Cliquez ci-dessus pour revenir à la page d'accueil

Sommaire du bloc-notes n°1 - année 2016,

1 - Robespierre, patrimoine historique et querelle des mémoires? - Vidéo sur Robespierre avec Hervé Leuwers et Michel Biard.

2 - Plus de Président - Plus de représentants, par Alexandre Ledru-Rollin - 1851

2 - De l’exercice de la raison critique à la révolution psychanalytique? & une vidéo "La Fabrique des imposteurs" avec Roland Gori.

3 - Un nouveau scandale Panaméen ! et le livre de Fabrice Rizzoli, "La mafia de A à Z".

4 - Autogestion et émancipation & vidéo de Me Taubira chez Ruquier (France 2)

6 - Le racisme en Corse : c'est de la faute de Bourdieu
!

Robespierre, patrimoine historique
et querelle des mémoires ?

L'embaras de Paris - circulation sur le pont-neuf au XVIII° siècle
« La loi du 22 Prairial (10 juin 1794), la plus terroriste de la Révolution, est son œuvre» selon Patrice Gueniffey, qui est historien, directeur d’étude à l’EHESS et ancien élève de François Furet. Il a donné une récente entrevue au Figaro (du 16 juin 2016) au sujet de Robespierre et de sa place dans la mémoire républicaine. Voilà ce qu’il dit pour première réponse au journal: «Le consensus républicain sur la Révolution française, au début de la IIIe République, s'est fondé sur l'exclusion de Robespierre du Panthéon des grands hommes de la décennie 1789-1799. Cette interprétation, forgée par les Thermidoriens dès le lendemain de la chute de Robespierre, a été popularisée par les manuels scolaires canoniques (Lavisse, Malet et Isaac) de la Belle Epoque. La IIIe République acceptait tout de 1789 à la chute des Girondins (juin 1793), et triait dans la période qui commence en juin 1793. Elle acceptait Danton et Carnot, qui représentaient la défense nationale, et refusait Robespierre, qui incarnait la guerre civile et la Terreur. Par ailleurs, le culte de l'Etre suprême cher à l'Incorruptible était suspect aux yeux de ces anticléricaux. C'est à l'occasion du centenaire de la Révolution, en 1889, qu'est érigée la statue de Danton place de l'Odéon à Paris. Le représentant de cette sensibilité parmi les historiens de l'époque, c'est Alphonse Aulard».

A une petite erreur de date près, ce fut en 1891 que fut inaugurée la statue de Georges Danton, mais rien à dire sur l’entrée en matière. La Troisième république a soutenu de toutes pièces une histoire officielle, et à ce sujet le consensus est large. L’enseignement scolaire de l’histoire était une sorte de bréviaire républicain à la gloire de la patrie. Faut-il rajouter chaque pouvoir depuis Napoléon Ier a fondé sa part de mythe et légende, et il y a à se demander si écrire au sujet de la Révolution et du personnage Robespierre n’y participe pas ? C’est du moins ce que pense un autre historien Jean-Clément Martin (son dernier livre, Robespierre, la fabrication d’un monstre). Notamment quand on cherche à faire des analogies, comme c’est le cas dans cet article avec la Révolution de 1917 et Lénine, en s’appuyant sur les méthodes de la « Terreur ». Mais libre de ses opinions, M. Gueniffey est un intellectuel de qualité et spécialiste du Directoire et de Napoléon Bonaparte. Dans une conférence de ces dernières années et pas dans l’article, il nie à Albert Mathiez son apport scientifique, je trouve au contraire, qu’il est venu rétablir un équilibre et à contribuer à faire de l’histoire autre chose que des statues à ériger… Quand on connaît en plus un peu l’oeuvre d’Albert Mathiez, il y a de quoi rire, le monument de la place de l’Odéon fut une vaste pantalonnade, une affaire conduite par un certain M. Robinet et un descendant, Arsène Danton, que narre avec délices ce dernier.

Deuxième question du Figaro: «Pourtant, Clemenceau et Jaurès revendiquaient «l'Incorruptible»? Oui, mais l'un était radical et l'autre socialiste, donc beaucoup plus à gauche que les «pères fondateurs» de la IIIe République (Jules Ferry, Jules Grévy, Jules Simon, etc.). Après eux, le PCF va batailler pour réintégrer Robespierre dans la mémoire glorieuse de la Révolution. L'historien Albert Mathiez est l'interprète de cette thèse à l'université. Il célèbre l'Incorruptible en raison même de la Terreur, instrument, à ses yeux, de l'égalité sociale projetée par Robespierre. Et il est vrai que celui-ci préconisait un impôt progressif sur le revenu, idée qui révulsait jusqu'aux Montagnards respectueux de la propriété privée ». En quoi l’impôt progressif a-t-il de réciproque avec la propriété privée? quand l'imposition est la participation de tous en fonction de ses richesses, cela est étonnant comme raisonnement? Robespierre n’a jamais cherché à abolir la propriété privée, mais la limitée tout au plus. «  La propriété est le droit qu’a chaque citoyen de jouir et de disposer de la portion de biens qui lui est garantie par la loi. (…) Le droit de propriété est borné, comme tous les autres, par l’obligation de respecter les droits d’autrui». (extraits du discours sur la propriété du 24 avril 1794). L’on peut y voir une limitation du droit de propriété, mais sans rapport avec des idées qualifiées de collectivistes ou visant à supprimer la propriété individuelle. Il est souvent enjeu de nuance !

Dire par ailleurs que le professeur Mathiez est l’interprète de cette thèse, la chose est trop vague pour illustrer son travail. Qu’il hérite ou soit un tenant du travail de Jaurès, c’est certain, sa filiation socialiste ne fait aucun doute. Mais ce sont des travaux forts différents dans le traitement des sources et la narration des faits. A ce sujet, Jaurès n’a pas écrit à proprement parler une histoire de la révolution française, mais une histoire socialiste comme il est précisé dans le titre de cette volumineuse œuvre dialectique. Sinon pour le parcours politique de Mathiez, il est devenu assez tardivement socialiste révolutionnaire avec le conflit mondial et il coupa les ponts avec la III° internationale à la fin des années 1920. Il n’est en rien un orthodoxe du Pcf inféodé au Pcus, sauf à faire des fausses relations. Le problème s’est posé après Mathiez en matière d’orthodoxie dite marxiste, l’ennui est justement de croire que Robespierre est le surhomme du moment. S’il faut sortir des ornières, il faut les retirer toutes, à ce petit jeu, cela fait plus de 220 ans que l’on peut écrire à peu près tout et n’importe quoi sur la Révolution et leurs auteurs.

Sur Robespierre, la phrase de conclusion est surtout la manifestation d’une approche trop abstraite de M. Gueniffey. Un pur jugement tranché ou une charge inutile, difficile de comprendre son rôle, d’autant plus qu’en juin 1794, il y a des chances que Maximilien Robespierre ait basculé dans la folie, une cause qui reste à étudier, mais très plausible et pouvant interférer dans sa conduite : «  Il incarne, d'une façon presque «chimiquement» pure, l'idée moderne de la révolution et de la table rase ». Ce type de projection n’est pas nouveau et Albert Mathiez a probablement eu tendance à aimer son sujet un peu au-delà de la mesure, mais surtout au regard de la première guerre mondiale et de son engagement politique, tout travail historique a ses imperfections. L’histoire n’est plus seulement celle des vainqueurs, les analyses et les études  depuis le XIX° siècle ont beaucoup évolué et divers travaux universitaires des années 2010 ont évacué le trop plein politique ou dogmatisant, à quelques exceptions près. De plus, l’étude de la Révolution n’est pas seulement la matière de spécialistes français, le plus grand historien vivant de Robespierre est australien, il se nomme Peter McPhee et ses cours consultables en anglais sur Internet (Université de Melbourne). Et ce n’est pas le seul cas d’universitaires anglophones, là où il existe le plus grand nombre d’étudiants se penchant sur cette période, ce n’est pas en France, mais aux Etats-Unis que cela se passe.

Ici dans l’hexagone, les apports de Jean-Clément Martin et d’Hervé Leuwers (Université de Lille III) sont d’une très grande rigueur et nous sommes aussi loin des années du bicentenaire de 1989, ou s’ouvrirent de nouveaux champs de recherche, comme la question coloniale. M. Gueniffey rouvre un vieux débat du siècle dernier, si bon lui semble, l’année prochaine sera celui du centenaire de 1917 de la révolution Russe, il y a à craindre le pire comme le meilleur, notamment les parallèles douteux entre deux révolutions disjointes en temps et en lieu, où il y est possible de faire des tartines de similitudes sans pour cela faire lien avec les faits. Ce que l’on appelait le révisionnisme de François Furet n’a pas produit ce qu’il a pu escompter, loin des batailles des générations passées, il est temps non pas de faire table rase, mais de permettre aux historiens de la nouvelle génération de produire de nouvelles approches ou réflexions. La disputation reste la forme la plus adaptée pour confronter des points de vue, il est important que les différentes écoles puissent échanger sur ce mode, et permettre au public et citoyens de se construire leurs propres opinions. L’esprit critique n’a de sens que dans l’échange et la confrontation des idées.

Celle qui semble poindre et donner matière à réflexion est la place de la presse et des journalistes en France dans le processus révolutionnaire de 1789 à 1795. Et s’il y a une autre étude à envisager, elle réside en l’influence de la pensée révolutionnaire française sur le processus d’émancipation des nations hispano-américaines et les mondes créoles au XIX° siècle. Je ne nie pas que les mouvements révolutionnaires et pas seulement l’année 1793, mais aussi de 1830 à 1834, plus 1848 et 1871 ont pu avoir une influence sur d’autres révolutions. Lénine, Trotsky, Mao, et bien d’autres ont pu s’en inspirer, est-ce pour autant que l’on doit continuer à penser Robespierre à travers ce seul prisme, n’est-ce pas réducteur et une certaine tendance à faire parler les morts? Sinon nous en revenons à cette matrice idiote de Rousseau ou de Robespierre comme parents du totalitarisme de la Russie soviétique, sans omettre Marx l’incarnation de ce même mal... L’ennui ce sont les limites de ce type de jugement, qui sont en général le produit d’un détournement, un objet idéologique périmé ou ressassé depuis des lustres.

Depuis quelques années, la production de livres ayant pour titre, le terme noir est venu en rajouter une couche sur divers aspects de la recherche et des mouvements révolutionnaires et à des fins idéologiques très grossières, voire vulgaires, comme l’on trouve en abondance sur le net. Le révisionnisme de François Furet est quand même lointain de cette littérature ou expression d’amalgame et venant de milieux contre-révolutionnaires a une très forte teinte réactionnaire et religieuse. Depuis sa disparition, ses proches ont continué à travailler dans ses pas, Mona Ozouf est son héritière, la plupart des historiens après la seconde guerre mondiale ont appartenu au Pcf et ils l’ont combattu pour des raisons totalement compréhensibles et circonstanciées à des affrontements intellectuels dont l’entendement n’est plus patent. Par ailleurs, Michel Vovelle, le dernier grand du XX° siècle de l’école Robespierriste n’est pas vraiment l’incarnation du stalinisme et a laissé à ses élèves toute liberté nécessaire et sans crier au dogme.

