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Sommaire de la
page 4,
année 2011
1 - Vidéo et audios, Disparus et terrorisme
d'Etat en Argentine (1976-1983), Pantuana Tv
& Sénat - Interventions sonores de Sophie
Thonon-Wesifreid et Gabriel Périès
2 - Réforme
” à la chilienne” dans les
universités colombiennes, Rosmerlin
Estupiñan Silva
3 - Vidéo en ligne, Veronica VEGA
"Partir un point c'est tout" (Cuba), Pantuana TV
4 - Carlos,
l'histoire d'un barbouze vénézuélien
sur le sol français
5 - 2 vidéos, Cuba :
libertés, socialisme et autogestion?
+ Pérou,
les 90 premiers jours du Président Ollanta Humala,
Pantuana Tv
6 - La gauche
latino-américaine et la révolution arabe, Sami Naïr
7 - Processus de paix semé
d’embûches pour la Colombie, entretien avec Marcelo Alvarez
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Disparu-e-s
et terrorisme d'Etat en Argentine
Disparu(e)s et terrorisme d'Etat en
Argentine (1976-1983)
Des origines à aujourd'hui... Extraits du film
"La Santa Cruz"
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Cliquez ici !
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(durée 32
minutes)
Intervenants
par ordre d'apparition :
- Alicia Bonet-Krueger,
Présidente du Collectif pour la Mémoire en
Argentine
- Michel Jeanningros, Familles françaises des disparus en
Argentine
- Gabriel Périès, Politologue et
Enseignant-chercheur
- Sophie Thonon-Weisfreid, Avocate et Présidente
déléguée de France
Amérique-Latine
- Marie-Noëlle Erize, Familles françaises des
disparus en Argentine
- Gérard Tracol, Familles françaises des disparus
en Argentine
- Michel Ortiz, Familles françaises des disparus en Argentine
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Source
: Pantunana TV - Décembre 2011
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Colloque
au Sénat du 8 décembre 2011
Interventions (bandes sonores à
télécharger ou à écouter)
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Réforme "à la chilienne"
dans les universités colombienness |
Rosmerlin
Estupiñan Silva (*), mis en ligne le 14 décembre 2011
Au Chili, le mythe de l’éducation inclusive
favorisant la mobilité
sociale s’est brisé après la prise de
contrôle de la finance sur le
système éducatif. L’espoir individuel
d’ascension sociale est anéanti
par la réalité écrasante du
chômage et du surendettement des familles,
lié la plupart du temps à la
nécessité, pour ces dernières, de
contracter des dettes pour financer les études de leurs
enfants.
Non loin de là, en Colombie, les secteurs financiers se
préparent
également à mettre la main sur
l’enseignement supérieur. Le 3 octobre
2011, le ministère de l’éducation
nationale a présenté devant la
seizième commission de la Chambre du Congrès de
la République le projet
de loi 112/2011C dont l’objectif est de «
réformer » l’enseignement
supérieur en révisant l’ancienne loi
30/1992.
A cette occasion, le gouvernement dirigé par Juan Manuel
Santos et le
mouvement social pour la défense de l’enseignement
supérieur se sont
livrés à leur première confrontation.
Résultat : le retrait provisoire
du projet de loi, le 9 novembre 2011. Cette situation laisse ouvert le
débat public sur le modèle
d’enseignement souhaité en Colombie.
La réforme envisagée par le gouvernement
constitue une caricature
importée du système éducatif
étasunien. Il s’agit, entre autres, de
promouvoir le développement du modèle des
universités mixtes de droit
privé (article 37), l’augmentation des droits
d’inscription (jusqu’à
20% selon l’article 149 du projet de loi), les gels
d’augmentation du
budget de l’enseignement (article 145), la fusion, sans le
moindre
contrôle de qualité, des instituts techniques et
des universités
(articles 57-59).
Le projet vise à soumettre l’enseignement
supérieur aux milieux
financiers. En pratique, un système d’emprunt est
imposé à tous les
niveaux pour les étudiants, les universités,
ainsi que pour le
ministère de l’éducation nationale
lui-même. Si cette « réforme »
voit
le jour, l’endettement constituera la principale source de
financement
de l’enseignement supérieur (articles 152-162).
Depuis le 12 octobre, 32 universités publiques et 67
universités
privées sont en grève, et le mouvement pour la
défense de
l’enseignement supérieur a multiplié
les mobilisations dans les rues.
Depuis, il ne cesse de se développer malgré le
silence assourdissant
des médias nationaux et internationaux.
A Cali, ce même 12 octobre, un étudiant en
médecine, Jean Farid Chan
Lugo, a été assassiné alors
qu’il participait aux protestations au
côté
de 15 000 autres personnes. Deux universités publiques parmi
les plus
importantes du pays (l’université
d’Antioquia et l’université
industrielle de Santander) ont été investies par
l’armée. Celle-ci y
est toujours présente. Le bilan de ces interventions est
lourd. Les
étudiants blessés ou détenus se
comptent par dizaines.
Les 19 et 26 octobre, ainsi que le 3 novembre, des audiences publiques
télévisées se sont
déroulées au sein du Congrès de la
République. Un
groupe de parlementaires a réussi à faire
convoquer la ministre de
l’éducation nationale afin qu’elle soit
confrontée à la communauté
universitaire (étudiants, professeurs, personnels
administratifs,
recteurs et parents) qui, depuis 7 mois, réclamait
l’organisation d’un
débat public. Le premier projet de réforme avait
en effet été annoncé
le 12 avril.
La montée de la pression a poussé le gouvernement
du président Santos à
annoncer, le 9 novembre, le retrait temporaire du projet de loi
jusqu’à
la prochaine session parlementaire qui débutera en juillet
2012, en
échange de la levée immédiate de la
grève. Ainsi, depuis le 16
novembre, le retour des étudiants dans les cours
coïncide avec
l’ouverture d’un débat sur
l’avenir de l’enseignement supérieur
colombien. L’enjeu est de taille : quel modèle de
société souhaitons
nous ?
Transposition
du modèle chilien
Le gouvernement colombien essaie d’appliquer doctement les
exigences de
la finance, notamment celles formulées par la Banque
mondiale. De ce
point de vue, la Colombie inscrit ses pas dans ceux du Chili, mais va
plus loin en faisant également siennes les exigences des
États-Unis et
de l’Union européenne (UE) contenues dans les
traités de libre-échange
(TLC) déjà signés (avec les
États-Unis le 10 octobre) et à venir (avec
l’UE en 2012 sous la forme d’un accord
d’association).
Il suffit d’étudier le document
intitulé Stratégie Éducation 2020 de
la
Banque mondiale pour se rendre compte de quelle manière
cette dernière
exige une réforme du système éducatif
à tous les niveaux, la
généralisation du modèle mixte
à prédominance privée, la soumission
de
l’éducation aux besoins de l’entreprise
et à la rentabilisation
économique du système [1].
Déjà en 2002, lorsque
l’ex-président Alvaro Uribe Velez avait
imposé
l’acroissement de la place de l’emprunt dans
l’enseignement supérieur,
le mouvement social avait montré qu’il
s’agissait de renforcer les
universités privées au détriment des
universités publiques [2].
Aujourd’hui, les étudiants colombiens
s’endettent sans aucune garantie
de l’État en cas
d’impossibilité de remboursement. Et ce, alors que
les
taux d’intérêt annuels
pratiqués peuvent atteindre 12%, soit le double
de ceux appliqués au Chili ! La conséquence, pour
les familles
colombiennes, est que les parents et les grand-parents doivent
mobiliser tout leur patrimoine pour rembourser les dettes de leurs
enfants étudiants.
Comme le montre le cas chilien, les jeunes qui entrent dans la vie
professionnelle sont déjà endettés
à hauteur de plus de 180% de leurs
revenus (plus de 200% pour les plus pauvres d’entre eux).
Lorsque les
jeunes diplômés trouvent un travail, ils doivent
consacrer environ 20%
de leur salaire au paiement de leur dette pendant au moins 15 ans.
Pendant les quarante dernières années,
l’enseignement supérieur en
Colombie était considéré comme un
investissement de la société pour
former la conscience critique des citoyens et construire
l’avenir de la
nation. En 2011, le message envoyé par le gouvernement est
clair : la
Colombie n’a plus besoin de professionnels universitaires
pour penser
l’avenir du pays, mais de travailleurs formés pour
appuyer sur les
boutons de machines importées de transnationales
étasuniennes et
européennes.
