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1 - Chavez est-il responsable du réchauffement climatique?
2 - Discours d’Evo Morales à l’ONU.
3 - Paroles d’un touriste cubain à Paris, par Francisco Valiero
4 - Elle s’appelle Guevara… Aleida Guevara, par Marie-José Sirach
5 - Chávez, Uribe et la parapolitique colombienne, par Sébastien Brulez
| Amérique
Latine Archives des articles 2007
Sommaire
: 3ème partie
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Hugo Chavez est-il responsable du
réchauffement climatique?
Ou les contes
à dormir debout de
la presse…
Lionel Mesnard, le
29 septembre
2007
Ci contre : "Que pensez-vous de ce qui
va devenir de
l'Amérique Latine à la fin du siècle ? Ben... Je ne sais pas
comment je vais arriver
à la fin du mois" |
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Je
peux lire au sujet du Venezuela et de son président des
attaques
qui ont souvent pour objet de rabâcher la même
chose, tel
un objet de propagande de bas niveau. Le plus troublant est de trouver
un même type de vocabulaire d’un article
à
l’autre. Il y a comme une voix commune à tous nos
auteurs,
qui d’articles en articles annoncent le pire concernant le
Venezuela. Pour exemple de constance, l’hebdomadaire
l’Express depuis 1999 est abonné à
cette imminence
du pire, il suffit de jeter une œil sur internet dans ses
archives pour s’en rendre compte.
J’ai
été très intrigué par un
mot usité
récemment par un journaliste du Monde, ou il fait part de la
formation de « snippers » au Venezuela, qui aurait
lieu
dans le cadre d’un processus de militarisation (1). Je
m’interrogeais, il y a peu sur certains
«snippers» de
la presse écrite française, mais voilà
qu’il
me pique ce mot… Et je ne pouvais soupçonner,
qu’un
tel anglicisme pu servir à un article d’un si
prestigieux
journal francophone… Trêve de plaisanterie,
Monsieur
Paranagua s’est surpassé au point que sur le site
du Monde
sous l’article incriminé, des lecteurs
s’indignent
de l’outrance de ses propos.
Dans
l’usage du faux, manifestement la dernière
tentative est
à la fois drôle et
révélatrice. «Il
est gay, quoique toujours dans le placard» (2). Il ne
m’était pas venu à l’esprit
d’envisager
l’homosexualité cachée d’Hugo
Chavez, mais
ses opposants une fois de plus sont prêts à
utiliser
n’importe quel stratagème pour le travestir... Par
ailleurs,
les insultes racistes, ou les appels réguliers au meurtre
sur sa
personne, nous laissent une idée sur la folie
d’une partie
de son opposition. À ce petit jeu, Hugo Chavez est aussi
responsable du réchauffement climatique...
Plus
le mensonge est gros, plus il passe, c’est une
stratégie
éprouvée qu’usa en son temps la
propagande fasciste
ou stalinienne en Europe. Petit bémol, le
décryptage des
médias a évolué depuis, il permet de
comprendre
sans difficulté les manipulations et prouver les
malversations.
Sur le compte du président
vénézuélien,
beaucoup de mensonges ont circulé, en particulier son
antisémitisme présumé. Deux articles
ont
récemment cherché à nous resservir la
même
soupe, et prouvent une certaine obstination dix-huit mois
après,
une affaire s’étant avérée
plutôt
encombrante au sein de la rédaction du journal
Libération
(3).
Nous
avons atteint un niveau de ridicule auquel notre hasardeux Bernard
Henri Lévy n’a pu résister (4). Un
condensé
de bourdes, à vrai dire ce qu’il a pu lire sous
certaines
plumes bien connues des initiés de la question «
Chavez
» et de la presse écrite en France. Il y a de quoi
se
demander jusqu’où peut-on justifier
l’injustifiable
ignorance, ou l’amplification de certains mensonges ? Que BHL
écrive toute une série d’affirmation
manifestement
calomnieuse, c’est normal. Le plus difficile est de
comprendre ce
dédain au sujet du sort des colombiens, pour en arriver
à
se livrer de la sorte à des manipulations connues sur la
place
publique concernant Hugo Chavez, et ce au début
d’un
possible processus de paix ? Notre pauvre BHL se discrédite
sur
cette question et pour longtemps. Il avait déjà
provoqué en 2001 sur la situation de guerre en Colombie
quelques
réactions ironiques suite à un voyage sur place
et son
récit (5).
Fermons
cette parenthèse, une de plus, sauf à inviter
tous les
détracteurs de Chavez et en particulier Bernard Henri
Lévy à se rendre au Venezuela pour constater
leurs dires.
Qu’ils se rendent dans ce pays en principe menacé
par le
« grand méchant » Chavez. Où
quiconque peut y
aller sans se faire ennuyer pour ses opinions et constater comme il
l’entend la prétendue dangerosité du
régime
bolivarien. Cet homme politique fait peur à certains grands
enfants. Le président
vénézuélien est
surtout sur le coup d’un paternalisme, qui en dit long sur les
intentions des malveillants. Une perception qui m’effraie, et
n’explique rien sur des situations ô combien
complexes.
Mélange
ou amalgame, c’est la même parodie dans certaines
rédactions. Heureusement pas toutes, il existe aussi en
France
des journalistes qui font leur travail. Même au sein
d’une
rédaction, il est possible de constater des
différences
d’appréciation ou d’analyse. Il
n’y a pas une
unanimité des points de vue, et, il n’y a pas
toujours cet
aveuglement et menace en la demeure. S’il s’agit
d’une menace, rien ne démontre le passage du
Venezuela
bolivarien à un système que certains qualifient
de
totalitaire ou militariste.
Dans
cette cacophonie des points de vue, revenons-en à la raison,
le
Venezuela est pays libre et respectueux de la démocratie.
Elle
se porte bien mieux qu’avant 1998. Qui a vraiment fait part
en
France de la police politique la DISIP (équivalent de la DST
française) qui intervenait contre des opposants
vénézuéliens ? De 1969 à
1993, il est
question d’une dizaine de milliers de morts au sein de la
gauche
vénézuélienne. Il me reste
gravé en
mémoire les témoignages d’habitants
d’un
quartier populaire de Caracas sur les exactions commises de 1989
à 1991 par l’armée et la police. Hugo
Chavez,
après le coup d’État d’avril
2002 du faire le
ménage de quelques hauts responsables des Forces
Armées,
et tout particulièrement au sein de la DISIP de
fonctionnaires
agissant contre les intérêts du pays.