Ce que j’ai écrit n’est pas l’objet d’une dénonciation d’un courant intellectuel français, il faut aujourd’hui de nouvelles exigences dans le rapport à l’analyse des faits, et nous sortir de vieilles querelles. Au passage, je ne suis pas sûr que Tocqueville soit le seul sésame de la pensée, du moins pour quelqu’un ne se réclamant pas d’une école libérale, ni d’aucune à ce sujet. Je m’étonne de la distorsion et finalement qu’il soit devenu compliqué de ne pas être en accord en tout. Surtout de sentir encore de grosses failles pour traiter avec distance et sérénité les mouvements révolutionnaires dans une période confuse et propice à moudre du nationalisme et du repli identitaire. L’universalité des Révolutions de 1789 et 1792 ne font pas l’ombre d’un doute, vu l’éparpillement des archives à travers la planète et une activité universitaire dépassant le cadre national, il est temps de sortir des débats finalement très feutrés et dépassant les connaissances objectives moyennes. Pour construire des ponts et renforcer l’étude de l’Histoire (en crise), dans notre pays et valoriser le patrimoine matériel et immatériel existant, il nous faut sortir des anciens cadres. L’histoire n’est pas qu’une somme de date, ce sont des enjeux divers et variés qui s’y rattachent et touchant à des enjeux pluridisciplinaires.

La redemande récente d’une rue Robespierre à Paris est à l’origine de cette entrevue du Figaro (à lire ici), le sujet est d’un intérêt minime et répétitif, mais suscite son lot de partisan pour ou contre, provoquant la discorde, plutôt que d’aborder les choses un peu plus sérieusement. On pourrait aussi exiger une rue Jean-Paul Marat, ou pour le curé Jacques Roux, de quoi un peu plus envenimer les débats… Et si une personne née et morte dans la capitale est passée aux oubliettes à quand une avenue pour Manon Roland? La question du patrimoine des révolutions de 1789 et de 1792 dans la capitale est conséquente pour une ville tournée vers le tourisme, il y aurait de quoi faire pour attirer les curieux sur un sujet qui passionne le monde entier. En matière d’apprentissage des révolutions parisiennes, dans une période s’enflammant à l’évocation du mot république, la question du jugement critique est peu abordée, quand certains enjeux citoyens concernent derechef les jeunes scolarisés de la métropole parisienne et d’ailleurs. Histoire de comprendre là où ils vivent et se construire une culture historique et mieux encore, littéraire ! Avec les pratiques éducatives de Célestin Freinet et les outils numériques, il est tout à fait possible de favoriser la pratique de la recherche sur la base des textes ou manuscrits anciens dans les collèges ou les lycées.

Billet de Lionel Mesnard le 17 juin 2016

Hervé Leuwers présente Robespierre (1h25)



"Robespierre, un nouveau regard", une conférence de Hervé Leuwers à l'université de Rouen ( et en édition poche en librairie depuis le 25 mai 2016)


PLUS DE PRÉSIDENT
PLUS
DE REPRÉSENTANTS


Par Alexandre Ledru-Rollin
(1807-1874)

« Le mandataire ne peut-être représentant; c'est un abus des mots, et déjà, en France, on commence à revenir de cette erreur ». Robespierre

Qu'on ne se récrie pas avant de nous entendre jusqu'au bout; ce que nous proposons est à la fois l'œuvre du temps et la seule solution qui ressorte des faits actuels. Ce n'est pas la révolution sanglante mais bien le moyen de la conjurer, en faisant comparaître toutes les écoles, tous les systèmes, tous les grands et difficiles problèmes sociaux qui agitent notre âge, devant l’unique juge compétent, devant le pays tout entier. On se rappelle qu'il y a trois ans à peine nous disions: « Pas de président ; un président élu par la nation, c'est l'antagonisme et la guerre.» Les faits ne sont-ils pas venus bientôt ratifier nos prévisions?

Aujourd'hui, poussé par la même logique, nous disons : Plus de représentants, mais de simples délégués, des commissaires, pour ne pas dire des commis, nommés seulement pour préparer la loi, laissant au Peuple le soin de la voter, en d'autres termes : gouvernement direct du peuple par le peuple. Cette thèse, malgré les contradictions violentes qu'elle rencontre, n'en est pas moins destinée à faire son chemin plus promptement encore que la première. Pourquoi?

Nous l’allons dire en examinant si, philosophiquement, cette idée est vraie. Si elle est praticable. Dans quelles mesures, elle est praticable. Si, enfin elle est profitable ou nuisible à la nation. Et, d'abord, que l'idée du gouvernement direct du Peuple par le Peuple soit philosophiquement vraie, pas de doute à cet égard, pour peu qu'on remonte aux principes constitutifs des sociétés.

La souveraineté, dit Rousseau, dans le contrat social, n'étant « que l'exercice de la volonté générale, ne peut jamais s'aliéner, et le souverain, qui n'est qu'un être collectif, ne peut être représenté que par lui-même. L'idée des représentants est moderne, elle nous vient du gouvernement féodal ; les anciennes républiques ne l'ont jamais connue. L'attiédissement de l'amour de la patrie, l'activité de l'intérêt privé, l'immensité des Etats, les conquêtes, l'abus du gouvernement l'ont fait imaginer. Cependant, les députés du Peuple ne sont et ne peuvent être ses représentants, ils ne sont que ses commissaires, ils ne peuvent rien conclure définitivement. Toute loi que le Peuple, en personne, n'a pas ratifiée, est nulle, ce n'est point une loi. »

Il ajoute, avec cette puissance de déduction qui le caractérise : « A l'instant qu'un Peuple se donne des représentants, il n'est plus libre, il n'est plus.» La théorie que Rousseau avait trouvée dans les profondeurs de son génie, et qui étonna, dans un siècle d'esclavage, par son radicalisme et sa nouveauté, comment la nier, aujourd'hui que tant de faits nombreux se sont accumulés pour lui donner raison?

Oui, un peuple qui se fait représenter cesse bien d'être libre, car la France, libre en Février (note: 1848), en se donnant des représentants s'est, par là même, donné des maîtres. Qui pourrait soutenir, en effet, que lors de l'invasion de Rome, la France eût voté comme ont voté ses représentants? Et dans la question des boissons, et dans la question de l'enseignement, et dans celle de la liberté de la presse, croit-on, aussi, qu'elle eût voté comme ont voté ses représentants? Lors de la mutilation du suffrage universel, surtout, Imagine-t-on que le Peuple se fût immolé de ses propres mains?

Ah! sans doute que, dans d'impénétrables desseins, cette dernière et mémorable épreuve était nécessaire, pour que l'institution de la représentation fût à jamais jugée, à jamais condamnée, comme l'est dorénavant, celle de la présidence. Arrêtez, dira-t-on, vous confondez deux choses : le droit et le fait, le principe et le vice des choix. Si le Peuple s'est trompé sur les hommes, cela ne prouve rien contre l'institution; de meilleures élections n'eussent point engendré d'aussi funestes résultats.

Le Peuple, répondrons-nous, à notre tour, qui jamais ne se méprendra sur ses véritables intérêts, sur ce qui est bon pour lui, mauvais pour lui, sera longtemps encore susceptible de s'égarer sur les hommes et sur les noms. Le monde n'est-il point au prestige, à l'intrigue, à la renommée bien plus qu'au dévouement et à la vertu? Les plus célèbres ne sont-ils pas souvent ceux qui, au lieu de suivre modestement, en conscience de coeur et d'esprit, le droit sillon, ont, par d'éclatantes contradictions, attaché le plus de bruit à leurs pas? La félicité d'une nation ne peut donc dépendre des personnes, elle ne doit reposer que sur des principes.

L’on, nous ne confondons pas, c'est bien l'institution de la représentation elle-même qui est périlleuse, et, à peine d'être sans cesse trompé, sans cesse esclave, sans cesse misérable, le Peuple doit faire par lui-même tout ce qu'il peut raisonnablement faire; il faut que sa grande, son unique affaire soit sa liberté et son bonheur; donc, la thèse du gouvernement direct du Peuple par le Peuple est, philosophiquement et politiquement vraie.

Peut-être en théorie, s'écriera-t-on, mais en pratique jamais. Voyez d'ici une grande nation comme la France, toujours assemblée; quel rêve, quelle chimère! Et le travail, la production que deviendront-ils? De telles institutions étaient bonnes chez les Grecs, chez les Romains; ils habitaient un climat doux, ils n'étaient point avides, des esclaves faisaient leurs travaux. N'ayant pas les mêmes avantages, comment conserver les mêmes droits? Ressusciterez-vous les idoles?

Non, nous ne voulons pas d'idole, nous qui ne voulons plus de prolétaires ni de salariat. Mais, n'anticipons pas. Faisons toutefois remarquer que, si les républiques antiques étaient constamment sur l’agora ou le forum, c'est que les citoyens y exerçaient non seulement les droits de souveraineté, mais une partie de ceux du gouvernement. Ils traitaient certaines affaires, ils jugeaient certaines autres; ce n'est pas cela que nous demandons.

Ajoutons qu'il faut peu s'effrayer des impossibilités; les bornes du possible dans les choses morales sont moins étroites que nous ne pensons; ce sont nos préjugés, notre amour incurable de la routine qui les circonscrivent et nous font trop facilement prendre ombrage. Ce siècle, plus que tout autre, en a fourni des preuves; mais, entre toutes, il en est une qui demeure sans réplique.

Que penser encore des sottes déclamations contre l'impossible, quand on a vu chez nous le suffrage universel fonctionner si admirablement ? Huit jours avant sa mise à exécution, combien d'esprits sensés ne disaient pas : Jamais dix millions d'hommes ne voteront sans troubles, sans collisions. Et cependant, nous avons pu contempler ce merveilleux spectacle de dix millions d'hommes votant le même jour, à la même heure, dans l'ordre le plus parfait.

De l'existant au possible, la conséquence est bonne. Le mécanisme de la souveraineté, devenu aux mains du Peuple souple et docile, qu'importe le nombre de fois qu'il devra le faire mouvoir ? Le gouvernement du Peuple par le Peuple étant pratiquement possible, examinons, maintenant, dans quelle mesure il peut raisonnablement s'appliquer. Quelle est la limite à poser entre ce que le Peuple doit faire directement, et ce qu'il doit nécessairement déléguer ?