La Colombie est le pays où le financement public de
l’enseignement
supérieur est le deuxième plus faible de
l’Amérique latine : 0,3% du
PIB pour 2012. A titre de comparaison, il faut savoir qu’en
termes de
budget investi, une année de corruption en Colombie
représente deux ans
de financement de l’enseignement supérieur, et que
le coût d’une année
de guerre dans notre pays en représente huit.
La réforme « à la chilienne »
de l’enseignement supérieur en Colombie
agit directement sur trois dimensions fondamentales : la
qualité,
l’autonomie et le financement.
Perte
de qualité
Le rideau de fumée consistant à annoncer un
maintien de l’offre
éducative cache mal une réalité : le
budget public annuel consacré à
chaque étudiant en 2002 représentait 2 257 euros.
En 2011, il n’était
plus que de 1 317 euros. Avec la réforme, il passerait
à 300 euros.
La réforme prévoit également la fusion
des institutions techniques et
universitaires, sans augmentation des budgets et sans
préciser quels
seront les objectifs qualitatifs de chaque institution.
Elle affirme la nécessité d’inverser la
part des étudiants inscrits
dans les filières universitaires et celle des inscrits dans
les
filières techniques : actuellement, 65% des
étudiants sortent de
l’université et 35% des institutions techniques et
technologiques.
Cette perspective est réellement préoccupante
lorsque l’on sait à quel
point l’enseignement technique est de mauvaise
qualité en Colombie.
Enfin, seul 43% de l’enseignement supérieur
colombien est public. Le
gouvernement veut clairement s’appuyer sur le secteur
privé pour
développer ce secteur sans investissements publics.
Fin
de l’autonomie universitaire
Pour arriver à son but, la réforme
prévoit d’encadrer et de strictement
conditionner les budgets des universités publiques. Il
s’agit ici
d’organiser la perte d’autonomie de ces
dernières, l’incapacité de
penser les programmes des filières en fonction des besoins
de la
société, l’impossibilité de
décider de la qualité et des thèmes de
recherche. Tout doit désormais passer sous le
contrôle du ministère et
être soumis aux règles de la concurrence et du
marché (article 27).
Privatisation
Le budget de l’enseignement supérieur,
s’il suit la voie du modèle
chilien, serait désormais financé par des
dispositifs d’endettement.
L’Etat devrait assigner en justice tout individu emprunteur
en cas de
non paiement (articles 157-159). Les prêts, ainsi que leurs
taux
d’intérêt, seraient, eux, fonction de la
santé financière de l’État.
Cela signifie donc qu’ils seraient soumis aux
aléas des crises
économiques internationales et intérieures.
Par ailleurs, l’université colombienne devra
s’ouvrir au marché à
travers la constitution d’ « entités
à capital mixte avec prédominance
de capital privé » régies par le droit
privé. Il s’agit d’une porte
ouverte aux transnationales pour franchiser l’enseignement
supérieur
(dans le TLC signé entre la Colombie et les Etats-Unis, ce
secteur est
abordé au chapitre XI de l’accord).
Il faut savoir que l’enseignement supérieur en
Colombie est déjà
privatisé au niveau des Masters et du doctorat par le biais
des frais
d’inscription. D’où les vagues
d’étudiants colombiens qui émigrent
pour
se spécialiser.
Pour sa part, la recherche est déjà largement
privatisée à travers le
mécanisme de vente de services aux entreprises. De plus,
depuis la loi
30/1992, l’université publique a de moins en moins
de professeurs
permanents et de plus en plus de contrats à durée
déterminée.
Quel
avenir pour l’enseignement supérieur ?
La question posée aujourd’hui en Colombie est la
même que celle à
laquelle dut répondre l’enseignement
supérieur en Europe à l’occasion
des réformes mises en place dans le cadre du processus dit
de Bologne.
Il s’agit de savoir quel type
d’éducation veulent nos
sociétés : une
éducation marchandise qui peut s’acheter et se
vendre, qui doit générer
du profit économique et de l’appropriation
privée de la recherche
publique ? Ou bien une éducation envisagée comme
un droit garanti par
l’État avec la solidarité des citoyens
et qui doit défendre la liberté
académique et l’autonomie pour garantir
l’existence d’une conscience
critique dans la société ?
Il s’agit aussi de savoir ce que nous souhaitons pour les
nouvelles
générations. C’est cette
préoccupation qu’ont porté les
mouvements
étudiants chiliens, colombiens et européens lors
de leurs luttes
respectives. La vision qui assimile l’étudiant
à du capital humain
aboutit à ce que celui-ci ne soit pas
considéré comme un citoyen en
formation, mais comme un entrepreneur devant investir dans son propre
avenir.
Enfin, ce qui se passe actuellement dans l’enseignement
supérieur
renvoie aux conséquences du modèle capitaliste
financier dans tous les
secteurs de la société : santé,
logement, alimentation, etc. Le secteur
financier cherche à mettre à contribution les
générations futures pour
accroître ses profits actuels. Il s’agit de
créer une société
d’endettés dans laquelle les étudiants
constitueraient un groupe de
choix.
Les
faits sont têtus
Le gouvernement Santos utilise à fond le pouvoir des
médias. Rappelons
que le président est lui-même
propriétaire du journal le plus important
du pays, El Tiempo. Face à la résistance sociale,
l’Etat a activé une
propagande massive à la télévision,
à la radio et dans la presse écrite
pour « vendre » le projet de loi à
l’opinion et qualifier ses opposants
d’agitateurs anarchistes, d’ignorants ou
d’irresponsables coûtant cher
au Trésor public. Si l’on veut aborder ce dernier
sujet, rappelons que
40 secondes de propagande financée pour
désinformer la société
équivalent au coût d’une
journée de grève de l’ensemble du
système
public de l’enseignement supérieur.
Pendant que le Congrès approuvait le budget de la nation (18
octobre)
et octroyait aux universités 26, 33 millions
d’euros, c’est à dire
uniquement 10% du budget nécessaire pour couvrir leur
déficit, la
ministre de l’éducation nationale assurait dans
les médias que le
gouvernement allait le renflouer avec la réforme.
Pendant que le gouvernement annonçait qu’il allait
augmenter l’offre
universitaire, il décrétait la fermeture de la
faculté de médecine de
l’Université nationale
(l’université publique la plus importante du
pays). Pour sa part, l’Institut artistique du
département de Sucre a dû
fermer ses portes car la Chambre du commerce estime que le timbre
fiscal de soutien [3] à cet Institut réduit la
compétitivité du
territoire.
Pendant que le gouvernement augmente le budget alloué
à chaque soldat (
7 148 euros en 2011 et 8 276 euros en 2012), il prévoit de
diminuer
celui consacré à chaque étudiant ( de
1 316 euros à 1 203 euros).
Paradoxalement, le système éducatif et celui de
la santé s’effondrent
malgré la mise en avant d’une croissance
économique de 4 à 6%.
Des
alternatives sont possibles
Pour augmenter les ressources de l’enseignement
supérieur, une réforme
n’est pas nécessaire. Un investissement de 3 % du
PIB garantirait un
financement pérenne de l’offre de
l’université publique. Il suffirait
de 10% du budget national destiné annuellement à
la guerre pour sortir
l’enseignement supérieur du déficit.
D’ailleurs, cette proposition a
été présentée au
Sénat par le groupe parlementaire du Pôle
démocratique
alternatif (PDA). Elle a immédiatement fait
l’objet d’un rejet violent
de la part de la coalition de partis alliés au
président Santos, dite «
Unité nationale ».
Malgré la propagande institutionnelle, il est clair que la
réforme de
l’enseignement supérieur, telle qu’elle
est proposée, met en danger
l’avenir du pays et celui des enfants de chaque famille
colombienne.
Le fort besoin de résistance existant dans la
société a contribué à une
unité historique du mouvement étudiant.
Aujourd’hui, la Table nationale
étudiante élargie (MANE – Mesa Amplia
Nacional Estudiantil-) est
devenue le premier rassemblement des étudiants des
universités
publiques et privées depuis 1979. Elle est
mobilisée autour d’un même
objectif : les générations
d’aujourd’hui ne permettront pas la
marchandisation de l’université colombienne [4].
Le programme de la
MANE met au centre de ses revendications la recomposition des valeurs
du service public. Il s’élève contre
l’intention du gouvernement
d’exempter l’État de ses
responsabilités en matière
d’éducation
supérieure.
Jusqu’à présent, les principales
revendications des étudiants se
concentraient sur le retrait du projet de loi et l’ouverture
d’espaces
de concertation sur le modèle d’enseignement
supérieur souhaité pour le
pays. La victoire obtenue le 9 novembre n’est qu’un
premier pas dans la
lutte pour l’existence d’un enseignement
supérieur public au service de
la société.
