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Sommaire de la page
1 - L’hypocrisie française ou la tentation Vichyste? 2 - Séductions et
passerelles de l’extrême droite au sein de la société française 3- Trouver les mots justes et
le chemin de la raison? & Boris
Cyrulnik sur la menace totalitaire 4- Liberté, égalité,
fraternité et altérité : Charlie n'est pas raciste ! 5 - Projet de loi Macron : un
néocapitalisme très conforme 6 - Etats Généraux du Ps : une charte et quelques
incantations !
L’hypocrisie française
ou la tentation Vichyste ?
S’il n’y avait que la
politique économique de la France à critiquer, nous pourrions presque
être attentif, en l’attente d’un frémissement, soutenant avec légèreté
le versement de 40 milliards d’euros au patronat, sans omettre les 15
milliards déjà distribués dans le cadre du CICE (Crédit d'impôt
pour la compétitivité et l'emploi). Les totaux nous donnant 55
milliards consacrés aux entreprises et quelques miettes de
redistribution pour les particuliers. Le résultat se fait attendre, la
question est ailleurs. Elle pose pour délicate interrogation, si rien
ne vient et cela fait depuis 2010 (que la situation est ainsi sur une
pente de mesures d’austérité), dans ce cas où est la différence?
Ceux qui voudraient nous faire croire que la courbe du chômage va
s’inverser, ils ont de quoi se soucier, car même avec 1,7% de
croissance prévu pour l’an prochain, cela ne bougera guère. Le flot des
inscrits comme chômeurs certes se stabilisera. Mais pour qu’il existe
des vraies créations d’emplois et en nombre important, il faudrait au
moins 2,5% de croissance, comme sous Lionel Jospin (avant 2001) et nous
en sommes loin. Pour résoudre ce problème épineux, de 5 millions de
demandeurs d’emplois, ou en réalité l’enjeu de sortir 10 millions de
personnes de la misère ou vivant avec moins de 900 euros par mois, soit
près d’un sixième de la population.
Nous avons atteint un niveau de pauvreté record, qui fait que même avec
un salaire de 1250 euros net par mois on boucle difficilement
ses fins de mois… La stagnation des bas salaires, cumulée à une
précarisation du travail et de la première difficulté d’en trouver.
n’ouvre aucune perspective de changement. Et encore ce petit bond de
croissance, nous le devons en partie à une baisse des prix des produits
énergétiques, comme le pétrole ou le gaz. De plus, cette chute des
coûts sur les produits carbonés, n’est pas une bonne nouvelle à
quelques mois de la conférence sur l’environnement, qui se tiendra à
Paris en décembre.
Nous allions rentrer dans un cycle déflationniste, c’est en soit la
seule bonne nouvelle du moment, mais rien de plus. Néanmoins, le
logement (3 millions de personnes dans des logements insalubres),
l'éducation (150.000 jeunes exclus chaque année), la justice sociale
(néant) et justice tout court (blocage), ne sont pas mieux
traités, le rapport rendu sur la politique étrangère de la France sur
le continent africain et en particulier dans l’espace francophone n’est
pas une surprise (1). Il y a de quoi être abasourdi par le niveau
d’impréparation de nos gouvernants et l’hypocrisie régnante.
Je ne sais si le niveau baisse dans l’éducation nationale, on me
chantait déjà ce doux refrain sur les bancs du collège… Cependant,
c’est le niveau intellectuel de nos élites qui posent un
sérieux problème, plus exactement ce système de reproduction social est
manifestement ce qu’il faut changer, et pose la question d’un nouveau
pacte républicain et progressiste.
Emmanuel Todd, ne sera pas non plus des invités dans nos hauts lieux de
pouvoirs qui tergiversent entre le show et le néant de la pensée. Cela
vaut pour tous les intellectuels, qui ont une analyse à exposer ou à
exprimer et en des termes peu cordiaux. Faut-il être lu ou compris?
accepter que les critiques parlent d’un ordre social inégalitaire,
ou les derniers arrivants et pas seulement devraient se flageller et
chanter à l’unisson « l’esprit du 11 janvier ». La grande mascarade est
finie. Cela a un nom, l’hypocrisie française et son Vichysme de circonstance.
Quand
un éminent spécialiste explique très sérieusement que les
fascismes européens et notamment français ont disparu après 1945, il y
a de quoi rester cloué sur sa chaise. Se dire que ce monsieur chercheur
n’a jamais mis les pieds en Amérique latine et qu’il n’a pas compris
grand-chose des cartes et structures familiales auxquelles fait
référence
Emmanuel Todd. Et qui de plus fonctionne de concert avec la
contre-révolution "made in Usa" se nourrissant d'un pseudo choc des
civilsations.
Passons, car à ce niveau de vide, il vaut mieux au quotidien, faire ses
propres recherches, et si je ne partage pas tous les propos de Todd,
pourtant il me confirme, voire valide l’idée d’un pétainisme rampant,
et puant à l’exemple du fichage de gamins selon leurs origines «
ethniques ». Fait par un homonyme et maire bleu schtroumpf dans le
sud-est de la France. Ce délire identitaire nous renvoie tous à nos
origines, sans que nous ne sachions pas toujours de quoi, il est fait
part.
Ce pays, s’il connaît une division, elle touche un centre névralgique
de son histoire, qui nous désigne comme contemporain de la Révolution
française de 1789 à 1795, dois-je souligner. Dire ou supposer que la
contre-révolution est en marche en France n’est pas une vue de
l’esprit. Et c’est tout l’édifice qui est menacé, car sur le terrain de
la morale, cela fleure bon la même souche réactionnaire.
Si Emmanuel Todd n’y va pas avec le dos de la cuillère, c’est que le
constat social est alarmant et le contrat républicain est rompu. Les «
brigands », la « populace » sont de retour ! C’est ainsi que l’on
désigna à la chute de l’ancien régime tous ceux qui se soulevèrent
contre les privilèges, les fameux sans-culottes. Le problème serait de
résoudre en plus des questions sociales, d’arrêter de renvoyer de
génération en génération les plus pauvres dans les périphéries
urbaines, et cela n’a rien de nouveau.
Paris au dix-septième siècle a déjà sa « banlieue », ses faubourgs en
sont son illustration, plutôt que de nous fourguer une histoire
officielle pompeuse et ridicule sur le beau monde, faudrait-il
nous narrer l’histoire de vingt millions de français. Soixante
quinze pour cent de la population se trouve sous un régime féodal, parce que
paysan, auquel va se surajouter le centralisme et l’absolutisme, la
surveillance de la population et la censure. C’est contre cet ordre que
les «révolutionnaires» se sont révoltés et ce que l’on appelait «la
gueuserie», les nouveaux invisibles ont le même visage et peu importe
d’où ils viennent, ils sont toujours mis à distance.
Je n’aime pas le terme « islamophobie », il ne s’agit pas de peur, mais
de haines indistinctes anti-tout, qui ne se contiennent plus à
l’enceinte familiale et sont choses courantes dans la vie de tous les jours.
Cela vous revient comme d’une mauvaise tarte à la crème, et qu’ai-je à
faire de cette hypocrisie sociale, où le mérite ne pèse pas lourd,
exemples quotidiens de l’indifférence bon teint ou des larmoiements
passagers. L’école n’est pas là pour désigner du doigt et la laïcité,
c’est avant tout le respect des convictions de tous, quitte à remettre
les pendules à l’heure, s’il se manifeste une volonté d’imposer une
coutume religieuse ou un ordre politique. Pas de faire l’objet d’une
polémique et voir la figure de la demoiselle dans les médias, et les
ultras de l’UMP surfer sur la vague des ressentiments et du racisme
ambiant.
Comment ne pas être exaspéré par cet usage régulier d’individu pris
dans cette mélasse coutumière des médias de masse? Avant-hier, c’était
les petits pains aux chocolats… De nouveau, une gamine de 15 ans
épinglée pour une histoire de robe, la vacuité de la chose laisse
pantois, toutefois, entendre Emmanuel Todd se rappeler qu’il est juif
face aux événements, le nauséeux refait surface. Parce que ces
oppositions entre communautés sont le fait de qui? A qui profite le
crime?
Je suis bien conscient que ces faux affrontements religieux servent
toutes les thèses essentialistes, il faut toujours un bouc émissaire et
les faux républicains s’agitent et rependent leur venin. Il devient
compliqué d’expliquer à la face du monde, la nature de nos politiques
xénophobes dans l’hexagone. Roms, gens du voyage, enfants et
petits-enfants d’immigrés, juifs et musulmans et pauvreté, voilà le
délitement d’une nation qui fait froid dans le dos et tout son
corollaire anti-humain.
