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Amérique
Latine 
Sommaire : Archives des articles 2006 - 3ème partie
1 - Colombie : Alvaro Uribe à six semaines du scrutin, Benito Perez
2 - Venezuela : Il y a 4 ans, réveil dans une dictature
3 - Venezuela : Réformes et révolutions, s'il vous plait !
4 - Colombie : Entretien avec Hector Mondragon, Silvia Torralba
5 - Venezuela : L'essor du mouvement des radios, Sujatha Fernandes
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Alvaro
Uribe affronte sa pire crise à six semaines du scrutin
et Qui a assassiné le Procureur Danilo
Anderson?
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Benito Perez,
jeudi 13 avril 2006 |
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Elections truquées,
Etat infiltré par les paramilitaires et les « narcos
», assassinats de militants, plan pour renverser Chávez...
les accusations d'un ancien des services secrets mettent le président
en difficulté.
« Le plus grave scandale vécu
par la Colombie depuis l'affaire Samper [1].
» Depuis presque deux semaines, l'hebdomadaire colombien
Semana suivi de ses confrères font souffler un
vent de tempête sur le gouvernement d'Alvaro Uribe. Alors
que le président pensait voguer vers une tranquille réélection
le 28 mai prochain, un ancien cadre des services secrets s'est
mis à table, dépeignant un Etat infiltré
par les paramilitaires et la mafia. Nerveux, le président
a nié en bloc, s'attaquant durement à une presse
« frivole » et « irresponsable ».
Rafael García, qui fut jusqu'en 2004 directeur
informatique du Département administratif de sécurité
(DAS), affirme notamment que Jorge Noguera, chef de ce service
de renseignement directement rattaché à la présidence,
a rencontré d'importants leaders paramilitaires et des
opposants vénézuéliens, afin de concocter
un « plan de déstabilisation » du gouvernement
d'Hugo Chávez. Selon M. García, six ministres d'Uribe
étaient au courant de cette manoeuvre qui pourrait être
à l'origine de l'assassinat du juge vénézuélien
Danilo Anderson en 2004 (lire ci-dessous).
300 000 voix
détournées
Plus grave encore, M. García aurait eu connaissance
d'une liste de syndicalistes et d'intellectuels livrée
par le DAS aux milices d'extrême droite. Certaines des
personnes citées sur ce document ont été
assassinées depuis ou ont dû s'exiler. Dans un cas
au moins - celui de l'universitaire pacifiste Andrea Correa de
Andreis - le DAS aurait lui même exécuté
la cible.
Et ce n'est pas tout ! Depuis sa cellule - il est
détenu pour avoir effacé des mafieux des listes
du DAS - M. García raconte comment les services secrets
ont appuyé, en 2002, des fraudes électorales massives.
Ingénieux, le système de triche aurait été
utilisé pour les législatives puis pour la présidentielle.
Selon M. García, il consistait en l'achat frauduleux de
listes électorales - en principe secrètes - qui
étaient ensuite insérées dans un programme
informatique permettant de repérer les abstentionnistes
de chaque local de vote. En fin de scrutin, avec la complicité
de jurés, les bulletins non utilisés étaient
versés aux favoris des paramilitaires. Charge aux miliciens
d'intimider un maximum de Colombiens pour qu'ils renoncent à
se rendre aux urnes et grossir ainsi les rangs des faux électeurs.
A en croire M. García, pas moins de trois
cent mille voix auraient été détournées
lors du scrutin présidentiel en faveur d'Alvaro Uribe.
L'ancien fonctionnaire affirme en outre que son élection
doit beaucoup au soutien financier et pratique de « nombreuses
personnes liées au trafic de drogue ». Il cite notamment
Nestor Caro, un actif supporter du président soupçonné
d'appartenir au cartel de Casanare.
Services secrets
pour amis
Enfin, M. García affirme que son supérieur
et ancien ami Noguera entretenait des liens constants avec «
Jorge 40 », alias Rodrigo Tovar, un narco-paramilitaire
recherché par Washington. Le chef des services secrets
lui aurait notamment livré des renseignements sensibles,
ainsi qu'à un second groupe armé et au «
narco » Diego Montoya... Une proximité d'autant
plus troublante que « Jorge 40 » a pu retourner librement
à la vie civile grâce au « plan de paix »
et de démobilisation impulsé par le président
et ratifié par le Congrès... « Jorge Noguera
était le Montesinos d'Alvaro Uribe », résume
Rafael García, en référence à l'éminence
grise de l'ex-président péruvien Fujimori [2]. Une sentence en forme de menace à peine
voilée. Car l'ex-cadre du DAS assure n'avoir pas tout
dit, exigeant une protection policière pour ses proches
avant d'ouvrir (ou de refermer ?) les vannes...
La presse
confirme
On le devine, ces accusations ont fait l'effet d'une
bombe en pleine campagne électorale. D'autant que la presse
colombienne, pas toujours très curieuse, a pris cette
fois l'affaire au sérieux. Semana affirme ainsi
avoir pu vérifier sur le terrain nombre d'accusations
portées par l'ex-fonctionnaire.
Les révélations de la presse font
d'autant plus mal qu'en octobre 2005, des accusations de vente
d'informations secrètes à des paramilitaires avaient
déjà ébranlé le DAS. Alvaro Uribe
s'était alors contenté de retirer la direction
des services à Jorge Noguera sans pour autant désavouer
son lieutenant qui se voyait offrir le consulat de Milan ! Dès
les premières déclarations de M. García,
la même ligne de défense a été reconduite.
Montant aux barricades, le président a disqualifié
les propos d'« un détenu qui cherche à obtenir
des bénéfices juridiques ». Sentant la pression
monter, il rappelait toutefois d'urgence Jorge Noguera d'Italie
pour qu'il vienne « s'expliquer ». Mardi, il contre-attaquait
encore, s'en prenant cette fois aux journalistes « qui
passent leur temps à pester (despotricar, ndlr) contre
tout » et mènent campagne « conre les institutions
démocratiques ».
Une tirade à la Berlusconi qui démontre
l'embarras croissant d'Alvaro Uribe, jouant sa réélection
sur son image d'homme de fer capable de résister aux groupes
armés illégaux... Ses adversaires n'ont d'ailleurs
pas hésité longtemps à s'engouffrer dans
la faille. Parlant d'un« Etat délinquant »,
le leader du Mouvement pour la réconciliation Alvaro Leyva
a même réclamé la démission de M.
Uribe. Plus prudent, le libéral Horacio Serpa, principal
adversaire du président, a noté qu'il était
« difficile de croire » que les sombres manoeuvres
du DAS n'aient été que des « initiatives
personnelles ».
Etat criminel
ou pommes pourries ?
Toutefois, au vu du peu d'empressement de la justice
à enquêter, l'impact réel du scandale demeure
incertain. Mais si d'autres acteurs devenaient aussi bavards,
le coup porté à la crédibilité de
la démocratie colombienne - souvent décriée
par le mouvement social - serait massif. « Dans cette affaire,
il ne s'agit plus de quelques fonctionnaires qui nagent en eaux
sales ou de simples pommes pourries. Ce sont d'abondants indices
que le plus important service d'intelligence du pays a été
capturé par des criminels », relève l'éditorialiste
de Semana. Avant de s'interroger sur « qui assumera
la responsabilité politique du pire scandale de l'histoire
du DAS ? » .
