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Infos sur l'Amérique Latine,           

Sommaire de la page 3,

1 - Guatemala, de la guerre au dévellopement durable, Ethic.es
2 - Colombie en guerre, Violences sexuelles contre les femmes, par Amnesty International
3 - Mexique, les populations indigènes entre mafia et armée, Wolf-Dieter Vogel
4 - Rapport  sur la multinationale PERENCO au Guatemala, Collectif Guatemala
5 - Mapuche du Chili : Appel urgent à la société civile internationale, pétition






 



Guatemala : de la guerre
au développement durable



Ethic.es (site espagnol), le 7 octobre 2011


L’histoire d’une centaine d’anciens combattants recyclés dans un projet environnemental


Entre 1960 et 1966, le Guatemala a vécu une guerre civile laissant de profondes cicatrices dans le paysage cartographique de ce pays. Pendant 36 années de sang a eu lieu ce que l’on appela la « tuerie guatémaltèque », qui selon les Nations Unies (ONU) fit plus de 200.000 morts et plus de 45.000 disparus tout au long du conflit. Ethic analyse sur le terrain la situation d’une centaine d’anciens combattants de la guérilla guatémaltèque qui ont décidé de travailler en faveur d’un avenir durable, dans les terres arides du département du Petén.

Personne ne peut deviner à première vue ce que le village rural de Nuevo Horizonte cache dans ses entrailles, il se situe à environ 30 kilomètres de Poptún dans le Petén à 375 kilomètres au nord-est de la capitale Guatemala Ciudad. Derrière la vaste végétation qui entoure chacune des 200 maisons qui se trouvent là, plus d'une centaine de soldats ont décidé d'abandonner les armes pour administrer un projet durable éloigné des fusils. L'existence d'écoles, d’une clinique, de salles à manger, de logements, de magasins et d’un centre culturel ne feraient pas soupçonner au voyageur une communauté s’organisant de manière pratique dans des assemblées démocratiques, et, comme si nous étions dans un État indépendant à l'intérieur du "pays du maïs".

La guerre a maintenu unis ce groupe de Guatémaltèques pendant 18 ans, durant lesquels ils ont appris à vivre de, par et pour la montagne. Le milieu naturel de la forêt était, comme l’expliqua à Ethic, Eusebio Figueroa (plus connu sous le nom de Ronie) : « l’espace de vie que nous avions durant la guerre » et comment la terre, nous fournissait des « médecines, de la nourriture, de la chaleur et un lieu ». Les principes d’actions dans cette communauté se sont inspirés de l'effet inverse : « Rendre à la terre tout ce qu'elle nous a donné ».

Mais le passage de la guerre à un projet de durabilité rurale n'a pas été facile dans l’absolu. Quatre-vingt-dix pour cent des personnes intégrées dans ce groupe du Petén étaient d'origine amérindienne et très peu en contact avec les livres, de même pour s'informer des meilleures techniques du moment pour mettre en valeur la terre.

Le premier grand défi a été, donc, d'étudier comment obtenir un développement durable et efficace. Un terrain qui donnait des produits pour subsister et, en définitive, pouvoir lui rendre à ce sol aride les nutriments nécessaires, pour être de nouveau productif. La clé, affirma Ronie fièrement, a été l'amour de la connaissance que certains avaient développée tout au long des années dans la montagne. « Dans la guerre, nous portions la plus grande bibliothèque errante qui fut connue », ajouta l'ex-combattant en se donnant de grands airs. « Chacun de nous se chargeait d'un livre et d’un cahier, en plus de ses vêtements, de sa nourriture, de son fusil et de son sac. De plus, tout était  basé sur une transmission de la connaissance : celui qui ne savait pas lire, enseignait les secrets des plantes aux uns et apprenait à lire à l’aide des autres. ».

En négociant avec la terre

Quand ils se sont installés à Nuevo Horizonte, les conditions n'étaient pas des meilleures pour les semailles. « La terre ne donne pas si tu ne la soignes pas : il faut lui parler, il faut négocier avec elle. »  

« Mais quand nous sommes arrivés à cette étape, nous n'avions pas d'idée de comment traiter la milpa (le champ de maïs) pour qu'elle nous donnât le fruit. C’est ainsi que nous nous sommes dit : « compagnon, nous allons faire des recherches. Et avec notre goût pour la lecture que nous apportions de la montagne, nous avons fait des recherches sur comment cultiver le grain, créer une coopérative, construire une école ».

Ainsi a commencé une aventure qui dure déjà depuis 15 ans et, au-delà de la vision de ses acteurs, s’est constitué un foyer pour plus d’une centaine (en moyenne) d'enfants vivant là. Après avoir revitalisé le terrain, l'objectif a été de continuer de croître à travers des projets de développement au sein de la communauté. « Quand nous avons pu obtenir que l'électricité parvint à Horizonte - continua Ronie - nous avons pu construire la première école, la clinique, la salle à manger, les magasins et d'autres affaires".