En d’autres termes et partant d’une sociologie du réel, la mixité entre
riches et pauvres, ça n’existe pas, ce sont toujours les enfants de bourgeois qui veulent dormir sous
les ponts… Comme ce phénomène de « gentrification » qui pousse les
loyers et mètres carrés des quartiers populaires dans Paris ou
limitrophes à atteindre des prix sommets, et la ville hors parc HLM se
vidant de ses populations ouvrières depuis belle lurette. Bon «
bobos » bourgeois bohèmes parisiens dormez bien, vous avez manifestés
pour renforcer l’ordre et les «Bonaparte » d’opérette de L’UMPSFN le
11 janvier 2015. Mais surtout vous aidez un ordre inégalitaire à
gagner, le vôtre, celui de votre petit confort mesquin et vos cafés où
vous vivez entre-vous.
Du bourgeois petit et grand qui veut du Paris populaire pour asseoir sa
bonne conscience de gôche s’entassant à des terrasses muni de leurs
laisses, l’œil rivé, sur des messages vides de poésies et d’amour. De
bonnes gens, bien propres et bien conformes qui consomment et font
flamber les prix des quartiers des désargentés. Comme au Chiapas au
Mexique, ces touristes agissent de même, parce que ce niveau de bêtise
est universel, tout est dans l’apparence et la suffisance des discours.
Et le Tiers exclu est renvoyé au loin, très loin derrière les mégas
surfaces commerciales, au sein des quartiers de la nouvelle « zone »
d’exclusion sociale et morale de la bourgeoisie parisienne.
En résumé, non seulement cela ne peut plus durer, et que cela bascule
d’un côté ou d’un autre, cela ne changera rien, sauf à charger les plus
en difficulté. Tant que les citoyens dans leur ensemble ne seront pas
associés ou capables de lever les yeux du guidon économique, ou vers
quoi allons-nous? C’est-à-dire quel modèle de société? si la
perspective est de se fondre dans le moule dominant, le contrat social
et républicain est mort. Dans ce cas, les menaces de « guerre civile »,
que certains ultras font peser dans le débat public reste entier. Ou à
brève échéance il faudra conseiller l’exil? parce qu’il y a de quoi
avoir honte de cette situation de délabrement de nos institutions et
cette montée progressive de nos vieux maux français: racismes et
xénophobies d’état.
Je vous laisse en guise de conclusion, 3 vidéos avec Emmanuel
Todd (environ 1h00) pour comprendre ce qui nous pend au nez dans
un aspect purement intellectuel. Comme j’ai pu lire dans le Monde,
Emmanuel Todd fait du « Charlie », oui dans une perception libre de
critique. Je ne reprendrais que les interrogations de Jean-Luc Godard
sur ce « je suis », qui ne veut rien dire, si nous en oublions toutes
ses conjugaisons.
Billet de Lionel Mesnard, le 8 mai 2015
Notes :
1 - Rapport de l'Assemblée nationale sur le politique étrangère de François Hollande en Afrique : Cliquez ici !
PS : L’analyse des cartes et structures familiales sonne très juste,
ce que dit Emmanuel sur les régions qui ont suivies Vichy pointe le
problème politique d'une pays divisé et qui a conservé ses bonnes vieilles
traditions "inégalitaires et autoritaires". Ce qui empêche justement tout
influx républicain, vive la sociale !
Séductions
et
passerelles de l’extrême droite au sein de la société
française et des
espaces (virtuels) francophones
Ce
texte avait été rédigé le 16 mars 2011, il m'a valu quelques surprises
et même une attaque de
hackers contre le contenu de ce site après sa parution en juin 2012
(sur
deux autres blogs tenus par des militants communistes). J'ai pu avoir
la joie de lire certains commentaires et même me voir attribuer une
note de bas de page, du néo-conservateur et chercheur patenté au CNRS,
Pierre André Taguieff.
J'ai décidé de mettre cette analyse sur mon propre espace cybernétique
après moultes hésitations. Ecrire sur un tel sujet apportant son lot de
nausée et d'emmerdes, il restait à corriger deux ou trois erreurs sur
un prénom et réecrire une ligne où s'était introduit un mot mal cité.
Chacun est libre de sa critique, cependant les enclins nationalistes et
une volonté affichée de dé-diaboliser le Front National peut
surprendre. Depuis la diffusion de cet
écrit, Monsieur Taguieff trouve ses soutiens dans une presse
ultra-conservatrice. Chacun fraille avec qui
veut ! Si "chasse aux sorcières" fut menée,
elle n'était pas de mon fait.
Je n'ai pas fait du racisme et de
l'antisémtisme un commerce avec de singuliers et multiples néologismes
sur la question. Toutefois
et en raison d'une actualité chaude et toujours aussi pesante dans la
société française, j'ai décidé de le publier dans sa totalité et je
n'ai pas cherché à répondre à certains
détracteurs. Mon constat sur
le racisme et l'antisémitisme en France se voulait politique sur cette
mélasse aux
accents fascisants ou totalitaires.
Comme du temps s'est écoulé et que le problème reste entier, autant que
ce travail de réflexion trouve sa place et en assumant pleinement des
propos sur certains ralliements idéologiques de la gauche vers
l'extrême droite la plus radicale, me limitant à certaines
personnalités
publiques et ayant defrayé les chroniques ces derniers mois ou années
passées.
Lionel Mesnard, le 14 février 2015
Quand
j’ai entrepris ce texte, il y a quelques mois, il était
difficilement envisageable d’en mesurer l’étendu, il restait des zones
d’ombre et de comprendre comment l’extrême droite française tentait de
jeter certains ponts en direction de groupuscules se qualifiant « à ou
de gauche ». Aujourd’hui et au vu des derniers événements, les
doutes ne sont plus, il existe bien une volonté de capter des militants
ou électeurs de l’autre camp, l’on tient selon l’assistance un discours
susceptible de faire mouche. Toutefois, le vieux vernis, le discours
anti-immigré ou anti-juif est toujours de mise. Ce n’est qu’un coup
peinture sur la façade, l’objet est de pouvoir s’accaparer un
vocabulaire étranger. Il s’agit d’une escroquerie intellectuelle, ni
plus, ni moins. Si au demeurant le contenu peut sembler cohérent, ce
n’est en fait qu’une irrationalité de plus.
Avec son élection à la tête du Front National, Marine Le Pen a pu
faire ces derniers mois faire campagne et prouver ses qualités
oratoires et un simili virage à 180 degrés sur le fonds de commerce du
discours économique ultra-libéral. Arguant que depuis plusieurs années,
elle tenait déjà ce langage, sauf que personne ou peu de monde n’a
voulu prendre en compte cette volonté de brouiller les discours. De
mettre à mal entre autres un vocabulaire issu des luttes du mouvement
ouvrier, un blabla vasouillard se nommant « anti-système ». Ne nous
trompons pas Madame Le Pen n’est pas devenue la Rosa Luxembourg du
vingt-et-unième siècle, et elle se contrefiche des masses laborieuses.
Si ce n’est que son but est de légitimer un contenu tout aussi
inégalitaire. La perfidie se camouffle dans les mots, un choix de
manipuler des opinions fragiles, et se nourrissant des excès des
espaces virtuels. Car derrière le système, il se cacherait des complots
en tout genre. Sauf que pour comprendre un ou des systèmes, il n’y a
rien de très fantasmatique à soulever. L’ordre capitaliste est le
produit d’une activité sociale, économique et politique, plus que le
fait d’individus tapis dans des sous-sols à diriger la planète. Qu’il
existe quelques allumés pensant avoir véritablement une emprise sur le
cours des choses, cela ne peut qu’interpeller sur des pathologies du
grégaire.
Trouver les mots justes
et le chemin de la raison ?
Ce qui pourrait paraître le plus surprenant, face à la masse des
commentaires, c’est de constater comment un sujet comme la laïcité est
traité et certains pans de notre société oubliés ou occultés. Les
termes chrétiens ou surtout musulmans reviennent abondamment dans les
coupures de presse ou les questions obsessionnelles des journalistes de
l’info en continu. Quatre nouveaux morts dans la communauté juive a
permis enfin de lever certaines omissions et de rappeler la place de
ces derniers parmi nous depuis la mort du jeune Ilan Halimi en 2006.