Qui
a assassiné le Procureur Danilo Anderson ?
Mai 2004 : La police vénézuélienne
pénètre dans un ranch de la périphérie
de Caracas appartenant à un riche opposant et arrête
plus d'une centaine de Colombiens (3).
Selon les enquêteurs, ces hommes devaient attaquer une
garnison dans le cadre plus vaste d'une offensive visant à
renverser Hugo Chávez.Cinq mois plus tard, le procureur
vénézuélien Danilo Anderson, chargé
de l'enquête sur le putsch manqué de 2002, meurt
dans l'explosion de sa voiture.
Le point commun entre ces deux affaires? L'implication
supposée des groupes armés colombiens d'extrême
droite. Selon le témoignage de Giovanni Vázquez,
un ancien agent du DAS infiltré au sein des paramilitaires
et actuellement détenu en Colombie, les paramilitaires
auraient préparé l'assassinat de M. Anderson, en
collaboration avec un groupe d'antichavistes. On comprend
dès lors pourquoi le procureur Isaías Rodríguez,
chargé de l'affaire, tente activement de rapatrier Giovanni
Vázquez vers le Venezuela.
Ainsi, désormais, que Rafael García.
Car si l'ancien responsable informatique du DAS assure n'avoir
pas eu vent du projet d'assassinat de M. Anderson, il affirme
que les services colombiens ont participé à l'élaboration
d'un plan de meurtres de personnalités vénézuéliennes,
dont le propre président Chávez. Mieux, selon García,
six ministres colombiens étaient au courant du projet
!
Quant à ses maîtres d'oeuvre, ils n'étaient
autres que l'inévitable Jorge Noguera et son compère
paramilitaire « Jorge 40 », dont la milice contrôle
justement la zone frontalière. Une complicité qui
permet de mieux saisir comment une centaine d'hommes armés
ont pu franchir sans coup férir l'une des frontières
les mieux contrôlées du continent.
Depuis l'éclatement de l'affaire - et contrairement
à ses habitudes -, Hugo Chávez est resté
très discret, ménageant son important voisin. Mardi,
le vice-président José Vicente Rangel a toutefois
réclamé des «éclaircissements»
à Bogotá. De son côté, le Parlement
vénézuélien a annoncé l'envoi d'une
commission d'enquête en Colombie.
Notes :
1 -
En 1995, le président Ernesto Samper fut accusé
d'avoir été élu grâce à des
fonds du trafic de cocaïne. Il fut blanchi par une commission
parlementaire.
2 - Ex-responsable
des services secrets péruviens, Vladimiro Montesinos est
incarcéré pour corruption.
3 - Vingt-sept d'entre eux ont été
condamnés en octobre 2005 pour tentative d'assassinat
de M. Chávez.
Source URL : http://www.lecourrier.ch/modules.php?op=modload&name=NewsPaper&file=article&sid=41315
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Il
y a 4 ans, les Vénézuéliens se réveillaient
dans
une dictature fasciste !

Lionel Mesnard, le 10 avril 2006
photo : conférence sur le Venezuela
d'aujourd'hui (Maison de L'Amérique Latine - 27 avril
2006) avec Roberto
Hernandez Montoya, Alain Joxe et Luis Britto Garcia (de gauche
à droite)
Du 11 au 13 avril 2002,
dans l'indifférence totale des médias français
se déroula un coup d'état. En France, nous étions
à quelques jours du premier tour de l'élection
présidentielle, et rien ou presque ne nous informa de
ce qui se passa de l'autre côté de l'atlantique.
Pendant 48 heures, les putschistes vont d'abord s'emparer de
la rue et des médias et faire silence sur ce qui advenait
du président Chavez séquestré.
Il y a quatre ans au
petit matin comme à son habitude, Liliane Blaser s'en
va filmer les manifestations du jour. Vers midi le 11 avril
2002, elle devine que cela prend une tournure inquiétante,
malgré les appels aux calmes du responsable de la Police
Métropolitaine de Caracas. Elle se déplace en moto
dans la ville, et entend des coups de feux dans le centre de
la capitale. Pendant deux heures, elle va filmer ce qui va devenir
un coup d'état. La fin de la manifestation de l'opposition
partie le matin d'Altamira (Est de la ville) dégénère
et le climat est plus que tendu. Sur le pont Llaguno, elle constatera
que des balles ont atteints des personnes à la tête
et gît le corps d'un photographe vénézuélien
présent au moment des échanges des coups de feux
(Jorge Tortoza). Son travail va permettre de mettre en lumière
la détermination et la violence des manifestants putschistes,
quand l'opposition tentera de mettre sur le dos les débordements
aux soutiens de Hugo Chavez.
Jusqu'à la fin 2004, rien ne voulait
présumer d'un coup d'état mené de l'extérieur
du pays. Pourtant si l'on prend en compte les déclarations
du ministre des affaires étrangère du gouvernement
Zapatero en novembre 2004 (socialiste), la manœuvre est à
mettre au profit de l'ancien premier ministre Juan Aznar (parti
populaire). Le tout ayant trouvé l'assentiment du département
d'État étasunien. Le pavé est lâché,
mais certains médias, ONG faux-nez continueront à
émettre un doute la légitimité démocratique
de Hugo Chavez. Ce ne fut pas sans compter sur une mobilisation
populaire qui marquera les esprits. Entre le 11 et le 13 avril
2002, les quartiers ouest de Caracas se mobilisent et tout le
pays de même. Sur les récepteurs des canaux des
grands médias télévisées on diffuse
entre autre Tom et Jerry, puis commencera le balais des hypocrites
dans la lucarne. Ceux notamment qui seront amenés à
fuir pour quelques uns d'entre eux en Floride, deux jours à
peine après une tentative de main mise sur tous les pouvoirs.
Ce fut la chute d'un régime délibérément
fasciste, ne prenant pas en compte l'assise populaire de Chavez.
Aujourd'hui, 11 avril
2006, la menace d'une nouvelle intervention n'est pas impossible. Nous devons rester en alerte à
quelques mois des élections présidentielles de
décembre 2006 au Venezuela. À Paris, se déroulera
en avril des manifestations pour rappeler et soutenir le processus
démocratique en cours depuis 1999 (nouvelles institutions
républicaines). La résistance des vénézuéliens
au système global et capitaliste est une voie à
saisir. Des transformations sont possibles et la participation
du plus grand nombre une nouvelle étape vers le socialisme
et la liberté. Un socialisme nouveau, pour notre siècle,
s'additionne comme la force du mouvement social vénézuélien,
plus celle de l'action d'un gouvernement audacieux, qui agit
en faveur d'une transformation progressive et radicale de la
société. Attention toutefois à ne pas s'endormir,
depuis plus de 40 ans les USA exercent sur cette partie du monde
une déstabilisation permanente des régimes non
conformes, en général libres et démocratiques
(souvenez-vous un 11 septembre 1973 à Santiago du Chili).
La liste des interventions militaires, les participations à
des coups d'états, les associations avec les régimes
dictatoriaux les plus sanguinaires et corrompus de l'Amérique
Latine sont tristes et trop nombreux d'un pays à l'autre.
