|
Urgence sanitaire, mais pas sociale et pas pour tous
|
|
|
|
Cette page a été écrite au fil du confinement d'une crise
sanitaire et sociale sans précédent, le but fut d'apporter quelques
éclairages et interrogations sur la
mobilisation des acteurs associatifs, sociaux, médicaux, etc.
Il s'agit d'une synthèse sur la pauvreté et les inégalités sociales,
notamment face au logement et ses enjeux sanitaires en situation
d'urgence, et cette contribution renvoie à : une pétition (plus une nouvelle du 18 mai), comment
aider les
personnes à la rue? des prises de positions ; des articles ; un
documentaire ; deux émissions de radio et des billets d'étape rédigés
par mes soins.
|
|
CAMPAGNE ÉTAT RESPONSABLE
de Médecins du Monde
Monsieur, Emmanuel Macron,
vous êtes la première barrière au coronavirus.
Sauvez des vies. Prenez vos responsabilités.
Pour que le gouvernement entende le message de Médecins du Monde, signez et partagez la pétition : Cliquez ici !
*
Afin de dénoncer l’irresponsabilité du gouvernement face à la crise du
Covid-19, Médecins du Monde a lancé le 18 mai 2020 une campagne de
communication visant à parodier les vidéos officielles de 30 secondes
du gouvernement autour des gestes barrières. N'hésitez pas à relayer la
vidéo et la pétition dans vos réseaux sociaux !
Ce détournement des vidéos officielles vise à pousser le gouvernement à
adopter 4 gestes barrières afin que celui-ci prenne enfin ses
responsabilités. Cette vidéo s’appuie sur un plaidoyer global de
Médecins du Monde en faveur des populations vulnérables, exclues du
système de santé . (Les 4 gestes barrières en Pdf.)
Les droits fondamentaux des personnes vivant sur les campements
du canal Saint-Denis sont quotidiennement bafoués !
Un référé-liberté a été déposé au Tribunal Administratif de Montreuil à l'appel d'une «
coalition de collectifs et associations dépose un référé liberté pour
demander un accès à l’eau et à l’hygiène, une mise à l’abri
inconditionnelle, et l’arrêt des démantèlements sauvages pour les
exilés vivant sur les campements du canal Saint-Denis.
Cela fait maintenant plus de 4 ans que nous constatons
dans le nord-est parisien un cycle infernal fait de campements,
démantèlements et harcèlements policiers. 4 ans que nous
interpellons, en vain, sur les atteintes graves aux droits fondamentaux
des personnes qui y vivent. Elles rencontrent continuellement de
grandes difficultés pour avoir accès à l’alimentation, à l’eau, à
l’hygiène, aux soins, à l’hébergement et à une information sur leurs
droits. (...)
En raison de l'inertie des pouvoirs publics, face aux atteintes à la
dignité humaine et en l'absence de propositions visant à sortir de
cette impasse, ceci « compte tenu de la gravité des faits
observés, du contexte d’épidémie, et de cette inaction politique, une
coalition d’associations largement soutenue par d’autres acteurs
solidaires, dépose ce jour un référé liberté portant sur 3 demandes
principales :
- un accès à l’hébergement inconditionnel pour les personnes situées dans les lieux de campement du canal de Saint Denis ;
- un accès à l’eau effectif et
suffisant, ainsi que des conditions sanitaires correspondant à la
réglementation (bennes à ordure, WC, douches, etc...) à proximité des
lieux de campement tant qu’ils perdureront ;
- l’arrêt des démantèlements et des expulsions sans mise à l’abri des personnes.
L'article entier sur cette coalition de 16 associations et 14 collectifs : cliquez ici !
Pour le contenu ou la requête du référé-liberté : cliquez ici !
NB : En 19
heures à la demande du maire du XIXe arrondissement, le campement situé
sur la canal de l'Ourcq a été levé avec une solution d'hébergement pour
80 migrants. Selon le candidat Lrem du Xe aux municipales, M. Pierre
Henry présent sur place avec la Préfecture pour l'évacuation et en même
temps directeur général de Terre France d'Asile déclarait ce matin
28/05/20 à l'Afp que certaines personnes «sont passées sous les radars des maraudes, probablement parce qu'ils étaient dans des squats» (sic). Il
reste cependant dans le nord-est parisien encore de nombreux cas
de personnes à la rue, et à la recherche de nourriture.
Sources : site du GISTI, 27/05/2020
|
|
|
Pétition des associations (*) au gouvernement : 2
Adressée à M. le Premier ministre,
« Notre pays traverse une crise sanitaire sans
précédent. Les Françaises et Français, confinés chez eux, adoptent
progressivement les gestes barrière qui sauvent. Notre quotidien
change, nos vies sont bouleversées, nous restons chez nous. Confinés
mais chez nous (suite du texte à lire ci-dessous).
Mais pour rester chez soi, il faut un chez soi !
et à faire suivre autour de vous !
*
(plus de 97.000 signataires au 23/04/2020)
(*) Droits
d’urgence, Kâlî, Les Midis du MIE, Exils intra muros, EOLE, Éditions
iX, Just Kids Project, Safe Migrants Nantes, AVEC Nantes, La Casa, La
Gamelle de Jaurès, Jamais Sans Toit, Fondation Abbé Pierre, Ovale
Citoyen, Thot, Droit à l’école, Paris d’Exil, BAAM, la TIMMY - Soutien
aux Mineurs Exilés, Collectif des hébergeurs solidaires Nantes,
Collectif P’tits Dej’ Solidaires, École Hors Les Murs Nantes, Collectif
pour une Nation Refuge, Mouvement Colibris, Centre Primo Levi,
collectif Solidarité des mineurs non accompagnés Nantes, Les Petites
Pierres, Utopia 56, La Cloche, Ligue des Droits de l'Homme (LDH
nationale), Ligue des Droits de l'Homme de Paris, Watizat, Abri de
Femmes, Domasile, Collectif Solidarité Migrants Wilson, ACAT, JRS
France, Secours Catholique - Caritas France, Assiette migrante, Action
contre la Faim, RESF, GISTI, Emmaüs France, Collectif réfugiés du
Vaucluse, Comité des Familles, Collectif Les Maraudeurs, Une Couverture
Pour l’Hiver - UCPH, La Chorba, Collectif Poitevin "D'ailleurs Nous
Sommes d'Ici", Dans ma rue, Réseau de santé sexuelle publique - RSSP,
La Cimade, L'ARDHIS, EVA (Enfants Venus d'Ailleurs), Médecins du Monde
Île-de-France, Les Enfants du Canal.
|
|
Dernier et quatrième billet d'étape du 11 mai 2020 :
Huit semaines se sont écoulées avec des réalités très discordantes qui
ont nourri un flux d’information qu’il n’était pas possible de suivre
dans tous ses démêlés planétaires. Une bonne moitié du monde au
ralenti, nous voilà au-devant de nouveaux phénomènes qui vont poindre.
Mais que dire sur l’impact d’une pandémie révélatrice des déséquilibres
sociaux et sanitaires ?