Eh bien ! cette ligne de démarcation a été tracée par un des esprits les plus positifs de nos assemblées délibérantes, par Hérault de Séchelles, qui, après avoir été une des lumières de l'ancien parlement, fut le premier magistrat de la Cour de cassation, à son berceau. Cette distinction, la Convention l'a posée, et le Peuple lui-même l'a sanctionnée par plusieurs millions de suffrages. Mais, pour plus de brièveté, laissons parler les maîtres :

1° - « La souveraineté, dit Hérault, n'étant que l'exercice de la volonté générale,  ne peut jamais s'aliéner. - De là, l'institution de la République. - Car, toute autre forme de gouvernement serait une aliénation du droit. » « 2° - Le souverain , qui n'est qu'un être collectif, ne peut être représenté que par lui-même. – De là, le gouvernement direct du Peuple. »

« Ces deux règles, ajoute le rapporteur de la Convention, nous les avons eues sans cesse devant les yeux, et c'est toujours à la dernière limite que nous nous sommes attachés à saisir les droits de l'humanité. Si quelquefois nous nous sommes vus contraints de renoncer à cette sévérité de théorie, c’est qu'alors la possibilité n’y était plus. La nature des choses, les obstacles insurmontables dans l'exécution, les vrais intérêts du Peuple, nous commandaient ce sacrifice; car, ce n'est pas assez de servir le Peuple, il ne faut jamais le tromper. »

Et la Constitution de 1793, partant de la souveraineté du Peuple, pour s'arrêter seulement devant ce qu'elle considérait alors comme l'impossible, posait ce principe plein de sagesse : «Le Peuple souverain est l'universalité des citoyens français. Il délibère sur les lois. Le corps législatif propose des lois et rend des décrets. Les lois doivent être acceptées par le Peuple.»

Maintenant, un mot d'éclaircissement; nous ne saurions mieux faire que de l'emprunter à Hérault lui-même : « Pourquoi consulter le Peuple sur toutes les lois ? Ne suffit-il pas de lui déférer les lois constitutionnelles et d'attendre ses réclamations sur les autres ? Nous répondrions : c'est une offense au Peuple que de détailler les divers actes de sa souveraineté. Nous répondrions encore : avec les formes et les conditions dont ce qui s'appelle proprement loi sera entouré, ne croyez pas que les mandataires fassent un si grand nombre de lois dans une année.

On se guérira peu à peu de cette manie de législation, qui écrase la législation, au lieu de la relever, et, dans tous les cas, il vaut mieux attendre et se passer même d'une bonne loi, que de se voir encore exposé à la multiplicité des mauvaises. »

Qu'on nous permette une dernière citation ; elle est de Robespierre : « Le mot de représentant ne peut être appliqué à aucun mandataire du Peuple, parce que la volonté ne peut se représenter. Les membres de la législature sont des mandataires à qui le Peuple a donné la première puissance; mais, dans le vrai sens, on ne peut pas dire qu'ils le représentent. La législature prépare des lois et fait des décrets; les lois n'ont le caractère de lois que lorsque le Peuple les a formellement acceptées. Jusqu'à ce moment, elles n'étaient que des projets; alors elles sont l'expression de la volonté du Peuple. Les décrets ne sont exécutés avant d'être soumis à la sanction du Peuple, que parce qu'il est censé les approuver. Il ne réclame pas, son silence est pris pour une approbation. Il est impossible qu'un gouvernement ait d'autres principes. Ce consentement est exprimé ou tacite; mais, dans aucun cas, la volonté souveraine ne se représente, elle est présumée. Le mandataire ne peul être représentant; c’est un abus de mots, et déjà, en France, on commence à revenir de cette erreur.»  Les esprits sérieux, les hommes de foi, ne sauraient se lasser de lire la discussion, si lumineuse et si patriotique, qui a préparé cette Constitution de 93.

Toutes les grandes questions politiques qui nous préoccupent aujourd’hui soulevées et résolues, avec quelle profondeur! Les droits sacrés du Peuple son  initiative, ses assemblées primaires, la distinction fondamental des lois et des décrets, la confection et le vote des lois, tout y est ordonnancé avec une présence incomparable. Sans doute, il est quelques modifications de détails que l’expérience  a rendues nécessaires, notamment en ce qui concerne l'élection du pouvoir exécutif; mais jamais la majesté du Peuple ne fut plus solennellement reconnue, le principe de sa souveraineté plus respecté.

Quels acteurs, quel drame, quel but! L'ennemi aux portes, à l'intérieur la famine organisée par les rois; pour scène le monde, pour (in le bonheur du genre humain. La truelle d'une main, comme disait l'un d'eux, l'épée de l'autre, construisant et combattant, déclarant que la République ne pouvait négocier tant qu'il resterait un ennemi sur son territoire. À quoi un des membres s'écriait : «Vous avez donc fait pacte avec la victoire? - Non, répondaient-ils tous, nous l'avons fait avec la mort.»

Mânes sanglants et toujours calomniés de Thermidor, pardonnez encore à vos insulteurs, votre génie avait devancé l'époque. Il faut, pour vous comprendre, une génération affranchie par votre martyre; mais, bientôt, les temps de votre évangile seront accomplis !

Poursuivons : Si nous avons démontré, avec Rousseau, que le gouvernement direct du Peuple découle de la nature même des choses; avec la Constitution de 93, qu'il est facile à organiser, que reste-t-il maintenant? cette seule objection : - qu'on répétera éternellement, tant que le fait n'en aura pas eu raison, comme de tant d'autres banalités, - Si le Peuple légifère lui-même, c'en est fini du travail national, la fortune publique a reçu la plus mortelle atteinte.

Pas d'exagération : La question étant réduite aux termes dans lesquels elle a été posée par la Convention, - le Peuple votant les lois, et l'assemblée des délégués pourvoyant, par des décrets, aux nécessités secondaires, - combien de fois suppose-t-on que le Peuple aurait, dans l'année, à exercer son droit? Bien rarement, sans aucun doute, lorsque les principes primordiaux fixant ses destinées auront été posés par lui.

Ceux qui tiennent ce langage ont-ils réfléchi au nombre de jours que le Peuple a perdus et perd encore, en fêtes, endimanchés, en chômage? Le temps qu'il dépense ainsi ne serait-il pas plus utilement employé à cimenter son indépendance, sa grandeur, sa prospérité?

Quoi! le Peuple, la France entière, n'aurait pas bien gagné sa journée, quand la nation aurait statué, en connaissance de cause, sur ses intérêts les plus précieux; quand elle aurait réglé son impôt, son crédit, les bases de la propriété, les lois de son travail intérieur, de ses exportations; quand elle aurait fondé l'association et la solidarité; quand elle aurait cicatrisé ces deux chancres du cœur et du corps, l'ignorance et la misère! Ah! certes, il lui faudrait moins de temps pour réaliser son  bonheur en ce monde, qu'elle n'en a consumé, depuis des siècles, à chercher, dans l'autre, un problématique salut. L'assemblée primaire serait la cathédrale moderne, l'autel vivant élevé véritablement au culte de la fraternité.

Non, ce temps ne serait pas inutilement dévoré ; ce qui est nécessaire, en effet, c'est moins la souveraineté constamment en action, que la souveraineté toujours constituée, toujours présente, n'abdiquant jamais. Où le droit et la liberté sont toutes choses, les inconvénients ne sont rien. D'ailleurs, il faut savoir accepter les conséquences de son principe; pas de Démocratie, sans d'incessants efforts. Un peu d'agitation donne du ressort aux âmes; ce qui fait prospérer l'espèce, ce n'est pas le repos, c'est le mouvement. Du mouvement, les vieux politiques avaient fait un crime, sachons en faire une vertu, un moyen; si formidable qu’il soit, il n'est jamais qu'une force, quand il n'est pas contrarié dans ses lois éternelles de développement.

Un dernier mot : le Gouvernement direct du Peuple est la seule formule de la Révolution prochaine; la seule, encore une fois, qui nous sorte des systèmes, des écoles, des personnalités; la seule qui nous sauve des tyrannies, des dictatures, des aristocraties, quelles qu'elles soient; la seule qui n'emprisonne pas la puissance de l'idée, et prévienne les explosions, en ménageant de larges échappements.

Ayez confiance dans la raison du Peuple, disait un homme qui le connaissait bien, Danton; malgré ses calomniateurs, et il a plus de génie que beaucoup qui se croient de grands hommes. « Dans un grand peuple, on ne compte pas plus les grands hommes que les grands arbres dans une vaste forêt; ils disparaissent dans les profondeurs des masses. »

Si Danton pouvait parler ainsi, de quoi n'est pas capable aujourd'hui, ce Peuple, éclairé par deux révolutions nouvelles, et par 60 ans de succès et de revers! A l'œuvre donc, frères! Depuis six mois, la Voix du Proscrit s'est efforcée, dans une série d'articles, de préparer ce gouvernement du Peuple, et l'idée, partie d'un coin de l'exil, a poursuivi sa carrière,

Aujourd'hui, que chacun lui vienne en aide; que tout cœur vraiment peuple, que tout républicain sans arrière-pensée, sans réserve, se joigne à nous. La tradition a été rompue en 93, bien qu'elle eût sa raison d'être; aucune idée légitime ne saurait être étouffée ; renouons la chaîne des temps. Tous, n'ayons plus qu'un cri de ralliement, une devise : gouvernement direct du peuple; et bientôt le Peuple fera mieux que de triompher : pour la première fois enfin, il n'aura plus de maître, il régnera.

Paris : 164, rue Montmartre, Bureau de la Voix du Proscrit et chez tous les libraires.

Source Gallica BNF – Domaine public -  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k131734w


De l’exercice de la raison critique
 
à la révolution psychanalytique ?
Il y a quelques années, j’ironisais en disant que j’attendais la vente du Pcf à un euro pour récupérer ce beau nom de communiste et les locaux. Ils ont sous-loué depuis le siège de la place du Colonel Fabien et c’est au tour du parti socialiste que cette option s’offre : « bientôt en liquidation »… Un logo et un nom évocateur, d’un combat, le restant est à brader, pas le temps de trier dans le linge sale.  Cela peut paraître hors-jeu ou des circonstances du moment, mais je me réclame de la mouvance socialiste et démocratique, quand il est de bon ton chez les Lepeno-compatibles de se dire « ni de droite ni de gauche » et de plus sans revendications. Face au néant groupusculaire, à l’hiver des fonds de commerce de la gauche et de ses gogoches, ils pourront tout effacer ou salir, le socialisme n’en est pas à ses premières crises. Il peut y survivre. Et quelques raisons de penser que si la forme partisane est en panne, c’est surtout pour son absence de contenu et de perspectives. L’objet n’étant pas d’achever au passage la démocratie, mais de la régénérer.

J’ai appuyé en février la candidature de Jean-Luc Mélenchon, j’ai compris rapidement la faille et j’ai préféré prendre la poudre d’escampette et lui laisse ma trace virtuelle et quelques euros. Il me faudrait rédiger un long explicatif sur les raisons, mais un peu fatigué de constater les mêmes erreurs, et dans ce cas les miennes, il n’y a aucune raison de jouer la scène de la déception et des hurlements d’une séparation qui n’a pas lieu. Mon emballement a fondu comme neige au soleil, et entrera un jour avec une meilleure distance dans une analyse politique sur les folles années du nouveau siècle. Car en l’état, il faudrait tirer une analyse clinique, circonstanciée ou détaillée. Si je puis synthétiser à l’extrême, verticalité et transversalité ne se rencontre jamais ! Après avoir voté en 2012 Hollande, la galerie des prétendants n’a d’intérêt qu’à l’aune d’un projet ouvert sur le monde, pas sur de simples positions néo-stalinistes ou très franchouillardes sur la Russie et l’Europe. Le dessein n’y est pas et les questions internationales sont au centre des questions de notre avenir, pour leur donner un espace moins minimaliste.