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Réformes
et révolutions,
s'il
vous plait !
Lionel Mesnard, le 25 mars 2006
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Il existe un mouvement
social qui fait quasiment l'unité à gauche et en
France, et plus largement dans le camp républicain. Ce
qui souvent ressemble à un terrain miné, propice
aux divisions, trouve hors de nos frontières un soutien
large et une solidarité de plus en plus manifeste chez
les progressistes de nombreuses obédiences. Avec le Venezuela
ressurgit la question de la révolution et de la réforme,
ceci pourrait apparaître comme archaïque au 21ème
siècle, mais dans l'espace caraïbo-andin rien n'est
fortuit. L'exigence démocratique est indissociable de
l'élan révolutionnaire.
Le plus surprenant c'est
que nos amis vénézuéliens ne tombent pas
tête baissée en direction du premier dogme venu.
Il n'y a pas au Venezuela
comme ailleurs de solutions miracles, mais des perspectives nouvelles
au sein de la société civile. Cette société
enlisée depuis des décennies dans les détournements
de l'argent public par la main mise d'un petit nombre sur les
richesses du pays (notamment pétrolières). Il a
été créé les conditions d'une émancipation
à la fois collective et individuelle. Comment un pays
qui connaît encore certains mécanismes féodaux,
plus encore « coloniaux » a pu se redresser de la
sorte ?
C'est un peu toute l'énigme.
Il est à noter
que 85 % de la population est urbaine, que les écarts
sociaux nous renvoient à des rapports antagonistes, qui
se sont en Europe occidentale un peu dissout dans le vague des
classes moyennes. Il existe un salariat soumis à des conditions
d'existences plus que précaires, et cependant c'est au
sein des classes populaires que l'on est entrain de repenser
ou réactiver la démocratie. Une première
historique, mais surtout le signe que la majorité des
individus dans le monde sont encore face à des mécanismes
d'exploitations digne du 19ème siècle, mais avec
des problèmes contemporains comparables aux nôtres.
Les vénézuéliens
et plus largement les américains latins viennent bousculer
les repères, leurs propres tabous. Un vent de liberté qui n'avait plus eu cours
depuis au moins 2 siècles, et sur des fondements nouveaux.
C'est en parti pour cela que l'estime et la reconnaissance grandit
devant cette particularité ou cette sensibilité
latine et amérindienne (à la fois linguistique,
culturelle, politique, ...), c'est à dire la part intellectuelle
de ce mouvement, qui se fonde sur des actions aussi bien sociales,
qu'économiques d'un genre nouveau. De comment, il est
encore possible de transformer nos sociétés, peut-on
s'interroger ?
L'idée d'un débat
« pour un socialisme du 21ème siècle »
n'est pas une idée saugrenue, et c'est même essentiel
: un bilan et aussi des perspectives. Ce type de problématique n'a rien de très
nouveau, mais permet enfin de relancer un débat quasi
absent au sein de la gauche française. Trouble ou jamais
abouti, si l'on fait un bilan des gauches européennes,
et de ce qui fut avant 1989 et par après. Il est bien
question de réviser ou revisiter le socialisme cette espérance
universelle. Mais en quel terme et en quoi le Venezuela a ouvert
des nouvelles perspectives ? D'abord, elles furent constitutionnelles,
et sur ce sujet qui réfute encore l'idée d'une
nouvelle République, une Sixième à gauche
et en France ?
Les vénézuéliens
ont appris à se saisir de leurs droits et devoirs, et
il a fallu poser les termes d'une constituante et l'approbation
d'une large majorité. En
1999, le Venezuela s'est doté d'une constitution, donnant
de larges moyens aux populations de s'organiser et agir au quotidien.
Son application est concrète et touche de nombreux domaines,
l'objectif est de construire un État social de Droit. Qui pose
irrémédiablement l'enjeu de la justice sociale
dans l'organisation des lois, au sein d'un État ou la loi publique
est au centre du concordat. En soit, le retour d'aspirations
authentiquement républicaines et sociales. Une soif d'égalité
et de liberté pour tous quand ici nous sombrons dans la
personnalisation d'un système, à bien des égards
de droit divin. Un monde ubuesque ou les riches expliquent aux
pauvres le sens de l'économie.
Au titre de la décroissance,
faut il demander aux gamins des « barrios » de s'arracher
un bras, ou concernant les africains de se suicider au plus vite
? Le parallèle
est provocateur, mais je ne sais plus de quoi parle t'on réellement,
à quoi il est fait référence, si l'on traite
de la déprime du monde occidental et de ses solutions
rocambolesques. Ce qui est probablement salvateur avec le Venezuela
c'est que la complexité s'analyse à travers un
quotidien et des réponses concrètes aux urgences.
Elles sont nombreuses à l'échelle d'un pays qui
a souffert trop longtemps sur des déséquilibres
de répartition de la richesse nationale.
Le pétrole n'est
pas son seul avenir.
Justement, il sert une dynamique économique et sociale.
Il a permis de développer d'autres moyens, notamment scolaires
et sanitaires. Mais cette contrée ne manque pas de ressources
propres, simplement il lui manque parfois des outils et des apports
extérieurs. Lors de récente sa visite à
Paris, Freddy Bernal, maire de l'arrondissement de Caracas El
Libertador a appuyé l'idée d'investissements européens
dans l'économie vénézuélienne (mars
2006). Depuis plus de 2 ans, la croissance est forte et soutenue,
la démocratie pleine et entière, et notre pays
est le deuxième investisseur étranger. Aux multinationales
de comprendre qu'il existe une loi au Venezuela et qu'elle s'applique
à tous. Des arriérés d'impôts que
Total et d'autres compagnies traînent à payer et
qui en plus se cumulent avec des pénalités (plus
de 100 millions de dollars de passif pour Total Oil).
Les besoins de ce pays
sont nombreux, mais la question agricole et écologique
est certainement au centre d'échanges multiples à
construire. Le rôle
entre autre des coopératives dans le monde paysan français
est à souligner. Il y a encore quelques années
qui avait entendu parler de cette nation, chez nous, pas grand
monde. On ne se doute pas à quel point la mémoire
peut défaillir. Et ce n'est pas la première fois
dans l'histoire, que de Paris à Caracas se construit un
réseau d'amitié et d'échange, mais cette
fois-ci on pourrait présumer que c'est l'inverse qui se
produit. La révolution des idées est de l'autre
côté de l'atlantique, et cela questionne ici. Cela
pousse en plus à une certaine humilité, un mouvement
du temps qui échapperait à nos regards clairvoyants,
que diantre ou que faire?
En l'état, il n'y
a pas de transposition entre deux économies et deux sociétés,
mais à se demander si l'Amérique Latine et Andine
ne va pas progressivement vers l'apparition d'une troisième
entité mondiale innovante. D'un part pour des questions linguistiques relativement
homogènes, de plus en raison du potentiel considérable
des ressources naturelles, en particulier avec les plus grandes
réserves d'eau de la planète. Une biodiversité
encore sous estimée ou connue. D'autre part, il est impossible
de dissocier les mouvements sociaux de la prise du pouvoir de
Hugo Chavez, seule condition pour transformer toutes les structures
de pouvoirs, qu'elles soient sanitaires, éducatives ou
autres. Le mouvement a commencé au Venezuela, il pourrait
suivre en Bolivie, même à Cuba. La victoire en 2005
sur l'accord libre commerce étasunien (ALCA), et les reculs
de l'OMC à Hong-Kong sont à l'actif de la politique
du gouvernement de Hugo Chavez.