Élu
par 63% et pour un second mandat en décembre 2006, Hugo
Chavez,
loin des polémiques stériles a
déjà
laissé un bilan plus qu’honorable. Tout
n’a pu
être transformé, mais qui peut nier les
changements
intervenus grâce à la mise œuvre des
missions? Les
missions concernent principalement la santé,
l’éducation et la culture, l’aide au
sans logis,
l’alimentation, le logement, … Elles ont un effet
réel sur le quotidien de nombreux
vénézuéliens. Rares sont les
écrits sur le
travail important dans le domaine des infrastructures, du micro
financement, la mise en place d’activités
nouvelles et de
pointes grâce à des collaborations
internationales.
L’ouverture de sept nouvelles universités pendant
le
premier septennat, plus en 2006 une explosion de la consommation prouve
plutôt une bonne santé économique et
culturelle, et
qui n’est pas le seul fruit de l’augmentation du
pétrole. Quand, il y a encore peu
d’années des
enfants errants étaient légions à
Caracas et dans
tout le pays, la donne a depuis changé et les mineurs se
trouvent ainsi bien mieux protégés que du temps
du
«social-démocrate» Carlos
Andrès-Perez.
Il
y a surtout une volonté de changer le pays sur le long
terme, et
de favoriser l’expérimentation de nouvelles
approches
économiques, sans pour autant tourner le dos à
l’économie de marché. Chavez est loin
d’être un orthodoxe stalinien, et le jour
où les
vénézuéliens pro-chavistes se
prendront pour des
stalinistes est encore lointain. Mais c’est une de ces fables
que
peuvent se raconter de grands enfants. Si Castro est
respecté au
Venezuela, le castrisme n’y fait pas recettes, et
culturellement
les cubains passent pour trop rigides. À Caracas, certaines
convenances échappent au quotidien, et je souhaite bien du
plaisir à celui qui cherchera à militariser le
peuple
vénézuélien. C’est en soit
une mission
impossible, les valeurs de cette société ne
s’appuient pas vraiment sur l’autoritarisme. Il
existe bien
un point commun aux français et aux
vénézuéliens, c’est un
certain goût
pour la contestation.
Il
va de soit, tout n’est pas rose au pays de Chavez et par coup
de
baguette magique, il n’a pas résolu toutes les
contradictions. Son pays depuis 1989 avait sombré, cet homme
est
venu rendre espoir à un peuple pour beaucoup
ignoré. Il a
réussi, en plus, à faire connaître son
pays, quand
il en était fait part à de très rares
occasions
avant 1998. Cette volonté qui soude le président,
son
peuple et plus largement les plus
déshérités de
l’hémisphère sud fait probablement trop
désordre dans les salons parisiens. La misère est
une
donnée très relative en territoire
bobo…
Une
fois de plus, Hugo Chavez se voit accusé de vouloir
s’emparer de tous les pouvoirs, quant au contraire il est
question de redistribuer le pouvoir à la base, en direction
des
pouvoirs communaux, et aussi en activant une réduction du
temps
de travail. Il a à même abordé la
question de la
démocratie directe lors de son allocution sur «
Alopresidente » fin juillet 2007. Quand on souhaite le
présenter sous l’uniforme d’un officier,
l’on
oublie que dans la constitution française et aussi
vénézuélienne, le président
est aussi chef
des armées, et donc de fait responsable de la
sécurité et de la protection du territoire.
Pourquoi le
Venezuela n’aurait pas de doctrine militaire, surtout si elle
vise à se protéger et non à attaquer
comme
actuellement dans la doctrine française ?
Qu’avons-nous à nous occuper de questions, qui
touchent
ainsi à des choix, qui sont du ressort des
Vénézuéliens eux-mêmes
? En
l’état, le Venezuela est une menace bien ridicule
face
à une nation comme la France, qui elle vit confortablement
de
ses exportations d’armements, et va en s’enlisant
tranquillement dans le bourbier afghan.
La
prétendue menace Chavez est un long fil sur lequel on tire,
mais
il y a tant de contradictions chez nous, pour trouver ailleurs les
raisons de trouver un responsable tout désigné.
En
France, le phénomène politique est pour
beaucoup
inconnu, relativement étrange, et il ne ressemble en rien
à ce que se passe outre-atlantique. Chavez ce
n’est pas
non plus superman, mais à chaque scrutin
démocratique
ses positions se sont renforcées. Il tisse depuis des
années des objectifs visant à sortir son pays de
la
dépendance extérieure. Ces dernières
années, il a dû contourner une administration
publique
quasi inerte ou en état d’insurrection. Il a su
déjouer quelques tentatives visant à le renverser
malgré sa légitimité. Cet esprit de
résistance à un ordre monolithique du monde est
à
souligner. Il est un légitime héritier de cette
résistance à l’oppression.
L’Amérique
Latine trouve en lui un ressourcement de ce qui fut à
l’origine le combat singulier de Simon Bolivar.
Chavez
reprend en partie ce qui fut le combat politique du Libertador.
L’analyse et les vœux politiques de Bolivar
laissent encore
pour devenir l’idée d’une patrie
réunissant
les anciennes colonies espagnoles. Bien sûr, les
configurations
historiques ne sont plus identiques, mais
l’héritage
politique de Bolivar est une source importante pour comprendre certains
défis d’Hugo Chavez. On le veut nationaliste, il
aspire
à une entité plus large, tout comme Victor Hugo
fut pour
les Etats-Unis d’Europe. Notre Hugo
vénézuélien aspire à une
« patrie
» large et commune à l’ensemble des
latinos
américains. Il a en particulier constitué
l’ALBA
(6) et aspire à une Banque du Sud. On le veut populiste, il
préconise que chacun se prenne en charge. S’il
soulage la
misère, il incite surtout à ce tout le monde
s’émancipe et participe activement aux changements
que
demandera un monde sans énergie
pétrolière.
Cette
pensée plus fine et moins caricaturale de Chavez ne
ressemble
pas à ce que certains aimeraient à se faire peur.
Il est
vrai qu’à plusieurs milliers de
kilomètres, on peut
avoir un avis sur tout... ou surtout avoir un avis. Ce trublion de
Chavez sur la scène mondiale est une occasion pour
comprendre
les changements à venir. Il en est bien fini le temps du
stalinisme, et quitte à déplaire à
certains, aucun
goulag au Venezuela n’a été pour le
moment ouvert
ou identifié. Et j’attends qu’on me
livre une liste
de prisonniers politiques ! Si c’était le cas et
si je
disposais de la moindre preuve, il y a longtemps, que
j’aurais
pris mes distances et dénoncé les faits.
