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1 - Chavez est-il responsable du réchauffement climatique?

2 - Discours d’Evo Morales à l’ONU.

3 - Paroles d’un touriste cubain à Paris, par Francisco Valiero

4 - Elle s’appelle Guevara… Aleida Guevara, par Marie-José Sirach

5 - Chávez, Uribe et la parapolitique colombienne, par Sébastien Brulez

Amérique Latine

Archives
des articles 2007

Sommaire :
3ème partie




Hugo Chavez
est-il responsable
du réchauffement climatique?


Ou les contes à dormir debout
de la presse…

Lionel Mesnard, le 29 septembre 2007

Ci contre : "Que pensez-vous de ce qui va devenir
 de l'Amérique Latine à la fin du siècle ?

Ben... Je ne sais pas comment
je vais arriver à la fin du mois"



Je peux lire au sujet du Venezuela et de son président des attaques qui ont souvent pour objet de rabâcher la même chose, tel un objet de propagande de bas niveau. Le plus troublant est de trouver un même type de vocabulaire d’un article à l’autre. Il y a comme une voix commune à tous nos auteurs, qui d’articles en articles annoncent le pire concernant le Venezuela. Pour exemple de constance, l’hebdomadaire l’Express depuis 1999 est abonné à cette imminence du pire, il suffit de jeter une œil sur internet dans ses archives pour s’en rendre compte.

J’ai été très intrigué par un mot usité récemment par un journaliste du Monde, ou il fait part de la formation de « snippers » au Venezuela, qui aurait lieu dans le cadre d’un processus de militarisation (1). Je m’interrogeais, il y a peu sur certains «snippers» de la presse écrite française, mais voilà qu’il me pique ce mot… Et je ne pouvais soupçonner, qu’un tel anglicisme pu servir à un article d’un si prestigieux journal francophone… Trêve de plaisanterie, Monsieur Paranagua s’est surpassé au point que sur le site du Monde sous l’article incriminé, des lecteurs s’indignent de l’outrance de ses propos.

Dans l’usage du faux, manifestement la dernière tentative est à la fois drôle et révélatrice. «Il est gay, quoique toujours dans le placard» (2). Il ne m’était pas venu à l’esprit d’envisager l’homosexualité cachée d’Hugo Chavez, mais ses opposants une fois de plus sont prêts à utiliser n’importe quel stratagème pour le travestir... Par ailleurs, les insultes racistes, ou les appels réguliers au meurtre sur sa personne, nous laissent une idée sur la folie d’une partie de son opposition. À ce petit jeu, Hugo Chavez est aussi responsable du réchauffement climatique...

Plus le mensonge est gros, plus il passe, c’est une stratégie éprouvée qu’usa en son temps la propagande fasciste ou stalinienne en Europe. Petit bémol, le décryptage des médias a évolué depuis, il permet de comprendre sans difficulté les manipulations et prouver les malversations. Sur le compte du président vénézuélien, beaucoup de mensonges ont circulé, en particulier son antisémitisme présumé. Deux articles ont récemment cherché à nous resservir la même soupe, et prouvent une certaine obstination dix-huit mois après, une affaire s’étant avérée plutôt encombrante au sein de la rédaction du journal Libération (3).

Nous avons atteint un niveau de ridicule auquel notre hasardeux Bernard Henri Lévy n’a pu résister (4). Un condensé de bourdes, à vrai dire ce qu’il a pu lire sous certaines plumes bien connues des initiés de la question « Chavez » et de la presse écrite en France. Il y a de quoi se demander jusqu’où peut-on justifier l’injustifiable ignorance, ou l’amplification de certains mensonges ? Que BHL écrive toute une série d’affirmation manifestement calomnieuse, c’est normal. Le plus difficile est de comprendre ce dédain au sujet du sort des colombiens, pour en arriver à se livrer de la sorte à des manipulations connues sur la place publique concernant Hugo Chavez, et ce au début d’un possible processus de paix ? Notre pauvre BHL se discrédite sur cette question et pour longtemps. Il avait déjà provoqué en 2001 sur la situation de guerre en Colombie quelques réactions ironiques suite à un voyage sur place et son récit (5).

Fermons cette parenthèse, une de plus, sauf à inviter tous les détracteurs de Chavez et en particulier Bernard Henri Lévy à se rendre au Venezuela pour constater leurs dires. Qu’ils se rendent dans ce pays en principe menacé par le « grand méchant » Chavez. Où quiconque peut y aller sans se faire ennuyer pour ses opinions et constater comme il l’entend la prétendue dangerosité du régime bolivarien. Cet homme politique fait peur à certains grands enfants. Le président vénézuélien est surtout sur le coup d’un paternalisme, qui en dit long sur les intentions des malveillants. Une perception qui m’effraie, et n’explique rien sur des situations ô combien complexes.

Mélange ou amalgame, c’est la même parodie dans certaines rédactions. Heureusement pas toutes, il existe aussi en France des journalistes qui font leur travail. Même au sein d’une rédaction, il est possible de constater des différences d’appréciation ou d’analyse. Il n’y a pas une unanimité des points de vue, et, il n’y a pas toujours cet aveuglement et menace en la demeure. S’il s’agit d’une menace, rien ne démontre le passage du Venezuela bolivarien à un système que certains qualifient de totalitaire ou militariste. 

Dans cette cacophonie des points de vue, revenons-en à la raison, le Venezuela est pays libre et respectueux de la démocratie. Elle se porte bien mieux qu’avant 1998. Qui a vraiment fait part en France de la police politique la DISIP (équivalent de la DST française) qui intervenait contre des opposants vénézuéliens ? De 1969 à 1993, il est question d’une dizaine de milliers de morts au sein de la gauche vénézuélienne. Il me reste gravé en mémoire les témoignages d’habitants d’un quartier populaire de Caracas sur les exactions commises de 1989 à 1991 par l’armée et la police. Hugo Chavez, après le coup d’État d’avril 2002 du faire le ménage de quelques hauts responsables des Forces Armées, et tout particulièrement au sein de la DISIP de fonctionnaires agissant contre les intérêts du pays.