La leçon des vénézuélien
est que tout ce qui est démocratique, c'est à dire
accepter et assumer collectivement est meilleur que la contrainte.
C'est un peuple pacifique,
courageux en raison des changements à entreprendre. Ici
comme là-bas, nous n'échappons pas à un
certain poids ou dérives de la bureaucratie, mais tout
cela avance. Petit à petit et non tout de suite, c'est
ainsi que les choses d'une certaine raison commune progressent
à leur rythme. Un élan populaire, qui a de quoi
réveiller nos consciences. Il nous manque possiblement
l'esprit de fronde et de volonté de ne pas nous soumettre
à un monde unipolaire, à changer les règles
du jeu social et républicain. La démocratie, l'État
c'est nous!
Il n'y a pas de programme
à vendre ou de solutions pré-mâchées.
Il est question d'une
énergie commune, aux nations qui refusent toute forme
de diktat globalisateur, pour autant dans une acceptation universelle
des choses. La liberté est une règle fondamentale
de l'expression, et chaque expression ne doit pas être
réduite au silence pour combler la vacuité de l'autre.
Elles doivent pouvoir trouver des convergences et des applications.
Élite chez nous, oligarchie chez eux, c'est la même
face du système bourgeois et capitaliste. Ce système
menace les équilibres de la vie, le vivant est en fait
la préoccupation première de notre devenir et de
notre survie.
Les propos de Hugo Chavez
Frias ne sont pas des effets de manche, il est bien question
de savoir si nous choisissons la mort ou le socialisme ? Le capital et sa logique d'accumulation
nous conduit à notre disparition. La civilisation mercantile
à l'échelle du globe nous mène tout droit
à la disparition de l'humanité. Sommes-nous encore
en mesure de proposer aux générations actuelles,
- aussi bien une espérance, que les conditions suffisantes
pour assurer les conditions d'un renouvellement naturel des générations
futures? Rien n'est moins sur, et rien ne conduit à l'optimisme
le plus béat.
Toutefois, quand survient
de la révolution bolivarienne un élan soutenu en
faveur de multiples changements. On comprend vite que réformes et révolutions
ne sont en rien contradictoires, mais complémentaires.
Marx, lui même avait analysé qu'il fallait des conditions
nécessaires, en particulier un prolétariat puissant,
mais dans un contexte de rapport des forces vieux de plus d'un
siècle. Possiblement, il épouserait le contrat
républicain et se mettrait à découvrir la
grande âme de nos amis latins et serait plus clément
à l'égard de Simon Bolivar. La question est justement
de ne pas se détourner de notre histoire politique. Lui
apporter un contenu avec des perspectives et la prise en compte
des erreurs du passé. C'est ainsi que l'on peut envisager
que le socialisme dispose encore de beaux jours devant lui. Ressourcement
et mise en perspective pour dire non à une humanité
menacée, en premier par les guerres et la malnutrition.
Les solutions à ébaucher sont avant tout solidaires.
Il est question d'une nouvelle
étape, avec simplement une appréhension, n'est
il pas déjà trop tard ? Une conscience planétaire des enjeux est-il
possible ? Se fait-elle dans la tête du patron de l'OMC,
Monsieur Lamy ou se passe t-elle dans un espace ou la plus value
essentielle est l'imaginaire ? Une capacité économique,
qui n'est plus à un niveau thermodynamique, mais dans
l'échange d'informations. La révolution de nos
modes de vie, qui elle agit sans que personne n'en parle vraiment,
se situe dans des mécanismes, qui n'ont plus rien à
voir avec la révolution industrielle, survenue au 17ème
siècle en Angleterre. Le progrès n'est plus en
soit une question qui se perpétuerait par la mécanisation,
la commercialisation de l'objet, mais par la circulation des
idées, et de la nécessité de transmettre
un savoir pluridisciplinaire.
En bref, la société
de consommation, c'est déjà hier et il nous faut
tout re-dynamiser, socialement, économiquement et dans
l'observance d'un monde qui n'a pas une seule et une seule base
culturelle, et encore moins politique. Il s'agit de protéger notre diversité
et ne pas nier nos ressemblances, surtout de tourner le dos à
une société qui se nourrit de ses propres malaises.
Épiphénomènes médiatiques, quand
il est question de parler de l'Amérique du Sud. Chez nous
en France, on vous colle facilement un bonnet de laine sur la
tête, pour faire couleur locale. J'aimerais tant que mes
contemporains puissent aller au delà du cliché,
de l'effet de mode, ou dernier palais d'Hiver à prendre.
Les changements sont profonds, ici comme là-bas, mais
avec du sens et un devenir qui n'est en rien mortifère
ou un « revival » des années 1960.
Si l'histoire n'est vue
qu'à travers un embrigadement ou une propagande, elle
ne sert pas à comprendre ce qui fut l'échec des
stalinismes, ou plus exactement de tout ce qui se proclame de
l'avant garde. Si l'on
ne comprend pas le totalitaire du raisonnement, on se trompe
assurément de combat. Le socialisme n'est pas l'affaire
d'une minorité, et la socialisation des humains est un
processus qui évolue depuis le premier âge des temps.
L'Histoire de notre monde, elle s'écriera bien plus tard
et certains pourront examiner et se demander mais pourquoi un
nouveau monde est devenu ainsi une piste, un cheminement vers
un autre monde au début du vingt-et-unième siècle
?
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Entretien
avec Hector Mondragon
Silvia Torralba, le 7 février 2006
Photo (Indymedia Colombia)
: Manif à
Bogota suite au décés d'OSCAR SALAS (étudiant
) lors d'une attaque de la police au sein d'une faculté
en mars 2006.
Ce même mois, 2 journalistes colombiens ont
été assassiné.
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Hector Mondragon : « La
violence a conduit les mouvements sociaux à créer
de nouvelles formes de résistance »
En Colombie, appartenir
à un mouvement social c'est non seulement exiger des droits,
mais aussi risquer sa vie. Héctor Mondragón en
sait quelque chose, lui qui est confronté à cette
réalité et qui est victime de menaces et de persécutions.
Depuis plus de vingt ans,
Héctor Mondragón conseille des organisations paysannes
et indigènes et des mouvements sociaux urbains en Colombie.
Son travail lui permet de connaître de près les
problèmes quotidiens de ces groupes et de leurs dirigeants,
de savoir comment ils s'organisent et de dénoncer les
attaques dont ils sont victimes.
Il y a quelques jours,
Mondragón est passé par Barcelone pour présenter
son livre «Movimientos sociales, una alternativa
al conflicto colombiano» («Mouvements
sociaux, une alternative au conflit colombien»)
publié avec le soutien du collectif Maloka [1]. Pendant son séjour, le militant colombien
a dialogué avec Canal Solidario sur la grande violence
qui existe dans son pays contre les mouvements sociaux, les stratégies
de survie que développent ceux-ci, les menaces et les
assassinats de leaders qui ont lieu en toute impunité,
et les pressions dont il est lui-même l'objet.