Plus
je lis certaines plumes, plus ils me confortent sur
l’idée
du fait impérialiste. En réalité, il
est temps de
tourner le dos à certains héritages
économiques.
Il est plus question du futur avec de nouvelles entreprises, plus
d’universités, de rames de métro ou de
lignes
ferroviaires pour développer le Venezuela, que de voir
fleurir
un nouveau régime dictatorial. Du très banal,
mais qui ne
peut qu’aider à ce que le Venezuela devienne moins
dépendant des aléas des marchés
mondiaux. Chavez
n’est pas l’ennemi du commerce, il n’y a
pas de
soviétisation du système économique.
Nous sommes
même en deçà des nationalisations
effectuées
en 1981 en France.
Il
faut arrêter de crier au grand méchant Chavez.
Oui, il
tranche, c’est certain et il marque une ligne de fracture
avec
une certaine bonne conscience. Peut-on soutenir Chavez sans
être
pour être autant chaviste? Oui, c’est possible, si
l’on cherche vraiment à comprendre la nature de
ses
pensées. Comme il est amené à prendre
la parole
régulièrement, il met à la
connaissance de tous,
tous les enjeux, et il ouvre régulièrement des
débats riches au sein de la société
vénézuélienne et pas seulement. Il a
récemment donné une explication fort
étonnante sur
les cartes et la géographie, digne d’un professeur
d’université ou dans la continuité
d’un
certain Élisée Reclus. Cet homme est
cultivé et
aime la paix. Ce trait-là va à
l’encontre de thèses
qui voient en lui l’ami des dictateurs. Il choisit en faveur
des
intérêts de sa nation comme le font tous les chefs
d’États sur cette planète.
Même si ses
relations avec L’Iran sont mal perçues et
contestables
(7), il œuvre plus au silence des armes
qu’à leur
utilisation.
Chavez
est tout sauf une menace, il ne ressemble pas vraiment dans les faits
à ce que je puis lire sous certaines plumes. La question
n’est pas de lui trouver toutes les qualités. Je
me
méfie tout autant des groupies chavistes.
J’aimerai
parfois à ne pas avoir à m’indigner
devant tant
d’insignifiance, mais comment ne pas cacher sa
colère,
à lire régulièrement des articles et
des analyses
trompeuses? Heureusement, je ne suis pas le seul face à
cette
littérature nauséabonde. Il existe
d’autres
approches complémentaires et en des sensibilités
très diverses. Internet permet tant bien que mal de
réduire le fossé, de faire rempart aux rumeurs
journalistiques si besoin est.
Notes :
(1) Le Venezuela en voie de
militarisation, Paulo A. Paranagua Le Monde, le
03.09.07 http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-950596,0.html
Les réactions
à l’article : http://www.lemonde.fr/web/article/reactions/0,1-0@2-3232,36-950596,0.html
(2) Hugo Chavez…
gay? Arnaud Gallay 360 degrés, le
11.09.2007 http://www.360.ch/presse/news/2007/09/003887.php
(3) 2 articles concernant
le pseudo antisémitisme de Chavez de janvier 2006
- Nous sommes
tous juifs et vénézuéliens ! - « Le credo vichyste du
journalisme
franco-vénézuélien»
Lire sur le
site : http://lionel.mesnard.free.fr/le%20site/Infos-Amerique-Latine2006.html
(4) Le bloc-notes de
Bernard-Henri Lévy : Attention Chavez Le Point, 06/09/2007 (http://www.lepoint.fr/content/debats/article?id=199547)
(5) La Colombie selon
Bernard-Henri Lévy, par Maurice Lemoine Le Monde Diplomatique,
année 2001 http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/ameriquelatine/tintin
Les maux de
tête de Carlos Castaño Le Monde, le 01.06.2001 http://www.homme-moderne.org/kroniks/blabla/mlemoine/0,6063,190707,00.html
(6) Alliance Bolivarienne des
Amériques.
(7) Les faux amis du
Venezuela par Benito Perez Le Courrier, le 04
Juillet 2007 http://www.lecourrier.ch/index.php?name=NewsPaper&file=article&sid=436930&layout=article,latruite
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Discours d’Evo
Morales à l’ONU
Président
de la
République de Bolivie,
le 25 septembre 2007
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"Sœurs,
frères Présidents et chefs d’Etat des
nations Unies : le monde est saisi de la fièvre du
changement climatique et la maladie se nomme le modèle de
développement capitaliste. Tandis que en 10.000
années l’augmentation du dioxyde de Carbone (CO2)
sur la planète a été approximativement
de 10%, dans les derniers 200 dernières années de
développement industriel, la croissance des
émissions de carbone a été de 30%.
Depuis 1860, l’Europe et le nord de
l’Amérique contribuent à 70% des
émissions de CO2. 2005 a été
l’année la plus chaude du dernier millenaire
planétaire.
Différentes
recherches démontrent que sur les 40.170 espèces
vivantes recensées, 16.119 sont menacées
d’extinction. Un oiseau sur huit peut disparaître
pour toujours. Un mamifère sur quatre est menacé.
Un amphibie sur trois peut cesser d’exister. Huit
crustacés sur dix et trois insectes sur quatre sont en
risque d’extinction. Nous vivons la sixième crise
d’(extinction des espèces vivantes dans
l’histoire de la planète terre, le rythme
d’extinction est cent fois plus rapide que celle des temps
géologiques.
Devant ce sombre futur, les
interêts des transnationale imposent de poursuivre comme si
rien n’était et de peindre la machine en vert,
c’est-à-dire, poursuivre avec cette croissance et
ce consumérisme irrationnel et inégal
générant plus et plus de profit sans se rendre
compte que actuellement nous sommes en train de consommer en un an ce
que la planète produit en un an et trois mois. Devant cette
réalité, la solution ne peut être le
maquillage environnemental.
Pour pallier les impacts
du changement climatique je lis dans des rapports de la banque Mondiale
qu’il faut en terminer avec les subventions aus
hydrocarbures, payer le prix de l’eau et promouvoir les
investissement privés dans les secteurs
d’énergie propre. A nouveau il veulent appliquer
les recettes du marché et de la privatisation pour faire des
affaires même avec la maladie que ces politiques ont
engendré. La même logique s’applique
dans le cas des biocombustibles alors que pour produire un litre
d’éthanol il faut 12 litre d’eau. De la
même manière pour avoir une tonne
d’agro-combustible il faut occuper un hectare de terre.
