car réduire
une nation à des questions sensationnalistes c’est
l’enfermée dans le silence.
La
libération des quinze séquestrés par
l’armée colombienne a soulevé de
nombreuses interrogations, et n’a pas mis un terme
à un conflit, dont il fait peu mention. Il y aurait comme un
oubli collectif sur la nature du problème ? Pour ce qui est
des « otages », il reste en ce domaine à
avoir quelques éclaircissements sur ce que l’on
entend par otage. Sur la masse de 3000 supposés otages en
Colombie, il faut pouvoir distinguer 3 catégories
: les otages civils et politiques (entre 3 et 20 selon les
sources) ; les prisonniers militaires et policiers (environ 500 aux
mains des Farc) ; et le produit des enlèvements de
la délinquance courante : les plus nombreux et ayant cours
depuis de nombreuses années au sein de la
société civile colombienne. L’on
retrouve un phénomène comparable au
Venezuela, avec environ 300 à 400 enlèvements par
an et une population moindre. C’est une pratique
détestable pouvant provoqué mort
d’homme dans le pire des cas. Tout dépend de vos
capacités à payer la rançon. Rien ne
permet vraiment de différencier la criminalité de
guerre et les activités mafieuses, c’est vrai,
elles se confondent mais comme tous les conflits existants sur la
planète. On ne peut comprendre la Colombie
qu’à travers des réalités
guerrières, l’économie
parallèle n’est pas le propre des seuls
guérilleros colombiens. Il ne faudrait pas confondre une
pratique délinquante et ce qui est de nature militaire,
cette distinction est importante. Pour cela la recherche d’un
peu de vérité sur la nature des choses participe
à une meilleure compréhension. La plupart des
diplomaties latino-américaines n’usent pas du mot
terroriste et semblent résolues à appuyer un
processus de paix.
La
Colombie n’est pas
un exotisme de plus, il s’agit d’une puissance
locale et régionale non négligeable. La
pertinence d’un conflit armé interne devrait
pousser à écrire sans exagération et
à prendre en considération, que l’objet
premier n’est pas vraiment de savoir où sont les
bons et les méchants. Mais pourquoi cette guerre a
perduré dans une indifférence quasi
générale, jusqu’à
l’enlèvement d’Ingrid Betancourt en
février 2002 ? En 2002, il était même
question de faire passer l’État Colombien devant
la Cours
Pénale Internationale en raison de son rôle dans
des
crimes de guerre et contre l’Humanité. Avec la
bienveillance de la France au sein de l’Onu, cela est
restée lettre morte. Cette même année
un nouveau président colombien faisait son entrée
dans la cour des grands de ce monde, son nom Alvaro Uribe. Cet homme
est connu du côté de Medellin depuis son
arrivée sur la scène politique au
début des années 1990, en particulier pour son
rôle plus que trouble dans l’assassinat de Pablo
Escobar et son appui et soutien aux paramilitaires des
Armées Combattantes de Colombie sur ses terres
électives. Les A.U.C sont depuis en principe
démobilisées, mais la dissolution «
légales » a laissé place en 2008
à un nouveau groupement sanguinaire, son prolongement : les
Aigles Noirs. Une nouvelle composante milicienne venant semer la
terreur et le désarroi (lire à ce sujet les
rapports et notes récentes de le FIDH ou d’Amnesty
International).
Cette nation connaît de
sérieux déboires, notamment
d’être le pays le plus dangereux pour
l’exercice du syndicalisme.
C’est-à-dire, plus de cinquante pourcent des
meurtres à l’échelle mondiale
s’opèrent chaque année contre des
militants syndicaux colombiens (200 morts en 2004). Tant
qu’on ne prend pas en compte, ce que peut
générer une guerre en morbidité et en
atrocités, on peut omettre des faits cruciaux et quotidiens.
Faire la liste des crimes connus et recensés par les forces
en présences depuis 1948 reviendrait à faire une
longue liste macabre. Malheureusement, il n’est pas encore
temps de dresser la fin de l’addition. En attendant,
c’est un peuple tout entier qui se trouve comme otage et
victime tous les jours de la violence interne de cette nation. Cette
violence ne se décline pas seulement par les armes, il faut
chercher à comprendre, par exemple quels
intérêts conséquents
présentent la prohibition des stupéfiants. Et il
en va de toutes les autres formes de commerces, mais dans le cas des
drogues, ce n’est pas le planteur colombien,
péruvien ou bolivien de coca qui en sera le premier
bénéficiaire, loin de là. Il existe
une économie des stupéfiants dont 90 pourcent des
bénéfices sont endossés aux USA, et au
profit de l’économie étasunienne
principalement. En attendant, peu d’écho se fait
au sujet des conséquences sanitaires,
c’est-à-dire la fumigation de produits toxiques
contre les plans de coca entrepris dans le cadre du programme
« Colombia » (à la clef, une aide
militaire des
USA de 5 milliards de dollars). Cette situation touche des enfants, des
femmes et des hommes atteint par des cancers et condamnés
à mourir dans le silence. Cet épandage toxique et
massif, à même engagé la
première cause de friction diplomatique entre le
président équatorien Rafael Correa
après son
accession au pouvoir en janvier 2007 et son homologue Uribe.