Pour les Chrétiens, il est souvent fait état des Catholiques, du Pape,
mais les Protestants et les Orthodoxes sont le plus souvent absents ou
cantonnés le dimanche matin sur le service public de télévision.
Dernier pan de l’oubli, les athées pourtant au centre du problème et
des attaques meurtrières contre Charlie et menaces contre le Canard
Enchaîné. Sans oublier le pan des occultés, quid, des croyants en
Bouddha ou en Vishnou, quasi rien sur les agnostiques, si, si, ils
existent, et toute une foultitude de croyances ou cultes animistes
comme le vaudou se côtoyant sur le territoire de la France. Bref, à
tout simplifier on en arrive à des positions extrêmes, vue à la
lorgnette et pourtant, si l’on peut même considérer qu’il existe autant
de croyances que d’individus et que chacun fait selon son
libre-arbitre, un des éléments consensuels serait de se référer à un
ensemble citoyen, et pour lequel ce pays et ses habitants se sont
battus depuis au moins trois siècles.
J’ai été heureux de découvrir la qualité et la force des propos de ceux
qui ont fait bloc dimanche, quand d’imperturbables journalistes en
remettaient une couche sur le thème «musulman égale terroriste ». De
simples citoyens interrogés sur un bout de trottoir ou des proches des
victimes tenant en substance quelques vérités à entendre, et sans avoir
besoin d’éléments de réponses concoctés par les nouveaux phares de la
pensée que sont les communicants. Sauf que nous voilà directement en
phase avec une prise de conscience où les politiques, nos élus, vont
devoir se faire quelques cheveux blancs, et partir d’un constat simple,
ils ne sont pas à la hauteur de leurs concitoyens.
Tous, non, car l’objet n’est certainement pas d’abonder dans le sens du
« tous pourris », mais de bien conserver en mémoire, que cette mise en
cause de la République dans son rôle est d’avoir désertée certains
territoires de la Nation. Ceci est un fait sur lequel il a été expliqué
pendant des années et stigmatisé des populations entières au profit
d’une résonance sécuritaire sur les airs de la tolérance zéro. Dont,
les média portent une responsabilité considérable de désinformation et
sans connaissance des quartiers périphériques construits à la hâte dans
les années 1960 et 1970.
Aujourd’hui le phénomène s’est élargi au péri-urbain, plus que jamais,
s’il y a une chose pour laquelle nous devrions nous sentir fier, ce
sont des services publics et il serait temps de tirer quelques
enseignements sur la politique de la Ville. Qui aurait pu être analysé
comme un territoire parmi d’autres, une prise en considération que ce
ministère depuis sa mise en œuvre a cultivé beaucoup d’échecs et de
ratés, à vouloir concentrer des décisions qui ne sont pas de son seul
ressort, mais de tous les champs d’action d’un Etat mise à mal.
La pensée molle et esprits dérangés ?
Jean-Luc Mélenchon est à ce titre, très énervant et loin du
sérail, parce que non seulement il dit et écrit des choses justes et en
plus il le fait à la force de la raison. Insupportable, il nous enjoint
à réfléchir, à penser et puis quoi encore, à être libre tant que nous y
sommes? (1) Comme l’a fait remarquer récemment le professeur Cyrulnik
lors d’une entrevue (en vidéo après le billet), et cette fois,
sans
petite note d’humour, que dire de la pensée «paresseuse»? Cette
pensée sans articulation et aux pires mobiles, qui vise à rejeter le
courage des citoyens, à toujours tout nier, pour mieux cacher son
obscurantisme.
Non point les paresseux sous forme animale, mais humaine. Il y aurait à
comprendre ce que représente comme charge psychique ou réalité la
paresse. Entre autres, savoir que derrière un « feignant », il existe
une logique d’évitement accompagnée de stratagèmes, et qu’en réalité
celui que l’on désigne comme une sorte de rebut ou d’exutoire des
bonnes consciences, il se cache surtout des réalités humaines et des
stratégies complexes. La pensée molle ou paresseuse est toujours
réductrice. Dans le cas d’un mot ou d’un trait d’humeur, parfois cela
confine au divin et rejaillit comme un éclat de rire, où l’on ne sait
plus vraiment ou se trouve la limite entre l’émotion et la raison.
L’humour est un sas de décompression, qui face à l’horreur vous renvoie
à votre envie de vivre et de dépasser le tragique. La politique, c’est
tomber dans le monde des passions et des excès, des invraisemblances et
des confusions. Mais c’est tout aussi indispensable que de respirer,
parce que de là découle un entendement commun et qu’en ce domaine, les
citoyens français et leurs soutiens à travers le monde ont été le temps
d’une journée, dimanche 11 janvier 2015, les porteurs et avocats d’une
raison universelle.
Aucun combat n’est jamais gagné d’avance, et nous connaîtrons d’autres
larmes couler. Au-delà de l’émotion, la lutte ne fait que reprendre, et
quand un camarade tombe, un autre se lèvera ! Tout pourrait nous
pousser à oublier, qu’une nouvelle République (la res-publica ou la loi
publique) est appelée à exister dans ce pays et en conformité avec les
vœux du peuple souverain. Viendra le temps de se libérer de ces amarres
monarchistes pour rendre à l’avenir toute sa noblesse et renverser le
terrain de la peur où certains cherchent à nous renvoyer.
Merci à tous ces millions d’anonymes d’avoir fait oublier les «
passions fratricides », et rendus fiers de ce que nous sommes et des
combats pour la Paix et la justice, que nous portons depuis de très
nombreuses générations en France, et pas au seul bénéfice de notre
nombril ou aux dimensions de l’hexagone. Ce message s’adressant à tous
et sans frontières, nous ne cherchons querelle à personne, nous voulons
rire et vivre en paix ! Nos différences et alors, ce qui importe, ce
qui nous soude, c’est ce vivre ensemble que l’on a tenté d’assassiner.
La grande marche de dimanche, célébrée et soutenue au-delà des
espérances pourraient donner une totale confiance, alors que beaucoup
est dans la distance et la réserve. La réflexion demande du temps, de
pouvoir s’appuyer sur ce qui fait honneur à ce pays, c’est-à-dire, son
goût des paroles libres, de l’histoire qui a façonné cette nation
toujours en résistance devant l’oppression religieuse et politique.
Faillite des systèmes d’éducation et hypocrisies de circonstance ?
La France connaît un peuple très politisé, conscient de son passé
positif et négatif, qui n’a pas peur du débat et de son intelligence
critique. Avec de telles bases, il est possible de construire, de
continuer à apporter sa petite pierre à l’édifice. Seulement ne nous
trompons pas dans cette salve de l’unitarisme national combien
d’hypocrites ? Ces tristes sires qui hier encore hurlaient avec les
loups. (2)
Que de nombreux « aliénés » n’aiment pas Charlie hebdo n’a finalement
rien d’étonnant, de toute façon et à ce sujet Pierre Desproges y avait
apporté une réponse. Oui on peut rire de tout, mais pas avec tout le
monde et qui a fait date depuis. C’est une très belle réponse à ceux
qui pensent être détenteur de la Vérité et qui veulent nous imposer une
perception intangible des choses et à contre raison. Heureusement,
beaucoup d’entre-nous ne sont pas de cette matière malléable, souriante
aux excès des prêches et incantations.
Si l’humour devient une cible ou le terrain des rancœurs, des haines
feintes, elle entraîne par ailleurs une surenchère. Que le FN n’aime
pas Charlie hebdo n’est pas en soit une nouvelle, mais comment ne pas
faire part de ce délitement intellectuel chez certains (3). Notamment
ce petit monde « des complotistes » bras armant de la nouvelle
mécanique totalitaire. Un amalgame trouble ne voulant en aucun cas voir
ses propres responsabilités. Ils sont les idiots utiles et ils s’en
vantent, ils ne reculent devant rien.
Il y a donc pire que la paresse intellectuelle et c’est bien là le
problème, c’est que derrière cette pensée souvent binaire, réductrice,
nous devons faire face à des esprits dérangés qui répètent
inlassablement le même discours et jusqu’à la nausée en faisant du
copié coller d’un blog ou site à un autre. La grande « fraternelle »
des Rouges Bruns et Verts de haines ou kakis relativise, du « mais » à
toutes les sauces, ils sont la « vérité révélée » alors que leurs
actes et paroles d’hier et d’aujourd’hui poussent au chaos généralisé.
