Littérature et Histoire, les raisons
de cette étude de la guerre franco-prussienne ? |
Dessin de Georges Pilotell dans Caricature n°3 du 18/02/1871
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Peut-être
ne lui sera-t-il pas donné d'assister à ce beau jour ; mais
qu'importe? Quand tant de générations se sont éteintes avant nous
dans la misère et la servitude, sans même entrevoir l'espérance, la
plainte est-elle permise à ceux de nous qui tombent avant l'heure?
L'honneur d'avoir combattu et souffert pour la démocratie est leur
meilleure récompense. Ils peuvent s'endormir en paix. D'autres
récolteront ce qu'ils ont semé.
Charles Delescluze, De Paris à Cayenne, préface page 18, publié
en 1872
Je n’ai jamais été très attiré par
l’histoire du XIXe siècle, j’y suis venu en reculant… Si je préfère les
Temps dits modernes, on ne peut pas rayer cette centurie d’un trait
(1814-1914), et plutôt que d’en dégoûter d’autres, il m’a fallu
dépasser certaines lectures passées, en particulier scolaires et
romanesques, qui m’ont tenu longtemps à distance de son contenu
historique, seul avait trouvé très tôt écho : la Commune de Paris et
les écrits de Marx. Depuis j’ai pu constater, comment il était
difficile d’échapper à des réalités pas si lointaines, d’autant plus
que nombre d’auteur et acteur politique de ce siècle ont tous plus ou
moins été des historiens. A commencer par Guizot, et son homologue
Thiers, ou bien Lamartine avec l'objectif de séduire les ouvriers,
sinon Louis Blanc, etc. L’usage de l’Histoire à des fins politiques
n’est pas en soit une nouveauté, et certains ne s’en sont pas privés. Louis
Blanc
est assez peu connu ou évoqué par rapport à d’autres figures
historiques, malgré une station de métro et une rue dans la capitale,
si l’historien de la Révolution française
n’a pas été le nec plus ultra du genre, il a été un acteur politique
important, entre radicalisme et socialisme, assez prolixe et qui a
laissé en son temps des textes politiques novateurs et une certaine
idée de la République sociale et démocratique. Un radical qui allait à
la racine des choses... a-t-il pu écrire.
J’ai donc été amené à entreprendre une recherche sur les quatre
dernières décennies, grossièrement du second Empire jusqu’à l’Affaire
Dreyfus. Les surprises n’ont pas manqué, dans une historiographie
conséquente, l’abondance de la lecture n’en facilite pas toujours la
mise en mot, un complexe bien normal dans ma situation, je ne vise pas
à devenir Chateaubriand, je me contenterai de transmettre quelques
vérités
historiques. Je ne cherche pas, non plus à brouiller les cartes,
quoiqu’il soit difficile de contourner les littérateurs de ce siècle.
Aussi géniaux qu’ils soient, il faut savoir résister à leurs
fantasmagories, comprendre leurs implications ou pas. Et il importe de
bien distinguer les sources littéraires, ce qui touche à la romance,
des données et faits de nature historique.
Cependant, il existe un pan de
littérature, avec Emile Zola et Guy de Maupassant, qui peut restituer
des
impressions, plus que des faits de ce dernier tiers de siècle, sombre,
voire ambiguë,
volage ou bien dans un regard assez tranchant ou goguenard (amusé).
Pour Zola,
je conseille un texte de 1867, Mes haines : « La haine soulage, la haine
fait justice, la haine grandit »,
cet écrit est d’une violence rare, prémonitoire sur les déchirements à
venir, et pourrait-il paraître aujourd'hui? Pour le déroulement
guerrier, il existe la Débâcle, le dix-neuvième tome des Rougon-Macquart,
qui traite de la bataille de Sedan. Si j'ai aussi cité Maupassant,
c'est surtout une affaire de goût, le naturalisme de Zola peut rebuter,
les nouvelles ou romans de l'auteur de Boule de suif
sont
de superbes descriptions de la société française, c'est plus léger.
Lui-même avait été mobilisé dans l'intendance à Rouen (la même ville où
vécu Flaubert depuis son enfance), tandis que Zola cherchait à se
placer.
Le but visé, était de mieux cerner le mouvement ouvrier, certaines de
ses constructions politiques, en particulier les blanquistes, mais
aussi les conditions d’existence en temps de guerre et les
revendications sociales, politiques et réalités autres, ainsi donner à
connaître
l’antériorité de la Commune de Paris. Nous, nous limiterons à ce qu’a
pu nommer Victor Hugo : L’Année Terrible,
publiée en 1872, cet ouvrage s'étend de la période allant d’août 1870 à
juillet 1871, de ses impressions et inspirations poétiques, de même Choses vues
ont été extraits de ses carnets de note : Pendant le siège de
Paris, l’assemblée
de Bordeaux, Mort de Charles, etc. Ces notes apportent un éclairage
utile, ainsi
que des éléments de sa correspondance. En 1870, c’est aussi la
publication des Châtiments
durant le siège de Paris, beaucoup de littérature, mais les périodiques
sont l’outil essentiel pour entrer de plein fouet dans un quotidien
riche en rebondissement, notamment ce qui relève d’une presse
d’opinion, majoritairement conservatrice. Et depuis les
assouplissements des dernières années, il faut compter sur l’existence
de pas moins de 140 journaux, dont la naissance en 1869 du Rappel,
salué par tous les républicains de progrès de l’époque.
C’est probablement Hugo père qui m’a réconcilié avec le XIXe siècle,
est-il besoin de le présenter? Il appartient aux grands noms de
l’histoire des Hommes, chantre de l’universel, normalement sans
distinction de genre sexué, bien qu’en ce domaine, il soit difficile de
le
citer en exemple. La domination masculine impliquant un état peu
reluisant des comportements des mâles, sous couvert de bonne mœurs et
un monde de petits et grands bourgeois très feutrés, les non-dits
étaient légions, à commencer par la sexualité. Dans son cas, un rapport
à caractère maladif, mais il ne s’agit pas d’en tracer le portrait
pathologique, et
encore moins psychologique. Hugo a été un des opposants les plus
farouche du second Empire, jusqu’à l’excès, avec le présumé neveu de
Napoléon 1er, qui lui donna comme surnom celui de Napoléon, le petit
et autres amabilités, dont il ne se priva pas à son encontre en
publiant un pamphlet portant ce titre, et qui continue à lui coller à
la peau (ou ce qu’il en reste…).
Contrairement à Victor Hugo, on peut se passer d’estime pour le premier
des
Bonaparte, et concernant Napoléon III, il n'a pas été le pire des
dirigeants de son temps, ce ne fut pas non plus un exemple, mais bel et
bien
un autocrate, avec des fêlures qui peuvent le rendre moins
intransigeant et plus tolérant que le fut son aïeul. Mais tout aussi
prompt à la surveillance de ses concitoyens, à faire taire ses
opposants jusqu’au bagne de Cayenne (Charles Delescluze y séjourna), à
user et abuser de la censure. Sinon à se lancer corps et âmes dans des
guerres meurtrières, au plus bas ou presque avec 20.000 morts au
Mexique du côté français. Les plans impérialistes sur le continent
américain n’ont pas manqué, mais ont surtout échoué sous les Bourbons,
tout comme avec la famille Bonaparte régnante.
Sinon, un état des choses indéniablement liés à des processus
d’enrichissements assez considérables, qui structurèrent pour longtemps
la haute finance du pays, confortèrent les grandes fortunes ou ce que
l’on
nomma les « deux cent familles » et les «
maîtres des forges ». Pour les plus connus depuis la Révolution pour
certains, les familles Wendel, Perrier, Schneider, les frères Pereire,
et j’en
passe sur les anciens et aussi son lot de nouveaux riches. L’empereur
ou l’imposteur de
1851 a été très décrié, à commencer par ceux qu’il avait poussé à
l’exil, juste retour des choses, mais Napoléon III est à l’origine
d’une impulsion industrielle dans les régions, timide, mais toujours
dans le sens du poil électoral. Et si lui ou ses proches ont été
souvent été guidés par la débauche du luxe, le goût de la fête et
l’argent facile. Les seules opérations immobilières de la capitale,
sous la houlette d’Haussmann suffisent à en saisir l’ampleur et les
richesses cumulées, tout comme le chemin de fer, des entreprises
privées à forte plus value.
Cette étude de l’Année Terrible n’est qu’une tentative de mise
à plat, quand vous
commencez à traiter un sujet, vous ainsi êtes amené à élargir votre
questionnement et comprendre que la patience est en ce domaine un
atout. Pour ce qui est de la guerre 1870-1871 et le premier siège, nous
ne
manquons pas d’ouvrages ou références. La somme du tout demande
néanmoins une bonne respiration et digestion. Il faut rester très
prudent sur certaines sources livresques, dans l’après de l’année de
1870, il a existé une véritable entreprise de manipulation des contenus
historiques. Et attention au piège des classements politiques,
gauche/droite, bien qu’ils soient présents et à prendre en
considération, le classement « centre-gauche » des libéraux
conservateurs, et orléaniste (ou louis-philippard)
dans le cas de Thiers, peut faire rire. Ce
qui est moins drôle, c’est comment certains criminels ont eu droit aux
honneurs, et à quel point les campagnes françaises assurèrent les
majorités et la
stabilité de régimes mi-chèvre mi-choux avant que les républicains et
les forces du mouvement social deviennent majoritaires. Toute une série
d'interrogations à avoir sur le terme « revanchard » et toutes ces
expressions perdues d'un langage fleuri, plus un poids de la morale
dont on ne devine pas
toujours le carcan.
Je n’ai pas cherché à tout développer les tenants de la
guerre de
1870-71, je l’ai pour beaucoup découverte grâce aux textes disponibles
sur le site Gallica-Bnf,
toutes les sources ne renvoient pas à tous les périodiques et ouvrages
cités, mais sont consultables notamment à la rubrique Presse et
revues. Et j’ai voulu à travers la presse de septembre
1870 à février 1871, les textes officiels et certains écrits de
l’époque relater son quotidien. J’ai choisi un angle de vue
particulier, pour mettre en avant les tendances républicaines les plus
progressistes, sans chercher à mettre une opinion au-dessus d’une
autre. La séparation était surtout sociale, non pas un système de
caste, mais une répartition au sein de la bourgeoisie française dès
plus inégale, et que Victor Hugo a su saisir et mettre en mot et en
idée.
Caricature du général Vinoy, ci-contre
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Qu’est-ce que l’histoire du vaincu ou des vaincus, quand un état
s’écroule, et renvoie
une nation, ses concitoyens à son histoire passée pour beaucoup
mythifiée et à ses échecs? Je ne suis pas des générations, qui ont été
éduquées, parfois élevées dans une aversion certaine de l’Allemagne,
mais juste la première qui a pu échapper aux dogmatiques nationalistes,
bien conscient des maux d'un temps qu'il faut souhaité dépassé.
Souvent à titre individuel pour des raisons intimes et personnelles,
qu’il n’y a pas à juger, il en était ainsi. Il n’existe pas de
paramètre, ou de graduation pouvant mesurer la nature du patriotisme,
mais de très nombreuses familles ont pu garder un souvenir traumatisant
des guerres avec notre voisin germanique. La perte d’un proche ou de
plusieurs familiers ont pu être des marqueurs indélébiles, et chacun
avec son lot d’horreur. Il n’y a pas de statistiques ou grands travaux
sur les exactions guerrières de 1870, cependant la brutalité des
troupes d’occupations ont été réélles, et ce conflit par bien des
aspects est annonciateur des crimes de guerre futurs et de ce qu’il y a
de plus néfaste dans le réveil des nationalismes sur fond
d’impérialisme (toujours très actif ou en pleine mutation).
Les relations entre Victoria et Napoléon III furent plutôt bonnes, la
reconnaissance de la reine Victoria sous Louis Philippe avait permis de
tisser les premiers liens amicaux entre les deux nations, après moultes
guerres et des siècles durant, s'était opéré un changement, le
Royaume-Uni n'était plus l'ennemi héréditaire d'antan. Ce qui avait
aidé à
dessiner de
nouvelles relations diplomatiques, un peu en avance sur l’entente
cordiale de 1904 ou dans le prolongement de cette entente, elle aussi cordiale depuis 1843, avec la réception au château d'Eu de la souveraine britannique en territoire français.
Si l’on fait le décompte des conflits du monde contemporain avec notre
voisin frontalier Allemand, qui avait été un véritable puzzle de petits
et grands états avec 350 entités politiques et administratives, près de
vingt ans auparavant. Si
l'on doit remonter le cours de l'époque contemporaine, les relations
depuis 1792 et de ses suites jusqu’à la chute du premier Empire entre
1813 et
1815 et jusqu’en 1818 avec une première occupation ont alimenté des
deux côtés du Rhin des mythes et surtout des haines nationalistes. Les
aversions mutuelles ne purent que s'accentuer avec la guerre de
1870-71 jusqu’en 1873 avec la fin de l’occupation du Nord et de l'Est
du pays, et jusqu’en
1918 avec l’annexion de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine ; sans
omettre les deux guerres mondiales au XXe siècle. Au final, trois
occupations
partielles ou quasi entières de l’hexagone, qui ont laissé des traces
mémorielles, et, pour les combats ou malheurs des temps dans chaque
village, ville, des monuments de toutes tailles et des plaques
commémoratives, ou des gisants de soldats tombés au front.
Quels enseignements peut-on tirer et que dire de cette
guerre mise
entre parenthèse du récit national à la faveur de la revanche? Est-ce
que la seule évocation de la
construction européenne depuis les années 1950 peut y répondre? Cela
peut commencer par le partage des mémoires, mais en raison de mes
lacunes en allemand, je ne pourrais y ajouter des apports du
"vainqueur" ou d'historiens d'outre-Rhin. Ce n’était pas l’objet de cette étude, qui
a pour but de proposer
une approche des ces 6 mois particuliers à cheval sur deux années que
traversèrent les Parisiens, mais pas seulement. A souligner que les
journaux de la devenue région Grand
Est,
depuis
quelques années, proposent une lecture des événements et relaient des
conférences locales intéressantes et des expositions, notamment dans le
cadre des journées du patrimoine en septembre 2020. Il y aura
probablement de nouveaux
ouvrages, des conférences. Mon souci n’est pas de commémorer, mais de
transmettre une
petite part de cette période agitée, sous un angle, social et
politique.