« Ce qui dérange le plus les touristes qui se logent ici ce sont les coqs, le moteur de la machine des omelettes et les moustiques », explique Wilson Pérez, responsable du programme tourisme solidaire, qui en 2010 a hébergé plus de 500 touristes provenant entre autres pays : de France, du Canada, d'Israël, des États-Unis, de l'Espagne, de l'Italie et de l'Allemagne. « Ce projet a cinq ans », explique Wilson Pérez, « et ce que nous voulons, c'est de montrer aux personnes qui viennent, comment nous vivions quand nous étions dans la montagne ». En plus des logements ruraux avec une capacité allant jusqu'à 70 personnes, Horizonte propose au touriste d’aller dans un bois proche pour revivre comment nous survivions durant la guerre grâce à la connaissance des plantes. »

Les femmes comme moteur

Considérées à Nuevo Horizonte comme le grand soutien à la communauté, les femmes de ce village se sont regroupées à leur propre initiative en Association de Femmes, elles ont beaucoup à dire et fait. Elles appuient leurs propres projets, comme la production de savons, d'oeufs et les omelettes de maïs qui se consomment dans ce village particulier, en plus de l'organisation de cours, de rencontres et d'évènements pour des femmes extérieures au village. « Par exemple, il y a quelques mois nous avons eu une rencontre entre femmes productrices sur les droits de l'Homme et quatre-vingts femmes sont venues. Il y a eu aussi une formation de femmes amérindiennes, pour qu'elles puissent exiger leurs droits et apprendre un métier », détailla l'ex-combattant.
              
                                          
    Source : Traduction libre de Lionel Mesnard, tous droits réservés http://ethic.es/2011/10/guatemala-de-la-guerra-al-desarrollo-sostenible/

Guatemala, la multinationale PERENCO
ou l'exploitation du pétrole coûte que coûte


Un document vidéo de 22 minutes sur Pantuana Tv
Par ordre d'apparition :

- Nathalie Péré-Marzano, déléguée générale du CRID, coordinatrice du réseau Une seule planète.
- Aníbal García, député indépendant guatémaltèque au Congrès de la République du Guatemala depuis 2008.  Il a déclaré sa candidature à la vice-présidence auprès de Rigoberta Menchú, Prix Nobel de la paix 1992, avec la coalition « Frente Amplio » pour les élections de septembre 2011.
- Cynthia Benoist, auteure du rapport « Perenco, exploiter coûte que coûte ». Coordinatrice du Collectif Guatemala au Guatemala.
- Antonio Manganella, chargé de plaidoyer sur la responsabilité sociétale des entreprises au CCFD-Terre Solidaire et représentant de la Coalition européenne pour la responsabilité sociale et environnementale des entreprises.
- Grégory Lassalle, réalisateur et journaliste, membre du Collectif Guatemala

Une initiative des Réseaux CRID et Une Seule Planète, du CCFD Terre Solidaire, d'Amnesty International et du Collectif Guatemala

Source : Pantuana TV - juillet 2011  

  Deux dossiers à télécharger :

Le dossier de Presse du Collectif Guatemala  :

et  le rapport  sur Perenco au Guatemala  :





COLOMBIE. LES VIOLENCES SEXUELLES
COMMISES CONTRE LES FEMMES




par Amnesty International, le 21 septembre 2011

Colombie : Les violences sexuelles commises contre les femmes dans le contexte du conflit restent impunies

Des millions de femmes, d'hommes et d'enfants ont été victimes d'un déplacement forcé, d'une exécution extrajudiciaire, de torture, de viol, d'une privation de liberté ou d'une disparition forcée au cours du conflit que connaît la Colombie depuis 45 ans.

Selon le Cabinet-conseil pour les droits humains et les personnes déplacées, une organisation colombienne de défense des droits humains, plus de 280 000 personnes ont été déplacées de force en 2010.

Amnesty International estime qu'au cours des 25 dernières années, entre 3 et 5 millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur de la Colombie.

Le parquet général enquête actuellement sur plus de 27 000 cas de disparitions forcées survenues dans le cadre des affrontements ; le nombre réel de disparitions forcées serait toutefois beaucoup plus élevé.

Les défenseurs des droits humains, les dirigeants communautaires, les syndicalistes, les petits paysans, les populations indigènes et d'origine africaine, ainsi que les personnes vivant dans des zones ayant une importance stratégique pour les parties au conflit ou présentant un intérêt dans le cadre de projets miniers, agroindustriels ou énergétiques nationaux et multinationaux sont particulièrement exposés aux violations.

Les parties au conflit

Le conflit armé interne qui déchire la Colombie depuis plus de quarante-cinq ans oppose les forces de sécurité et les paramilitaires à divers mouvements de guérilla classés à gauche. Toutes les parties au conflit continuent à commettre de nombreux crimes de droit international et violations des droits humains d'une grande gravité, dont beaucoup constituent des crimes de guerre ou des crimes contre l'humanité. Le fait de prendre civils et combattants pour cible de manière délibérée et systématique sans opérer de distinction est l'une des caractéristiques de ce conflit.

Les groupes de guérilla continuent à se rendre coupables de graves atteintes aux droits humains et au droit international humanitaire, dont des homicides illégaux, des prises d'otage et le recrutement de mineurs par des unités de combat.

Les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) disposeraient de quelque 9 000 combattants dans de nombreuses zones du pays, en particulier dans les départements du Meta, du Guaviare, du Vichada, du Casanare et d'Arauca, dans l'est du pays, ainsi que dans ceux du Caquetá, du Putumayo, du Valle del Cauca, du Cauca et de Nariño, dans le sud.