Quelle est la réalité
des mouvements sociaux en Colombie ?
Les mouvements sociaux
colombiens partagent les luttes fondamentales du mouvement social
international, mais avec quelques différences. La principale
est qu'ils ont été terriblement touchés
par la violence, et que des milliers de personnes, paysans, "indigènes",
membres des syndicats y ont perdu la vie. La liste des dirigeants
assassinés est interminable.
Qui sont les auteurs
de ces assassinats et de ces menaces ? Les groupes armés ?
La majorité des
leaders ont été assassinés par des secteurs
puissants afin de mettre un terme à leurs actions sociales.
Des tueurs à gage sont payés et parfois des groupes
armés sont utilisés, comme les paramilitaires,
mais en réalité nous ferions fausse route si nous
croyions que la majorité de ces morts est due au conflit
armé.
Il s'agit d'intérêts
économiques et d'une pratique qui réussit à
éliminer les droits humains et du travail en Colombie.
Par exemple, en l'espace d'un peu plus de 20 ans, les grands
propriétaires terriens qui détenaient 32% de la
terre en possèdent aujourd'hui 61%, chiffre qui reflète
cette liquidation des leaders sociaux. Dans ce contexte, certains
mouvements sociaux ont réussi à préserver
leurs droits, comme le mouvement indigène, mais au prix
de toujours plus d'assassinats.
Tout cela ne veut pas dire
que le mouvement social a été définitivement
mis en échec, au contraire, il y a une persistance qui
d'une certaine manière tient du miracle. Si dans un pays
comme l'Espagne le mouvement syndical avait perdu au cours des
20 dernières années 4 000 militants, croyez-vous
qu'il continuerait d'exister et de fonctionner ? Toute cette
violence a poussé les mouvements sociaux à acquérir
des mécanismes de défense qui leur ont permis de
résister.
La justice colombienne
protège-t-elle les mouvements sociaux de toute cette violence ?
Le système juridique
colombien est encore assez démocratique, mais cela ne
se traduit pas dans la réalité de la société.
Jusqu'il y a peu, toutes les possibilités existaient pour
que les victimes portent plainte, mais le gouvernement actuel
adapte les règles à la réalité, alors
que cette réalité n'est pas démocratique.
Prenez par exemple la « loi de prescription sur la
propriété » (« Ley de Prescripción
de la Propiedad »), qui a réduit de 20 à
10 ans le délai pendant lequel le titulaire d'un acte
de propriété peut réclamer sa terre, et
qui donne seulement 5 ans aux paysans pour réclamer la
leur, dans un pays où il y a tant de déplacés !
Avec les lois précédentes,
il était très difficile de porter plainte, mais
on a connu quelques victoires. Le problème à l'époque
est qu'une victoire en justice pouvait provoquer une punition
terrible sur la personne qui avait osé exiger ses droits
devant la justice. Tout cela limite le mouvement social, mais
il continue à lutter. On le voit bien en ce moment avec
les mouvements indigènes et paysans qui jouent un rôle
déterminant. Ce sont les indigènes qui, après
avoir attendu pendant 14 ans que le gouvernement tienne ses promesses
et leur rende une hacienda, ont pris la décision de l'occuper,
ont mobilisé beaucoup de gens et ont réussi à
obliger les autorités à négocier.
On assiste à des
mobilisations de ce type dans les communautés afro-colombiennes
et dans des régions comme le Chocó, où malgré
la répression et les assassinats, la mobilisation continue
contre la guerre, contre le Traité de libre-échange
et les réformes constitutionnelles proposées par
le gouvernement d'Álvaro Uribe.
Les mouvements indigènes
et paysans sont-ils un exemple à suivre pour les autres
mouvements sociaux ?
Surtout le mouvement indigène
qui, malgré toutes les difficultés, continue à
se mobiliser. En 1996, par exemple, après avoir occupé
la conférence épiscopale, avoir pris des routes
et des bureaux d'organismes publics dans tout le pays, le gouvernement
a négocié avec les indigènes et a accepté
la création de trois instances permanentes de dialogue.
Il s'agit d'une Commission des droits humains, d'investigation
et de réparation pour les communautés victimes
de violences, une Table de concertation pour consulter les indigènes
sur les mesures législatives et administratives nationales
qui peuvent les concerner, et une Commission des territoires
indigènes qui contrôle la propriété
des terres. Ces instances ont fonctionné pendant deux
ans mais le gouvernement actuel les a boycottées.
Cependant, le mouvement
social voit actuellement dans les groupes indigènes un
modèle à suivre, très bien organisé,
centré sur la question de la terre mais aussi sur d'autres
thèmes comme le traité de libre-échange.
De quelle manière
s'inspirent-t-ils du mouvement indigène ?
Un cas très évident
est celui du mouvement étudiant, qui a été
fort influencé par les luttes indigènes et a adopté
beaucoup de ses modes opératoires. Les étudiants
protestent contre une réforme qui veut réduire
les études à quatre ans dans les universités
publiques, ce qui leur donnerait des diplômes moins qualifiés
que ceux des universités privées, où le
cycle de cinq ans sera maintenu.
C'est pour cela qu'ils se manifestent
et répondent avec imagination à la répression
féroce qui s'exerce contre eux et qui a coûté
la vie à plusieurs jeunes. Au lieu de choisir la lutte
directe, ils remplissent de fleurs les véhicules de police,
peignent des slogans, organisent des bals dans la rue.Toutes
ces raisons nous permettent d'espérer que le mouvement
social n'est pas prêt de disparaître, car si les
jeunes participent massivement, nous avons devant nous de longues
années de lutte sociale.
Est-ce que cela veut
dire également que le mouvement se renouvelle dans les
milieux académiques ?
Oui. Beaucoup de jeunes
paysans font leurs études à l'université
publique, ils sont impliqués dans les luttes étudiantes
et paysannes, ils maîtrisent l'informatique et l'anglais,
et ont une immense capacité de communication. Il est impressionnant
de voir, par exemple, dans les communautés indigènes,
tout ce que les gens savent sur le traité de libre-échange.
Dans beaucoup d'universités, il est difficile de rencontrer
des gens qui en parlent aussi facilement que dans les communautés
indigènes.
Quel rôle jouent
les femmes dans ce contexte ?
Un rôle très
important. Ces dernières années, l'assassinat de
leaders du mouvement paysan a porté de nombreuses femmes
à des postes de direction, et elles ont été
si bien à la hauteur qu'aujourd'hui elles sont autant
persécutées que les hommes. Beaucoup d'entre elles
vivent aujourd'hui en exil en Espagne ou dans d'autres pays européens.
La présidente de l'Association des femmes indigènes
et noires, une association qui a été en butte
aux plus terribles attaques depuis 2003, s'est réfugiée
en Espagne. Pendant cette campagne de terreur, on a séquestré
des enfants, commis des viols pour terroriser les femmes appartenant
aux mouvements sociaux. Beaucoup ont été assassinées.
Comme conseiller de
ces mouvements, es-tu sujet aux menaces et pressions ?