J’ai cherché, j’ai point trouvé, sauf que ceci est partiellement faux. Mon intérêt pour les sciences humaines et ce que je peux glaner comme conférences virtuelles m’a fait découvrir une personnalité jusqu’alors totalement inconnue. Son nom est Roland Gori, psychanalyste et un intellectuel étonnant et ramenant à l’essentiel ou ce qui peut être surprenant, une approche à laquelle je souscris à pleine dent et mérite d’être partagée. Un fruit de ce que la connaissance donne à goûter, car que de gourmandise et de sucrerie, après l’âpre des petits marquis du pouvoir. Après quelques heures de transe (c’est de l’humour), on peut finir par se dire que cet homme engagé synthétise des années de réflexions diverses avec brio, et pour rassurant je ne suis pas le seul à le penser.  Je n’ai pas trouvé le Graal, mais pour ceux à la recherche d’une lecture ou de lectures, ils ou elles trouveront de quoi se nourrir en l’écoutant dans un premier temps.

De Rousseau, en passant par Marx ses héritiers et Freud de même, cette fabrique de l’imposture trouve avec Guy Debord tout un éclat critique sur nos sociétés humaines et que Roland Gori raconte presque comme des évidences et avec une facilité assez déconcertante. Il me restera à le lire, et compléter les manques ou besoins d’en savoir plus. Surtout que l’écriture est un exercice qui pardonne peu, et que l’enthousiasme est un élément très communicatif. Surtout dans une période ou l’emprise à broyer du noir et dans tous ses aspects les plus sordides domine. Jeux de perversion et de narcissisme où ne surnagent que les grandes gueules et en oublie l’Homme, les ressorts de sa complexité, sa propre économie cellulaire, pour se livrer à des gourous d’un soir. En résumé, quid de la révolution, qui plus est psychanalytique et en quoi elle vient tordre à chaque génération les préconçus pour s’adonner à son rôle d’analyse critique. Sauf qu’à produire là aussi des chapelles, Roland Gori s’étonne, et moi de même du peu d’espace de réflexion consacré aux sciences du vivant dans l’œuvre de Lacan, quid de la biologie entre autres ?

La question n’est pas d’égratigner par l’absurde, comme le font certains malfaisants vendeurs des personnages historiques et scientifiques dans l’espace francophone en produisant de la contre histoire, il s’agit de lire ou relire les « grands classiques ». De s’approprier un discours et ne pas réagir comme un simple batracien aux sollicitations des tensions, mais d’utiliser ses neurones à bon escient. Produire du sens, reconquérir l’espace public, consiste d’abord à ne pas en faire des slogans et demande une élaboration. Et comme l’humanité n’est pas née un beau jour du 21ème siècle, l’histoire aide à trouver la bonne distance critique. Et même de trouver les ponts d’une interdisciplinarité en souffrance, parce qu’en certains domaines, c’est tout bonnement impossible, c’est-à-dire trop en lien avec les mécanismes du capitalisme qui organise une chosification et la commercialisation des individus
et des savoirs et codifications des rapports humains, au final, nous ne sommes plus que des parts de marché sur patte. Partant du constat que l’humain n’est pas une marchandise, mais dispose nettement moins de facilité de circulation légalisée qu’un objet, il est temps de poser les bonnes questions et se tenir loin de l’agitation et du reflux de l’actualité.

Sur les rapports de domination au sein de l’espèce, il existe à ce sujet deux écoles et j’appartiens à celle de l’école du professeur Laborit, la jonction avec les travaux de Bourdieu ou une confrontation des savoirs en ce domaine peuvent être une étape nécessaire quand on entend parfois des contenus erronés ou révélateurs des clichés sur les dominés et dominants. Dans le même courant impropre des idées, à force d’utiliser le terme « système » à toutes les sauces, cela fini par ne plus le définir et le mettre en rapport et lire ou entendre vraiment n’importe quoi sur la base d’un contre dogmatique. Ce qui n’a rien à voir avec l’exercice d’une critique se fondant dans l’analyse des contradictions et non à des fins de dénonciations vides ou stériles, voire en des formes de défoulement spasmodique.

De la tâche ardue de se poser mille questions et déboucher sur de nouvelles pistes, et se tenir à son métier de plume. J’avance par ailleurs dans mes travaux sur la Révolution française, dont je remonte les années avec perplexité et courage. L’année 1792 ou celle de la « seconde révolution » a de quoi rendre un peu cinoque. Cet ensemble ne repose pas sur l’absence de source, ce qui est en cause, c’est son trop plein. Et comme par hasard, comment ont pu opéré les mécanismes de la censure pendant et surtout après cette invention délirante du mot « Thermidor », créé de toutes pièces par l’un des plus grands fripons et escroc de la Révolution française, en la personne de Fabre d’Eglantine. Il y a de quoi rester dans l’expectative. Quand on découvre cette relation presque clanique des camps politiques (déjà très nombreux et une grande particularité française). Qu’il est bon d’être à sa place d’observateur et de ne pas conclure trop vite, et de vérifier tant de détails et invraisemblances.

Ce qui ressemble peu ou prou à une réflexion à laquelle j’invite à se joindre  toutes celles et ceux qui ne rentrent pas dans les cases d’un système politique aux abois et qui veulent exercer au mieux leur devoir de Citoyen en exprimant autre chose que du marasme, mais de lancer une petite bouée d’espoir. Quand un professionnel de la politique parle de rêve, je préfère le laisser à ses projections. J’ai observé le phénomène avec un certain Charles Pasqua qui disait à peu près en substance « ils veulent du rêve je vais leur en faire » (il faut rouler un peu les R... pour se souvenir de sa guouaille), il s’adressait à la jeunesse dans les années 1990 et fit faire un clip télévisuel pour réponse. Faîtes donc un film et donnez leur du rêve et on fini par se retrouver place de la République dans des cases faussement citoyennes.

Le grenouillage et les m’as-tu vu-e donne à cette place quelques reliefs, celle d’une caserne invisible et au cul droit de la statue. En 1871, les gardes nationales parisiennes et à sa tête Antoine Brunel, s’emparaient de la caserne du Château d'Eau aux premières heures de la Commune de Paris, et c’est à eux que je conserverais mes sympathies. Pour le reste, c’est en l’état insignifiant et quand on découvre cette place remplie d’histoires, grandes et petites, depuis quelques jours, c’est une kermesse jumelée à un rassemblement de boy-scout. Tournant par nuit de pleine lune, en émeutes et au service de la répression policière ambiante. Un interminable tournis d’information ressemblant à un samedi soir arrosé sur le canal Saint-Martin avec ses détritus et sa cohorte d’éboueurs du petit matin ramassant les merdes du festin.

Pas de quoi marquer les imaginations et donner sens à ce haut lieu symbolique de notre histoire collective. Il est difficile de cacher l’aspect gadget et fourre-tout ou de comment récupérer ce qui devrait être une libération de la parole, mais pas au profit de néo-prophètes et archaïques staliniens chassant la philosophie de ses rangs. Je n’ose même pas user de ce vocable de Nuit, finalement blanche et qui produit du flux aux médias de communication, en attendant de laisser un reste mélancolique et sur le pavé les victimes de la guerre des quartiers voisins des 10, 18 et 19ème arrondissement notamment. Tirez-vous au sort s’il vous en plaît, la démocratie est malade, les remèdes à deux balles, c’est la bonne enseigne pour les vendeurs de rêve !

En attendant, je vous laisse découvrir une conférence avec Roland Gori en relation avec son ouvrage « La fabrique des imposteurs », et vous laisse à disposition une liste sur Youtube nommée « Capitalisme et Sciences humaines » (6 vidéos pour environ 7 à 8 heures de savoirs en ligne sur le sujet), avec une conférence sur le "Capitalisme paradoxant" par Vincent de Gaulejac, que j’avais déjà évoqué par ailleurs sur mon bloc-note.
A suivre… !

Billet de Lionel Mesnard, le 23 avril 2016

"L'imposteur est aujourd'hui dans nos sociétés comme un poisson dans l'eau : faire prévaloir la forme sur le fond, valoriser les moyens plutôt que les fins, se fier à l'apparence et à la réputation plutôt qu'au travail et à la probité, préférer l'audience au mérite, opter pour le pragmatisme avantageux plutôt que pour le courage de la vérité, choisir l'opportunisme de l'opinion plutôt que tenir bon sur les valeurs, pratiquer l'art de l'illusion plutôt que s'émanciper par la pensée critique, s'abandonner aux fausses sécurités des procédures plutôt que se risquer à l'amour et à la création. Voilà le milieu où prospère l'imposture ! Notre société de la norme, même travestie sous un hédonisme de masse et fardée de publicité tapageuse, fabrique des imposteurs. L'imposteur est un authentique martyr de notre environnement social, maître de l'opinion, éponge vivante des valeurs de son temps, fétichiste des modes et des formes.

L'imposteur vit à crédit, au crédit de l'Autre. Soeur siamoise du conformisme, l'imposture est parmi nous. Elle emprunte la froide logique des instruments de gestion et de procédure, les combines de papier et les escroqueries des algorithmes, les usurpations de crédits, les expertises mensongères et l'hypocrisie des bons sentiments. De cette civilisation du faux-semblant, notre démocratie de caméléons est malade, enfermée dans ses normes et propulsée dans l'enfer d'un monde qui tourne à vide. Seules l'ambition de la culture et l'audace de la liberté partagée nous permettraient de créer l'avenir." A travers cette conférence, organisée dans le cadre des conférences de l'Université permanente de l'Université de Nantes, Roland Gori revient sur les idées fortes de son dernier ouvrage "La Fabrique des imposteurs".

Source vidéo : Université de Nantes - 2014

La Fabrique des imposteurs par Roland Gori (1h40)




Un nouveau scandale Panaméen !


Le scandale ayant entouré la construction du canal de Panama à la fin du XIX° siècle et au début du XX° siècle avait connu en France quelques rebondissements et démêlés, dont l’affaire qui éclaboussa le monde financier et politique durant de longues années. Cette sombre affaire de corruption avait à l’époque favorisé la montée de l’extrême droite aux élections. Mais ceci n’est en fait que la partie visible et la plus connue, au plan international la domination étasunienne est en œuvre et ce raté gigantesque et financier se présente comme une aubaine  pour la puissance émergente. Elle signe aussi la fin des ambitions françaises en Amérique latine. Après le Mexique, le bruit des casseroles et l’absence de prise ou d’expansion coloniale locale, le panama ne put que provoquer auprès « des jeunes filles en fleurs » l’odeur d’un chapeau en osier.

