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Sommaire du bloc-notes n°3,
1 - 40% des Français pour l'autoritarisme ?
2 - La décomposition sociale est en route !
3 - Deux billets pour le prix
d'une seul : Les guerres du capital et stop au feu !
4 - Attention aux incendiaires : à la recherche du sens
5 - De l’état d’urgence aux pleins pouvoirs ?
6 - Génération sacrifiée et géopolitiques à intérêts variables !
7 - Vaincre la peur! "L'agressivité compétitive", entretien avec Henri
Laborit et autres sources
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Quarante pour cent des Français
pour
l'autoritarisme ?
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S’il a été expliqué
maintes fois à tort, que les nazis étaient parvenus au pouvoir dans le
cadre d’un vote démocratique en 1933, faut-il préciser en faisant
alliance avec le camp conservateur, puis en éliminant ces derniers par
un coup de force. Le parti nazi se situait à 40 pour cent des votants
et sans cette alliance, il n’aurait pu accéder à la Chancellerie. La
demande actuelle en France d’un gouvernement autoritaire est du même
ordre, si l’on se réfère à un sondage récent. Toutefois à prendre avec
des pincettes, les « plutôt pas d’accord », les formulations dénotent
de grosses ambiguïtés, la question étant de savoir comment peut-on être
en accord (un peu, beaucoup, …) avec une telle idée ? Les « pas du tout
d’accord » ne représentant que 30% des sondés de l’Ifop, un panel de
1013 personnes interrogées adjointe à une question « faut-il un
gouvernement technocratique? », là c’est 67% approuvant une mesure au
demeurant anti-démocratique. Si elle venait à tomber toute crue du ciel
et n’était déjà presque un fait acquis, je n’ai jamais connu des
ministres aussi peu politiques, absents sauf pour la technique ou comme
spécialiste de la micro chirurgie sociale.
Si le journal éditeur et ayant passé la commande de ce sondage «
Atlantico » est de droite, contrairement à « Valeurs Actuelles » on
peut le lire sans trop grande nausée certains articles. Le Figaro sur
le même sujet y met quelques précautions en stipulant que les Français
seraient tentés par un gouvernement autoritaire, quand l’objet est
l’attrait… A regarder de plus près, ce n’est pas très encourageant et
devrait interpellé plus d’un. Seule note positive les électeurs de 2012
de Jean-Luc Mélenchon sont celles et ceux rejetant le plus un
gouvernement autoritaire à 47%, par un « pas du tout d’accord », les
électeurs de Hollande à 42%. Par appartenance partisane, cela monte
jusqu’à 51% au Ps, comme il va de soit le rejet est plus fort à gauche,
l’extrême gauche n’étant pas prise en compte. De toute façon je suis
sceptique sur la formulation trop large pour bien cerner cette demande
et sur le nombre des questionnés, le tout laissant plus que des doutes
sur sa possible fiabilité. Mais révélateur du malaise ambiant, et
concernant un gouvernement autoritaire, en raison des mesures
d’urgence, les voilà servis par un gouvernement « socialiste »
compatible !
Extrait du tableau IFOP - source site Atlantico - déc. 2015
L’idée d’un gouvernement démocratique à tous les échelons de pouvoir ne
semble pas se poser, il serait plus utile et combatif, s’il existait un
soutien populaire, plus en mesure de mobiliser face aux calamités
présentes et futures. Je suis désolé pour tous ceux qui posent une
attente sur la COP 21, mais le climat politique d’un pays pèse plus
lourd sur le futur qu’un accord interplanétaire qui restera, s’il
trouve signature à mettre en œuvre… Au regard de ce qu’a pu faire la
communauté internationale en Haïti et les milliards qui devaient
reconstruire le pays, quelques années après le tremblement de terre, la
misère y est toujours aussi prégnante. De toute façon avec ce système
économique c’est un échec assuré et il ne va pas désarmer la course au
profit et aux ressources, seul point positif on prend plus en compte le
facteur mafieux, mais nous sommes très loin de sa fin. Les pays de
l’Est européen les plus imbriqués dans les mécanismes de l’économie
souterraine : Biélorussie, Ukraine, Russie, notamment, ces nations
posent un vrai problème et le petit état mafieux séparatiste de la
Transnitrie (région est de la Moldavie) est l’oublié des cartes. Pour
cause, si l’on veut combattre cette hydre à têtes multiples il faudrait
faire une grosse purge des systèmes financiers et imposer des règles
d’airain à l’échelle internationale.