L'Armée de libération nationale (ELN) compterait entre 2 500 et 3 000 combattants, et disposerait d'un nombre équivalent de miliciens. Ce groupe est le plus puissant des départements d'Arauca, du Casanare et de Boyacá, dans l'est de la Colombie, mais il est également présent dans d'autres parties du pays, telles que les départements du Norte de Santander, de César, de Santander, du Chocó, de Nariño, du Cauca et la région de Magdalena Medio.

Les groupes paramilitaires, qui restent opérationnels - bien que le gouvernement affirme le contraire -, parfois avec la complicité des forces de sécurité, sont responsables de graves violations des droits humains, en particulier contre les défenseurs de ces droits, les dirigeants communautaires et les syndicalistes. Ils sont également les auteurs d'opérations d'« épuration sociale » dans des quartiers urbains pauvres ; les victimes sont souvent des jeunes gens accusés d'être des petits délinquants, des toxicomanes ou des travailleurs du sexe. Les lesbiennes, les gays et les personnes bisexuelles et transgenres sont eux aussi dans la ligne de mire.

Beaucoup d'éléments tendent à prouver que le nombre de combattants faisant partie de ces groupes est en augmentation, que ces groupes deviennent plus violents et qu'ils traversent actuellement une phase de consolidation, dans le cadre de laquelle des groupes de taille modeste sont absorbés par d'autres plus larges.

Les groupes paramilitaires ont renforcé leur présence à travers le pays au cours des trois dernières années et sont désormais actifs dans la plupart des départements colombiens. Les résultats de certaines recherches indiquent que ces groupes ont désormais 7 000 combattants à leur disposition ainsi qu'un réseau de soutien composé de 8 200 à 14 500 membres, et qu'ils ont ces dernières années eux aussi connu un processus de consolidation (Instituto de Estudios para el Desarollo y la Paz).

Violences sexuelles contre les femmes et les jeunes filles

En 2010, l'Institut national de médecine légale et de sciences criminalistiques a effectué 20 142 examens dans des cas présumés de violence sexuelle, contre 12 732 en 2000.

84 % des victimes étaient des femmes et des jeunes filles. Sur les plus de 20 000 personnes examinées, 17 318 (soit plus de 85 %) avaient moins de 18 ans. Toutefois, seuls 109 des cas examinés en 2010 semblaient relever du conflit. Compte tenu de la probabilité que de très nombreux cas ne soient pas signalés, ce chiffre est sans doute bien en-deçà de la réalité.

73 % des femmes ayant connu des mauvais traitements physiques n'ont pas signalé les abus qu'elles ont subis (étude nationale sur la démographie et la santé sur l'ensemble des cas de violence sexuelle contre les femmes, mai 2011).

70 % des femmes victimes de violences physiques et 81,7 % des victimes d'agressions sexuelles ont choisi de ne pas porter plainte auprès des autorités (bureau du médiateur colombien, rapport sur l'ensemble des cas de violence sexuelle, 2010).

82,1% des victimes de violences sexuelles relevant du conflit ne signalent pas les faits (Oxfam et Casa de la Mujer).

Sur 183 affaires de violences sexuelles que le parquet général a été chargé d'examiner par la Cour constitutionnelle en 2008, les groupes de guérilla seraient responsables dans 8,5 % des cas, les forces de sécurité dans 19,4 %, les paramilitaires dans 45,8 %, des groupes armés non identifiés dans 4,5 %, des criminels de droit commun dans 4% et un membre de la famille dans 1,5 %, tandis que dans 16,4 % des cas le groupe auquel appartenait l'auteur présumé n'a pas pu être établi.

Rares sont les cas qui font l'objet d'une enquête. D'après les statistiques du parquet général, outre les 183 affaires de violences sexuelles sur lesquels la Cour constitutionnelle a ordonné au parquet général d'enquêter, seuls 68 autres cas de violences sexuelles commises dans le cadre du conflit font actuellement l'objet d'investigations.
Le processus Justice et paix

Aux termes de la Loi pour la justice et la paix, environ 10 % des plus de 30 000 paramilitaires censés avoir été démobilisés dans le cadre d'un processus lancé par le gouvernement en 2003 remplissent les conditions requises afin de bénéficier d'une importante réduction de peine pour avoir déposé les armes, avoué des violations des droits humains et restitué des terres et des biens volés.

Cela aurait eu pour effet que des dizaines de milliers de combattants s'étant trouvés en première ligne déposent les armes, mais a en revanche laissé intactes les structures politiques et économiques très étendues et puissantes que les paramilitaires et leurs alliés du monde des affaires, de la politique et de l'armée ont construites au fil des années.

Quelque 90 % des dizaines de milliers de paramilitaires qui auraient déposé les armes n'ont jamais fait l'objet d'enquêtes pour violations des droits humains et ont donc été libres de rentrer chez eux.

Au mois de mars 2011, les paramilitaires ayant participé au processus Justice et paix avaient avoué plus de 57 000 crimes ; seuls 86 de ceux-ci étaient de nature sexuelle.