J'ai surtout collaboré
avec des organisations paysannes et indigènes. Je suis
conseiller de la Convergencia Campesina Negra e Indígena,
une organisation qui rassemble de nombreux mouvements de paysans,
indigènes et noirs. Je collabore aussi avec l'Organisation
nationale indigène (ONIC), avec des groupes affiliés
à la Via Campesina et avec des camarades du département
du Cauca, de l'Amazonie, ... mais aussi avec des organisations
urbaines et avec des syndicats comme celui du pétrole. Pour avoir aidé le mouvement paysan, j'ai été
arrêté et torturé, j'en porte encore les
séquelles.
Comment cela t'a t-il
atteint dans ta vie personnelle et familiale ?
J'ai dû quitter le
pays pendant un temps avec mes enfants, car ils étaient
encore petits. Maintenant qu'ils sont grands nous vivons tous
en Colombie. Je n'ai pas utilisé de téléphone
pendant cinq ans et c'est grâce à ça que
je suis encore en vie. Je n'ai pas de bureau et pas de routine.
Je n'accepte pas d'avoir des habitudes parce que quand on analyse
les cas des milliers d'amis assassinés, on constate que
le facteur principal qui joue dans l'assassinat d'une personne,
ce sont ses habitudes.
Des camarades du syndicat de la mine ont demandé la permission
de s'installer pour vivre dans la mine pour être plus en
sécurité, car ils craignaient d'être assassinés
entre le travail et chez eux. L'entreprise a refusé et
maintenant ils sont tous morts. La plupart des leaders sont tués
sur le chemin du travail, les autres sur leur lieu de travail,
ou chez eux...on ne peut pas avoir de routine. Pour un militant
social en Colombie, avoir des habitudes, c'est se laisser tuer.
As-tu déjà
pensé à l'exil ?
Non. J'ai séjourné
à l'étranger pour la sécurité de
mes enfants, j'ai donné des cours aux Etats-Unis, dans
le cadre d'un programme pour défenseurs des droits humains
en danger. Mais je n'ai jamais eu l'intention de partir parce
que j'espère que notre lutte servira à quelque
chose. Les choses commencent à changer en Amérique
latine. Bien entendu, la Colombie sera le dernier pays où
elles changeront parce que c'est celui où il y a le plus
de violence contre le mouvement social. Mais nous continuerons
à travailler pour que la situation s'améliore.
NOTES :
[1] Voir : http://www.colectivomaloka.org/.
Sources : Canal Solidario-One
World (http://www.canalsolidario.org/), 7 février 2006, traduction : Annie
Esponda Diaz, pour RISAL (http://www.risal.collectifs.net/).
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L'essor
du mouvement des radios communautaires au Venezuela
Sujatha
Fernandes
Traduction : Sophie Recordon pour RISAL
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Quatre jeunes filles sont
assises autour d'une grande table, écrivant frénétiquement
au beau milieu de piles de notes, de cannettes de soda et de
papiers entassés. A priori, on pourrait les prendre
pour des gamines en train de faire leurs devoirs scolaires ou
d'étudier en vue des prochains examens. Mais, en réalité,
ces jeunes filles des quartiers populaires, âgées
de 17 à 22 ans, sont en pleine préparation de l'émission
de radio qu'elles animent et intitulée « Pouvoir
populaire ». D'une durée d'une heure, le programme
est sur le point de débuter dans dix minutes sur la station
de radio communautaire « Radio Perola 92.3 FM »,
dans la municipalité de Caricuao à Caracas.
Caricuao est l'une des
paroisses [1] les
plus reculées de l'ouest de Caracas. Alors que le métro
en provenance du centre de Caracas s'approche de la paroisse,
nous passons devant des ranchos aux allures précaires,
à savoir de « maisons » peu solides
faites de fer blanc et de planches nichées sur les flancs
des collines qui se dessinent devant nos yeux. Nous passons également
devant des lotissements dont les bâtiments arborent des
barreaux en travers des fenêtres. Radio Perola est située
au rez-de-chaussée de l'un de ces lotissements ou immeubles
populaires, connu sous le nom de Canagua. Le studio d'enregistrement
n'est autre qu'une petite pièce peinte d'un jaune éclatant
et couverte de posters de mouvements sociaux et des radios communautaires.
Sur l'une des grandes tables d'angle se trouve une table de mixage,
un micro ainsi qu'un ordinateur et sur la table ronde entourée
de chaises au milieu de la pièce se trouvent plusieurs
micros.
Comme c'est le cas pour
d'autres stations de radios communautaires au Venezuela, Radio
Perola a vu le jour en tant que chaîne radio clandestine
voilà presque neuf ans ; des militants se sont battus
pour que son activité soit légalement autorisée
par l'Etat. Avec un slogan inspiré du mouvement hip-hop
« Respect maximum », les journalistes communautaires
de Radio Perola cherchent à créer des espaces pour
donner la parole à de nouvelles voix, et notamment celles
de nos jeunes femmes.
Les jeunes femmes ont scindé
leur émission « Pouvoir populaire »
en différentes parties. Le programme comprend l'intervention
d'un invité sur un sujet qui intéresse et concerne
la communauté ; une partie consacrée aux informations ;
une table-ronde sur un sujet d'actualité spécifique
et enfin une partie appelée « Réalités
communautaires ». Tout au long de cette dernière
partie qui vient clore le programme, les femmes débattent
entre elles mais également avec les auditeurs qui téléphonent
ou qui envoient des messages depuis leur téléphone
portable. Aujourd'hui, les jeunes femmes traitent du thème
« Vivre dans le barrio ».
« Le barrio,
ça n'est pas juste des collines truffées d'escaliers,
le barrio c'est la communauté »,
déclare Lilibeth Marcano, une membre du collectif âgée
de 20 ans et qui ouvre la discussion dans cette partie du programme.
« Je vis dans le barrio de Santa Cruz de
las Adjuntas. Ce n'est pas comme ils nous l'ont toujours dit,
que si tu vis dans un barrio tu n'as pas d'avenir, que
si tu vis dans un barrio tu n'es personne. Ce n'est pas
comme ça. »
Les jeunes, spécialement
ceux issus des barrios, réalisent et ont pris conscience
qu'ils ont un avenir et qu'ils peuvent jouer un rôle important
au sein de leur communauté respective. Chacune des quatre
jeunes femmes du collectif « Pouvoir populaire »
affirme que c'est la prise en otage de l'information par les
médias privés durant le coup d'Etat perpétré
par la droite à l'encontre du président de gauche,
Hugo Chavez, en avril 2002 [2]
qui les a inspirées à devenir journalistes communautaires.
Une des membres du collectif,
Gladys Romero, avait 14 ans à l'époque du coup
d'Etat. Elle se souvient : « Il y avait beaucoup
de désinformation. Ils ont coupé les transmissions
des médias alternatifs et en tant que jeune étudiante,
j'ai ressenti le besoin de promouvoir une information objective
afin d'informer la communauté sur ce qu'il se passait
réellement dans le pays. »
Les médias privés
ont accumulé un important pouvoir depuis la fin des années
70 du fait de la dérégulation et de la privatisation
des médias au Venezuela. En 1979, le gouvernement vénézuélien
a vendu le Canal 5 au secteur privé alors qu'il s'agissait
d'une chaîne publique à l'origine. Tout au long
des années 80 et 90, les gouvernements successifs ont
continué à octroyer des concessions aux compagnies
privées de médias, conduisant à la concentration
économique des médias en un petit nombre de conglomérats.