Élu par 63% et pour un second mandat en décembre 2006, Hugo Chavez, loin des polémiques stériles a déjà laissé un bilan plus qu’honorable. Tout n’a pu être transformé, mais qui peut nier les changements intervenus grâce à la mise œuvre des missions? Les missions concernent principalement la santé, l’éducation et la culture, l’aide au sans logis, l’alimentation, le logement, … Elles ont un effet réel sur le quotidien de nombreux vénézuéliens. Rares sont les écrits sur le travail important dans le domaine des infrastructures, du micro financement, la mise en place d’activités nouvelles et de pointes grâce à des collaborations internationales.  L’ouverture de sept nouvelles universités pendant le premier septennat, plus en 2006 une explosion de la consommation prouve plutôt une bonne santé économique et culturelle, et qui n’est pas le seul fruit de l’augmentation du pétrole. Quand, il y a encore peu d’années des enfants errants étaient légions à Caracas et dans tout le pays, la donne a depuis changé et les mineurs se trouvent ainsi bien mieux protégés que du temps du «social-démocrate» Carlos Andrès-Perez.

Il y a surtout une volonté de changer le pays sur le long terme, et de favoriser l’expérimentation de nouvelles approches économiques, sans pour autant tourner le dos à l’économie de marché. Chavez est loin d’être un orthodoxe stalinien, et le jour où les vénézuéliens pro-chavistes se prendront pour des stalinistes est encore lointain. Mais c’est une de ces fables que peuvent se raconter de grands enfants. Si Castro est respecté au Venezuela, le castrisme n’y fait pas recettes, et culturellement les cubains passent pour trop rigides. À Caracas, certaines convenances échappent au quotidien, et je souhaite bien du plaisir à celui qui cherchera à militariser le peuple vénézuélien. C’est en soit une mission impossible, les valeurs de cette société ne s’appuient pas vraiment sur l’autoritarisme. Il existe bien un point commun aux français et aux vénézuéliens, c’est un certain goût pour la contestation.

Il va de soit, tout n’est pas rose au pays de Chavez et par coup de baguette magique, il n’a pas résolu toutes les contradictions. Son pays depuis 1989 avait sombré, cet homme est venu rendre espoir à un peuple pour beaucoup ignoré. Il a réussi, en plus, à faire connaître son pays, quand il en était fait part à de très rares occasions avant 1998. Cette volonté qui soude le président, son peuple et plus largement les plus déshérités de l’hémisphère sud fait probablement trop désordre dans les salons parisiens. La misère est une donnée très relative en territoire bobo…

Une fois de plus, Hugo Chavez se voit accusé de vouloir s’emparer de tous les pouvoirs, quant au contraire il est question de redistribuer le pouvoir à la base, en direction des pouvoirs communaux, et aussi en activant une réduction du temps de travail. Il a à même abordé la question de la démocratie directe lors de son allocution sur « Alopresidente » fin juillet 2007. Quand on souhaite le présenter sous l’uniforme d’un officier, l’on oublie que dans la constitution française et aussi vénézuélienne, le président est aussi chef des armées, et donc de fait responsable de la sécurité et de la protection du territoire. Pourquoi le Venezuela n’aurait pas de doctrine militaire, surtout si elle vise à se protéger et non à attaquer comme actuellement dans la doctrine française ?  Qu’avons-nous à nous occuper de questions, qui touchent ainsi à des choix, qui sont du ressort des Vénézuéliens eux-mêmes ?  En l’état, le Venezuela est une menace bien ridicule face à une nation comme la France, qui elle vit confortablement de ses exportations d’armements, et va en s’enlisant tranquillement dans le bourbier afghan. 

La prétendue menace Chavez est un long fil sur lequel on tire, mais il y a tant de contradictions chez nous, pour trouver ailleurs les raisons de trouver un responsable tout désigné. En France, le phénomène politique  est pour beaucoup inconnu, relativement étrange, et il ne ressemble en rien à ce que se passe outre-atlantique. Chavez ce n’est pas non plus superman, mais à chaque scrutin démocratique ses positions se sont renforcées. Il tisse depuis des années des objectifs visant à sortir son pays de la dépendance extérieure. Ces dernières années, il a dû contourner une administration publique quasi inerte ou en état d’insurrection. Il a su déjouer quelques tentatives visant à le renverser malgré sa légitimité. Cet esprit de résistance à un ordre monolithique du monde est à souligner. Il est un légitime héritier de cette résistance à l’oppression. L’Amérique Latine trouve en lui un ressourcement de ce qui fut à l’origine le combat singulier de Simon Bolivar.

Chavez reprend en partie ce qui fut le combat politique du Libertador. L’analyse et les vœux politiques de Bolivar laissent encore pour devenir l’idée d’une patrie réunissant les anciennes colonies espagnoles. Bien sûr, les configurations historiques ne sont plus identiques, mais l’héritage politique de Bolivar est une source importante pour comprendre certains défis d’Hugo Chavez. On le veut nationaliste, il aspire à une entité plus large, tout comme Victor Hugo fut pour les Etats-Unis d’Europe. Notre Hugo vénézuélien aspire à une « patrie » large et commune à l’ensemble des latinos américains. Il a en particulier constitué l’ALBA (6) et aspire à une Banque du Sud. On le veut populiste, il préconise que chacun se prenne en charge. S’il soulage la misère, il incite surtout à ce tout le monde s’émancipe et participe activement aux changements que demandera un monde sans énergie pétrolière.

Cette pensée plus fine et moins caricaturale de Chavez ne ressemble pas à ce que certains aimeraient à se faire peur. Il est vrai qu’à plusieurs milliers de kilomètres, on peut avoir un avis sur tout... ou surtout avoir un avis. Ce trublion de Chavez sur la scène mondiale est une occasion pour comprendre les changements à venir. Il en est bien fini le temps du stalinisme, et quitte à déplaire à certains, aucun goulag au Venezuela n’a été pour le moment ouvert ou identifié. Et j’attends qu’on me livre une liste de prisonniers politiques ! Si c’était le cas et si je disposais de la moindre preuve, il y a longtemps, que j’aurais pris mes distances et dénoncé les faits.