Au Mexique, les populations indigènes
 prises en étau entre la mafia
et l’armée




par Wolf-Dieter Vogel, le 26 juillet 2011

Dans l’État de Guerrero, au Mexique, les populations indigènes subissent violences mafieuses militaires et discriminations, dans un pays gangréné par la corruption et l’impunité. Le Centre pour les Droits de l’homme de Tlachinollan leur apporte un conseil juridique gratuit et la possibilité de se défendre. Car seulement 1% des crimes fait l’objet de poursuites judiciaires, et les plaintes contre les exactions de l’armée se multiplient, dans un contexte de guerre contre les mafias de la drogue, lancée par le président Felipe Calderón. Reportage.

Ils ont détruit sa vie, son avenir et sa famille. Pourtant, quand Valentina Rosendo raconte ce que ces hommes lui ont fait subir le 16 février 2002, elle a l’air étonnement calme : « Je faisais une lessive au bord du fleuve, à 200 mètres à peine de notre maison, quand huit soldats se sont posés devant moi tout à coup. » Les hommes en uniforme voulaient savoir de la jeune femme indigène, aujourd’hui âgée de 26 ans, où se trouvaient les rebelles. Ils lui ont montré des photos de guérilleros supposés et lui ont pressé une crosse d’arme dans le dos. « J’avais peur, parce qu’ils étaient armés et menaçaient de tuer tout le village. » Elle a perdu connaissance. Les hommes étaient tout autour d’elle à son réveil. « Deux d’entre eux m’ont violée, les autres regardaient. »

Retourner au village est impossible

Elle a déjà raconté cela très souvent. La douleur, la fièvre et la peur ensuite. Comment elle est allée voir le médecin du village, qui ne voulait pas la recevoir par peur des militaires. Comment elle a marché pendant huit heures pour aller à l’hôpital de la petite ville d’Ayutla, où personne ne s’est vraiment occupé d’elle non plus. Comment son mari l’a quittée. Comment elle a dû s’en sortir seule avec sa fille qui venait de naître. « Mon mari m’a frappée et m’a dit que je ne valais plus rien parce que j’avais été violée. »

Valentina Rosendo a changé durant ces neuf années. Avec son bracelet argenté et son rouge à lèvres, elle a l’air d’une citadine, loin de la petite commune de 200 habitants de Barranca où elle a grandi. Elle aimerait retourner un jour dans la région côtière de Costa Chica, dans l’État de Guerrero. Mais aujourd’hui, elle vit dans un appartement situé dans une arrière-cour d’immeuble dans une grande ville mexicaine, entre les quatre-voies, des murs haut et nus, et des câbles électriques dangereusement arrangés. Pour des raisons de sécurité, retourner au village est impensable pour l’instant.

Briser le mur de l’impunité

La jeune femme a dû fuir, parce qu’elle s’est défendue. Parce qu’elle a réclamé justice et qu’elle a lutté pour que ses tortionnaires répondent de leurs actes. Elle a porté plainte auprès de l’administration locale. Mais des militaires sont ensuite revenus dans son village : « Ils voulaient me forcer à retirer ma plainte et disaient que le gouvernement allait retirer les aides sociales à tous les habitants du village si je ne le faisais pas. » Les voisins se sont opposés à sa famille, le père de Valentina a commencé à boire.

Elle a alors déménagé avec sa fille dans la capitale de l’État à Chilpancingo. Là encore, elle a dû fuir : elle était surveillée et l’école a refusé d’inscrire son enfant. La jeune femme s’est donc retrouvée dans la métropole mexicaine où elle vit aujourd’hui. Malgré ses nombreux déménagements, elle n’a pas abandonné. Même si aucun policier, aucun avocat, aucun juge n’a voulu entendre son histoire. Elle a même reçu une fin de non-recevoir de la commission nationale des Droits de l’homme. Les fonctionnaires lui ont dit « que les soldats ne faisaient pas ce genre de choses » et ils se sont moqués d’elle parce qu’elle ne parlait pas espagnol à l’époque, mais juste sa langue indienne, le Me’Phaa.

1% des crimes fait l’objet de poursuites judiciaires

Valentina Rosendo n’a trouvé de soutien que dans le centre pour les Droits de l’homme de Tlachinollan. À près de cinq heures de bus de Chilpancingo, des juristes, des travailleurs sociaux et des militants se sont installés dans la petite ville de Tlapa. Ils accompagnent des personnes qui ont eu des ennuis avec les administrations, l’armée ou les notables locaux. Ici, les femmes, hommes et enfants indigènes trouvent ce que personne d’autre ne leur offre : des conseils juridiques gratuits et un accompagnement solidaire, si besoin une traduction dans les langues indiennes Me’Phaa, Amuzgo ou Nahuatl, et l’assurance de ne pas être trompés par des fonctionnaires corrompus ou des criminels.

Dans la salle d’attente, des photos accrochées aux murs montrent les multiples activités du centre. On voit l’image d’un petit garçon qui porte une banderole « Combat pour notre sol ». D’autres montrent des manifestations pour la libération de prisonniers politiques. Deux femmes indigènes apparaissent aussi sur un poster. Leur regard, en colère, mais sans amertume, souligne leur revendication : « Brisez le mur de l’impunité ». Ce sont les visages de Valentina Rosendo et Inès Fernández Ortega. Elles réclament que les soldats répondent de leurs crimes envers la population civile.

