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1 - Venezuela : Hugo Chavez Frias, l'homme de l'année 2005 ?
2 - Venezuela : Campagne pour le droit à la communication Agence de presse, ABN
3 - Venezuela : Voisinage dangereux, Noam Chomsky
4 - Colombie : succès et échecs du président Uribe, Gary Leech
5 - Venezuela : Nous sommes tous juifs et vénézuéliens
6 - Venezuela : «Le credo vichyste du journalisme franco-vénézuélien»
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Amérique
Latine
Archives
des articles 2006
Sommaire : 1ère
partie
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Hugo
Chavez Frias,
l'homme
de l'année 2005?
LM, le 30 janvier 2006
photo : www.aporrea.org (FSM Caracas)
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« Certes, il faut
mobiliser les masses, mais il faut les mobiliser contre toute
structure hiérarchique de dominance, toute structure fermée,
figée, sclérosée, analytique et non synthétique,
contre celles existantes, mais aussi contre celles qui pourraient
survenir. Et pour les mobiliser, pour les motiver, il est préférable
de s'adresser à leur raison qu'à leurs pulsions.
» (Henri Laborit)
C'est ainsi que le président
vénézuélien a été désigné
comme l'homme le plus influent du continent latino-américain
par l'hebdomadaire colombien : «La Samana » (1). Il éclipse Lula et les autres chefs d'Etats
par sa dimension originale, un charisme qui surprend, et en plus
il dispose des moyens de sa politique. Loin de l'agitation politique
et médiatique, pourquoi ce qui semble anachronique est
en fait un processus démocratique s'appuyant sur l'émancipation
sociale et économique de tous ?
Le 28 octobre 2005, le
Venezuela se déclarait comme territoire libre de tout
analphabétisme.
Un plan en 2 étapes déployé par la mission
« Robinson » (numéro 1 et 2), ou comment s'est
organisé dans tout le pays un élan sans égal
en faveur des personnes sans instructions scolaires ou sans qualifications
techniques. De l'école maternelle (prescolar) à
l'Université, le système d'instruction est un des
desseins principaux du ministre de l'éducation (2). Une des particularités des missions Robinson
fut une grande campagne d'alphabétisation (la mission
Ribas). Des jeunes adultes jusqu'aux personnes âgées,
ils ou elles ont pu suivre un enseignement de base qu'ils n'avaient
pas pu acquérir auparavant. 2 à 3 millions de personnes
ont pu ainsi pendant plusieurs mois suivrent ces deux étapes
de formations.
A la fin de la première
session Robinson était remis un diplôme et des livres
(une petite bibliothèque à domicile). Aussi faut-il préciser
que ce temps de connaissance ouvrait à une bourse d'étude,
afin de permettre à chacun de s'instruire sans en subir
des incidences économiques et sociales. Les missions éducatives
se sont appuyés sur des méthodes venant de Cuba
(il existe aussi la mission Sucre, pour les bacheliers des quartiers
populaires désireux de suivre un cursus universitaire)
. Chacun selon son niveau reçoit un cahier d'étude
et de travaux appliqués (espagnol, mathématiques,
langues vivantes,) et apprend par le biais de cassettes vidéos
un ensemble de savoir sous la conduite d'un enseignant ou d'un
formateur volontaire.
Les missions Robinson sont un exemple parmi
beaucoup d'expériences concrètes. Quinze à
vingt pour cent des dépenses de l'Etat sont assignées
aux questions éducatives et soulignons que cinq pour cent
du budget va en faveur de la recherche. La dernière mission
née à la fin 2005, la mission Scienca s'attaquera
à la question de la transmission de la science dans les
quartiers populaires. Un défi nouveau et au total près
de 15 millions de Vénézuéliens ont pu engager,
ou reprendre des études depuis quelques années.
Face à ce que l'on ne peut comprendre vraiment en France,
c'est aussi une politique en direction du livre et de la lecture.
Certes, il y a une presse
et de nombreux journaux, mais les ouvrages en particuliers scolaires
ou techniques coûtent chers pour une personne qui vit avec
un salaire couvrant juste les dépenses d'une famille.
Un livre, pour un salarié
qui touche le salaire moyen (600.000 bolivars, environ 200 euros)
est une dépense lourde, jusqu'à 15 pour cent de
ce même niveau salarial pour un ouvrage. De plus, les maisons
d'édition sont rares, soit à Buenos Aires, à
Barcelone ou à Madrid. En résumé, le livre
est « un luxe » que ne peut se payer une grande majorité
des travailleurs vénézuéliens et leurs enfants.
Là aussi mais dans
le cadre des questions culturelles, un travail spécifique
a été entrepris, une édition de «
Don Quichotte de la Mancha » a été imprimé
et distribué à plusieurs millions d'exemplaires,
puis en nombre plus restreint mais à plusieurs centaines
de milliers en raison de son épaisseur « les Misérables
» de Victor Hugo.
De même que les lois, la constitution font l'objet d'une
édition dont le prix est abordable à la majorité
des bourses (environ 2000 bolivars, soit un peu moins d'un euro).
A noter, que des rotatives pouvant atteindre une impression importante,
à hauteur de 20 millions d'exemplaires par an sont prévus
dans le plan de communication du gouvernement (3).
Les personnes qui se penchent sur la question de la lecture savent
bien que le livre est un outil d'émancipation unique en
son genre. Essentiel dans l'acquisition d'un savoir et de la
capacité de lire et d'écrire, des atouts primordiaux
pour combattre la misère intellectuelle.
J'ai pris volontairement
ces exemples, il y aurait encore beaucoup à faire pour
expliquer tous les aspects sociaux et économiques que
développent les partisans du président vénézuéliens.
Ils sont nombreux et
bien loin des aléas médiatiques. Pas de sensationnel
à se mettre sous la dent ou d'invective à distribuer.
Ce travail global, je l'ai vu fonctionner, ou comment l'école
d'un quartier devenait de 7 heures du matin à 22 heures,
du lundi au samedi et parfois même le dimanche un lieu
d'instruction ou de culture. Une situation parmi plein d'autres,
parfois on est même confronté à trouver des
lieux surprenants, l'exemple d'un box de voiture qui s'était
transformé en classe d'école, avant de trouver
des locaux plus adéquates. Il n'est pas facile de faire
une analyse du Venezuela, mais il importe de regarder ce pays
sereinement, lucidement et sans agitation.
Ce changement concret,
pragmatique déroute, parce que l'on ne veut analyser la
révolution bolivarienne qu'à partir du prisme de
révolutions sanglantes, et ce n'est pas le cas. Si Hugo Chavez n'a pas promis
comme d'autres de « changer la vie », il a simplement
offert la possibilité à la population, aux citoyens
lambdas de prendre en main leurs vies et de trouver une application
concrète du changement en devenant acteurs des transformations.
Le 27 janvier 2006 a été annoncé une nouvelle
étape, le plan Robinson numéro 3, il va s'appuyer
sur la compréhension des textes. L'intention est de renforcer
le système éducatif de base et assurer à
chacun une compréhension des textes écrits et aussi
de pouvoir entre vénézuéliens les commenter.
Tout individu un peu sage et digne peut déceler dans les
intentions et les politiques d'Hugo Chavez une volonté
de transformation par l'émancipation intellectuelle des
citoyens.
C'est un pays qui relève
la tête. Le Venezuela a connu de grandes déchirures,
de lourdes épreuves pour pouvoir sortir ici un peu en
France cette nation des brumes de l'Histoire. Un pays ou la misère est chronique vient
troubler la donne avec un dirigeant qui ne promet pas la lune,
et explique bien que c'est peu à peu que les choses évoluent
et changent. Ce qui n'empêche ce même homme d'envisager
l'impossible sans tomber dans le creux de l'utopisme. Il y a
déjà de nombreuses vies chez cette homme et rien
ne dit qu'il ne vienne à nouveau nous surprendre. Le seul
politique de ce niveau qui soit en mesure de reconnaître
ses erreurs, les analyser et proposer autre chose. Et surtout
en mesure de savoir que les objectifs à tenir sont avant
tout celui du développement, c'est à dire sortir
la nation de son « moyen-âge » (en référence
au latifundisme), en faire un pays moderne et à l'écoute
de notre temps.
« Rappelons que,
si cette organisation doit permettre et peut-être favoriser
l'individualisation régionale des groupes humains dans
leur cadre écologique particulier, elle devra éviter
qu'un groupe humain puisse se suffire à lui-même,
éviter qu'il s'isole, se ferme sur les trois plans, énergétique,
matériel et informationnel. » Henri Laborit
Notes :
(1) Courrier International
n°794 (19 janvier 2006)
(2) Aristóbulo Istúriz, ministre de l'éducation
et des sports (http://www.me.gov.ve/)
(3) Lire l'article « Un nouveau modèle de communication
en marche au Venezuela ? » (avril 2005) sur le site dans
les archives 2005 sur l'Amérique Latine.