Au niveau de la formation technique, les protestations massives des
étudiants du Service national de l’apprentissage
(SENA) ont fait
échouer, le 18 octobre, la proposition du gouvernement
d’inclure le
budget de cet organisme dans celui de l’enseignement
supérieur afin de
gonfler artificiellement les chiffres.
Les victoires du mouvement montrent que la bataille ne saurait se
limiter aux murs du Congrès de la République
où les possibilités de
succès sont nulles, comme l’a rappelé
Jorge Robledo, sénateur du PDA.
Seuls 15 parlementaires s’opposent à la
réforme, contre 260 qui font
partie de l’Unité nationale.
C’est grâce aux mobilisations sociales qui se sont
multipliées dans
tout le pays que le Sénat a approuvé à
l’unanimité la mise en place
d’une négociation sur l’enseignement
supérieur, et que le pouvoir
exécutif, dans ce contexte, a demandé le retrait
du projet de loi
jusqu’à la session parlementaire de 2012.
Ce scénario nous rappelle un grand principe : il ne faut
jamais oublier
que la lutte dans la rue est une forme fondamentale de
démocratie. La
mobilisation continentale latino-américaine
organisée le 24 novembre a
montré l’importance de la question de
l’éducation publique, gratuite et
de qualité. En Colombie, des manifestations ont eu lieu dans
30 villes.
Plus de 30 000 manifestants ont répondu présents
à Bogotá et revendiqué
l’enseignement supérieur comme droit pour tous.
La défense de l’université est une
nécessité
intergénérationnelle.
Cette lutte nous implique tous, en Colombie et ailleurs dans le monde.
Comme le dit Jairo Rivera, dirigeant étudiant colombien, il
faut nous
souvenir que l’université n’est pas un
héritage de nos parents, mais un
emprunt que nous faisons à nos enfants et petits-enfants.
C’est à eux
que nous devrons la rendre.
Rosmerlin Estupiñan Silva sera présente
à Paris le mercredi 14 décembre
afin de participer à la
conférence-débat organisée
à la Maison de
l’Amérique latine à 20h50 sur les
réformes universitaires
(Colombie-Chili-France-Union européenne)
Notes
:
(*) Avocate et docteur en droit. Ancienne dirigeante nationale de
l’Association colombienne des étudiants
universitaires (ACEU).
[1]
The World Bank, Education Strategy 2020 - http://web.worldbank.org/
[2] « Le plan de développement 2002-2006
ne fait pas mention du
droit à l’éducation,
n’indique pas non plus une stratégie pour
développer l’éducation gratuite, ni
pour réduire les coûts éducatifs.
Au contraire, il utilise le principe du cofinancement assuré
par les
familles et les étudiants et acte le
désengagement de l’Etat en matière
d’obligations relatives aux droits de l’homme
vis-à-vis de ses
ressortissants. Le rapporteur spécial recommande une
évaluation de
l’impact de la « révolution
éducative » sur le droit à
l’éducation ».
Extrait durapport spécial de Katarina Tomaševski
(rapporteur spécial de
l’Onu pour le droit à
l’éducation) lors de sa mission en Colombie
(1er-10 octobre 2003).
[3] En Colombie, afin de pallier le manque de ressources
financières allouées par
l’État,
l’estampilla (ou timbre fiscal de
soutien) a été créé dans
les
départements. Il s’agit d’un
prélèvement
fiscal sur certaines démarches administratives et
commerciales
destiné
au financement des universités ou d’autres
entités
publiques.
[4] La MANE regroupe les organisations
d’étudiants telles que
l’Association colombienne des étudiants
universitaires (ACEU-1998), la
Fédération des étudiants
universitaires (FEU-2002) et l’Organisation
colombienne des étudiants (OCE-2001). Ces
dernières comptent parmi les
organisations les plus importantes au sein des universités
publiques et
privées de Colombie.
Source : Mémoire des Luttes
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Partir un point
c'est tout
Présentation
du livre de VERONICA VEGA, "Partir un point c'est tout"
(Ediitions Christian
Bourgois)
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Cliquez ici !
(durée 11 minutes) |
Un document vidéo sur Cuba
et la ville d'Alamar…
(11
minutes). "Roman de l'exil, vécu de
l'intérieur."(Revue
Technikart). Une initiative de la librairie "EL SALON DEL LIBRO"
à Paris.
Traductions
(du livre et de Veronica Vega) de Christilla Vasserot
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Licence
Creative Commons - Non Commerciale. Pantuana
TV Novembre 2011 |
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Carlos,
l’histoire d’un barbouze
vénézuélien sur le sol
français…
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Lionel Mesnard, le 28
novembre 2011
Mais
qui est donc Ilich Ramirez Sanchez dit Carlos ?
L’histoire de Carlos dit aussi le chacal s’est
terminée le jour ou un état, la France, et le
jour
où le Président Mitterrand ordonna son
arrestation en
1994 avec l’appui du ministre de
l’intérieur de
l’époque Charles Pasqua. Le
général Rondot organisa
l’arrestation de
Carlos au Soudan avec l’appui des services secrets, et le
ramena
devant la justice pour des crimes commis sur le territoire national.
Le 27 juin 1975, l’on dénombre trois morts
à Paris.
« (…) un habitant de la rue Toullier dans le
V°
arrondissement de Paris a vu une ombre. «J'ai vu un individu
armé courir sur la passerelle qui joint les deux immeubles,
sauter dans la cour, et franchir le mur de séparation du 11,
rue
Toullier. Cet individu s'est déplacé
très vite
dans l'obscurité.» C'est Carlos. Au
numéro 9 de la
rue, le Vénézuélien, encore
pratiquement inconnu
des services de police, vient de tirer cinq coups de feu. Il laisse
quatre hommes à terre, touchés à la
tête ou
au cou par des balles de calibre 7,65. Trois morts: Raymond Dous et
Jean Donatini, inspecteurs de la Direction de surveillance du
territoire (DST), et Michel Moukharbal, l'un de ses amis libanais. Un
blessé grave: Jean Herranz, commissaire de la DST.
Condamné par contumace en 1992 pour ces faits, Ilitch
Ramirez
Sanchez doit s'asseoir aujourd'hui dans le box de la cour d'assises de
Paris (…). » (1)
Ilich Ramirez dit Carlos est incarcéré en France
depuis
son arrestation par les services secrets français au Soudan
en
août 1994, son premier lieu de détention fut la
prison de
la Santé (à Paris XIV° arrondissement).
Il y
séjournera une nouvelle fois pendant la tenue de son
procès se tenant au Palais de Justice de Paris en cette fin
d’année 2011. Carlos est né au
Venezuela en 1949 et
il est le fils d’un des fondateurs du Parti Communiste
vénézuélien. Figure du terrorisme
international,
il est de nouveau depuis le début du mois de novembre 2011
devant une juridiction française, pour 4 attentats
perpétrés sur le territoire national entre 1982
et 1983.
Les
quatre attentats pour lesquels il est jugé en 2011 :
- L'attentat à la bombe du 29 mars 1982 contre un train
assurant
la liaison entre Paris et Toulouse, qui a fait 5 morts et 77
blessés;
- L'attentat du 22 avril 1982, commis rue Marbeuf à Paris,
devant le siège du journal El Watan, qui a fait 1 mort et 63
blessés;
- Les 2 attentats du 31 décembre 1983 contre un TGV
Marseille-Paris et à la gare Saint-Charles, qui ont fait 5
morts
et 50 blessés.
Sous les verrous depuis 17 ans, Carlos a mené du 18 au 27
octobre 2011 une grève de la faim pour protester contre son
placement à l'isolement. Isolement qui ne l’a pas
empêché d’accorder des entretiens par
téléphone depuis sa prison : une interview avant
le 18
octobre pour la radio Europe 1 et une autre pour le journal
vénézuélien El Nacional, les 27 et 28
octobre (2).
En ce début novembre débute une nouvelle
étape de
l’examen des bains de sang possiblement commis par Carlos en
France. Ou comment un homme a pu s’arroger le droit de tuer
à l’aveugle au nom d’une cause se
prétendant
révolutionnaire ? On pourrait s’attendre
à une
procédure relativement classique sur pour des actes
terroristes,
mais le sujet de fond est ailleurs.
Carlos,
un restant de la guerre froide ?