Plus je lis certaines plumes, plus ils me confortent sur l’idée du fait impérialiste. En réalité, il est temps de tourner le dos à certains héritages économiques. Il est plus question du futur avec de nouvelles entreprises, plus d’universités, de rames de métro ou de lignes ferroviaires pour développer le Venezuela, que de voir fleurir un nouveau régime dictatorial. Du très banal, mais qui ne peut qu’aider à ce que le Venezuela devienne moins dépendant des aléas des marchés mondiaux. Chavez n’est pas l’ennemi du commerce, il n’y a pas de soviétisation du système économique. Nous sommes même en deçà des nationalisations effectuées en 1981 en France.

Il faut arrêter de crier au grand méchant Chavez. Oui, il tranche, c’est certain et il marque une ligne de fracture avec une certaine bonne conscience. Peut-on soutenir Chavez sans être pour être autant chaviste? Oui, c’est possible, si l’on cherche vraiment à comprendre la nature de ses pensées. Comme il est amené à prendre la parole régulièrement, il met à la connaissance de tous, tous les enjeux, et il ouvre régulièrement des débats riches au sein de la société vénézuélienne et pas seulement. Il a récemment donné une explication fort étonnante sur les cartes et la géographie, digne d’un professeur d’université ou dans la continuité d’un certain Élisée Reclus. Cet homme est cultivé et aime la paix. Ce trait-là va à l’encontre de thèses qui voient en lui l’ami des dictateurs. Il choisit en faveur des intérêts de sa nation comme le font tous les chefs d’États sur cette planète. Même si ses relations avec L’Iran sont mal perçues et contestables (7), il œuvre plus au silence des armes qu’à leur utilisation.

Chavez est tout sauf une menace, il ne ressemble pas vraiment dans les faits à ce que je puis lire sous certaines plumes. La question n’est pas de lui trouver toutes les qualités. Je me méfie tout autant des groupies chavistes. J’aimerai parfois à ne pas avoir à m’indigner devant tant d’insignifiance, mais comment ne pas cacher sa colère, à lire régulièrement des articles et des analyses trompeuses? Heureusement, je ne suis pas le seul face à cette littérature nauséabonde. Il existe d’autres approches complémentaires et en des sensibilités très diverses. Internet permet tant bien que mal de réduire le fossé, de faire rempart aux rumeurs journalistiques si besoin est.


Notes :

(1) Le Venezuela en voie de militarisation, Paulo A. Paranagua
Le Monde, le 03.09.07  http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-950596,0.html

Les réactions à l’article :
http://www.lemonde.fr/web/article/reactions/0,1-0@2-3232,36-950596,0.html

(2) Hugo Chavez… gay? Arnaud Gallay
360 degrés, le 11.09.2007  http://www.360.ch/presse/news/2007/09/003887.php

(3) 2 articles concernant le pseudo antisémitisme de Chavez de janvier 2006

- Nous sommes tous juifs et vénézuéliens !
- « Le credo vichyste du journalisme franco-vénézuélien»


Lire sur le site : http://lionel.mesnard.free.fr/le%20site/Infos-Amerique-Latine2006.html


(4)  Le bloc-notes de Bernard-Henri Lévy : Attention Chavez
Le Point, 06/09/2007 (http://www.lepoint.fr/content/debats/article?id=199547)

(5) La Colombie selon Bernard-Henri Lévy, par Maurice Lemoine
Le Monde Diplomatique, année 2001 http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/ameriquelatine/tintin

Les maux de tête de Carlos Castaño
Le Monde, le 01.06.2001
http://www.homme-moderne.org/kroniks/blabla/mlemoine/0,6063,190707,00.html


(6) Alliance Bolivarienne des Amériques.

(7) Les faux amis du Venezuela par Benito Perez
Le Courrier, le 04 Juillet 2007
http://www.lecourrier.ch/index.php?name=NewsPaper&file=article&sid=436930&layout=article,latruite




Discours
d’Evo Morales
à l’ONU


Président de la République de Bolivie,

le 25 septembre 2007


"Sœurs, frères Présidents et chefs d’Etat des nations Unies : le monde est saisi de la fièvre du changement climatique et la maladie se nomme le modèle de développement capitaliste. Tandis que en 10.000 années l’augmentation du dioxyde de Carbone (CO2) sur la planète a été approximativement de 10%, dans les derniers 200 dernières années de développement industriel, la croissance des émissions de carbone a été de 30%. Depuis 1860, l’Europe et le nord de l’Amérique contribuent à 70% des émissions de CO2. 2005 a été l’année la plus chaude du dernier millenaire planétaire.

Différentes recherches démontrent que sur les 40.170 espèces vivantes recensées, 16.119 sont menacées d’extinction. Un oiseau sur huit peut disparaître pour toujours. Un mamifère sur quatre est menacé. Un amphibie sur trois peut cesser d’exister. Huit crustacés sur dix et trois insectes sur quatre sont en risque d’extinction. Nous vivons la sixième crise d’(extinction des espèces vivantes dans l’histoire de la planète terre, le rythme d’extinction est cent fois plus rapide que celle des temps géologiques.

Devant ce sombre futur, les interêts des transnationale imposent de poursuivre comme si rien n’était et de peindre la machine en vert, c’est-à-dire, poursuivre avec cette croissance et ce consumérisme irrationnel et inégal générant plus et plus de profit sans se rendre compte que actuellement nous sommes en train de consommer en un an ce que la planète produit en un an et trois mois. Devant cette réalité, la solution ne peut être le maquillage environnemental.

Pour pallier les impacts du changement climatique je lis dans des rapports de la banque Mondiale qu’il faut en terminer avec les subventions aus hydrocarbures, payer le prix de l’eau et promouvoir les investissement privés dans les secteurs d’énergie propre. A nouveau il veulent appliquer les recettes du marché et de la privatisation pour faire des affaires même avec la maladie que ces politiques ont engendré. La même logique s’applique dans le cas des biocombustibles alors que pour produire un litre d’éthanol il faut 12 litre d’eau. De la même manière pour avoir une tonne d’agro-combustible il faut occuper un hectare de terre.