Peinture de J.J Henner L'Alsace elle attend, ci-contre
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Le seul élément d’interrogation sur le vainqueur, c’est que si
l’Allemagne n’a pas été une grande puissance coloniale, du moins
comparable à la France, ou à la Grande-Bretagne. Ce que l'on sait
moins, mériterait des recherches, les Prussiens ont su
exporter leurs méthodes militaires outre-atlantique. De quoi rester un
peu pantois devant certaines tenues militaires
et casques à pointe des armées subcontinentales, notamment dans le cône
Sud avec des marches militaires bien mal inspirées. L’on pourrait
parler de clichés, s’il n’y avait un fil et une continuité, l’art de la
guerre, c’est de tuer. Quand les républicains et Hugo prêchaient la
paix, ce dernier s’étonnait lui-même d’appeler à la guerre, avant que
ne vienne se greffer une guerre civile.
Cent cinquante ans après, je ne sais quel accueil va recevoir cette
guerre et il n’est pas sûr que cela passionne les foules. Toutefois la
perspective du cent cinquantième anniversaire de la Commune de Paris
est une occasion d’enrichir ce que j’ai pu faire et ce qui reste à
mettre en ligne, mais avec d’autres points de vue et des éléments
nouveaux complémentaires.
A
suivre...?
Ps : Au
registre des sources, notamment iconographiques, les dessins de Georges
Pilotell proviennent du site Paris-Musée
et sont libres de droit, comme toutes les images ou reproductions
utilisées.
Lionel Mesnard, le 3 août 2020
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La guerre au fil des jours : janvier 1871
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Versailles, proclamation de l'empire Allemand le 18 janvier 1871
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Nous
reprenons le cours des événements avec les deux dernières chronologies
détaillées des mois de janvier et février 1871, avec même sur les
derniers jours les minutes des mobilisations parisiennes, après le
confinement qu'imposa l'attaque militaire prussienne avec un
bombardement intensif, dont fait part Juliette Adam jusqu'à son départ
de la capitale. A noter que de nombreux Parisiens profitèrent de
la fin des hostilités pour sortir de la ville, un bon demi million de
personnes rejoignirent leurs proches en province, ou se mirent à
l'abri des suites? En toute fin, car il en faut une... vous trouverez les
documents et annexes, et des liens avec des vidéos ou des audios en
relation.
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Dimanche 1er. La ville de Bondy est
bombardée, des bombes ennemies s’abattent sur le fort de Rosny. C’est la naissance légale ou
l’existence juridique de l’Empire
Allemand, et effective jusqu’en 1918. Un mot
de
Gambetta : « A chacun sa responsabilité devant
l'histoire. » (Dépêches,
etc., et Discours
de Gambetta,
Joseph Reinach).
Lundi 2/01. L’état d’esprit du Journal
des Débats politiques et littéraires du
jour : « Les premiers jours de l'année 1871 ne se
distinguent en
rien des derniers jours de l'année 1870. C'est le même froid triste, le
même
ciel gris, les mêmes grondements des canons prussiens qui continuent à
tirer
sans grand effet sur nos forts. Le gouvernement nous met en garde, dans
le Journal Officiel contre notre trop grand empressement à croire
sans
examen aux nouvelles les plus invraisemblables, et conclut en
nous exhortant à ne pas désespérer. Qu'on nous permette à notre
tour de
joindre nos conseils à ceux du gouvernement. La presse parisienne
presque
tout entière, irritée par le bombardement de nos forts et de notre
banlieue,
invite nos chefs militaires à sortir de ce qu'elle appelle leur
inaction, et à
aller livrer bataille à l'ennemi. Rien ne nous semble plus dangereux
que ces
conseils, et l'on ne saurait trop souhaiter que le général Trochu
ne cède
pas à cette pression. »
Louis Blanc écrit à Victor Hugo,
L.
Blanc termine par : « Je le
répète, ce qu'il faut c'est ceci : croire à la patrie. Voilà, voilà ce
qui doit
nous sauver. Et de quel éclat souverain ne rayonnera pas alors notre
cher
pays ! La grandeur même de ses revers épiques et leur foudroyante
succession seront portés au compte de sa gloire ; car vaincre après
tant de
défaites et en quelque sorte à force de défaites, est-il rien de plus
imposant?
Combien elles sont dignes de mépris les victoires qui, dues à la
supériorité du
nombre, à la ruse, à la force, ne développent chez le peuple qui les a
remportées que l'orgueil, la cruauté, la rapacité des races
conquérantes !
Ce qui est digne d'admiration, c'est la défaite noblement subie et
vaillamment
réparée, parce qu'elle atteste la présence et le triomphe de toutes les
vertus
qui sont l'honneur de l'espèce humaine : le calme dans le malheur, la
persévérance stoïque, la fermeté d'âme, une résolution d'airain, et,
avec la
volonté de ne jamais fléchir, le pouvoir de ne jamais désespérer. Les
véritables marques de l'invincibilité sont là. Or, la gloire n'est
pas de
vaincre, mais d'être invincible. »
Le Rappel,
du
jour
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3/01. Capitulation de Mézières
dans les Ardennes. Juliette Adam
participant des ventes de charité en faveur de l'Oeuvre du
Travail des femmes, dit avoir été souvent en présence de Me
James de Rothschild et « a
été frappée de la grande et calme lucidité que Me de Rothschild
apporte dans la bienfaisance. Sa bonté, a ̀force de cœur et de
générosité, parvient à être immense, même lorsqu'on la proportionne
et la mesure aux facilités d'une immense fortune. » Le siège de Paris - Journal d'une Parisienne,
de Juliette Adam, née Lambert, 1873
4/01. Protestation des cinq
Académies (française ; des inscriptions et belles-lettres ; des
sciences ; des
beaux-arts ; des sciences morales et politiques), contre l'arrestation
du baron
Thénard, agronome connu pour sa lutte contre le philloxéra de la vigne grâce au
sulfure
de carbonate (pour sa notoriété), le savant est conduit comme otage en
Allemagne.
5/01. Les rue de Paris sont verglacées, les déplacements
difficiles et « Ce matin, à huit
heures vingt minutes, au moment où les premiers rayons du soleil
d'hiver
commençaient à dissiper le brouillard, des détonations lointaines
retentirent
roulant sourdement de colline en colline. Nous montâmes au sommet du
bâtiment
Joly. A l'horizon, sur un arc de cercle passant par Châtillon, Meudon,
Sèvres
et Saint-Cloud, des panaches de fumée blanche jaillissent de huit
points à la
fois. Huit batteries puissantes, démasquées pendant la nuit tiraient à
volonté
sur Issy, Vanves, Montrouge et le Point-du-Jour. » (Edouard Prampain, Souvenir
de Vaugirard,
page 84)
Les canons de l’artillerie Prussiennes
ouvrent le feu sur les forts du sud parisien, les projectiles des
batteries
ennemies arrivent pour la première fois dans l'intérieur de Paris avec
une
forte puissance de feu, sont relevés des décombres plus de 350 morts et
200
bâtiments sont détruits. Dans la nuit du 5 au 6, le Comité
central républicain et ses délégués des 20 arrondissement, soit environ 140
hommes se réunissent, rue de la corderie (3e). Ils y rédigent le texte
de la deuxième Affiche rouge : « Le
grand peuple de 89, qui détruit les Bastilles et renverse les trônes,
attendra-t-il dans un désespoir inerte, que le froid et la famine aient
glacé dans son cœur, dont l'ennemi compte les battements, sa dernière
goutte de sang? — Non! La population de Paris ne voudra jamais accepter
ces misères et cette honte. Elle sait qu’il en est temps encore, que
des mesures décisives permettront aux travailleurs de vivre, à tous de
combattre. » L'affiche sera placardée après impression dans les rues de la capitale le 7/01 (Lire le texte complet avec ses signataires)
6/01.
Après une nuit de bombardement, plus de 3.000 bombes ont éclaté autour
du jardin du Luxembourg et des Plantes. Proclamation par voie
d’affiche et de presse du général Trochu dans laquelle il
déclare :
« Au moment où l’ennemi redoute ses efforts
d'intimidation on
cherche à égarer les citoyens de Paris par la tromperie et par la
calomnie. On
exploite, contre la défense, nos souffrances et nos sacrifices.
Rien ne fera tomber les armes de nos mains. Courage, confiance, patriotisme.
Le gouverneur de Paris ne
capitulera pas. ». Le gouverneur militaire de Paris, le
général
Scmitz fait le bilan des bombardements : « Pendant la nuit
dernière, le feu de l'ennemi a été d'environ trente coups à l'heure,
contre les
forts du sud, y compris Montrouge et même Bicêtre du côté de Nogent, il
a cessé
à partir de trois heures du matin pour reprendre très vivement à huit
heures. A
partir de cette heure, il a recommence sur toute la ligne et ne
nous a pas
causé de dommages sérieux. Les batteries extérieures de l'enceinte ont
pris
part à la lutte et ont riposté vigoureusement
aux attaques acharnées
de l'artillerie ennemie. Les projectiles qui sont tombés dans la ville,
en
assez grand nombre, n'ont causé aucune émotion. La fermeté, le calme de
la
population et de l'armée soumises à ce bombardement sont à la hauteur
des
circonstances, et les procédés d'intimidation et employés par
l'ennemi ne font que grandir leur cour que chacun s'inspire des grands
devoirs
que la patrie impose aux défenseurs de Paris. » (Journal
des Débats, du
7/01)
7/01. Le bombardement ne cesse
dans la capitale et Juliette Adam remarque que : « Les
histoires les plus navrantes circulent. Dans la nuit du 5 au 6, il y a
eu beaucoup de morts. Une mère, en rentrant chez elle, n'a retrouvé
que des lambeaux de ses deux enfants. Au quatrième étage d'une
maison, une famille a été broyée, père, mère, jusqu'à la
nourrice, et une petite fille de six mois est restée suspendue dans
son berceau à quelques millimètres du précipice ouvert par l'obus. »
8/01. Dans la nuit du
8 au 9, des
monuments et des maisons sont atteints par des projectils. Un obus éclate dans le
dortoir de l'établissement Saint-Nicolas, rue de Vaugirard, il tue cinq
enfants
et en blesse gravement six autres.
9/01. L'armée de l'Est
du général
Bourbaki attaque à Villersexel en Haute-Saône. A Paris, Juliette Adam
apprend « des
bonnes nouvelles de la province envoyées par Gambetta, et je ne les ai
pas comprises ! Je ne percevais qu'une chose : les sons (des obus),
parce qu'ils ajoutaient à ma souffrance. »
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11/01. Le Gouvernement décrète
que « tout citoyen atteint par les bombes prussiennes est
assimilé au
soldat frappé par l’ennemi », et les familles susceptibles de
toucher une
pension. La fabrication du pain de luxe est interdite (Le pain de luxe
contenait de la levure mélangée au levain, du sel et du lait, il était
fabriqué
depuis le XVIIe siècle ou dénommé « le pain de la reine »
Marie de
Médicis).
12/01. Au Mans, les Prussiens
battent l’armée de la Loire après 3 jours de combats. Elphège
Demorieux,
jeune notable et héritier de la banque de son pére s'était engagé dans
les francs-tireurs locaux, blessé ce jour à la bataille du Mans, il
décède « le
lendemain matin, sur la commune, à « La Haganière ». Il n'avait pas
encore tout à fait 27 ans. » (Ouest-France
en 2018) au sujet d'un boulevard portant son nom et
peu connu des Mançeaux.
13/01. A la sortie de la réunion
d’un club, un jeune homme, rue d’Arras affirme que
« La situation est désespérée, mais la
Commune fera appel
au courage, à la science, à l’énergie, à la jeunesse ; elle repoussera
les
Prussiens avec une indomptable énergie, mais qu’ils acceptent la
République
sociale, nous leur tendrons la main et nous marquerons l’ère du bonheur
des
peuples. » (Louise
Michel, La
Commune, page 112).
14/01.
Richard Wallace
(philanthrope anglais, son nom a été donné à des fontaines de la
capitale)
propose à M. Jules Favre d'ouvrir une souscription en faveur des
familles qui ont été obligées de quitter leur domicile en raison
des destructions et s'inscrit pour 100.000 francs. Le lendemain il fera
remettre à l'administration municipale une nouvelle
somme de 20.000 francs pour les pauvres. Les troupes de Garibaldi
arrivent à
Dijon, ville ouverte depuis le départ des armées du nouvel empire.
15/01. Défaite de l'armée de
l'Est à Héricourt en Haute-Saône. Juliette épouse Adam signale
qu'elle est « broyée,
vaincue par la douleur. Je n'ai vu personne depuis une semaine.
Impossible de dormir, de reposer même un instant. Les Parisiens n'ont
pas dormi depuis dix jours. Le bombardement est effroyable. Comme j'ai
bien fait de ne pas garder ma fille auprès de moi! Les femmes de
Paris, qui assistent au siége, payeront chacune, un jour ou l'autre,
le tribut de souffrances que je viens d'acquitter ».
Le département de l'Orne est investi par les troupes germaniques, se
déroule ce jour la bataille d'Alençon. La ville tombera le
lendemain et fera 600 morts et plus de 5.000 blessés.
16/01.