Revenons à l’enjeu démocratique, complètement écarté de cette campagne,
il aurait pu être au centre des interrogations, mais n’a pas vraiment
eu lieu et nous avons eu droit au spectacle habituel en version
dramatisée. Comme il ne s’agit plus de savoir pourquoi nous votons, et
que les programmes sont à la hauteur de cette grande œuvre de
recentralisation, cela promet de grands débats dans les conseils
régionaux sur le nombre de caméras de surveillance à poser. Il pose
surtout au regard de ceux qui seront élus de s’intéresser aux
mécanismes de reproduction ou de comment les cumulards ou recasés
seront toujours aussi nombreux. Nos démocraties, locales, nationales
sont en piteux état, et avec le vote assuré de deux tiers des plus de
65 ans contre un petit tiers de moins de vingt-cinq ans, je ne sais
comment on peut construire un avenir. Je ne fais pas pour autant des
grands âges des boucs émissaires tout trouvés, et le non vote des plus
jeunes n’est pas récent, mais plutôt une constante. Il devrait
cependant interpeller, car il est bien de rappeler les devoirs, mais la
cassure générationnelle est patente.
Contrairement aux décadents et replis plus qu’affirmés de la société
française, les potentialités de la France demeurent importantes, mais à
ce
rythme de désintégration sociale, ce refus d’une communauté ouverte
pousseront les plus habiles à aller voir ailleurs. Pas pour des
questions d’impôts ou de paperasse, il n’y a nulle raison de sombrer
dans ce suicide collectif ou nationaliste. De manière un peu perfide,
Jacques Attali correspondrait dans le journal en ligne et diffuseur du
sondage au « gouvernement technocratique ». Si ce dernier se présente,
ou que son programme puisse se réaliser, il lui faudrait une majorité
pour conduire un tel projet. Il pourrait avoir le profil d’un
président, certaines idées (et elles sont nombreuses) sont à retenir et
à mettre en débat. Sur l’importance de l’arc atlantique et du débouchée
sur les mers dont nous disposons, la place de la francophonie et ses
locuteurs dans le monde, de la nécessité d’une intégration de l’Europe,
et d’aller vers des institutions planétaires, commençant par une
réforme de l’ONU, oui à la condition d’une prise de conscience de
l’enjeu démocratique, dois-je rajouter. Tout est en apparence possible,
concernant les esprits nous sommes plutôt à reculons.
L’idée qui était de bâtir 50 grandes villes nouvelles, ou plutôt de
revoir l’aménagement de 50 centre urbains aux normes les plus
exigeantes est une des possibilités à retenir, et dans le domaine de la
recherche et l’éducation investir plus, offrir à tous une formation
tout au long de la vie, et pourquoi pas un statut d’intermittent pour
tous. Ces propositions doivent être débattues de manière sereine. Mais
que de doutes en des temps si régressifs de parler avenir, quand la
majorité a le guidon braqué sur le passé. Si la démocratie n’est plus
un principe actif comme l’entend ce sondage, avec toute la bonne
volonté du monde, les idées les plus louables ne sont pas prêtes de se
faire entendre.
Surtout quand il faut tout revoir du sol au plafond et qu’avec des si,
il y a longtemps qu’on aurait mis Paris sous une cloche de verre. En
vérité l’adage est un peu différent, cette grande tartine de l’avenir
que manie avec intelligence Attali, ces propositions sont l’oeuvre d’un
intellectuel, pas
d’un politique. Si la tentation est grande de se présenter au poste
suprême, il en connaît les arcanes, j’en devine les chausses trappes.
Le logiciel sur la forme à tout simplement omis de repenser sur le fond
cet état centralisé, ce qui pour un libéral affirmé représente une
contradiction de taille. Nos capacités sont dans une mobilisation
citoyenne et en matière d’idées, nous ne sommes pas en manque, mais
hors des réflexions des médias de l’effroi.