Inès Fernández Ortega a aussi a été violée par des militaires. « Elle a aussi été discriminée dans sa commune, explique Valentina Rosendo. Toutes les deux, nous avons frappé à toutes les portes du pays pour obtenir justice. » Abel Barrera Hernández, le directeur du centre Tlachinollan, sait combien il est difficile de poursuivre en justice les porteurs d’uniformes au Mexique. Seulement 1% des crimes fait l’objet de poursuites judiciaires dans le pays. Et de toute façon, ceux perpétrés par des soldats ne sont pas traités par un tribunal civil, mais seulement devant un tribunal militaire.

Des milliers de plaintes contre l’armée

Abel Barrera Hernández, âgé de 51 ans, est né à Tlapa. Il a déjà fait l’expérience des violences militaires, avec la population civile de Guerrero quand il était enfant, dans les années 1970. À l’époque, les soldats chassaient les guérilleros du mouvement du professeur Lucio Cabañas. Plus tard, les paysans qui protestaient ont été persécutés. Aujourd’hui, les militaires cherchent, semble-t-il, surtout des champs de pavot et de marijuana. Depuis que le président mexicain Felipe Calderón a déclaré en 2006 la guerre à la mafia de la drogue — et engagé pour cela 50.000 soldats — les exactions des militaires ont partout augmenté, selon le militant.

Les chiffres de la commission nationale des Droits de l’homme (CDHN) le confirment. En trois ans, les administrations ont reçu 3.430 plaintes contre l’armée, selon une information du président de la commission, Raúl Plascencia. Rien qu’en 2009, 1.800 plaintes auraient été enregistrées. « C’est le chiffre le plus élevé depuis l’existence de la commission », indiquait Raúl Plascencia. Son administration s’occupe des cas de torture, de viols et de meurtres perpétrés par des militaires sur la population civile. Abel Barrera Hernández ne s’étonne pas de ces chiffres. « Déjà il y a 17 ans, quand nous avons fondé Tlachinollan, nous craignions un effondrement du système judiciaire, que les organisations criminelles n’infiltrent les autorités publiques et qu’aucune force civile ne soit en pouvoir de contrôler les militaires. » La « guerre contre la drogue » est devenue selon lui une guerre contre l’armée et a encore militarisé un peu plus la région.

Le gouvernement tente de contourner le jugement

Les nouvelles concernant la guerre mexicaine de la drogue — et ses 40.000 morts — sont sinistres. Le directeur du centre, Abel Barrera Hernández, n’est pas optimiste. Pourtant, le petit homme, presque toujours habillé d’un jean et d’une chemise de bûcheron, ne semble pas amer. Ce sont les histoires comme celles de Valentina Rosendo et Inés Fernández qui le font tenir. Les avocats de Tlachinollan ont réussi à aller, avec les deux femmes, jusqu’au tribunal inter-américain des Droits de l’homme, au Costa Rica. Là-bas, en août 2010, les juristes leur ont donné raison. « J’ai pleuré quand le jugement a été rendu, se souvient Valentina Rosendo. Tout à coup, j’ai pensé à la souffrance des dernières années, à la séparation d’avec mon mari, à mon village que j’avais dû quitter. »

« Maintenant, le gouvernement mexicain doit faire le nécessaire pour qu’elles soient réhabilitées », précise l’avocat Santiago Aguirre, qui a accompagné Valentina et Inés. Les prescriptions du tribunal du Costa Rica sont claires : les faits doivent être traités devant un tribunal civil et l’État doit dédommager les victimes. Mais les autorités gouvernementales de Mexico essaient de contourner le jugement. Cela ne surprend pas Abel Barrera Hernández : « Ils signent n’importe quelle convention internationale qu’on leur met sous le nez, mais ne tiennent compte de rien. » L’homme est tout de même satisfait d’une chose : « Le vrai succès, c’est que deux femmes issues de la population Me’Phaa soient devenues des figures centrales du combat pour la défense des Droits de l’homme. » Mais ce ne sont pas ces « cas stratégiques » qui vont faire changer le quotidien. « Les gens ne nous connaissent pas parce que nous allons jusque devant les tribunaux internationaux, ajoute le directeur du centre. Mais parce que nous venons là où ils sont : dans leurs villages, leurs maisons, leurs montagnes. »

L’argent de l’étranger et celui de la drogue

Comme à Mini Numa, à trois heures de voiture de Tlapa. Sur les 400 habitants de la commune, seuls quelques-uns ont l’eau courante, et les huttes de bois protègent à peine du froid âcre de la nuit. La plupart des maisons n’ont pas de sol solide, comme c’est le cas dans nombre de communes indigènes de l’État de Guerrero. Quatre habitants sur cinq sont analphabètes et presque la moitié des villageois sont sous-alimentés. Les collaborateurs de Tlachinollan viennent jusqu’ici pour aider à la construction de latrines. Il y a deux ans, ils étaient déjà là pour monter un centre de santé. Plusieurs enfants étaient morts parce qu’ils n’avaient pas été soignés à temps. Les habitants ont alors demandé une meilleure prise en charge médicale, sans réaction du gouvernement. « L’État laisse un vide que nous devons combler avec les gens qui sont sur place », dit le militant.