Depuis
la libération des quinze séquestrés le
2 juillet 2008 une déferlante d’articles est
tombée, un grand nombre vantant les mérites de
l’armée colombienne et la
décrépitude des armées rebelles. Le
président colombien Alvaro Uribe en est presque devenu un
héro, mais sur le fond de cette affaire qu’importe
de savoir pourquoi ces libérations sont un contre-feu ? Le
moyen pour Uribe de passer à la trappe les scandales
entourant ses mandats électifs, et l’inculpation
d’une soixantaine de parlementaires, notamment au sein de sa
propre formation
politique. Il est préférable
d’écrire qu’il dispose du soutien de
80 à 90 pourcent de la population, dans un pays ou
l’abstention aux élections nationales flirte avec
les 60 pourcent. Oui, le président colombien a
marqué des points sur la question de la
sécurité, mais à quel prix ? Car la
problématique colombienne est que lorsque l’on
tire un fil, on finit par avoir une pelote de maux. La
mécanique médiatique qui s’est mise en
branle en ce mois de juillet est d’un
intérêt mineur, la seule
réalité marquante fut l’usage
martelé de l’émotion. Par ironie,
l’impression est à l’arbre qui cache la
forêt, la fameuse «selva» faisant
maintenant partie de notre univers désormais quotidien et
linguistique… Après plus de six ans de
détention d’Ingrid Betancourt, il restera pour
constat un grand silence des médias de masse sur les
réalités colombiennes et son histoire tragique.
Chacun est libre de penser en noir ou en blanc, en bien ou en mal, en
pour et contre, mais rares les auteurs qui auront analysé
des faits et donnés à comprendre certains
ressorts du réel. Elles sont nombreuses les
réalités en apparence souterraines, elles
permettent une lecture différente des
événements.
Maintenant que
la grande majorité des otages civils sont libres, il est
temps d’en finir avec certaines omissions
médiatiques et continuer de s’interroger sur les
causes. Que l’on puisse critiquer les FARC est justifiable,
mais que par ailleurs rien ne soit dit sur le rôle
néfaste et meurtrier des Usa et de son plan «
Colombia 2000 », il y a à redire. Il ne faudrait
pas non plus omettre la contribution active de
l’état-major militaire colombien, des groupements
paramilitaires et du gouvernement Uribe. Il y a là un vaste
problème politique concernant
l’activité d’un état de droit
plus porté sur le fonctionnement de la gâchette,
que celui du respect de la dignité humaine. Le
ridicule ne tue pas et fort heureusement, il y aurait une
hécatombe. La médiatisation est sans limites, et
l’on doit se contenter de commentaires de bas niveaux et quel
que soit le scribouillard patenté ou pas. Ce que
l’on désigne comme la
«blogosphère» a en ce domaine atteint
des sommets
en ce mois de juillet 2008. En attendant, je ne suis pas certain que
tous les Français soient en mesure de poser un doigt sur une
carte de géographie et de savoir où se trouve la
Colombie… Chacun peut y aller de sa petite analyse et
balancé tout de go sa vérité, sans en
vérifier le bien fondé. Sur le fond ce qui se
passe au quotidien en Colombie - n’est pas - pour la
majorité bavarde de la blogosophèrie.