Pour l’ouverture sur le monde marin et les technologies du futur, le
député Mélenchon n’est pas si lointain et au sein du monde écologiste,
on peut trouver des approches similaires ou complémentaires.
L’éco-socialisme a même été validé par le PS, il faudrait bâtir sur des
bouts de consensus, pour créer une dynamique. L’objet de taille est la
question de la relation au travail, et si, il existe un domaine à
repenser, et qui ne peut plus se faire à coup de réformettes, il reste
le sujet crucial. Les peurs accumulées : chômage et guerres ont de quoi
immobiliser les énergies de toutes sortes. Et il est indéniable que la
progression du FN est un vrai danger et pas seulement pour la France.
La somme des frustrations, des colères n’ouvrent pas à des débats et à
un assentiment général. Sauf à croire en de vieilles recettes, penser
qu’un étranger sur le sol de France n’a que pour solution
l’assimilation des années 1930, ce n’est pas en criant à tue tête la
Marseillaise et en gueulant comme des putois que la patrie est en
danger, que nous nous en sortirons indemnes.
A ce petit jeu une bonne partie de la réaction ira s’allier avec ses
ennemis d’hier, et le combat des chefs au sein des droites va finir en
pugilat avant que ne se profile la nuit des longs couteaux. Quand Guy
Bedos joua le rôle ( de la Résistible Ascencion) d’Arturo Ui
dans la pièce de Brecht, lors d’une
entrevue accordée, il rappela comment la droite la plus conservatrice
bascula en faveur d’une alliance avec les nazis et aux vues de ce qu’il
jouait sur scène. Il rajouta qu’il voyait là un équivalent avec les Le
Pen, Jean-Marie,
Marine ou Marion (son premier prénom civil) dans la prise du pouvoir.
La stratégie bien que très grossière, appuyer là où cela fait mal, vise
à légitimer un parti avec un compte ouvert à Moscou, et dont les
fantômes noirâtres (les gros bras) ressurgissent sous une forme rouge
et brune. Nous en
sommes plus à « nostalgiques de tous les pays unissez-vous », le
salariat en est devenu lointain et pourtant il est le centre
névralgique de la démagogie. Le népotisme en Argentine, avec les Peron
a conduit ce pays à la faillite, quand la politique devient une affaire
de famille ou le fait d’un seul individu aux pouvoirs totaux, il y a
comme en digestion un devenir mal en point.
Donc l’objet aujourd’hui n’est plus de se réveiller, mais de lutter et
pas au service des rentiers et gros possédants, mais de ce qui
constituait la force de ce pays dans ses vœux d’égalité. Des projets,
des idées, oui s’ils peuvent aboutir se concrétiser aussi hors du
système marchand, ce qui est du ressort des biens communs, de la
propriété collective, du partage des savoirs et la mise en valeur des
patrimoines, d’une société sans hydrocarbure ou sans armes, il faudra
attendre et convaincre et non vaincre. Tant que les dogmes
l’emporteront sur les besoins collectifs et une citoyenneté accrue,
nous ne sortirons pas de ce dédale, victoire de la binarité quand les
causes sont multifactorielles, sans charpente intellectuelle et
compréhension lucide du passé, la prochaine étape sera sociale et
démocratique ou ne sera pas.
Billet de Lionel
Mesnard, le 11 décembre 2015
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La décomposition sociale est en route :
souriez vous êtes filmés
!
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Les résultats sont
tombés, la progression de la réaction est indiscutable et il est devenu
compliqué de trouver un espoir dans le camp progressiste, car il n’y a
pas d’espace susceptible d’ouvrir des perspectives. Nos appareils
politiques tournent sur eux-mêmes et en dehors des ambitions
personnelles, du nombril des uns ou des autres, il n’y a rien de très
nouveau. J’ai manifesté ma petite colère et quitte à passer un
extrémiste de gauche, autant l’assumer. Le petit résultat de Lutte
Ouvrière n’est pas une surprise, mais au moins, je n’ai pas vendu mon
âme, même si je dois reconnaître, que Paris, sur le plan électoral
dispose d’un micro climat, nous évitant la file des haineux au bureau
de vote.