Il serait question de plus de 500 millions de personnes à l’échelle
mondiale qui pourraient rejoindre les statistiques de la pauvreté des
organismes internationaux, en France des centaines de milliers de
ménages ou humains en situation de précarité devraient connaître un
recul significatif de leur niveau de vie et être confrontés à des aléas
économiques importants. Si la trêve des expulsions est à nouveau
repoussée à juillet, le problême reste entier et à la clef des dizaines
de milliers de locataires pourraient connaître un sort peu enviable : la cloche de bois !
Pour la Banque mondiale, il est question de soixante millions de
personnes supplémentaires qui devraient basculer dans « l’extrême
pauvreté »,
c’est-à-dire disposer de moins de 1 euro et soixante centimes par jour,
ou moins de 40% du revenu médian du pays où vous vivez. Et l’on est
considéré comme « en grande pauvrété ou pauvre » si l’on touche moins
de 60% ou 80% du revenu médian. La très grande pauvreté ou extrème
n'est pas prise en compte. Les indices internationaux ne sont pas les
mêmes utilisés par l’Insee ou en Europe, la nature des prix non plus et
les comparaisons peuvent s’avérer hasardeuses, voire grotesques sur les
moyens d’un hôpital en Haïti ou en France, quoi que Mayotte soit plus
proche des réalités du Tiers Monde au sein des Comores. Toutefois au
sein de l’Union Européenne ou simplement en France les disparités ne
sont pas minimes, et il est difficile de mesurer avec précision ce qui
est en cours, de nouveaux risques sanitaires et sociaux allant survenir
dans les semaines ou mois à venir.
L’objet de ce travail n’est pas d’établir un bilan ou un exercice de
critique sur les décisions prises, au mieux des interrogations. Il a
été rappelé que s’il y a bien des personnes dans des situations
inextricables, il apparaît que le logement soit la matrice des
inégalités sociales, et toute personne à la rue entre dans le domaine
de la « grande pauvreté » et plus ou vivant avec moins de 60% du revenu
médian et pire. Comme il n’existe pas un profil particulier, mais des
histoires de femmes et d’hommes aux parcours chaotiques, combien au
final sont restés sur leur bout de trottoir ou dans un appartement
indigne? suffisamment dans la capitale et ailleurs pour se demander si
l’enjeu sanitaire était vraiment au centre des préoccupations. Il y
avait probablement près de 500.000 personnes sans toit avant le
confinement, sans compter les bidonvilles, ou squats présents sur
l’ensemble du territoire national non hexagonal, cette population pourrait avoisiner
1 million de personnes de tous les âges.
Les chiffres du ministère du logement avec ses maigres 11.800 places
d’hôtel et les 170.000 places d’hébergement d’urgence misent en oeuvre
par les associations et ONG, les besoins ont été largement
sous-estimés, toutes les capacités humaines difficilement mobilisables.
A l’échelle locale, la ville de Lyon a précisé qu’elle ne mettrait pas
les 20.000 recueilli(e)s de la métropole lyonnaise à la rue à la date
échue du 11 mai et chercherait des logements appropriés, une piste à
suivre ou un simple effet électoral (?) ; parce qu’en l’état rien ne
précise la moindre volonté de protéger les plus exposés à la tête de
l’Etat au-delà du mois de juillet. Mais pourra-t-on relancer l’économie
si les plus mal en point passent à la trappe du paupérisme et
favorisent un grand déclassement social?
Le mal-logement participe de cette précarisation induite avec ses 6 à 7
millions de femmes, d’hommes et d’enfants (1), ce déséquilibre va
s’amplifier et demanderait des mesures à la hauteur des besoins et de
repenser à l’aune des changements climatiques des logements adaptés et
en nombre suffisant à des prix abordables pour toutes et tous. C’est
aussi un enjeu de politique publique, il nécessite de forts
investissements et pas seulement une aide ponctuelle aux plus
défavorisés et des appuis financiers à des propriétaires qui ne font
rien sauf encaisser. Les enjeux économiques et sociaux sont
indissociables, la construction est en baisse constante depuis
plusieurs années et la rénovation de millions de logements une source
de notre développement soutenable futur (le terme durable est
idiot…). C’est aussi l’indispensable pour que chacun puisse vivre
dignement et j’ai l’impudence de croire que la dignité humaine serait
un bon indicateur pour sortir de ce qui ressemble à une plongée dans
l’inconnu du parc locatif privé et public ou à « une bombe à
retardement » selon le journal du matin de France Culture du 9 mai 2020.
Comme « Mme X., retraitée, vit confinée dans un logement insalubre.
Pas d’électricité, pas de salle de bains. Et des toilettes sans eau sur
le palier : « Je n’ai pas l’électricité ni l’eau chaude… Avant le
confinement, j’arrivais à supporter et je me débrouillais sans ; je
restais le plus longtemps dehors et ne rentrais chez moi que pour
dormir. Aujourd’hui, c’est devenu vraiment dur. Je fais ma toilette à
l’eau froide et heureusement que les laveries restent ouvertes pendant
le confinement car je ne sais pas comment je ferais avec le linge ! » (sources : photo ci-dessus et témoignage : Fondation abbé Pierre)
Les services publics, les associations et une part des petites
entreprises ont répondu aux fonctions élémentaires de notre bien être,
des professions et des engagements à saluer pour leur capacité à rendre
le quotidien moins sinistre et à une hauteur de vue de que nos
gouvernants devraient intégrer à leurs logiciels défaillants, ou le
terme empathie glisse au cynique du genre. A ce rythme, il nous faudra,
qui sait, des intelligences artificielles, plutôt qu'un président
saltimbanque, un gouvernement usé à sa propre corde et leurs hautes
administrations psycho-rigides...
Le débat scientifique ne fait que commencer et les questions éducatives
auraient un grand intérêt à se tourner vers une meilleure transmission
qui fait pour beaucoup défaut, quand un quart de la population délire
avec les vaccins, que de vieux symptômes, comme la tuberculose, sont de
nouveaux présents, il y aurait de quoi expliquer, faire comprendre ce
que le mot sanitaire soulève, hors de sa vision hygiéniste.
Si le concept de résilience en psychologie sociale peut avoir une
utilité, son usage collectif devra passer par de multiples formes
d’expression citoyenne et à ne pas confondre avec son usage politicien
qui se limite à la fusion de deux métaux... Libre à chacun de tricoter
ses profondeurs et de se réinventer. Mais s’il vous plaît arrêtez,
Messieurs, de remettre les femmes à la machine à coudre !
Des propositions ont été émises par deux grands groupes associatifs et
citoyens, je n’en tirerai aucun avis, sauf à résister aux solutions
simplistes et dans le « bon sens » du vent… ou regretter l’absence
d’une unité des forces sociales de gauche, mais peu importe les
folklores et convergences en cours, il y a de quoi faire et réfléchir
au présent et suivre le processus de fin du confinement :
1 - Le Pacte de pouvoir de vivre avec 66 propositions : cliquez ici
2 - La campagne Pour un moratoire, nous suspendons notre loyer ! : cliquez ici
Note :
(1) « Une vague massive d’expulsions, comparable à celles
connues en Espagne ou aux USA s’annonce si le gouvernement
continue à ignorer délibérément le danger. Selon l’IRES 2,5 à 2,8
millions de locataires ou d’accédants vont rencontrer des difficultés
importantes à payer leur loyer ou leurs traites à cause du confinement
et de la très grave crise sociale qui vient, soit 6 à 7 millions de
personnes (cliquez ici) ».