L’état Panaméen qui était jusqu’à là un état fédéral au sein de la Colombie se détacha et pris son indépendance en 1903. Cette même année se solde par la vente de la société de construction aux Etats-Unis et la création d’un état qui servira de base militaire à la nouvelle puissance. Le raccordement entre l’Atlantique et le Pacifique s’achèvera dix ans plus tard et offrira une voie navigable sous contrôle et évitant le contournement par la route du sud ouvert par Magellan. Une entreprise économique et militaire déterminante dans l’expansion notamment de la Californie. Après la guerre et l’invasion de Cuba en 1898 et le Panama se dessine le nouvel ordre régional, beaucoup d’eau ont coulé depuis sous les ponts et s’il n’y avait eu l’incarcération du dictateur et trafiquant Noriega à la fin des années 1990, cet état plaque tournante du narcotrafic et du blanchiment d’argent ne semblait gêner peu de monde.  Vous me direz que l’influence panaméenne se limite, à l’idée que nous pouvons nous faire de «Paname»…

Blague à part, sauf si mon souvenir se ranime, n’aurions-nous pas signer un accord de libre-échange avec les pays d’Amérique Centrale, il n’y a pas si longtemps ? Le Panama mis à l’index un temps, au sein des listes noires des paradis fiscaux, se voit sorti sous Sarkozy comme par miracle blanchie… Et de nouveau ce minuscule pays, fait irruption sur la scène internationale, sachant que dans ce coin du monde, la concentration des refuges fiscaux ne se réduit pas à un état croupion, mais à plusieurs si l’on prend en compte les îles de la Caraïbe. Si toutes les listes sortaient de ces chambres du secret fiscal, la figure du monde politique en serait transformée à l’échelle planétaire. Mieux l’économie mondiale s’en porterait mieux et ainsi permettrait de lutter contre les sinistres propagés par l’économie souterraine, au bout de la chaîne, il est question d’humain vendu comme des produits et par pièce détachée si besoin est. Pour la France face à sa corruption, il n’y aurait plus de déficit des administrations publiques et nous pourrions combler une part de la dette mondiale et aider les pays à la dérive. De plus si nous voulons combattre le terrorisme à bon escient nous éviterions que les pouvoirs occultes prennent le dessus et usent de circuits divers et variés, dont la Russie n’est pas exempte et même la nation la plus enkystée par ce phénomène mafieux.

Les voix qui s’élèvent depuis plusieurs années sur le sujet, j’espère qu’elles trouveront l’occasion de se faire entendre. Des solutions pour lutter contre l’évasion fiscale et les mafias de cette planète sont plus qu’à l’ordre du jour et quand on parle d’exemplarité, il serait temps de passer à la vitesse supérieure, parce que chaque année l’économie souterraine grossie, à ce rythme, elle doit se situer entre 5 et 10% de l’économie monde et si rien ne vient déjouer cette logique, dans 20 ans l’Onu va devenir un repaire de brigands avec passeport diplomatique en poche. Le problème est colossal. Car si cela ne touchait que la sphère financière, c’est l’ensemble des sociétés humaines qui en vivent les souffrances et découvrant nos édiles corrompues (chez nous : Le clan Le Pen et Balkany, Michel Platini et Cahuzac). Le trafic ne se résume pas à la seule drogue, mais ouvre une dimension du problème, et à un mouvement de fond sordide. Le nombre de morts au Mexique atteint des sommets ces dernières années, reprenant les manettes du narcotrafic colombien d’hier (des années 1980 et 1990). Ce grand pays n’est plus que l’ombre de lui-même, la Colombie toujours cahotante pour trouver la paix. Et si j’ai pu me moquer du « Panama », c’est en ce qu’il peut renvoyer à notre imaginaire, mais la situation sociale et le vécu de la population panaméenne la plus pauvre n’est pas à envier et l’objet de l’intérêt de peu de monde.

Je vous renvoie à ce que j’ai pu écrire sur le sujet des Mafias dans le Monde en 2012, (La Criminalité Transnationale Organisée ? Un danger à venir !) ou sinon je vous conseille de suivre le travail exemplaire de Fabrice Rizzoli sur la question des alternatives sociales et politiques, pour des luttes efficaces et citoyennes contre les mafias. Fabrice Rizzoli est enseignant chercheur, militant et lanceur d’alerte et  d’idées, il dispose d’un nouveau site d’information à consulter absolument  : Crim'HALT !

Le dernier livre de Fabrice Rizzoli est disponible à la Libreria à Paris


Billet de Lionel Mesnard, le 6 avril 2016



Rome : Mafia Capitale - France 5 - Novembre 2015

Autogestion et émancipation :
 
un même combat  face
à la gauche des fossiles !
« Le patriotisme est une religion, il est fâché avec la lucidité. C’est de l’obscurantisme pur, un acte de foi » George Bernard Shaw

Depuis l’enfance, j’ai perdu le goût des soldats de plomb, rien n’est plus sinistre qu’un champ de bataille et se prendre au jeu me laisse perplexe. La nature de la guerre et de sa fascination auprès des jeunes garçons et pas seulement, avec l’âge aidant, cet attribut de virilité a quelque chose de pathétique. Je ne dis pas qu’il ne faut pas raconter l’horreur, la monstruosité qui se dégage depuis toujours, mais narrer l’histoire au fil des batailles, c’est au final parler de pillages, de viols, de villes incendiées et détruites, et toujours aux premières loges les populations civiles massacrées ou mises en coupe réglée.

Il faudra attendre la bataille de Solférino (sous Napoléon le petit) pour que soit envisagé un début de droit international des conflits territoriaux, visant à ce qu’il soit respecté certaines règles. C’est ainsi que naquit le Comité international, il y a un peu plus de cent cinquante ans. Tout le chemin parcouru depuis n’a pas vraiment mis fin aux processus guerriers et dans le cas des crimes de guerre, c’est toujours bien après que sont condamnées les coupables et encore s’ils sont arrêtés, nombres de tortionnaires sont déjà morts ou mourront tranquillement au fond de leur lit. La prévention des risques guerriers et le déploiement d’une diplomatie au service de la paix, hors de l’ONU, et des pays scandinaves, cela représente un grand vide et une forme d’impuissance consternante.

La France à son sommet est à un niveau d’hypocrisie jamais atteint, et si notre commerce extérieur fait de timides progrès, le pays dit des droits de l’Homme et du Citoyen est surtout un bon exportateur de conflits et un vendeur d’arme, par nature peu scrupuleux de la vie humaine. Le profit et l’accumulation, les seules valeurs observables, la famille Dassault chantre du capitalisme national et d’état, fait figure des intérêts meurtriers et trébuchant de notre bonne bourgeoisie locale. Dans le même profile, l’aspiration du petit-bourgeois à devenir grand, mais ne touchons pas aux icônes, ou ce qu’est le produit de la classe dite moyenne ! Ils veulent du PIB, qu’on leur donne un peu plus de brioche, pourrait s’exclamer le monarque « François ».

Ecrire une telle évidence n’aidera pas cependant à réfléchir, et sur un point programmatique tabou, que faire de notre industrie d’armement ? les sommes déversées dans ce puit sans fond de l’économie de la mort est un pur scandale. L’utilisation des fonds publics être revue et utiliser au service de l’économie du vivant. S’il y a la raison d’un désaccord à soulever avec les productivistes de toute nature, c’est entre autres, la concentration des crédits de recherche au profit de l’armée et de nos multinationales du crime légal. La recherche en terme quantitatif se porte bien à la condition d’être avant tout grâce aux apports de la manne militaire ou pour du consommable à durée de vie limitée, ou l’objet justement a perdu toute forme de valeur et le sens du temps ou des cycles. Mais comment ré-humaniser des sociétés minés par x. facteurs de violence, telle est la question ?

Certes la défense nationale est un sujet conséquent, mais depuis la Libye, il faudrait parler du ministère de la guerre. Le très transparent Le Driant peut vendre sans complexe à des régimes déjà surarmés, grattant deux sous de cette croissance, qui nous plongera, quoi qu’on veuille dans l’abyme et la disparition de l’humanité. Combien de CO2 pour un théâtre de guerre ? et c’est aussi la nature de notre diplomatie qui fige pour beaucoup ce qui demande principalement et à moindre coût humain de se battre pour la paix.

Tout le monde aura compris, sauf ceux ne voulant pas comprendre, que la question des réfugiés va poser dans les années à venir la question de flux de population important, cette fois-ci en Europe, tant l’onde de choc guerrier résonne dans des régions meurtries. Néanmoins pas de quoi faire exploser ou faire fantasmer le Lepéniste de base ou le réac de service, avec 420 millions d’habitants, l’Union plutôt vieillissante peut absorber ces migrations forcées sans succomber au délire de l’invasion étrangère.

De plus, les règles de droits sont précises et le droit d’asile un vieux fondement oublié, et cette volonté de tout confondre et faire peur n’est pas une nouveauté, c’est toute la panoplie des nationaux populistes et fascistes continentaux. Une sorte de plaisir à jouir des malheurs des autres. La part humaine est niée, subjectivé dans les égoïsmes. Notre menace interne n’est pas sous le masque de malheureux rejoignant l’Europe au péril de leur vie, mais de ces vieux démons de l’idéologie fascisante qui avait poussé à la déflagration, il y a trois ou quatre générations seulement d’écart.

La réalité est que depuis plusieurs décennies, tant que cela n’avait pas d’incidence sur le continent, le problème restait lointain mais pourtant bien réel. Afghanistan, Colombie, Congo, Rwanda, Palestine, Soudan, … sont venus s’ajouter la corne est de l’Afrique, la Syrie et l’Irak, et cela se chiffre en millions de personnes réfugiées à l’intérieur ou à l’extérieur des pays concernés. Pourtant ce déséquilibre représente en l’état surtout des difficultés pour des pays bien moins riches et plus accueillants par la force des choses : Tunisie, Jordanie, Liban, …, ou, pas aussi puissants économiquement que la France et l’Allemagne. Deux nations qui affichent, d’une part un cynisme bien hexagonal et d’autre part une fausse volonté de se rendre charitable outre-Rhin, alors que le calcul est le calcul est double.

Un faire oublier l’image calamiteuse du gouvernement de Madame Merkel et récupérer une main-d’oeuvre instruite et qualifiée. Sur le nombre, beaucoup resteront. Comme il en a toujours été. Le reste, la générosité ou la compassion du SPD ou de CSU-CDU à l’encontre des pays du sud européen n’a pas pour autant changé. Des politiques économiques cause d’une vague migratoire de plus d’un million et demi de jeunes ces dernières années, soit à peu près le double de réfugiés à accueillir en 2015. Ces familles fuyant  la guerre représentant entre 0,2 et 0,3 % de la population des pays membres et siégeant au Parlement de Bruxelles ou à Strasbourg. « Peanuts » dit-on en anglais, alors que l’enracinement ici des populations les plus fragiles dans la misère est loin d’être secondaire et notre perspective d’avenir à l’échelle mondiale.