Mais comme le ridicule ne tue pas, à l’exemple de la mise en place de
vigiles à l’entrée de certaines écoles. Sait-on demandé un instant
comment un individu pourrait stopper des types lourdement armés ou
ceinturés d’explosifs ? Le délire sécuritaire rend certains petits
maires d’arrondissement à la limite de l’idiotie. Les services de
police sont tellement absorbés à courir dans tous les sens, les
parisiens ne
finissent que par entendre des sons stridents, mais même pas un seul
plancton à l’entrée, passons. Car pendant que les élections se
déroulent, l’état d’urgence continue de frapper, la ville de Nantes
semblant servir de ballon d’essai à l’épuration du moment. Et jusqu’à
peu, je ne savais pas que les écolos étaient des terroristes potentiels
!
Leur siège national étant à deux pas de mon domicile, je dois
m’attendre à un nid d’anciens punks, qui en sous-sol prépare je ne sais
quelle mixture explosive. Rassurez-vous Mme Cosse porte bien son nom et
un stagiaire de la police aura grande chance de la rattraper sur un
cent mètres, à moins qu’elle ne soit recrutée comme aspirante à la
protection d’un bureau de vote dimanche prochain, sa carrure dissuasive
en effraiera plus d’un. Pendant que je rédige, les calculettes et la
répartition des postes va permettre les conditions d’une unité de
façade à gauche et de quoi écoeurer encore un peu plus l’électorat
volatile et surtout populaire.
Les résultats ne sont pas surprenants et ce que l’on nommait le plafond
de verre a volé une fois de plus en éclats. L’abstention ne varie
guère, et si lecture il y a à faire des scores obtenus, c’est qu’il
faut diviser par deux les pourcentages, et que le parti majoritaire
dans ce pays est l’abstention. La seule satisfaction est de voir
que la droite unie va elle aussi se prendre une bonne claque et baisser
ses ambitions, le second tour sera le calque d’un tripartisme : gauche
– droite – et extrême droite. Se jouant sur la capacité de rassembler.
Normalement à ce petit jeu, il existe en général un petit sursaut à
gauche et le Ps (la main qui nourrie) et ses alliés suivistes devraient
sauvegarder plus que ce que l’on aurait pu s’attendre, ou bien limité à
la Bretagne et à l’immense région Aquitaine, Charentes, Limousin et
etc.
Les grands oubliés comme d’habitude, les régions non hexagonales sont
les moins touchées par la peste brunâtre, rien d’étonnant la douce
France n’est pas ici. Bien sûr, rien n’est jamais vraiment gagné, sauf
que six régions peuvent basculer et que le Ps grand seigneur sacrifiant
ses deux plus fortes implantations politiques, nous verrons ce que
donne cette stratégie, qui n’est en réalité qu’un déni supplémentaire
de la démocratie.
Je m’explique. Autant je pense depuis longtemps qu’il aurait fallu
dissoudre le FN, comment un parti reçu à l’Elysée et ayant droit de se
présenter aux scrutins depuis 1974 ne pourrait-il pas en tant que
première force politique du pays ne pas diriger des exécutifs régionaux
? C’est à mon avis le meilleur moyen de nourrir la frustration, ce qui
ne fera pas grandir les haineux, bien au contraire, on nourrit encore
plus le fonds de commerce paranoïaque, sans aborder les enjeux d’une
société en perdition. De plus à force de tout changer sans concertation
effective le grand bazar régional français ne pèse pas lourd et a été
au passage re-centralisé, tout en faisant croire à l’allégement d’un
dispositif, où l’on est venu rajouter une strate supplémentaire avec
les métropoles, nouveau nid de bureaucrate en puissance ou de supers
notables locaux.
Dans un pays où l’on n’apprend pas le droit et l’organisation de nos
différents échelons politiques de responsabilités à l’école ; du moins,
pas avant l’université, il faudrait pouvoir se poser la question de
savoir : c’est quoi un citoyen ? Si j’utilise ce terme ce n’est pas par
conviction républicaine, mais parce qu’il sert de dénominateur commun,
nous mettant tous sur le même plan d’égalité. Sauf que dans la réalité
allez demander à tout à chacun, ce qu’il en sait du fonctionnement d’un
Etat reposant sur plus de 80.000 lois et décrets, sachant que tout
citoyen est censé savoir ce qu’il en est ou peut advenir, ceci est
impossible. Surtout si cette complexité du droit se limite aux juristes
ou Hommes de loi, il existe un gros décalage entre la société civile
instruite, mais absolument hors d’un savoir essentiel, comment être un
citoyen au sens plein, si son existence est à ce point minorer.