Quand
il s’agit des FARC, il est oublié le plus souvent
la place de l’ELN au sein de la guerre interne. Il
n’existe pas un front de guerre en Colombie, mais deux en
activité. Depuis les années 1960, trois groupes
importants avaient mené une résistance
armée contre le pouvoir de Bogota. Un seul des trois
groupements a mis fin à son existence depuis, le M19. Les
raisons de ces guérillas avaient pour apparence le contexte
de la Guerre froide du temps de l’Union
Soviétique. Mais cela ne dit en rien pourquoi, le terrain
colombien fut à ce point favorable aux mouvements rebelles,
tout comme pour son voisin le Venezuela ? Il faut saisir
l’amplitude de ce qui se passa de 1948 à 1958 et
un contexte de guerre civile laissant entre 300.000 et 800.000 morts
sur le tapis. Imaginez un tant soit peu une élite
réactionnaire voulant éliminer toute opposition
progressiste, et vous prendrez en compte pourquoi du jour au lendemain
vous n’avez que deux solutions, - soit vous faire
éliminé ou dénoncé par
votre voisin ou un parent électeur du parti conservateur -
ou bien prendre le maquis. En Amérique Latine, on ne devient
pas «révolutionnaire» uniquement par
exaltation ou nostalgie. Des faits objectifs ont eu tendance
à pousser des gens normaux à se radicaliser les
armes en main, s’ils pensaient un tant soit peu
différemment de la norme imposée ou voulant
simplement pouvoir vivre sur sa terre natale.
En
Colombie, cet état des choses n’a en
réalité jamais vraiment changé, les
violences à l’encontre de la population civile et
citoyenne demeurent. Certes, ce pays dispose d’une justice,
de règles démocratiques, mais il ne fait pas bon
d’être un défenseur des Droits de
l’Homme ou un simple syndicaliste. Votre vie ne
pèse pas lourd. C’est encore plus vrai, si vous
venez des campagnes et que vous avez fui des menaces toujours mises
à exécution par un camp ou un autre
(armée nationales et milices fascistes, et
guérilleros). On dénombre 3 à
4 millions de déplacés (le chiffre augmentant
année après année). Ils ont
été amenés à gonfler les
quartiers pauvres des métropoles urbaines. Beaucoup de
petits exploitants agricoles ont connu pour règlement de
«justice» le détournement par
expropriation d’environ six millions d’hectares de
terres agricoles. Via, cette redistribution anachronique,
l’on remarque le rôle actif de grandes entreprises
étrangères, globalisation des temps oblige. Cette
économie monde, sa nature prédatrice
s’est imposée comme
l’économie
de la drogue, si ce n’est en pire. C’est en tout
cas un constat de plus sur comment les financiers et investisseurs
étrangers se soucient peu des règles
protégeant les citoyens des populations de
l’hémisphère sud. Ce ne serait
qu’un problème de pays riche… Hors des
frontières tutélaires, la démocratie
est un combat comportant de nombreux dangers. Toute contestation sur
une implantation locale s’en suit en
général la création d’une
milice, puis l’élimination des personnes physiques
récalcitrantes. Le scénario n’a rien de
très original, c’est une constante de comment les
économies locales sont amenées à subir
depuis belle lurette des choix mercantiles très mouvants et
d’un cynisme sans limites.
La
complexité n’est pas expliquée, et
pourtant cela pourrait avoir une certaine utilité. Aborder
et espérer comprendre un sujet ne peut se faire au
détour d’un clavier et entre deux
communiqués de presse. Cela implique de chercher
l’information, de lire des ouvrages et de
découvrir aussi certains films documentaires. Et surtout de
prendre soin du temps pour peser les contradictions propres
à toute nation. En ce domaine,
l’instantané de la chose médiatique
n’aide en rien à comprendre. Le
problème est évocateur concernant
l’information sur la Colombie, pour ainsi dire, elle
n’existe pas. Allez dans une librairie bien fournie et
essayez de trouver un ouvrage sur ce pays, la denrée est
rare. Au sujet du cinéma documentaire, c’est du
pareil au même. Il reste dans ce cas les autoroutes de
l’information, mais soyons réalistes les auteurs
sérieux francophones ne sont pas légion. Au
mieux, il existe certaines revues spécialisées et
deux ou trois éditeurs échappant aux
règles de l’oubli. En clair, nous avons toutes les
raisons de ne rien y entendre sur ce sujet lointain
présenté souvent comme un exotisme. Toutefois, si
vous comprenez un peu ou bien l’espagnol, vous aurez un peu
plus de chance de trouver des contenus plus conséquents sur
la toile ou au sein d’éditions en castillan. Vaste
question plus épineuse est la question de la
mémoire historique des pays andins et caraïbes. En
bref, ne vous aventurez pas à connaître tels ou
tels événements et personnages historiques
colombiens au début de l’époque
contemporaine, cela équivaudrait à
s’interroger sur un vide pesant.