Le bombardement de Paris
détruit les serres du Jardin des Plantes. Juliette Adam (en photo) dans
son Journal fait référence
au général Pierre Schmitz, chef d'état major du gouverneur (militaire)
de Paris, « fécond
en entraves lorsqu'on projette une sortie. M. Trochu, ce matin, a
répondu dans l'Officiel
aux accusations qui circulent sur le
général Schmitz. Cette réponse
est piteuse. M. Trochu y affecte desin dignations de réactionnaire, il
en parle le sot langage, il en écrit le mauvais style, il en emploie
les rengaînes, comme celle-ci, qui est bien usée : « Je ne
recherche que l'approbation des honnêtes gens ! » |
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17/01
A Londres se tient une conférence diplomatique de première importance,
elle intervient à la suite de la conférence de Vienne (Autriche) de
1869, en voici son Protocole : «
Les
Plénipotentiaires réunis aujourd’hui en Conférence, reconnaissent
que c’est un principe essentiel du droit des gens qu’aucune Puissance
ne peut se délier des engagements d’un Traité, ni en modifier les
stipulations, qu’à la suite de l’assentiment des Parties
contractantes, au moyen d’une entente amicale. » Il ne sera plus possible aux pays
signataires d'un traité de s'en défaire sans l'accord des parties contractantes,
ce qui favorisera la Grande-Bretagne et la stabilité des accords, un
petit tour de passe-passe face à l'Empire Russe et ses entorses au
droit international.
18/01. A Versailles, Guillaume
Ier organise son couronnement comme empereur d'Allemagne et lance la
proclamation de l’Empire Allemand (sa fondation légale est en
décembre). Arrêté
du maire de Paris annonçant qu'à partir du 19, les boulangers ne
devront
distribuer du pain qu'aux porteurs d'une carte alimentaire. Le pain
sera
rationné à raison de 300 grammes par jour et par personne (quand la
ration
moyenne normale était du double au triple en temps de paix dans les
foyers
ouvriers). Il est pris un arrêté réquisitionnant les combustibles,
comestibles,
denrées, liquides de toute nature, laissés par les personnes qui ont
quitté
Paris, ainsi que les logements des personnes absentes (pour l’accueil
des réfugiés
des villes et villages autour de Paris, environ 150.000 personnes à
nourrir et
loger).
19/01. Se déroulent les combats
de Montretout et de Buzenval, c’est l’ultime sortie
malheureuse de l'armée de
Paris en direction de Versailles.
Au final, Jules Trochu ordonne la retraite et
l’on recense 4.000 morts, dont un tiers de gardes nationaux. Lors de
ces
affrontements décède à 27 ans, le peintre Henri Regnault, à Rueil
Malmaison. Il est atteint par une balle qui le foudroie, et
Gustave Lambert, hydrographe et explorateur est blessé. Ce dernier
décédera huit jours après
de ses plaies. |
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20/01. Les dernières nouvelles du
front de l’Ouest : « Nous avons appris à quelques heures
d'intervalle, d'abord l'insuccès des efforts tentés hier sur le plateau
de la
Bergerie, puis l'échec du général Chanzy devant le Mans. Car ce que le
Journal
officiel de ce matin, par un de ces euphémismes qu'on croyait spéciaux
aux
ministres du second empire, qualifiait de temps d'arrêt dans le progrès
de nos
armées de l'Ouest, est devenu ce soir une défaite qui, au lieu de nous
arrêter
purement et simplement, nous a obligés à reculer du Mans à Laval. » (Journal
des débats politiques et
littéraires,
du 21/01) A Paris, Jules Trochu
et Favre rassemblent les maires d’arrondissements de la capitale en vue
de
l'armistice, la grande majorité se prononce contre.
L’enterrement du
colonel
François de Rochebrune tombé à Rueil se déroule sur le boulevard
Richard Lenoir
et Almicare Cipriani, venu l’an dernier apporté ses services à la
République
est présent à ses funérailles, il nous dit que :
« Partout
on entendait dire qu’il fallait se débarrasser de ceux qui avaient
trahi
jusqu’à ce jour. On parlait de s’emparer du corps de Rochebrune et de
marcher à
l’Hôtel-de-Ville. Le temps avait manqué pour avertir les membres de la
légion
garibaldienne, de la ligue républicaine et de l’Internationale,
disséminés dans
tous les bataillons de la garde nationale ; une poignée d’hommes
résolus
se trouvaient au rendez-vous, mais poignée d’autant plus insuffisante
que ceux
en qui la foule avait confiance se trouvaient en prison. L’enterrement
de
Rochebrune se passa donc sans aucun incident, si ce n’est que je vis de
Boulen,
lequel m’apercevant voulut me donner une poignée de main en
m’appelant un brave, je refusai en lui répondant : - Cela se peut,
mais
vous ne pouvez pas le savoir, car vous vous êtes caché ; vous
êtes un
traître. Pour en finir avec ce misérable, je dirai que quelques jours
après, je
le rencontrai de nouveau ; à ma grande stupéfaction je le vis
décoré de la
légion d’honneur et colonel : c’était le prix de sa trahison. Un
autre
aussi fut décoré, c’est le capitaine D… qui n’avait pas paru tout le
temps de
la bataille. Voilà les deux seuls fuyards que j’aie vus à Montretout,
ils
furent faits chevaliers de la légion d’honneur.
»
Louise Michel, La Commune,
Chapitre IV
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21/01. Les clubs, les comités de
vigilance et des délégués des gardes nationales décident d’une
manifestation
devant l’hôtel municipal (siège du Gouvernement). Jules Trochu tient
une
Conseil de guerre, puis il démissionne de ses fonctions au sein du
gouvernement
militaire de Paris. Dans la nuit du 21 au 22 la prison de Mazas est
forcée, les
émeutiers délivrent Gustave Flourens et sept autres détenus politiques,
suite de
la répression du 31 octobre 1870 :
« Trente-cinq hommes de garde nationale seulement
formaient le
poste de la prison. Sur la menace de faire feu, le chef de poste a
laissé
entrer trois délégués. A peine dans la cour de la prison, les
délégués tirèrent trois coups de feu. On entendit, du
bruit dans
l'intérieur de la prison. Le chef
de poste ayant voulu expulser les délégués, la foule, profitant de
l'ouverture
des portes, pénétra dans la prison, força le directeur
à donner
les clefs. » (Le
Journal des
Débats, du 23/01) |
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Dimanche, 22/01. Dans la matinée,
un certain nombre de gardes nationaux du 101e bataillon essaient de
s'emparer
de l'Hôtel de Ville, ils sont repoussés par les mobiles de la Vendée et
la
garde républicaine sur les ordres de Gustave Chaudey. Le rédacteur en
chef du Siècle et adjoint au
maire de la capitale, alors
que les affrontements vont se passer presque sous ses fenêtres,
celui-ci reçoit
les délégués du bataillon. Pendant ce temps, une fusillade éclate sur
la place
de l’Hôtel-de-Ville, Chaudey devient l’exécutant des basses oeuvres de
MM.
Trochu et Favre. : « Les héroïques enfants de la
Vendée se
sont montrés aussi résolus dans la défense de la société que dans la
défense de
la patrie, et ils ont promptement fait justice de cette poignée de
misérables
qui ne trouvent un instant de bravoure que contre leurs
compatriotes
et qui ne savent verser que le sang français. L'armée, la garde
nationale
et la garde mobile ont rivalisé de zèle pour réprimer cette
odieuse agression. » (Journal
des Débats, du 23/01). M. Chaudey
sera un
des dits otages, ou selon Reclus Elie, le prévenu de la Commune (et
fusillé le
23 mai). Il n’y a plus de farine dans la capitale, la commission de
l’alimentation s’est trompée dans ses prévisions, donc plus de pain à
fabriquer
(cf. texte sur Jules Ferry de G. Flourens). Le général Vinoy
déclare de son
côté : « Un crime odieux vient d'être commis contre
la
patrie et contre la République. Il est l'œuvre d'un
petit nombre d'hommes qui servent la cause de
l'étranger. (…)
C'est la cité tout
entière qui réclame la répression sévère de cet
ameutât
audacieux et la ferme exécution des lois. Le gouvernement, ne
faillira pas à son devoir.
La garde
républicaine et la garde nationale occupent la place et les
abords de
l’Hôtel municipal. Le général Trochu démissionne et le général
Vinoy
devient gouverneur de Paris. Sur le Boulevard, au
passage du général Clément Thomas et de son état-major, un passant
s’écrie : « Voilà les fainéants qui passent » et rajoute « Vive
la république
démocratique et sociale ! », il
se fait arrêté pour ses propos. L'armée de Bourbaki bat retraite sur
Pontarlier
dans le Doubs.
Lundi 23/01. Jules
Favre part à
Versailles, pour discuter les conditions d'un armistice avec Otto von
Bismarck. La ville de Dijon est attaquée depuis deux jours par 4.000 soldats
allemands, les troupes
de l'Armée des Vosges de Garibaldi sortent victorieuses de cet
affrontement.
24/01. Favre rencontre
Bismarck, ce
dernier exige le désarmement de Paris et le versement d’un tribut de 20
millions de francs. « Oui tout est perdu, fors l’honneur. (…) C'est au moment où ils
viennent de
terminer les gigantesques préparatifs de guerre auxquels ils
travaillent depuis
tant d'années, qu'on les provoque avec une armée de trois ou quatre
cent mille
hommes, qui n'a rien derrière elle, ni réserve, ni dépôt, ni
approvisionnements, rien, rien. L'histoire le dira et les générations
futures refuseront
d'y croire. » (Lettre du
Colonel
Charles de Meffray à Ernest Picard)
25/01. Les troupes
de Garibaldi
sont victorieuses à Dijon. Commence l'incendie de Saint-Cloud par
les
Allemands, et le gouvernement donne son aval aux exigences de Bismarck.
Capitulation
de Longwy en Meurthe-et-Moselle.
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Vendredi 26/01. A Versailles, Jules Favre
cède aux exigences de Bismarck :
- Il
doit être procéder à l'élection d'une assemblée devant ratifier la paix.
- Les forts qui entourent la capitale doivent être livrés.
- Les soldats français dans la capitale doivent être désarmés.
- Les Allemands pourront entrer dans Paris.
- La municpalité parisienne doit verser 200 millions de francs.
L'armistice
est prévu pour une durée de trois semaines, pendant lesquelles seront
négociés les préliminaires de paix. (lire le document dans les annexes)
A partir de
minuit, le feu est suspendu, normalement des deux côtés, pour 21 jours.
A
Besançon, le général Bourbaki fait une tentative de suicide, son
adjoint Justin
Clinchant le remplace à la tête de l'armée de l'Est.
27/01.
Une proclamation du gouvernement informe la population qu'il a entamé
des négociations ayant pour base la conclusion d'un armistice. Pendant
que les Parisiens commençaient à poser les armes, la capitulation était
« définitivement arrêtés et, provisoirement, un
armistice
a été conclu. De part et d'autre le feu devait cesser à minuit. Dans les forts et sur les
bastions de
l'enceinte, les derniers coups de canon sont partis à sept heures du
soir ;
mais les Allemands ne nous ont pas fait grâce d'un obus. A minuit
sonnant,
Meudon, Châtillon, Bagneux tiraient encore. Il fallait bien épuiser les
munitions des batteries maintenant inutiles.
»
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Bismarck,
Favre et Thiers à Versailles
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Samedi
28/01. Un armistice, dont la
durée est fixée à vingt et un jours est signé à Versailles par Jules
Favre et
Bismarck. Il est mis en œuvre un service postal pour les lettres non
cachetées
entre Paris et les départements, par l'intermédiaire du quartier
général
prussien.
« Nous,
républicains, nous n'avons rien de commun
avec les hommes du 4 septembre, qui se disent
si impudemment
républicains, avec ces jésuites politiques, les plus odieux imposteurs
qui
aient jamais trompé l'humanité.
Nous continuons d'espérer plus fermement que jamais le triomphe de nos
sublimes
principes d'égalité sociale, de fraternité entre tous les peuples,
entre tous
les hommes ; nous sommes sûrs de l’avenir. » (G. Flourens, Paris
livré) Lire
le protocole de désarmement de la capitale dans les documents annexes.
Dimanche 29/01. Les conditions de
l’armistice sont affichées dans la capitale, il doit être payé 200
millions de
francs dans les 15 jours à venir, et les Prussiens occupent la ville de
Saint-Denis, plus tous les forts ceinturant Paris. « Une
capitulation !
Voilà donc où ont abouti tant de sacrifices, tant de privations
courageusement
supportées, tant de sang répandu. Paris succombe mais vaincu par la
faim, non
par la force des armes. Après cinq mois de siège, après vingt-huit
jours de
bombardement, les forts qu'il remet à ses vainqueurs ont jusqu'à la fin
riposté, pavillon haut. Durant cette longue période de blocus et de
combats, il
y a eu des fautes, il y a eu des crimes ; mais aussi que d'héroïsmes,
que de
vertus ! Pesez bien, vous trouverez la balance égale et vous direz avec
l'histoire : Gloria victis!
(gloire aux
vaincus) » (Souvenir
de Vaugirard, page
93) Gambetta par un
envoi de télégramme ordonne d’obéir à Garibaldi et de respecter le
traité
d’armistice.
30/01. Les premiers convois de
ravitaillement sont dirigés sur Paris. Victor Schoelcher démissionne de
son
poste d’officier. Antoine Brunel, commandant du 36e bataillon de la
garde
nationale est arrêté au 228 boulevard Voltaire, avec Joseph Piazza,
commandant
du 85e bataillon, à leur quartier général, pour avoir tenté un
soulèvement
contre l’armistice. Edmond Adam, mari de Juliette se trouve sur la
liste des députés de Paris.
31/01. Léon Gambetta condamne
l’armistice, et dit « on a signé à notre insu ».
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La guerre au fil des jours : février 1871 |
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Mercredi
1er. Harcelés par les armées
allemandes et sans possibilités autre, l’armée de l’Est, dite de
Bourbaki, acculée passe en Suisse. Le général Clinchant son second est
interné un temps, après avoir conclu un accord avec le général
helvète Hans Herzog, qui stipulait le dépôt des armes à la frontière,
de plus de
87.000 soldats. Article 1 : « L'armée française
demandant à
passer sur le territoire suisse, déposera ses armes, équipements et
munitions en
y pénétrant ».
(Convention de
Verrières).