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Campagne
pour le droit
à la communication
au
Forum Social Mondial de Caracas
Agence Bolivarienne
d'Informations Caracas, le 27/01/2006
photo : www.aporrea.org
(FSM Caracas)
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Une campagne à
l'échelle continentale "pour le droit à la
communication" a été le sujet de discussion
de plusieurs représentants de services, d'agences, d'associations
et d'organisations en rapport avec les médias de diffusion,
lors d'une conférence de presse donnée à
l'occasion du Forum Social Mondial.
La campagne soutient
que la communication est un droit, et non une marchandise, ce
pourquoi elle appelle les divers acteurs sociaux à "unir
leurs efforts pour sensibiliser, débattre et obtenir la
mobilisation des citoyens, seul moyen de faire poids dans la
démocratisation et l'accès de de tous et de toutes
à la communication, à l'information et aux diverses
technologies qui s'y attachent". Cette campagne fait partie du mouvement mondial
CRIS (Communication Rights in the Information Society), elle
a pour origine la lettre publique, que les réseaux latino-americains
de communication ont fait connaître au sein du Forum Social
des Amériques, qui s'est déroulé à
Quito, Équateur, en juillet 2004.
Bien qu'ils reconnaissent
l'influence croissante de la communication et des nouvelles technologies
de la communication et de l'information, ils dénoncent
la concentration asservissante de la propriété
et de la production des contenus dans très peu de mains.
Ils considèrent, en outre, que le traitement de l'information
comme marchandise implique une négation des droits de
la communication, en menaçant le droit à l'information
et à la liberté d'expression, à la diversité
et à la pluralité médiatique. "Cette situation nous oblige
à être des gardiens et d'assumer la nécessité
de démocratiser la communication, afin de contribuer à
démocratiser la société", précisent
les objectifs de la campagne.
La présidente de
l'Organisation latino-americaine et des Caraïbes de Communication
(OCLACC), Ana María Rodriguez, a déclaré
qu'elle regardait la situation avec une certaine inquiètude,
malgré l'ouverture aux médias libres, il y a beaucoup
de limitations qui ne permettent pas un développement
réel. "Nous
pouvons créer des réseaux pour nous relier et pour
partager l'information. Ce débat public est pour faire
reconnaître ce qui a été obtenu avec les
médias libres et pour le renforcement des conditions qu'ils
proposent, afin qu'ils trouvent plus de facilité ", MME
Rodriguez a signalé que la campagne pour le droit à
la communication doit être développé dans
chaque pays et en accord avec les conditions propres à
tous."
Le fondateur d'Inter Press
Service, Robert Savio, a déclaré que les acteurs
sociaux doivent adopter des processus de communication afin de
créer un mouvement horizontal, et différent du
gigantisme et du verticalisme qui s'organise dans les grands
médias. "Il faut faire des législations qui
permettent la plus grande quantité d'accès des
citoyens à la communication. Ce processus ne doit pas
être utilisé de manière verticale par les
gouvernements, mais doit être un instrument de cogestion
et de participation des citoyens ".
Le représentant
de l'Agence latino-americaine d'Information (ALAI), Sally Burch,
a déclaré que la communication doit être
un espace pour créer de la citoyenneté, "c'est
quelque chose qui nous concerne tant comme journalistes ou comme
acteurs sociaux". En ce qui concerne la Loi de Responsabilité
Sociale en matière de Radio et Télévision,
le représentant de l'Association Mondiale de Radios Communautaires
(Amarc), Carlos Rivadeneira, a déclaré que la législation
est un point de repère dans notre monde, bien qu'il ait
précisé : "Si la société
civile organisée n'est pas représentée et
n'est pas active dans l'exécution de lois comme celle-ci,
il y a peu chance de pouvoir avancer".
sources
: http://www.abn.info.ve/go_news5.php?articulo=35196
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Voisinage
dangereux
Noam Chomsky
photo : Agencia Bolivariana
de Noticias (FSM)
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« Comment le Venezuela
maintient le chauffage dans les foyers du Massachussetts », lit-on dans les principaux quotidiens
états-uniens, une annonce publicitaire de l'entreprise
pétrolière d'Etat vénézuélienne,
PDVSA, et de sa filiale basée à Houston, CITGO.
La publicité donne la description d'un dispositif, lancé
la par le Président vénézuélien Hugo
Chávez, visant à vendre du fuel pour le chauffage
à prix réduit parmi les communautés à
faibles revenus de Boston, dans le South Bronx et ailleurs aux
Etats-Unis un des gestes les plus ironiques de toute l'histoire
du dialogue Nord-Sud. L'accord a été conclut à
la suite du courrier adressé par un groupe de sénateurs
à neuf entreprises pour leur demander d'utiliser une partie
de leurs profits records pour permettre aux gens modestes de
payer leur chauffage. La seule réponse est venue de CITGO.
Aux Etats-Unis, les commentaires sur cet accord sont amers dans
le meilleur des cas, estimant que Chávez, qui a accusé
Bush de vouloir renverser son gouvernement, poursuit des objectifs
politiques à la différence, par exemple,
des plans purement humanitaires de l'Agency for International
Development des Etats-Unis, USAID.
Le fuel de chauffage de Chávez représente l'un
des nombreux défis provenant de l'Amérique latine
pour les planificateurs de la grande stratégie de Washington.
La bruyante protestation lors du voyage de Président Bush
le mois dernier au Sommet des Amériques, en Argentine,
accroît le problème. Du Venezuela à l'Argentine,
l'hémisphère est en train d'échapper à
tout contrôle, avec partout des gouvernements de centre-gauche.
Y compris en Amérique centrale, souffrant encore des effets
de la « guerre à la terreur » du Président
Reagan, le couvercle ne tient plus en place. Dans le Cône
sud, la population indigène est devenue plus active et
plus influente, notamment en Bolivie et en Equateur, deux pays
grands producteurs d'énergie, là où il existe
une opposition à la production de gaz et de pétrole,
ou bien s'exprime la volonté que ces ressources soient
sous contrôle local. Certains revendiquent même une
« Nation Indienne » en Amérique du sud.
Cependant l'intégration économique se renforce,
renversant l'isolement relatif remontant à la conquête
espagnole. Mieux, les relations sud-sud s'accroissent avec les
grandes puissances que sont le Brésil, l'Afrique du sud
et l'Inde, notamment dans le domaine économique.
L'Amérique latine dans son ensemble accroît ses
relations, économiques entre autres, avec l'Union européenne
et avec la Chine, connaissant quelques à-coups, mais la
tendance à l'augmentation est réelle, notamment
pour les exportateurs de matières premières, comme
le Brésil et le Chili.
Le Venezuela est certainement le pays d'Amérique latine
qui s'est le plus rapproché de la Chine, et le Venezuela
envisage de vendre de plus en plus de pétrole à
la Chine afin de réduire la dépendance vis-à-vis
du gouvernement états-unien, lequel a montré son
hostilité. De fait, le problème le plus ardent
pour Washington dans la région c'est le Venezuela, lequel
fournit 15 pour cent des importations états-uniennes en
pétrole.
Chávez, élu en 1998, fait preuve du genre de nationalisme
que les Etats-Unis considèrent comme un défi
tout comme dans le cas de l'allié de Chávez Fidel
Castro. En 2002 Washington, conformément à la conception
de la démocratie du Président Bush, a soutenu un
coup d'Etat militaire qui a brièvement renversé
le gouvernement Chávez. Cependant, le gouvernement Bush
avait alors dû faire marche arrière en raison de
l'opposition au coup, aussi bien au Venezuela qu'en Amérique
latine.
Pour achever d'affliger Washington, Cuba et le Venezuela resserrent
solidement leurs liens. Le Venezuela offre du pétrole
à bas coût tandis que Cuba organise des plans pour
l'alphabétisation et pour la santé et envoie des
milliers d'enseignants et de médecins, lesquels, comme
ailleurs, travaillent dans les zones les plus pauvres, auparavant
ignorées.
Des projets communs entre le Venezuela et Cuba ont également
un impact considérable dans les pays des Antilles, où,
dans le cadre du Plan Milagro financé par le Venezuela,
des médecins cubains apportent les soins à ceux
qui n'avaient aucun espoir d'en bénéficier. Chávez
a remporté à plusieurs reprises, et malgré
l'hostilité des médias les plus puissants, des
élections et des referendums surveillés de prêt.