Si la
Colombie semble en apparence lointaine pour la grande
majorité. En réalité, dans les faits
cela est faux. D’abord sur le plan linguistique nous avons
pour communauté la langue latine, et Paris est depuis
longtemps une ville d’accueil, de passage et
d’échange avec
«l’extrême occident». La
francophonie en
Amérique Latine se porte plutôt bien, et
mériterait de renforcer les partenariats
culturels. Cette dimension interculturelle est rarement mise
en avant, elle est féconde d’une histoire riche
mais peu connue. Pour l’économie, la France est un
investisseur important dans la région, et l’on
trouve en Amérique Latine nos multinationales, notamment
dans la cosmétique, les hydrocarbures,
l’automobile, la téléphonie,
… Les anciennes puissances impérialistes et
coloniales européennes sont encore bien présentes
outre-atlantique et y conservent une certaine influence. Il va de soit
que l’hégémonie étasunienne
trône sans réelle concurrence politique, bien que
sur le terrain économique la percée chinoise
semble significative d’un changement à venir
d’une nouvelle autorité mondiale. Cependant pour
des raisons historiques et culturelles l’Europe reste
ancrée et dispose même d’un lien
politique actif à travers la Communauté des
Nations Andines. Qui pose actuellement quelques problèmes au
président Bolivien. Le président Evo Morales
n’entend pas se soumettre à un
libre-échangisme et se soumettre à un
marché enclin au pillage des ressources et dans une certaine
continuité coloniale. Que ce soit la France,
l’Europe, les Usa et la Chine, il y a un potentiel, des
réserves naturelles, de biens à produire, donc
quelque chose à conquérir sur lequel les nations
latino-américaines vont devoir se battre, si elles ne
veulent pas être de nouveau soumises à un ordre
économique impropre.
S’il
faut apporter une conclusion à ce texte c’est que
l’on ne traite pas en écrivant sur la Colombie et
ses populations d’un sujet léger. Je puis
être allergique à des émotions
créées parfois de toutes pièces, par
ailleurs il y aurait à en revendre tant on frise le
falsifié. Comme le fut l’entreprise de
récupération de l’ex. otage
à des fins un peu trop visibles et politiques. Il y a des
mots, des paroles prononcées par Ingrid Betancourt qui sont
à méditer, notamment quand elle évoque
«le meilleur des mondes» pour la Colombie. Je lui
fais grâce de ne pas connaître ce grand chef
d’oeuvre de la littérature d’Aldous
Huxley. Mais c’est justement cela qui pause des
problèmes, ce meilleur des mondes qui se trament sous nos
yeux. Toutefois vouloir nous imposer une idée du bien, du
meilleur, à deux ressorts - soit celui de la
naïveté, - soit celui d’être
pieds et poings liés aux mécanismes du
capitalisme. Nous ne serions, dans le second cas, plus des
citoyens mais une masse consommatrice sans nom. Pour la
deuxième fois de son histoire contemporaine en
Amérique Latine, il se produit un changement de fond, et
pour celui qui manifestement cherche à comprendre plus
qu’à juger, le destin est de nouveau du
côté des populations invisibles de
l’autre rive sud et atlantique. Néanmoins, en
contrepoint il n’y a pas de place au romantisme, voire
à prendre au pied de la lettre certaines
exubérances des peuples latins dont les Français
sont une composante.
En attendant, la seule chose
qui pourrait permettre à l’espace Caraïbe
et Andin de trouver un équilibre serait de trouver les
conditions d’une paix véritable en Colombie. Si on
l’oublie, ce conflit est un enjeu militaire
dépassant les seules frontières du pays. Et les
voisins supportent depuis longtemps les conséquences de
l’étendue du conflit, et pose une question quant
à l’implication des oligarchies locales. Dans la
région du Zulia au Venezuela où les
paramilitaires colombiens sont connus pour leur présence, il
existe des liens plus ou moins directs avec les autorités
locales. Quand il est dénoncé des
campements momentanés des Farc au Venezuela et en
Équateur, il est trop rarement fait mention d’une
présence permanente au sein de cette région
vénézuélienne. Les élites
de l’opposition locale du Zulia, il n’y a pas si
longtemps (en 2005) se firent connaître pour leurs
volontés sécessionnistes. Ils mirent tout en
oeuvre pour déstabiliser le gouvernement central. Grand
oublié ou gommé de la libération des
otages Hugo Chavez aura été le plus
conséquent et actif. Sans l’action du Venezuela,
rien n’aurait bougé comme ce fut le cas
jusqu’à la libération de Clara Rojas en
janvier 2008. Le travail de médiation du
président vénézuélien avec
la sénatrice Piedad Cordoba a bousculé
l’ordre des choses en quelques mois. Comme nul ne peut
prétendre écrire et pouvoir
véritablement poser sa plume concernant la guerre en
Colombie. L’issue passera inévitablement par un
rôle plus accru de toutes les parties concernées
à prôner la paix. Mais faut-il comprendre que
l’ELN et les FARC ne poseront les armes que si, il est
possible de construire un état de droit : ou comment en
finira-t-on, avec ce quotidien où l’on assassine
les oppositions du progrès social sans
véritablement discontinuer depuis soixante ans ?