« La chute du mur de Berlin et l’effondrement du
bloc de
l’Est en 1989 allaient dégeler bien des secrets
sur les
faits et gestes du révolutionnaire rallié en 1970
à la cause palestinienne et aux objectifs du Front Populaire
de
la Libération de la Palestine de Georges Habbache. Les
archives
de la Stasi et celles du Pacte de Varsovie s’ouvraient
dès
août 1990 pour révéler les
détails de
l’implication de Carlos « traité
» entre 1979
et 1985 par les services hongrois - la Hongrie a remis aux
autorités françaises 67 dossiers de filatures et
d’écoutes du groupe Carlos par ailleurs soutenu
matériellement et financièrement par la
«
Securitate » roumaine. » (3)
Un tel personnage pourrait représenter le rebelle moderne,
il
n’en fut rien. Il a servi d’alibi à
certains pays de
l’Est et nations Arabes, anciennement satellites de
l’ex.
Union Soviétique. Le « je suis un professionnel de
la
révolution » de Carlos est abusif et
soulève
problème quant à son contenu (source Radio
Canada).
D’abord l’idée du professionnalisme ne
cadre pas
vraiment avec « la panoplie » du
révolutionnaire? On
pourrait s’attendre à une forme de
désintéressement, si ce mot de
révolution
n’était pas lié à
l’idée de
vendre ses services. N’est-ce pas là une
façon de
légitimer ses gestes gagés et meurtriers? Et en
quoi il
est révolutionnaire de poser des bombes tuant des civils
anonymes, peut-on se questionner? Nous sommes face à ce que
l’on peut nommer un psychopathe, bien qu’il le
réfute. Il a à minima les symptômes
d’une
pathologie le privant d’empathie. La compassion ou le regret
sont
chez lui aux abonnés absents. Il a excellé dans
son
rôle de tueur professionnel et il n’a jamais eu un
mot de
regret pour les victimes de ses crimes.
Les « luttes » de cet homme ne
proviennent pas
d’un idéal de partage, mais d’une haine
certaine de
l’Humanité. C’est en tant que tel que
nous devons
observer cette réminiscence du passé, cet objet
déliquescent du terrorisme. Qui se jouait
d’état
à état, de la fracture née des accords
de Yalta
d’un monde coupé en deux blocs depuis 1945. Ou
comment un
terrorisme se prétendant idéologique ou politique
et
d’inspiration « communiste » a fini avec
le temps
passant par s’en prendre à des populations civiles
au nom
du dogme religieux. Carlos s’est converti à
l’Islam
en 2001 en prison et n’a pas caché sa sympathie
pour Ben
Laden. Ilich Ramirez aime le sang et il ne se prive pas de le
manifester régulièrement.
« Parmi les 1500 à 2 000 morts, il n'y a pas eu
plus de
200 victimes civiles », a déclaré
Carlos dans un
entretien téléphonique
réalisé le 27 et 28
octobre 2011 par El Nacional. (4) et (2) Carlos que l’on
veuille
ou non est un tueur, un « animal » sanguinaire,
l’aura du révolutionnaire n’est pas de
mise. Ce fut
un assassin dangereux, cynique, le pire de ce qui fut un monde en
guerre froide. Car Carlos est un pur produit d’avant 1989, un
malfrat ou l’agent d’une puissance
impériale de
cette époque. Quand les deux blocs (Etasunien et
Soviétique) s’affrontaient, l’un et
l’autre en
coulisse et par nation interposée.
Carlos
et ses derniers soutiens ?
Il serait le « digne héritier des plus grandes
luttes
menées jusqu'à présent pour la cause
des peuples
et de la justice des peuples ». (5) C’est une
déclaration symptomatique du président Chavez,
grand
pourfendeur de l’Empire, et comment il conçoit des
alliances des plus étranges pour quelqu’un se
réclamant du camp progressiste. Une fois de plus, il apporte
son
soutien au criminel Carlos et met en doute un pays et sa justice, en
oubliant ses propres préceptes de souveraineté.
Ce qui
avait déjà valu à Chavez,
président de son
état, de la part du gouvernement Fillon, Premier ministre de
son
ami Sarkozy, un rappel à l’ordre en 2009. Il
récidive et apporte à nouveau un soutien plus que
gênant et commet une faute politique injustifiable.
Dans la même veine son « porte-parole »
en France
(?), un certain Dieudonné, un presque intime de la famille
Le
Pen appelle à l’extradition de Carlos vers le
Venezuela et
explique : « Je suis là pour apporter humblement
ma
participation à un changement de
société pour plus
de justice et je pense que c'est le combat de Carlos pour la Palestine
notamment» (6). Un changement de
société, rien de
moins et en toute humilité… Nous ne
rêvons pas. Une
« gauche » plus qu’incertaine est
passée armes
et bagages à l’extrême des droites. Rien
d’étonnant que cet « humoriste
» (plusieurs
fois condamnés) vienne soutenir un quasi-frère
«
d’arme ». Car le procès de Carlos
pourrait
être aussi le procès de plusieurs
générations ayant ouvertement soutenus un ou des
ordres
politiques criminels attentatoires aux principes les plus fondamentaux
du droit à l’existence : la vie humaine.
Il importe de dénoncer cet ordre intangible des pousses la
mort.
Ils cherchent sous des prétextes grossiers encore de nos
jours
à tuer par la terreur ou à faire taire des
expressions
libres. Peu importe le motif politique, il n’a aucune
crédibilité auprès la
majorité des opinions
publiques. Qui elles-mêmes majoritairement
récusent la
violence gratuite ou l’usage de la force terroriste. Nous ne
sommes plus sous la férule des deux empires, mais certains
facteurs persistants d’hier sont toujours là.
Chavez dans un rôle de revanchard d’une lutte
perdue et
passée à quelque chose de pathétique.
Que
Dieudonné soit devenu un de ses derniers relais en France,
cela
n’a rien de très surprenant. Il n’a pu
échapper à personne les appuis
répétés du Venezuela bolivarien
à
l’Iran, à la Syrie, et tutti quanti. Et comme par
miracle,
on peut ainsi découvrir sur les autoroutes de
l’information quelques pieds nickelés du
«
brunisme-rouge » agissant sous nos cieux.
Que Chavez décide de s’attaquer à
la justice
française, il y a de quoi être tenté de
lui
répondre. Car il y a beaucoup à dire sur
l’état des prisons en France, les conditions de
vie des
prisonniers notamment, ou d’une justice connue pour sa
lenteur et
condamnée plusieurs fois au niveau européen
à ce
sujet. On pourrait en retour demander au Président Chavez, ce
qu’il en est des prisons et de la justice au Venezuela, et de
sa
corruption? Mais il y a peu de chance d’avoir une
réponse…
De plus, la question est de savoir, si Ilich Ramirez Sanchez, citoyen
vénézuélien est coupable ou non des
actes qui lui
sont reprochés ? Une Cour Pénale se prononcera
à
la fin de son procès parisien. De la manière dont
s’est engagé de son côté la
défense de
Carlos, il y a de quoi rester perplexe. Tout donne à penser
à un dernier grand show, une sorte de dernier tour de piste,
de
ce qui ne fut pas vraiment un artiste.
Carlos
ou le parcours d’un barbouze…
Les conséquences de l’après 1989
amèneront
Carlos à vendre ses services à des pays acteurs
du
terrorisme international (Syrie, Iran, Libye) et ne cachant pas
certains liens très contradictoires, pour ne pas
dire
ouvertement antisémites. C’est un
phénomène
de décomposition politique, qui tend à vouloir au
nom de
la lutte contre l’impérialisme embrasser et
incorporer les
droites les plus extrêmes dans le même
échiquier,
que les « nostalgiques » du mur de Berlin.
Pour reprendre une terminologie actuelle, Carlos cadre bien avec le
fameux axe « rouges », « bruns
» et
« verts ». Ou, les franges les plus fanatiques et
ultra-nationalistes des mouvements totalitaires du vingtième
et
du siècle présent. En clair, et pour totem : Mao
et/ou
Staline, Hitler et les mouvances du terrorisme islamiste, avec les
mêmes luttes et les mêmes objectifs dans un monde
pactisé contre le Lucifer Yankee. Une partie de ce beau
monde a pris terreau sur la guerre en ex.Yougoslavie
permettant
des recompositions politiques assez stupéfiantes.
Heureusement
en l’état, pour le moment, ceci reste à
un stade
groupusculaire. Mais relativement présent sur la toile
francophone pour se questionner sur un tel
phénomène.