Le déconfinement ou le retour à l’Anormal (11/05/2020)
Un excellent billet (d'humeur) de Sophia Aram :
|
|
A la date du 3 mai : des « psychiatres
de région parisienne alertent sur la hausse du nombre d’admission en
urgence de jeunes sans antécédents et atteints de "bouffées délirantes
aigues" depuis le début du confinement. » Des
troubles similaires avaient été constatés après les attentats de 2015,
il est à noter toutefois que les "bouffées délirantes" des patients
admis sont principalement passagères et peuvent être liées à des
addictions. (Sud-Ouest)
*
Troisième billet d'étape : A Toulouse, des associations : Médecins du Monde, la Cimade, le Secours
catholique, Utopia 56 et la Fondation Abbé Pierre viennent d’assigner «
l'Etat et Toulouse Métropole en justice pour atteinte à la dignité
humaine et aux libertés fondamentales des personnes précaires faute
d’accès à l’eau et à l’hygiène ». (France 3 Occitanie du 29/04/2020). Les
personnes qui ont pu profiter de la trève hivernale se verront le 31
mai à nouveau sous le coup d'une expulsion, l'on peut présumer des
milliers d'individus en péril s'ils se voyaient sans toit, un moratoire
sur le logement semblerait une évidence jusqu'à la découverte d'un
vaccin?
Dans les rues de la capitale, bien
qu’il soit prématurément question de sortir du confinement, les
personnes à la recherche de nourriture avec ou sans hébergement
continuent d’être présentes comme d’ordinaire. Les associations sont à
effectifs réduits, les plus de 65 ans, la part importante des bénévoles
restent confinés, et les plus jeunes sont en nombre réduit pour
prendre le relais. Les actions charitables numériques tant mises en
avant par les médias sont largement insuffisantes ou simplement
résiduelles, et avec ou sans téléphone portable, faut-il pouvoir
connaître le dispositif, ce qui est loin d’être le cas. Les personnes
que j'ai pu interroger n'en savaient rien, ni sur les chèques services,
ni sur les distributions alimentaires.
Le psychanalyste Roland Gori dans un entretien à Corse Matin a déclaré qu' « avec
le choc traumatique que constitue cette pandémie ; avec la crise
sociale, économique et diplomatique qui va s'ensuivre, c'est une folie
de croire que la vie va reprendre comme avant (25/04/2020). Dans son journal de confinement à la date du 28 avril, la psychanalyste Cynthia Fleury prévient qu'en l'état actuel
« chacun est démuni tout en s’interdisant de se plaindre, et en même temps, ne trouvant pas encore les chemins de la résilience. (...) Il y a pas mal de portes, demain, auxquelles il va falloir aller frapper.
» A ne pas en douter les populations les plus soumises à un stress
post-traumatique ne s'en sortiront pas totalement indemnes et devront
trouver des lieux de parole appropriés et accessibles à toutes et tous.
L’idée « d’un avant et d’un après » a tout d’une abstraction qui ne
correspond en rien aux réalités présentes, la cause induite par une
situation exceptionnelle révèle les manques, les ratés antérieurs, et
ce que tout à chacun est en mesure de remarquer au fil des jours : un
enlisement certain dans le déni, et une incapacité à fixer un cap, et à
savoir déléguer. Les projections lyriques dans le futur ont plus à voir
avec de la science-fiction que celle d’un découpage du temps historique
ou être en relation avec le temps de la recherche médicale. La
problématique du temps selon les sciences peut revêtir des caractères
très différents, à titre individuel c’est une perception, et le
conditionnement consiste à faire croire à une coupure temporelle, mais
le bourrage de crâne a toutes les apparences d’un conte pour enfant.
Cela n’a rien de nouveau, à grand renfort de lyrisme et d’interminables
palabres télévisuelles, il faut endormir les auditoires, toutefois à
coups de mensonges délibérés on produit surtout de la peur et des
colères légitimes en retour.
Les indicateurs sanitaires et sociaux dont nous pouvons disposer en
l’état ne sont pas nés de la crise sanitaire, cette impréparation n’a
pas lien avec le hasard et il n’y a rien d’étonnant à ce que les
inégalités sociales explosent sous nos yeux, pour exemples en
Seine-Saint-Denis avec ses files interminables pour l'obtention de
colis alimentaires et à Mayotte la bouilloire est sur le feu : « avec le coronavirus, la dengue et la faim, le cocktail est explosif » (article de Sophie Chapelle pour Basta, 29/04/2020).
Mais pas seulement, il s’agit bien d’une lame de fond, dont le virus
n’est qu’un révélateur d’une crise systémique d’une rare complexité,
car elle n’est en rien une problématique franco-française et met en
relief une multitude de difficultés à la fois individuelles et
collectives, nationales et continentales.
Nous naviguons au jour le jour, nous devons faire face a quelque chose
qui ne nous tombe pas du ciel, l’ennui est cette mise à vif les failles
des représentants d’un Etat omniprésent à l’image, qui au prix
d’invraisemblances a poussé à la confusion générale et à
l’infantilisme, tous ces paroxysmes interrogent? Les entourloupes
autour des masques et des tests ne seront pas sans conséquences et il y
a de quoi souligner l’isolement entre les forces vives de la nation
(celles et ceux au turbin...) et un personnel politique dont on se sait
plus trop quoi penser, sauf attendre de nouvelles élections et qui sait
tourner la page? Le mensonge s’est érigé en doctrine, la démocratie est
devenue somme négligeable, une peau de chagrin lavable selon les
besoins, et les pouvoirs aux mains de 2 ou 4 hommes confinés dans leurs
certitudes prévalent d’un avenir sombre, si cela devait continuer à
ressembler à un assemblage de rustines.
Ps : Le 23/04/2020, le gouvernement avait alloué une enveloppe supplémentaire de 39
millions d'euros en "chèques services" pour les associations d'entraide et
collectivités locales à hauteur de 7 euros par jour et par personne,
pour l'alimentation et les produits d'hygiène.
LM, le 30/04/2020
|
|
Aider les personnes à la rue?
Des médecins (*) ont lancé un numéro vert pour prendre en charge
les sans-abris malades : 0800-94-66-90, ligne gratuite,
joignable 7 jours sur 7 - de 7 heures à 22 heures.
(des tests sont possibles sur Rdv à l'hôpital Avicenne)
Ce numéro est aussi disponible pour aider ou orienter
les maraudeurs et les travailleurs sociaux.
(*) association pour l'Accès aux droits pour les sans-abri (ADPSA)
au sein de l'hôpital Avicenne en Seine-Saint-Denis (AP-HP)
TÉMOIGNAGE : EN ÎLE-DE-FRANCE,
AIDER LES PLUS DÉMUNIS FACE À L’ÉPIDÉMIE DE CORONAVIRUS
« L’épidémie de coronavirus (Covid 19) frappe lourdement la région Île-de-France, où Médecins de Monde
mène pas moins de neuf programmes destinés à différents publics
discriminés, marginalisés et exclus des soins. Pour Christophe
Vavasseur, coordinateur régional de l’association, l’enjeu est
notamment de garder contact avec ces personnes et de mettre à profit ce
lien de confiance pour les protéger. Voici son témoignage sur les
actions en cours (ci-dessus avec le lien de Médecins du Monde).