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Colombie,
Uribe a des soucis...
par
Patxi,
le 25 avril 2008 |
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Ah,
il est vraiment chouette
cet ordinateur de Raul Reyes, le Numéro 2 des FARC. Il nous
a révélé tellement de choses bien
commodes sur les "méchants" qui aident ces "vraiment
méchants", les "liens" et "financements" de certains
Etats-voyous à ces "terroristes", ces fameux Rogue States
chers au Department of State que seraient désormais,
implicitement, le Venezuela ou l'Equateur. Et tant de perles,
lâchées au compte-gouttes, au moment le plus
opportun comme de bien entendu.
Quelle
habileté machiavélique d'Uribe, de l'Oncle Sam et
de leurs Spin doctors dans cette affaire. Et nous, de gober tout
ça sans autre forme de jugeotte.
A
chaque emprisonnement d'un proche pour le scandale de la para-politique
(liens Uribistes-milices d'extermination), chaque problème
judiciaire d'un soutien politique fort du Président
Colombien, blam, on lâche un rideau de fumée sur
le mode "mais regardez plutôt par là, bouh les
vilains FARC". Et le suivisme moutonnier des médias fait le
reste.
Ce que ne dit pas, et pourtant ce qu'il
dirait certainement s'il était moins manipulé,
cet ordinateur super-blindé anti-bombardements (à
base de kryptonite certainement?), ces non-dits qui pourtant sont au
cœur de tout ce système immonde qui ronge et
pourrit ce pays; bref, les VRAIES QUESTIONS qui sont au
cœur de toute cette merde, et que bizarrement ne dit JAMAIS
cet ordinateur, et qui sont TOUT AUSSI VALABLES POUR LES
PARAMILITAIRES, ce sont :
- A qui les FARC
achètent leur armes? Sur quels marchés? Via quels
intermédiaires? Quelles nationalités? Quels
passe-droits? Quelles complicités mafieuses et
institutionnelles? En Europe, au Moyen Orient, en Russie, de
même et au même niveau qu'au Venezuela, au Panama
et aux Etats-Unis?
- Comment payent-ils leur
fournisseurs? des liasses de billets dans des malettes ou des sacs de
patate? Nan cousin, via quels circuits financiers, quelles
sociétés écrans, quels
mécanismes de blanchiment d'argent, quelles banques, dans
combien et quels pays?
- A qui les FARC vendent la
pasta base, la cocaïne? Comment les acheteurs leur payent? En
nature? En cash? En informations stratégiques? les Trois?
-
Quelles complicités et alliances stratégiques
dans les institutions Colombiennes, les fonctionnaires civils et
militaires? Pourquoi ne parle-t-on jamais de ces liens là?
-
Combien d'alliance avec les narcos, les paramilitaires, combien de
pactes de partage territorial avec eux et avec les politiques qui les
parrainent?
- Combien de voix électorales
achetées, vendues par la menace et le sang?
-
Qui fournit les biens et services aux FARC? quels moyens? comment ils
échangent leur valeur?
- Qui se retroue
obligé de payer l'impôt
révolutionnaire, la vacuna? Qui paye de l'aregnt contre
libération?
- Combien de politiques
aidés pour arriver au Congrès?
-
dans quelles institutions financières les Commandants de
FARC ont leur Biens, patrimoine?
- Les investissment
en
Colombie, ou, qui, combien? Combien de sociétés
privées, dans tous les secteurs, sont de l'argent
lavé par l'argent du crime organisé et du narco?
-Qui sont les liens de contact avec l'Exécutif, le
législatif, le judiciaire,les forces armées?
Que
l'on arrête de nous bassiner aussi avec la
popularité d'Uribe.
Et
d'une, les
sondages dans ce pays ne se font que sur échantillon de 1000
personnes vivant à Bogota, Cali, Baranquilla, Medellin et
Baranquilla. Des villes qui effectivement ont vu un mieux sur les
routes et les kidnappings. Mais la guerre se joue surtout en milieu
rural, qui compte tout de même 35% de la population.
Pensez-vous
vraiment que 85% des colombiens soient dupes à ce point?
Mais qui fait l'opinion? Qui sont les propriétaires des
grands titres, à part la toute puissante famille Santos,
omniprésente au gouvernement? Qui alimente cette
idée perverse qu'au fonds, les paramilitaires ont
été une sorte de mal nécessaire en ce
moment, disculpant le cousin du Président qui a un dossier
bien chargé en la matière?