Je puis tout à fait comprendre que sans formation et même empreint des
plus grandes critiques faire de la politique n’est pas une chose aisée
et pousse à dire ou penser des bêtises. La question fondamentale est de
savoir que si la situation est grave, nous finissons par n’en plus
toucher l’essentiel, résidant en cet art de vivre un destin commun.
Faut-il pouvoir se reconnaître et l’envie de s’absoudre de cette
mélasse étant si forte que le combat contre des moulins à vent est un
bon pour les vieux Quichotte de la révolution prolétarienne. Voter LO
était un acte surréaliste, ou bien un excès de jeunesse, comme l’envie
de lancer un pavé dans la marre.
Les présidentielles vont absorber les familles politiques pour les mois
à venir. Je n’ai jamais eu un grand attrait pour les chefs et je
déteste cette élection monarchique, pas plus que je n’ai grand goût
pour les notables et leurs assemblées locales. En attendant qu’une
autre gauche face surface, j’ai de la marge, peut être un jour se
pointera, non pas un homme miracle, mais un corpus intellectuel un peu
plus solide et compréhensible pour le plus grand nombre.
J’irai de nouveau faire mon devoir dimanche prochain, poliment,
Bartolone va rassembler « les pleureuses », et me concernant je vais
retourner à mes travaux de recherche, bien plus intéressant que de
faire face à des moralistes de petits rangs. C’est mon vieux fond
protestant, genre chieur rigoriste qui refuse de rester passif devant
ce spectacle joué par avance, où ne seront retenus que les mêmes
acteurs, les grands artisans de notre décomposition sociale et sous le
poids des égoïsmes politicards.
En parallèle, au Venezuela des élections parlementaires se sont tenues
ce 6 décembre, où la gauche tiers mondaine continue à réciter ses
chapelets stalinistes, regarder VTV (la ocho) ou Télésur, m’aura
permis de découvrir la victoire de la droite après 17 ans d’une
révolution trahie. Ce fut donc une soirée électorale assez calamiteuse
et qui ne donne pas le meilleur des influx en ce début de semaine.
Cependant, il y a longtemps que les illusions sont tombées, sur ces
deux rives atlantiques, et qu’entre une décomposition staliniste et
sociale quelque chose (libérale ou démocrate), en l’état, c’est tout
aussi pathétique. (petit rajoût : Pour connaître la composition de la
nouvelle
assemblée : il faut aller sur le site du Conseil National Electoral du
Venezuela, il donne les résultats complets)
Billet de Lionel
Mesnard, le 7 décembre 2015
Autre rajoût du jour : Un article à lire
en complément de Jérôme Daquin, journaliste, "Qui est Charlie ? Le scrutin du 6 décembre 2015
donne raison à Emmanuel Todd".
Même si je ne partage pas la même idée sur la question de l'euro, pour
le
reste son analyse sociale est très juste, d'autant plus qu'il a lu le
livre d'Emmanuel Todd et peut apporter une critique sérieuse. Aussi
cela confirme
que notre pays a quelques difficultés avec ses universitaires, Gilles
Képel a donné à ce sujet, le 14-11 une très bonne entrevue et de quoi
se gratter la tête sur la compétence de nos crânes d'oeufs ou
technocrates. |
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Deux
billets pour le prix
d'un seul !
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Non aux guerres du capital
et voter
pour l’intérêt général des salariés et précaires !
Sur le plan intellectuel et politique,
la gauche depuis le 13 novembre, elle a fait : Pschitt! comme une sorte
de "canada
dry" (boisson à bulle), qui n'a ni de goût, ni de contenu social,
économique et
écologique. Face à la victoire probable du FN, dans au moins 3 régions
(nouvelle découpe), et en raison de l’abandon en rase campagne des
forces réformistes et de progrès, face à la mécanique la plus huilée de
tous les temps, c’est-à-dire : les guerres du capital !