Mais presque personne ne croit à un développement ici. Une grande partie de la forêt est victime d’abattage illégal. Et pour l’agriculture, il fait trop froid à Mini Numa. « Nous n’avons qu’une récolte de maïs par an, dit Mauricio Montealegre, un habitant. Cela ne suffit même pas pour quatre mois de tortillas. » L’homme a tout de même pu construire une maison en brique d’argile avec un toit stable, mais il le doit à sa famille. Quatre de ses 11 enfants vivent à New York. « Sans leur argent, rien ne va. » Presque aucune famille ne pourrait survivre ici sans les virements de l’étranger. Ceux qui n’arrivent pas jusqu’aux États-Unis travaillent comme ouvriers à la journée dans les grandes plantations du nord du Mexique. Ou bien à Acapulco, plus proche, où le tourisme assure quelques pesos.

Se plier aux lois brutales des chefs de la mafia

Mais on ne parle pas volontiers des autres possibilités qui existent pour gagner sa vie : la marijuana, l’opium et la cocaïne. Environ 60% du pavot cultivé au Mexique vient de l’État de Guerrero. C’est aussi une région de transit pour la cocaïne colombienne. Les conséquences sont énormes : des grandes organisations mafieuses se livrent à de violents affrontements pour la maîtrise des voies de transport. Des gens meurent régulièrement au cours de fusillades en pleine rue à Acapulco, des corps sont retrouvés décapités.

Près de la petite ville de Tasco, la police a découvert une fosse commune de 55 corps en juin 2010, dans une mine d’argent à l’arrêt. Maires, responsables politiques, policiers, juges et potentats locaux sont mêlés à ces structures criminelles. À l’autre bout de l’échelle, il y a des jeunes et des petits paysans sans perspectives. Ils doivent se plier à la pression des prix des affaires illégales tout autant qu’aux lois brutales des chefs de la mafia.

Abel Barrera Hernández reste prudent quand il s’agit d’évoquer les violations des Droits de l’homme perpétrés par les cartels. « Nous ne nous occupons pas des violences qui se produisent entre les différents groupes criminels, ça c’est la tâche de l’État. » Et le militant renvoie aux projets de soutien des cultures alternatives par le centre Tlachinollan.

Militants tués, collaborateurs emprisonnés

Retour au quartier général de Tlapa. Abel Barrera Hernández est toujours très occupé. Il n’aime pas les déplacements. Mais il court d’un dernier rendez-vous dans un village à une audition au ministère public, et doit probablement encore aller à Mexico le lendemain. Cette année, l’anthropologue et théologien s’est rendu à Berlin, pour y recevoir le prix des Droits de l’homme 2011 de la section allemande d’Amnesty International. Mais le militant reste modeste : « Ce prix revient aux victimes des tortures et des mauvais traitements. À ceux qui passent leurs nuits à même le sol et s’endorment la faim au ventre. » L’homme rappelle aussi que le centre est né à la suite du soulèvement zapatiste de 1994. Les rebelles de l’État de Chiapas ont été les premiers à attirer l’attention sur la situation des Indigènes.

Mais Abel Barrera Hernández sait aussi que le prix d’Amnesty lui apporte un peu plus de protection. Et c’est important ici. Car celui qui se défend contre la mafia des caciques locaux, des politiciens corrompus et des soldats violents vit dangereusement. En avril, le militant écologiste Javier Torres Cruz a été tué par des paramilitaires dans la Sierra Petátlan. Manifestement parce qu’il s’était opposé, comme beaucoup de paysans de la région, à l’abattage illégal de bois. Dans la petite ville d’Ayutla aussi, il y a eu des affrontements. Là-bas, Tlachinollan a dû fermer une annexe en mars 2009 [jusque juin dernier]. Des collaborateurs avaient été emprisonnés et un membre de l’organisation de défense des Indiens Opim, liée à Tlachinollan, a été tué. La directrice d’Opim, Obtilia Eugenio Fernández, vit depuis à des centaines de kilomètres de chez elle, pour des raisons de sécurité.

Pour Valentina Rosendo, les militants de Ayutla ont été ses premiers interlocuteurs. Obtilia Fernández était sa traductrice quand elle ne parlait pas encore espagnol. Aujourd’hui, la jeune femme aimerait pouvoir elle-même aider les habitants de sa région d’origine. Elle va à l’école, dans son exil citadin, et voudrait devenir infirmière. « Dans mon village, le médecin qui n’avait pas voulu me recevoir exerce toujours », dit-elle. Et insiste : « Nous, les Indigènes, nous avons aussi droit à un bon traitement médical » Elle veut faire construire un centre de santé dans son village. Mais ce sera possible quand les administrations prendront au sérieux le jugement de la cour inter-américaine. « Le gouvernement doit avouer publiquement que les soldats m’ont violée, réclame-t-elle. Alors, les gens de Barranca Bejuco qui ne m’ont jamais cru reconnaîtront que je n’ai pas menti. »

Source : Basta Magazine
article paru dans Jungle World le 19 mai 2011

Traduction de l’allemand : Rachel Knaebel




Mapuche du Chili :
Appel urgent à la société civile internationale



Nous, membres de la société civile résidant en France et en Europe, associations et comités solidaires du peuple Mapuche, exprimons notre indignation contre la décision de la Cour Suprême du Chili, en date du 3 juin 2011, de ne pas annuler le procès du tribunal de Cañete, instruit en application de la loi 18 314 (1) et entaché d’irrégularités. Le 22 mars 2011, ce tribunal a condamné à de lourdes peines quatre prisonniers politiques Mapuche, Hector Llaitul, Jonathan Huillical, José Huenuche et Ramon Llanquileo, qui poursuivent une grève de la faim depuis le 15 mars 2011 et sont actuellement hospitalisés.