Le soutien au gouvernement élu s'est accru durant les
années Chávez. Le vétéran correspondant
en Amérique latine Hugh O' Shaughnessy explique pourquoi
dans un reportage paru dans le Irish Times :
« Au Venezuela, où l'économie pétrolière
a pendant des décennies produit splendide petite couche
de gens superriches, un quart des moins de 15 ans souffre de
la faim, par exemple, et 60 pour cent des plus de 59 ans n'ont
aucun revenu. Moins d'un cinquième de la population dispose
de la sécurité sociale. Ce n'est que maintenant,
avec le Président Chávez, que la médecine
a commencé à faire partie de la réalité
de la grande majorité plongée dans la pauvreté
dans cette société riche mais profondément
divisée et au fonctionnement impossible. Depuis sa victoire
lors des élections démocratiques et depuis qu'il
a commencé à transformer les secteurs de la santé
et de la sécurité sociale pour en faire bénéficier
fortement la majorité de la population, le progrès
a été lent. Mais il a été perceptible
»
Maintenant le Venezuela rejoint le MERCOSUR, le principal bloc
économique de l'Amérique du sud. Le MERCOSUR, qui
réunit déjà l'Argentine, le Brésil,
le Paraguay et l'Uruguay, représente une alternative à
la soi-disant Zone de libre-échange des Amériques
(ZLEA ALCA). Des modèles alternatifs sociaux et
économiques sont à l'ordre du jour dans la région,
comme ailleurs. Des mouvements populaires sans précédent,
énormes, se sont développés et ont traversé
les frontières dépassant les questions économiques
pour aborder les droits humains, l'environnement, l'indépendance
culturelle et les relations de peuple à peuple.
Ces mouvements sont de façon ridicule appelés «
anti-globalisation » parce qu'ils sont favorables à
une globalisation orientée vers les intérêts
des gens, et non ceux des institutions financières et
des investisseurs. Les problèmes des Etats-Unis s'étendent
aussi bien vers le nord que vers le sud. Pour des raisons évidentes
Washington espérait pouvoir compter davantage sur le Canada
et sur le Venezuela, ainsi que sur d'autres fournisseurs de pétrole,
hors du Moyen-orient.
Mais les relations avec le Canada sont tendues et conflictuelles
comme jamais auparavant, parmi d'autres raisons, à la
suite du rejet par Washington de la décision de l'ALENA
(Accord de libre-échange nord-américain) qui avait
donné raison au Canada. Comme l'explique Joel Brinkley
dans le New York Times, « c'est partiellement pour cette
raison, que le Canada oeuvre au renforcement de ses relations
avec la Chine (et) certains officiels disent que le Canada pourrait
réorienter une partie significative de son commerce, particulièrement
le pétrole, des Etats-Unis vers la Chine ». C'est
vraiment fort de la part des Etats-Unis de réussir à
se brouiller y compris avec le Canada. La politique latino-américaine
de Washington ne fait que renforcer l'isolement des Etats-Unis.
Un exemple récent : pour la 14ème année
consécutive l'Assemblée Générale
des Nations Unies a voté contre l'embargo commercial que
les Etats-Unis maintiennent à l'encontre de Cuba. Le vote
de la résolution a été de 182 contre 4,
les Etats-Unis, Israël, les Iles Marshall et Palau. La Micronésie
s'est abstenue.
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Succès
et échecs
du président Uribe
Gary Leech
photo : Courrier International du 19-01-2006
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Le président colombien
Alvaro Uribe a annoncé officiellement qu'il présentera
sa candidature pour un second mandat. Pendant ses trois premières années
au pouvoir, le gouvernement étatsunien et les médias
dominants ont vanté de façon répétée
les succès de la Stratégie de défense
et la politique de Sécurité démocratique
du leader colombien. Mais plusieurs questions importantes en
rapport à ces affirmations viennent immédiatement
à l'esprit. Par exemple, est-ce qu'une réduction
du nombre d'enlèvements et de la violence criminelle justifie
la répression d'Etat contre les secteurs de la société
civile qui ne sont pas en accord avec les politiques du gouvernement ?
Ou encore, quel est le pourcentage de Colombiens qui a bénéficié
de la récente croissance économique du pays ?
Et est-ce que les politiques économiques et sociales du
gouvernement reflètent les désirs du peuple colombien ?
Avec l'annonce de sa candidature pour les élections de
mai 2006, le moment est venu de dresser le bilan des succès
et des échecs les plus visibles du président Uribe
dans les trois domaines clés suivants : la sécurité
et les droits humains, le conflit civil et l'économie.
Sécurité
et droits humains
Les succès : la stratégie
de sécurité du président Uribe a réduit
les enlèvements de 51% passant de 2 986 en 2002 à
1 441 en 2004. Sur la même période le nombre d'homicides
a également baissé de 30%. Selon la Consultoría
para los Derechos Humanos y el Desplazamiento (CODHES), le
nombre de Colombiens déplacés de force a diminué
pendant la première année de mandat de Uribe passant
de 412 553 déplacés en 2002 à 207 607 en
2003.
Les échecs : la réduction
du nombre d'enlèvements a été compensée
en partie par une augmentation des extorsions dans la mesure
où les criminels ont changé de tactique. Au lieu
d'enlever une personne et de la garder en otage en échange
d'une rançon, les criminels donnent maintenant simplement
une date butoir à une personne cible, date à laquelle
la personne doit payer le montant de l'extorsion sinon elle sera
tuée. Selon la Fundación País Libre
basée à Bogota, 2 271 extorsions de fonds ont été
rapportées en 2003, ce qui représentait une augmentation
de 22% par rapport à 2002.
La baisse des homicides
sous le mandat de Uribe est due à la réduction
de la violence liée à des crimes de droit commun.
Selon la Commission colombienne des juristes (CCJ), un groupe
de défense des droits humains, le nombre d'assassinats
dus au conflit civil est resté le même. Par exemple,
6 978 personnes furent tuées pour des raisons socio-politiques
pendant la première année du mandat de Uribe, soit
19 personnes tuées par jour, la même moyenne que
les deux années précédentes. La CCJ a déterminé
que les paramilitaires [d'extrême droite] étaient
responsables d'au moins 62% des assassinats, soit plus du double
du nombre d'assassinats commis par les guérillas [d'extrême
gauche].
Alors que le nombre de
personnes déplacées de force a diminué en
2003, il a augmenté de 39% en 2004 s'élevant à
287 581- soit une moyenne de 780 personnes par jour. De plus,
selon l'Association des familles des détenus et des
disparus (ASFADDES), 3 593 personnes ont « disparu »
de force en 2002 et 2003, ce qui est plus que le nombre total
de Colombiens disparus pendant les sept années précédentes
et plus que le nombre total de personnes disparues en 17 ans
pendant la dictature du général Augusto Pinochet
au Chili. Selon les Nations Unies, les paramilitaires et les
forces de sécurité de l'Etat sont responsables
de la plupart des disparitions forcées qui ont lieu en
Colombie.
Les Nations Unies affirment
que le rôle direct de l'Etat dans les violations des droits
humains dans le pays s'est accru pendant le mandat de Uribe.
En août 2003, par exemple, des troupes colombiennes provenant
des bases hébergeant des soldats des forces spéciales
de l'armée états-unienne de Saravena, dans le département
de Arauca, sont entrées dans la maison de trois leaders
syndicaux au milieu de la nuit et les ont exécutés.
Les Nations Unies ont également souligné l'augmentation
des détentions arbitraires et des arrestations de masse
sous le gouvernement Uribe.
Le chef du bureau colombien du Haut
commissariat aux droits de l'Homme de l'ONU, Michael Frühling,
a annoncé que son bureau « avait constaté
de façon préoccupante que les détentions
illégales et arbitraires constituent, en nombre et en
fréquence, l'une des plus inquiétantes violations
des droits humains rapportée dans le pays ».
Frühling note également que les Nations Unies sont
aussi « préoccupées par les détentions
à grande échelle et les arrestations individuels
sans aucune base juridique qui touchent fréquemment les
membres des groupes vulnérables comme les défenseurs
des droits humains, les leaders de communauté, les militants
syndicaux et les gens vivant dans les zones où les groupes
armés illégaux sont actifs ».
En septembre 2003, le président
Uribe a illustré son intolérance envers ceux qui
critiquent ses politiques en accusant 80 organisations non gouvernementales
(ONG) colombiennes, y compris la plus importante et la plus reconnue
du pays, d'être « des politiciens au service
du terrorisme ». Le président colombien
a directement associé les groupes de défense des
droits humains aux guérillas en déclarant :
« Chaque fois qu'une politique en matière
de sécurité est mise en place en Colombie pour
vaincre le terrorisme, dès que les terroristes commencent
à se sentir faibles, ils envoient immédiatement
leurs porte-parole pour parler des droits humains. »
Conclusions : Les
citoyens des classes moyennes et supérieures sont les
premiers bénéficiaires de la réduction des
enlèvements, alors qu'ils sont dans le même temps
victimes de l'augmentation des extorsions. Les Colombiens, toutes
classes confondues, et en particulier dans les zones urbaines,
ont bénéficié de la réduction des
crimes violents, alors qu'il y a eu peu de changements au niveau
de la violence politique liée au conflit civil, ce dernier
étant présent essentiellement dans les régions
rurales.