Seule une mobilisation sociale et l’expression dimanche
3 décembre d’un vote de révolte, et de défense des intérêts du plus
grand nombre est en mesure de limiter cette course infernale aux
profits et intérêts particuliers. Mettre un arrêt serait un bien
grand mot face à de vieux réflexes, la bourgeoise française serre les
rangs et n’hésitera pas à continuer à sacrifier les plus faibles pour
ses intérêts et valeurs trébuchantes.
Leur morale n’a d’entendement que pour la fabrication d’armes et le
contrôle des ressources naturelles. Le reste n’a ni diplomatie ou
vision à long terme, un homme et même si je ne partage pas ses
opinions, Dominique de Villepin a exprimé une vérité forte,
nous
mettons la main dans un engrenage, il entraînera le corps social en
entier dans une boucherie permanente.
La réactivation des vieux réflexes impérialistes, et les appétits des
bourgeoisies en présence : étatistes ou oligarchiques et djihadistes (Les rapports de classe de l’islam politique avec
le Capital et avec les classes sociales),
ces logiques nous mènerons à des catastrophes, car les intérêts de ces
minorités ne sont pas ceux de l’immense majorité des travailleurs et
populations menacées. Qu’ils soient Européens par des menaces
terroristes, ils sont surtout Syriens Irakiens, Kurdes, Turques,
Iraniens, Afghans, etc. meurtris dans la guerre et les persécutions.
Sans oublier les Arméniens au milieu d’un conflit entre la Russie
impériale et le voile expansionniste (Pan) Turque et la toile
d’araignée de l’Etat Islamique se confondant avec toutes les factions
mafieuses et militaires qui vont du Nigeria au Pakistan.
Faire fi de cette complexité et croire que l’on va recoller les
morceaux avec quelques prophéties républicaines ne changera en rien la
donne. Comme mon dernier droit est de pouvoir mettre un bulletin dans
l’urne. Pour la première fois de ma vie, je vais voter pour Lutte Ouvrière.
Car s’il faut manifester un vote et avoir le courage d’aller jusqu’au
bout des contradictions, je préfère voter pour des gens honnêtes et
défendant des opinions sans ambiguïtés racistes ou de classe, sachant
que les travailleurs n’ont pas de frontières, hors celles qu’imposent
les bourgeoisies nationales.
Plutôt un vote de classe que de résignation, il est plus que temps, que
les salariés et précaires défendent leurs propres intérêts et ne
succombent de nouveau pas aux tentations et sirènes nationalistes.
Contre la démagogie presque générale et sans équivoque, j’irai voter
Nathalie Arthaud et les candidat-e-s au premier tour de LO, en l’état,
je verrais au soir du résultat du premier tour la nature de mon vote au
second, mais je n’irai pas mélanger ma voix aux listes confusionnelles.
Je n’y peux rien, mais la gauche hors quelques courageux est morte le
19-11 ou se trouve sous coma artificiel, ce constat n’est pas difficile
à tirer, en attendant la nécessité de mettre à bas cet édifice
constitutionnel de la Cinquième (roue du carrosse monarchique).
Primo la Révolution française n’est pas un bloc, en second lieu, elle
n’est pas finie,
troisièmement, il est temps de réactiver les luttes sociales et les
résistances aux oppressions économiques ! Surtout n’est pas Robespierre
qui veut… Beaucoup de nos élus de la gogoche (Pcf et leurs copains
stalinistes du Fdg ; Ensemble ; Nouvelle Donne, MRC : même soupe même
combat…), en l’état, ils portent le masque de Danton, ils ramperont
demain manger dans les mains qui les nourries. (Et pour EELV- Les
verts, est-il besion de tirer sur une ambulance? - rajoût du 5-12)
A ce rythme, l’état d’urgence sera permanent et le retour de la censure
une perspective, la liberté et la justice, ça ne se négocie pas et ne
se paie pas à coup de poste de bureaucrate. Il est temps de manifester
une colère digne et froide et de voter pour la gauche, cette fois-ci
révolutionnaire, l’autre n’est plus, l’aile réformiste est à rebâtir.
Bienvenue, dans la traversée du désert intellectuel et
politique !
Billet de Lionel Mesnard, 4 décembre 2015
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Stop au feu : la démocratie en danger !