Devant cette situation, nous- les peuples indigènes et les habitants humbles et honnêtes de cette planète- nous croyons qu’est arrivé le temps de stopper pour renouer avec nos racines, avec le respect du à la mère terre, avec la Pachamama comme nous l’appelons dans les Andes. Aujourd’hui, les peuples indigènes de l’Amérique latine et du monde nous sommes en train d’être convoqués par l’histoire pour devenir l’avant-garde de la défense de la nature et de la vie.

Je suis convaincu que la déclaration des nations Unies sur les droits des peuples indigènes, approuvée récemment après tant d’années de lutte, doit passer du papier à la réalité pour que nos savoirs et notre participation nous aident à construire un nouvel avenir d’espérance pour tous. On ne saurait se passer des peuples indigènes pour que s’opèrele virage de l’humanité pour la préservation de la nature, des ressources naturelles que nous utilisons d’une manière ancestrale. Nous avons besoin d’un coup fort de gouvernail, fondamental et à un niveau mondial pour arrêter d’être les condamnés de la terre. Les pays du Nord doivent réduire leurs émissions de carbone entre 60 et 80 % si nous voulons éviter que la température croisse de plus de 2 grades prévus que le réchauffement global atteigne des proportions catastrophiques pour la vie et la nature.

Nous devons créer une Organisation mondiale du milieu ambiant avec un pouvoir inaliénable, et discipliner l’organisation mondiale du Commerce nous engageant sur la voie de la barbarie. Il n’est pas possible de parler de croissance de produit Brut national sans prise en compte de la destruction et l’épuisement des ressources naturelles, Nous devons adopter un indicateur qui permette la prise en compte, d’une manière combiné, de l’indice du Développement humain et de l’empreinte écologique pour mesurer notre situation médioenvironnemental.

Il faut que soient appliquées de forts impôts sur la superconcentration de la richesse et que soient adoptés des mécanismes effectifs de redistribution équitables. Il n’est pas possible que trois familles aient les revenus supérieurs au PIB réunis de 48 pays les plus pauvres. Nous ne pouvons parler d’équité et de justice social tout en perpétuant cette situation.

Les Etats Unis et l’Europe consomment, ,en moyenne, 8,4 fois plus que la moyenne mondiale. Pour eux il est necessaire de baisser le niveau de consommation et de reconnaître que tous nous sommes les hôtes d’une même terre, de la même Pacamama.

Je sais que ce n’est pas facile d’opérer changement quand une partie extrêmement puissante est invitée à renoncer à ses extraordinaires profits pour que survive la planète Terre. Dans mon propre pays, je souffre avec le front haut, ce sabotage permanent pour que soient maintenus leurs privilèges parce que nous sommes en train d’en finir avec les privilèges pour que tous nous puissions « vivre bien » et non mieux que nos semblables. Je sais que le changement dans le monde est beaucoup plus difficile que dans mon pays, mais j’ai une absolue confiance dans l’être humain, dans sa capacité de raisonner, d’apprendre de ses erreurs, de récupérer ses racines et de changer pour forger un monde juste, divers, intégrant, équilibré et harmonieux avec la nature."

Notes :

Il s’agit d’une traduction au fil de la lecture, donc très rapide et qui ne saurait servir de référence, j’ai privilégié le sens plutôt que le mot à mot mais il m’a semblé essentiel de vous faire connaître ce texte, les idées, comment placer la justice sociale au coeur de la sauvegarde de la vie de tous, c’est si loin des folies françaises actuelles. 

Source : solidaridad@evonobel2007.org  
Campaña Internacional “EVO MORALES PREMIO NOBEL DE LA PAZ 2007




Paroles d’un touriste
cubain
à Paris



Francisco Valiero,
le 10/09/2007





Je m’appelle  Francisco Valiero, j’ai 25 ans. Je suis né dans un pays dit révolutionnaire, que le président des Etats-Unis a classé dans "l’axe du mal", comme il dit. Je n’ai jamais compris pourquoi : Personne dans mon pays ne veut du mal à qui que ce soit, et personne ne comprend pourquoi nous sommes montrés du doigt de la sorte.

Je suis né à Cuba.

Un endroit « particulier » paraît-il. « Communiste » m’a t’on reproché dernièrement, à Paris Oui, communiste, voir même marxiste-léniniste en particulier, mais je voudrais vous rassurer, ce n’est en aucun cas une maladie. Au pire une discipline un peu rigide, au mieux, un sens moral aigu et une solidarité naturelle que l’on m’a appris dès mon plus jeune âge, et qui maintenant me vaut d’être invité et choyé dans nombre de soirée latino pour lesquelles je déborde de sollicitation. Si chez vous, beaucoup disent du mal de mon pays, les sud-américains ne s’y trompent pas. J’étais comme une sorte de «star» dans le Paris-latino.

J’ai l’impression que les cubains sont à la mode chez vous. J’ai eu l’impression d’être à la mode. Je suis au regret de vous dire que l’inverse n’est pas réciproque, car lorsque vous venez chez nous, beaucoup d’entre vous se comporte mal et manque de respect.

Je dis « à Paris » car je suis actuellement en France, mais par ce texte, je vous dis merci et au revoir.

Il y a bientôt 7 mois, ma soeur qui est établie tout près de la capitale de la France m’a proposé de venir lui rendre visite parce que je lui manquait. Elle aussi me manquait car notre famille est plus importante que tout. Elle fit tous les papiers nécessaires, l’administration cubaine ne fit pas de problème, juste un peu lourde sur la procédure en regard des déplacements induits par ses demandes, mais le plus incroyable restant les papiers sollicités par l’ambassade de France à La Havane.

Nous sommes originaires d’un petit village de pêcheurs à l’ouest de Santa-Clara, et j’ai du me déplacer à d’innombrables reprises pour amener d’innombrables papiers, tantôt censé tantôt incompréhensible. Mais surtout, j’ai dû affronter le regard des fonctionnaires consulaires Français qui me jaugeaient tel un pirate le couteau entre les dents. Je ne demandai rien à personne au final, seulement une autorisation administrative française me permettant de rendre visite à ma soeur, aide-soignante dans un grand hôpital parisien.