Par le terme « aliéné » ou l’idée d’aliénation, ce n’est pas la foi qui
est cause, chacun la vivant comme il l’entend dans sa propre intimité,
et comme fondement essentiel de la laïcité et rempart aux fanatismes et
à la barbarie. Ce qui est en cause, c’est proprement l’aliénation comme
dérive identitaire, ce « surhomme » dont il faut se méfier, s’il prend
les allures d’un dogme et s’empare de sa puissance maléfique. (4)
Le métier d’Homme est déjà difficile pour pouvoir porter des charges
qui ne sont pas les siennes. Le témoignage « d’un papa à sa fille
» est sans équivoque ce que l’on peut souhaiter lire pour donner
aux enfants des réponses appropriées. (5) Le relativisme moral est une
bassesse poussant à tout détruire sur son passage, ne prenant pas en
compte le temps de mûrissement de nos sociétés, faisant de l’humain un
petit soldat où seul le réactif agit comme le chien de Pavlov répondant
à des stimuli pensant ainsi remplir sa gamelle, alors qu’il nourrit et
entretient sa propre confusion mentale.
Tout le monde est libre de croire ou pas, et il est temps de sortir des
raccourcis et aborder les difficultés de front en une expression
politique saine et libérée de sa fantasmagorie. Comme j’ai pu lire, il
paraît que nous vouons un culte à la déesse République en France,
culte, je ne pense pas mais avoir foi en ses convictions et en ses
choix est bien plus respectable que de vivre sous l’objet de ses
pulsions mortifères et obsessionnelles.
Je terminerais mon billet par deux articles de Jacques Attali publiés
sur son blog, que je vous conseille de lire (6). Vous pouvez penser que
les positions du député Mélenchon et celles de Monsieur Attali sont en
opposition, il est vrai que des désaccords existent. Si l’on souhaite
élevé un peu le débat citoyens, je préfère écouter ou lire, à l’exemple
de Boris Cyrulnik, ces trois « bibliothèques ambulantes », car l’objet
n’est pas de faire synthèse. Un retour de l’esprit critique s’avère
plus que nécessaire et en des termes respectueux. J’y reviendrais
certainement, une autre fois, et en particulier sur la question de la
transmission.
Le système éducatif français est une machine à produire de l’exclusion,
la politique de la Ville est un échec, et il serait trop facile de
faire porter les responsabilités aux seuls élèves et enseignants. A ce
sujet, où sont les outils d’évaluations, non pas du corps enseignant,
plus exactement des modes de formation et la question ne se limite pas
à la seule éducation nationale, de comment il n’est pas possible, par
exemple, pour un allocataire du RSA de suivre une formation en
université sans perdre ses allocations et ses droits? Celui-ci devrait
sans le sou, en plus payer des coûts importants au titre de la
formation professionnelle, il existe comme un hic ? C’est en l’état
infaisable, quand depuis x. années est vanté le système Danois ou
Suédois, au final, rien ne change. Dans la même idée, demandez aux
inscrits à Pôle Emploi, si cet organisme remplit sa fonction de retour
à l’emploi? la réponse sera à 99%, non.
Le « débrouillez-vous » ne peut y suffire, tout le monde n’est pas «
armé » ou disposant de la distance critique nécessaire surtout des
moyens, faute de cohérence des politiques publiques. Les voix de
l’émancipation sont un peu plus rudes que l’on ne l’imagine. Si
certains ont à se réveiller, c’est sur la nature du gâchis social. De
plus, que de mieux que d’oublier les sujets qui fâchent (chômage de
masse, destruction des niches environnementales, mécanismes de
redistributions inopérants, …).
Les coups de menton face aux bruits des bottes et menaces totalitaires,
c’est un peu léger, l’union avec « les loups » au sein de la bergerie,
fini toujours par le massacre des moutons. Oui, comme l’a déjà dit Jean
Luc Mélenchon, « la peur doit changer de camp » et l’essentiel
reste à nous rassembler vers une transformation sociale et politique en
France et en Europe!
Nos principes et notre citoyenneté ont du sens, nous n’abdiquerons pas !
Billet de
Lionel Mesnard, 16 janvier 2015
Ps : Si vous voulez connaître un peu
mieux Charb,
l’ancien rédacteur en chef de Charlie Hebdo, vous pouvez lire ce
témoignage émouvant de Philippe Corcuff sur son ami : Cliquez
ici !
Notes :
(1) Conférence de Jean-Luc Mélenchon au Théâtre Déjazet à Paris le
12 janvier 2015, après les attaques de Charlie Hebdo, Montrouge et
Vincennes. (durée de 1h10 et attention quelques petits problèmes de
sons pendant l’enregistrement) : Cliquez ici !
(2) "Je me méfie de cette indignation de canapé" ; entrevue avec le
rédacteur en chef du Bondy Blog, les blogs de l’Hebdo (journal Suisse)
par Sabine Pirolt : Cliquez ici !
(3) Ce témoignage est à prendre avec précaution, il pose un sérieux
problème de compréhension de la part son auteur. Un texte honnête et
très confus comme le site hébergeur. Il en dit beaucoup sur les manques
même de militants politiques un peu paumé du PG ou du Front de gauche
flirtant avec le néant, comme certains groupuscules stalinistes ou
personnalités troubles de ce rassemblement. D’abord le Stalinisme est
un totalitarisme, pour le reste ; il y a du boulot sur la planche… «
Comment un Jeune Communiste passe au FN (témoignage et réflexions sur
le stalinisme de droite (???) qui ronge le Front de Gauche) » par
Vincent O. : Cliquez ici !
(4) « LA LIBERTÉ D’EXPRESSION, CE N’EST PAS L’APOLOGIE DE LA VIOLENCE
ET DE LA HAINE, par les Echos de la gauchosphère du 15 janvier 2015 : Cliquez ici !
(5) « Finesse » contre « connerie » : Le combat éternel ! Par Mohamed
LOUIZI, les blogs de Médiapart : Cliquez ici !
(6) Conversation avec Jacques Attali, deux textes courts, du 05 et 12
janvier 2015 :
- « Une autre Europe est urgente » : Cliquez ici !
- « Réveillez-vous ! » : Cliquez ici !
Boris Cyrulnik
sur la menace totalitaire
De passage
à Bordeaux vendredi pour la parution de son dernier livre « Les âmes
blessées » (Odile Jacob) et la commémoration de la rafle des juifs de
cette même ville, le
professeur Boris Cyrulnik a participé à l’émission « Point de vue »
sur TV7 Bordeaux.
Eléments écrits et vidéo en fin de texte (27 minutes)
Comment expliquez-vous une telle violence au nom d’une religion ?
Cela s’est déjà vu dans le passé. Cela existe depuis longtemps. On met
la haine dans des quartiers en difficulté, on repère les enfants, on
leur offre des stages de formation. Ce sontdes groupes politiques qui
utilisent le terrorisme comme une arme. Quand la haine est semée, on
repère les enfants les plus faciles à fanatiser et on les envoie au
sacrifice. Cette organisation est financée par les gens du pétrole et
de la drogue, qui ont des intentions politiques sur le Moyen-orient et
l’Occident.
C’est un peu la théorie du complot ?
Ce n’est pas une théorie. Cela a déjà été fait. L’inquisition
chrétienne relève du même processus. Le nazisme est parti de la belle
culture germanique allemande, et en quelques années a mis le feu au
monde. Des slogans sont entrés petit à petit dans la culture commune.
La population s’est soumise à une représentation dépourvue de jugement.
La société s’est imprégnée de ces idées.
Que faire aujourd’hui ?
On peut faire de cette tragédie une solidarité ou un massacre. Les
musulmans français sont en danger. Ils risquent d’être agressés. 99%
des arabes tués dans le monde le sont d’ailleurs par d’autres arabes.
Ces phénomènes se sont produits dans l’histoire et se reproduiront.
Ces terroristes sont donc formatés et ne sont pas
fous ?
Ce ne sont pas des fous, ni des monstres. Ce sont des enfants
normaux et en détresse, façonnés intentionnellement par une minorité
qui veut prendre le pouvoir. Ces enfants sont abandonnés, en difficulté
psychosociale et éducative, et il faudrait d’abord les éduquer. Ils le
sont par les réseaux sociaux qui sont une arme pour façonner ces
jeunes. Internet véhicule une représentation facile de la réalité, une
pensée paresseuse à l’origine de toutes les théories totalitaires. Avec
une minorité d’hommes formés, payés et armés, manipulés et fabriqués,
on peut détruire une civilisation. Cela a été fait. L’inquisition et le
nazisme l’ont fait
En disant cela vous déresponsabilisez aussi ces
terroristes ?