Coronavirus et personnes SDF : comment aider? du blog entourage social
Simple comme bonjour ! est un livret (pdf) bien fait de 23 pages,
divisé en trois parties : comprendre, changer de regard et agir? comme il est précisé,
c'est « un petit guide pour aller à la rencontre des personnes sans-abri. »
Aider une personne à
la rue n’est pas un exercice simple, notamment si vous faîtes le choix
d’héberger. Il est déconseillé de le faire sur un coup de tête, ou
décision hâtive, cela nécessite que l’hébergeant soit bien les pieds sur terre,
sinon cela peut vite tourner au psychodrame. Et pose la question des
personnes résilientes? Au mieux il faut contacter l'association de votre choix
et apprenez au contact de militants associatifs aguerris, ce type
d'expérience implique de se former, et de ne pas se lancer à l'aveugle. La
seule force empathique ne peut y suffire, c'est un peu tout le propre des
personnes résilientes?
Le documentaire de Sonia Kronlund du 20/04/2020, un SDF sous mon toit de France Culture,
fait le portrait de deux femmes et de leurs expériences menées avec un
grand courage, toutes les deux travaillent dans le milieu hospitalier,
les deux ont la cinquantaine. L’une est employée à mi-temps et d’une
force de caractère assez exceptionnelle, l’autre est dentiste, mère de
3 enfants devenus adultes, elles racontent leurs expériences uniques,
ou pas vraiment reproductibles et l’on découvre comment elles ont mis
leurs capacités à accompagner les parcours de 3 jeunes (sur 4) à une vie
nouvelle. Ces micros expériences sont des exemples de résilience
mise en pratique, à cet égard chaque situation n'est pas vraiment
comparable, mais demande des qualités associant humanité et
raison.
|
|
30 ans de lutte contre la pauvreté en France? (1988-2018)
Ancien hôpital de l'Hôtel-dieu, reconstruit sous Louis XVI
Le 1er décembre 1988,
c’était l’instauration du revenu minimum d’insertion (RMI) par le
gouvernement de Michel Rocard devenu depuis le revenu de solidarité
active (RSA) le 1er décembre 2008. Cette réforme favorisa un recul de 4
points de la misère en France, elle passait de 17% à 13% pour
l’ensemble de la population et prenait en compte diverses situations,
comme l’existence d’un RMI pour les artistes. En 1995 les 3 principaux
candidats à l’élection présidentielle avaient un programme de lutte
contre la paupérisation et proposaient une loi d’orientation globale.
Un détail qui peut sembler anodin, tous les mois de décembre depuis les
années 1990, au commencement de l’hiver nous avons droit à des
campagnes de presse sur les personnes SDF, l’été venu, il semblerait
que la misère s’efface au profit du soleil.
Au milieu des années 1990, il
est constaté que le nombre d’allocataires progressaient avec la montée
du chômage (un de ses pics 3,5 millions de chômeurs sous Balladur) et
les pouvoirs publics s’inquiétèrent des coûts engendrés, et intervint
un changement de stratégie, l’on tourna le dos à la philosophie
d’origine. La commission nationale d’évaluation dite CNE jusqu’en 1995
se préoccupait des « multiples facettes du problème de la pauvreté en
mobilisant toute une panoplie de critères d’appréciation, » avec des «
apports réels concernant la connaissance des phénomènes de pauvreté. »
(1), et était chargée de la mise en œuvre du dispositif légal, jusqu’à
ce que les pouvoirs publics se mettent à appliquer une vision plus
comptable avec l’arrivée de nouveaux gestionnaires ; pour exemple, des directeurs
d’hôpitaux moulus à l’exercice des règles absurdes de l’acte ou du soin
tarifé, et pas vraiment compétent en matière médicale, ou d'assistance à autrui.
Comment ne pas évoquer un
élément clef du discours du futur élu, Jacques Chirac sur la « fracture
sociale », une idée empruntée à Emmanuel Todd, et qui a pu avoir des
incidences non négligeables sur les votes exprimés. Daniel Bensaïd, en
1997, remarquait déjà que l’on se concentrait trop « sur l'exclusion,
alors que ce n'est que la part maudite d'un phénomène plus global. La
dualisation n'est pas uniquement entre les chômeurs et ceux qui ont un
emploi. Elle se caractérise aussi entre les salariés. Dans tous les
secteurs, et même dans la fonction publique, il y a de plus en plus de
précarisation » (2). Non encore nommé c’était l’existence de
travailleurs pauvres qui émergeait, et la réalité d’au moins 300.000
emplois précaires dans les trois fonctions publiques : hospitalière,
territoriale et d’Etat, ils sont aujourd’hui plus de 800.000., et
certaines professions précarisées depuis des lustres.
C’était encore en décembre 2001,
Jacques Chirac président et Lionel Jospin, chef du gouvernement
lançaient la campagne des restaurants du cœur pour l’hiver 2001/2002
place de la République à Paris. Nous étions à quelques mois d’une
nouvelle élection présidentielle qui fit date en avril avec l’échec de
Lionel Jospin et son retrait de la vie politique. Le discours
sécuritaire l’emporta et les divisons du camp progressiste s’amplifier,
les jeunes devenaient une menace et vit l’apparition de la « tolérance
zéro », l’oxymore qui tue et propice à une vision étriquée de la sûreté
publique. Oubliée était la fracture sociale ou le fait que certaines
couches de la population décrochaient d’année en année et ainsi
advenaient les temps du déclassement malgré les différents appels à «
zéro sans domicile en deux ans » dixit le candidat Sarkozy en 2006, et
le dernier du genre en décembre 2018, le nouveau et jeune président
déclarait dans la même intention qu’il n’y aurait plus personne à la
rue. L'INSEE pour 2018, le chiffrage établi l'année suivante enregistrait une hausse avec 14,7% de personnes pauvres.
On connaît la chanson…?
Le 13 septembre 2018 , le
président Emmanuel Macron présentait sa stratégie nationale de
prévention et de lutte contre la pauvreté et déclarait : « cette
fatalité sociale qui fait qu'en France, il faudra six générations pour
que les descendants d'un Français issu d'une famille pauvre accèdent à
la classe moyenne. Cette fatalité sociale qui fait que les plus pauvres
sont toujours logés près des plus pauvres, que quand une famille quitte
un quartier difficile, une autre famille plus pauvre encore la
remplace, comme une forme d'encerclement de reproduction à laquelle on
ne pourrait échapper » (3). Et « en même temps » à la même période, on
retirait 5 euros d’aide au logement. Et puis tous ces mots qui ont
heurté plus d’un. Il suffisait de traverser la rue pour trouver du
travail, ou ces « riens » qui traversaient les halls de gare, et une
ode sur les « premiers de cordée » dans la même intervention publique,
etc, etc. Quand le naturel s’éloigne, il revient au galop ne dit-on pas
?
L’année dernière a été constitué
un nouveau comité de suivi (CNLE) avec « un panel de 30 citoyens
représentatifs », des associations et des chercheurs et présidé par M.