Le constat ne date pas d’hier et justement vers qui
s’est
tourné Illich Ramirez par après la guerre froide
? Si ce
n’est une des pièces du néo-nazisme en
Europe en la
personne de François Genoud (mort en 1996) « Connu
pour
son rôle de banquier du nazisme, exécuteur
testamentaire
d’Hitler et de Goebbels », et comme «
financier des
combattants palestiniens » (7). Carlos pour lequel et sans
succès, François Genoud cherchera un asile, en
Iran et en
Algérie. L’on peut comprendre que l’on
est loin
d’un idéal de paix et de justice. Le parcours du
terroriste Carlos est un mélange de recherche de financement
passant par les pays de l’Est, puis le Moyen-Orient et
l’Afrique de l’Est. Le seul but fut de tuer des
victimes
innocentes au nom d’une idéologie
éclatée ou
sans objet réel autre que l’argent. En langage
courant,
Illich Ramirez restera comme un tueur à gage, en
d’autres
termes, c’est un barbouze, pour reprendre un mot
très
connoté en terre africaine auprès des services
secrets
français.
Carlos
et les ombres du passé
Si l’on examine un peu les conditions de détention
du
sieur Carlos, il dispose d’un statut pas vraiment commun.
C’est-à-dire, une cellule individuelle pour son
nouveau
séjour à la Santé. Ce qui est loin
d’être le cas de la majorité des
prisonniers en
France. Ce qui peut surprendre, c’est sa facilité
à
échanger par téléphone à
l’extérieur. Ce n’est pas la
première fois,
qu’il communique ainsi avec des médias, il en est
coutumier. Par ailleurs ce dernier s’est infligé
quelques
jours de jeûne, on pourrait presque en avoir la larme
à
l’œil… La mascarade
médiatique est à
proprement parlé indécente.
Allez savoir si l’on doit s’enorgueillir de ce
nouveau
procès à Paris pour ce triste individu ?
C’est tout
à l’honneur de la justice et en même
temps son
rôle premier. On en oublierait les 11 morts et la centaine de
blessés, pour ce qui sera son dernier coup
médiatique,
sur les « 2000 morts » potentiels. Si
l’on reprend
les propos de Carlos.
Il est difficile de le voir ailleurs, qu’en prison. Il a
déjà été
condamné et s’il faut
en droit français qu’il revienne sur
l’ensemble de
ses meurtres commis en France, c’est un processus essentiel
pour
les familles des victimes, mais pas seulement. Ce fut aussi une tranche
d’histoire, certes sordide, mais dont l’examen est
nécessaire. « Deux voyageurs, Marak Skwirut, un
Polonais
de 38 ans, et Makhlouf Maouche, un Algérien de 25 ans, sont
déchiquetés. Le cratère
laissé fait un
mètre de profondeur. On dénombre 34 autres
victimes dont
7 grièvement mutilées. Quasi
simultanément explose
à Tain-L’Hermitage une bombe qui coupe en deux le
TGV
Marseille-Paris (3 morts, 13 blessés). » (Source
La
Marseillaise. fr )
Que l’on puisse encore se réclamer de telles
idéologies punitives à quelque chose de navrant.
Que
l’on fasse de Carlos la victime expiatoire de la lutte pour
les
palestiniens, c’est le comble du cynisme. Carlos
n’a jamais
agi en faveur des peuples arabes, sa seule obsession et dans sa ligne
de mire fut et demeure l’ennemi « sioniste
». Un
petit pré carré où l’on
retrouve tout ce qui
voit à chaque rue de rue un complot du même ordre,
mais
qui fait silence sur l’odieux, sur ce qu’il y a de
plus
abject dans l’âme humaine.
L’usage de la force ou des armes ne règle jamais
rien,
cela ne participe qu’à conforter les situations
conflictuelles et aux déséquilibres. Et cela
finit
toujours par servir et propager la barbarie et renforcer les
inégalités. Si, le crime gratuit et de cette
nature
venait à emporter des victoires, ou ce que l’on
nomme le
« terrorisme », ce serait un crime contre notre
humanité consciente. Carlos n’est pas un
résistant
à l’ordre impérial, ce fut un
exécutant de
basse-œuvres, rien de plus.
Quand
le cinéma et les actualités s’en
mêlent…
Le travail cinématographique d’Olivier Assayas,
hautement
désapprouvé par l’acteur bien
réel de cette
histoire, est en soit un hommage à un grand
réalisateur,
faut-il souligner. Un cinéma certes de fiction, mais
vraiment
incommodant pour notre obligé et restituant bien le parcours
de
Carlos à travers ces années de courses
permanentes.
L’histoire politique chacun peut la lire comme il veut, mais
l’ouverture de son procès en novembre 2011 doit
mettre en
garde face à la grandiloquence, au tragique du personnage.
Carlos aime se mettre en scène, et en ce domaine il a
été servi.
Carlos fait parti de ces « êtres » qui se
sentent un
destin, quitte à en oublier la vie des autres. Ce type de
« psychopathie » est dans la toute puissance. Et ce
n’est pas mon procès - doit-il se dire -
dans sa
petite cellule de la Santé… Au regard de la loi
française sa réclusion a
été
déjà été
prononcée à
perpétuité, depuis sa première
condamnation en
1997. En droit français, ça ne change rien
à son
sort et l’on peut s’en satisfaire. Même
si l’on
porte sur l’enfermement un jugement très critique.
Carlos
va nous faire son dernier show, on peut simplement espérer
de ne
plus en entendre parler, du moins de mieux comprendre ce bric
à
brac idéologique pour s’en prémunir.
Mais attention
à ce que la prolifération de ce type de discours
ne se
banalise ou puisse se réclamer de la gauche ou du
progressisme.
C’est même un certain Lénine, qui
n’hésita pas en son temps, à
dénoncer la
maladie infantile du communisme. Mais c’est une autre
histoire et
ce fut il y a longtemps... Que cela plaise ou nom au
président
Chavez, c’est une victoire de l’état de
droit, et un
droit de réparation que demandent les victimes à
l’auteur pour quelque temps présumé qui
importe. Et
qu’il ne compte pas vraiment sur le retour de son compatriote
avant quelque temps, ne lui en déplaise !
Annexe
chronologie de l’incarcération de Carlos en France
(7) :
(…) Il est transféré à la
centrale de Saint-Maur le 17 octobre 2002.
En prison, il se convertit à l'islam. Lors d'une
cérémonie musulmane en 2001, Ramírez
Sánchez se marie religieusement avec son avocate, Isabelle
Coutant-Peyre, alors qu'il était toujours
légalement
marié à Lana Jarrar, sa seconde femme disparue
dont il
serait sans nouvelles.
En novembre 2001, il déclare « J’ai eu
un profond
soulagement en voyant les héroïques
opérations de
sacrifice du 11 septembre 2001 »13. Il publie une
autobiographie
en juin 2003, intitulée L'islam révolutionnaire.
Dans ce
livre, il soutient Oussama ben Laden et ses attaques contre les
États-Unis, ainsi que Saddam Hussein pour avoir
résisté aux États-Unis, appelant
celui-ci le
dernier chevalier arabe.
Fin 2003, il correspond avec l'écrivain français
Marc-Edouard Nabe, qui lui offre une tribune mensuelle dans son journal
La Vérité. Dans son premier billet,
publié en
novembre 2003, il y est mentionné en tant qu'«
analyste
politique le plus digne de ce temps ». Cette correspondance
journalistique ne durera que l'espace de 4 numéros (de
novembre
2003 à février 2004). Les sujets
embrassés vont de
la critique littéraire du 'Printemps de Feu' de Marc-Edouard
Nabe, jusqu'aux interventions occidentales en Irak et leurs futures
répercussions en Libye.
En mars 2004, il est transféré à la
prison de
Fresnes. Détenu à l'isolement du 15
août 1994 au 17
octobre 2002 pour des raisons de sécurité, il
conteste
cette décision en justice en 2005. Un arrêt de la
Cour
européenne des droits de l'homme du 4 juillet 2006 conclut
que,
compte tenu de la personnalité du détenu,
l'isolement ne
constituait ni une mesure excessive ni un « traitement
inhumain
ou dégradant », mais qu'en revanche l'absence de
recours,
en droit français, contre les décisions
d'isolement,
constituait une violation de l'article 13 de la Convention
européenne des droits de l'homme (CEDH) qui donne le droit
à un recours effectif.
Le 5 janvier 2006, Carlos est transféré
à la
prison de Clairvaux. Il est actuellement
incarcéré
à la maison centrale de Poissy dans les Yvelines.
En mai 2007, le juge Jean-Louis Bruguière ordonne un nouveau
procès contre Carlos concernant des faits de «
Meurtres et
de destructions de biens à l'aide de substances explosives
» ayant eu lieu en France en 1982 et 198319.
En février 2009, il écrit de sa prison au
président américain Barack Obama afin
d’intervenir
pour retrouver la trace de son complice suisse Bruno Bréguet.