Pour mémoire :

En avril 2009, des arrestations massives sont opérées dans plusieurs communautés Mapuche au sud du Chili et une trentaine de leurs membres sont détenus en prison préventive.

À partir du 12 juillet 2010, Hector Llaitul, Jonathan Huillical, José Huenuche et Ramon Llanquileo. entament avec 30 autres prisonniers une grève de la faim qui va durer 82 jours pour exiger des procès justes, l’élimination des doubles procès (mêmes délits jugés à la fois devant des tribunaux civils et militaires) et la non-application de la Loi Antiterroriste  à leur encontre. Cette grève se termine le 2 octobre 2010 avec un Accord du gouvernement de ne plus appliquer cette loi dans les procès déjà entamés.

Le procès de 18 des 34 prisonniers commence le 8 novembre 2010 au tribunal de la petite ville de Cañete au cours duquel le Ministère Public va finalement appliquer la loi antiterroriste et recourir aux déclarations de « témoins sans visage ».
 
Onze Observateurs Internationaux envoyés par des organisations de défense des Droits de l’Homme dénoncent dans leurs rapports  les anomalies juridiques du procès et le manque de garanties données aux défenseurs.  Mme Mireille Fanon Mendès-France, juriste internationale, Présidente de la Fondation Frantz Fanon, membre de l’Association Internationale des Juristes Démocrates, est envoyée en mission à ce procès comme Observatrice Internationale par la Fondation France Libertés - Danielle Mitterrand et a rédigé depuis un rapport très explicite sur la tenue de ce procès.

Le 18 février 2011, la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) et ses organisations membres au Chili, la Corporación de Promoción y Defensa de los Derechos del Pueblo (CODEPU) et l’Observatorio Ciudadano (Observatoire Citoyen) appellent les tribunaux de justice chiliens à ne pas appliquer la Loi Antiterroriste en manifestant la nécessité de réviser cette loi contraire aux normes internationales.

Le 15 mars 2011, Hector Llaitul, Jonathan Huillical, José Huenuche et Ramon Llanquileo, entament une seconde grève de la faim, dans l’attente de la sentencc du Tribunal de Cañete.
Le 22 mars 2011, le tribunal de Cañete condamne Hector Llaitul à 25 ans de prison, et Jonathan Huillical, José Huenuche et Ramon Llanquileo à 20 ans de prison. Les treize autres Mapuche, accusés des mêmes présumés délits sont acquittés, le 14e s’est suicidé pendant la procédure judiciaire .

Les quatre prisonniers politiques, plus que jamais déterminés à poursuivre leur grève de la faim, demandent à leurs avocats de faire un recours de nullité de leur procès auprès de la Cour Suprême du Chili.

Le 3 juin 2011, au lieu d’annuler le procès de Cañete, la Cour Suprême, dans une décision contradictoire, a réduit les peines du délit d’ « attaque contre le Procureur et son escorte policière », mais a maintenu les peines – de 10 ans et un jour pour Hector Llaitul, et 5 ans et un jour pour les trois autres – établies pour « vol avec intimidation ». Elle a juste cherché une « solution intermédiaire » condamnant ainsi à 14 ans de prison Hector Llaitul et à 8 ans : Jonathan Huillical, José Huenuche et Ramon Llanquileo.

Il nous est donc impossible de comprendre pourquoi l’autre inculpation (vol avec intimidation), également instruite sous le coup de la loi antiterroriste et avec le recours à des « témoins sans visage  », n’a pas fait l’objet du même réexamen. Il paraît clair que les pressions politiques exercées par l’Etat chilien, son Ministère Public et le groupe de pression des grandes entreprises ont eu suffisamment d’effet sur les magistrats de la Cour Suprême pour que ceux-ci renoncent à annuler le procès dit de Cañete.

On constate aussi que les magistrats de la Cour Suprême ont réduit les lourdes peines des quatre condamnés concernant la présumée « attaque du Procureur et de son escorte policière », pour laquelle ils avaient pourtant été déjà acquittés, le 16 décembre 2010, par le Troisième Tribunal Militaire de Valdivia, acquittement confirmé par la Cour d’Appel de Conception, le 26 mai 2011.

De nombreuses organisations Mapuche ont déclaré que « si on les condamne, nous sommes tous condamnés ». En effet, dans les prochaines semaines, plusieurs dizaines de membres de communautés mapuche seront déférés devant des tribunaux et, en raison de cette décision de la Cour Suprême, ils risquent d’être aussi jugés en vertu de la loi antiterroriste et de ses « témoins sans visage  ».