Louis Schweitzer (4), l’ancien P.d.g. de Renault, avec pour choix
d’évaluer « la Stratégie dans son ensemble au regard de trois grands
objectifs : 1 – éviter la reproduction sociale de la pauvreté 2 –
permettre aux gens de sortir de la pauvreté 3 – ne laisser personne en
situation de grande pauvreté ». Le bilan d’étape suggérait cinq
recommandations, entre autres sur ses moyens financiers, la formation
des 600.000 professionnels de la petite enfance, de nouvelles enquêtes,
un plan pluriannuel contre la pauvreté.
Selon la CNLE et son rapport de mars 2020,
« la France fait mieux en matière de pauvreté que nombre de ses voisins
européens en raison de sa forte politique de redistribution – elle
avait en 2016 selon l’Insee l’un des plus faibles taux de pauvreté
monétaire de l’Union européenne et un taux de privation matérielle et
sociale médian – elle se distingue par un niveau de pauvreté élevé des
familles avec enfants, et donc des 0 à 18 ans, et a contrario par une
pauvreté relativement faible chez les séniors. Selon l’Insee, en 2017,
8,9 millions de personnes étaient en situation de pauvreté monétaire en
France métropolitaine (la pauvreté se définissant aussi par des
critères en conditions de vie), le seuil de pauvreté monétaire étant
fixé par convention en France et en Europe à 60% du niveau de vie
médian (moins de 1.000 euros par mois). Parmi elles, 2,2 millions de
personnes vivaient en situation de grande pauvreté, avec un niveau de
vie inférieur à 40% du niveau de vie médian (moins de 800 euros) – ce
critère devant être complété par des travaux en cours à l’Insee sur la
définition de la grande pauvreté. »
Les contradictions ou paradoxes
sont trop nombreux et partagés par les différents gouvernements depuis
les années 1990, sauf à rappeler une courte embellie pour l’emploi de
1998 à 2001. Faut-il rappeler la nature des contrats actuels, le CDI
est devenu une denrée rare et le fait actuel de 80% de CDD à l’embauche. Les
parcours administratifs n’ont rien de simple voire sous le coup des
jargons administratifs qui font toujours fureurs, ils n’ont pas aidé à
ce que le revenu minimum devienne automatique ou accessible aux plus
démuni(e)s, ou simplement ceux qui y avaient droit. Il n’est pas très
étonnant de constater un public jeune venir remplir la rubrique, de ce
que l’on nomme les « punks à chien », ce sont les plus jeunes pour x.
raisons qui basculent le plus dans la très grande pauvreté, et cela n’a
rien de très rimbaldien, c’est du subit. Et quand vous vivez dans un
quartier de gares et dans le Nord-est parisien, la situation est
critique depuis trop longtemps et multiformes. L’on repousse les
personnes à la rue dans des zones isolées, par exemple autour du
périphérique, sinon ce sont des bidonvilles qui parsèment la région île
de France et au-delà, sans parler des squats de toute nature. Le tout
suivi de politiques d’expulsion et d’immeubles dont les entrées et
fenêtres sont murés et rien comme réponse sociale au final, si ce n’est
toujours éloigné les difficultés (Paris, ville propre… ancien slogan
publicitaire des entreprises Decaux).
Mais il est clair que l’urgence
sanitaire autour du virus covid-19 a fait apparaître des forces omises
comme les « premiers de corvée » ou de « tranchée » dans sa perception
guerrière, et, mis en relief les failles d’un système économique et
social en bout de course avec toutes ses désolations. L’heure n’est pas
encore à un changement profond, il s’est imposé de lui-même, et la
faiblesse d’un vieux slogan comme la « France unie » (5) ne présage
qu’une mise à plat d’institutions politiques tournant le dos à toute
souveraineté populaire et à l’exercice plein de la démocratie.
Notes :
1 - L’évaluation du RMI de 1990 à 2002, la simplification de ses démarches et ses enjeux, Travail et emploi n°106, avril/juin 2006.
2 - Un broyage des solidarités, Daniel Bensaïd, La fracture sociale c'est quoi? Libération, 15 avril 1997.
3 - Intervention du président E. Macron, Pdf. n°939, 13 décembre 2018, Elysée.fr.
4 - Comité nationale d'évaluation de la stratégie nationale CNLE, synthèse, Note d’étape, mars 2020.
5 – La France Unie était le slogan de campagne et l'en-tête de la Lettre aux Français du candidat François Mitterrand en 1988, la fameuse ouverture...
LM, le 25/04/2020
|
Halte aux exactions contre les SDF et les réfugiés !
Extraits d'une tribune publiée par un collectif d'intellectuels (*)
0
propagande de la ville de Béziers
Depuis le
14 février, et le premier mort du Covid-19, la pandémie accroît toutes
les injustices sociales. (...) Mais il y a des exactions. Ce qui
met notre solidarité en danger. (...) Il y a ces policiers de Béziers
qui, le soir du 8 avril, se sont assis sur les fesses de cet homme SDF
d’environ 30 ans qui aurait refusé leur contrôle (Rachid 34 ans),
interpellation qui l’aurait «calmé», mais qui a provoqué son décès (Le Monde du 9/04/2020).
Il y a ces policiers qui ont mis à l’amende les personnes SDF auxquelles l’Etat ne procure aucun toit pour se protéger, alors que les laisser dehors constitue une mise en danger de la vie d’autrui.
Sur certaines attestations à remplir, c’est «sans-abri»,
«sans-domicile», que les personnes avaient inscrit comme adresse.
Qu’auraient-elles pu inscrire d’autre alors qu’elles sont à la rue et
sans moyen de se confiner?
Pire, on continue à évacuer les
campements de réfugiés, alors que la crise du Covid-19 devrait plutôt
conduire à leur donner les moyens de se confiner.
- Il y a cet appel au secours d’Utopia 56 le 17 mars, (lien récent : LE TRIBUNAL ADMINISTRATIF DONNE RAISON AUX ASSOCIATIONS, 22/04/2020)
quand la police est venue à 23 heures déloger de leurs tentes les
familles (dont 20 enfants) installées boulevard Ney à Paris.
- Il y a ces quatre policiers
à cheval à Aubervilliers qui, le 18 mars, ont repoussé les personnes
exilées dans un camp insalubre, puis menacé l’association Médecins du monde (lien associations et avocats sur la protection des mineurs, du 06/04/2020) venue leur apporter des soins de base (une vidéo à la page Facebook du collectif Solidarité Migrants Wilson).
- Il y a ces personnes sans
papiers enfermées dans les centres de rétention de Vincennes et du
Mesnil-Amelot, en présence de cas de Covid-19, et auxquelles la police
a refusé qu’on apporte le moindre secours (Mediapart du 13/04/2020).
Encore pire, nous constatons la
poursuite des violences inqualifiables de lacération de tentes et de
destruction des ressources des plus démunis.
- Il y a le 31 mars, côté Paris,
sous un pont vers la Porte de la Villette, ces tentes d’Afghans
détruites par la police, qui leur dit d’aller de l’autre côté du
périphérique, à Saint-Denis. Il y a le même jour, côté Saint-Denis,
avenue Wilson, la police qui démantèle un campement et enjoint aux
occupants d’aller de l’autre côté du périphérique, cette fois vers la
Porte de la Chapelle, à Paris.