En mai 2009, il apporte son soutien à la liste antisioniste
que
Dieudonné présente aux élections
européennes du 7 juin 2009 afin de dénoncer ce
qu'il voit
comme de la barbarie israélienne envers les Palestiniens.
Le samedi 21 novembre 2009, Hugo Chávez a fait
l'éloge de
Carlos. Prenant la parole à Caracas devant un
congrès
international réunissant des représentants de
partis de
gauche, le président
vénézuélien a
qualifié son compatriote Ilich Ramirez Sanchez de
héros
révolutionnaire et prend sa défense : «
On l'accuse
d'avoir été un terroriste. Mais il fut en
réalité l'un des grands combattants de
l'Organisation de
libération de la Palestine. Il a, je le pense,
été
injustement condamné. On l'accuse de choses dont il n'est
pas
responsable ».
En mai 2010, il intervient auprès de son avocat pour
dénoncer les inexactitudes du film Carlos d'Olivier Assayas,
triptyque de 5 h 30 consacré à sa vie. Il indique
que ce
film comporte des inexactitudes et des falsifications. Il cite
notamment le cas de la prise d'otages du siège de l'OPEP
à Vienne en 1975, prétendument
attribuée à
Saddam Hussein dans le film alors qu'il affirme que c'est en
réalité le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi qui
en
serait à l'origine. (…). (Source
Wikipédia)
Notes
et sources de l’article :
(1)
Libération.fr, décembre 1997
(2) El Nacional.com, novembre 2011
url : http://www.el-nacional.com/noticia/8465/23/Ilich-Ram
(4) La Marseillaise.fr, novembre 2011
(5) AFP - Le Nouvel Observateur.com, novembre 2011
(6) et (5) Le Parisien.fr, novembre 2011
(7) Wikipédia.org
Article sous la mention tous droits
réservés
et ne peut faire l'objet d'une reproduction sans autorisation
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Les archives vidéos :
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1
- Cuba
: libertés, socialisme et autogestion ?
Dans
le cadre de l'émission "Tribuna Latina" de Radio Libertaire,
un échange sur Cuba animé par Nestor Vega et Lise
|
Un
document vidéo de 54 minutes
|
|
Invités
:
Karel Negrete, pour l'Observatoire critique de La Havane et
Daniel Pinos, journaliste au "Monde libertaire" et écrivain
|
|
2 -
Pérou, les 90 premiers jours d'Ollanta Humala
"Tribuna Latina"
de Radio Libertaire
animé
par Nestor Vega et Lise
Un échange sur les 90 premiers jours du
Président
Ollanta Humala au Pérou.
|
Un document vidéo de 18 minutes |
|
Invité
: Sergio IZAGUIRRE, sociologue et responsable du Comité
Solidarité Pérou
|
|
Sources
: Pantuana Tv - Octobre 2011
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La
gauche latino-américaine
et la révolution arabe |
Sami Naïr (*), le 15
octobre 2011
(*)
Ancien
député européen, professeur
à l’université Pablo de Olavide,
Séville
La révolution démocratique arabe n’a
pas seulement surpris le monde. Elle a aussi bouleversé les
paradigmes traditionnels de la gauche qui, pas plus que la droite,
n’a pu la pressentir. En Europe, malgré quelques
hésitations, la gauche, radicale ou
social-libérale, a en général
réagi positivement, saluant cette irruption des masses comme
un événement de portée historique. Ce
n’est malheureusement pas le cas de la plus grande partie de
la gauche radicale latino-américaine. Il n’est pas
question, ici, de généraliser car cette gauche
regroupe des éléments aux différences
souvent contrastées. Toutefois, au cours du colloque
organisé à Buenos-Aires (8 et 9 septembre 2011)
par Capital Intelectual, Le Monde diplomatique Cono Sur et
Mémoires des luttes, les participants européens
ont été très surpris de voir leurs
amis latino-américains (pas tous heureusement) donner
l’impression de défendre des positions
qu’on a plutôt l’habitude de lire sous la
plume des thuriféraires des dictatures dans le monde arabe.
En gros, Ignacio Ramonet, Bernard Cassen, Pierre Conesa, Santiago Alba,
la journaliste palestinienne Dima Katib et l’auteur de ces
lignes, parce qu’ils soutenaient les révolutions
démocratiques arabes, étaient accusés
de naïveté, et, n’eût
été la courtoisie des échanges,
presque de complaisance envers l’impérialisme
occidental ! Le fait que l’OTAN fût
impliquée dans les bombardements en Libye
discréditait par avance leurs tentatives de faire comprendre
la légitimité de la révolte contre la
tyrannie de Kadhafi. Quand aux révolutions en Tunisie et en
Egypte, à en croire des intellectuels venus du Venezuela, du
Brésil et d’Argentine même, elles ne
seraient que des « mouvements sociaux violents » et
surtout pas des révolutions ! Fathi Chamkhi, universitaire
et syndicaliste tunisien présent, acteur de la
révolution, en suffoquait
d’indignation… Plus grave encore, tout semblait se
passer comme si la défense de ces révolutions
pouvait conduire, sans le savoir, à accepter de possibles
interventions impérialistes contre certains gouvernements
actuels en Amérique latine.
Cette
façon de voir est tout simplement consternante. Elle repose
sur plusieurs erreurs graves.
Premièrement, l’analyse est fondée sur
le préjugé que ces révolutions,
n’étant pas dirigées par des partis
révolutionnaires ou des « avant-gardes
», ne peuvent que renforcer les forces de la
réaction mondiale. C’est ne rien comprendre. Il
est vrai que l’onde démocratique arabe ne
ressemble ni à la révolution russe de 1917, ni
à la Révolution française de 1989, ni
à la Révolution chinoise, ni aux
soulèvements en Amérique latine dans les
années 1950 et 1980 du siècle passé.
En revanche, elle s’assimile parfaitement aux insurrections
civiles antitotalitaires dans les pays de l’Est
après la chute du mur de Berlin. Ce sont des
révolutions du droit, de la dignité, du
progrès social et de la liberté identitaire. Ce
sont surtout des irruptions de sociétés qui se
sont autonomisées par rapport aux élites
autoproclamées et qui ne trouvent leur inspiration
qu’en elles-mêmes.
Certes, elles n’ont pas de programme
préconçu, mais elles le fabriquent dans la lutte.
Elles sont incapables de conquérir le pouvoir
immédiatement ? Elles créent, en attendant, une
situation de double pouvoir face à l’Ancien
régime qu’elles combattent pied à pied,
quotidiennement. Elles peuvent gagner mais elles peuvent aussi perdre :
rien n’est joué d’avance pour elles.
Elles sont à la fois démocratiques et grosses de
revendications sociales radicales. Vouloir les enfermer dans une
définition qui leur donnerait un brevet de
révolution, c’est non seulement faire preuve
d’un pédantisme hors de propos, mais encore
insulter des peuples qui affrontent la mort parce qu’ils
veulent vivre librement.
Deuxièmement, si l’OTAN est intervenue,
c’est sous mandat de l’ONU et dans un cadre
parfaitement limité, empêchant que la France et la
Grande Bretagne, dont on connait les intérêts
néocoloniaux, ne le fassent seules. Cette intervention, qui
a sauvé d’un massacre certain les populations
civiles de Benghazi par l’armée de Kadhafi, a, de
fait, renforcé la volonté de
résistance des libyens partout dans le pays. Elle a aussi
encouragé le processus révolutionnaire dans le
monde arabe. La preuve inverse est fournie par la tragédie
de l’absence d’intervention de la «
communauté internationale » en Syrie,
où les populations civiles qui manifestent pacifiquement
sont livrées aux crimes barbares de la soldatesque de Bachir
el-Assad.
Quand donc les bonnes âmes révolutionnaires
comprendront-elles que les régimes militaires arabes sont ce
qu’il y a de pire pour les peuples arabes ? Que ces peuples
en ont assez de végéter sous les bottes de
tyranneaux de comédie, ignares et mafieux ? Au nom de quelle
idéologie, de quelle raison d’Etat, de quelles
alliances internationales doit-on sacrifier la liberté de
ces peuples ?
Troisièmement enfin, sans parler de Moubarak, de Ben Ali ou
de Saleh, fidèles serviteurs des Etats-Unis,
d’Assad, suppôt des deux intégrismes les
plus rétrogrades d’aujourd’hui au Moyen
Orient (Arabie saoudite et Iran), c’est une farce de bien
mauvais goût de faire croire que Kadhafi est un «
ami » des révolutions
latino-américaines. La vérité est
qu’il a vendu à certains mouvements
latinos-américains le mythe qu’il était
un révolutionnaire anti-impérialiste, alors
qu’il n’était qu’un criminel
pour les Libyens.