Les déplacements forcés, les disparitions,
les détentions arbitraires, les arrestations de masse
ont touché en majorité les pauvres et ceux qui
osent critiquer les politiques économiques et de sécurité
du gouvernement. Dernièrement, Uribe a amélioré
la sécurité pour beaucoup de Colombiens, ce qui
s'est traduit par l'augmentation de sa popularité dans
les sondages. Cependant, cela s'est produit non seulement en
prenant pour cible les guérillas du pays mais aussi en
utilisant la répression contre les secteurs de la société
civile critiques envers ses politiques.
Le conflit civil
Les succès : sous
Uribe, les effectifs militaires colombiens ont crû passant
de 158 000 à 207 000 personnes actives sous les drapeaux.
Les effectifs de la Police nationale colombienne ont également
augmenté passant de 97 000 à 121 000 membres. Ainsi,
les forces de sécurité de l'Etat ont étendu
leur présence dans toute la Colombie. La Police nationale
colombienne est maintenant présente dans les 1098 municipalités
du pays pour la première fois dans l'histoire du pays.
Les politiques en matière
de sécurité du président Uribe ont réussi
à réduire de façon significative les attaques
des guérillas contre les infrastructures du pays entre
2002 et 2004. Par exemple, les attaques contre les pylônes
électriques ont diminué de 74% - passant de 483
attaques en 2002 à 121 en 2004.
Les négociations
du gouvernement avec les Autodéfenses unies de Colombie
(AUC), les paramilitaires, et l'adoption de la Loi de paix
et justice en juin 2005, ont mené à la démobilisation
officielle de 10 000 paramilitaires. [1]
Les échecs : selon
le think tank en matière de défense basé
à Bogota, la Fundación Seguridad y Democracia,
les Forces armées révolutionnaires de Colombie
(FARC) ont lancé plus d'attaques contre les militaires
colombiens pendant les deux premières années du
mandat de Uribe que pendant n'importe quelle période de
deux ans sous le mandat du président précédent
Andrés Pastrana (1998-2002). En fait, les FARC ont attaqué
les forces de sécurité de Colombie en moyenne deux
fois par jour en 2004. Pendant les six premiers mois de 2005,
les FARC ont lancé des assauts de grande envergure contre
les bases et les convois militaires dans les départements
de l'Antioquia, de l'Arauca, de Nord Santander, du Putumayo et
du Nariño. Les attaques ont fait plus de 200 morts chez
les soldats et ont provoqué la démission du ministre
de la Défense colombien Jorge Alberto Uribe- aucun lien
de parenté avec le président Uribe.
Alors que la Police nationale
maintient aujourd'hui une présence dans les 1 098 municipalités
que compte la Colombie, cette présence consiste seulement,
dans la plupart des municipalités rurales, en un petit
détachement dans la ville qui sert de siège municipal.
La plupart des petites villes et des villages des municipalités
des départements de Caquetá, Putumayo, Meta, Arauca,
Chocó et d'autres régions reculées n'ont
toujours pas de présence policière.
Des leaders paramilitaires
responsables de crimes contre l'humanité qui se sont démobilisés
dans le cadre de la Loi de justice et paix purgeront une
peine de prison d'à peine 22 mois. Il n'y a pas de garanties
non plus que les leaders paramilitaires démantèlent
leurs réseaux de trafic de drogue une fois qu'ils seront
démobilisés. Par conséquent, la Loi de
justice et paix n'apporte que peu de justice aux milliers
de victimes des violences des paramilitaires.
Selon la Commission colombienne
des juristes (CCJ), les paramilitaires qui respectaient soit
disant le cessez-le-feu [2] ont tué plus de 2 000 civils
alors qu'ils étaient engagés dans les négociations
de démobilisation. Par ailleurs, beaucoup des 10 000 paramilitaires
démobilisés ne l'ont pas été vraiment.
Le gouvernement prévoit d'utiliser 2 000 d'entre eux comme
force de sécurité pour protéger les infrastructures
du pays des attaques rebelles. En novembre 2003, par exemple,
la démobilisation du Bloc Cacique Nutibara des AUC à
Medellin n'a pas mis fin aux activités paramilitaires
du groupe dans la deuxième plus grande ville de Colombie.
Le rapport d'Amnesty International révèle que deux
ans après leur démobilisation :
« Les paramilitaires
continuent à opérer comme une force militaire,
à tuer et à menacer les défenseurs des droits
humains et les activistes des communautés rurales, à
recruter et à agir conjointement avec les forces de sécurité.
Cependant, plutôt que de mener des opérations de
grande ampleur, avec des groupes lourdement armés et en
uniformes comme ils l'ont fait par le passé, de plus en
plus maintenant ils camouflent leurs activités en imposant
leurs membres dans des compagnies privées de sécurité
ou comme informateurs pour les forces de sécurité. » [3]
Conclusions : le renforcement
militaire et l'usage de tactiques plus agressives ont permis
à l'Etat d'étendre sa présence à
plus de régions dans le pays, fournissant ainsi une sécurité
supplémentaire à certains secteurs de la population
civile tout en prenant simultanément pour cible d'autres
secteurs. Alors que les politiques en matière de sécurité
d'Uribe ont connu certains succès contre les guérillas,
les attaques continues des FARC contre les cibles militaires
montrent que les capacités militaires des groupes rebelles
n'ont pas été affectées de façon
significative. Dans le même temps, le processus de démobilisation
menace de devenir en fin de compte pas moins qu'une restructuration
des paramilitaires, leur permettant de maintenir leurs réseaux
criminels et de continuer à s'attaquer aux membres de
la société civile qui luttent pacifiquement pour
la justice sociale.
L'économie
Les succès : l'économie
a connu une croissance de 4,02% en 2003 et de 3,96% en 2004,
les plus haut taux annuel de croissance consécutifs depuis
une décennie. En même temps, le taux de chômage
a baissé de 14.2% en 2003 à 13.6% en 2004. Avec
Uribe, la Colombie a mis en place des réformes économiques
néolibérales, ou de « libre »-échange,
pour attirer les investissements étrangers. Selon la Banque
mondiale, la Colombie fut en 2004 le second pays au monde ayant
le climat réformateur le plus prospère en matière
d'investissements, grâce en partie à la dérégulation
et à l'augmentation de la flexibilité des lois
du travail. En effet, en 2004, les investissements étrangers
ont augmenté de façon impressionnante de 66% par
rapport à 2003.
Les échecs : en
dépit d'une croissance économique respectable et
d'une augmentation des investissements étrangers en 2003
et en 2004, les niveaux de pauvreté restent les mêmes
avec 64% de Colombiens vivant en dessous du seuil de pauvreté
- 85% de la population rurale. Aussi, la baisse de 0,6% du taux
de chômage de 2003 à 2004 s'explique par le recrutement
de 73 000 citoyens dans les forces de sécurité
de l'Etat - beaucoup d'entre eux sont des pauvres incorporés
dans l'armée.
Les lois de flexibilisation
du travail dues aux réformes néolibérales
ont provoqué une baisse des emplois stables, à
temps plein et syndiqués et une augmentation proportionnelle
des emplois temporaires qui n'offrent ni sécurité
ni avantages sociaux. Par ailleurs, ceux qui travaillent dans
l'économie informelle continuent de représenter
plus de 50% de la main d'uvre du pays, beaucoup d'entre eux gagnant
moins que le salaire minimum et ne bénéficiant
d'aucun avantages sociaux.
La dette extérieure
de la Colombie a augmenté de 37,3 milliards de dollars
en 2002 à 38,2 milliards en 2003- soit 49.3% du Produit
intérieur brut (PIB). Dans le même temps, la part
des ressources nationales détenue par le gouvernement
a diminué parce que les réformes néolibérales
ordonnées par Uribe autorisent maintenant les compagnies
pétrolières étrangères à exploiter
le pétrole sans avoir à signer un accord de partenariat
avec la compagnie pétrolière de l'Etat Ecopetrol.
Par conséquent, les compagnies étrangères
conservent maintenant la propriété de la totalité
du pétrole qu'elles extraient - auparavant Ecopetrol recevait
30% du pétrole extrait - et payent des royalties de 8%
seulement par baril. A titre de comparaison, les compagnies pétrolières
opérant en Alaska payent 25% de royalties au gouvernement
états-unien.
Alors que Uribe conserve
une popularité élevée dans les sondages
pour la dureté de ses politiques contre les guérillas,
les Colombiens ne soutiennent pas autant ses politiques économiques.