- Il y a le 7 avril, tôt le matin,
à Aubervilliers de nouveau, ce campement de réfugiés qui est démantelé,
les tentes étant lacérées par les forces de l’ordre, sans qu’aucune
mise à l’abri ne leur soit proposée. Les policiers leur ont dit de
retourner dans la capitale, à la Porte de la Chapelle, là où les
personnes exilées sont systématiquement dispersées et renvoyées de
l’autre côté du périphérique. (...)
Le
combat contre l’épidémie emporte l’adhésion de toutes les catégories de
la population, par-delà nos différences. Notre solidarité ne doit pas
comporter d’exclus ni être défigurée par des exactions des forces de
l’ordre.
(*) Signataires :
Sabah Abouessalam-Morin Sociologue, enseignant-chercheur, Valérie
Cabanes Juriste internationaliste, porte-parole de End Ecocide on
Earth, présidente d’honneur de Notre affaire à tous, Aubépine Dahan
Sociologue, militante à Paris d’Exil, Susan George Ecrivaine, Dominique
Méda Sociologue, Véronique Nahoum-Grappe Anthropologue, Dominique Bourg
Philosophe, Claude Calame Historien, Philippe Desbrosses
Agrobiologiste, Jean Gadrey Economiste, Georges Menahem Sociologue et
économiste, Edgar Morin Sociologue et philosophe, Jacques Testart
Biologiste, Patrick Viveret Philosophe, Michel Wieviorka Sociologue, et
le Collectif Solidarité Migrants Wilson.
|
|
Christian Page, twitter du 17/04/2020 : « Grâce au gouvernement le Samu social
(de) Paris a filé ça à un pote... Avec 3€50... tu vas pas loin hein... (?)
Billet d'étape n°2 :
il est pratiquement impossible de savoir combien de personnes sont
encore à la rue à la date du 18 avril 2020 en France, s'il existe un
rapport sur le mal-logement de la fondation de l'abbé Pierre (un extrait du rapport à lire en toute fin), faire
l'état de "l'extrême pauvreté" relève de beaucoup trop d'inconnu. Si
j'ai pu constater une très légère amélioration, la situation est loin
d'être résorbée dans la capitale, et les personnes cumulant le plus
d'handicaps sociaux et médicaux n'ont pas été prises en charge. Toutefois
je ne puis
de mes brefs et courts constats en tirer le moindre bilan ou une
approche exhaustive. Certaines situations sont surtout
médicales et ne peuvent être traitées que sur du long terme, les plus
exclus, ou les "très pauvres" demanderaient une approche thérapeutique
personnalisée et des lieux spécifiques.
Difficile en l'état de demander plus aux hôpitaux de la région
parisienne... A Toulouse, selon des associations il serait question de
plus de 300 personnes oubliées ou que la préfecture n'a pas pris pas en
compte, je ne dispose pas d'éléments précis
sur Marseille ou Lyon, mais il est clair que les grandes métropoles et
les villes de plus 50.000 habitants ont en ce domaine du pain sur la
planche.
A ce jour environ 10.000 chambres d'hôtels ont été "réquisitionnées" et la situation a
été prolongée jusqu'à la fin du confinement pour 14.000
personnes hébergées durant l'hiver par l'État, plus 2.300 places destinées aux malades sans logis ou un plus de 80 centres consacrés à l'accueil de patients à la rue porteurs dans l'hexagone du Covid-19.
Depuis le début de la crise sanitaire, 170.000 places d'accueil ont été
le fait des seules associations ou ONG. L'enveloppe globale allouée par
l'État est de 65 millions d'euros.
Du côté du monde politique, hors des informations gouvernementales au
compte-goutte et le site du ministère du logement pas vraiment
documenté, c'est plutôt le calme plat, un sujet qui échappe, ou pire
dans certaines affirmations à caractères réactionnaires ou "populistes"
: il n'y en aurait que pour les migrants, qui bien sûr "vident nos
caisses", etc. L'ennui avec l'invisible Covid-19, il n'a ni frontière,
ni ne le fait tri parmi les humains et pose la question de notre
devenir commun? Comme l'a rappelé le professeur Cyrulnik
récemment, la résilience ne peut intervenir qu'après un choc, pas
pendant, et son usage politique est à ce titre pas très bienveillant !
Didier Cros, réalisateur du documentaire Un ticket pour le bain douche (50 minutes - Zadig Productions 2019) : « C’est
terrible à dire, mais la présence des sans-logis dans l’espace public
s'apparente aujourd’hui à un élément du décor urbain, au même titre que
les panneaux d’affichage publicitaire ou les abribus. C’est dire à quel
point nous ne considérons plus vraiment cette réalité comme
insupportable. Elle apparaît désormais à nos yeux comme une habitude,
une fatalité. C’est une situation sociale admise, normée. Une autre
lecture est aussi possible : la présence des sans-logis dans l’espace
public agit comme un avertissement à l’intention de tous : « Voilà ce
qui vous attend si vous vous retrouvez dans une situation difficile, au
chômage, si vous craquez sous la pression. » Cet avertissement pousse
chacun à accepter sa réalité quotidienne, même si elle très difficile à
vivre. C’est un avertissement aux plus précaires, « tenez le coup dans
cette société pas toujours partageuse et soucieuse des plus démunis,
sinon voilà ce qui vous attend ». Tout cela agit inconsciemment sur
nous, ça ne participe pas d’une lecture aussi radicale au premier
regard échangé avec un sans-logis dans la rue. Mais je suis convaincu
que les sans-logis jouent ce rôle dans nos existences aujourd’hui. Ils
pèsent naturellement sur nos consciences dans le sens de notre
responsabilité individuelle face à cette tragédie humaine, mais ils
pèsent aussi sur l’échine des plus précaires comme une menace.
Source : Hommage à la sincérité et l’humilité des sans-abri, Politis du 17/04/2020
0
Les oubliés du confinement, l’appel de 36 associations de solidarité
Un
mois après le début du confinement, que sont devenues les personnes
sans-domicile et mal-logées? Le Collectif des associations unies
(C.A.U.) tire un premier bilan de ces semaines proches du chaos pour
les personnes les plus exclues, alimenté par de très nombreuses
remontées de terrain.
Voici l’intégralité de leur communiqué publié ce jour (16/04/2020).
Sans gants, ni masques :
Animés en grande partie par des bénévoles parfois âgés, touchés par
l’absence de personnels malades ou devant garder leurs enfants,
agissant sans gants ni masques, les accueils de jour, maraudes et
distributions alimentaires ont vu leur fonctionnement perturbé. Le choc
a été dramatique pour des dizaines de milliers de personnes à la rue ou
en habitat précaire, privées de leurs moyens de survie habituels, ne
trouvant plus d’accès à l’hébergement, à l’alimentation, à l’eau ou aux
soins. Depuis, de nombreuses avancées ont été réalisées grâce à la
mobilisation des pouvoirs publics et des associations. L’accès à
l’alimentation s’est réorganisé difficilement. 9.000 places
d’hébergement ont été créées en urgence et 80 Centres d’hébergement
spécialisés (CHS) ont ouvert pour accueillir des personnes malades du
Covid-19.