Car ce tyran a détruit, en quarante ans, l’Etat
libyen créé par l’ONU ; il a
persécuté, fait emprisonner et assassiner les
principales figures de l’opposition de gauche, des dirigeants
démocrates et des militants des droits de l’homme
; il a favorisé, comme jamais dans l’histoire, des
populations arabo-africaines du désert et, à
coups de milliards de dollars, le tribalisme le plus
rétrograde ; il a transformé la nation libyenne
en une prétendue Jamaharya (république des masses
!), instaurant une relation de domination fondée sur la
terreur et l’arbitraire absolu ; il a pourchassé
cruellement les Palestiniens, à qui il conseillait de se
« jeter à la mer » ; il a
livré le pays à ses frasques guignolesques et
à la voracité de sa famille mafieuse ; il a
acheté et corrompu des régimes dictatoriaux
africains et s’est fait proclamer « Roi des rois
» en Afrique.
Par ailleurs, il a mis en place des camps d’internement des
immigrés clandestins africains dans le territoire libyen en
échange de l’appui politique de l’Union
européenne. Pur comble, il est devenu le
supplétif de l’administration
américaine en sous-traitant pour la CIA la torture en Libye
des prisonniers de Guantanamo. Et l’on pourrait à
longueur de pages décrire les mille autres
atrocités dont s’est rendu coupable ce cruel et
cynique dément. C’est à cause des
Kadhafi, Moubarak, Ben Ali, Assad, Saleh, que
l’intégrisme religieux est monté
partout dans le monde arabe. Ce sont ces régimes qui ont
littéralement rendu fous de rage les peuples arabes.
La méconnaissance, en Amérique latine, de la
situation arabe peut seule expliquer, avec en plus une bonne dose de
manichéisme, l’aveuglement de ceux qui,
à gauche, font la moue devant l’insurrection des
peuples. Ces « révolutionnaires
»-là sont en réalité plus
proches de la raison d’Etat des régimes
qu’ils défendent que de la solidarité
avec les opprimés.
Au lieu d’applaudir Sarkozy et Cameron, les hommes, les
femmes, les enfants qui se révoltent aujourd’hui
dans le monde arabe auraient préférer trouver
à leur côté les symboles de la
révolution latino-américaine. Et cela aurait
été d’autant plus nécessaire
que les puissances occidentales qui sont intervenues dans ces pays vont
se faire payer rubis sur l’ongle par des peuples exsangues.
De nouvelles formes de domination néocoloniale risquent de
se mettre en place.
Pour s’y opposer, les peuples arabes en lutte pour la
démocratie ont plus que jamais besoin de la
solidarité internationale. Il ne reste donc plus
qu’à crier : «
Réveillez-vous, amis latino américains, la
révolution arabe vous a laissés loin
derrière elle ! »
Source :
Mémoire des luttes
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Processus de paix semé
d’embûches
pour la Colombie
|
par
Christophe Ventura - Association Mémoire des Luttes,
mise en ligne juin 2011
« En
Colombie, ce sont aujourd’hui plus de 320 000 victimes qui sollicitent
les institutions pour demander vérité et réparation »
Mémoire des luttes (MdL) a rencontré, lors de sa récente visite à
Paris, Marcelo Álvarez, chef de la Mission d’appui au processus de paix
en Colombie de l’Organisation des Etats américains (MAPP/OEA).
Après la visite du président colombien Juan Manuel Santos à Paris,
effectuée en janvier 2011, une page s’est définitivement tournée dans
les relations entre les deux pays. Les tensions de l’affaire Ingrid
Betancourt appartiennent au passé. La France a décidé de rejoindre le
groupe des pays « donateurs et amis » de la Mission [1].
Depuis 2004, la Mission accompagne sur tout le territoire colombien le
processus mis en place entre le gouvernement et les forces
paramilitaires d’extrême-droite – notamment les Autodéfenses unies de
Colombie (AUC), responsables de multiples massacres et assassinats au
nom de la lutte contre les guérillas d’extrême-gauche et acteurs clés
du narcotrafic dans le pays [2]-.
Marcelo Álvarez nous explique quelles sont, selon lui, les avancées et
les difficultés de ce processus amorcé en 2005 avec la démobilisation
de 32 000 paramilitaires. Il repose sur l’application de la loi 975 de
2005, dite « Loi Justice et Paix ». Critiquée par les organisations de
défense des droits de l’homme, cette loi organise la réintégration des
paramilitaires dans la vie civile, et se donne pour objectif de
contribuer à la réalisation de la paix nationale. Elle prévoit des
peines de prison limitées (au maximum à huit ans et demi) en échange
d’une pleine collaboration avec la justice colombienne, de la
reconnaissance des crimes et du principe de réparation pour les
victimes.
Quelle
est la mission de la MAPP/OEA ?
Marcelo ALVAREZ : A la suite de la demande effectuée par le
gouvernement colombien auprès l’Organisation des Etats américains (OEA)
en 2004, la Mission s’est installée dans le pays pour accompagner
l’ensemble du processus de paix avec les groupes armés illégaux,
notamment les Autodéfenses unies de Colombie (AUC).
Depuis cette date, nous avons assuré la vérification du processus de
désarmement, de démobilisation et de réintégration à la vie civile de
ces groupes. Dans le même temps, nous avons accompagné les communautés
affectées par la violence dans les efforts de paix, en supervisant par
exemple le travail institutionnel de mise en place de la loi Justice et
Paix. Et ce, particulièrement sur les thèmes de la reconnaissance des
victimes et de la restitution des terres.
Par ailleurs, un autre domaine de notre action est l’accompagnement des
communautés qui ont souffert de la violence des AUC. Nous supervisons
les conditions de leur sécurité et travaillons à la reconstruction des
institutions dans les territoires où se sont démobilisés les
paramilitaires.
Quels
sont les acquis et les limites de votre travail depuis 2004 ?
M A : Sans aucun doute, notre principal apport à la paix est d’avoir
démonté la structure militaire des AUC. Ce faisant, nous avons
contribué à ce que le paramilitarisme ne soit plus une réalité
politique en Colombie. Grace à ce processus, des aspects de la vie de
la société colombienne maintenus dans l’ombre pendant ces trente
dernières années ont été mis au jour. Cela a réduit l’influence
paramilitaire dans la vie politique, économique et sociale.
Notre intervention s’est traduite par la vérification de 37
démobilisations collectives de groupes appartenant aux AUC et à la
guérilla de l’Armée révolutionnaire guevariste (ERG). En tout, plus de
30 000 ex-combattants sont sortis du conflit et plus de 18 000 armes
ont été saisies par l’Etat.
Autre succès : plus de 300 000 victimes participent directement à ce
processus de justice transitionnelle [3]. C’est un fait unique.
Cependant, un processus d’une telle envergure se heurte aussi à des
limites évidentes. Parmi celles-ci, la persistance de la violence dans
divers territoires. Des groupes criminels organisés, liés à l’économie
illégale, continuent de semer le trouble dans certaines communautés.
C’est pourquoi la réintégration effective des démobilisés dans ces
communautés est un défi important pour en finir avec le cycle des
violences.
Par ailleurs, et malgré le caractère unique au monde de la loi Justice
et Paix – rappelons que beaucoup de pays affectés par des conflits
souhaitent la prendre pour modèle -, il est nécessaire de procéder à
des ajustements qui lui permettront d’être plus efficace et d’obtenir
plus de résultats en termes de jugements, de réparations et de
condamnations.
En quoi
consiste votre travail au quotidien ?
M A : Nous disposons de 15 centres de coordination régionale qui nous
permettent d’être implantés au plus près des territoires. C’est
quasiment l’ensemble du pays qui est couvert.
A travers ces centres, la Mission concentre tous ses efforts pour
faciliter la reconstruction de ponts entre les victimes, les
communautés qui ont souffert du conflit et les institutions qui tentent
de consolider de nouveau leur présense dans les régions touchées par la
violence des groupes armés.
Notre rôle fondamental est de gérer l’impact produit par le processus
de paix dans ces régions et de rapprocher les demandes de la population
et les institutions de l’Etat. En d’autres termes, il s’agit de
faciliter la création d’espaces de dialogue et de reconstruction de la
confiance entre tous ces acteurs.
En 2010, le gouvernement colombien a renouvelé le mandat de la Mission
jusqu’en 2014. L’objectif est qu’elle puisse continuer d’accompagner
l’Etat et les communautés dans les différents défis que le pays doit
relever, en particulier celui de la restitution des terres.