2/02. Louis Blanc aux
électeurs : « L'Assemblée qui va être nommée aurat-elle à
se
prononcer seulement sur la paix ou la guerre? C'est au peuple souverain
que la
question s'adresse. A lui d'y répondre, si cela lui convient, en
limitant
d'avance les pouvoirs de ses mandataires. Cette limitation peut-être
bonne ou
mauvaise, sage ou imprudente, utile ou funeste ; mais qu'elle soit
l'exercice
d'un droit inhérent à la souveraineté du peuple, nul ne saurait le nier
ou même
le mettre en doute, sans outrager le suffrage universel, sans porter
atteinte
aux principes constitutifs de tout régime démocratique. » (Le
Rappel, du jour)
3/02. Dans la
capitale, à midi,
devant le Conseil de guerre, 27 rue du Cherche-Midi (6e), sont jugés le
colonel
Piazza et le général Brunel de la garde nationale et ils sont défendus
par
maîtres Gatineau et Folliet.
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4/02.
Une proclamation du
Gouvernement est adressée pour défendre l'ensemble de ses actes pendant
la
durée du siège. M. Dorian prend l’intérim du ministère du commerce.
C’est
l’arrivée en gare du Nord du premier convoi de vivres envoyées
d'Angleterre. Depuis Marseille, Léon Gambetta reçoit un télégramme de
Bismarck envoyé au Préfet de Marseille, lui rappelant la convention de
l'armistice. Par voie d'affiche (ci-contre), Gambetta adresse sa
réponse au
chancelier : « Citoyen
nous le disions il y a quelques jours, que la
Prusse comptait pour satisfaire son ambition sur une assemblée, où
grace
à la briéveté du délai et aux difficultés matérielles de toutes sortes,
auraient pu entrer les complices et les complaisants de la dynastie
déchue, les alliés de M. Bismar(c). » (...) « L'insolente
prétention du ministre prussien d'intervenir dans la constitution d'une
assemblée française est la justification la plus éclatante des
mesures
prises par le Gouvernement de la République. » (...) et l'affiche se termine par « Citoyens
(....) Aux
urnes! On ne répond à de telles insolences qu'avec des votes, en
attendant qu'on le fasse avec des fusils. Républicains, Votons!
Votons
tous! »
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5/02. Quelques piques
de Charles
Hugo sur les candidatures libérales : « Il est une
singulière
espèce de républicains qui poussent subitement entre les monarchies et
les
gouvernements provisoires. En 1848, ces républicains-là s'appelaient
les
républicains modérés ; sous le ministère Ollivier, ils se sont appelés
un
moment les "honnêtes gens" ; aujourd'hui, ils s'appellent les
républicains
libéraux. » (…) « Leurs
comités ressemblent à la devanture de Chevet, avec ses fruits hâtifs et
ses
tubercules prématurés. Dans le sol de la liberté, M. Cochin est une
truffe, et
M. Melon de Pradou est une primeur. » (Le Rappel, du jour).
Lundi
6/02.
Gambetta donne sa
démissionne du Gouvernement et son nom apparaîtra en tout petit dans l'Officiel.
Il germe l’idée d’un rassemblement des
gardes
nationales parisiennes, un 1er rassemblement est organisé au Cirque
d’Hiver
(11e), à l’appel d’un journaliste et d’un commerçant : MM. De la
Pommeraye
et Courty. Suite à cette rencontre, il est donné rendez-vous le 15 du
mois, pour
la convocation des délégués des gardes nationaux de tous les
arrondissements.
Ci-contre un avis du comte Renard
(sic), préfet
de la Meurthe indique avoir été prévenu par l'occupant de la tenue des
élections...
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7/02. Le journal Le Rappel présente ce jour une liste de candidats
républicains
très hétéroclite et pour Auguste Vacquerie : « Paris
doit
être la capitale de l'Assemblée. Et alors il y aura ici le Paris rendu
et
humilié que l'ennemi possède, le Paris d'aujourd'hui livré par
l'abominable
incapacité du général Trochu et de ses complices, le Paris désarmé et
gisant, -
mais il y aura là-bas le Paris debout, le Paris d'hier - et de demain,
le Paris
de toujours, le Paris de Voltaire et de Danton, le porte-flambeau,
l'allumeur
d'idées, le casseur de couronnes, et on verra que sa défaite n'est
qu'une
apparence et qu'il est toujours celui qu'il était, et tous
reconnaîtront dans
ce vaincu d'un roi le dompteur de la monarchie, dans cet opprimé le
protecteur
des opprimés, dans ce prisonnier de la Prusse le libérateur du monde.
Et les
départements respecteront Paris. Et ce sera autant leur intérêt que le
sien.
Car une médecine qui croirait fortifier les membres en coupant la tête
serait
tout juste aussi raisonnable qu'une décentralisation qui croirait
fortifier les
départements en les décapitant de Paris. » |
8/02. Élection des
membres de
l'Assemblée nationale : « Le 8 février furent faites les
élections
de l'Assemblée nationale qui devait siéger à Bordeaux. La France eut à
nommer
750 représentants, au scrutin de liste. Un tiers du pays vota sous les
yeux des
envahisseurs prussiens. Ces élections se firent dans les conditions les
plus
détestables pour l'honneur de la France et le salut de la République,
dans les
conditions les plus propres à donner une majorité monarchiste, soumise
à
Bismarck, capable de lui céder tout ce qu'il voudrait prendre en
France,
capable de signer une paix honteuse. » (Flourens,
Paris livré,
page
214) Edouard Lockroy au sujet du vote : « Voici
le grand
jour. Le sort de la France va se décider. Ce vote d'aujourd'hui la peut
perdre
et pour longtemps. Ce vote la peut ressusciter. Dernière et suprême
bataille!
Que Paris livré, vaincu, humilié, se lève tout entier encore une fois,
qu'il
saisisse la seule arme qu'on lui ait laissée en ce désastre : le coin
de papier
qui porte le nom de ses représentants! Ô citoyens, pas
d'abstention ! pas
de découragement! pas de faiblesse! La revanche commence. Nos ennemis
ont brisé
nos armées ; ils tiennent nos forts ; ils nous écrasent. Les royalistes
conspirent et s'unissent à eux. Ô citoyens, jetons-leur la République à
la
face. » (Le
Rappel du
9/02)
Une dépêche du
commandant du 2e secteur, le
général Callier au général Trochu et aux ministres de l’Intérieur et de
la
Guerre, etc :
prévient qu’« Une (nouvelle)
affiche rouge d'un comité central
révolutionnaire et socialiste, uni aux représentants des clubs et des
comités
électoraux des vingt arrondissements de Paris, a été apposée sur les
murs des
secteurs. C'est un réquisitoire contre le gouvernement, il conclut à la
mise en
accusation du gouvernement par la prochaine Assemblée, laquelle devra
demander
la guerre et donner sa démission plutôt que de traiter des conditions
de la
paix. L'affiche est signée, pour le comité : — Le président, Raoul
Rigault ; les assesseurs, Lavalette et Tanguy ; le secrétaire, Henri
Verlet. Elle
se termine par la liste des candidats à la députation. Le premier nom
est
Gambetta. »
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Résultats par
groupes,
environ 750 sont élus députés au suffrage universel
masculin, quelques rares députés internationaux siègeront sur les 43
présentés
et seront amenés à démissionner. Garibaldi bien qu’élu sera rejeté
comme un mal
propre, parce que non Français (bien que né à Nice et nouvel élu du
cru, ce même 8 février les Niçois rejettent l'idée de rejoindre la
France en élisant en plus 2 élus séparatistes). Guiseppe Garibaldi sera
renvoyé et non admis à la tribune.
1 - Les Orléanistes
: 31,70 %,
214 sièges, ils sont favorables au comte de Paris, Philippe d’Orléans
(Louis-Philippe II).
2 - Les
Légitimistes : 26,96 %,
182 sièges, ce sont les partisans du comte de Chambord, alias Henri V,
petit-fils de Charles X, ils sont pour la restauration de la
monarchie
absolue (les ultras ou réactionnaires).
3 - Les
Républicains
« modérés » : 16,59 %, 112 sièges, les fameux Jules :
Grévy, Ferry,
Favre, Simon, représentants de la « gauche républicaine »
(mais ancré
à droite) ;
4 - Les
« Libéraux » :
10,67 %, 72 sièges, dont Adolphe Thiers, Jean Say, plus des ralliés
orléanistes, le tout qualifié de centre gauche (avec un fort penchant
conservateur et plus) ;
5 - Républicains « radicaux » : 5,63 %, 38 sièges, dont
Léon Gambetta, Georges Clemenceau, les républicains
« radicaux » sont
les seuls à vouloir poursuivre la guerre (Ils siégent à l'extrême
gauche dans
l'hémicycle, préfiguration des partis dits radicaux) ;
6 - Les
Bonapartistes : 2,96 %,
20 sièges, notamment dans ses fiefs des Charentes et Corse, les
derniers bastions politiques.
|
9/02. 10 nouveaux
trains de
ravitaillement sont arrivés par le chemin de fer, ce qui porte à 37
trains
venus à Paris jusqu'à ce jour par la gare du Nord. Les 37 trains de
marchandises étaient composé de 1.638 wagons : 4.909.558 kilogrammes de
farine;
187.068 kil. de riz; 271.292 kil. de biscuits ; 432.750 kil. de
salaisons ;
282.162 kil. de denrées diverses ; 47.675 kil. de poisson ; 314.278
kil. de
bétail ; 1.840.000 kil. de combustible.
10/02. Le rationnement
du pain
cesse d'avoir lieu. La Ville de Paris a négocié un emprunt de 200
millions pour
le paiement de la contribution de guerre. Juliette Adam s'exclame
inquiète : « - Tiens,
dis-je à Me Ménard, il y a eu un accident horrible à Saint-Nazaire.
Vingt mille kilos de poudre ont sauté avec un train. Voilà à quoi
sert la poudre maintenant, à tuer de pauvres voyageurs ! Si encore
c'étaient des Prussiens !... Heureusement que, pour aller à Cannes,
il est impossible de passer par Nantes et Saint-Nazaire ; sans cela... ».
11/02. Est nommé
préfet de police
par intérim M. Choppin, lui-même chef de cabinet (jusqu’au 15 mars).
12/02.
A
Bordeaux, Zola cesse de travailler pour le ministre. Juliette Adam
quitte la capitale avec le jeune fils d'Henri Rochefort, Octave son
protégé. Le curé de Cuchery dans la Marne,
l'abbé Miroy est fusillé par les prussiens.
13/02. Le
cessez-le-feu est
effectif dans l’Est du pays.
14/02. A Bordeaux,
réunion de la
nouvelle Assemblée nationale (ci-contre en illustration) dite des
ruraux pour son vote massif pour les
conservateurs et réactionnaires.
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15/02.
Vers la naissance du
premier Comité central : Au Tivoli-Wauxhall (disparu), dans
l’ancienne rue
de la douane (rue Léon Jouhaux, 10e) se réunissent les délégués des
gardes nationales des arrondissements, à l’exception du 1er et 2e ;
le
comité provisoire est composé des représentants suivants :
Génotel
(3e arrondissement), Alavoine (4e), Manet (5e), Frontier (6e), Badois
(7e),
Soleyrole (8e), Mayer (9e), Arnold (10e), Piconel (11e), Audoynaud
(12e),
Soncial (13e), Da Costa (14e), Manson (15e), Pé (16e), Weber (17e),
Trouillet
(18e), Lagarde (19e), Adolphe Bouit (20e). Les jours suivants on cause
dans les
groupes locaux, l’idée de se fédérer est bien accueillie pour
rassembler le
plus grand nombre, la Fédération des gardes nationaux républicains est
elle-même prête à la fusion dans une grande fédération parisienne.
16/02. La place
forte de la ville de Belfort se rend (illustration ci-contre).
Albert Sorel au sujet de la guerre dans son histoire diplomatique
stipule sur la reddition : « Quoi
qu'il en soit, il fallut céder, et le 15 février, la convention de
délimitation fut signée. C'est ainsi que Belfort, dont la reddition
aurait pu, le 28 janvier, contribuer à sauver l'armée de l'Est, fut
remis à l'ennemi le 16 février. Paris n'avait pas su, en temps utile,
choisir entre l'armée et la place ; on perdit à la fois l'une et
l'autre. » (...) Et « peut donc être, à juste titre, considérée comme le
dernier acte diplomatique du gouvernement de la Défense nationale.
» (page 208) Le Journal
Officiel annonce que l’armistice
qui devait
expirer au 19 est prorogé jusqu’au 24 février, et plus si les conditions
l’exigent. A Bordeaux l’Assemblée continue à vérifier les pouvoirs des
élus, il
en reste 214 à examiner avant la fin de la séance, qui se termine à
deux heures du
matin. Il est aussi posé la question de savoir si les préfets doivent
être
élus?
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17/02. Thiers est élu chef
du
pouvoir exécutif de la nouvelle Assemblée nationale. Les maires et
adjoints de
Paris, réunis à l'Hôtel de Ville, votent des remerciements au
lord-maire de
Londres et aux Anglais, à l'occasion du ravitaillement de Paris. La
commission
des Election de la Seine est composée de MM. Dubail, président, maire
du 10e,
Seveste, adjoint au maire du 16e, etc ; se sont réunis
« à
l'Hôtel de ville, salle Saint-Jean, à l'effet de procéder au
recensement
général des votes émis le 8 février par les électeurs du département de
la
Seine, pour l'élection de quarante-trois députés a l’Assemblée
nationale. » (…) « Les procès-verbaux des sections
électorales ont
été examinés. Il a été fait lecture du décret du 29 janvier 1871,
convoquant les
électeurs pour la nomination de l’Assemblée nationale, ainsi que des
divers
autres décrets se rattachant aux opérations électorales, et des lois en
vigueur. Il a été ensuite procédé au recensement général des votes,
dont les
résultats sont consignés au tableau qui est demeuré ci-joint annexé,
avec cette
observation que le nombre des électeurs inscrits du département de la
Seine est
de 547.858, dont le huitième, exigé par la loi du 15 mars 1849, pour
être élu,
est de 68.482. »
Votants
totaux : 328.970 ;
députés élus et voix obtenues
: Louis Blanc. 216.530 Victor. Hugo 213.686. Gambetta 202.399.