C’est un risque. Je pense aussi que l’on a toujours un espace de
liberté. Mais je veux parler de la responsabilité de nos gouvernants
qui ont abandonné culturellement les gosses de nos quartiers et les ont
soumis à des manipulateurs. L’Allemagne nazi était très cultivée, mais
la base de la société ne l’était pas du tout. C’est exactement la même
chose dans les pays du Moyen-orient.
Est-ce la même mécanique dans la tête d’un nazi et
d’un fondamentaliste islamiste ?
Oui, clairement. C’est la même méthode. Freud disait les mots désignent
des choses au début, puis des choses qui ne sont pas là et c’est la
fonction du symbole, et enfin ils finissent par ne plus rien désigner
du réel. A ce moment là, on se soumet à un slogan. Quand une culture ne
permet pas la rencontre et le débat, on est des proies et internet
démultiplie le pouvoir de ces manipulateurs.
TV7 Bordeaux, vidéo mise en ligne le 15/01/2015
Liberté, égalité, fraternité et
altérité :
Charlie n'est pas raciste !
Après tout ces multiples « je », il sera temps de s’interroger sur le «
nous » et ce qui fait sens commun. Je tiens à apporter tout mon soutien
à ceux qui ont su garder sur le cœur ou sur le bout des lèvres, le mot
Paix et justice, et m’associer en premier, aux survivants et rescapés
des tueries intervenues en Ile de France. Ce billet n’a que pris
difficilement forme, tant les interrogations sont nombreuses. Il s’est
passé dimanche 11 janvier en France quelque chose qui marquera les
mémoires, une unité de cœur et un refus de céder à la terreur. Nos
plumes sont nos seules armes face à l’insondable. Et faute de nous
avoir fait peur, mais surtout blessés, salis, vous nous avez réveillés
!
Il s’est passé une opération de guerre en plein Paris et il était
difficile de ne pas partager une émotion certaine. Dix-sept morts, dont
il restera à honorer la mémoire et plus d’une vingtaine de blessés, les
survivants des événements et aussi les rescapés de cette tuerie. Qui ne
se remettront que très difficilement d’un tel choc, il ne faudra pas
non plus les oublier. Il restera un sentiment effroyable prenant à la
gorge face à une telle minutie ou précision de ces tueurs à sang-froid
ayant fait irruption dans la matinée du mercredi 7 janvier 2015 dans
les locaux de Charlie hebdo dans l’Est parisien et ses suites.
Quoi que les assassins aient pu professer ou dire durant ces meurtres,
il est impossible de les accoler à une communauté. Les traiter de «
fous » reviendrait à insulter ces derniers, le seul qualificatif ou
l’idée que l’on peut se faire serait de parler de psychopathes, ou de
tueurs pathologiques. Des hommes programmés pour tuer. Toute la
difficulté est de pouvoir leur garder une once d’humanité, car ce type
d’individu agit sans compassion ou empathie, une toute puissance sans
frein ou tout ce qui n’est pas soi-même est nié et à éliminer.
L’altérité ou l’autre, ils ne connaissent pas, et ce type d’événement
renvoie aux pires moments de notre histoire, mais justement sans
remonter dans le passé, cette histoire est la nôtre et se passe bien au
21ème siècle et à Paris.
Dans le flot des émotions, il était impossible de dire ou écrire quoi
ce soit, la disparition de personnes comme Cabu et Wolinski, deux
auteurs de bandes dessinées avec lesquels j’ai partagé tant de rires et
relu à travers leurs albums et de la presse satyrique ou d’opinion
depuis mon adolescence. Il m’est impossible de comprendre pourquoi ils
ont été lâchement assassinés. Charb, Tignous, Honoré, Elsa, Bernard,
Mustapha ont aussi rejoint Cavanna, Reiser, le professeur Choron, DDT
(Delfeil de Ton) et tous ceux qui nous ont quitté dans ce crime
politique et qui ont collaboré ou protégé Charlie Hebdo.
La liberté d'expression ne s’use, que si l’on
ne s’en sert pas !
Chouette réveil, j’ouvre mon courrier ce lundi matin du 12 janvier 2015
pour me rendre compte d’un mail m’annonçant de nouveau que Charlie
Hebdo est un organe de presse « raciste », le tout en espagnol pour
précision et rédigé par un groupuscule anglais, le tout envoyé, par une
vague journaliste péruvienne résidant en France. La goutte qui a fait
déborder le vase, et d’une certaine manière m’a poussé à écrire et
réagir sur les délires récents de la grande communauté des «
Rouges-Bruns » et islamo gauchistes sur Internet (1). Mon
interlocutrice aura reçu pour réponse un dessin très illustratif, de ce
qu’un Reiser, le Professeur Choron, Cavana, Delfeil de Ton,
Cabu, Wolinski, Tignous, Honoré et Charb auraient pu lui répondre en
substance dessinée ou une photo illustrative d’un doigt levé.
Pendant que circule la rumeur que Charlie Hebdo serait un journal
raciste (2) sur la toile, les lieux de cultes musulmans en France sont
aussi une cible. Graffitis avec insultes et menaces sont venus salir
vendredi dernier en plus de l’attentat antisémite meurtrier, les murs
de plusieurs mosquées. En trois jours, le pays est tombé sous le choc
de ce que l’on pouvait attendre de pire et même s’il peut exister des
réserves sur « l’unité nationale », sur le grandiloquent de la chose,
le pays des « Lumières » a fait bloc contre la barbarie et refusé tous
les amalgames et divisions absurdes.
Les identitaires sont des gens dangereux et si un débat doit s’ouvrir
sur l’assimilation ou l’intégration de cette catégorie de la population
française, il y a de quoi douter que leurs esprits puissent s’ouvrir un
jour à la dimension universelle du sujet. A cultiver les différences ou
le vivre entre soi avec des barbelés, vous avez deux issues, la
solution « soft » être Lepeno compatible, ou bien la solution
nihiliste, d’aller tuer au nom de votre connerie des innocents.
Dans les deux cas, il est difficile de distinguer le bras armant, du
bras armé. Deux symptômes d’un même problème et qui n’a rien au final
de religieux, le fonds de commerce est dans l’exclusion de l’autre ou
la négation. Face à un tel marasme, non seulement la République
française est une et indivisible et se réfère à trois principes : la
liberté, l’égalité et la fraternité, auxquels nous devrions rajouter
: l’altérité !
Qui plus est, nos identitaires de tout poil et bien de chez nous,
tueurs inclus s’attaquent aux fondements du vivre ensemble, à certains
éléments essentiels poussant à un éclatement et à aligner des
désaccords qui n’en sont pas ou sont totalement fictifs, sur le thème
du : ayez peur, par slogans ou bombes interposées ! Un discours de
haine, il n’a que pour but d’en répandre son venin entre tous les
citoyens
de ce pays ou du monde. Ce poisson de l’identité qu’elle soit
religieuse ou nationale a atteint des sommets. Et nous sommes loin de
la vision d’André Malraux, sur un monde « spirituel » en ce début de
siècle.
La présence de plus de 4 millions de personnes dans les rues pour
mémoire des 17 victimes est venu marquer un arrêt à des préjugés et
sera une prise de conscience, que, la liberté ne s’use, que si l’on ne
s’en sert pas. Et que face à l’horreur redoubler d’impertinence ou dire
non à l’abject devient une nécessité sans avoir à se référer à
Voltaire, qui fut certes un agent de la liberté d’expression, mais
aussi une plume un tantinet antisémite et peu tendre avec Mahomet.
Si je faisais référence à ce
courrier en début, c’est que tout
commença, il y a quelques jours, quand un ami colombien m’a envoyé un
mail pour me demander mon avis sur l’attentat dans les locaux de
Charlie Hebdo. Accompagné d’un article sur le thème « je ne suis pas
Charlie » en espagnol et venant d’un blog connu pour ses liens troubles
entre une poignée de stalinistes et des négationnistes européens
rassemblés d’un seul corps dans l’antisionisme, dont je ne ferais pas
la publicité. La mouvance « Rouge Brune » en Europe et en France
continue à jeter des propos venant semer le trouble, le discrédit.