Je n’arrivais pas en France dans l’esprit d’émigrer, même si cela m’a effleuré. Enfin, c’est surtout ma soeur qui à collectionné le plus de problème. Il aura fallu qu’elle me déclare comme un animal vacciné, pris en charge économiquement, pour qu’on lui donne l’autorisation de me recevoir chez elle. J’aimerais savoir si telle chose est arrivé à un seul français qui s’est rendu à Cuba.

J’arrivai enfin en France, vers ma soeur et mon beau-frère, un français originaire de la Bretagne.
La France. Je ne connais personne qui n’en rêve pas chez moi. Le pays d’une Révolution, celui de l’art de vivre et des Droits De l’Homme, celui d’un peuple rebelle et fier, celui du siècle des lumières, de ses intellectuels, de ses grands Hommes et de ses artistes. L’histoire de France que l’on apprend dans nos écoles cubaines dès le plus jeune âge. Il y a même une Tour Eiffel dans mon village car il y eut un carnaval avec comme thème Paris.

Le soir de mon arrivée, ma soeur et mon beau-frère travaillant le lendemain me donnèrent quelques consignes pour mes prochaines journées. Et un peu d’argent aussi, une fortune en réalité, pas moins de 50 Euros ! C’est ainsi que le lendemain, je me suis levé très tôt, avide de découvrir ce que nombre de publicités, légendes ou rumeurs m’avaient assoiffées de découvertes. Et c’est la que je fit la constatation de ma première surprise : A quelques mètres de la porte d’entrée de l’immeuble, un homme visiblement dans un mauvais état, était allongé par terre, dans la rue. Personne ne semblait l’avoir vu, alors je tentai d’alerter les passants, dans ma langue.

Un véhicule de Police arriva, puis un autre véhicule rouge, apparemment les secours. Ils le prirent en charge, et comme personne ne me comprenaient, j’ai continué mon chemin. 50 mètres plus loin, ils étaient 6 à être étalé par terre avec des chiens et probablement des bouteilles d’alcool. Personnes ne les voyaient, comme des meubles usés. Je restai interdit par ces constatations, interloqué et surpris. Peut-être que certains français aimaient vivre comme cela. Je n’avais pas de repaire, cela n’existait pas chez moi.

C’est ainsi que je me promenais toute la journée jusqu’au soir, ne me privant pas de dépenser les 50 Euros, notamment dans un Mac Donald où somme toute, je trouvai une nourriture abondante et consistante mais sans goûts appréciables, plutôt bourrative. Et surtout malgré l’incroyable beauté de Paris, je vis partout des gens qui mendiaient, l’air mourant dans les rues de France, tandis que l’ensemble passait son temps collé au téléphone portable. Et quand je demande maladroitement mon chemin, c’est à peine si l’on me répond. Quelle curieuse organisation sociale.

Je me suis longuement promené dans un grand magasin qui vendait de tout, au point qu’un homme noir très costaud m’a suivi dans les allées. J’ai été profondément choqué par une chose : J’ai observé une très longue travée garnie de nourriture pour les animaux, et aussi de tas de choses pour leur confort, même des jouets !

Dès que j’ai revu ma soeur, je lui fis part de ces observations pour le moins incroyable, incongrue et hors d’imagination pour un simple citoyen Cubain comme moi. Elle tenta de m’expliquer, mais tout cela me dépassait et j’avais la migraine, une forte migraine due à ce décalage, à l’air respiré et à ce tourbillon « d’hallucinations ».

Le lendemain, je repartais en m’étant promis de ne plus faire attention aux « dormeurs des rues », seulement voilà, je fus confronté à une autre particularité : Partout dans l’avenue, sur le trottoir, des gens paraissaient déménager : Des meubles, de l’électroménager, des jouets, des vêtements étaient entassés sur les trottoirs. Des tas, d’objets se trouvaient là, à même la rue. Puis je vis des gens se servir, shooter dedans, des chiens pissaient sur ces tas d’objets. Ce jour-là, plutôt que de me rendre ridicule comme la veille, je m’assis sur un banc puis j’observais : En fait, ces objets partaient pour les ordures. Des utilitaires de la maison qui paraissaient neuf étaient jetés là, comme si, ils étaient hors d’usage. Chez nous, cela n’existe pas, nous réparons les choses en panne ou dégradé. Je n’ai toujours pas assimilé une telle opulence permettant cela. Les trois quarts de ces objets auraient été un luxe inouï dans n’importe quelle famille cubaine.

Les jours suivants, je restais enfermé à vider le réfrigérateur de toutes ses saveurs colorées, mélangeant le fromage et les glaces aux goûts inconnus. Mangeant le jambon à pleines mains et faisant bouillir quelques morceaux de viandes enroulés de gras que j’arrosai abondamment de citron après cuisson. Je ne compris rien au fonctionnement de l’ordinateur, mais j’appris vite à manier la télécommande de la télévision. La langue française est compliqué à comprendre mais pas hors de porté pour un hispanique, et je voulu vite savoir ce que l’on racontait ici. De toutes façons, malgré la profusion de chaînes internationales, je n’avais pas trouvé de « telenovelas » (NDT : feuilleton typique sud-américain) même sur les chaînes espagnoles.

Je suis arrivé chez vous en pleine période d’élection présidentielle. Vous étiez tous affairés à élire un président pour la France. Comme je ne comprenais rien, j’ai décrété que la femme était bien plus jolie que le petit homme. En plus, j’ai compris qu’elle était socialiste. Mais elle a perdu, cependant, la France s’est exprimé et le peuple semblait satisfait de l’arrivée du petit homme nerveux, plein de tics. Je me demandais s’il allait être ami avec nous les cubains.