Autogestion et écologie politique des origines communes

Une enquête récente du Crédoc montre une meilleure attention  dans l’opinion des questions altères,
depuis le 11 janvier 2015. Les sondages les plus récents sur l’accueil des réfugiés marque ainsi une coupure très nette entre la gauche et la droite. Sauf à noter le gouvernement français fait une politique de centre de droit sur le plan économique et social, la Suède bien moins peuplée fait plus en ce domaine que nos cyniques et sans en faire une publicité tapageuse sur le thème du patriotisme. Sur le terrain des conflits François Hollande là aussi à capituler, du moins comme boute feu, il répare tout prolongeant les conneries de son prédécesseur, le « rêve français » est surtout une perspective cauchemardesque vue sous cet angle. De toute façon le rêve en politique, c’est pour les innocents, vouloir jouer sur l’émotion et faire croire au bonheur commun : une arnaque intellectuelle.

Tout cela n’est que spectacle, et les plus généreux, les ONG le savent, ce sont les moins riches qui donnent le plus, comme quoi la solidarité de classe et de coeur a encore quelques beaux jours devant elle. Car il n’a rien à attendre de ce jeu de marionnette et de bourgeois en goguette qui n’ont que pour but de conserver leurs strapontins. Car la question fut comment recycler ces élus et leurs attachés pieds et poings liés, ce qui a été le centre de gravité des élections régionales passées, et au titre des divisions à fournir, comment recaser les petits copains fut bien plus urgent, sembla-t-il.

Je comprends, qu’il soit de plus en difficile à certaines organisations de gauche, si ce n’est toute ou presque, de pouvoir encore incarner un tournant social. Défenseurs acharnés de la propriété privée depuis 1789, de Brissot ou Pétion en passant par Danton et même Robespierre, la Révolution française a surtout consacré l’avènement d’une nouvelle classe dominante, toute construite sur un mythe républicain.

Oui, seul un rapport de force peut soit inverser le cours des choses, soit en limiter le casse. Mais pourquoi portez des coups aux dominants, s’il s’agit de les remplacer par de nouveaux ou leurs laquais ? Les assemblées soit disants populaires se tenant dans les microcosmes régionaux servent à canaliser la parole et chaque groupe en concurrence sont surtout à l’image des déserts militants et des appareils très scrupuleux de leurs intérêts. La gauche a tout d’une ruine en France, et ce constat critique ne fait pas sauter de joie.

Il est difficile de combattre le misérabilisme de pantins désarticulés, qui plus sans structures ou colonnes vertébrales. La pensée dominante à gauche pourrait se réduire à un grand ensemble «rad-soc». Mais rien de socialiste et pas vraiment radicaux, sauf dans les fausses intentions. Ils ne prennent jamais de coups, les vrais ceux du quotidien, c’est pour le « crétin » syndicaliste. Celui viré au premier remaniement des effectifs. L’élu tout protégé dans sa ouate et ses groupies à la clef, conforté dans leur petite parano, eux peuvent avoir le temps de rêver ou de délirer… Et ils ne s’en privent pas.

A ce rythme, le communisme ce sera dans « 4000 ans »… Comme le présumait, le journaliste et écrivain Jack London, ou pour dans « 10.000 ans », pour les poètes et Léo Ferré. S’il existe un domaine ou rien n’est laissé au hasard, le monde politique tel qu’il se joue sous nos yeux, rempli par avance le vide.  De quoi faire croire à d’honnêtes gens, que des notables vont pourvoir à l’intérêt général. C’est comme croire à l’humanisme patronal !

En quelques mots messieurs les professionnels politiques, oubliez votre faconde sur l’intérêt public ou sur le bonheur, ou arrêtez de parler de vous. Quand il n’y a plus rien à dire, c’est alors que l’on ressort la breloque des valeurs. Mais le colbertisme pour horizon indépassable et de sa classe dominante, le sujet n’a guère varié. Pire, les conceptions sur la civilisation, de tous les obscurantistes y vont de leur couplet, c’est effrayant. Le mouvement pourrait s’inverser, à la condition, non pas de mettre à bas un système pourri jusqu’à la moelle. Il va s’effondrer de lui-même, ou tourner en dictature. Il faut le contourner d’urgence par des actions citoyennes, se libérant des carcans bureaucratiques. Si de mémoire, « je me souviens », on l’appelait cela l’autogestion. Une idée toute aussi récente que l’écologie politique, et permettant à des collectifs d’intervenir sur la donne et d’agir au quotidien. Tout l’outillage idéologique et intellectuel est à revoir, c’est le seul moyen de redonner des perspectives sur le long terme.

Si les citoyens disposaient de leurs propres banques de dépôts, centrales d’achats, assurances, sources d’énergies, productions agricoles, écoles autogérées, etc… c’est-à-dire décidaient d’agir sur le terrain économique sont des routes à ne pas négliger. Qu’en plus on utilise à bon escient les progrès technologiques en aidant à des projets multiples, nous avons de quoi encore inverser le cours des choses et peser. Le savoir, les connaissances sont là à notre disposition. Il est possible de faire un grand saut qualitatif, permettant de sortir du consumérisme, du moteur à explosion. Tout simplement vivre, et tenir une seule promesse : s’émanciper ! Devenir citoyen à part égal.

Le problème de ce siècle n’est pas de savoir si tout régresse, mais de comment avancer dans cette jungle. Quand sur des échelles limitées géographiquement se formeront des groupes ou collectivités indépendantes des circuits énergétiques nationaux et transnationaux, que les produits du quotidien seront fait sur des circuits courts, on pourra parler d’un début de révolution et du retour du progrès et de sa modernité. Mais il est impossible au rythme où nous allons de manger x. fois les richesses des sols ? Qui plus est au profit de 1% de très, très gros bourgeois omnipotents, et décidant au sein des conseils d’administration du licenciement de milliers de travailleurs, par pure perte pour leurs profits ou caprices.

Nous sommes dans une période de destruction, les premiers à l’oeuvre sont dans le cloaque des appareils groupusculaires et non représentatifs des Français : les partis (moins de 0,5 de la population dont les deux tiers à droite et plus). On ne bâtit pas sur du sable ou sur une falaise qui va s’écrouler. Le vrai poumon démocratique se trouve dans les associations ou entreprises collectives désintéressées et en faveur du plus grand nombre. Dans l’économie solidaire et sociale, il y a de quoi faire et répondre à de vrais besoins sociaux et économiques. Et quitte à inverser le rapport de force, il faudrait commencer par redistribuer les cartes du pouvoir, et les citoyens exercer leur rôle de contrôle. Plutôt que de croire que l’on peut jouer aussi à la roulette des élections en désignant des obscures - et en défendant des thèses ou dans les pas de l’ancien de la SFIO JP Chevènement, l’homme qui pleura pour l’Indochine coloniale perdue. Comme le disait De Gaulle : « la vieillesse est un naufrage », surtout en politique et chez les bourgeois ! Vous devez connaître la chanson de Jacques Brel, le refrain n’a pas changé, non plus.

Entre le monde d’hier et de demain...

Nous sommes dans un entre deux et dans une situation qui n’a pas d’équivalent sur le plan historique. L’accélération des moyens de communication et d’échange, une population mondiale de plus 7 milliards de femmes et d’hommes, les progrès scientifiques que l’on peut escompter dans les années à venir sont plutôt des indices positifs. A contrario l’épuisement des sols et destructions des niches environnementales, le réchauffement climatique, les conflits guerriers, les conditions sanitaires et sociales de plus d’un milliard d’êtres vivants augurent de scénarios périlleux.

La question n’est pas de faire balance et de trouver l’équilibre, mais de revoir nos modes de vie et consommations, de s’attaquer à des mécanismes économiques suicidaires mettant gravement en péril notre futur. Quoi que nous voulions la planète terre est limitée à ce grand organisme de vie. Si nous ne lui permettons pas de connaître des cycles normaux, les catastrophes naturelles vont aller crescendo, et l’adaptation humaine devenir une mission impossible. Alors que les potentialités dont nous disposons pourraient répondre à une plus juste répartition des richesses et à améliorer les conditions d’existence. C’est le contraire qui se produit. Les adaptations à entreprendre sont non seulement possibles, plus que souhaitables, et plus elles tarderont plus le choc, qui n’a rien à voir avec une question de civilisation, sera puissant.

Une révolution ? qui sait… pour accélérer le mouvement. Mais pas dans l’idée de renverser un régime, la prise de pouvoir politique a de grandes chances d’être une impasse, sauf à reproduire le même modèle concurrentiel, ou servir le plat de nouveau à nos bourgeois repus. Agissons pour une révolution douce, murmurant un nouvel horizon avec pour objet de dépasser les égoïsmes nationaux, ou la question de l’émancipation devient centrale, passant par une autonomie de cette logique folle visant à produire de la richesse fictive ou inadéquate aux besoins des Hommes. Oui, quelque chose doit changer dans notre manière d’appréhender les enjeux. Ce que font beaucoup de personnes conscientes.  Entre autres comment ne pas consommer plus, gagner plus, produire plus, etc… mais de vivre mieux ou autrement et au profit de tous !

Le grand monopoly boursier et bancaire ne s’appui pas sur des critères de richesses clairs et précis. Cette mécanique agie au seul service d’une accumulation fictive, la monétisation de l’entreprise. Pas en ce qu’elle produit ou crée comme richesses, mais dégage comme rentabilité. L’humain dans cette terreur économique sert de variante d’ajustement. L’on sait ou nous a mené cette course au profit en 2008, il s’en faudrait de peu pour que cela explose de nouveau. Quand on sait par ailleurs, ce que provoque l’intervention humaine sur certaines couches naturelles, à l’exemple des espaces miniers. Il est difficile de faire face à certaines croyances d’un monde sans fin, et certains équilibres s’en trouvent en péril et en commençant par la diversité biologique. Et pour protéger toute la chaîne du vivant, incluant les êtres humains, il faut transformer nos modes de vie.

Une adaptation qui sera déterminante et qui ne peut se limiter aux objectifs timorés actuels. L’enjeu n’est pas que la consommation de produits carbonés, mais d’une révolution touchant à tous les aspects de la vie quotidienne, et en fonction des besoins essentiels, ou ce que l’on nomme les questions sanitaires et sociales. Ce que tout être vivant a droit comme dignité et de possibilités offertes à son épanouissement et à son développement. Des enjeux à la fois collectifs et individuels. : quantitatifs et qualitatifs.

La « révolution du grand soir », face à des enjeux de survie est à la limite du désespoir. Néanmoins une révolution des esprits, du sens critique ne ferait pas de mal. Cela demande quelques conditions. La première pourrait consister à rompre avec l’aspect très artificiel des formations politiques comme réponse collective, soit à peine 0,5% de la population ! c’est en l’état la proportion de tous les partis confondus en France en adhérents, quand ce ne sont pas que des microcosmes d’élus et de collaborateurs. Des structures vides ou vieillissantes, non représentatives et fonctionnant en circuit fermé : des fonds de commerce.