Devant
cette situation, nous- les peuples indigènes et les
habitants humbles et honnêtes de cette planète-
nous croyons qu’est arrivé le temps de stopper
pour renouer avec nos racines, avec le respect du à la
mère terre, avec la Pachamama comme nous
l’appelons dans les Andes. Aujourd’hui, les peuples
indigènes de l’Amérique latine et du
monde nous sommes en train d’être
convoqués par l’histoire pour devenir
l’avant-garde de la défense de la nature et de la
vie.
Je suis convaincu que la déclaration
des nations Unies sur les droits des peuples indigènes,
approuvée récemment après tant
d’années de lutte, doit passer du papier
à la réalité pour que nos savoirs et
notre participation nous aident à construire un nouvel
avenir d’espérance pour tous. On ne saurait se
passer des peuples indigènes pour que
s’opèrele virage de
l’humanité pour la préservation de la
nature, des ressources naturelles que nous utilisons d’une
manière ancestrale. Nous avons besoin d’un coup
fort de gouvernail, fondamental et à un niveau mondial pour
arrêter d’être les condamnés
de la terre. Les pays du Nord doivent réduire leurs
émissions de carbone entre 60 et 80 % si nous voulons
éviter que la température croisse de plus de 2
grades prévus que le réchauffement global
atteigne des proportions catastrophiques pour la vie et la nature.
Nous
devons créer une Organisation mondiale du milieu ambiant
avec un pouvoir inaliénable, et discipliner
l’organisation mondiale du Commerce nous engageant sur la
voie de la barbarie. Il n’est pas possible de parler de
croissance de produit Brut national sans prise en compte de la
destruction et l’épuisement des ressources
naturelles, Nous devons adopter un indicateur qui permette la prise en
compte, d’une manière combiné, de
l’indice du Développement humain et de
l’empreinte écologique pour mesurer notre
situation médioenvironnemental.
Il faut
que soient appliquées de forts impôts sur la
superconcentration de la richesse et que soient adoptés des
mécanismes effectifs de redistribution
équitables. Il n’est pas possible que trois
familles aient les revenus supérieurs au PIB
réunis de 48 pays les plus pauvres. Nous ne pouvons parler
d’équité et de justice social tout en
perpétuant cette situation.
Les Etats
Unis et l’Europe consomment, ,en moyenne, 8,4 fois plus que
la moyenne mondiale. Pour eux il est necessaire de baisser le niveau de
consommation et de reconnaître que tous nous sommes les
hôtes d’une même terre, de la
même Pacamama.
Je sais que ce
n’est pas facile d’opérer changement
quand une partie extrêmement puissante est invitée
à renoncer à ses extraordinaires profits pour que
survive la planète Terre. Dans mon propre pays, je souffre
avec le front haut, ce sabotage permanent pour que soient maintenus
leurs privilèges parce que nous sommes en train
d’en finir avec les privilèges pour que tous nous
puissions « vivre bien » et non mieux que nos
semblables. Je sais que le changement dans le monde est beaucoup plus
difficile que dans mon pays, mais j’ai une absolue confiance
dans l’être humain, dans sa capacité de
raisonner, d’apprendre de ses erreurs, de
récupérer ses racines et de changer pour forger
un monde juste, divers, intégrant,
équilibré et harmonieux avec la nature."
Notes :
Il
s’agit d’une traduction au fil de la lecture, donc
très rapide et qui ne saurait servir de
référence, j’ai
privilégié le sens plutôt que le mot
à mot mais il m’a semblé essentiel de
vous faire connaître ce texte, les idées, comment
placer la justice sociale au coeur de la sauvegarde de la vie de tous,
c’est si loin des folies françaises
actuelles.
Source :
solidaridad@evonobel2007.org
Campaña
Internacional “EVO MORALES PREMIO NOBEL DE LA PAZ
2007″
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Paroles
d’un touriste cubain à
Paris
Francisco Valiero, le
10/09/2007
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Je
m’appelle Francisco Valiero, j’ai 25 ans.
Je suis né dans un pays dit révolutionnaire, que
le président des Etats-Unis a classé dans
"l’axe du mal", comme il dit. Je n’ai jamais
compris pourquoi : Personne dans mon pays ne veut du mal à
qui que ce soit, et personne ne comprend pourquoi nous sommes
montrés du doigt de la sorte. Je suis
né à Cuba. Un endroit
« particulier » paraît-il. «
Communiste » m’a t’on reproché
dernièrement, à Paris Oui, communiste, voir
même marxiste-léniniste en particulier, mais je
voudrais vous rassurer, ce n’est en aucun cas une maladie. Au
pire une discipline un peu rigide, au mieux, un sens moral aigu et une
solidarité naturelle que l’on m’a appris
dès mon plus jeune âge, et qui maintenant me vaut
d’être invité et choyé dans
nombre de soirée latino pour lesquelles je
déborde de sollicitation. Si chez vous, beaucoup disent du
mal de mon pays, les sud-américains ne s’y
trompent pas. J’étais comme une sorte de
«star» dans le Paris-latino. J’ai
l’impression que les cubains sont à la mode chez
vous. J’ai eu l’impression
d’être à la mode. Je suis au regret de
vous dire que l’inverse n’est pas
réciproque, car lorsque vous venez chez nous, beaucoup
d’entre vous se comporte mal et manque de respect. Je
dis « à Paris » car je suis actuellement
en France, mais par ce texte, je vous dis merci et au revoir. Il
y a bientôt 7 mois, ma soeur qui est établie tout
près de la capitale de la France m’a
proposé de venir lui rendre visite parce que je lui
manquait.
Elle aussi me manquait car notre famille est plus importante que tout.
Elle fit tous les papiers nécessaires,
l’administration cubaine ne fit pas de problème,
juste un peu lourde sur la procédure en regard des
déplacements induits par ses demandes, mais le plus
incroyable restant les papiers sollicités par
l’ambassade de France à La Havane. Nous
sommes originaires d’un petit village de pêcheurs
à l’ouest de Santa-Clara, et j’ai du me
déplacer à d’innombrables reprises pour
amener d’innombrables papiers, tantôt
censé tantôt incompréhensible. Mais
surtout, j’ai dû affronter le regard des
fonctionnaires consulaires Français qui me jaugeaient tel un
pirate le couteau entre les dents. Je ne demandai rien à
personne au final, seulement une autorisation administrative
française me permettant de rendre visite à ma
soeur, aide-soignante dans un grand hôpital parisien. Je
n’arrivais pas en France dans l’esprit
d’émigrer, même si cela m’a
effleuré. Enfin, c’est surtout ma soeur qui
à collectionné le plus de problème. Il
aura fallu qu’elle me déclare comme un animal
vacciné, pris en charge économiquement, pour
qu’on lui donne l’autorisation de me recevoir chez
elle. J’aimerais savoir si telle chose est arrivé
à un seul français qui s’est rendu
à Cuba.