Par la suite, ma soeur m’a présenté ses amis sud-américains, vu que je l’/m’emmerdais chez elle, et que je passais mon temps à vider le réfrigérateur. Alors je suis parti avec ses amis dans des boîtes de nuits de Paris. J’ai rencontré beaucoup de gens, d’ici et de partout. Gêné parce que comprenant qu’ont me présentait comme un cubain de Cuba. Comme si un Cubain pouvait venir d’un autre pays. Parfois ses amis latinos m’exhibaient comme un authentique produit de « là-bas », parfois comme un «pauvre» qui découvrait la vraie vie, tout le temps comme un faire-valoir faisant l’objet des attentions. Ce n’est pas facile à vivre.

J’ai rencontré des gens bizarres dans votre capitale. Bonjour le soir, je t’ignore le lendemain. Et puis aussi « je te prends pour pauvre et con », comme celui qui m’a fait travailler une semaine dans son restaurant cubain, dans le quartier du Marais. Qui au final me payait avec mes pourboires, mais qui par contre vendait les cigares de mon pays à 15 euros pièces, d’un mauvais tabac très sec que nous ne voudrions même pas pour nos bêtes.

Autres rencontres que celles qui m’ont conseillée de me déclarer comme « réfugié politique » avec tous les avantages sociaux à la clé. Les mêmes à qui j’ai expliqué que ma soeur avait dû payer une fortune lorsque je fus victime d’une rage de dent, alors que chez moi, il faudrait vraiment un accident pour en arriver là. Et pourquoi réfugié, et pourquoi politique? Ni réfugié, ni politique, je n’étais qu’un simple touriste cubain. Une femme m’a même proposé un mariage pour que je reste en France, mais je lui ai répondu que j’étais déjà marié et que je ne voulais pas rester en France. Je crois que je l’ai vexé.
J’ai vu des compatriotes flamboyants le soir, tantôt danseurs, tantôt amants de femmes hors d’âge, rentrés dans leurs chambres minuscules et sans toilettes, mais qui pourtant revendiquaient l’oeil triste, l’art de vivre d’une grande capitale européenne : Paris.

J’en ai rencontré d’autres qui m’ont expliqué le « paradis », et qui n’avaient qu’une chose dans leurs yeux : Cuba. Ceux-là, je ne les voyais pas dans les endroit « à la mode », ils travaillaient dans un seul but, rentrer chez nous.

On m’a également fait rencontré beaucoup de français se disant solidaire avec Cuba, mais cette solidarité ne s’exprimait qu’après beaucoup de Mojito, et n’avait que peu de consistance passé la soirée. C’est ainsi que je découvris en France une curieuse conception du communisme accompagné de drapeaux à l’effigie du Che.

Durant toutes ces semaines, j’ai regardé la télévision tous les jours, la télévision française. Et tous les jours je voyais votre petit président, qui selon ce que j’ai compris, à passé ses premières vacances avec le président Bush. Autant nous n’avons pas de si nombreux canaux télévisuels que vous, autant Fidel ne se permettrait pas d’apparaître aussi souvent et pour ce que j’en ai compris, pour n’importe quoi en n’importe quelle occasion.

Il y aurait tant à dire sur votre société, et tant sur la mienne, mais je suis au regret de vous faire remarquer que vous avez abdiqué face à la justice. Chez vous, des milliers de gens mendient sur vos trottoirs, alors que j’ai vu des cortèges de voitures à 1 million de dollars.

Chers amis français, vous m’avez accueilli avec beaucoup de sentiments bienveillant, parfois mitigé ou compatissant, mais il vous faut comprendre qu’un cubain qui vient visiter votre incroyable pays n’est pas qu’un pauvre bougre en demande. Et lorsque vous venez chez nous, rappelez vous une seule chose : Pour nous, tout est gratuit : La santé, l’éducation, le sport, la culture, et il y a moins d’analphabètes dans notre pays que dans le vôtre, nous ne sommes pas riches comme vous, mais dans mon pays, les humains ne décorent pas les chaussés des villes. Je suis fier d’être né à Cuba, et jamais je n’échangerai ma « misère » comme on me l’a souvent souligné, contre votre « opulence » de façade. Le jour où vous vous battrez pour l’essentiel pour tous, alors vous serez cubain, et sachez que notre main sera toujours tendue.

Je ne sais pas si je raconterai tout ça à mes amis dans mon village, je pense qu’ils ne me croiront pas.

                                        Je reviendrais vous voir.

Source : Traduction pour CSP : Sierramaestra




Elle s’appelle Guevara… Aleida Guevara



Marie-José Sirach, 16 septembre 2007

La fille du Che a évoqué la pensée de son père qui irrigue encore l’esprit de tous ceux qui combattent les injustices. Elle était là, à la tribune de l’espace débats du village du monde. Qui, pour le coup, grouillait d’encore plus de monde. Et puis, soudain, elle n’est plus là. Perdue de vue. Où est-elle donc ? Elle, Aleida Guevara, la fille du Che… Où a bien pu passer l’invitée d’honneur de la fête de l’Huma édition 2007 qui célèbre en grand le quarantième anniversaire de la mort du Che ? Au stand de Cuba, m’indique-t-on le plus sérieusement. Mais au stand de Cuba, personne… Peut-être a-t-elle été accaparée par l’ambassadeur de Cuba ? Peut-être s’est-elle faufilée en douce quelque part dans la Fête, histoire de se mettre au vert ?

Retour à l’espace débats. Sa place à la tribune reste désespérément vide. Puis, soudain, elle est là, au milieu de l’assistance, assise aux côtés de deux dames du premier rang. Elles se tiennent la main affectueusement : trois vieilles copines qui se retrouvent à la Fête de l’Huma. Sauf que l’une d’entre elles, c’est la fille d’un demi-dieu, d’une icône dont la belle gueule trône sur des posters, des cartes postales, des tee-shirts, reproduite à l’infini. Les flashes des appareils crépitent, les portables se tendent,
Aleida Guevara ne refusera pas une seule fois une photo, un autographe, des fleurs, un tableau…

Elle a débarqué à la fête avec trois heures de retard sur l’horaire prévu, les traits tirés mais avec un sourire qui dit à l’évidence son plaisir d’être là, parmi une foule amicale qui ne cesse de lui témoigner son affection. « C’est très difficile de parler du Che. J’ai eu le privilège de vivre, trop peu, avec mon père. Mais ma mère l’aimait passionnément et nous a appris à l’aimer, de sorte qu’il a été très présent dans nos vies. À seize ans, je me suis demandée pourquoi il fallait que j’aime mon père. L’amour n’est pas inné, et celui que l’on éprouve à l’égard de ses parents n’a rien d’évident. Alors j’ai pensé qu’il fallait que j’apprenne à l’aimer par moi-même, et j’ai lu ses écrits, tous ses écrits. J’y ai découvert un homme d’une grande sensibilité humaine, capable de réagir à toutes les injustices. » Ce père, cette figure du père, elle a dû la partager avec tout un peuple, et ça fait pas mal de monde.