Un sondage réalisé en octobre a révélé
que 43% des Colombiens sont contre le projet de Uribe de signer
un traité de libre-échange avec les Etats-Unis,
alors que 38% seulement serait en faveur de cet accord. Un autre
sondage effectué en janvier 2005 a aussi illustré
les frustrations des Colombiens concernant la façon dont
le gouvernement gère l'économie. Le sondage posait
la question : « En tant que Colombien, de
quoi en avez-vous assez ? » 58% des personnes
interrogées ont répondu le taux de chômage
du pays, qui est leur première préoccupation.
Conclusions : les
réformes néolibérales ont profité
à l'élite économique du pays et aux compagnies
multinationales qui ont prospéré grâce à
l'établissement de conditions favorables aux investissements
et grâce aux réglementations flexibles du travail.
En même temps, avec le peu de nouveaux emplois créés
et la non réduction de la pauvreté, il est évident
que la richesse créée par la croissance économique
du pays n'a pas été distribuée équitablement.
Par conséquent, la Colombie a gardé son rang dans
le classement des Nations Unies selon le coefficient Gini [4]
et reste le dixième
pays ayant une distribution de sa richesse la plus inégale
au monde. Par ailleurs, selon l'index de développement
humain du Programme des Nations Unies pour le développement
(PNUD), qui mesure la qualité de vie du citoyen moyen,
la Colombie a perdu cinq places entre 2003 et 2005 passant de
la 64e place à la 69e sur les 177 pays en liste.
NOTES:
[1] [Risal] Consultez le dossier « Avec
Uribe, l'impunité pour les paramilitaires »
sur RISAL.
[2] [Risal] Afin de mener à bien le dialogue
avec les forces paramilitaires, le gouvernement suspendit les
ordres de capture à l'encontre de ses leaders. De leur
côté, les AUC s'engagèrent à ne plus
violer les droits de la population civile et à ne plus
commettre de crimes à son encontre tout au long du processus
de négociation. Un cessez-le-feu fut proclamé en
décembre 2002.
[3] [Risal] Lire Amnesty International, Les paramilitaires
à Medellín : démobilisation ou légalisation,
septembre 2005.
[4] Risal] Le coefficient Gini mesure les inégalités
de revenus.
Sources :
RISAL - janvier 2006
Colombia Journal (www.colombiajournal.org/),
28 novembre 2005.
Traduction : Raphaëlle
Barret, pour RISAL (www.risal.collectifs.net/).
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Nous
sommes tous Juifs
et Vénézuéliens !
LM,
le 24 janvier 2006
photo : www.aporrea.org (FSM Caracas)
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Le lundi 9 janvier, le
journal Libération publiait un article du sieur Jean Hébert
Armengaud sur « le credo antisémite de Chavez ».
Malheureusement il n'y aura pas d'épilogue, de fin heureuse
à une affaire de manipulation journalistique. Il aura
été écrit que Hugo Chavez Frias est «
antisémite » et si l'accusation est tombée
comme un jeu de quille, elle restera comme un affront, une tâche
qui restera insidieusement. Toutefois il est notable que la supercherie
n'a pas tenue la route longtemps et les autoroutes de l'information
ont eu un rôle bénéfique dans la déconstruction
de cette "rumeur journalistique". Une première
venant de lecteurs, ou de citoyens avertis, qui en quelques jours
ont mis à mal un stratagème à deux balles...
Toute la semaine s'en est
suivi sur internet des réactions manifestes face à
la supercherie (www.info-impartiale.net)
On peut même
penser que certains auteurs se sont surpassés tant l'infamie
était de trop de la part de ce journaliste connu pour
ses positions anti-chavistes. La rédaction de Libération
au bout d'une semaine a jeté l'éponge et finie
par faire état le 16 janvier de timides excuses par le
biais de son «spécialiste» du Venezuela.
Profil bas, après la tentative de se dédouaner
par le biais d'un appel d'intellectuels vénézuéliens,
qui n'a fait que démontrer une opération, une de
plus, de déstabilisation de la démocratie vénézuélienne.
Cette affaire est parti
d'un communiqué du Centre Simon Wiesenthal de Buenos Aires
le 4 janvier 2006 (www.wiesenthal.com), dénonçant les propos « antisémites
» du président vénézuélien
et qui fera la une ou les manchettes de la presse argentine et
vénézuélienne (relayé par l'Associated
Press). Si l'on relit
certains articles, vers le 10 janvier, il était question
de Los Angeles, et non point de Buenos Aires, là aussi
on remarquera à quel point certains journalistes ne vérifient
pas leurs infos, mais ceci n'est qu'un exemple de comment les
médias agissent au quotidien. Pour se faire un avis ou
vérifier l'info, il suffisait de se connecter au site
des Centres Simon Wiesenthal et lire les communiqués.
Le plus extraordinaire, et bien avant que ne se réveille
nos 30 intellectuels vénézuéliens, c'est
que la communauté juive du Venezuela, elle n'a rien dit,
et pour cause, ce qu'avait dit Hugo Chavez la veille de Noël
2005 n'avait choqué personne, et pas par insolence à
un discours clair sur les effets du capitalisme à l'échelle
de la planète et sans admonestation d'un groupe religieux
en particulier ; surtout, jamais le Centre Wiesenthal de Buenos
Aires n'a tenu au courant les instances représentatives
des juifs vénézuéliens de son action. Nous
n'étions pas un premier avril, pourtant à plusieurs
milliers de kilomètres certains ont senti le besoin de
dénoncer un climat difficile pour les juifs vénézuéliens.
Quand tout le pays avait passé des fêtes familiales
dont l'importance a tendance a paralysé le pays pendant
plusieurs jours. En sorte, un mal de crâne à la
sortie des réveillons a poussé quelques allumés,
quelques militants de l'opposition folle au président
Chavez à monter un nouveau coup médiatique. Pour
cela, quelques petits réseaux malingres situés
à Caracas, Buenos Aires et Paris, dont le journaliste
de Libération, pouvaient ainsi lâcher leur venin.
Si l'on relit de près,
dans une approche sémantique, il est facile de remarquer
les ambiguïtés de M Manuel Caballero et de ses amis (http://liberation.fr/php?Article=350747). Au nom de la lutte contre l'antisémitisme,
on finit par confondre ce qui est un contenu malveillant et dangereux,
notamment dans un pays qui est sorti d'une quasi guerre civile
entre 2002 et 2003. En règle général, je
renvoi à la lecture de l'article dans son entier, j'évite
plutôt de reprendre les propos des autres entre des guillemets,
cela permet de dire ses idées, sans avoir à prendre
un docte point de vue, mais principalement d'assumer ses écrits.
Petite précision, pour affirmer que nos détracteurs
anti-chavistes sont justement ce qu'ils dénoncent, ou
ce qu'ils ne veulent pas avouer, c'est à dire des manipulateurs,
en d'autres termes des pervers. Ne chercher pas un complot, en
l'état, le pétard a explosé à la
face de ses auteurs. L'appel dans les colonnes de Libération
est un exemple de circonvolution, faute de pouvoir critiquer
la politique sociale et économique du Venezuela, l'on
joue de la suspicion, de l'anathème.
J'ai encore en tête,
ce qui disait en septembre 2005 à Paris, Roberto Hernandez
Montoya sur son ami Manuel Caballero. Il expliquait, - qu'un jour un journaliste argentin
l'appela et lui demanda si il était possible de joindre
Manuel, - oui lui fut il répondu. Son interlocuteur argentin
s'étonna, comment cela lui qui dénonçait
partout la dictature chaviste était libre ? Oui, libre
et joignable à Caracas, aussi précisa t'il de même
que les journalistes qui avaient écrit, ou propagée
l'idée d'éliminer Chavez physiquement, n'ont jamais
été inquiété de loin ou de près
par la justice vénézuélienne. On ne distingue
pas vraiment de Paris, la liberté de parole au Venezuela,
elle est totale, et dans la bouche des opposants purs et durs
l'insulte est facile, le mépris permanent, et pas seulement
à l'encontre du chef de l'État.
Revenons en à l'accusé
Hugo Chavez Frias, non point pour souligner qu'il a démenti
ce système calomniateur (articles
du 13 et 15 janvier 2005 sur http://www.jean-luc-melenchon.fr/article/blogs/1/0), mais pour expliquer un peu notre homme. Là aussi je reprendrais
l'idée de Roberto Hernandez Montoya, les chavistes comme
les anti chavistes se trompent de combat. Chavez est un maillon
de la révolution, et il ne souhaite pas vraiment que l'on
le déifie, et de ce fait nous sommes bien loin du délire
que prônait Ceresole, le négationniste argentin
(ancien militant communiste). Sur l'entourage de Chavez à
ce sujet, il est important de rappeler qu'un politique de ce
niveau n'a que des « amis ». Ce qu'il répondit
en substance à un journaliste de l'Express (Paris
novembre 2005) sur ses « amitiés » avec certains
responsables du monde, il était question du président
du Zimbabwe. Il rappela les derniers jours de Simon Bolivar,
la parabole renvoyait à la solitude du pouvoir, et il
pouvait en quelque sorte ironisé sur l'amitié.