La télévision privée à l'échelle
nationale a été monopolisée par les groupes
Cisneros (Venevisión) et 1BC de Phelps-Granier (Radio
Caracas Televisión - RCTV). Sur 44 réseaux de télévision
régionale, presque tous ont été en partie
rachetés par des réseaux privés tels que
Venevisión, Radio Caracas Televisión, Televen et
Globovisión. Ce petit groupe de compagnies liées
économiquement les unes aux autres contrôlent également
des espaces radiophoniques ainsi que la presse nationale.
Depuis que Chávez
a été élu président en 1998, et plus
particulièrement depuis la période tendue de grèves
dans le secteur pétrolier orchestrées par les milieux
d'affaires en décembre 2002 ainsi que durant les événements
qui ont conduit au coup d'Etat en avril 2002, les médias
privés tout puissants ont mené une féroce
campagne à l'encontre de Chávez en vue de le discréditer.
Quelques heures après que ce dernier fut chassé
de son poste le 11 avril 2002, le journaliste d'opposition Napoleón
Bravo intervint sur les ondes radio et déclara à
tort que Chávez avait démissionné de son
poste de président. Alors que l'opposition prenait le
contrôle du palais présidentiel et cherchait à
dissoudre les institutions démocratiques, les médias
privés continuaient à diffuser leurs programmes
habituels mêlant émissions culinaires, feuilletons
télévisés et dessins animés. Comme
les chaînes publiques de télévision, telles
que le Canal 8 [3], et bien d'autres stations de
radio ou chaînes de télévisions communautaires
se trouvaient empêchées de diffuser leurs programmes,
les membres de la communauté se voyaient ainsi privés
de l'accès à l'information.
Durant ces moments, ce
sont principalement les médias alternatifs sur papier
qui ont permis de diffuser le message aux gens sur ce qu'il se
passait véritablement. Selon Roberto, un ouvrier de l'Imprimerie
municipale de Caracas, les militants se sont rendus à
l'imprimerie et ont uvré en vue de produire 100.000 copies
d'un bulletin visant à informer la population sur ce qui
se passait dans le pays. Après être parvenue à
nouveau à diffuser son programme, la Radio Fe y Alegria
put ainsi annoncer le coup d'Etat à la population. Grâce
aux bulletins, aux chaînes de radio alternatives et à
l'échange de messages via téléphone portable,
la population put faire circuler l'information concernant le
coup d'Etat et sortit alors dans la rue pour manifester massivement.
Ce sont ces manifestations qui ont permis à Chavez de
revenir au pouvoir.
A l'époque du coup
d'Etat, les médias communautaires et alternatifs rompirent
le silence et mirent un terme à la désinformation
diffusée par les médias privés. Le bouche-à-oreille
fit renaître Radio Bemba, une ancienne tradition de commérage
et de communication dans les pays caribéens, qui a évolué
à travers l'utilisation de la technologie telle que la
radio afin de démultiplier les messages.
Dès que Chávez
réintégra la présidence le 13 avril 2002,
deux jours après le coup d'Etat, le nombre de stations
de radio communautaires s'est fortement accru. Les militants
ont cherché à travers tout le pays à établir
un contrôle local sur l'information atteignant leur communauté.
Alors qu'en 2002 il existait 13 stations de radio communautaires
agréées, elles étaient au nombre de 170
en juin 2005. En plus de ces 170 stations radio reconnues et
fondées légalement, plus de 300 stations de radio
communautaires clandestines ont émergé sur les
ondes. Celles-ci ont été créées et
fonctionnent grâce à tout un éventail de
groupes locaux, comprenant également des peuples indigènes
d'Amazonie situés au sud du Venezuela, des paysans des
régions andines, des afro-vénézuéliens
de la région côtière au nord du pays ainsi
que des résidents des barrios entourant les principaux
centres urbains.
Le progrès technique
a rendu la diffusion radio plus accessible. La station de radio
communautaire Un Nuevo Día, située dans
un quartier très pauvre sur les collines au-dessus de
l'ancienne autoroute pour sortir de Caracas est un exemple de
radio qui fit ses débuts dans la chambre à coucher
de l'une des résidentes. Les journalistes communautaires
y installèrent une table de mixage, un lecteur CD et un
micro sur la commode de la jeune femme. Ils transmettaient leur
programme grâce à une petite antenne et les intervenants
invités se voyaient contraints de s'asseoir sur le lit
de la jeune femme. Cette technologie rudimentaire et accessible
a permis à des gens issus des quartiers populaires et
à des communautés défavorisées à
travers tout le pays d'avoir la possibilité de s'exprimer
via des stations radios de petite ampleur.
Toutefois, les activistes
des radios communautaires ont dû mener une bataille ardue
contre le gouvernement pour voir leurs radios autorisées.
Une fois Chavez élu en 1998, les activistes des médias
communautaires ont cherché à soulever la problématique
du droit à la communication. Cela conduisit à l'adoption
d'une nouvelle loi en 2000, intitulée « Régulation
des radios et télévisions communautaires ».
Cette loi donnait le droit aux communautés de créer
leur propre chaîne ou station, cependant afin d'obtenir
l'habilitation, la Commission nationale des télécommunications
(CONATEL) proposa que ces stations répondent à
des exigences dans quatre domaines : social, juridique,
technique et économique.
Carlos Carles, un journaliste
de Radio Perola, fut impliqué dans le processus
d'élaboration des procédures d'habilitation. Avec
sa casquette portant la signature d'un joueur de base-ball [4], ses vêtements larges et son sourire béat,
il passerait pour un chamo, pour un des gamins de Radio
Perola. Toutefois, lors des nombreuses réunions avec
des bureaucrates, Carles apparaît comme un des leaders
clés du mouvement des médias communautaires.
Contrairement
aux bureaucrates, il met en avant une vision forte basée
sur la communauté pour déterminer le caractère
alternatif d'une radio. : « Pour démontrer
leurs propos, ils proposent des techniques qui passent par les
données statistiques. A cela, nous préférons
une définition passant par les connaissances locales,
les récits oraux, la mémoire collective et le travail
quotidien de la communauté », déclare
Carles. « En raison de cette divergence, nous sommes
entrés dans un grand débat et nous avons totalement
rejeté la composante juridique de la proposition faite
par le gouvernement Chavez ».
Les activistes des médias
communautaires ont vu leurs idées intégrer le processus
de légalisation. Toutefois, le processus désavantage
lourdement les stations de radio des communautés défavorisées
disposant de peu de ressources. Durant ma visite aux bureaux
de la CONATEL, dans les spacieux faubourgs des classes moyennes
Las Mercedes, on me remit un guide d'instructions de 70 pages.
Celui-ci était destiné à être complété
par des stations de radio communautaires souhaitant obtenir une
habilitation.
Etant donné les
difficultés pour se conformer aux règles de la
CONATEL, les activistes des médias communautaires ont
décidé de créer l'Association nationale
des médias communautaires et alternatifs (ANMCLA). Selon
Carlos Lugo, un des fondateurs de l'ANMCLA et journaliste communautaire
pour la station de radio Radio Negro Primero à
Pinto Salinas, l'organisation est fondée sur le principe
du droit à la communication. « Toute communauté
a le droit d'autoriser elle-même l'existence d'une station.