Garibaldi
200.23. Quinet 199.472. Rochefort 165.67. Saisset 154.379. Delescluze
154.14.
Joigneaux 153.265. Schoelcher 149.994. Félix Pyat 145.872. Henri Martin
139.420. Pothuau 139.280. Gambon 136.249. Lockroy 134.585. Dorian
128,480. Ranc
126,533. Malon. 117.483. Brisso 115.594. Thiers 103.226. Sauvage
102.672.
Martin Bernard 102.366. Marc Dufraisse 101.688. Greppo 101.018.
Langlois
95.851. Frébault 95.322. Clémenceau 95.144. Vacherot 94.621. Floquet.
93.579.
Jean Brunet 91.914. Cournet. 91.656 Tolain 89.132. Littré 87.868. Jules
Favre.
81.722. Arnaud (de l'Ariège) 79.955. Léon Say. 76,675. Ledru-Rollin
75.784.
Tirard 75.207. Razoua 74.415 Ed. Adam. 73,245. Millière 73.121. Peyrat
72,480.
Farcy 69,968.
Journal Officiel,
du jour
|
18/02. Auguste Vacquerie au sujet
de Garibaldi « Mais savez-vous que c'est odieux, ce que vous
avez fait
à Garibaldi! Lui à qui la France avait pris sa ville natale, il était
accouru
au danger de la France ; lui que vous aviez empêché d'entrer à Rome, il
avait
voulu empêcher les Prussiens d'entrer à Paris ; lui sur qui les
chassepots
avaient "fait merveille" à Mentana, il avait eu la générosité de
secourir ses assassins! Vous l'aviez vu s'offrir tout entier, risquer
plus que
sa vie, risquer son prestige et sa gloire acquise dans un effort déjà
impossible; son héroïsme magnanime avait accepté les conséquences de
l'incapacité de vos généraux; il était venu faire quelque chose de plus
grand
que de vous sauver, il était venu périr avec vous ! » (Le Rappel, du jour).
Les chemins de fer de l’Est
rétablissent le service aux voyageurs entre Paris et Argentan (départ à
7h02 et
arrivée à 12h48…). |
|
Garibaldi
et ses fils en uniforme
|
Victor Hugo à Paul Meurice
Bordeaux, 18 février.
Cher
Meurice, voici ma première minute de loisir,
elle est pour vous, pour Mme Meurice, pour Auguste Vacquerie. Ah! que
vous me manquez tous! Vous manquez à mon coeur, vous manquez à ma
conscience, vous manquez à mon esprit. Jamais je n'ai eu plus besoin de
vous qu'en ce moment où je ne vous ai plus. Je ne sais si cette lettre
vous parviendra. Le caprice prussien est impossible à prévoir aussi
bien qu'à limiter. Enfin, nous voilà ici. Rude, voyage. Victor vous l'a
décrit et vous l'a conté. Arrivés à Bordeaux le 14 à 2 heures, pas de
logis, tous les hôtels pleins ; à 10 heures du soir nous ne savions pas
encore où nous coucherions. Enfin nous sommes sous des toits et même
chez des hôtes sympathiques. Maintenant, de vous à moi, la
situation est épouvantable.
L'Assemblée
est une Chambre introuvable; nous y
sommes dans la proportion de 50 contre 700. C'est 1815 combiné avec
1851 (hélas! les mêmes chiffres un peu intervertis). Ils ont débuté
par refuser d'entendre Garibaldi, qui s'en est allé. Nous pensons,
Louis Blanc, Schoelcher et moi, que nous finirons, nous aussi, par là.
Il n'y aura
peut-être de ressource devant les
affreux coups de majorité imminents, qu'une démission en masse de la
gauche, motivée. Cela resterait dans le flanc de l'Assemblée et la
blesserait peut-être à mort. Nous avons réunion de la gauche tous les
soirs. Nous faisons, Louis Blanc et moi, d'énormes efforts pour la
grouper. Beaucoup d'entente et une forte discipline nous permettraient
peut-être de lutter. Mais obtiendrons-nous cette entente? Pas un
journal pour nous. Nous sommes en l'air. Aucun point, d'appui. Le
Rappel,
publié ici, rendrait d'immenses services. Un de vous devrait venir.
Pour juger cette situation, il faut la voir. A Paris vous ne vous en
doutez pas. Que je suis loin de ces charmants jours de votre
hospitalité. J'avais des bombes au-dessus de la tête, mais j'étais près
de votre coeur.
|
19/02. A
l’Assemblée après des
remerciements et une brève introduction, M. Thiers annonce la formation
du
gouvernement : « Permettez-moi de vous énumérer les noms,
les
attributions des collègues qui ont bien voulu me prêter leur
concours : M. Dufaure,
ministre de la justice ; Jules
Favre, ministre des affaires étrangères ; M. Picard, ministre de
l'intérieur ; M. Jules Simon, ministre de l'instruction
publique ; M.
de Larcy, ministre des travaux publics ; M. Lambrecht, ministre du
commerce ; M. le général Le Flô, ministre de la guerre ; M.
l'amiral
Pothuau, ministre de la marine. « Dans cette
énumération manque le
ministre des finances. Ce choix est déjà arrêté dans la pensée du
conseil ; mais l'honorable membre auquel sera attribué ce
département
n'étant point encore à Bordeaux, je n'ai pas cru devoir livrer son nom
à la
publicité. Vous avez remarqué sans doute que je ne me suis chargé
d'aucun
département ministériel, afin d'avoir plus de temps pour ramener à une
même
pensée, entourer d'une même vigilance toutes les parties du
gouvernement de la
France. Sans vous apporter aujourd'hui un programme de gouvernement, ce
qui est
toujours un peu vague, je me permettrai de vous présenter quelques
réflexions
sur cette pensée d'union qui me dirige, et de laquelle je voudrais
faire sortir
la reconstitution actuelle de notre pays. » André Léo au sujet de Benoît
Malon adresse un article élogieux : « Je
vous donne les renseignements que vous désirez sur Benoît
Malon, avec d'autant plus d'empressement que j'apprends qu'il est en ce
moment
même l'objet d'ignobles attaques. L'année dernière déjà, dans le
Rappel, j'ai
proclamé toute mon estime pour lui ; je serai heureuse qu'une nouvelle
voix
s'élève pour le venger de ceux qu'offusquent nécessairement de nobles
et
simples droitures comme la sienne. » (Le
Rappel, du jour)
Victor Hugo à Paul Meurice
Bordeaux, le 19 février.
J'ajoute
quelques lignes en hâte. Vous savez que le
peuple de Bordeaux m'a fait, le lendemain de mon arrivée, une ovation
magnifique. Cinquante mille hommes dans la Grande Place ont crié : « Vive
Victor Hugo!
» Le lendemain, l'Assemblée a fait garder militairement la Grande Place
par de l'infanterie, de la cavalerie et de l'artillerie. Comme j'avais
crié : « Vive la République ! » et que le peuple avait
multiplié ce cri par cinquante mille bouches, l'Assemblée a tremblé.
Elle s'est déclarée insultée et menacée. Cependant je n'ai pas soulevé
d'incident, je me réserve pour le jour décisif.
C'est
l'avis de la réunion de la gauche, où siègent
Louis Blanc, Schoelcher, Joigneaux, Martin-Bernard, Langlois, Lockroy,
Gent, Brisson, etc., et qui m'a nommé son président. Hier, on a agité
des questions très graves : le futur traité Thiers/Bismarck,
l'intolérance inouïe de l'Assemblée, lé cas probable d'une démission en
masse. On croit l’Assemblée capable de ne vouloir entendre aucun
orateur de la gauche sur le traité de paix. Il va sans dire que je
remplirai là les suprêmes devoirs. Ce matin, le président du Cercle
national de Bordeaux est venu mettre ses salons à ma disposition. La
sympathie de la ville pour moi est énorme. Je suis populaire dans la
rue et impopulaire dans l'Assemblée. C'est bon. Et je vous serre dans
mes bras.
|
20/02 : Le
général Jules
Trochu demande sa mise en disponibilité, et refuse le grade de maréchal
et la
décoration qui lui sont proposés par Thiers. Après son dernier échec de
sortie
en direction de Versailles (bataille de Buzenval), il tire le constat
des échecs face aux Prussiens de manière retentissante, et sa
popularité a fondu comme neige au soleil. Victor Hugo écrira en juin :
« Trochu, participe passé du verbe trop choir ».
21/02. En première
page du Journal
des Débats du jour, il est
annoncé le
retour à Paris de M. Thiers et de son ministre de l’intérieur et
précise que
« le ministre des affaires
étrangères a
écrit à M. de Bismarck que M. Thiers se rendrait, aujourd'hui à
Versailles pour
conférer avec lui. A ce propos, un journal du soir assure que le
Moniteur
prussien de Versailles attaque vivement le nouveau chef du pouvoir
exécutif, en
déclarant que la Prusse, loin de songer à faire à la France des
conditiions en direction de Versailles de
paix plus douces que celles dont il a été question au début, serait
plutôt
disposée a les aggraver. Si le fait était vrai, il faudrait en conclure
que la
Prusse est mécontente de voir le gouvernement entre les mains de M.
Thiers.
Mais alors dans quelles mains fallait-il le remettre? » A Berlin sont publiés des rapports
officiel,
selon l’agence Havas
et ils
créditent : « les pertes totales des Français s'élèvent,
en
janvier, à 350.000 hommes avec 860 pièces d'artillerie de campagne.
Dans ce
chiffre sont compris 24.000 hommes da Chanzy, 12.000 de Roye, 10.000 de
Faidherbe et 30.000 de Bourbaki. Ne sont pas compris les 80.000 qui se
sont
retirés en Suisse, mais bien les 150.000 qui se trouvent à Paris. La
perte
totale, en janvier, des Allemands, s'élève à 10.000 hommes. »
22/02 Le Journal
Officiel informe
que M. Thiers a passé la journée avec M. Otto
Bismarck à Versailles et l’armistice est prorogée jusqu’au 26. A Paris
est affiché une déclaration du maire de Paris, Jules Ferry : « L’Administration
du Chemin de fer du Nord, généreusement et patriotiquement inspirée, a
voulu faire à la population parisienne une part dans les
approvisionnements de combustibles qui lui arrivent journellement… Elle
a cédé au Gouvernement une certaine quantité de Charbon de terre, qui
permettra de satisfaire à des prix plus modérés que ceux que détermine
la rareté de la matière, aux besoins les plus pressants des services
publics et de l’industrie. La Mairie de Paris s’est chargée de la
distribution… »
23/02. Le Times
reçoit de
Versailles dans la soirée le télégramme suivant : « M. de
Bismarck a
déclaré qu'il ne consentirait à une nouvelle prorogation de
l'armistice,
demandée par les Français que si la paix était conclue. Si les
conditions ne
sont pas acceptées, les hostilités reprendront dimanche à minuit.
Cependant, si
la paix parait probable, un délai pourrait être accordé. Les batteries
des
forts ont été tournées contre Paris. »
Selon le Journal des Débats, les
membres de l'Assemblée du parti légitimiste ont formé un groupe de 220
députés
inscrits et la gauche « est divisée en deux fractions,
comprenant
l'une cent et l'autre cinquante membres ».
Du Préfet de police au président du gouvernement, ministre de
l'intérieur et
Général en chef et maire de Paris : « Il a été
décidé hier
dans les clubs que de grandes manifestations auraient lieu sur la place
de la
Bastille. Je fais consigner la garde républicaine. »
24/02 : Dans la
capitale, au Wauxhall-Tivoli
(10e), une assemblée générale est organisée des gardes nationales
parisiennes
(GNP) et deux motions sont adoptées, l’une porte sur le refus de rendre
les
armes et l’autre sur le rejet de la capitulation devant les Prussiens.
2.000
personnes sont présentes et soutiennent l’idée d’une Fédération, qui
est
vivement soutenue par les présents, et sont à l’unanimité adoptés des
statuts
par les délégués, plus une motion refusant toute forme de désarmement
et
jusqu’à l’usage de la force si nécessaire. Le Comité central est enfin
sur les
rails… Il se tient aussi une grande manifestation à la Bastille
auxquels les
participants se joignent.
25/02. Les dépêches du
Préfet de
police au président du gouvernement à diverses autorités, une première
dépêche
est envoyée à midi 35 minutes : « Les groupes persistent,
mais peu
nombreux et plutôt composés de curieux. La situation est toujours
exploitée
contre les gardiens de la paix. Les comptes-rendus des clubs d'hier
soir sont
fort mauvais. » A 2 heures
de l’après
midi : « Les manifestations s'accentuent dans un
mauvais
sens, on poursuit et maltraite les femmes bien vêtues, les sergents de
ville
sont obligés de se cacher. Il faut prendre ses précautions. » 45 minutes après : « La
foule
a grossi à la Bastille, on compte trois mille personnes en armes ;
députations
nombreuses déposant des couronnes. (Numéros des bataillons : 206e, 65e
et 137e). » Le
général Callier depuis la Bastille décide
de ne pas intervenir.
Le Préfet de
police à 3 heures 17 minutes envoie cette
nouvelle appréciation :
« La foule est toujours
assez
nombreuse. Beaucoup de curieux. On voit un certain nombre d'uniformes
militaires. Les députations de la garde nationale se succèdent toujours
sur la
place, quelques compagnies en corps et tambours en tète. On signale
comme ayant
pris part à la manifestation trente hommes et un clairon portant un
uniforme
semblable à celui des chasseurs à pied et ayant sur leurs képis le
numéro 137.