Et
de deux, les opinions qui sont lassées de ce conflit
armé interminable sont toujours plus sensibles aux discours
de fermeté, de force brute et aux pratiques
guerrières, et au bombardement de propagande quotidienne,
même si dans le fond elles ne font qu'attiser le feu. Et
ajouter de la violence à la violence, perpétuant
ainsi le cycle de la haine et des vengeances.
La
paix, il faut du courage, une vision, du panache, des conditions, une
pression internationales habile, des Grands Hommes pour la faire.
Tout
n'est que médiocrité en ce moment.
Quant
à l'avion français, Uribe a manipulé
les Français, une fois de plus.
Les
élites Colombiennes n'en veulent pas.
La guerre,
c'est bien juteux pour tout le monde.
C'était vrai
en Angola, vrai au Sierra Leone.
La guerra es un tremendo
negocio.
Uribe
a des soucis.
On
en est à 50 congressistes et hauts fonctionnaires 100%
Uribistes liés aux Paracos.
Le TLC n'avance pas, on
en est à 23 syndicalistes tués depuis janvier.
Les
choses deviennent de plus en plus difficiles à filtrer,
occulter. Ce n'est que le début. Uribe en ce moment, c'est
Fujimori en 1992 qui change tout son Tribunal Suprême au
moment ou trop de gens ont trop de choses à dire.
Uribe
finira comme Fujimori.
À moins qu'il ne
se décide à négocier un accord
humanitaire... On en est loin. Et Ingrid, et les autres,
continueront de s'éteindre, à petit feu.
Regardez
chez Tonio (http://www.ikiru.ch/tonio/2-coups-fort-contre-lextradition)
le thème de l'extradition des paracos et narcos
vers les USA. Uribe est furieux et s'en prend aux juges, qui refusent
que les paras partent avec tout ce qu'ils ont à dire aux
victimes et à la société. Rien de
louche, n'est-ce-pas? La Colombie est le SEUL pays au monde qui fat
toujours TOUT ce qu'il peut pour expulser ses pires malfrats ailleurs,
loin. Et qu'ils la ferment.
2
dépêches sur Uribe, seulement aujourd'hui :
Otages
des Farc: la libération de Betancourt était sur
les rails jusqu'à la mort de Reyes. AFP - Jeudi 24 avril,
12h37MADRID (AFP) - La libération de l'otage
franco-colombienne détenue par les Farc, Ingrid Betancourt,
était sur les rails jusqu'à la mort du
numéro deux de la guérilla colombienne, Raul
Reyes, le 1er mars, a déclaré la
sénatrice colombienne Piedad Cordoba au quotidien espagnol
El Pais jeudi.
"Les choses allaient très
bien pour la libération d'un des +gringos+ (un
Américain, NDR) séquestré. Dans le lot
se trouvait aussi Ingrid. Mais tout a été mis par
terre avec ce qui s'est passé le 1er mars", selon Mme
Cordoba, qui a joué le rôle de
médiatrice entre le gouvernement et la guérilla.
Raul
Reyes est mort dans l'attaque par les troupes colombiennes d'un
campement des Forces armées révolutionnaires de
Colombie (Farc) le 1er mars en territoire équatorien. Cette
attaque fut à l'origine d'une
détérioration de la situation, selon la
sénatrice de l'aile gauche de l'opposition au gouvernement
de droite du président colombien Alvaro Uribe. "Ce fut un
coup fatal à la confiance que les Farc plaçaient
dans le gouvernement (colombien). La France a été
la grande perdante", déclare Mme Cordoba.
Ancienne
candidate écologiste à l'élection
présidentielle en Colombie, Ingrid Betancourt,
détenue depuis plus de six ans, est l'une des 39 otages dits
"politiques" que les Farc proposent de libérer contre
quelque 500 guérilleros emprisonnés. Dans
l'entretien au Pais, Mme Cordoba critique durement le gouvernement
qu'elle accuse d'utiliser le cas Betancourt pour détourner
l'attention de sujets politiques embarrassants.
"Le
gouvernement d'Uribe a dit qu'elle (Ingrid Betancourt) allait mourir,
et a permis à la France d'envoyer un avion, seulement pour
masquer un scandale politique, parce que le même jour, trois
parlementaires accusés de relations avec les paramilitaires
(d'extrême droite) étaient
arrêtés", selon elle.
Les
affaires dites de "para-politique" (pour paramilitaires)
éclaboussent depuis plusieurs mois le pouvoir colombien,
accusé de liens avec les milices d'extrême droite.