Notre démocratie ne va pas bien, toute émergence d’un pôle de radicalité à gauche dans les mains de ce qui était hier déjà usé à la corde par la compétition des nombrils va se renforcer. L’addition de personnalités, les stratégies à deux sous pour des sièges de notables souvent incultes, ou ne sachant rien de leur propre mandature. Cela est effrayant, mais la réalité courante. Fautes de courants d’idées, de cohérence, l’unité est de façade. Les intérêts convergents ne font pas un programme pour l’avenir. Du Front de gauche au Ps, l’affichage non pas du dernier, mais des derniers mohicans de la gauche, fait peine à voir.

Si j’emploie le terme radical, ce n’est pas dans l’idée d’un affect, simplement la prise en considération d’une situation globale ou générale, universelle. La radicalité, pour la radicalité n’explique en rien pourquoi, les temps sont radicaux et favorisent le repli sur soi ici en France ou en Europe, et désespoir dans la multiplicité des guerres. Un ensemble de contradictions, qu’il ne faut surtout pas chercher à comprendre !… Se remettre en cause à ce stade de décomposition n’y suffit plus, et vivre pour un bulletin de vote a du mal à entrer en considération comme un impératif. Plus inquiétant, les thèses nationales populistes ou néo fascistes et leur part d’infiltration dans des petites organisations fait un peu froid dans le dos. Cette exigence démocratique n’a pas de fil conducteur sans citoyens informés et formés à une autre pratique du politique, à son contenant notamment. Alors faute de contenu fuyons ces logiques en circuit fermé.

La crise du politique dans une période de mutation, ou trop d’inconnu se dresse, c’est la porte ouverte, à un grand n’importe quoi. L’exemple le plus flagrant est la dérive de Jean-Pierre Chevènement. Je parle de sa lune de miel avec la droite la plus conservatrice ou proche du commerce familial Lepéniste. Ce ne sont pas ses grandes qualités intellectuelles qui sont à prendre en défaut, mais ce qu’il représente aujourd’hui. Sa défense de la République s’est transformée en une bouillie souverainiste, et s’il n’était que le seul à mettre son nez dans ce fumier nationaliste, la course-poursuite à l’électorat lepéniste, ne peut que conforter les boutiquiers du FN.

Rien ne remplacera les militants ouvriers, qui dans les quartiers et quelques soient leurs appartenances faisaient du lien social. Ils ont disparu depuis longtemps. Le monde associatif a pris ce relais et la gauche est absente, ou le plus souvent tellement dilué dans la masse, que son existence se limite à la question électorale. Certes il faut des élus, des assemblées, mais pourquoi faire ?

La région Ile de France avec près de 12 millions d’habitants est une des régions les plus fortes sur le plan économique en Europe et aussi une région ou les inégalités sociales d’un département à un autre sont considérables et pas vraiment récentes. La séparation est-ouest entre riches et pauvres n’est pas le fruit d’un constat pondu dans la précipitation. Rien n’a changé depuis des lustres et cet équilibre dans la mixité sociale tant rabattu n’existe pas dans les faits. La métropole est un machin de plus dans une construction administrative échappant à la majorité des citoyens.

La réalité sociale au plus court :


- l’enracinement progressif dans la misère des personnes non diplômées, et le nombre toujours grandissant des foyers monoparentaux ;

- les jeunes diplômés eux-mêmes soumis à un dumping social et trop souvent loin de leur formation initiale avant d’accéder à un emploi stable ;

- les plus de quarante ou cinquante ans bien gentiment mis au congélateur en attendant un changement de la courbe du chômage.

Trois exemples parmi d’autres qui donnent un aperçu, de ce que ne peuvent prendre en considération les appareils politiques, le déclassement social. Et la coupure est fondamentalement économique, et sur le plan social, c’est encore plus flagrant. De plus notre système élitaire, qui plus est scolaire n’est pas seulement en crise, il est hors sujet. A confondre transmissions de connaissance et recherche d’emploi, le crétinisme de la valeur travail et du mérite est sans rapport avec le réel.

Les gamins de nos jours en savent beaucoup plus, que les autres générations à âge équivalent. Face à cette précarisation généralisée, à ce qui ressemble aussi à des préoccupations induisant une perte de repère, comme l’appartenance à un groupe social. Dans ce qui n’est plus qu’une affirmation individuelle, comment regagner l’espace public perdu. La gauche représentait une promesse d’avenir. Le vide idéologique qui s’apparente à une absence de recours collectif fait peser une menace sérieuse aux équilibres collectifs. Je ne crois pas qu’à force de répéter le mot « peuple » nous puissions en attendre en retour un entendement. Une notion importante, mais elle est si floue et trompeuse, et au caprice de trop d’interprétation et de projections absurdes.

Cette vision spartiate, pour un habitant d’Athènes, citoyen prêt à avaler la ciguë, si nécessaire pour défendre ses idées, ne passe pas. Si l’objet ne vise pas à revoir les classiques, à leur donner une relation plus contemporaine, à sortir du petit doigt sur la couture, du chef sacrificiel menant au combat ses troupes. Quand les citoyens comprendront qu’ils ne sont pas des petits soldats de plomb, mais en droit de tourner dos à cet ordre des choses, le reste s’effondrera de lui-même. Peut-être que l’abstention revendiquée ou le vote blanc est la claque à donner, le refus des institutions doit prendre une autre tournure, et tant que cet impératif démocratique ne sera pas revu et corrigé par une volonté populaire affirmée : nous nagerons de scrutin en scrutin à savoir qui sera le prochain président de la république bananière de France et de ses baronnies provinciales.

De la citoyenneté passive à une citoyenneté active ?


Comment faire encore référence aux élections régionales passées de décembre, qui se rappelle du contenu des programmes d’une gauche éclatée et surtout dans l’incapacité de s’unir ? Donc en l’état, si ce n’est pas encore la nuit des longs couteaux, c’est la rentrée des opinels et la victoire assurée du couteau suisse ! Il existe parfois des parachutages surprenants et surtout des élus sans base sociale. Des hors sols traversant le pays d’est en ouest pour un mandat. Apothéose de l’apparatchik triomphant et passant entre les gouttes et d’un mandat à un autre, comme d’autres collectent les jetons et présence aux seins des conseils d’administration. Si, si, cela existe dans la « gogôche » et ce genre d’individu explique en général aux gogos militants que tout cela est bénévole ! Rien ne remplace le vécu…

Comme il a existé un vote censitaire avec des citoyens passifs et actifs, c’est-à-dire pour ces derniers pouvant être élus, s’ils disposaient de biens ou payaient l’impôt, ils pouvaient être membre d’une assemblée communale, départementale et nationale. Son prolongement démocratique a donné son universalité, sur la base d’une égalité entre tous les membres du corps social, bien que très tardivement pour les femmes. Le rôle d’un élu, et sans à avoir à sortir la référence aux valeurs, son objectif est de faire loi. A voir tant de philosophes de comptoir, le mot valeur a un double sens, et il n’est difficile de ne pas voir des inconscients causés. Tant le terme est ambigu et propice au sourire. La justice sociale ne répond pas de la morale ambiante, mais du droit en exercice.

Sans le droit ou l’organisation des lois, un élu ne sert à rien. Il peut débiter tous les chapelets de la bonne tenue morale de la société, c’est l’édifice légal qui importe, et auquel, que nous le voulions ou pas, nous sommes soumis par respect des règles collectives. Et ce n’est pas une question de bien ou de mal, mais de justice et de lois. Et, si nous nous trouvons ou pas en accord avec son fonctionnement, il existe toujours la possibilité de faire évoluer le cadre légal. Cette condition, consistant à faire loi ou changer tel aspect de notre organisation sociale ou économique, est le travail des représentants ou mandataires. C’était, il y a encore quelque temps au sein des partis que naissaient les programmes, mais à ce niveau de représentation, et d’impuissance, à qui s’en remettre ?

Faut-il rappeler que « nul n’est censé ignoré la loi », même le plus grand juriste ne peut connaître plus de 80.000 lois et décrets. C’est sur cette base et matière, que fonctionne et s’organise la société française, plus x. traités et accords internationaux. A ce niveau de complexité, l’application même d’une loi simple demande du temps et notre système actuel a plutôt tendance à accumuler des dispositifs pas toujours efficaces. Où la maîtrise des dépenses publiques est très relative. Ce qui devrait être primordial, les dépenses et recettes sont pour la plupart des données incompréhensibles pour le commun des mortels. Le suivi de certaines dépenses du ressort du doigt lever en l’air pour pouvoir les estimer.

Au mieux collectivités et l’Etat aiment à faire des camemberts. Mais si vous vous voulez comprendre la comptabilité publique, il vous faudra saisir un jargon fort peu alléchant : «Différentes comptabilités sont applicables au secteur public local selon le type de collectivités (communes, départements, régions) et selon la nature de l'activité exercée  (service public administratif ou service public à caractère industriel et commercial). Ces différents types de comptabilités se déclinent par des instructions comptables : M14 pour les communes, M52 pour les départements, M71 pour les régions, M4 pour les services à caractère industriel et commercial, (…) etc. » (Gouv.fr)

L’objet n’est pas dire qu’il faille se passer de la complexité, mais quand cela échappe quasiment à tous, et même aux élus. Il existe comme une grosse faille dans notre système démocratique. Ou bien dans ce cas, se pose une limite à l’exercice citoyen, s’il se voit réduit à une sphère de spécialiste. L’exercice du politique se traduisant par des réformes et des lois, l’élu remis à son seul jugement, n’est en fait que le mandataire de son opinion. En l’état, se tenir au mandat que vous a donné l’électeur tient surtout en l’application d’un programme… et il n’est pas appliqué, car il n’existe pas, nous sommes face à des gestionnaires et des politiques de troisième zone.

Où se trouve la démagogie, est peu le nœud du problème, si les citoyens n’ont ni contrôle de l’exercice public et encore moins sur l’argent de la collectivité - à part aller voter pour la tête de truc ou de machine - et se fier à sa mine, cela ne peut suffire ! Surtout créant un décalage, une incompréhension des rôles ou fonctions, la participation fait office d’un bel enrobage quand l’objet est de rendre aux citoyens le pouvoir ! Le monde politique à ses règles et la nature des concurrences mises en jeu ne laisse pas de place au hasard, sauf aux gogos croyant à la loterie électorale (ou tirage aux sorts des élus).