Mal-logement extrême et gestes-barrière :
Pour autant, les associations du collectif tiennent à mettre en avant
les alertes les plus préoccupantes. Des milliers de personnes sont
encore à la rue, appelant le 115 en vain (comme c’est le cas de près de
2.000 personnes chaque soir) ou ayant renoncé à le faire. Les solutions
d’hébergement, parfois à plusieurs par chambre à l’hôtel ou dans des
centres, voire dans des gymnases, sont rarement adaptées. Dans les
bidonvilles, dans les foyers de travailleurs migrants et pour certains
groupes de Gens du voyage, des situations de mal-logement extrêmes,
sans possibilité de rester confiné ou de respecter correctement les
gestes-barrière, exposent des populations particulièrement vulnérables
au risque de la contamination. Certains territoires, notamment Paris,
Toulouse, Marseille, Calais, Grande-Synthe, Mayotte ou la Guyane
concentrent un grand nombre des situations les plus délicates.
Empêcher de nouvelles hécatombes : Cette
interpellation du Collectif des associations unies vise à empêcher de
nouvelles hécatombes. De nombreuses actions volontaristes, que l’on
disait hier impossibles, ont été accomplies, mais beaucoup reste à
faire. Les personnes sans domicile ont besoin de mesures de survie :
réquisition des hôtels et bâtiments vides, dépistage prioritaire, accès
aux gants, masques, gels et gardes d’enfants pour les travailleurs
sociaux, aides financières exceptionnelles pour compenser les chutes de
revenus et éviter les impayés de loyer ou de charges.
A moyen terme, l’après-confinement devra
permettre des changements profonds. Pour éviter, à chaque crise ou
chaque hiver, de bricoler des solutions palliatives en urgence, le
système d’aide aux personnes sans domicile doit définitivement
s’orienter vers le logement d’abord, l’augmentation des minima sociaux
et une facilitation des régularisations administratives.
Source : Nathalie Leenhardt, intertitre en italique de Réforme du 16/04/2020,
la liste des associations est en page 4 du Pdf.
|
« Nous,
travailleuses sociales, travailleurs sociaux et médico-sociaux
attendons depuis 4 semaines qu’à Toulouse dans le cadre d’une crise
sanitaire sans précédent, les personnes SDF ne subissent plus, comme
c’est le cas depuis des années, une volonté politique de nier leur
existence. A Toulouse, la violation du droit à l’hébergement dans
ce contexte constitue à nos yeux une grave défaillance dans la chaîne
de prise de décision qui continue à nuire aux personnes dans les
situations les plus précaires.
Par exemple, il aura fallu plus d’une dizaine de personnes positives au
covid-19 pour que la préfecture prenne la décision de fermer le gymnase
le samedi 11 avril dans lequel nous rappelons qu’il n’y avait que deux
points d’eau et une douche collective pour les personnes qui y étaient
encore au nombre de 80 il y a 15 jours. Quid des personnes non testées
qui ont été transférées ailleurs et qui ont été en contact avec les
personnes porteuses du virus? Cette gestion nous permet encore une fois
de mesurer l’irresponsabilité de nos tutelles.
Ps : La suite du texte est à lire en cliquant sur le lien
ci-dessus, il apporte quelques témoignages sur les vexations, humiliations régulières subies par
les personnes en très grande précarité. Et reproductible un peu partout
dans l'hexagone... (Une personne SDF est morte à Béziers le 8/04/2020,
une enquête judiciaire est en cours)
Source : Yves Faucoup, chroniqueur social, Mediapart du 13/04/2020
Crédit photo Nathanaël Charbonnier, Paris 20ème mi-avril 2020 (Espagne - Reda Intenationale)
Billet d'étape n°1 rédigé fin mars/début avril 2020 :
Actuellement,
au moins 200.000 personnes sont à la rue en France et sans secours
ou lieux décents pour se confiner. Cette situation touche en
particulier: les sans-domicile, seul(e)s ou en famille, les migrants ou sans-papiers de
tous âges, les réfugiés avec ou sans famille, les mineur(e)s isolés, les usagers de drogues ou
personnes atteintes de pathologies lourdes,
soient les plus faibles de notre société sans qu'il n'ait été pris des
mesures à la hauteur des enjeux sanitaires et risques importants de
décès au sein de ces populations oubliées, ceci pour les semaines à
venir.
Cet état d'urgence sanitaire, (voté par le Parlement) ou "guerre" au COVID-19 ne le serait si était sacrifié
les plus faibles d'entre-nous.
Les difficultés s'entassent et les droits reculent, les tâtonnements ou
mesurettes étatiques en l'état sommaires sont loin du compte. Les
sans-abri n'ayant pas de téléphone ou moyen de s'informer errent dans
la capitale et les gares sont révélatrices du désarroi. 460 logements
ou chambres d'hôtels ont été réquisitionnées depuis 10 jours pour les
sans-abri, et il en est prévu 200 de plus pour la fin de cette semaine,
ceci pour au moins 3.500 personnes sans-domicile pour la seule
capitale. Un chiffrage compliqué à établir et qui ne peut refléter une
réalité bien minimisée pour des populations invisibilisées.
Sur les
50.000 logements au sein de l'hexagone qui seraient nécessaires selon
les associations de soutien ou d'entraide à l'hébergement de tous,
seuls 3.000 logements (chiffre fluctuant au fil des jours, il serait le 2 avril
question de 7.000 chambres et une enveloppe de 50 millions d'euros).
Ces mesures seront l'œuvre du ministère de tutelle, le reste
à la charge de la charité publique... et sur des structures
associatives qui depuis longtemps tirent le signal d'alarme. Ensuite il
faudrait pouvoir disposer des actions menées par les préfectures, les
communes pour avoir une lecture plus précise, difficile de ne pas
parler de confusion générale et de désappointement devant une inertie
des pouvoirs publics ou en l'état stratosphériques...!
Ps : il a été alloué, le 1er avril pour 15 millions d'euros en bons
d'achat en produits d'hygiène aux sans-domicile, ceci pour répondre aux
besoins de 60.000 personnes (sous-estimées) sans-logis : est-ce un chèque pour ceux qui resteront
à la rue?
|
Un peu d'infos sur le mal logement et personnes sans confinement :
« Le
logement est devenu la protection première contre le coronavirus. Le
domicile a rarement autant été une question de vie ou de mort », a
déclaré Leilani Farha, la Rapporteure spéciale des Nations Unies sur le
droit à un logement convenable. Onu-info du 18/03/2020
*
« Pas
de possibilité de se confiner, pas de gants pas de masques, pour les
personnes sans domicile fixe. Se protéger du virus Covid 19, c'est
quasiment mission impossible explique : #Christian Page, 47 ans, ancien sans-domicile pendant 4 ans. « Pour
lui, on joue à la roulette russe avec la santé des SDF. (...) On a
parlé de l'ouverture de 5.000 places pour les sans-abris, mais c'est une
belle hypocrisie, c'est uniquement pour les gens qui seraient
contaminés par le virus. En fait, quelqu'un qui est sain, il
reste à la rue. On lui dit de composer le 115, qui est hyper-saturé
depuis des mois.