Quelques discours, cris de : Vive la ligne ! Vive la République ! A bas
les
traîtres ! » Trois quart d'heure
après :
« Les journaux avancés du matin contiennent une
convocation de
la garde mobile de la Seine pour aujourd'hui 2 heures, place
Saint-Vincent de
Paul, à l'effet de se rendre à la Bastille. » A 6 heures du soir : « La
foule est toujours
considérable place de la Bastille. Les députations continuent à
apporter des
couronnes. Deux mille mobiles de la Seine ont défilé, précédés de deux
fourriers portant une grande couronne noire. La foule crie : Vive la
mobile !
Vive la République ! » 50
minutes après : « Toujours même foule ; à chaque
couronne
déposée, des clairons de la garde nationale sonnent aux champs, et on
crie :
Vive la République ! », etc.
Et à 9
heures 45 minutes du soir : « La place de la
Bastille se
vide peu à peu. La manifestation tourne à la parade et paraît exciter
peu à peu
le dégoût des assistants. »
Les
prussiens à Paris et le 18 mars,
C.
Yvriarte
|
Photo de soldats de la garde nationale pendant le siège
Dimanche 26/02. A
Versailles les
préliminaires de paix sont signés. (Le traité définitif sera signé à
Francfort
le 10 mai). Le préfet de Police après avoir adressé une première
dépêche à 11
heures 47 du matin signalant peu de monde place de Bastille, une heure
après : « La foule augmente depuis onze heures place de la
Bastille. Toujours les mêmes détachements de la garde nationale, les
mêmes
couronnes. Rien d'hostile, on remarque des marins dans la cohue. (L'un
d'eux
vient de couronner le génie de la Liberté.) On a arboré le drapeau
rouge. » Puis, il est
annoncé qu’un agent a été pris par des
manifestants et jeté à l’eau. A cinq heures du soir, place Wagram une
foule
résolue et calme décide de ne pas laisser les canons à l’ennemi, des
soldats de
divers bataillons commencent après quelques bousculades avec leurs
gardiens à
embraquer les pièces d’artillerie. Pendant qu’à la Bastille la
manifestation
s’amplifie, à 6 heures trente du soir, l’on signale l’arrivée de canons
sur la
place tirés par des hommes, une demi-heure après il est question
d’ « une levée en masse ».
A Belleville à neuf du soir, il
est
signalé une forte mobilisation de bataillons en arme, 2.000 hommes sont
réunis
boulevard de Belleville et le mot d’ordre est de se rendre place du
Château
d’Eau (descente présumée du faubourg du Temple). Le Préfet de Police à
M.
Thiers, etc, « On vient d'enlever les canons du parc de
la
Muette, on les traîne au Trocadéro et au champ de Mars. La réunion de
la
Marseillaise (le journal)
a
résolu d'opposer la force à l'entrée des Prussiens, elle attend des
ordres du
Comité central de la rue de la Corderie. »
Le Général Callier à M. Thiers, etc, « Les bataillons se
rassemblent en armes et disent vouloir s'opposer à l'entrée des
Prussiens.
L'animation est grande, le mouvement essentiellement patriotique et
uniquement
dirigé contre l'ennemi. La prolongation de l'armistice suspendra ce
mouvement ;
mais il est certain qu'il se reproduira si les Prussiens doivent entrer
dans
Paris. N'y a-t-il pas là un danger véritable, et n'y aurait-il pas lieu
d'en
tenir compte dans les négociations? »
(Les prussiens à Paris et le 18 mars,
C. Yvriarte) Dans la nuit
libération de la prison Sainte Pélagie d’Antoine Brunel et Joseph
Piazza
(fusillé le 24 mai), comandants de bataillon des gardes parisiennes.
Texte
de la convention dite du
26 février 1871, publiée au Journal officiel du lendemain
:
PROLONGATION
DE L'ARMISTICE : Entre les soussignés (Bismarck, Thiers
et
Favre), munis des pleins pouvoirs de l'Empire d'Allemagne et de la
République
française, la convention suivante a été conclue.
-
ARTICLE Ier. Afin
de
faciliter la ratification des préliminaires de paix conclus aujourd'hui
entre
les soussignés, l'armistice stipulé par les conventions du 28 janvier
et du 15
février dernier est prolongé jusqu'au 12 mars prochain.
-
ARTICLE II. La prolongation de l'armistice ne s'appliquera
pas à
l'article IV de la Convention du 28 janvier, qui sera remplacé par la
stipulation suivante, sur laquelle les soussignés sont tombés d'accord
: La
partie de la ville de Paris, à l'intérieur de l'enceinte comprise entre
la
Seine, la rue du Faubourg Saint-Honoré et l'avenue des Ternes, sera
occupée par
des troupes allemandes, dont le nombre ne dépassera pas trente mille
hommes. Le
mode d'occupation et les dispositions pour le logement des troupes
allemandes
dans cette partie de la ville seront réglées par une entente entre deux
officiers supérieurs des deux armées, et l'accès en sera interdit aux
troupes
françaises et aux gardes nationales armées pendant la durée de
l'occupation.
-
ARTICLE III. Les troupes allemandes s'abstiendront à
l'avenir de
prélever des contributions en argent dans les territoires occupés. Les
contributions de cette catégorie dont le montant ne serait pas encore
payé
seront annulées de plein droit ; celles qui seraient versées
ultérieurement,
par suite d'ignorance de la présente stipulation, devront être
remboursées. Par
contre, les autorités allemandes continueront à prélever les impôts de
l'État
dans les territoires occupés.
-
ARTICLE IV. Les deux parties contractantes conserveront le
droit de
dénoncer l'armistice à partir du trois mars selon leur convenance, et
avec un
délai de trois jours pour la reprise des hostilités, s'il y avait lieu.
Fait et
approuvé à Versailles, le 26 février 1871.
|
27/02. Pas de réunion
de
l’Assemblée à Bordeaux ce jour et la gauche radicale tente de se mettre
d’accord sur le refus de céder une partie du territoire, ne permettant
pas aux
fractions de s’entendre, à l’issue de la rencontre Léon Gambetta
demande
d’attendre le résultat des négociations, et M. Thiers est attendu dans
la nuit
dans la capitale girondine. A Paris, à une heure 30 minutes du matin,
le Préfet
au Président du gouvernement, etc. : « Les gardes
nationaux se
réunissent toujours au square du Temple et se dirigent par petits
groupes vers
les Champs-Elysées. Le but du mouvement est toujours d'empêcher l'armée
ennemie
d'entrer dans Paris. »
Du
ministre de la marine au Président, etc. à 4 heures 30 minutes matin : « Trois
mille hommes rassemblés sur la place de la Concorde et venus par le
boulevard
de la Madeleine et la rue Royale montent les Champs-Elysées et marchent
en bon
ordre ; ils poussent le cri de Vive la République ! Il n'y a
rien de menaçant
dans leur allure, mais on sent qu'il y a évidemment organisation. » Le Préfet à diverses
autorités :
« J'apprends par un exprès que Sainte-Pélagie est
attaquée ; on
est en train d'enfoncer les portes. Le poste ne résiste pas. » A 5 heures 25 minutes du matin :
« Le
factionnaire de la caserne de la Cité vient de voir passer à peu près
huit
cents gardes nationaux armés ; ils emmènent avec eux les prisonniers de
Sainte-Pélagie, dont je viens de vous annoncer l'attaque. Le mouvement
s'étend
sur la rive gauche. Une prise d'armes a eu lieu dans le 5e
arrondissement ; les
gardes armés se sont portés sur le 13e arrondissement. »
Le Préfet au général en chef, à 7
heures du
matin : « Le général commandant le 2e secteur
est fait
prisonnier dans son secteur ; on a coupé les fils télégraphiques ; les
gardes
nationaux, partout où ils se présentent, invoquent le même prétexte :
ils veulent
des cartouches pour s'opposer à l'entrée des Prussiens. » Le général commandant le 4e
secteur au
général en chef à 9 heures 25 minutes : « Des
gardes
nationaux viennent de remonter les pièces du bastion 36 sur leurs
affûts et
réarment le rempart. Six pièces viennent d'être mises en batterie
devant la
porte de la Chapelle. On insulte les factionnaires des poudrières, on
les
violente et on leur demande de livrer les clefs. » Le général commandant le 5e
secteur au commandant en chef, à
11 heures matin : « L'enlèvement des pièces
continue ; le
fait se passe sans violences : les postes d'artillerie de la garde
nationale
sont de connivence ; on n'a pas la force nécessaire pour s'opposer aux
envahissements. Depuis hier, cinq bataillons de garde nationale du
secteur ont
été convoqués : aucun n'a répondu. »
Le général commandant le 4e secteur au commandant en chef, 15 minutes
après : « Je ne puis employer que la
persuasion pour
arrêter l'excès de zèle des gardes nationaux. Je n'aurais pas, du
reste,
d'autres moyens à ma disposition. Le 129e bataillon s'est dispersé
tranquillement. »
Le Préfet de police
au Président du gouvernement à 11 heures 55 minutes matin : « L'entrée
des Prussiens dans Paris exaspère la population. Place des Vosges, on
semble
disposé à une insurrection. »
Le Major
de place au 7e secteur à une heure de l’après-midi : « Sur
l'ordre du général en chef, je commande les 15e et 17e bataillons pour
les
mettre à la disposition du Président du pouvoir exécutif au ministère
des
affaires étrangères. » Une
demi-heure
après un échange du ministre de la marine au ministre des affaires
étrangères : « Des groupes nombreux de gardes en
armes se
forment sur la place de la Concorde. Le bataillon qui garde le
ministère de la
marine n'est plus réuni. Le Président du pouvoir exécutif est-il en
sûreté? » Le Préfet de
police au
général Callier, trente minutes plus tard : « Les
bataillons continuent leur mouvement par le boulevard Richard-Lenoir,
les
boulevards des Amandiers et de Ménilmontant, celui du Prince-Eugène. Il
y en a
déjà d'arrivés à la hauteur de l'Arc de triomphe. Ils montrent le plus
grand
acharnement contre les sergents de ville ».
Au sein de l’état-major militaire, une information précise que
quatre
officiers de la garde nationale sont
venus sans troupe : « avec la note suivante : -
Comité
central de la garde nationale. - Le capitaine Dehoux, de la 4e du 87e,
rassemblera immédiatement la compagnie pour aller prendre au Ranelagh,
à Passy,
les canons qui y sont. »
Du ministère
de l’Intérieur au général en chef et au préfet de police à 1 heure 30
minutes
de l’après-midi : « On me signale tentatives de
pillage sur
ateliers Warral Midgleton, avenue Trudaine, n°9. Les canons en magasin
sont le
prétexte. » Le général
commandant du
5e secteur au général Vinoy, au Louvre, quarante minutes après :
« Toutes
les pièces de 7 qui restaient ce matin au parc de la place Wagram ont
été
enlevées il y a une heure
par notre
artillerie et transportées aux Invalides ; mais des gardes nationaux
appartenant à toute espèce de bataillons, surexcités par des meneurs,
se
présentent de nouveau pour enlever ou briser les caissons, et je n'ai
pas de
moyen de m'opposer. Je regrette que le bataillon du 35e ait été si vite
retiré
ce matin de son poste du parc Wagram. »
Secrétaire général
préfecture
de police à préfet de police, aux affaires étrangères à 2 heures 55 : « Une
foule de deux mille personnes, rue Turbigo, escortait une voiture
contenant
trois individus reconnus pour être des sujets prussiens ; on criait : A
l'eau !
et on avait réellement l'intention de se défaire d'eux, car on les
conduisait
sur le quai Valmy. Un officier du 107e bataillon s'est opposé ; il a
proposé de
les conduire place de la Corderie du Temple, au Comité central, pour
être
jugés. La foule les a entraînés de ce côté. » Le Secrétaire général au préfet
police, et aux affaires étrangères : « Trois
canons sont amenés par des femmes sur la place de la mairie, à
Montmartre,
quatre autres dans la rue Legendre. Des gardes mobiles de Paris,
officiers en
tête, ont passé sur le boulevard de Clichy avec quatre pièces de canon,
se
dirigeant sur le centre de Paris. Le 61e et le 123e bataillon de
Montmartre
sont partis pour Passy avec armes et cartouches. Le 129e bataillon a
destitué
son commandant, qui résistait, et en a nommé un autre. Les arrestations
arbitraires continuent. Barberet occupe la mairie du 18e arrondissement
à midi
et demi, avec des hommes du 79e bataillon. Le 132e se dirige vers la
Bastille
avec ses canons et l'état-major en tète ».
Préfet de police à Président du
conseil, au général en chef, un peu plus de
deux heures après : « Quinze cents mobiles de
la Seine,
d'autres disent trois mille, convoqués par le Vengeur rue Lafayette, se
sont
rendus de là à la Bastille clairons en tête, pour défiler autour de la
colonne.
Peu d'officiers, abstention de quelques sous-officiers et caporaux. Ils
doivent
aller à l'École militaire délivrer les marins, et à la caserne de la
Pépinière. »
Ministère de l’Intérieur au général en
chef
, dépèche de 5 heures 35 minutes : « Les gardes
nationaux
qui ont occupé la gare de la Chapelle font rétrograder les trains ; ils
les
fouillent et font des arrestations. »
Ministère de la Marine au général Vinoy, trente minutes après :
« Les
mobiles de Paris ont forcé la caserne de la Pépinière et cherchent à
entraîner
les matelots vers la place de la Bastille. J'écris au commandant de
faire tout
son possible pour retenir nos matelots ; mais je ne dispose d'aucune
force. »
Préfet police, aux ministres, au
général en
chef, etc. à 6 heures 52 minutes : « Neuf
canons ou
mitrailleuses sont en batterie sur la place du Château-Rouge, tournés
vers les
remparts et gardés par des gardes nationaux et des artilleurs de la
garde
nationale, et des soldats du 110e de ligne. Les officiers sont partis
pour
chercher des munitions boulevard Ornano et dans les rues
adjacentes. »
(Les
prussiens à Paris et le 18 mars, C.