Aussi, Ceresole fait parti d'une longue liste de gens qui ont
pu se réclamer de son amitié ou de son appui, et
à se demander si certains n'ont pas pris leur vessie pour
des lanternes ? Souvenir au passage d'un journaliste français
se réclamant de l'amitié de Chavez, mais bon passons,
je ne sais quel idiot peut croire de telles paroles courtoises
ou formules diplomatiques sans pouvoir prendre un peu de recul.
Et je ne vais pas faire un article sur une question qui relève
d'un questionnement d'adolescent.
On se moque un peu de savoir
qui est Chavez, et lui même est en permanence dans un questionnement,
une réflexion souvent trop élaborée pour
ses contradicteurs.
Ce que l'on peut remarquer c'est qu'il a su évoluer, qu'il
a du mûrir rapidement pour se mettre au service des plus
démunis, trouver les voies d'un sagesse qui est lui propre.
Nous sommes loin du jeune lieutenant-colonel de 1992 et sa complexité
laissera aux historiens de quoi alimenter longtemps, non pas
une légende, mais une approche nouvelle des déséquilibres
de notre planète et de comment il est encore possible
de transformer ou de révolutionner si besoin est certains
mécanismes. Quitte à revendiquer la parole d'un
monsieur Jésus Christ, né il y a environ 2000 ans
et selon certains travaux historiques, ce croyant aurait drainé
pas mal de monde derrière ses paroles de paix. Là
est puis-je croire le fond de cet homme qui ne peut que fasciner
ou être détester, quand on sait que l'amour et la
haine sont un peu les mêmes versants, du moins la cause
de trop d'erreurs (Lire
« l'amour et la haine » de Mélanie Klein,
psychanalyste - PUF).
Il s'agit de politique, de la gestion d'une Nation, les bons
ou mauvais sentiments ont finalement peu de place Il y a aussi
à souhaiter que le politique favorise la liberté
religieuse et aussi un dialogue avec les franges les plus progressistes
au sein du monde chrétien, juif et musulman.
Si certains ne peuvent
comprendre l'enjeu de dénoncer « Rome » et
ses volontés impérialistes, ils n'ont pas vraiment
une idée de l'échiquier politique de notre monde.
L'italien, Toni Négri
est aussi de ce même cru, quand il analyse l'impérialisme
Romain, et ce qui se passe aujourd'hui à l'international
en a les mêmes ingrédients, ou comment nous subissons
avec Washington un ordre mondial sans partage. Le travail intellectuel
de Marx et l'histoire de ses différents courants de pensée
ne sont pas vraiment enseigné. Souvent, il faut lire l'oeuvre
du Berlinois et de ses héritiers pour saisir une approche
non dogmatique. Faut il préciser à quel point les
partis communistes européens et notamment soviétique
a utilisé Marx à des fins propagandistes et souvent
erronées. Difficile dans ce cas de parler de marxistes
et de se retrouver au même niveau que les stalinistes.
De plus, le « marxisme » ou les « marxismes
» latino américain n'ont pas grand chose à
voir avec les restes du PCUS. Notamment quand toute opposition
au capitalisme de Washington à Santiago du Chili s'apparentait
à un ennemi à tuer. Socialiste ou communiste, il
n'y avait pas de détail, de présomption d'innocence,
le « rouge » était souvent condamné
à prendre l'exil ou à finir sous la torture. Et
le Venezuela n'a pas échappé à cette règle
sub-continentale, au point qu'il suffit de consulter le travail
d'Amnesty International ou de la FIDH de ces dernières
années et même remonté loin en arrière
pour constater, que malgré la tourmente et des risques
patents de guerre civile, on ne peut que constater une nette
amélioration des droits de l'Homme au Venezuela depuis
1998. Deux communiqués de la FIDH depuis 2000, rien qui
ne puisse crédibiliser l'idée d'un système
dictatorial du côté gouvernemental.
On est souvent impuissant
face à la rumeur, face à des âmes perverses,
surtout elles n'aiment pas une certaine publicité. En particulier ce qui vient déjouer
un coup médiatique monté par quelques intellos
réactionnaires, qui rassurez vous vivent sans danger de
voir une police politique débarquer à leur domicile.
Ce genre de fait se pratiquait pourtant du temps du bipartisme
du COPEI (chrétiens démocrates) et d'Action Démocratique.
Carlos Andres Perez (président) n'a eu aucun problème
en 1989 pour faire assassiner 3000 personnes sans qu'il en soit
jamais fait mention. Un grand démocrate, « homme
de gauche » ou plus exactement un populiste qui a laissé
la police comme l'armée réprimer les émeutes
du 27 février 1989 dans tout le pays. Traumatisme qui
des années après est encore présent dans
les mémoires, notamment dans les quartiers populaires
de Caracas à Maracaïbo. Les vénézuéliens
ont soufferts, aujourd'hui ils cherchent au mieux une solution
pacifique, Chavez a toujours accepté la concorde, il n'a
pas poussé l'opposition à se tirer une balle dans
le pied aux dernières législatives en retirant
ses candidats. Quand l'opposition vénézuélienne
viendra à un jeu politique plus respectueux des règles
démocratiques et il va de soit éthiques, possiblement
ils reviendront au pouvoir. Aujourd'hui, quoi qu'ils veuillent,
ils ont perdu beaucoup de soutien, et ils en deviennent pathétiques.
Au lieu d'expliquer le
fond des débats actuels, on doit encore répondre
à une poignée d'intégristes, de journalistes
malveillants. Nous
sommes tous juifs et vénézuéliens dans cette
affaire, quitte à reprendre un slogan connu de mai 1968.
Rassurez-vous Chavez n'a pas limité ou bloqué l'importation
des carpes, ou des pommes pour faire des strudels (http://www.forward.com/articles/7189). Et quand j'ai vu le grand Rabbin
de Caracas sur Globotélévision en novembre 2004,
déjà il démentait un terrain propice à
l'antisémitisme au Venezuela. Il était venu à
l'origine s'installer à Caracas et aimait cette terre
d'accueil et je l'entendis même vanter les arepas (le sandwich
local fait de maïs). Et puis on oublie que l'aspect religieux
ou culturel qui sont du domaine intime, et sur le fond il y a
normalement des juifs comme partout de progrès ou des
réactionnaires. Le communiqué de l'Ambassadeur
du Venezuela en France reprend du coup les insultes racistes
portés par Alexandre Adler contre Hugo Chavez (1). A ce jeu des comparaisons que notre éditorialiste
du Figaro aime, n'oublions pas et comme Ceresole, ils furent
tous les deux membres de la 3ème internationale, et pour
le français ce fut un pur apparatchik stalinien qui s'est
reconverti au néolibéralisme de Bush Junior, l'autre
au putride de la négation des camps d'exterminations nazis.
Et ce que n'explique pas Adler c'est comment la famille Bush
a fricoté ou plus exactement établie des relations
commerciales fructueuses dans les années 1940 avec l'Allemagne
hitlérienne. Mais jamais, je ne penserai que pour autant
George Bush est un nazi en puissance, ou un nouvel Hitler, de
tels propos me choque. Alors mieux vaut éviter certains
écueils ou comparaisons journalistiques ou militantes.
Je demande à quiconque
avant de réveiller la mémoire de l'insoutenable,
de laisser au moins un peu de tranquillité aux derniers
survivants de la Shoa.
Occasion aussi de rappeler que sur l'ensemble du continent américain
d'anciens tortionnaires nazis vivent eux dans une certaine quiétude,
et en attendant ces authentiques salauds peuvent rires de ce
type d'amalgames. Pire, à ce rythme de dénonciation
devenue chose courante, on ne fait que renforcer l'antisémitisme
et l'on met ainsi nos frères juifs en danger pour le coup.
Qui ne connaît pas cette histoire enfantine de l'enfant
qui crie au loup, mais le jour où le loup vient le dévorer
plus personne ne le croit ! Alors restons prudent et d'autant
plus attentif à la mémoire de toute l'Humanité.
Déclaration
de Monsieur Roy Chaderton-Matos
Ambassadeur de la République Bolivarienne du Venezuela
Libération fait
acte de diffamation en présentant comme antisémite
un discours récent du Président Chávez où
il évoque la responsabilité dans la mort de Jésus
des puissances impériales de ce temps-là, dans
une réflexion sur les empires d'aujourd'hui qui tentent
de crucifier des processus démocratiques de libération
et de justice sociale.