La loi 975, dite loi Justice et Paix, est au coeur du processus de
paix. Quel est son contenu ? Quelles sont ses limites ?
La loi Justice et Paix constitue l’instrument juridique du processus de
paix colombien. Elle est la pierre angulaire à partir de laquelle le
pays est en train de développer une justice transitionnelle inédite et
sans précédent dans le monde.
De quoi
s’agit-il ?
M A : La loi, promulguée en 2005, accorde une remise de peine aux
paramilitaires démobilisés qui, auteurs de crimes atroces, acceptent de
les reconnaître dans le cadre d’un processus de paix. Cela siginifie
qu’au lieu de se voir punis par la justice ordinaire, il leur est
proposé une peine alternative, en général comprise entre 5 et 8 ans de
prison. Ce traitement pénal n’est cependant pas automatique. Pour en
bénéficier, ils doivent s’engager à avouer tous leurs crimes et dire
toute la vérité. Ils doivent également s’engager à réparer les victimes
sur leurs biens légalement ou illégalement acquis.
Mettre en place ce processus a demandé un gros effort aux autorités
colombiennes. Tout l’appareil d’Etat a dû apprendre à s’adapter à un
tel cadre de justice transitionnelle. Plusieurs institutions ont été
créées : la Commission nationale de réparation et de réconciliation ou
la Cour de Justice et de Paix. Grâce à ces mécanismes spéciaux, plus de
60 000 faits ont pu être établis et traités, ce qui n’aurait
certainement jamais pu se passer dans le cadre d’une justice ordinaire.
Nous avons pu exhumer plus de 3 000 fosses comunes et ce sont
aujourd’hui plus de 320 000 victimes qui sollicitent les institutions
pour demander vérité et réparation.
De
nombreuses organisations des droits de l’homme critiquent pourtant
cette loi. Pourquoi ? Que leur répondez-vous ?
M A : Quand on sait que, à ce jour, une seule condamnation a été
prononcée, on peut comprendre la position de certaines organisations
qui critiquent lla lenteur et le manque d’efficacité du processus.
Mais, en même temps, on peut constater le chemin parcouru par le
ministère public et les tribunaux. On a beaucoup avancé et de notables
efforts institutionnels ont été réalisés.
Il faut prendre la mesure du fait que ce cadre juridique est unique au
monde. C’est la première fois que se met en place un processus dans
lequel les victimes et leurs revendications de réparation sont prises
en compte. Pour la Mission, c’est une fenêtre d’opportunité qui s’est
ouverte avec la loi 975. Il est tout à fait normal que les
organisations qui représentent les victimes soient exigeantes vis-à-vis
de cette dernière. Il n’y a aucun cadre de justice transitionnelle
parfait. Tous évoluent, et, dans le cas qui nous intéresse, cela ne
peut se faire qu’au rythme que les Colombiennes et les Colombiens
souhaitent et peuvent assumer.
Il faudra sans aucun doute porter un regard politique et historique sur
tout ce processus et sur ce que cette loi aura permis dans le pays pour
pouvoir la redimensionner. Je pense qu’elle n’est pas parfaite, mais
qu’elle n’est pas à rejeter. Il y a beaucoup de choses à améliorer et
l’objectif de la Mission est de favoriser son application.
Quel
bilan tirez-vous de la réintégration des paramilitaires dans la société
colombienne ?
MA : Cette question est toujours l’une des plus complexes dans tout
processus de paix.
Depuis le départ, nous savons que le désarmement et la démobilisation
ne sont en réalité que le premier pas dans un long chemin de
resocialisation des ex–paramilitaires. Ce chemin est semé d’obstacles,
notamment le recyclage d’une partie d’entre eux dans la criminalité
organisée. Ce phénomène est une constante dans les dynamiques
post-démobilisation de tous les processus de paix au monde.
En Colombie, il y a beaucoup de réussites en la matière mais également
beaucoup de défis qui restent à relever : la tentation de retourner à
la criminalité, les problèmes d’emploi dans le pays, la réintégration
dans les communautés.
Quoi qu’il en soit, la destruction de la structure armée des AUC a
ouvert la possibilité d’un processus de réinstitutionnalisation, de
réconciliation et de reconstruction du tissu social colombien.
Le
changement de gouvernement en Colombie en 2010 a-t-il facilité votre
travail ?
MA : Plus que le changement de gouvernement, je dirais que c’est le
processus de paix lui-même qui a commencé à entrer dans une nouvelle
phase de maturité. La centralité qu’occupent désormais dans l’agenda
politique les thèmes du respect des droits de l’homme, de la prise en
charge des victimes et de leur réparation, de la restitution des terres
indique l’importance qu’ils ont prise dans l’espace public colombien.
C’est avec responsabilité que l’Etat de ce pays a considéré que leur
résolution devenait inéluctable.
Actuellement, notre Mission est l’une des structures qui accompagne le
plan gouvernemental élaboré pour proceder à la restitution des terres
aux victimes de la violence. Nous attendons l’entrée en vigueur
prochaine de la « loi sur les victimes » qui intégrera dans son
périmètre des mesures fondamentales en la matière [4].
Désormais, il faut se confronter à la question d’une réforme de la loi
Justice et Paix, prioritaire pour consolider le processus de paix.
C’est dans cette perspective que nous travaillons en étroite
collaboration avec le gouvernement afin de partager ce que nous
apprenons du terrain, notamment ce que nous disent les victimes avec
lesquelles nous sommes en relation quotidienne.
Le gouvernement de Juan Manuel Santos a mis au centre de son discours
politique le respect des droits de l’homme, la question des victimes et
la nécessité de continuer à avancer en matière de réparation. La
restitution des terres est au coeur de son programme de gouvernement.
Sur toutes ces questions, la Mission est profondément engagée et elle
va continuer d’accompagner ces processus.
Selon vous, M. Santos est-il disposé à négocier avec les Forces armées
révolutionnaires de Colombie(FARC) ?
Le principe qui régit le mandat et l’action de la Mission est le
respect de la souveraineté de la Colombie. Cela signifie qu’elle sera à
la disposition des décisions que prendra le gouvernement. Pour le
moment, le président Santos a dit que les clés sont entre les mains des
FARC.
La France vient d’intégrer le groupe des pays « donateurs et amis » de
la Mission. Quel est, selon vous, le sens de cette décision ?
Pour nous, l’existence du groupe des pays amis et donateurs de la
Mission est fondamentale. Le soutien des pays membres et obervateurs a
été d’une importance vitale depuis le debut du processus de paix et du
travail de la Mission dans le pays. Il s’agit d’un signal qui indique
que ce processus est important et significatif, pas seulement pour les
Colombiens, mais aussi pour la communauté internationale solidaire de
la Colombie.
Dans ce cadre, l’engagement d’un pays comme la France dans le travail
de la Mission vient valider l’importance de ce processus et les
réussites obtenues depuis ces dernières années. C’est un geste qui
permet aux autres pays du monde de prendre la mesure de l’avancée
historique de la paix dans la Colombie d’aujourd’hui.
Propos recueillis par Christophe Ventura
pour Mdl
Notes:
[1] L’Allemagne,
l’Argentine, les Bahamas, le Brésil, la Canada, le Chili, la Corée,
l’Espagne, les Etats-Unis, le Guatemala, l’Irlande, le Mexique, la
Norvège, les Pays-Bas, le Pérou, la Suède, la Suisse et la Thaïlande
font partie de ce groupe.
[2] La Mission suit également la démobilisation de l’Armée
révolutionnaire guevariste (ERG).
[3] La justice transitionnelle s’applique dans les Etats en crise ou en
sortie de crise. Selon la définition du Centre international pour la
justice transitionnelle, cette dernière « se réfère à l’ensemble des
mesures judiciaires et non judiciaires qui sont mises en place dans
différents pays dans le but de réparer les conséquences de violations
massives des droits de l’homme. Ces mesures incluent des poursuites
judiciaires, la mise en place de commissions de la vérité, des
programmes de réparations et différents types de réformes
institutionnelles ».
[4] Le 24 mai ( après la réalisation de cet entretien), le Congrès
colombien a adopté une « loi de réparation des victimes et de
restitution des terres ». Elle prévoit la restitution des terres
accaparées par les guérillas et les paramilitaires pour toutes les
victimes du conflit armé. Quatre millions de Colombiens (10 % de la
population) sont concernés par cette décision. Pour en savoir plus,
lire « La Colombie adopte une loi de réparation pour les victimes du
conflit armé », Le Monde ( 27 mai 2011).
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