Yvriarte)
Défilé des troupes d'occupation sur les Champs Elysées le 28 février
1871
Mardi 28/02. Pendant
la nuit du 27 au
28 il y a beaucoup d’agitation à Paris, il existe une forte
concentration aux
alentours des Champs Elysées et l’on s’attend à l’entrée imminente de
l’armée
prussienne. Du général commandant du 3e secteur au général Vinoy, une
dépêche à
une heure 10 minutes du matin : « M. Frey, ingénieur
mécanicien,
impasse Rebeval, 23, a six mitrailleuses et un petit canon en magasin.
Il est
menacé à son tour. Quelle réponse lui faire? » Réponse du général Vinoy 10 minutes
après : « Enlevez
les manivelles! » (sic).
Dans certains
quartiers, le tocsin est sonné, pendant que 15.000 gardes nationales de
Belleville, La Chapelle, Ménilmontant, Montmartre, Montrouge, etc., se
dirigent
vers le palais de l’Industrie, puis se rendent place Wagram où se
trouve
« un immense parc d’artillerie ». A l’annonce de la nouvelle
de la
signature parvenant dans la capitale tout se calme selon le Journal
des Débats et les pièces
d’artillerie sont
depuis hors d’atteintes des armées d’occupation. Édition de l’Affiche
Noire du comité provisoire des
Gardes
nationales qui demande à ne pas manifester contres les troupes
allemandes.
Le
Préfet de police à 12 heures 40 minutes : « La
réunion de
la Marseillaise, contenant quatre mille personnes, vient de se
terminer. Les
résolutions suivantes y ont été arrêtées : - On se rendra d'abord place
des
Vosges, convertie en parc d'artillerie, pour garder les canons ; on
s'assurera
des portes de Paris et s'emparera ce matin à six heures de l'hôtel de
ville et
de la préfecture de police. Un sieur Darras est nommé général en chef.
Les
assistants se sont séparés pour aller prendre leurs armes ; un sieur
Digoux a
promis de rapporter immédiatement vingt mille cartouches. On formera un
comité
de salut public dans le 19e arrondissement, et il servira de modèle aux
autres,
qui fonctionnent sous la direction d'un comité central. » Le secrétaire général de la
préfecture de
police, au Préfet, aux Affaires étrangères à 3 heures 25 minutes :
« Les
gardes nationaux du 12e arrondissement prennent les armes; le 73e a
formé les
faisceaux sur l'avenue Daumesnil. Les hommes prétendent avoir reçu
mission de
rétablir l'ordre et de s'opposer à l'entrée des Prussiens dans
l'arrondissement. Ces gardes nationaux prétendent avoir trouvé à la
gare de
Lyon trente et un canons cachés. On signale, rue de l'École, puis rue
Mazarine,
des passages de forts détachements de gardes nationaux, marins, mobiles
; ils
crient "Aux armes!". Vingt-quatre pièces d'artillerie traînées par
des gardes nationaux sont passées dans la rue de Grenelle
Saint-Germain. Les
concierges des rues du faubourg du Temple sont prévenus que les gardes
nationaux viendront pendant la nuit chercher, de gré ou de force, les
hommes
valides pour les contraindre à marcher. A Montmartre les barricades
s'élèvent ;
grand mouvement de canons. On visite toutes les gares, on enlève les
dépôts de
fusils des différents corps constitués au moyen des employés. » A la gare de l'Est il est
constaté de même
des infractions...
Le Préfet de police au général Vinoy, à
6 heures du
soir : « Les poudrières du Panthéon sont-elles
gardées?
Plusieurs avis disent qu'elles sont menacées comme les autres dépôts de
munitions de Paris. » Le
général
Hubert Callier, au général Vinoy,
10 minutes après : « J'ai la satisfaction de vous
annoncer que
les trois millions de cartouches que j'avais dans mes poudrières sont
complètement transportées au Panthéon. »
Le général commandant le 4e secteur au général 15 minutes après :
« Plusieurs
bataillons du 18e arrondissement ont le projet de relever cette nuit le
poste
de la mairie de cet arrondissement, fort de quatre-vingts hommes, et
d'employer
la violence en cas de refus. Le chef du poste paraît disposé à se
défendre, il
demande des cartouches et du renfort. Faut-il entrer dans cette voie?
Je ne
pourrais du reste disposer que des compagnies de ce bataillon; on ne
peut
nullement compter sur les autres bataillons en cette circonstance. »
Le Commissaire de la gare du Nord au
Préfet
de police, à 6 heures 35 minutes : « La
Compagnie m'informe
que demain, à six heures, des piquets du 125e bataillon seront postés
aux
portes de la gare de la Chapelle pour fermer aux ouvriers (onze cents)
l'entrée
des ateliers, et sans doute pour entraîner ces derniers avec eux. » Le Maire de Paris au ministère de
l’Intérieur, etc., au même moment : « Le service de la
voie
publique m'informe officiellement que les gardes nationaux du 18e
arrondissement ont construit plusieurs barricades boulevard Ornano,
d'autres
entre la rue Myrrha et la rue Labat, rue Dejean, place du
Château-Rouge,
fermant la rue Custine et la rue Poulet ; une cinquantaine de bouches à
feu
sont placées entre les barricades et dans les terrains Versigny, rue
Poteau-Brémond, boulevard Ornano, rue Levis, rue Dejean. » Du secrétaire général préfet de police
au préfet,
etc. : « Des gardes nationaux armés viennent de se
présenter à la porte du boulevard du Palais, demandant qu'on leur
remette les
mitrailleuses. Le poste de la garde républicaine a croisé la
baïonnette. Nous
prenons nos mesures de défense. »
(Les
prussiens à Paris et le 18 mars, C.
Yvriarte)
Un certain nombre de journaux légalistes
refuseront de publier le
lendemain face à l’occupation de Paris, le Journal des Débats suspend deux numéros avant de republier
le vendredi
3 mars. Lire aussi l'annonce du gouvernement sur l'occupation de la
capitale à partir du 1er mars dans les documents annexes.
Dans cette lutte contre la
Prusse, l'essor du peuple a été constamment réprimé par ses maîtres. Il
n'a pu
rien faire que se faire tuer obscurément et inutilement.
G. Flourens, Paris livré,
épilogue, page 224
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Documents et annexes
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PROTOCOLE du 28
janvier 1871 : DÉSARMEMENT DE PARIS
Lignes de démarcation des deux
armées. Reddition des forts et des redoutes. Remise de l'armement et du
matériel.
Article 1er. Lignes de
démarcation devant Paris. Les
lignes de démarcation seront formées du côté français par l'enceinte de
la
ville. Du côté allemand, 1° sur le front sud : la ligne partant de
la
Seine, à l'extrémité nord de l'île Saint-Germain, longera l'égout
d'Issy et
continuera entre l'enceinte et les forts d'Issy, de Vanves, de
Montrouge, de
Bicêtre, d'Ivry, en se tenant à une distance d'environ cinq cents
mètres des
fronts des forts, jusqu'à la bifurcation des routes de Paris au
Port-à-l'Anglais et d'Alfort.
2° Sur le front est : Depuis
le dernier point indiqué, la ligne traversera le confluent de la Marne
et de la
Seine, longeant ensuite les lisières de l'ouest et du nord du village
de
Charenton pour se diriger directement à la porte de Fontenay en passant
par le
rond-point de l'obélisque. Puis la ligne se dirigera vers le nord
jusqu'à un
point à 500 mètres à l'ouest du fort de Rosny et au sud des forts de
Noisy et
de Romainville, jusqu'à l'endroit où la route de Pantin touche au bord
du canal
de l'Ourcq. La garnison du château de Vincennes sera d'une compagnie de
deux
cents hommes et ne sera pas relevée pendant l'armistice.
3° La ligne continuera jusqu'à
500 mètres au sud-ouest du fort d'Aubervilliers le long de la lisière
sud du
village d'Aubervilliers et du canal Saint-Denis, traversant ce dernier
à 500
mètres au sud de la courbe, gardant une distance égale au sud des ponts
du
canal et se prolongeant en droite ligne jusqu'à la Seine.
4° Sur le front ouest : A
partir du point où la ligne indiquée touche à la Seine, elle en longera
la rive
gauche en amont jusqu'à l'égout d'Issy. De légères déviations de cette
ligne
seront permises aux troupes allemandes autant qu'elles seront
nécessaires pour
établir leurs avant-postes de la manière qu'exige la sûreté de l'armée.
Art. 2. Passage de la ligne de
démarcation. Les personnes qui
auront
obtenu la permission de franchir les avant-postes allemands ne pourront
le
faire que par les routes suivantes : Route de Calais. Lille. Metz.
Route de
Strasbourg, porte de Fontenay. Bâle. Antibes. Toulouse. Puis enfin sur
les
ponts de la Seine, comprenant celui de Sèvres dont la reconstruction
est
permise. Pont de Neuilly. Asnières. Sèvres. Saint-Cloud.
Art. 3. Reddition des forts et
redoutes. La reddition s'opérera dans la journée du 29 janvier 1871, à
partir
de 10 heures du matin, et de la manière suivante : Les troupes
françaises
auront à évacuer les forts et le territoire neutre, en laissant dans
chacun des
forts le commandant de place, le garde du génie, le garde d'artillerie
et le
portier consigne. Aussitôt après l'évacuation de chaque fort, un
officier de
l'état-major français se présentera aux avant-postes allemands, afin de
donner
les renseignements qui pourraient être demandés sur ce fort, ainsi que
l'itinéraire à suivre, afin de s'y rendre. Après la prise de possession
de
chaque fort et après avoir donné les renseignements qui pourront lui
être
demandés, le commandant de place, le garde du génie, le garde
d'artillerie et
le portier consigne rejoindront à Paris la garnison du fort.
Art. 4. Remise de l'armement et
du matériel. Les armes, pièces de campagne et le matériel seront remis
aux
autorités militaires allemandes dans un délai de quinze jours, à partir
de la
signature de la présente convention, et déposés, par les soins des
autorités
françaises, à Sevran. Un état d'effectif de l'armement et du matériel
sera
remis par les autorités françaises aux autorités allemandes avant le 4
février
prochain. Les affûts des pièces qui arment les remparts devront être
également
enlevés avant celle époque. Versailles, 26 janvier.
Le chef d'état-major général de
l'armée de Paris, DE VALDAN. Le chef d'état-major général des armées
allemandes, DE MOLKTE.
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PROLONGATION DE
L'ARMISTICE : 26 février 1871
Entre les soussignés munis des
pleins pouvoirs de l'Empire d'Allemagne et de la République française,
la
convention suivante a été conclue :
Article 1er. Afin de faciliter la
ratification des préliminaires de paix conclus aujourd'hui entre les
soussignés, l'armistice, stipulé par les conventions du 28 janvier et
du 15
février dernier, est prolongé jusqu'au 42 mars prochain.
Art. 2. La prolongation de
l'armistice ne s'appliquera pas à l'article IV de la convention du 28
janvier
qui sera remplacé par la stipulation suivante, sur laquelle ; les
soussignés
sont tombés d'accord. La partie de la ville de Paris, à l'intérieur de
l'enceinte, comprise entre la Seine, la rue du faubourg Saint-Honoré et
l'avenue des Ternes, sera occupée par des troupes allemandes dont le
nombre ne
dépasser et, pas trente mille hommes. Le mode d'occupation et les
dispositions
pour le logement des troupes allemandes dans cette partie de la ville,
seront
réglés par une entente entre deux officiers supérieurs des deux armées,
et
l'accès en sera interdit aux troupes françaises et aux gardes
nationales armées
pendant la durée de l'occupation.
Art. 3. Les troupes allemandes
s'abstiendront à l'avenir de prélever des contributions en argent dans
les
territoires occupés. Les contributions de cette catégorie. dont le
montant ne
serait pas encore payé, seront annulées de plein droit ; celles qui
seraient
versées ultérieurement par suite d'ignorance de la présente
stipulation,
devront être remboursées. Par contre, les autorités allemandes
continueront à
prélever les impôts de l'État dans les territoires occupés.
Art. 4. Les deux parties
contractantes conserveront le droit de dénoncer l'armistice à partir du
trois
mars, selon leur convenance et avec un délai de trois jours pour la
reprise des
hostilités s'il y avait lieu.
Fait et approuvé à Versailles, ce
26 février 1871, V. BISMARCK. A. THIERS, JULES FAVRE.
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Préliminaires du TRAITÉ DE
PAIX : 26 février 1871
Le chef du pouvoir exécutif de la
République française propose à l'Assemblée nationale le projet de loi
dont la
teneur suit : L'Assemblée nationale, subissant les conséquences de
faits dont
elle n'est pas l'auteur, ratifie les préliminaires de paix dont le
texte est
ci-annexé et qui ont été signés à Versailles, le 26 février 1871, par
le chef
du pouvoir exécutif et le ministre des affaires étrangères de la
Répuque
française, d'une part ; Et, d'autre part, par le chancelier de l'Empire
germanique, M. le comte Otto de Bismarck-Schonhausen; le ministre
d'État et des
affaires étrangères de S. M. le roi de Wurtemberg, et le ministre
d'Etat
représentant S. A. R. le grand-duc de Bade ; Et autorise le chef du
pouvoir
exécutif et le ministre des affaires étrangères à échanger les
ratifications.
Le chef du pouvoir exécutif de la
République française, A. THIERS. Pour le ministre des affaires
étrangères absent,
J. DUFAURE. Délibéré en séance publique, à Bordeaux, le premier mars
mil huit
cent soixante et onze. Le président : Jules GRÉVY. Les secrétaires : DE
BARANTE, N. JOHNSTON, CASTELLANE.
Teneur des préliminaires de
paix, dont lecture a été faite à l' Assemblée nationale et dont
l'instrument
authentique reste déposé aux archives du ministère des affaires
étrangères.
Entre le chef du pouvoir exécutif
de la République française, M. Thiers, et le ministre des affaires
étrangères,
M. Jules Favre, représentant la France, d'un côté, Et, de l'autre part,
le
chancelier de l'Empire germanique, M. le comte Otto de
Bismarck-Schonhausen,
muni des pleins pouvoirs de S. M. l'Empereur d'Allemagne, roi de
Prusse; Le
ministre d'État et des affaires étrangères de S. M. le roi de Bavière,
M. le
comte Otto de BraySteinburg; Le ministre des affaires étrangères de S.