Il paraît que l’on murmure à la jeunesse,
je vous laisse et vous conseille cette entrevue ci-après vivifiante et d’à propos avec Me Taubira. A noter qu’il serait temps de renvoyer certains journalistes ou animateurs sur les bancs de l’école. J’avoue que le piège de savoir si la chanson « ça ira, ça ira les aristocrates à la lanterne » a été prononcé en 1789 ou 1791 est une faute impardonnable, après un cours magistral de philosophie politique, il fallait trouver la faille et Monsieur Moi je sais ou presque peut retourner à ses fictions… ses sources politiques valent peau de lapin et digne d’une série enfantine parlant de ces terribles rongeurs pris au piège de la crétinerie télévisuelle. 
A bon entendeur salut !
Lionel Mesnard, le 9 février 2016


Le racisme en Corse :
c’est de la faute de Bourdieu !
Non ce n’est pas la fête du bon dieu, mais celle de Pierre Bourdieu dans un article du Figaro, Vox signé par un possible descendant de la famille Paoli. Quitte à tirer sur quelqu’un autant choisir et faire parler un mort. Ce qui se passe en France est d’une gravité certaine, mais difficile d’ouvrir les yeux sur une réalité entretenue, par les mêmes, qui la dénonce. Au pays des paradoxes, la chasse aux Corses est aussi ouverte, autant voir la poutre dans les yeux des insulaires quand les bonapartistes et néo-jacobins s’agitent à Paris. Que le racisme soit existant en Corse n’est pas une grande nouvelle et comme partout il est condamnable. Sauf que dans l’hexagone, l’on est moins soucieux des attaques contres les lieux de cultes musulmans. Et concernant ce qui a pu se passer à Ajaccio, ce micro événement a été fortement exploité dans une période creuse sur le plan de l’information.

Découvrir au départ de ce qui va finir en un beau bain de haine, démarrer sur les antennes de BFM-TV, devrait poser question sur un fait volontairement grossi de l’actualité. Le temps manquant pour des recherches appropriées, je me demande pourquoi tant de moyens médiatiques déployés pour ce qui est banalisé sur le continent ? Le racisme ordinaire continental n’étant pas prononcé en langue Corse, il en serait presque moins délictueux ? Quelle grande farce et de très mauvais goût, parce que le déchaînement sur l’île de Beauté devrait donner à réfléchir sur notre système politique hyper centralisé. Je ne reviendrai pas sur le problème démocratique, nous sommes en plein dedans, que des nationalistes et régionalistes se trouvent à la tête d’une région périphérique n’est pas un étonnement et n’est pas choquant. C’est un état de fait et un choix démocratique.

C’est justement l’angle astucieux pris par François Paoli en faisant un léger parallèle avec les Antilles, où il oublie de citer la région Martinique administrée par des régionalistes. « En Corse, comme aux Antilles, c'est la même idéologie du ressentiment historique qui prédomine, une idéologie que la gauche et notamment les Verts a contribué à développer. Les nationalistes corses n'ont pas besoin d'avoir lu Pierre Bourdieu, ils font du Bourdieu sans le savoir, comme Mr Jourdain faisait de la prose. Ils sont parvenus à convaincre la jeunesse insulaire que la Corse est un pays opprimé par un Etat jacobin à la fois méprisant et impuissant. » Le terme de « ressentiment » n’est peut-être le bon mot ? Pour ce qui est de l’idéologie, je ne sais qui est Monsieur Jourdain dans cette affaire ? L’idéologie bourgeoise et républicaine criant à l’unité contre la guerre à l’islamisme est un propos sans fondement politique, semble-t-il. De toute façon « c’est de bonne guerre », la contradiction est trop belle.

Donc et si l’on se penche sur l’Histoire, ou sur des faits sociologiques. Oui, il y a de quoi s’interroger ? Le seul avantage sur ce débat furtif sur la Corse, j’en sais maintenant un peu plus sur qui est Pasquale Paoli et son rôle dans l’histoire de la France révolutionnaire. Et nous ne sommes pas si loin des accusations portées, par Philippe Buonarroti devant la Convention en 1793 contre Paoli fils. Comme quoi l’histoire peut se révéler cocasse, et d’à propos, mais de là y voir un rejet ou un ressentiment, c’est inepte. Le problème ne se pose pas en ces termes. N’étant pas au demeurant jacobin, c’est la partie fédéraliste, girondine qui devrait poser question ! Paoli fils était un girondin. Son père, Hyacinthe Paoli resta jusqu’à ses derniers jours un nationaliste corse et le fer de lance de la lutte contre les Génois avant que l’île soit vendue à Louis XV et mise sous séquestre.

L’arrivée des militaires français se solda par une guerre qui laissa sur le tapis quelques milliers de morts dans le camp indépendantiste. Comme, nous ne somme plus à un paradoxe près, c’est dans ce même terreau nationaliste, que Filippo Buonarroti puisera les éléments de sa radicalité, et de ce qui est constitutif de l’après Robespierre.  De là à poser la question d’un rejet, faut-il pouvoir lire clairement notre histoire sans oublier de poser la question de nos relations quelque peu brutale et paternaliste avec cette île souffrant d’autonomie et ne demandant qu’à exprimer ses particularités, qui ont seulement 10.000 ans d’âge.

Il existe bel et bien, une histoire Corse distincte de la France jusqu’à la naissance d’un certain Buonaparte, qui sous la révolution se révélera un jeune officier jacobin et un « cannonneur » de première sur les foules.

Le sieur Buonaparte a bien connu la famille Poali et Buonarroti aussi, il en est devenu le précurseur du socialisme en France et un des tenants de la lutte contre le dictateur et criminel de guerre Napoléon 1er. Avant de revenir plus spécifiquement sur le personnage de Buonarroti, interrogeons-nous surtout sur les liens tissés et les réalités sociales et économiques actuelles de cet ancien département, à l’origine unique. Puis, plus tardivement dédoublé : sud et nord. Quand on découvre que la pauvreté y est très forte et place l’île, bonne dernière du classement. Il y de quoi se poser la question de son développement et non de son assistance, car oui, il n’y a aucun doute cette terre comme les autres font parties intégrantes de la République, mais les âmes peuvent y échapper... D’autre part, la violence si légendaire des Corses, peut aussi apporter ses surprises, si les homicides y sont forts et trop nombreux, d’autres types d’actes criminels sont moins prégnants, comme le vol.

Je n’ai pas à me positionner sur les positions de Monsieur Talamoni. Mais je n’ai pas entendu dans ses propos de quoi craindre une séparation rapide, ou sans préalable. La préférence corse ou nationale, c’est pas ma soupe et je la condamne.  Seulement et à titre d’exemples simples pourquoi un statut particulier des fonctionnaires « expatriés » aux Antilles avec 40% d’indemnités et une telle concentration de gendarmes et militaires au mètre carré en Corse ? sans chercher à savoir d’où ils viennent. Ce sont ces incohérences étatiques, et points de chute militaires qui devraient soulever question. Que Guy Talamoni veuille l’indépendance et aller au-devant des instances européennes, il s’agit d’une opinion et son combat. Cela n’a rien de condamnable. Sinon, la région Corse n’a pas dérogé à l’éthique, en désapprouvant les propos racistes ou provocateurs de ces derniers jours. Que l’on ai pu dire un discours en langue corse, ne me gêne guère, et même cette langue latine ne m’est pas étrangère.

On est arrivé avec un fétu de paille, à poser une dimension délirante et ce qui peut ressembler à un racisme anti Corse, ou pour faire dans l’air du temps de la « corsophobie ». La recherche d’un bouc émissaire plus exactement serait plus appropriée, pour définir le phénomène, au lieu de débattre sereinement de ce qui fait lien entre les deux rives, l’embourbement est total. Pauvre Boudieu, c’est sa gloire et ce qu’il pouvait craindre, j’y ai appris qu’il existait à gauche un inconscient collectif, je croyais simplement à une gauche critique et capable de faire le tri de l’info poubelle et de l’information qui a un peu de sens. Drôles de hasards qui ces derniers temps s’entrechoquent et rebondissent. Comment parler de Bourdieu sans le citer et dénigrer ceux, qui ne lèvent pas la main tendue à la première propagande venue. Votre unité de façade est un masque et qui n’a que pour but la conservation d’une République monarchiste avec ses serviteurs et notables zélés à la protection de leurs petits intérêts. Le collectif n’a plus de prise, parce que l’on a abandonné l’idéologie pour le veau d’or de la consommation et que le fait de penser et contredire est devenu un gros mot (écouter à ce sujet l’intervention de Dupond Moretti récente).

Quelle occasion de répondre à Monsieur Paoli, écrivain, qu’il n’a rien à craindre, que je lui souhaite de vendre son livre à des lecteurs de gauche masochistes, je l’aurais oublié d’ici quelque temps, mais je reste disposé à parler de la Famille Paoli et ce qui entre dans une Histoire longue et courte, qu’il est bon de connaître un peu mieux. Une fois de plus une question de transmission de l’analyse historique, qui est venu se greffer sur un article pas si anodin de notre temps.

En dehors de cette capacité à faire parler les morts, il est un autre débat nous renvoyant à la constitution de la première République et de l’opposition frontale entre Girondins et Montagnards. Quand on connaît comment s’est construit le nouveau découpage régional pour les élections de décembre 2015, il n’y a pas à s’étonner que l’on projete sans cadre historique précis une carte des régions de France, dont les coups de ciseaux sont le résultat d’une synthèse étatiste et de groupes de pression divers et très politique, comme le ministre de la guerre Le Drian, en Bretagne. Le fédéralisme peut sembler lointain, mais pourrait être une nouveauté dans un pays parlant d’identité, mais ne sachant pas à laquelle s’accrocher. En tant que parisien, je suis conscient de cette machine administrative qui se perpétue depuis Colbert est une machine infernale. Et un peu de ménage dans les rouages du centralisme ne ferait pas de mal et sans remettre en cause l’indivisibilité de la République, seulement il faut sortir du cadre rigide et reconnaître, non pas des erreurs ou des crimes, mais savoir d’où nous venons.

Le jour ou l’on pourra rassembler le camp républicain, ce sera probablement un nouveau Bonaparte qui en sortira. C’est du moins le scénario le plus noir se présentant à nous, car toute évolution républicaine à indistinctement finie en césarisme, et depuis 1958, nous vivons avec des institutions de cet ordre. Que fait encore Madame Taubira place Vendôme ? triste symbole de l’écrasement des forces populaires avec sa colonne et pour le faste des possédants qui y résident, va-t-elle aussi tomber dans les sirènes néo-jacobines ? qu’elle sait lire tout aussi bien que d’autres citoyens. Où est la gauche ? est bien la question.

Notes de Lionel Mesnard, le 1er janvier 2016


Cet espace d'expression citoyen n'appartient à aucune organisation politique, ou entreprise commerciale. Le contenu est sous la responsabilité de son créateur, en tant que rédacteur.

Les articles et textes de Lionel Mesnard sont sous la mention tous droits réservés
Ils ne peuvent faire l'objet d'une reproduction sans autorisation


Les autres articles ou vidéos sont
sous licence Creative Commons 3.0 FR
http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/3.0/deed.fr
Adresses et courriers  :

Courrier électronique   lionel.mesnard(AT)free.fr 

Archives des vidéos en ligne :
http://www.dailymotion.com/pantuana

Toutes les ARCHIVES depuis 2002

Archives sur l'Amérique Latine de 2005 à 2013 :
Textes, sons, vidéos sur l'Amérique Latine

Archives sur la question "Psy" :
Textes sur "La Question Psy"?

Archives Histoire de Paris et d'ailleurs :
Textes, vidéos, histoires urbaines de Paris et d'ailleurs

Archives sur la Violence et l'Éducation :

                Dernières modifications :  juillet - août   2015