Mario Uribe, un cousin du président colombien, a
été arrêté mardi dans ce
dossier. Le président Uribe a
révélé mercredi qu'il était
lui-même visé par une enquête
à la suite d'une dénonciation d'un
prévenu l'accusant d'être impliqué dans
un massacre de paysans en 1997.
Le conflit entre les
Farc et Bogota "s'est régionalisé de
manière préoccupante", souligne par ailleurs Mme
Cordoba. "Beaucoup de paramilitaires (colombiens) se sont
appropriés des régions entières
d'Equateur, et certains se sont entraînés en
Bolivie, dans la zone de Santa Cruz, pour déstabiliser le
gouvernement d'Evo Morales", assure-t-elle. Les pays voisins
"commencent à exiger une solution au conflit", selon Mme
Cordoba, pour qui "la Colombie est devenu un voisin embarrassant".
BOGOTA
(Reuters) - Une ancienne parlementaire colombienne a affirmé
que le gouvernement lui avait promis des avantages illégaux
à condition qu'elle soutienne un amendement permettant au
président Alvaro Uribe de se présenter
à sa propre succession en 2006.
Une
enquête a été ouverte lundi concernant
cette accusation, qu'Uribe rejette. Yidis Medina affirme que le
gouvernement lui avait promis des avantages politiques mais n'a jamais
honoré sa promesse.
Dans une interview
enregistrée en 2004 mais diffusée seulement
dimanche, Medina affirme à un journaliste que des
responsables du gouvernement lui avaient promis de la laisser nommer
elle-même les membres de trois commissions de la province
dont elle était élue, à condition
qu'elle soutienne un projet d'amendement permettant à Uribe
de se présenter pour un nouveau mandat.
Lors
d'une réunion, Uribe lui-même lui aurait
demandé son appui et lui aurait promis que le gouvernement
respecterait son engagement.
"Il a dit qu'il voulait
sauver le pays et qu'il avait besoin de plus de temps pour achever son
programme", a-t-elle déclaré.
Uribe,
qui se trouve à la moitié de son second mandat, a
rejeté ces accusations.
"Le gouvernement
persuade. Il n'achète pas les loyautés", a
assuré le président colombien. "Nous ne
tolérons pas la corruption."
Cette
nouvelle affaire, qui vient s'ajouter à un scandale
politique liant certains proches alliés d'Uribe à
des escadrons paramilitaires d'extrême-droite, pourrait
compromettre l'accord de libre-échange entre Bogota et
Washington, auquel les démocrates américains font
barrage en raison de la situation des droits de l'homme en Colombie.
Uribe
a demandé une enquête sur le journaliste Daniel
Coronell, qui a mené l'interview. Connu pour ses prises de
position critiques envers Uribe, il contribue au principal magazine
d'informations colombien et travaille également pour la
chaîne de télévision Noticias Uno.
"Tout indique que le
journaliste et son interlocutrice avaient évoqué
au préalable les questions et les réponses, et
qu'ils avaient mis de côté cette vidéo
en attendant un moment qu'ils jugeraient favorable", a
estimé Uribe dans un communiqué.
Yidis
Medina, qui faisait partie de la coalition politique d'Uribe au
parlement colombien, indique durant l'interview que la vidéo
pouvait être diffusée soit si elle
était tuée, soit si le gouvernement ne tenait pas
sa promesse envers elle.
Hugh Bronstein,
version française Gregory Schwartz
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Colombie:
ils tuent encore des
syndicalistes
Par
María Laura Carpineta,
Pagina 12, le 20-03-2008
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Quatre syndicalistes colombiens
ont été assassinés en mars. Il y a
quarante représentants syndicaux menacés et le
principal syndicat des Etats-Unis a porté au
Congrès les preuves que les paramilitaires n'ont pas
cessé d'agir.
En neuf jours
durant ce mois, quatre syndicalistes colombiens ont
été assassinés, deux dirigeants
d'organismes de défense des Droits de l'homme ont
été séquestrés et ensuite
libérés, et plus de 40 dirigeants sociaux qui ont
participé à la marche contre les paramilitaires
le 6 mars dernier ont reçu des menaces de mort.
"Ce sont des
représailles pour avoir fait descendre dans la rue les
milliers de crimes qu'ont commis en totale impunité les
paras dans les deux dernières décennies", a
assuré Iván Cepeda, un des leaders du Mouvement
National des Victimes d'État. La dénonciation n'a
pas eu d'écho dans le gouvernement d'Alvaro Uribe, mais elle
en aura dans le Congrès étasunien en avril, quand
les démocrates recommenceront à mettre en
question l'approbation du Traité de Libre Commerce, une
initiative que George Bush a récemment qualifiée
de "essentiel" pour la sécurité
régionale.