Ce qu’il y a de révoltant se trouve dans
cette capacité à envoyer des hommes à la guerre pour des intérêts qui
ne sont pas les leurs, tout le manège politico-médiatique survenu a
provoqué des élans guerriers d’une rare inconséquence, même lors de la
guerre du Golfe en 1991, nous n’avions pas connu autant d’élus désireux
d’en découdre avec l’ennemi. Les élus et candidats des droites ultras
et autres capitulards Ps en tenue de camouflage, donneraient envie de
les envoyer ou de les parachuter dans la banlieue de Damas, Bachar
El-Assad ne s’en remettrait pas… Nous aussi, nous avons nos « dahes »,
nos fouteurs de pagaille, les voilà tout désigné pour partir au front !
S’ils pouvaient tous se massacrer entre eux, nos assoiffés du pouvoir
et du fric, ça pousserait à relire Boris Vian, ou simplement reprendre
chantonnant les couplets de « la java des bombes atomiques » avec
entrain…
En raison des circonstances, il faudra s’en tenir à Monsieur le
Président, je vous fais une lettre:
(…) On m'a
volé mon âme, Et tout mon cher passé.
Demain de bon matin Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes, J'irai sur les
chemins.
Je mendierai ma vie Sur les routes de
France, De Bretagne en Provence
Et je crierai aux gens:
«Refusez d'obéir, Refusez de la faire,
N'allez pas à la guerre, Refusez de partir.»
S'il faut donner son sang, Allez donner
le vôtre,
Vous êtes bon apôtre Monsieur le Président.
Si vous me poursuivez, Prévenez vos
gendarmes Que je n'aurai pas d'armes
Et qu'ils pourront tirer.
Que certains aient vu une atteinte aux droits de l’Homme, comment les
déjuger et trouver plus précis, pour comprendre que la France est
retombée dans sa vieille empreinte provincialiste, paradoxe d’un pays
hautement centralisé, ou le devenir politique du pays se joue sur
quelques arrondissements parisiens. J’ai découvert, il y a peu de
temps, que les droits de l’Homme avaient été mis entre parenthèse,
c’est-à-dire sans application légale en France de 1795 à 1946, ou
non-inscrits dans les textes constitutionnels. Sans commentaires.
Le 13 novembre 2015 et ses suites laisseront une trace indélébile, il
n’en est plus temps à écouler des larmes, mais d’être lucide. Nous
avons basculé dans un état policier avec l’approbation de 99% de
parlementaires,
allant de ce qui n’est plus vraiment la gauche à l’extrême droite. Dans
ce grand désert et pourtant n’étant pas vraiment révolutionnaire au
sens brut du terme, me voilà convaincu que le camp réformiste vient de
se suicider. Il importe de faire le tri dans ce qu’a pu dire Jean Luc
Mélenchon, difficile de saisir les élans étatistes et d’un autre côté
un positionnement courageux. Néanmoins, le député européen est soumis
comme tout à chacun à la nouveauté des circonstances et à cette
violence d’état - le tout promotionné par Gattaz !
Nous entrons dans une période sombre, de nouveau une « république »
bonapartiste. Je tiens à souligner une très forte intervention
d’Olivier Besancenot ou simplement internationaliste pointant les
problèmes d’ailleurs et les nôtres (Intervention
visible ici en vidéo, 20 minutes).
A ce même meeting un militant Kurde à apporter un témoignage venant un
peu bousculer nos minces connaissances de la résistance de ce peuple et
populations héroïques, et pose à se calmer avec l’état décadent, en
clair l’état nation à plus que des limites, les travailleurs n’ont pas
besoin de s’enferrer dans des frontières, leurs luttes sont toujours
communes. (Meeting “Vos guerres, nos morts” intervention
de Yekbun, militant du congrès démocratique kurde)
Les votes sont encore très incertains, sauf pour le
FN visant à minima trois régions, quatre étant possibles. Nous pourrons
avoir une idée un premier aperçu de ce qui reste, - de cette V°
république maudite - par son spectre autoritariste et maintenant,
portée par la démocratie en berne. Il faut se préparer à un nouveau
séisme et ne pas oublier de voter, mais pour qui ? Il y a de forte
probabilité, que la majorité se réfugie dans l’abstention, en
particulier chez les plus jeunes, les employés non qualifiés, les
ouvriers et les sans emplois. Comme d’habitude, il sera plus facile
d’en faire des électeurs fachos… et de dénoncer les pauvres comme des
irresponsables.