J’arrivai
enfin en France, vers ma soeur et mon beau-frère, un
français originaire de la Bretagne. La France. Je
ne connais personne qui n’en rêve pas chez moi. Le
pays d’une Révolution, celui de l’art de
vivre et des Droits De l’Homme, celui d’un peuple
rebelle et fier, celui du siècle des lumières, de
ses intellectuels, de ses grands Hommes et de ses artistes.
L’histoire de France que l’on apprend dans nos
écoles cubaines dès le plus jeune âge.
Il y a même une Tour Eiffel dans mon village car il y eut un
carnaval avec comme thème Paris.
Le soir
de mon arrivée, ma soeur et mon beau-frère
travaillant le lendemain me donnèrent quelques consignes
pour mes prochaines journées. Et un peu d’argent
aussi, une fortune en réalité, pas moins de 50
Euros ! C’est ainsi que le lendemain, je me suis
levé très tôt, avide de
découvrir ce que nombre de publicités,
légendes ou rumeurs m’avaient
assoiffées de découvertes. Et c’est la
que je fit la constatation de ma première surprise : A
quelques mètres de la porte d’entrée de
l’immeuble, un homme visiblement dans un mauvais
état, était allongé par terre, dans la
rue. Personne ne semblait l’avoir vu, alors je tentai
d’alerter les passants, dans ma langue.
Un
véhicule de Police arriva, puis un autre véhicule
rouge, apparemment les secours. Ils le prirent en charge, et comme
personne ne me comprenaient, j’ai continué mon
chemin. 50 mètres plus loin, ils étaient 6
à être étalé par terre avec
des chiens et probablement des bouteilles d’alcool. Personnes
ne les voyaient, comme des meubles usés. Je restai interdit
par ces constatations, interloqué et surpris.
Peut-être que certains français aimaient vivre
comme cela. Je n’avais pas de repaire, cela
n’existait pas chez moi.
C’est
ainsi que je me promenais toute la journée
jusqu’au
soir, ne me privant pas de dépenser les 50 Euros, notamment
dans un Mac Donald où somme toute, je trouvai une nourriture
abondante et consistante mais sans goûts
appréciables, plutôt bourrative. Et surtout
malgré l’incroyable beauté de Paris, je
vis partout des gens qui mendiaient, l’air mourant dans les
rues de France, tandis que l’ensemble passait son temps
collé au téléphone portable. Et quand
je demande maladroitement mon chemin, c’est à
peine si l’on me répond. Quelle curieuse
organisation sociale.
Je me suis longuement
promené dans un grand magasin qui vendait de tout, au point
qu’un homme noir très costaud m’a suivi
dans les allées. J’ai été
profondément choqué par une chose :
J’ai observé une très longue
travée garnie de nourriture pour les animaux, et aussi de
tas de choses pour leur confort, même des jouets !
Dès
que j’ai revu ma soeur, je lui fis part de ces observations
pour le moins incroyable, incongrue et hors d’imagination
pour un simple citoyen Cubain comme moi. Elle tenta de
m’expliquer, mais tout cela me dépassait et
j’avais la migraine, une forte migraine due à ce
décalage, à l’air respiré et
à ce tourbillon « d’hallucinations
».
Le lendemain, je repartais en
m’étant promis de ne plus faire attention aux
« dormeurs des rues », seulement voilà,
je fus confronté à une autre
particularité : Partout dans l’avenue, sur le
trottoir, des gens paraissaient déménager : Des
meubles, de l’électroménager, des
jouets, des vêtements étaient entassés
sur les trottoirs. Des tas, d’objets se trouvaient
là, à même la rue. Puis je vis des gens
se servir, shooter dedans, des chiens pissaient sur ces tas
d’objets. Ce jour-là, plutôt que de me
rendre ridicule comme la veille, je m’assis sur un banc puis
j’observais : En fait, ces objets partaient pour les ordures.
Des utilitaires de la maison qui paraissaient neuf étaient
jetés là, comme si, ils étaient hors
d’usage. Chez nous, cela n’existe pas, nous
réparons les choses en panne ou
dégradé. Je n’ai toujours pas
assimilé une telle opulence permettant cela. Les trois
quarts de ces objets auraient été un luxe
inouï dans n’importe quelle famille cubaine.
Les
jours suivants, je restais enfermé à vider le
réfrigérateur de toutes ses saveurs
colorées, mélangeant le fromage et les glaces aux
goûts inconnus. Mangeant le jambon à pleines mains
et faisant bouillir quelques morceaux de viandes enroulés de
gras que j’arrosai abondamment de citron après
cuisson. Je ne compris rien au fonctionnement de
l’ordinateur, mais j’appris vite à
manier la télécommande de la
télévision. La langue française est
compliqué à comprendre mais pas hors de
porté pour un hispanique, et je voulu vite savoir ce que
l’on racontait ici. De toutes façons,
malgré la profusion de chaînes internationales, je
n’avais pas trouvé de « telenovelas
» (NDT : feuilleton typique sud-américain)
même sur les chaînes espagnoles.
Je
suis arrivé chez vous en pleine période
d’élection présidentielle. Vous
étiez tous affairés à élire
un président pour la France. Comme je ne comprenais rien,
j’ai décrété que la femme
était bien plus jolie que le petit homme. En plus,
j’ai compris qu’elle était socialiste.
Mais elle a perdu, cependant, la France s’est
exprimé et le peuple semblait satisfait de
l’arrivée du petit homme nerveux, plein de tics.
Je me demandais s’il allait être ami avec nous les
cubains.
Par la suite, ma soeur m’a
présenté ses amis sud-américains, vu
que je l’/m’emmerdais chez elle, et que je passais
mon temps à vider le réfrigérateur.
Alors je suis parti avec ses amis dans des boîtes de nuits de
Paris. J’ai rencontré beaucoup de gens,
d’ici et de partout. Gêné parce que
comprenant qu’ont me présentait comme un cubain de
Cuba. Comme si un Cubain pouvait venir d’un autre pays.