Selon la plus grande centrale
ouvrière étasunienne, l'AFL-CIO, les nouveaux
meurtres démontrent que ni la persécution
syndicale ni les paramilitaires ont disparu en Colombie, comme le jure
et rejure Uribe. "Nous avons présenté toutes les
preuves et les dénonciations aux leaders
démocrates au Congrès. Ils en ont suffisamment
pour repousser le TLC et nous avons confiance sur le fait
qu'ils le fassent", a expliqué le chargé des
Affaires Internationales, Just Voight.
Les menaces
ont commencé en février, quand le Mouvement des
Victimes d'État, les principaux syndicats et les
organisations de défense des Droits de l'homme ont
décidé de convoquer la première marche
nationale et internationale en hommage aux milliers
d'assassinés, disparus, torturés et
déplacés par les paramilitaires. Deux jours avant
les mobilisations, les organisateurs ont eu une avance de ce qui les
attendait. Carmen Carvajal, une leadere du syndicat
enseignant de Ocaña, dans le nord de Santander, a
été assassinée par deux hommes
cagoulés quand elle sortait de sa maison. Ils lui ont
tiré trois coups de feu à la tête.
Personne ne s'est adjugé le meurtre, mais les organisations
sociales ont demandé une protection à
l'État.
Le lendemain, il n'y avait plus
de doutes. Un groupe de paramilitaires a
séquestré le leader du syndicat des
employés de banques de Bogotá,
Leónidas Gómez. Son corps est apparu deux jours
après, presque au même moment où
à Medellín était assassiné
Gildardo Gómez, un membre du syndicat enseignant local, qui
le jour précédent avait encadré la
marche.
La quatrième victime a
été Carlos Urbano, un dirigeant syndical de San
Vicente de Caguán, le département qui il y a six
ans était le lieu choisi pour les négociations de
paix entre le gouvernement d'Andrés Pastrana et les Forces
Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC).
Depuis l'échec du processus, Urbano
dénonçait les actes arbitraires de
l'Armée -qui a récupéré le
territoire sans lésiner sur les balles- et en particulier la
méga-opération de sécurité
qu'ils avaient préparé pour accompagner la
marche. Avec des limitations, il a obtenu que des centaines de
personnes l'accompagnent dans les rues de la capitale. Trois jours
après, il a disparu sans laisser de traces. Le 12 mars, son
corps est apparu dans une décharge dans les environs de la
ville avec de claires marques de torture.
"Nous
dénonçons la répression, les meurtres
et les menaces, mais le gouvernement et les médias
étaient plus d'intéressés par le
conflit avec l'Équateur et le Venezuela", a
expliqué Cepeda, frustré, qui a envoyé
plusieurs lettres à la Présidence. Le
porte-parole du Palais présidentiel, César
Velázquez, s'est excusé de ne pas pouvoir faire
de commentaires sur le sujet. "C'est que cela fait plusieurs jours que
nous sommes tous en dehors de Bogotá", a-t-il
expliqué à Pagina/12.
Uribe a
récemment commencé une tournée
à l'intérieur de la Colombie pour annoncer des
oeuvres d'infrastructure; son chancelier, Fernando Araújo, a
été débordé par les
négociations à l'OEA; le ministre de la
défense, Juan Manuel Santos, est concentré dans
la séguedille de victoires dans la lutte avec les FARC; et
son conseiller personnel, José Obdulio Gaviria, est en
vacances.
Personne à la
Présidence n'a voulu faire de commentaires sur la demande de
renoncement de Gaviria qu'ont présenté cette
semaine le Mouvement des Victimes et les syndicats. Le conseiller avait
assuré quelques heures avant la marche du 6 mars qu'il n'y
participera pas parce que c'était une initiative de la
guérilla.
"C'est une marche convoquée par les
FARC", avait-il dit à la presse. Par hasard ce sont ces mots
qu'ont utilisés les paramilitaires qui ont
séquestré deux leaders sociaux le week-end
dernier, durant leur déplacement à
Bogotá pour participer à un congrès
d'organisations de déplacés. "Ils ont
montré des photos des marches et ils leur ont dit qu'ils
avaient provoqué une réaction qui ne faisait que
commencer", a relaté Cepeda.
Source : Pagina/12,
20 mars 2008.
http://www.pagina12.com.ar/diario/elmundo/4-100986-2008-03-20.html
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