L'interprétation diffamatoire de paroles qui ne visent
aucunement nos frères juifs montré comment une
organisation créée pour retrouver des criminels
nazis en fuite a pu être banalisée et manipulée
par certains des ses dirigeants dans le continent américain
engagés dans les assauts internationaux contre notre démocratie
en soutenant des putschistes vénézuéliens.
Après le désaveu
par Jean-Paul II de l'injuste incrimination historique contre
le peuple juif, seule une interprétation tortueuse pouvait
identifier des éléments antisémites dans
les paroles du Président Chávez. Inclure Simon
Bolívar dans cette spéculation révèle
en plus l'ignorance de l'histoire, car Bolívar lui-même
et sa famille reçurent, dans des temps d'infortune, le
soutien et la protection d'amis juifs de Curaçao, comme
Mordechaï Ricardo, dont la générosité
a toujours été reconnue par El Libertador.
Après leurs multiples
échecs putschistes et électoraux, les anti-chavistes
vénézuéliens et internationaux ont constitué
un curieux et rococo pot-pourri de personnes et d'institutions
unies par la volonté de délégitimer la démocratie
vénézuélienne, qui a choisi une voie souveraine
d'engagement pour la justice sociale. Des chrétiens d'extrême
droite, des banquiers incompétents, des politiciens ratés,
des représentants de la gauche caviar, des cripto-nazi
et bien d'autres ennemis des valeurs républicaines, avec
le soutien international d'organisations comme Reporters sans
Frontières, financée par le National Endowment
for "Democracy" et par de puissants groupes de publicité,
des protestants fondamentalistes des Etats Unis, comme le télé-évangeliste
Pat Robertson, qui lança un appel au meurtre du Président
Chávez, Alexandre Adler, inexplicable raciste, José
María Aznar et d'autres dirigeants du Parti Populaire
Espagnol et ses équivalents en Amérique Latine
comme Lourdes Flores, sont les complices d'une conspiration internationale
orchestrée par la dictature globale. Bienvenue au Club,
Monsieur Armengaud!
Aujourd'hui ils tentent
infructueusement de se servir du chantage de l'antisémitisme
pour éloigner du Président Chávez les nombreux
juifs progressistes qui soutiennent le processus bolivarien.
Nous, démocrates
vénézuéliens, sommes profondément
opposés à des aberrations comme l'antisémitisme,
le maccarthysme, le racisme, l'anti-islamisme et autres formes
de fanatisme et de violence responsables aujourd'hui comme hier
de crimes contre l'humanité commis au nom d'une fausse
démocratie et du néolibéralisme.
Le message du Président
Chávez affirme son engagement avec les exclus du monde
entier, le même engagement de chrétiens comme Martin
Luther King, la Mère Teresa de Calcutta, Monseigneur Oscar
Romero et l'Abbé Pierre, le même engagement de penseurs
et de combattants juifs, musulmans et athées qui ont oeuvré
et vécu pour la paix, la liberté, l'égalité
et la fraternité.
Monsieur Armengaud,
c'est à vous de présenter des excuses.
|
NOTES SUPPLÉMENTAIRES : Hugo Chavez et antisémitisme.
Le journal Libération (20 janvier 2005) a continué à nier sa
manipulation, au sein de ses colonnes le mot «Chavez» est une sorte
de défoulement quand on aborde l'Amérique du Sud. Jean Hébert Armengaud
a perdu depuis le 10 janvier sa plume, pour être remplacé par une
collègue puis par un directeur adjoint concernant le Venezuela
(http://www.liberation.fr). On se bouscule semble t'il pour confirmer
le doute, si vous en aviez un à vous mettre sous la dent? Raté, j'en
comprends la solidarité d'une rédaction, néanmoins le choix est au
demeurant un peu suicidaire, cela ressemble à l'opposition
vénézuélienne face à la révolution bolivarienne. Ils n'ont rien
compris, et ils en sont d'autant plus dangereux qu'ils n'en mesurent
pas toutes les conséquences.
A remarquer que l'internet a eu un rôle considérable dans la
déconstruction de cette logique de faux ou de « rumeur
journalistique » est un genre nouveau mais efficace. Certains blogs
sont devenus des espaces d'analyses, de critiques, et il est possible
d'en apprécier la diversité et aussi la lucidité des débats :
(http://rezo.net/actu) ou bien
(http://www.bigbangblog.net/article.php3?id_article=277)
et
(http://blog.kilobug.org/blog/index.php/2006/01/11/19-chavez-antisemite-ou-manipulation-mediatique)
Toutefois, le venin à trouver un accueil favorable chez certains, les
amis de Dieudonné voudraient faire « combat commun » avec Chavez, mais
là aussi pas question de faire cause commune avec toute forme
d'intégrisme :
- Premièrement, en mettant à même niveau un amuseur public (rarement
drôle dans les médias) et un Président d'une République de 26 millions
d'âmes.
- Deuxièmement, à alimenter une vaine de haine antisémite (sous un
alibi « antisioniste ») qui sert évidemment de terrain pour des thèses
identitaires et régressives.
Et inversement des ultras "pro-israéliens" qui laissent libre cours à
leur arabophobie. Plus exactement, un tout petit monde qui se trompe de
colère, ou que le fondamentalisme politique ou religieux agite :
(http://www.quibla.net) et lire l'article et les réactions
(http://www.guysen.com/articles.php?sid=4032)
Je suis du même avis qu'un blogueur (Luc) du Monde.fr, cela mériterait
une action en justice face à des auteurs malveillants, mais si Chavez
ne le fait pas dans son pays, je l'imagine mal le faire en France !
(http://lucky.blog.lemonde.fr/lucky/2006/01/ractions_de_cha.html).
Autant, il faut renforcer la protection des sources journalistiques,
aussi faut-il que les lecteurs aient des gardes-fous face à certaines
dérives.
La question n'est pas d'emprisonner Jean-Hébert Armengaud pour ses
opinions, mais de conserver malgré des convictions fortes un respect
certain des personnes. Je rejoins à ce propos, le grand trait de
sagesse de L'Observatoire de la Démocratie, qui pose une seule
question: "A trop manier sans précaution, ni rigueur l'accusation
d'antisémitisme, ne prend-on pas le risque de le répandre? "
(http://observatoiredemocratie.over-blog.com/)
NB : Même mon journal favori s'y prend les pattes, le Canard Enchaîné
du mercredi 11 janvier relaie une brève sur Hugo Chavez Frias, devinez
le journal d'origine ? Et il ne s'est pas fait pan sur le bec la
semaine suivante ! Mon petit Canard, s'il te plait évite de reprendre
des cancaneries !
Ah, j'oubliais l'article langue de bois de l'Humanité :
(www.humanite.presse.fr/journal/2006-01-17/2006-01-17-822044),
décidément la presse hexagonale a besoin de sérieusement travailler son
dossier sud américain, là est l'enjeu du problème !
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«Le credo vichyste
du journalisme
franco-vénézuélien»
LM, le 11-01-2006
photo : apporea.org
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Si tu veux de te débarrasser
d'un ennemi, dis de lui qu'il a la rage. En France, on pourrait remplacer le terme rage
par antisémite et obtenir au final le même résultat.
Cette fois ci la manoeuvre est plus que grossière, sur
le fond elle met en évidence une pratique journalistique
qui s'apparente à une manipulation à des fins peu
scrupuleuses. De la propagande de bas étage, et très
révélateur du peu de souci de la mémoire,
si l'on oublie les faits, les invraisemblances et surtout un
amalgame digne d'un esprit un tantinet malsain. Je me réveillais
lundi (9 janvier 2006) au lueur du journal du matin de Canal
plus et que fut ma découverte quand j'entendis les propos
d'une commentatrice sur Hugo Chavez, en me rasant (rassurez vous,
je ne me suis pas coupé). La source émanait du
journal Libération, et le président vénézuélien
lors d'une allocution le soir du 24 décembre 2005 aurait
émis des propos antisémites. Par après,
je me connectais à internet pour lire l'article «
le credo antisémite de Hugo Chavez ». Je
découvrais au passage un ou deux articles relayant cette
information au demeurant troublante.
On peut se dire qu'en peu
de temps le stratagème aura été levé,
que la manipulation opérée par Jean Hebert Armengaud
n'est pas la première.
Oh, ce monsieur connaît bien le Venezuela et en particulier
les quartiers généraux de l'opposition et traîne
rarement ses guêtres dans les barrios populaires de Caracas.