Parfois ses amis latinos m’exhibaient comme un authentique
produit de « là-bas », parfois comme un
«pauvre» qui découvrait la vraie vie,
tout le temps comme un faire-valoir faisant l’objet des
attentions. Ce n’est pas facile à vivre.
J’ai
rencontré des gens bizarres dans votre capitale. Bonjour le
soir, je t’ignore le lendemain. Et puis aussi « je
te prends pour pauvre et con », comme celui qui m’a
fait travailler une semaine dans son restaurant cubain, dans le
quartier du Marais. Qui au final me payait avec mes pourboires, mais
qui par contre vendait les cigares de mon pays à 15 euros
pièces, d’un mauvais tabac très sec que
nous ne voudrions même pas pour nos bêtes.
Autres
rencontres que celles qui m’ont conseillée de me
déclarer comme « réfugié
politique » avec tous les avantages sociaux à la
clé. Les mêmes à qui j’ai
expliqué que ma soeur avait dû payer une fortune
lorsque je fus victime d’une rage de dent, alors que chez
moi, il faudrait vraiment un accident pour en arriver là. Et
pourquoi réfugié, et pourquoi politique? Ni
réfugié, ni politique, je
n’étais qu’un simple touriste cubain.
Une femme m’a même proposé un mariage
pour que je reste en France, mais je lui ai répondu que
j’étais déjà
marié et que je ne voulais pas rester en France. Je crois
que je l’ai vexé. J’ai vu des
compatriotes flamboyants le soir, tantôt danseurs,
tantôt amants de femmes hors d’âge,
rentrés dans leurs chambres minuscules et sans toilettes,
mais qui pourtant revendiquaient l’oeil triste,
l’art de vivre d’une grande capitale
européenne : Paris.
J’en ai
rencontré d’autres qui m’ont
expliqué le « paradis », et qui
n’avaient qu’une chose dans leurs yeux : Cuba.
Ceux-là, je ne les voyais pas dans les endroit «
à la mode », ils travaillaient dans un seul but,
rentrer chez nous.
On m’a
également fait rencontré beaucoup de
français se disant solidaire avec Cuba, mais cette
solidarité ne s’exprimait
qu’après beaucoup de Mojito, et n’avait
que peu de consistance passé la soirée.
C’est ainsi que je découvris en France une
curieuse conception du communisme accompagné de drapeaux
à l’effigie du Che.
Durant
toutes ces semaines, j’ai regardé la
télévision tous les jours, la
télévision française. Et tous les
jours je voyais votre petit président, qui selon ce que
j’ai compris, à passé ses
premières vacances avec le président Bush. Autant
nous n’avons pas de si nombreux canaux
télévisuels que vous, autant Fidel ne se
permettrait pas d’apparaître aussi souvent et pour
ce que j’en ai compris, pour n’importe quoi en
n’importe quelle occasion.
Il y aurait
tant à dire sur votre société, et tant
sur la mienne, mais je suis au regret de vous faire remarquer que vous
avez abdiqué face à la justice. Chez vous, des
milliers de gens mendient sur vos trottoirs, alors que j’ai
vu des cortèges de voitures à 1 million de
dollars.
Chers amis français, vous
m’avez accueilli avec beaucoup de sentiments bienveillant,
parfois mitigé ou compatissant, mais il vous faut comprendre
qu’un cubain qui vient visiter votre incroyable pays
n’est pas qu’un pauvre bougre en demande. Et
lorsque vous venez chez nous, rappelez vous une seule chose : Pour
nous, tout est gratuit : La santé,
l’éducation, le sport, la culture, et il y a moins
d’analphabètes dans notre pays que dans le
vôtre, nous ne sommes pas riches comme vous, mais dans mon
pays, les humains ne décorent pas les chaussés
des villes. Je suis fier d’être né
à Cuba, et jamais je n’échangerai ma
« misère » comme on me l’a
souvent souligné, contre votre « opulence
» de façade. Le jour où vous vous
battrez pour l’essentiel pour tous, alors vous serez cubain,
et sachez que notre main sera toujours tendue.
Je
ne
sais pas si je raconterai tout ça à mes amis dans
mon village, je pense qu’ils ne me croiront pas.
Je reviendrais vous voir.
Source : Traduction pour CSP :
Sierramaestra
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Elle
s’appelle Guevara… Aleida
Guevara

Marie-José Sirach, 16
septembre 2007
La fille du Che a
évoqué la pensée de son
père qui irrigue encore l’esprit de tous ceux qui
combattent les injustices. Elle
était là, à la tribune de
l’espace débats du village du monde. Qui,
pour le coup, grouillait d’encore plus de monde. Et puis,
soudain, elle
n’est plus là. Perdue de vue. Où
est-elle donc ? Elle, Aleida Guevara,
la fille du Che… Où a bien pu passer
l’invitée d’honneur de la fête
de
l’Huma édition 2007 qui
célèbre en grand le quarantième
anniversaire de
la mort du Che ? Au stand de Cuba, m’indique-t-on le plus
sérieusement.
Mais au stand de Cuba, personne… Peut-être
a-t-elle été accaparée par
l’ambassadeur de Cuba ? Peut-être
s’est-elle faufilée en douce quelque
part dans la Fête, histoire de se mettre au vert ?
Retour
à l’espace
débats. Sa place à la tribune reste
désespérément vide. Puis, soudain,
elle est là, au milieu de l’assistance, assise aux
côtés de deux dames
du premier rang. Elles se tiennent la main affectueusement : trois
vieilles copines qui se retrouvent à la Fête de
l’Huma. Sauf que l’une
d’entre elles, c’est la fille d’un
demi-dieu, d’une icône dont la belle
gueule trône sur des posters, des cartes postales, des
tee-shirts,
reproduite à l’infini. Les flashes des appareils
crépitent, les
portables se tendent, Aleida Guevara ne refusera pas une
seule fois une
photo, un autographe, des fleurs, un tableau…
Elle
a débarqué à la fête
avec trois heures de retard sur l’horaire prévu,
les traits tirés mais
avec un sourire qui dit à l’évidence
son plaisir d’être là, parmi une
foule amicale qui ne cesse de lui témoigner son affection.