Du plus loin qu’elle se souvienne, elle a toujours dû partager son père avec les autres. À l’école, ses camarades de classe la mettaient au défi de prouver son identité. Aujourd’hui, elle évoque ces anecdotes en souriant. Elle a fait médecine - comme son père, serait-on tenté d’écrire. Pédiatre dans un hôpital de la Havane, elle exerce son métier avec la même passion que son père, qui la conduit à aimer et soigner son prochain.

À la tribune, elle parle doucement mais fermement. Elle n’hésite pas à évoquer, sans filet, la situation politique du monde depuis cette île symbole qui tient tête au voisin américain. Mais elle se garde d’avoir une opinion sur tout : « Mon père a vécu huit mois au Congo pour comprendre et analyser cette région du monde. » Aleida émaille ses propos de vers extraits de milongas, ces mélopées argentines truffées de bon sens populaire : « Las penas son nuestras / las vaquitas son ajenas » (« à nous la misère, à eux la richesse »).

Elle semble connaître sur le bout des doigts les aventures de Mafalda, cette héroïne enragée célèbre dans le monde entier grâce au trait et à l’humour féroce de son auteur, Quino. L’Argentine, forcément, c’est un peu sa deuxième patrie. Les camarades argentins parviendront même à l’inviter à leur stand.

Elle en repartira, un casse-croûte à la viande entre les mains, après moult accolades au milieu d’une épaisse fumée provoquée par « el asado ». Le refrain d’une autre milonga lui revient en mémoire : « Si je meurs / ne pleure pas pour moi / poursuis ce que je faisais / et je continuerais à vivre en toi… » Elle parle de son père, le cite rarement dans le texte mais avoue lire et relire ses écrits. Elle estime que « l’important n’est pas de qui on est l’enfant, l’important est d’être utile à son peuple ».

Elle a terminé ce petit happening improvisé au stand de Cuba avec cette certitude qui lui colle au coeur et au corps : « Quarante ans après, le Che est toujours vivant ! » Ou bien serait-ce les raisons qui l’ont fait un jour se lever qui n’ont pas fini de tourmenter l’humanité ?


Source :
http://www.humanite.fr/fete-article.html?id_article=858682




Chávez, Uribe
et la
parapolitique colombienne



Sébastien Brulez, le 30 août 2007


Ces dernières semaines, le président Chávez a fait irruption sur la scène internationale avec un thème qu’il avait jusqu’à présent très peu abordé, voire même franchement évité : le conflit colombien.

Il faut dire que le terrain est politiquement miné et que la moindre déclaration sur ce sujet pouvait lui valoir rapidement le qualificatif de "soutien au terrorisme", tant de la part de Bogota comme de Washington qui l’a déjà accusé d’être un allié des FARC.

Les médias européens se focalisent principalement sur l’Irak, l’Afghanistan et le Proche-Orient, laissant de côté de nombreux conflits dans le monde. Alors que ces guerres n’ont souvent d’"internes" que le nom. Le conflit colombien est de celles-là.

Ce pays sud-américain vit une véritable guerre civile depuis près de 50 ans. Mis à part les principaux groupes armés que sont les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, 17 000 hommes), l’Armée de Libération nationale (ELN, environ 5 000 hommes) et les paramilitaires des Autodéfenses unies de Colombie (AUC, environ 13 000 hommes), la répression de l’Etat est féroce et des centaines de syndicalistes y sont assassinés chaque année (2 400 morts et disparus depuis 1991) (1).

Près d’un tiers du Congrès colombien est contrôlé par les paramilitaires. Dernièrement, plusieurs sénateurs ont été détenus par la justice pour relations étroites avec le paramilitarisme. La ministre des Relations extérieures avait démissionné en février dernier dans le cadre de la même affaire qui est désormais connue comme le "scandale de la parapolitique", dans lequel Uribe lui-même est soupçonné d’avoir baigné.

Les négociations entre le gouvernement et les FARC, principal groupe insurgé du pays, ont jusqu’à présent échoué. Alors que par ailleurs, des accords ont été conclus avec les paramilitaires et plusieurs centaines d’entre eux ont été "réhabilités" dans la vie civile.

Les atouts de Chávez


C’est donc dans ces conditions que le Comandante fait sont apparition dans le jeu de quilles. Fin juillet, la sénatrice colombienne Piedad Córdoba, avait appelé à plusieurs reprises le mandataire vénézuélien à s’impliquer dans la résolution du conflit et dans un échange de prisonniers entre le gouvernement et les FARC.

Selon la députée, alors de passage à Caracas, le Venezuela pourrait jouer un rôle décisif dans les négociations en vue d’un accord humanitaire (2). "Non seulement pour la proximité géographique mais également pour la crédibilité et le soutien dont jouit le gouvernement vénézuélien auprès d’un large secteur de la population colombienne" affirmait-elle.

Un autre élément est également à prendre en compte et ce n’est un secret pour personne, le président Chávez bénéficie d’une certaine sympathie des FARC qui partagent son idéal bolivarien.

Dans son édition de ce mardi, le journal d’opposition vénézuélien, El Nacional, cite d’ailleurs une phrase de Raúl Reyes, responsable international des FARC, qui qualifie le président Chávez de "leader de grande importance sur le continent".

Après avoir rencontré les familles des détenus, dont la mère d’Ingrid Bétancourt à Caracas, Hugo Chávez s’est entretenu durant plus de six heures, ce vendredi 31 août, avec son homologue colombien à Bogota.