Article de radio France Bleu du 03/04/2020
« Le collectif Les Morts de La Rue a
choisi la date du 31 mars 2020 pour rendre hommage aux 569 personnes
décédées ces douze derniers mois dans l'indifférence totale.
Toutefois ce chiffre ne reflète pas la réalité, selon
une étude de l'inserm sur 2008-2010 il s'agirait d'au moins 2.200 morts
par an.
|
« Logements
surpeuplés ou insalubres, familles fragiles et dépendantes des
associations et services sociaux désormais fermés... Le confinement
démultiplie les difficultés pour les mal-logés. Les associations
tentent de s’organiser.
Article du journal Reporterre du 26/03/2020
|
SDF : on se confine comment ?
« Face à l'épidémie
du Covid-19, sans lieu de confinement, les sans-domiciles fixes sont
plus que jamais vulnérables. Sarah Frikh, maraudeure, et Bachir,
intervenant social, se battent pour aider le plus possible les
personnes à la rue et les confiner comme le reste de la population.
Selon la préfecture de la région Ile-de-France, le 13 mars 2020, quinze cas
de SDF contaminés par le coronavirus ont été recensés dans deux centres
d'accueil.
|
|
Extraits du rapport 2020
sur le mal-logement en France
de la fondation de l'abbé Pierre
Les chiffres du mal-logement (pages 370 et 371)
UN HALO DE 12 MILLIONS DE PERSONNES FRAGILISÉES
PAR LA CRISE DU LOGEMENT (1 personne sur 6...)
Autour de ce noyau dur du mal-logement, constitué de 4 millions de
personnes, se dessine un halo beaucoup plus large, aux contours parfois
flous, de personnes affectées par la crise du logement, à un titre ou à
un autre, de manière moins prégnante, mais avec de réelles
répercussions sur la vie de famille, la santé, l’environnement
quotidien, le confort ou les fins de mois.
- 4.299.000 personnes modestes (1.055.000 ménages) appartenant aux trois
premiers déciles de la population, vivent en situation de surpeuplement
dit « modéré », c’est-à-dire qu’il leur manque une pièce par rapport à
la norme d’occupation.
- 1.210.000 personnes locataires étaient en situation d’impayés de loyers
ou de charges au moment de l’enquête, s’exposant ainsi à une procédure
d’expulsion locative.
- 1.123.000 personnes, propriétaires occupants, vivent dans des
copropriétés en difficulté, subissant un très mauvais fonctionnement,
des impayés de charges nombreux et importants ou une absence de travaux
d’entretien. À noter qu’il ne nous est pas possible dans l’Enquête nationale logement de l'Insee de
calculer le nombre de locataires vivant dans ces copropriétés.
DE NOUVELLES FORMES DE FRAGILITÉS
Pour la seconde année, la Fondation Abbé Pierre a décidé d’intégrer à
son décompte, parmi les personnes en difficulté, deux nouvelles formes
de fragilisation par le logement à mieux appréhender : l’effort
financier excessif et le froid à domicile.
La précarité énergétique touche des millions de personnes qui subissent
des dépenses énergétiques excessives ou ont froid à leur domicile. Le
noyau dur de la précarité énergétique, composé des ménages modestes
ayant eu froid pour des raisons liées à la précarité s’élève à
3.558.000 personnes (1.443.000 ménages).
L’effort financier excessif concerne quant à lui les ménages modestes
appauvris par des niveaux de loyers insoutenables, en particulier dans
le parc privé. Il touche 5.732.000 personnes qui consacrent plus de 35
% de leurs revenus à leurs dépenses de logement, ne leur laissant pour
vivre qu’un revenu inférieur à 65% du seuil de pauvreté, soit 650 euros
par mois et par unité de consommation. (le seuil où l'on bascule est d'un peu plus de 900 euros par mois)
Au total, sans double compte, ce sont donc 14.620.000 personnes qui
sont victimes de la crise du logement, qu’elles soient mal logées ou
fragilisées par rapport au logement.
|
|
Et un peu de lectures en complément sur un sujet qui n'a
rien de neuf, le sigle SDF pour "sans-domicile" était déjà présent sur
les registres de la police au XIXe siècle, et faut-il savoir que
jusqu'au début du vingtième siècle le vagabondage était un délit, et
l'on était tenu de disposer sur soi d'une somme d'argent pour ne pas
aller au poste, cette disposition a perduré plus longtemps.
« Qui sont les
S.D.F.? Qui est vagabond? Qu'est-ce qu'un mendiant? Les définitions
sont historiquement aussi nombreuses et diverses que les études, les
circulaires, les ordonnances royales, les lois républicaines, les
arrêtés municipaux, les déclarations publiques ou les discussions
privées. Des termes comme « chemineau », « trimardeur », « nomade », «
clochard », « marginal », « sous-prolétaire », « sans-abri», «
sans-logis », « exclu » ou « S.D.F. » font partie de l'appareil
sémantique qui s'est progressivement constitué en France autour de la
pauvreté et de l'errance.
Julien Damon,
rédacteur d'un essai sur les sans-domicile de toute nature est
enseignant et docteur en sociologie, il a publié au mois de mars un
ouvrage : Qui dort dehors? (Editions de l'Aube, 2020), et vous pouvez retrouver sur le site Persée ses publications antérieures, voici un bref résumé de son essai :
« Les SDF se
trouvent à la rue, sous des tentes, dans des centres d’hébergement, au
centre de multiples controverses. Mais de qui et de quoi parle-t-on
exactement? Combien sont-ils? Quels sont les impacts de la crise
migratoire? Que faire face aux campements et aux enfants mendiants? Que
penser d’un objectif comme « zéro SDF »? Toutes ces interrogations
appellent moins de sensationnel et davantage d’examen rigoureux.
|
|
|
L'auteur précise dans l'introduction de son dernier
livre que près d'un million de personnes en France ont été confrontées
à la rue, et il est fait référence à Jack London à ses enquêtes journalistiques et un
de ses ouvrages de 1904 avec un extrait ci-dessous :
« La faim et le manque de logements que
j’ai pu constater sévissaient pourtant à l’état chronique, et la
situation ne s’est nullement améliorée lorsque le pays est devenu très
prospère.
Un hiver extrêmement rigoureux fit suite à cet été
1902. Chaque jour, d’innombrables chômeurs se rassemblaient en
processions (il y en avait parfois une douzaine en même temps) qui
défilaient dans les rues de Londres en réclamant du pain. Mr. Justin
McCarthy, dans un article publié dans le New York Independant en
janvier 1903, décrit ainsi brièvement la situation :
« Les asiles ne sont pas assez grands pour
recevoir les foules de chômeurs qui viennent quotidiennement frapper à
leurs portes, et demandent qu’on leur donne un toit et de quoi se
nourrir. Toutes les institutions charitables sont débordées – elles ont
épuisés leurs ressources en ravitaillant les habitants affamés des
caves et des greniers des rues et des ruelles de Londres. Les
succursales de l’Armée du Salut, dans les différents quartiers, sont
assiégées par la horde des sans-emploi et des affamés, et n’ont même
plus de quoi leur procurer le moindre abri et le moindre secours. »
|
|
|
|
|