Non, Charlie Hebdo n’est pas un
journal raciste répondait Charb, il y a
déjà plus d’un an à ses détracteurs ou calomniateurs (3). J’ai pu ainsi
expliquer à cet ami que tout cela n’était que mensonge et que l’auteur
ou les auteurs de cette abjection ne comprenait rien à la situation
française et provenait de gens plus que malfaisants, qui ne savaient
plus distinguer leur gauche de leur droite, sauf à faire circuler leur
propos venimeux ou haineux.
Billet de Lionel Mesnard, 12
janvier 2015
Notes :
(1) « Charlie Hebdo : des combattants de la laïcité cible privilégiée
des islamo-gauchistes », Marianne Hebdo du 12-01-2105 : CLIQUEZ ICI !
(2) « Ne pas laisser dire que Charlie était raciste », Journal le Vif,
Belgique du 12-01-2015 : CLIQUEZ ICI !
(3) « Non Charlie n’est pas raciste », Journal Le Monde, le 11-10-2013
: CLIQUEZ ICI !
Déclaration de Robert Badinter
«Devant un tel crime, préparé et exécuté de
sang-froid, c’est d’abord aux victimes que pense chacun d’entre nous.
Policiers assumant le risque quotidien auquel les expose leur devoir,
journalistes réunis pour accomplir leur mission d’information, sans
laquelle la démocratie serait étouffée. Ces journalistes-là sont morts
pour nous, pour nos libertés qu’ils ont toujours défendues. Sachons
nous en souvenir.
L’émotion nous saisit aussi à la pensée de leurs familles, de leurs
proches, que le crime frappe au cœur par ricochet et qui vivront
désormais comme des invalides, amputés de l’être humain qui était une
part d’eux-mêmes. «Au-delà du chagrin et de la pitié s’inscrit le
devoir de justice.
Nous sommes assurés que les pouvoirs publics mettront tout en œuvre
pour identifier et arrêter les auteurs de ces crimes. A la justice de
décider de leur sort, en toute indépendance et dans le respect de
l’Etat de Droit. Ce n’est pas par des lois et des juridictions
d’exception qu’on défend la liberté contre ses ennemis. Ce serait là un
piège que l’histoire a déjà tendu aux démocraties. Celles qui y ont
cédé n’ont rien gagné en efficacité répressive, mais beaucoup perdu en
termes de liberté et parfois d’honneur.
«Enfin, pensons aussi en cette heure d’épreuve au piège politique que
nous tendent les terroristes. Ceux qui crient « allahou akbar » au
moment de tuer d’autres hommes, ceux-là trahissent par fanatisme
l’idéal religieux dont ils se réclament. Ils espèrent aussi que la
colère et l’indignation qui emportent la nation trouvera chez certains
son expression dans un rejet et une hostilité à l’égard de tous les
musulmans de France.
Ainsi se creuserait le fossé qu’ils rêvent d’ouvrir entre les musulmans
et les autres citoyens. Allumer la haine entre les Français, susciter
par le crime la violence intercommunautaire, voilà leur dessein,
au-delà de la pulsion de mort qui entraîne ces fanatiques qui tuent en
invoquant Dieu. Refusons ce qui serait leur victoire. Et gardons-nous
des amalgames injustes et des passions fratricides.»
Le projet de loi Macron :
une
loi néocapitaliste très conforme !
La tribune de Cécile Duflot du dimanche 3 janvier 2015 sur loi Macron
est à son « point de vue un grand bond en arrière ». (1) Une autre
personnalité comme Pierre Joxe a dit presque dans les mêmes termes son
opinion sur cette loi de régression sociale. Elle sera débattue à la
fin
du mois de janvier devant l’Assemblée Nationale (à partir du 26-01).
Martine Aubry n’a pas caché son mécontentement sur ce miroir aux
alouettes de la consommation et utilisé des termes sévères dans une
tribune du journal Le Monde, pendant que le Président Hollande dans ses
voeux, lui persévère.
La ministre de la Justice, Madame Taubira concernant les professions du
droit précisait en décembre de l’an dernier que « « Le droit n’est pas
une marchandise soumise au marché ». (2) Les propos de dirigeants
syndicalistes à l’exemple du secrétaire général de FO ne sont pas plus
tendres sur le dialogue social, d’autres élus de gauche et
représentants socialistes sont très critiques, et il est difficile de
ne pas leur donner raison, c’est tout bonnement une loi scélérate. Elle
coûtera très cher à la gauche gouvernementale sur le plan électoral.
Dire ou entendre que ce sera « la loi du siècle prochain », il faut
garder son sérieux, cette logique marchande est proprement à vomir.
C’est quoi la prochaine étape, faudra-t-il vendre, l’île de Ré,
d’Oléron ou d’Aix, les cours d’eaux aux multinationales de l’eau ? A
l’exemple des conseils préconisés, par le ministre des finances
allemand demandant aux Grecs de vendre leurs îles ? Et comment en
Colombie ou au Chili ont été privatisé des biens communs comme des
rivières ou fleuves, quel beau cadeau pour les générations futures.
Avec des politiques ne pensant qu’à courte vue, les recettes du
gouvernement Valls sont indigestes et ne résoudront rien, sauf à
favoriser une régression sociale et à une augmentation des polluants et
à privatiser le droit. La loi Macron traite à la fois de plusieurs
questions, elle touchera indifféremment des professions libérales et du
droit à statuts réglementés (avocats, notaires, …). Rien qu’à l’énoncé
du problème, il va de soit que cette loi est très technique et que sans
connaissance des sujets multiples et variés, ce qui pourrait paraître
utile de réformer est à bien des égards une adaptation brutale au
marché, plus qu’une remise en cause des rentes et profits de telles ou
telles professions.
Par ailleurs, ô surprise s’il est traité des chambres de commerce, la
loi Macron tend à en élargir certains pouvoirs, d’une réforme salutaire
à faire et hautement explosive en attente, voilà un petit cadeau
supplémentaire aux organisations peu représentatives du patronat
français. Sur ce premier sujet, on notera surtout que sont maintenus
certains numerus clausus très improductifs, qui pousseront des milliers
de jeunes français à étudier la médecine en Belgique en Roumanie ou
ailleurs en Europe, fautes de places, quand, il est question en France
de déserts médicaux. Au titre des contradictions, ce que d’autres ont
appelé un « fourre tout », le législateur est plutôt dans le
micro(cosme) que dans la macro.
A ce premier pavé de la loi s’en ajoute d’autres, et le deuxième
chapitre est à la hauteur de vue de son auteur sur le thème : les
revenus modestes veulent aussi voyager, donnons-leur du carbone ! Sans
omettre que c’est un moyen de transport bien moins sûr que le train,
les smicards et sous smicards, du moins « les pauvres » pollueront pour
la croissance du pays, et à contresens de ce qu’il y aurait à faire en
matière de réduction des gaz à effet de serre. La Ministre de
l’Ecologie (et du remplissage médiatique), Madame Royal crie au loup
sur le prix des transports ferroviaires, mais construire un projet rail
pour le siècle semble lui échapper ?
Ce qui présume, que le président Hollande en pense autant de la
conférence de Paris sur le réchauffement climatique de 2015 en France,
comme ce qu’il a pu raconter sur l’inversion de la courbe du chômage.
Chaque jour en plus un millier de femmes ou d'hommes au chômage en 2014
et ce sera
pareillement pour 2015. J’oubliais, la petite cerise sur le gâteau, il
est question de restreindre le droit environnemental, tant qu’on y
est « Rasons gratis » pour les promoteurs et bétonneur en tout genre,
ou pour les élus et notables locaux et leurs petits arrangements entre
amis ?
Toutes les réponses apportées par l’exécutif sont des formules pour
endormir les masses, le double discours ne fait plus l’ombre d’un doute
et c’est purement et intellectuellement malhonnête ou infantilisant.
Croyez ce que « je dis » et à l’examen des faits, c’est tout le
contraire, au final si le produit est joli, le résultat est aussi, un
recul devant les juteuses plus values des compagnies d’autoroutes, pour
lesquelles il faudra attendre 2017. Le gag, ce sera pour l’année des
élections présidentielles pour revoir cette rente de situation être
remise en cause !