Il compte également se réunir avec les familles des guérilleros détenus par l’Etat colombien et essaie maintenant d’obtenir une rencontre avec un représentant des FARC.

Dans le même article, El Nacional signale que Manuel Marulanda (alias Tirofijo), le plus haut dirigeant des FARC, pourrait accepter prochainement une rencontre au Palais présidentiel de Miraflores, à Caracas.

Plan Colombie et autres infiltrations


Quand je dis que le sujet est politiquement miné, la métaphore n’est pas de trop. Le Plan Colombie promu par Washington avec l’argument de lutter contre le trafic de drogue, ouvre une porte d’accès de plus de 2000 kilomètres sur le Venezuela (la taille de la frontière partagée entre les deux pays). Les incursions de paramilitaires y sont d’ailleurs fréquentes (3).

En mai 2004, 120 paramilitaires colombiens ont été capturés dans une propriété de El Hatillo, à une vingtaine de kilomètres de Caracas. Ils s’y entraînaient pour mener des actions violentes vêtus d’uniformes de l’armée vénézuélienne, dans le but de déstabiliser le pays et de faire tomber le gouvernement de Hugo Chávez.

Le premier septembre 2007, le Comandante en a gracié 41 d’entre eux et les a remis aux mains du gouvernement colombien. Cela peut s’interpréter comme un geste de bonne foi envers Alvaro Uribe, même si on peut douter du bien fondé de cette décision (4).

Selon l’agence de presse EFE, le ministre vénézuélien de la Défense, Gustavo Rangel, aurait confirmé cette idée en déclarant, lors de la remise des prisonniers à la Consule colombienne, que ce geste faisait partie des efforts de Chávez pour arriver à un échange de détenus entre le gouvernement Uribe et la guérilla des FARC.

Plus récemment, en juillet, les corps de deux militaires ont été retrouvés dans l’Etat de Zulia. D’après l’ex vice-président vénézuélien, José Vicente Rangel, il s’agissait de deux membres des services secrets colombiens, appartenant à la division de Santa Marta.

Sur l’un d’entre eux, une clé USB a été retrouvée. Elle contenait les noms, adresses et photos des députés vénézuéliens membres du Parlement latino-américain (Parlatino). Que faisaient ces deux hommes en dehors de leurs frontières et dans quel but détenaient-ils ces informations ? L’affaire n’a toujours pas été éclaircie.

Lors d’une réunion avec les membres du Parlatino, José Vicente Rangel a d’ailleurs estimé qu’il "existe une dangereuse tendance à la banalisation de la part du Venezuela. Et cela a empêché l’approfondissement des enquêtes sur ce genre de faits". Il a également alerté sur l’infiltration de membres des services de renseignements colombiens dans le pays.

Le 2 septembre, le même José Vicente Rangel a évoqué, lors de son programme dominical sur la chaîne privée Televen, la possible installation d’une nouvelle base militaire nord-américaine en Colombie. Elle serait censée remplacer l’actuelle base de Manta, en Equateur, qui sert de plate-forme de déploiement aux unités du Commando Sud (Southcom).

L’accord entre les Etats-Unis et l’Equateur prend fin en 2009 et le président Rafael Correa a déjà annoncé qu’il ne le renouvellerait pas. L’armée US cherche donc un nouveau point de chute pour ses soldats, l’occasion est rêvée pour se rapprocher du Venezuela (5).

Selon les affirmations de José Vicente Rangel, des patrouilles mixtes de militaires colombiens et étasuniens sillonneraient le secteur de Santa Rosa, dans le sud du département Bolívar, zone limitrophe avec le département d’Antioquia, afin d’étudier la capacité opérationnelle de la zone pour l’installation de cette nouvelle base.

Bref, si on ne peut que se féliciter de l’effort déployé (enfin diront certains) par le président Chávez pour arriver à un accord humanitaire entre les différentes parties, il ne faut cependant pas oublier la menace que fait peser l’ingérence nord-américaine dans la région, tant à travers le paramilitarisme que par l’intermédiaire de l’armée régulière colombienne et du Plan Colombie.

Il est clair que pour Chávez, aboutir à un accord entre les deux parties constituerait une victoire politique et diplomatique de taille au niveau international.

D’un point de vue interne également, les vénézuéliens et surtout ceux vivant dans la zone frontalière verraient d’un très bon œil l’apaisement du conflit voisin. Il en va de même pour les réfugiés colombiens présents au Venezuela.

Début août, le député José Albornoz rappelait d’ailleurs que le Venezuela compte environ quatre millions de colombiens vivant dans le pays (sur une population de 26 millions de vénézuéliens!).

"Quatre millions de colombiens qui travaillent sur notre territoire, qui sont nos voisins, qui partagent des amitiés avec nombre d’entre nous. La paix de la Colombie est la paix du Venezuela" soulignait-il.

Ah! Comme on aimerait entendre parler de la sorte nos dirigeants européens à propos de l’immigration…


Notes :

(1) Lire aussi : (B.) Pérez, "Ces syndicalistes assassinés qui hantent les transnationales", RISAL, juillet 2007.

(2) On parle pour l’instant de la libération de 400 à 500 guérilleros contre 47 personnes retenues par les FARC. Le journal Últimas Noticias précisait dans son édition du samedi 1er septembre : "10 civils dont l’ex sénatrice Ingrid Bétancourt, 3 collaborateurs étasuniens du Plan Colombie et 34 policiers et militaires capturés au combat".

(3) Lire aussi : (H.) Calvo Ospina, "Aux frontières du Plan Colombie", Le Monde diplomatique, février 2005.

(4) Du moins d’un point de vue éthique. Car si on l’analyse d’un point de vue tactique on peut en conclure que c’est bien joué, même si ça peut d’un moment à l’autre se retourner contre lui.

(5) A propos des bases militaires étasuniennes sur le continent, consulter l’infographie sur le site de TeleSur (en espagnol) : Bases militares de EE.UU. en Latinoamérica

Source : Blog La voix du sud



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