« C’est très
difficile de parler du Che. J’ai eu le privilège
de vivre, trop peu,
avec mon père. Mais ma mère l’aimait
passionnément et nous a appris à
l’aimer, de sorte qu’il a été
très présent dans nos vies. À seize
ans,
je me suis demandée pourquoi il fallait que j’aime
mon père. L’amour
n’est pas inné, et celui que l’on
éprouve à l’égard de ses
parents n’a
rien d’évident. Alors j’ai
pensé qu’il fallait que j’apprenne
à l’aimer
par moi-même, et j’ai lu ses écrits,
tous ses écrits. J’y ai découvert
un homme d’une grande sensibilité humaine, capable
de réagir à toutes
les injustices. » Ce père, cette figure du
père, elle a dû la partager
avec tout un peuple, et ça fait pas mal de monde.
Du
plus loin qu’elle
se souvienne, elle a toujours dû partager son père
avec les autres. À
l’école, ses camarades de classe la mettaient au
défi de prouver son
identité. Aujourd’hui, elle évoque ces
anecdotes en souriant. Elle a
fait médecine - comme son père, serait-on
tenté d’écrire. Pédiatre
dans
un hôpital de la Havane, elle exerce son métier
avec la même passion
que son père, qui la conduit à aimer et soigner
son prochain.
À la
tribune, elle parle doucement mais fermement. Elle
n’hésite pas à
évoquer, sans filet, la situation politique du monde depuis
cette île
symbole qui tient tête au voisin américain. Mais
elle se garde d’avoir
une opinion sur tout : « Mon père a
vécu huit mois au Congo pour
comprendre et analyser cette région du monde. »
Aleida émaille ses
propos de vers extraits de milongas, ces mélopées
argentines truffées
de bon sens populaire : « Las penas son nuestras / las
vaquitas son
ajenas » (« à nous la misère,
à eux la richesse »).
Elle
semble
connaître sur le bout des doigts les aventures de Mafalda,
cette
héroïne enragée
célèbre dans le monde entier grâce au
trait et à
l’humour féroce de son auteur, Quino.
L’Argentine, forcément, c’est un
peu sa deuxième patrie. Les camarades argentins parviendront
même à
l’inviter à leur stand.
Elle
en repartira, un casse-croûte à la viande
entre les mains, après moult accolades au milieu
d’une épaisse fumée
provoquée par « el asado ». Le refrain
d’une autre milonga lui revient
en mémoire : « Si je meurs / ne pleure pas pour
moi / poursuis ce que
je faisais / et je continuerais à vivre en toi…
» Elle parle de son
père, le cite rarement dans le texte mais avoue lire et
relire ses
écrits. Elle estime que « l’important
n’est pas de qui on est l’enfant,
l’important est d’être utile à
son peuple ».
Elle a terminé
ce petit
happening improvisé au stand de Cuba avec cette certitude
qui lui colle
au coeur et au corps : « Quarante ans après, le
Che est toujours vivant
! » Ou bien serait-ce les raisons qui l’ont fait un
jour se lever qui
n’ont pas fini de tourmenter l’humanité ?
Source :
http://www.humanite.fr/fete-article.html?id_article=858682
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Chávez,
Uribe
et
la parapolitique
colombienne
Sébastien Brulez, le 30 août 2007 |
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Ces
dernières semaines, le président
Chávez a fait
irruption sur la scène internationale avec un
thème
qu’il avait jusqu’à présent
très peu
abordé, voire même franchement
évité : le
conflit colombien. Il faut dire que le terrain est
politiquement
miné et que la moindre déclaration sur ce sujet
pouvait
lui valoir rapidement le qualificatif de "soutien au terrorisme", tant
de la part de Bogota comme de Washington qui l’a
déjà accusé d’être
un allié des
FARC. Les médias européens se
focalisent
principalement sur l’Irak, l’Afghanistan et le
Proche-Orient, laissant de côté de nombreux
conflits dans
le monde. Alors que ces guerres n’ont souvent
d’"internes"
que le nom. Le conflit colombien est de celles-là. Ce
pays sud-américain vit une véritable guerre
civile depuis
près de 50 ans. Mis à part les principaux groupes
armés que sont les Forces armées
révolutionnaires
de Colombie (FARC, 17 000 hommes), l’Armée de
Libération nationale (ELN, environ 5 000 hommes) et les
paramilitaires des Autodéfenses unies de Colombie (AUC,
environ
13 000 hommes), la répression de l’Etat est
féroce
et des centaines de syndicalistes y sont assassinés chaque
année (2 400 morts et disparus depuis 1991) (1). Près
d’un tiers du Congrès colombien est
contrôlé
par les paramilitaires. Dernièrement, plusieurs
sénateurs
ont été détenus par la justice pour
relations
étroites avec le paramilitarisme. La ministre des Relations
extérieures avait démissionné en
février
dernier dans le cadre de la même affaire qui est
désormais
connue comme le "scandale de la parapolitique", dans lequel Uribe
lui-même est soupçonné
d’avoir baigné. Les
négociations entre le gouvernement et les FARC, principal
groupe
insurgé du pays, ont jusqu’à
présent
échoué. Alors que par ailleurs, des accords ont
été conclus avec les paramilitaires et plusieurs
centaines d’entre eux ont été
"réhabilités" dans la vie civile.
Les
atouts de ChávezC’est
donc dans ces conditions que le Comandante fait sont apparition dans le
jeu de quilles. Fin juillet, la sénatrice colombienne Piedad
Córdoba, avait appelé à plusieurs
reprises le
mandataire vénézuélien à
s’impliquer
dans la résolution du conflit et dans un échange
de
prisonniers entre le gouvernement et les FARC. Selon
la
députée, alors de passage à Caracas,
le Venezuela
pourrait jouer un rôle décisif dans les
négociations en vue d’un accord humanitaire (2).
"Non
seulement pour la proximité géographique mais
également pour la crédibilité et le
soutien dont
jouit le gouvernement vénézuélien
auprès
d’un large secteur de la population colombienne"
affirmait-elle. Un
autre élément est également
à prendre en
compte et ce n’est un secret pour personne, le
président
Chávez bénéficie d’une
certaine sympathie
des FARC qui partagent son idéal bolivarien. Dans
son
édition de ce mardi, le journal d’opposition
vénézuélien, El Nacional, cite
d’ailleurs
une phrase de Raúl Reyes, responsable international des
FARC,
qui qualifie le président Chávez de "leader de
grande
importance sur le continent". Après avoir
rencontré les familles des détenus, dont la
mère
d’Ingrid Bétancourt à Caracas, Hugo
Chávez
s’est entretenu durant plus de six heures, ce vendredi 31
août, avec son homologue colombien à Bogota. Il
compte également se réunir avec les familles des
guérilleros détenus par l’Etat
colombien et essaie
maintenant d’obtenir une rencontre avec un
représentant
des FARC. Dans le même article, El
Nacional signale que
Manuel Marulanda (alias Tirofijo), le plus haut dirigeant des FARC,
pourrait accepter prochainement une rencontre au Palais
présidentiel de Miraflores, à Caracas.