De nouveau, ils sont forts ces communicants, les mêmes ou entre gens du
même monde, conseillant les notaires en colère et le ministre de
l’économie et au milieu, un grand ami du Premier ministre, comme en a
fait part le Canard Enchaîné sur ce dirigeant de l’agence Havas (paru
le 17-12-2014). En bref, comme l’a exprimé récemment le directeur du
CNRS Dominique Wolton, l’on prend les citoyens de ce pays pour des
idiots, et il prenait en exemple certains éléments de la propagande
gouvernementale sur le net. (3)
Le troisième et dernier chapitre de la loi Macron est en la matière le
grand bond social en arrière, il touche à la question de la « réforme »
des prud’hommes et au travail non seulement du dimanche mais aussi du
soir. Nous touchons là le problème du doigt, à cette carence d’un état
pourtant omnipotent à ne pas s’appuyer sur le dialogue social. Le
travail qu’a pu entreprendre Jean Marc Ayrault à ce sujet est déjà
passé à la trappe. Au final, tout cela donne lieu à croire que ce pays
se ne se réforme pas, tout simplement parce qu’il régresse socialement.
Ce coup porté non pas au « sacro-saint » dimanche, mais à la vie de
nombreuses familles n’aura aucun impact dans le meilleur des cas sur la
croissance et il sera créateur d’emplois précaires (CDD à plus de 80%),
et les rythmes de vies des travailleurs s’entendront aussi en soirée.
Quand on pousse à développer la consommation de masses cela favorise
une baisse d’activité chez les petits détaillants. Ce phénomène n’est
pas récent, la création de grandes surfaces à favoriser une diminution
des emplois dans le commerce de proximité ou des centres-villes. Donc
là aussi pas de changement, on continue à habiller Paul et à
déshabiller Pierre… Pour ce qui est de Paris et d’un ou deux points de
la capitale, je crois que cette ville à surtout besoin de logements
sociaux et d’urgences. Il existe des priorités qui laissent un peu sans
paroles, derrière certaines déclarations non pas malheureuses, mais
voulues en tant que telles.
Qu’il existe des contradictions, il en existe toujours, mais quand le
discours joue double jeu, cela s’appelle une manipulation, et si
certains dépriment à la télévision et dans leurs colonnes de journaux à
force de se répéter, cet aspect de la chose politique n’entre plus dans
le domaine de l’indignation. C’est ouvrir une brèche supplémentaire à
la colère, la muraille se fissure entre les tenants d’une politique
suicidaire et l’expression d’une gauche du progrès social et
écologique, c’est un autre modèle de penser bien plus soucieux de notre
avenir, dont nous avons besoin et qu’il urge de trouver en vue de
rassembler face à cette capitulation en rase campagne.
Jean-Christophe Cambadélis peut bien vouloir rassembler au sein du Ps
et sauver les meubles, le voilà mal parti. De plus, les admonestations
très récentes de Madame Merkel au peuple et électeurs Grecs qui vont se
prononcer ce même mois est le trop plein d’un hégémonisme ou d’un
matraquage insupportable. Cette attitude est une ingérence, que même
François Hollande a pris en compte sur France Inter le 5 janvier.
Toutefois ce n’est pas la première que l’arrogance de certains
dirigeants outre-Rhin se manifeste, ils risquent à ce petit jeu de se
prendre les peuples du sud européens en pleine face.
En attendant, la victoire de la vraie gauche, plutôt que celle qui a
amené à cette gabegie sociale et économique, c’est-à-dire le PS local,
le PASOK. C’est à se demander si l’Europe ne va pas dans les mois à
venir connaître quelques mises au point nécessaires et tirer à ce sujet
quelques enseignements. La victoire du parti Syriza pourrait venir
troubler l’unanimisme et souhaitons-le appliquer un programme sortant
le pays phare de notre civilisation des ornières d’une vulgaire mégère
prussienne.
Il serait plus que temps d’arrêter de faire des travailleurs des objets
jetables. Les mesures pour aider à une croissance plus forte sont un
peu à l’image de la construction européenne. On a construit le fuselage
et trouvé le combustible sans se préoccuper avant tout du moteur, les
populations du continent. La loi, du jeune ministre des finances,
est une grande pochette-surprise néo-capitaliste avec plus d’une
centaine de mesures. Du copier-coller de ce que pense la Commission et
ses commissaires, ne cherchez pas du neuf, c’est de l’ancien et
ressemble fort à ce que d’autres ont connus en Amérique latine comme
thérapie de choc dans les années 1980 et 90.
Ce qui a pu être mis en avant jusqu’à présent dans la loi Macron,
ressemble à un grand recul en matière social : élargissement du travail
du dimanche et en soirée, affaiblissement des juridictions
prud’homales, flexibilité du temps de travail accru ou détricotage des
35 heures, et mise à mal supplémentaire de l’inspection du travail. La
question serait de savoir, si l’existant est fonctionnel ou efficient.
Les outils de contrôle ou de mesure étant quasiment absents, il faut en
général faire appel à une énième rapport, dont on aura donné aux «
princes » ou aux puissants du moment, ce qu’ils espéraient entendre.
Sur le plan écologique renforcer la circulation des poids lourds comme
moyens transports est une grosse erreur de plus. Cela démontre comment
le monde technocratique français est hors des réalités de notre monde.
Au moment, où il importe de limiter les émissions carbonées, ne
serait-il pas plus à propos de développer le train, moyen de transport
plus sûr, moins polluant, et avec des tarifs réduits ou abordables ; ce
devrait être possible, sans passer par l’avion ou les autocars ; non ?
La politique du tout TGV a démembré le réseau ferroviaire, et nombre de
lignes régionales sont exsangues, ou bondées comme en Ile de France, et
jusqu’à présent la politique du fret reste un échec patent. Cette
attention se voulant louable est un peu de l’ordre du charitable et du
très méprisant socialement. Ce comportement de l’aristocratie d’Etat,
et surtout sa reproduction dans toutes les sphères économiques
publiques et privées, n’est en rien une nouveauté, si ce n’est une
continuité de ce qu’ils dénomment le réel, tout en le niant.
Dans le même état d’esprit, certains actes se traiteront via des
cabinets d’avocats britanniques offrant une baisse des coûts
probablement, mais surtout une baisse de la qualité du traitement des
actes ou écrits de justice. Cela risque de poser certains problèmes,
comme pour l’égalité des citoyens face à toute acte civil ou légal
rédigé. Ceci en raison d’une procédure faisant appel à des
professionnels dont le travail est encadré très strictement, et de
plus, c’est l’Etat qui fixe les prix et de les renégocier à la baisse
si, nécessaire, il le peut. Un décret peut y suffire.
S’il y a bien lieu de s’attaquer à certaines rémunérations délirantes,
si nous disposions d’un impôt sur le revenu adapté, doublé d’une CSG
sociale pris à la source. Cela aurait plus de sens et tiendrait compte
de vagues promesses présidentielles. Mais la réforme de la fiscalité ne
peut se satisfaire de mesurettes brodées au fil du temps. C’est un
échec en matière de redistribution des revenus et profits et vous
renvoie à d’autres billets de l’an dernier sur le site… Les élans de
persuasion de François Hollande n’en font pas de lui un visionnaire,
mais un conformiste.
Pour ce qui est de la simplification administrative, il faudra attendre
à plus tard, car à chaque fois que nos « têtes d’œuf » pondent un
nouveau terme à la loi, en général, elle se complexifie et produit le
contraire de ce qui est normalement escompté. S’il y a une morale à
tirer du projet de loi Macron, il y a de quoi présumer une belle
régression et une grande pagaille administrative. Ce sera
potentiellement très déstructurant en matière de droit social ou en
matière d’actes légaux, et les effets escomptés seront à l’inverse d’un
projet de société soutenable et cohérent. Si cette loi se veut
équitable, cette préfiguration est un beau trompe l’œil.
Billet de
Lionel Mesnard, le 6 janvier 2015
Notes :
(1) Tribune de Cécile Duflot au Journal du Dimanche
(2) Tribune de Christiane Taubira – Journal Le Monde ; Cliquez ici !
(3) Propagande gouvernementale sur le projet de la loi Macron : Lire ou télécharger
ici !
Etats
Généraux du Parti Socialiste : une charte et quelques
incantations !
L’eau mouille, prenons garde et portée à une cuisson de 110 degrés,
elle fait des bulles. C’est en ces termes qu’il est possible de résumer
la nouvelle charte du PS, « Nous croyons au progrès. » ou bien « Pour
le progrès humain », qui aurait pu penser le contraire ? Ce texte a été
approuvé par 80% des votants, mais seulement par 30% des inscrits (soit
un peu moins de 50.000 adhérents à jour de cotisation). Un maigre
cahier de 23 pages (à lire
ou télécharger ici !) est venu conclure six
mois de débat interne. Un texte rempli de bonnes intentions. L’ennui,
c’est qu’en rapport avec la politique menée par le gouvernement, tout
ceci est inapplicable, de la poudre aux yeux. Cela ressemble à une
belle hypocrisie de circonstance.