M. le
roi de Wurtemberg, M. le baron Auguste de Waechter ; Le ministre
d'État,
président du conseil des ministres de S. A. R. Mgr le grand-duc de
Bade, M.
Jules Jolly; Représentant l'Empire germanique; Les pleins pouvoirs des
deux
parties contractantes ayant été trouvés en bonne et due forme, il a été
convenu
ce qui suit pour servir de base préliminaire à la paix définitive à
conclure
ultérieurement :
Article 1er. — La France
renonce en faveur de l'Empire allemand à tous ses droits et titres sur
les
territoires situés à l'est de la frontière ci-après désignée :
La ligne de démarcation commence
à la frontière nord-ouest du canton de Cattenom, vers le grand-duché de
Luxembourg;
suit, vers le sud, les frontières occidentales des cantons de Cattenom
et
Thionville; passe par le canton de Briey en longeant les frontières
occidentales (…) jusqu'à la frontière de l'arrondissement de Sarrebourg
au sud
de Garde.
La démarcation coïncide ensuite
avec la frontière de cet arrondissement jusqu'à la commune de
Tanconville, dont
elle atteint la frontière au nord ; de là elle suit la crête des
montagnes
entre les sources de la Sarre blanche et de la Vezouse jusqu'à la
frontière du
canton de Schirmeck, (…) aux limites méridionales des communes de
Bourgone et
de Froide-Fontaine, et atteindre la frontière suisse, en longeant les
frontières orientales des communes de Jonchery et Delle. L'Empire
allemand
possédera ces territoires à perpétuité en toute souveraineté et
propriété. Une
commission. internationale, composée
de représentants des hautes parties contractantes, en nombre égal des
deux
côtés, sera chargée, immédiatement après l'échange des ratifications du
présent
traité, d'exécuter sur le terrain le tracé de la nouvelle frontière,
conformément aux stipulations précédentes.
Cette commission présidera au
partage des biens-fonds et capitaux qui jusqu'ici ont appartenu en
commun à des
districts ou des communes séparés par la nouvelle frontière; en cas de
désaccord sur le tracé et les mesures d'exécution, les membres de la
commission
en référeront à leurs gouvernements respectifs. La frontière, telle
qu'elle
vient d'être décrite, se trouve marquée en vert sur deux exemplaires
conformes
de la carte du territoire formant le gouvernement général d'Alsace,
publiée à
Berlin en septembre 1870 par la division géographique et statistique de
l'état-major général, et dont un exemplaire sera joint à chacune des
deux
expéditions du présent traité. Toutefois, le tracé indiqué a subi les
modifications suivantes, de l'accord des deux parties contractantes :
dans
l'ancien département de la Moselle, les villages de Maireaux-Mines,
près de
Saint-Privat-la-Montagne, et de Vionville, à l'ouest de Rezonville,
seront
cédés à l'Allemagne; par contre, la ville et les fortifications de
Belfort
resteront à la France avec un rayon qui sera déterminé ultérieurement.
Art. 2. La France payera à S. M.
l'Empereur d'Allemagne la somme de cinq milliards de francs. Le
payement d'au
moins un milliard de francs aura lieu dans le courant de l'année 1871, et celui de tout le reste de la dette
dans un
espace de trois années, à partir de la ratification des présentes.
Art. 3. L'évacuation des
territoires français occupés par les troupes allemandes commencera
après la
ratification du présent traité par l'Assemblée nationale, siégeant à
Bordeaux.
Immédiatement après cette ratification, les troupes allemandes
quitteront
l'intérieur de la ville de Paris, ainsi que les forts situés sur la
rive gauche
de la Seine, et, dans le plus bref délai possible fixé dans une entente
entre
les autorités militaires des deux pays, elles évacueront entièrement
les
départements du Calvados, de l'Orne, de la Sarthe, d'Eure-et-Loir, du
Loiret,
de Loir-et-Cher, d'Indre-et-Loire, de l'Yonne, et, de plus, les
départements de
la Seine-Inférieure, de l'Eure, de Seine-et-Oise, de Seine-et-Marne, de
l'Aube
et de la Côte-d'Or, jusqu'à la rive gauche de la Seine.
Les troupes françaises se
retireront en même temps derrière la Loire, qu'elles ne pourront
dépasser avant
la signature du traité de paix définitif. Sont exceptées de cette
disposition
la garnison de Paris, dont le nombre ne pourra pas dépasser quarante
mille
hommes, et les garnisons indispensables à la sûreté des places fortes.
L'évacuation des départements situés entre la rive droite de la Seine
et la
frontière de l'est par les troupes allemandes, s'opérera graduellement
après la
ratification dn traité de paix définitif, et le payement du premier
demi-milliard
de la contribution stipulée par l'article 2, en commençant par les
départements
les plus rapprochés de Paris, et se continuera au fur et à mesure que
les
versements de la contribution seront effectués. Après le premier
versement d'un
premier demi-milliard, cette évacuation aura lieu dans les départements
suivants : Somme, Oise, et les parties des départements de la
Seine-Inférieure,
Seine-et-Oise, Seine-et-Marne, situés sur la rive droite de la Seine,
ainsi que
la partie du département de la Seine et les forts situés sur la rive
droite.
Après le payement de deux milliards, l'occupation allemande ne
comprendra plus
que les départements de la Marne, des Ardennes, de la Haute-Marne, de
la Meuse,
des Vosges, de la Meurthe, ainsi que la forteresse de Belfort avec son
territoire, qui serviront de gage pour les trois milliards restants, et
où le
nombre des troupes allemandes ne dépassera pas cinquante mille hommes. Sa
Majesté l'Empereur sera disposée
à
substituer à la garantie territoriale, consistant dans l'occupation
partielle
du territoire français, une garantie financière si elle est offerte par
le
gouvernement français dans des conditions reconnues suffisantes par Sa
Majesté
l'Empereur et roi pour les intérêts de l'Allemagne. Les trois
milliards dont
l'acquittement aura été différé porteront intérêt à cinq pour cent à
partir de
la ratification de la présente convention.
ART. 4. Les troupes allemandes
s'abstiendront de faire des réquisitions, soit en argent, soit en
nature, dans
les départements occupés. Par contre, l'alimentation des troupes
allemandes qui
resteront en France aura lieu aux frais du gouvernement français, dans
la
mesure convenue par une entente avec l'intendance militaire allemande.
ART. 5. Les intérêts des
habitants des territoires cédés par la France, en tout ce qui concerné
leur
commerce, et leurs droits civils, seront réglés aussi favorablement que
possible lorsque seront arrêtées les conditions de la paix définitive.
Il sera
fixé à cet effet un espace de temps pendant lequel ils jouiront de
facilités
particulières pour la circulation de leurs produits. Le gouvernement
allemand
n'apportera aucun obstacle à la libre émigration des habitants des
territoires
cédés, et ne pourra prendre contre eux aucune mesure atteignant leurs
personnes
ou leurs propriétés.
ART. 6. Les prisonniers de
guerre qui n'auront pas déjà été mis en liberté par voie d'échange,
seront
rendus immédiatement après la ratification des présents préliminaires. Afin d'accélérer le transport des
prisonniers
français, le gouvernement français mettra à la disposition des
autorités
allemandes, à l'intérieur du territoire allemand , une partie du
matériel
roulant de ses chemins de fer, dans une mesure qui sera déterminée par
des
arrangements spéciaux, et aux prix payés en France par le gouvernement
français
pour les transports militaires.
ART. 7. L'ouverture des
négociations pour le traité de paix définitif à conclure sur la base
des
présents préliminaires aura lieu à Bruxelles immédiatement après la
ratification de ces derniers par l'Assemblée nationale et par S. M.
l'Empereur
d'Allemagne.
ART. 8. Après la conclusion et la
ratification du traité de paix définitif, l'administration des
départements
devant encore rester occupés par les troupes allemandes sera remise aux
autorités françaises; mais ces dernières seront tenues de se conformer
aux
ordres que le commandant des troupes allemandes croirait devoir donner
dans
l'intérêt de la sûreté, de l'entretien et de la distribution des
troupes. Dans
les départements occupés, la perception des impôts, après la
ratification du
présent traité, s'opérera pour le compte du gouvernement français et
par le
moyen de ses employés.
ART. 9. Il est bien entendu que
les présentes ne peuvent donner à l'autorité militaire allemande aucun
droit
sur les parties du territoire qu'elles n'occupent point actuellement.
ART. 10. Les présente sseront
immédiatement soumises à la ratification de l'Assemblée nationale
française
siégeant à Bordeaux et de Sa Majesté l'Empereur d'Allemagne.
En foi de quoi, les soussignés
ont revêtu le présent traité préliminaire de leurs signatures et de
leurs
sceaux. Fait à Versailles, le 26 février 1871. V. BISMARCK. A. THIERS.
Jules
FAVRE. Les royaumes de Bavière et de Wurtemberg, et le grand-duché de
Bade,
ayant pris part à la guerre actuelle comme alliés de la Prusse et
faisant
partie maintenant de l'Empire germanique, les soussignés adhèrent à la
présente
convention au nom de leurs souverains respectifs.
Versailles, 26 février 1871.
Comte DE BRAY-STEINBURG. Baron DE WAECHTER. MITTNACHT, JOLLY.
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PROCLAMATION DU GOUVERNEMENT ANNONÇANT
L'OCCUPATION DE PARIS
POUR LE
1er MARS, du 27/02/1871
« Le gouvernement fait appel
à votre patriotisme et à votre sagesse ; vous avez dans les mains le
sort de
Paris et de la France elle-même. Il dépend de vous de les sauver ou de
les
perdre. Après une résistance héroïque, la faim vous a contraints de
livrer vos
forts à l'ennemi victorieux ; les armées qui pouvaient venir à votre
secours
ont été rejetées derrière la Loire. Ces faits incontestables ont obligé
le
gouvernement et l'Assemblée nationale à ouvrir des négociations de
paix.
Pendant six jours, vos négociateurs ont disputé le terrain pied à
pied ;
ils ont fait tout ce qui était souverainement possible pour obtenir les
conditions les moins dommageables. Ils ont signé des préliminaires de
paix qui
vont être soumis à l'Assemblée nationale. Pendant le temps nécessaire à
l'examen et à la discussion de ces préliminaires, les hostilités
auraient
recommencé et le sang aurait inutilement coulé sans une prolongation
d'armistice. Cette prolongation n'a pu être obtenue qu'à la condition
d'une
occupation partielle et très momentanée d'un quartier de Paris. Cette
occupation sera limitée au quartier des Champs-Elysées. Il ne pourra
entrer
dans Paris que trente mille hommes, et ils devront se retirer dès que
les
préliminaires de paix auront été ratifiés, ce qui ne peut exiger qu'un
petit
nombre de jours. Si cette convention n'était pas respectée, l'armistice
serait
rompu : l'ennemi, déjà maître des forts, occuperait de vive force la
cité tout
entière ; vos propriétés, vos chefs-d'oeuvre, vos monuments, garantis
aujourd'hui par la convention, cesseraient de l'être. Ce malheur
atteindrait
toute la France. Les affreux ravages de la guerre, qui n'ont pas encore
dépassé
la Loire, s'étendraient jusqu'aux Pyrénées. Il est donc absolument vrai
de dire
qu'il s'agit du salut de Paris et de la France. N'imitez pas la faute
de ceux
qui n'ont pas voulu nous croire, lorsqu'il y a huit mois nous les
adjurions de
ne pas entreprendre une guerre qui devait être si funeste. L'armée
française,
qui a défendu Paris avec tant de courage, occupera la rive gauche de la
Seine
pour assurer la loyale exécution du nouvel armistice. C'est à la garde
nationale à s'unir à elle pour maintenir l'ordre dans le reste de la
cité. Que
tous les bons citoyens qui se sont honorés à sa tête et se sont montrés
braves
devant l'ennemi reprennent leur ascendant, et cette cruelle situation
d'aujourd'hui se terminera par la paix et le retour de la prospérité
publique. »
Adolphe Thiers, Chef du pouvoir
exécutif et Jules Favre, ministre des Affaires étrangères
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Pour un beefsteak est une
chanson écrite le
15 octobre 1870 par Emile Deureux au sujet du premier Siège
de Paris.
J’entends
des fous parler de résistance,
De lutte à mort, de patrie et d’honneur !
Mon ventre seul exige une vengeance :
Sous le nombril j’ai descendu mon cœur.
Libre aux manants de rester patriotes,
Et de mourir sous les feux ennemis ;
Moi, j’aime mieux la sauce aux échalotes…
Pour un beefsteak, messieurs, rendons Paris.
Moi, j’aime mieux la sauce aux échalotes…
Pour un beefsteak, messieurs, rendons Paris.
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Documents :
Audios et
vidéos en ligne
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- Qui a voulu la guerre? les femmes dans la tourmente,
France Culture, le cours de l'histoire, 2020, durée 51 minutes.
Odile Roynette, maître de conférences en
histoire contemporaine,
chercheure associée à l'Université Bourgogne-Franche-Comté et Yannick
Ripa, professeure en histoire politique et sociale de l’Europe du
XIXème s. Paris 8. Et Valérie Hannin, directrice du magazine L'Histoire.
- 1870, vers l'année terrible, France Culture,
le cours de l'histoire, 2020, durée 51 minutes.
Avec Eric Anceau, maître de conférence à Sorbonne Université. Il est
spécialiste de l’histoire politique et sociale de la France et de
l’Europe au XIXe s. ainsi que le biographe de Napoléon III.
- Alain Badiou lit Victor Hugo, France Culture,
Les nuits de FC, 1985, durée 54 minutes.
Sur Youtube
une playlist : une sélection de conférences, et d'entretiens.
- 7
vidéos en lignes sur la guerre de 1870-1871
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