Plan Colombie
et autres infiltrationsQuand
je dis que le sujet est politiquement miné, la
métaphore
n’est pas de trop. Le Plan Colombie promu par Washington avec
l’argument de lutter contre le trafic de drogue, ouvre une
porte
d’accès de plus de 2000 kilomètres sur
le Venezuela
(la taille de la frontière partagée entre les
deux pays).
Les incursions de paramilitaires y sont d’ailleurs
fréquentes (3).
En mai 2004, 120
paramilitaires
colombiens ont été capturés dans une
propriété de El Hatillo, à une
vingtaine de
kilomètres de Caracas. Ils s’y
entraînaient pour
mener des actions violentes vêtus d’uniformes de
l’armée
vénézuélienne, dans le but de
déstabiliser le pays et de faire tomber le gouvernement de
Hugo
Chávez.
Le premier septembre 2007, le
Comandante en a
gracié 41 d’entre eux et les a remis aux mains du
gouvernement colombien. Cela peut s’interpréter
comme un
geste de bonne foi envers Alvaro Uribe, même si on peut
douter du
bien fondé de cette décision (4).
Selon
l’agence de presse EFE, le ministre
vénézuélien de la Défense,
Gustavo Rangel,
aurait confirmé cette idée en
déclarant, lors de
la remise des prisonniers à la Consule colombienne, que ce
geste
faisait partie des efforts de Chávez pour arriver
à un
échange de détenus entre le gouvernement Uribe et
la
guérilla des FARC.
Plus
récemment, en juillet, les
corps de deux militaires ont été
retrouvés dans
l’Etat de Zulia. D’après l’ex
vice-président vénézuélien,
José
Vicente Rangel, il s’agissait de deux membres des services
secrets colombiens, appartenant à la division de Santa Marta.
Sur
l’un d’entre eux, une clé USB a
été
retrouvée. Elle contenait les noms, adresses et photos des
députés
vénézuéliens membres du
Parlement latino-américain (Parlatino). Que faisaient ces
deux
hommes en dehors de leurs frontières et dans quel but
détenaient-ils ces informations ? L’affaire
n’a
toujours pas été éclaircie.
Lors
d’une réunion avec les membres du Parlatino,
José
Vicente Rangel a d’ailleurs estimé qu’il
"existe une
dangereuse tendance à la banalisation de la part du
Venezuela.
Et cela a empêché l’approfondissement
des
enquêtes sur ce genre de faits". Il a également
alerté sur l’infiltration de membres des services
de
renseignements colombiens dans le pays.
Le 2
septembre, le
même José Vicente Rangel a
évoqué, lors de
son programme dominical sur la chaîne privée
Televen, la
possible installation d’une nouvelle base militaire
nord-américaine en Colombie. Elle serait censée
remplacer
l’actuelle base de Manta, en Equateur, qui sert de
plate-forme de
déploiement aux unités du Commando Sud (Southcom).
L’accord
entre les Etats-Unis et l’Equateur prend fin en 2009 et le
président Rafael Correa a déjà
annoncé
qu’il ne le renouvellerait pas. L’armée
US cherche
donc un nouveau point de chute pour ses soldats, l’occasion
est
rêvée pour se rapprocher du Venezuela (5).
Selon
les affirmations de José Vicente Rangel, des patrouilles
mixtes
de militaires colombiens et étasuniens sillonneraient le
secteur
de Santa Rosa, dans le sud du département
Bolívar, zone
limitrophe avec le département d’Antioquia, afin
d’étudier la capacité
opérationnelle de la
zone pour l’installation de cette nouvelle base.
Bref,
si
on ne peut que se féliciter de l’effort
déployé (enfin diront certains) par le
président
Chávez pour arriver à un accord humanitaire entre
les
différentes parties, il ne faut cependant pas oublier la
menace
que fait peser l’ingérence
nord-américaine dans la
région, tant à travers le paramilitarisme que par
l’intermédiaire de l’armée
régulière colombienne et du Plan Colombie.
Il
est
clair que pour Chávez, aboutir à un accord entre
les deux
parties constituerait une victoire politique et diplomatique de taille
au niveau international.
D’un point de vue
interne
également, les vénézuéliens
et surtout ceux
vivant dans la zone frontalière verraient d’un
très
bon œil l’apaisement du conflit voisin. Il en va de
même pour les réfugiés colombiens
présents
au Venezuela.
Début août, le
député
José Albornoz rappelait d’ailleurs que le
Venezuela compte
environ quatre millions de colombiens vivant dans le pays (sur une
population de 26 millions de
vénézuéliens!).
"Quatre
millions de colombiens qui travaillent sur notre territoire, qui sont
nos voisins, qui partagent des amitiés avec nombre
d’entre
nous. La paix de la Colombie est la paix du Venezuela" soulignait-il.
Ah!
Comme on aimerait entendre parler de la sorte nos dirigeants
européens à propos de
l’immigration…
Notes :(1)
Lire aussi : (B.)
Pérez, "Ces syndicalistes assassinés qui hantent
les transnationales", RISAL, juillet 2007.(2)
On
parle pour l’instant de la libération de 400
à 500
guérilleros contre 47 personnes retenues par les FARC. Le
journal Últimas Noticias précisait dans son
édition du samedi 1er septembre : "10 civils dont
l’ex
sénatrice Ingrid Bétancourt, 3 collaborateurs
étasuniens du Plan Colombie et 34 policiers et militaires
capturés au combat".(3) Lire aussi : (H.) Calvo
Ospina, "Aux frontières du Plan Colombie", Le Monde
diplomatique, février 2005.(4)
Du
moins d’un point de vue éthique. Car si on
l’analyse
d’un point de vue tactique on peut en conclure que
c’est
bien joué, même si ça peut
d’un moment
à l’autre se retourner contre lui.(5)
A
propos des bases militaires étasuniennes sur le continent,
consulter l’infographie sur le site de TeleSur (en espagnol)
:
Bases militares de EE.UU. en LatinoaméricaSource : Blog La voix du sud
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