Le mot ou la notion de « valeur » revient par 35 fois, à se demander
pourquoi tant de valeurs soudaines à tartiner ? Un mot passe partout et
particulièrement prisé dans le petit monde professionnalisé de la
politique. Notamment, quand il s’agit de remplir les vides, les béances
du discours, ça dit tout, mais n’explique pas grand-chose et surtout
cela ne coûte rien. Cette charte est un beau florilège de formules
creuses, comme « Humaniser la mondialisation ». L’exemple même d’une
illustration malvenue, ou comment rendre acceptable des mécanismes
économiques imposant les pires conditions aux pays ou populations les
plus pauvres. En fait, il s’agit d’un contresens ou d’un non-sens, pour
un écrit qui entend en redonner.
Autre surprise de taille, un peu plus de 5.000 textes militants
serviront un jour à faire des propositions. On aurait pu croire que des
E.G étaient l’occasion de faire remonter des idées, à minima un constat
de la base avec des attentes spécifiques. Ce sera pour plus tard,
est-il précisé. Un débat avorté laissant à désirer et n’augurant
rien de bon pour le futur.
L’on atteint des sommets avec cette référence à l’Eco-socialisme, qui
fait surtout état de copier-coller, quitte à le vider de son contenu.
Un art où les dirigeants socialistes sont maîtres depuis longtemps. Une
récupération des idées permettant de gommer partiellement le grand vide
en ce domaine, et d’appliquer au final son contraire. La ficelle
semble tellement évidente, voire énorme, qu’elle ne peut échapper à un
peu de sens critique. Car sans l’action de cette dernière, on voudrait
y croire !
Le 6 décembre 2014, pour clore les E.G. et la journée, l’assistance a
eu droit à une allocution assez sidérante et conforme à la charte. Le
premier secrétaire, Jean Christophe Cambadélis est venu ponctuer ce
non-événement. Encore et de nouveau les valeurs à toutes les sauces et
parfois une difficulté à ne pas manger certains de ses mots. Difficile
dans ce cas de donner de la force à un objet textuel dont on ne croit
guère et cependant doit servir de façade, ou comme dernier rempart de
l’unité ? Du déclamatoire grandiloquent, sans que l’on sente dans la
salle un grand enthousiasme, ni de la part de l’orateur. Sauf à se
faire plaisir en paraphrasant Mitterrand sur la rupture et son discours
devant le congrès d’Epinay en 1971.
Le député de Paris même répond par avance à ses détracteurs sur le côté
lénifiant des bons sentiments de cette charte, ressemblant plus à un
texte de communicant, qu’à un travail de reconstruction, sur le bon
vieux mode « bilan et perspectives ». Seuls les coups de gourdins sur
la droite et le FN ont un peu réveillé à la fin l’assistance ou la
salle, pour une intervention de 30 minutes, d’un intérêt limité. De
plus face à un parterre assez maigre, où les caméras n’ont pu masquer
les places vides. A moins ; que ce ne soit de la place libérée pour les
500.000 qui devraient rejoindre le PS avant 2017, selon le maître de
cette séquence peu concluante. (1)
Si le député de Paris était né de la dernière pluie, une impulsion
militante de cet ordre serait la bienvenue. Nous pourrions nous réjouir
de cette ouverture des portes et de ce recrutement qui donnerait une
assise un peu large à ce parti. Au hasard d’une lecture récente des
textes du congrès d’Amiens de 1913 de la SFIO, j’ai découvert sur
l’ancêtre du PS, qu’il comptabilisait 70 à 75.000 adhérents ou votants,
un sujet par ailleurs provoquait outre-Rhin une certaine moquerie des
dirigeants du SPD sur les faiblesses militantes en France. Il faut
remonter aux années 1950 pour trouver 400.000 adhérents à la SFIO et
plus d’un million au PCF, en comparaison de nos jours, la gauche
organisée rassemble environ 100.000 à 150.000 personnes. (2)
Au titre des imprécations et selon JC Cambadélis, en 2017, il sera
engagé « une chasse aux inégalités », en clair, les 150.000 sans logis
attendront des jours meilleurs. Les inégalités vont continuer à se
creuser, des milliers de familles chaque année se retrouveront à la
rue, mais demain on rase gratis, c’est certain… Je crois avoir déjà
entendu ce refrain quelque part ? si au PS dans les années 1980 ! A
tout point de vue, c’est stupéfiant, si certains éléments de ce bilan
très léger pose d’infimes éléments de contestation de l’ordre
capitaliste, sur le fond il ne remet en rien en cause la mécanique
infernale. C’est de plus, un très mauvais succédané ou un pompage assez
enfantin de certains axes politiques du Parti de Gauche ou du Front
élargi du même nom (FdG).
Concernant l’éco-socialisme, le PG et d’autres ont fait un travail
sérieux et sur lequel Jean-Luc Mélenchon et ses partisans (3), l’a
associé à une relance des outils de planification. S’ils n’en sont pas
encore à l’exercice pratique, ni à un début circonstancié. Il ne s’agit
pas d’une mystification, l’objet demande une synthèse bien plus
exigeante. Dans les écrits et les réflexions de la gauche de
conviction, luttes sociales ou humaines et combats écologiques y font
bon ménage. Elle vont du même ressort vers un changement de société et
où le programme économique fonctionne de pair, et va à contrario des
dogmes actuels. Rien à voir donc avec cette charte mielleuse, qui sur
le fond comme la forme ne mérite pas une telle démonstration
d’impuissance et dont on ne peut oublier la somme des renoncements ou
des leurres passés.
Cette liturgie de bonnes intentions, qui peut y croire, car il est
question de croyance « nous croyons » ai-je lu aussi, ce n’est pas une
analyse de l’état du monde et encore moins une prise en compte des
changements à entreprendre. Au mieux c’est de la calino-thérapie, il
faut brosser dans le sens du poil, le toilettage et les ambages du
langage servant peut-être à bercer les derniers militants ?
(2) Ceci est une estimation des adhérents réels ou supposés : PS 50.000
; PCF 40.000 ; PG 12.000 ; ND 10.000 ; EELV 7 à 9000, NPA et LO 3 à
4000.
(3) Intervention de Jean-Luc Mélenchon à l’ENS de
Paris en vidéo, ci-dessous.
Jean-Luc
Mélenchon à l’ENS, dans le cadre de la présentation de son dernier
livre et ce qu’il est possible de découvrir sur son blog à son sujet a
donné une conférence aux allures d’un cours magistral. Le député
européen dresse un état de la société à partir de divers éléments de sa
réflexion sur l’économie, l’espace Monde et maritime et le
réchauffement climatique, le tout agrémenté d’une approche
anthropologique resituant l’explosion démographique intervenue ces
dernières décennies. Il dresse sans complaisance un état du monde du
passage de l’économie planétaire à un seul référent monétaire après la
seconde guerre mondiale : le dollar ; allant des accords de
Bretton-Woods à ce qui fut la fin de la conversion de ce que pouvait
représenter une monnaie étalon. Quand l’administration de Richard Nixon
décida de lettre un terme en 1971 avec cette conversion devenue
impossible, la fin de ce que l’on nommait « l’étalon or » a fait entrer
de plein fouet dans l’économie globalisée que nous connaissons, ne
faisant que s’étendre et s’est imposé depuis.
Victoire idéologique de « l’économisme » et d’une école de pensée
allant d’Hayek (ancien pro nazi) à Milton Friedmann à certaines franges
« libertariennes », qui n’ont de libertaire que le nom et pas de
philosophie ou d’art de vivre à proposer. Il est vrai qu’avec ces
mélanges idéologiques, le tout fonctionnant en faveur d’une bulle
financière n’équivalant pas à l’économie réelle, ou représentant un
haut niveau de toxicité sur les économies nationales. L’échelle
présentée « de un à cent » par Jean-Luc Mélenchon entre les deux
économies (réelle et financière) est peut-être en dessous de la réalité
? Mais l’objet n’est pas de faire une expertise ou de contredire des
chiffres qui à eux seuls sont déjà plus que sidérants et incompatibles
avec notre devenir. Car le sujet ce n’est pas le suicide de la société
française, mais comment faire face à cette mort lente et qui condamne
les plus jeunes à supporter un héritage, qui laissera dans l’histoire
de l’humanité, une plaie possiblement indélébile : Le capitalisme.
Notes de LM, janvier 2014
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