Une telle station de radio devient légale dès lors
qu'elle est reconnue comme telle par la communauté. Les
chaînes avérées illicites doivent donc être
considérées comme un non-sens - tout le monde devrait
jouir du droit à la communication ».
Paradoxalement, les médias
privés accusent les stations de radio communautaires d'êtres
les vecteurs de propagande du gouvernement. Un article publié
le 26 juin 2005 dans le quotidien privé El Universal
se réfère à ces radios communautaires comme
étant les « médias radiodiffusés
de l'Etat utilisés à des fins de propagande et
de prosélytisme politiques ». L'auteur
de l'article déplore ce qu'il considère comme étant
un manque de qualité et d'homogénéité
culturelle propre aux radios communautaires ainsi qu'un parti
pris envers le gouvernement Chavez.
Cependant, les radios communautaires
ont cherché à conserver leur autonomie vis-à-vis
de l'Etat, ce qui est manifeste non seulement à la lumière
de leur lutte contre les bureaucrates de l'Etat afin d'assurer
leur légalisation mais également dans leur volonté
de rester critique sur des questions importantes face au gouvernement
Chavez. En mars 2005, les activistes de l'ANMCLA se sont unis
avec des organismes sociaux et des peuples indigènes afin
de protester contre le plan du gouvernement qui consistait à
intensifier l'extraction du charbon dans la riche province pétrolifère
de Zulia.
Les protestataires ont signalé l'aggravation
des problèmes de pollution de l'eau et des risques sanitaires
que le plan pourrait engendrer pour la grande majorité
de la population indigène de la région qui dépend
des ressources en eau déjà peu abondantes. Ils
ont argumenté que la proposition violait le protocole
de Kyoto ainsi que d'autres articles de la constitution bolivarienne
qui garantit un environnement sain et la protection des ressources
indigènes. Bien que l'issue demeure incertaine, les activistes
des radios communautaires ont démontré leur volonté
de critiquer le gouvernement lorsque des intérêts
d'une communauté sont en jeu.
Le financement est l'un
des fondements essentiels de l'autonomie de ces stations de radio
qui reçoivent un montant limité de fonds provenant
de l'Etat. Les chaînes autorisées par la CONATEL
ou d'autres institutions publiques telles que le ministère
de l'Information (MINCI) peuvent se voir attribuer des fonds
pour l'achat d'équipement et d'infrastructures. Sur les
ondes des radios communautaires, il arrive que de la publicité
d'Etat soit diffusée en échange de quoi ces stations
reçoivent une petite somme d'argent versée par
l'institution concernée.
Toutefois, ce sont essentiellement
les contributions versées par les petits commerces du
quartier qui permettent aux radios communautaires de pouvoir
continuer leurs activités. Certes, il arrive que l'Etat
alloue, une fois, une contribution substantielle de 1 million
de bolivares (près de 400 euros) mais ce sont les versements
réguliers du garage automobile local de 100.000 bolivares
(40 euros) ou ceux de 150.000 bolivares (60euros) provenant de
la boulangerie du coin qui permettront le maintien des activités
de ces stations sur le long terme. En ce sens, les radios communautaires
sont devenues une composante importante de l'économie
informelle de ces barrios qui existent en marge de l'économie
formelle.
« L'idée
n'est pas que nous devrions constituer des médias communautaires
soutenus par l'Etat mais plutôt que nous avons la capacité
d'être autonomes financièrement »,
déclare Carles « car s'ils te donnent de
l'argent et qu'ils te donnent ton pain quotidien, ils commenceront
à te demander : pourquoi tu fais ceci ou cela ?
Dans ce que nous faisons, nous préférons l'autonomie
».
Les médias communautaires
donnent la parole à tout un éventail de groupes
et de membres d'une communauté. Ils diffusent des talk-shows,
des émissions éducatives, culturelles, sportives,
sur le thème de l'histoire locale, des programmes destinés
aux enfants, des émissions culinaires ainsi qu'une grande
variété de programmes musicaux comprenant salsa,
bolero, hip-hop, rock, llanero ou autre musique
folklorique. Ils diffusent également des émissions
politiques ou sociales qui cherchent à rendre plus visibles
certaines questions peu traitées telles que celle de l'appartenance
ethnique. Le journaliste-radio Madera anime une émission
sur Radio Negra Primero qui se dit être destinée
« aux hommes et femmes de peau noire ».
Ce genre d'émissions n'a pas sa place au sein de programmes
diffusés par les médias publics et encore moins
au sein de ceux diffusés par les médias privés.
Les programmes des médias
communautaires sont en total décalage avec la réalité
des émissions, feuilletons et autres jeux télévisuels
que bombardent les médias privés. Les émissions
diffusées par ces derniers entretiennent une culture du
consumérisme qui s'est répandue conjointement avec
la globalisation. Dans les allées du prestigieux centre
commercial Sambil situé dans la zone est de Chacao [5], les jeunes issus de la classe moyenne passent
leur temps à comparer leurs montres de luxe et leurs chaussures
de sport dernier cri. Les familles aisées quant à
elles font appel aux services de compagnies privées pour
fournir leurs enfants en jeux vidéo afin d'occuper les
bambins lors des fêtes organisées pour ces derniers.
Pendant ce temps, un nombre toujours plus important de jeunes
des barrios de la zone ouest de Caracas créent
leurs propres formes de loisir reflétant de bien plus
près le nouvel activisme communautaire qui est devenu
une part importante de leur quotidien.
Arborant un sourire timide,
Gladys, la jeune étudiante de Radio Perola, déclare
que dans le contexte politique actuel les jeunes ne devraient
pas être aussi « pitiyanqui »,
un argotisme péjoratif utilisé pour décrire
celles et ceux qui imitent les Nord-Américains.
« Grâce
à cette révolution, nous les jeunes d'aujourd'hui,
nous commençons à mûrir et à voir
le monde d'un autre point de vue », affirme Gladys.
« Je pense que nous sommes des gens responsables,
nous savons ce que nous faisons et que l'avenir est entre nos
mains ». Sur cette déclaration, Gladys
range ses livres dans son sac et s'en va en pouffant de rire,
bras dessus, bras dessous avec sa camarade de classe.
NOTES : RISAL - Réseau d'information et de solidarité
avec l'Amérique latine
[1] [NDLR]
La ville de Caracas est formée de cinq municipalités
composées chacune d'entre elles de plusieurs paroisses.
[2] [NDLR]
Consultez le dossier « Coup d'État au Venezuela »
sur RISAL.
[3] [NDLR] La première chaîne
publique Venezolana de Televisión.
[4] [NDLR] Le base-ball, au Venezuela
comme à Cuba, est le sport « national ».
[5] [NDLR] Chacao est une des cinq
municipalités de Caracas. Les quatre autres sont Sucre,
Baruta, El Hatillo et Libertador.
Sources d'origines
: http://risal.collectifs.net/ -
et Venezuelanalysis (http://www.venezuelanalysis.com/),
26 décembre 2005 ;
Znet (http://www.zmag.org/),
24 décembre 2005.
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