Que voulez vous un si grand reporter de presse ne peut pas vraiment
aller chercher n'importe où ses infos. Il vaut mieux crier
au loup et dans les cocktails mondains sur la « dictature
» de Hugo Chavez, et a peu de distance du palais présidentiel
de Mira Flores. L'ennui pour ce piètre manipulateur, c'est
que depuis 2000, le Venezuela connaît un lot de visiteurs
et de résidents nouveaux. Pas vraiment dupes, et dans
mon cas choqué en 2004 sur ce que je lisais dans Libération
et Le Monde. Quand sur place, il n'y avait rien à voir
avec ce que je découvrais dans les colonnes de ces 2 journaux.
Dans ce cas, on devient très alerte sur le contenu, et
apparemment la supercherie est cette fois-ci levée. Dans
le cas du journal Le Monde, le plus grave consiste à reprendre
l'information sans en vérifier le contenu et quasiment
avec les mêmes arguments ou doutes erronés.
J'ai écrit, il y
a quelques mois un texte sur le Venezuela, celui-ci parlait de
comment un « 29 novembre 2004 » (1) la
police métropolitaine avait fait irruption dans les locaux
de l'Ecole Israélite de Caracas, un après-midi
durant et en raison de l'assassinat du procureur Danilo Anderson. Et j'ai écrit aussi sur
le négationniste argentin Ceresole disparu en 2003 (2). J'expliquais comment certaines thèses
antisémites fonctionnent au Venezuela en resituant aux
mieux les évènements, et en sachant que comme partout
il y a des antisémites, et en particulier une église
catholique très réactionnaire et ayant expliqué
pendant 500 ans que les auteurs de la mort du christ étaient
les « juifs », en oubliant la judaïté
du fils de Dieu. Ce que soulignais mon texte c'est à quel
point on s'est peu préoccupé après 1945
de la venue de certains migrants allemands nazis, et comment
avec des capitaux et des organes de presse ce petit monde avait
prospéré sur tout le continent américain
(USA inclus). Faire état de la place des thèses
des extrêmes-droites venues d'Europe sous les dictatures
fascistes sud américaines est un fait avéré,
mais peu évoqué par la presse dominante. Il faudrait
faire un travail d'enquête, cela demande une autre perception
du journalisme. Pour un « Garaudy latino », combien
de criminels nazis sont morts tranquillement dans leurs lits
de Washington à Buenos Aires ?
Il y a de quoi rester alerte
sur le Venezuela et chercher une autre lecture de ce pays. Que
Hugo Chavez un soir de Noel et de réveillon ait des accents
christiques, cela n'a rien de très étonnant. Il ne cache pas ses convictions
religieuses dans le débat politique, et ses références
au Christ libérateur refont surfaces. Pour nous en France,
c'est assez peu compréhensible, du moins de quoi agacer
une libre pensée très hexagonale. Mais de là
à désigner tous les catholiques comme des antisémites,
se serait absurde ; à vouloir dénoncer en utilisant
les pires armes de la délation, c'est proprement un reste
de l'esprit vichyste. Faut il être un tant soit peu tordu
pour s'attaquer à un individu et n'en montrer qu'un portrait
faux, délibérément outrancier. Et il suffit
qu'un journaliste lance un article, il sera relayé sans
fondement et aidera une fois de plus à dire que ce qui
se passe au Venezuela revient à une alliance des rouges
et des bruns. Plutôt que de s'interroger sur comment de
Libération à l'Express on lit les mêmes erreurs,
les mêmes excès. Cette pratique qui consiste à
faire dire le contraire est très en vogue outre atlantique,
quand il s'agit d'éliminer ses adversaires. Maurice Lemoine
aborde dans son « Chavez Presidente », quelques traits
de ces aboyeurs de la presse présidentielle, qui d'un
élément vont le transformer et en faire une accusation
supplémentaire à l'encontre du pouvoir chaviste.
En tout cas c'est un moyen de
comprendre pourquoi, plus que jamais il faut une presse libre
et indépendante des pouvoirs politiques et financiers.
Pauvre Jean-Paul Sartre, qu'ont ils fait de ce journal ? On peut
comprendre pourquoi en 10 ans Libération est passé
d'environ 300.000 lecteurs à 160.000 par jour. De quoi
être fort chagrin de ne pouvoir plus trouver en kiosque
un quotidien de référence. Je ne sais plus vraiment
si il existe une déontologie journalistique. Du moins
cet exemple est assez significatif de la mauvaise foi, de la
peur de perdre son emploi qui agit dans de nombreuses salles
de rédaction. Il faut vendre, faire dans le sensationnel.
C'est vrai, on est très loin du journal qui ouvrait ses
colonnes aux taulards et la nostalgie n'a plus lieu d'être.
Il est anormal d'utiliser la mémoire à des fins
cyniques et dérisoires, c'est une offense surtout aux
disparus et à leurs enfants pour agiter de vieilles nostalgies
franchouillardes. En fait, je me découvre comme une nausée
quand je pense à certains médias. Et le pied de
nez posthume de François Mitterrand est de penser que
le qualificatif « de chien » est un peu abusif notamment
pour les canidés.
Notes :
(1) dans l'article de Libération est omise la
date de 2004, il est cité un « 29 novembre »
sans précison de l'année, quitte à le faire
passer pour récent.
(2) « Venezuela, le Retour de l'Histoire »,
texte en ligne sur le site.
COMPLÉMENT
d'info :
Manipulation :
Chavez accusé d'antisémisme ... !
Chavez accusé d'antisémitisme : C'est que
qu'affirment Le Monde et Libération du 9 janvier. Cette
affirmation est tirée d'un discours prononcé la
veille de Noël par le chef de l'Etat vénézuelien
Le Monde et Libération
publie le discours que Chavez a prononcé la veille de
Noël. MAIS...
l'omission de quelques
lignes, transforme le sens de la phrase et permet d'accuser Chavez
d'antisémitisme !
Janette Habel, maître
de conférences à l'Institut des Hautes Etudes de
l'Amérique latine écrit :
J'ai été
sollicitée lundi par France Culture afin de commenter
l'article paru dans Libération concernant les propos "antisémites"
de Chavez. C'est en allant sur le site du Ministère de
la Communication vénézuélien que nous avons
pu lire (avec l'assistante de l'émission) le texte intégral
du discours de Chavez en date du 24 décembre.Ayant pris
connaissance du texte l'interview a été annulée.
J'ai ensuite averti M.Lemoine au Monde diplo.
Cette manipulation
repose d'abord sur la suppression de quelques lignes - "les
descendants de ceux qui ont expulsé Bolivar et qui l'ont
crucifié à leur manière à Santa Marta
en Colombie. Une minorité s'est appropriée les
richesses du monde, une minorité s'est emparée
de l'or de la planète etc.." - cette omission permet
d'établir une continuité entre "les descendants
de ceux qui ont crucifié le Christ (...) et la minorité
"qui s'est emparée des richesses du monde".
La lecture intégrale du passage concerné suffit
à démentir l'interprétation de Libé.
Plus grave encore
l'auteur de l'article de Libé signale que le texte officiel
du discours est toujours en ligne sur le site du Ministère :
on peut donc supposer qu'il l'a lu..on n'ose penser qu'il ne
l'a pas compris. Vous pouvez lire
le discours de Chavez sur le site du ministère de la communication
et de l'information : minci.gov.ve. A la veille du Forum
Social de Caracas tout cela n'est pas innocent.
Voici le passage
traduit dans son entier :
« Je viens
de terminer ce matin le dernier rapport de l'ONU sur la situation
du monde et c est alarmant. C est pour ça que je dis qu'aujourd'hui
plus que jamais en 2005 ans, Jésus-Christ nous manque,
parce que le Monde est en train de se consumer jour après
jour ainsi que les richesses du monde, parce que Dieu et la nature
sont sagesse, le monde a de l'eau en quantité suffisante
pour que chacun ait de l'eau, le monde a suffisamment de richesses
et de terres pour produire de la nourriture pour la population
mondiale, le monde a suffisamment de pierres pour construire
pour que personne ne soit laissé sans habitat. Le monde
possède pour tous, donc, mais dans les faits des minorités,
les descendants de ceux qui crucifièrent le Christ, les
descendants de ceux qui jetèrent Bolivar hors d'ici et
le crucifièrent aussi a leur manière a Santa Marta
en Colombie. Une minorité s'est appropriée les
richesses du monde, une minorité s'est appropriée
l'or de la planète, de l'argent, des richesses minérales,
des eaux, des bonnes terres, du pétrole, de toutes les
richesses donc, et a concentré les richesses entre quelques
mains : moins de 10% de la population du monde est propriétaire
de plus de la moitié de la richesse du monde entier et
... plus de la moitié des habitants de la planète
sont pauvres et chaque jour il y a de plus en plus de pauvres
dans le monde. Ici, nous avons décidé de changer
l'Histoire. »
Source : Jacques
Cotta http://www.info-impartiale.net/breve.php3?id_breve=108
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