Précisons que même si les avocats des quatre condamnés déposent dès maintenant un recours auprès de la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme, la réponse prendra plusieurs années et il sera trop tard pour ceux qui sont actuellement à l’extrême limite de leur grève de la faim, hospitalisés et alimentés de force.

Hector Llaitul, Jonathan Huillical, José Huenuche et Ramon Llanquileo ne demandent ni clémence, ni pardon, ni grâce, mais un procès respectant les garanties constitutionnelles chiliennes et les normes internationales conformes.

Nous appelons la société civile chilienne, ses parlementaires, ses syndicalistes, ses journalistes, ses artistes, celles et ceux qui travaillent pour une autre société au Chili, celles et ceux qui luttent aussi, comme les Mapuche, pour défendre leur environnement, à protester partout au Chili, comme elles et ils l’ont fait récemment contre le projet HydroAysén, en soutien aux revendications des prisonniers politiques Mapuche.

Nous appelons enfin la communauté internationale à protester auprès des autorités chiliennes et particulièrement auprès du Président Piñera pour qu’il intervienne en urgence afin que les prisonniers Mapuche soient libérés, dans l’attente d’un nouveau procès juste et équitable, et que soient définitivement supprimés l’application de la loi antiterroriste et le recours aux témoins sans visage  dans les prochains procès concernant des Mapuche inculpés.

Dernières informations :

Le mercredi  8 juin, au 86e jour de la grève de la faim des quatre Prisonniers Politiques Mapuche, leurs familles ont commencé une grève de la faim liquide « Pour un Procès Juste et l’élimination de la Loi Antiterroriste ». Trois des quatre prisonniers ont été transférés dans différents hôpitaux (Jonathan Huillical est à l’hôpital de Nueva Imperial, José Huenuche, à l’hôpital de Los Angeles, Ramon Llanquileo, à la UTI de l’hôpital de Concepción et Hector Llaitul reste hospitalisé à l’hôpital de Victoria).

Le jeudi 9 juin, après une rencontre de la directrice de l’Institut des Droits de l’Homme, Mme Lorena Fries, des Archevêques Mgrs Ricardo Ezzati et Fernando Chomali avec les ministres de la Justice, Felipe Bulnes, et de la Présidence, Cristian Larroulet, il a été décidé de réunir de nouveau dans l’hôpital de Victoria, les quatre prisonniers politiques Mapuche.

Dans la soirée de jeudi, une table de négociations, présidée par Mgr Chomali, Archevêque de Concepcion, a réuni Natividad LLanquileo Pilquimán et Millaray Garrido Paillalef, porte-parole des prisonniers, Pamela Pessoa, esposa de Hector Llaitul, Lorena Fries, directrice de l’Institut National des Droits de l’Homme, Amerigo Incalcaterra, représentante du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’Homme, Mgr Pedro Ossandon, Evêque auxiliaire de Concepcion, Padre José Fernando Diaz, représentant de la Commission Nationale de la Pastorale Indigène de la Zone Sud. Cette rencontre a abouti à un Accord pour créer une Commission permanente de Défense des Droits du Peuple Mapuche. Cette Commission travaillera pour la « réforme de la Loi Antiterroriste pour qu’elle respecte les normes internationales ». Une fois réunis de nouveau à l’hôpital, les quatre prisonniers ont assuré  que les accords obtenus à cette table de négociation leur donnaient les garanties pour continuer à lutter pour les droits de leur peuple, motif qui les amenés à cesser leur grève de la faim.

Dans l’attente que la Loi Antiterroriste ne soit plus utilisée dans les prochains procès des Mapuche liés à la lutte pour la récupération de leurs territoires, nous soutiendrons les travaux de cette Commission.

Les premiers signataires :

Association Nuevo Concepto Latino (France)
Association Terre et Liberté pour Arauco (France)
Collectif pour les Droits de l’Homme au Chili (France)
Comisión de Apoyo a los Pueblos Originarios ACHG, Genève, Suisse
Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques – Nitassinan (France)
Comité de Solidarité avec les Peuples du Chiapas en Lutte - CSPCL (France)
Defensoría Internacional de los Derechos de los Pueblos (DIDEPU), Genève, Suisse
Mouvement pour la Coopération Internationale (MCI), Suisse

Notes :

(1) Loi Antiterroriste, héritée de la dictature d’A. Pinochet et restée en vigueur au cours des différents gouvernements de la Concertation.
(2) Richard Eduardo Neguey Pilquiman, jeune Mapuche, âgé de 19 ans, de Puerto Choque, Tirua.
(3) Depuis hier, 7 juin 2011, au 85e jour de la grève de la faim des quatre Prisonniers Politiques Mapuche, leurs familles ont commencé une grève de la faim liquide « Pour un Procès Juste et l’élimination de la Loi Antiterroriste ». Trois des quatre prisonniers ont été transférés dans différents hôpitaux (Jonathan Huillical est à l’hôpital de Nueva Imperial, José Huenuche, à l’hôpital de Los Angeles ; Ramon Llanquileo, à la UTI de l’hôpital de Concepción et Hector Llaitul reste hospitalisé à l’hôpital de Victoria).



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Dernières modifications : 05/12/2011