L’état d’urgence renvoie à de trop mauvais souvenirs et pas si
lointains avec le préfet de Police de Paris Maurice Papon en octobre
1961 (200 algériens morts minimum) et la Seine aux couleurs rouge sang
selon le souvenir de certains manifestants. Puis les suites de la
traque des gamins de Clichy-sous-Bois en 2005 (Zyed et Bouna), qui
préfigurait d’un trop plein social et de la logique périphérique
d’exclusion en oeuvre depuis 40 ans. La République sans démocratie,
sans un exercice plein des contre-pouvoirs (déjà faibles pour les
citoyens) est redevenue un régime autoritaire, plus, dans cette forme
se
construit un état policier, pas à pas. Et dans les périodes confuses,
attention aux petites listes souverainistes « rouges et brunes » (sur
une profession de foi on peut lire : "qui montent malgré le silence
des médias" et des amitiés avec Soral et l’ultra droite et la
"gauche" des errances totalitaires).
La préfecture de la Gironde confondant délits d’opinion et djihadisme
en dit long sur d’autres dérives à venir. Drôle de hasard, qui était
préfet de police de la Gironde en 1945, puis préfét de police de la
Seine en 1961 ? Comment croire que les Parlements joueront leur rôle de
contrôle: avec quels moyens? Ne pouvant déjà pas faire le suivi de
leurs propres lois, nos élus nationaux vont pouvoir suivre au quotidien
les milles et unes bavures, que cela va provoquer ou engendrer ? j’ai à
minima au quotidien une info sur une dérive policière ces derniers
jours, mais pas le temps de constituer une carte Google. Non seulement,
c’est une dérive, mais de toutes les institutions, et s’il y a à se
questionner sur l’Etat, en l’état, ce n’est plus nous.
Nous, vous
revoilà un Peuple mineur et impuissant !
Je ne l’écris pas avec joie, je n’en tire aucun bénéfice, je m’aventure
dans un domaine où la radicalité, n’est pas seulement d’aller à la
racine des problèmes, mais de se retrouver dépassé par la radicalité
des temps. Je n’utiliserais pas le terme de résistance au sens
propre pour la France, il existe une telle passivité face au modèle
consumériste et de tels écarts d’inégalités, que chacun défend son bout
de viande. Car si l’on veut être honnête, les idéaux passés aux moules
du post-modernisme ne parlent en rien à la majorité des quidams, les
analogies historiques souvent incongrues - n’expliquent pas plus les
raisons profondes. Ce qui était nommé « conscience de classe » trouvait
racine et sens au sein du prolétariat ou du salariat, s’il pouvait au
moins survivre une conscience et une compréhension des enjeux globaux.
Pas plus que nous devons céder aux menaces de fous furieux, il n’y a
pas à assassiner le peu de démocratie nous restant. La « France » des
mauvais jours s’est de nouveau dévoilée, il est temps de la combattre
avec nos seules armes : les mots !
Billet de Lionel
Mesnard, 4 décembre 2015
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Attention
aux incendiaires :
à la recherche du sens, de l’émotion
pour rependre les
chemins de la raison |
J’ai essayé de faire
travailler un peu ma mémoire ces derniers temps en raison de cette
vague d’émotion, qui a bien des aspects sympathiques, mais qui ne dit
pas grand-chose sur l’état de la société française, non pas sur son
opinion publique, il est possible de tout lui faire dire, mais ce qui a
pu être conduit comme politiques depuis le 13 novembre, nous conduisant
à une impasse. Je ne sais si la phrase est authentiquement de Benjamin
Franklin, mais elle résume bien le problème : « Un peuple prêt à
sacrifier un peu de sa liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni
l’une ni l’autre et finit par perdre les deux. » Suite à
un courrier qui m’est parvenu, suite à ce que j’ai pu écrire, l’ennui
d’un billet est d’être toujours synthétique, faut-il rajouter des
précisions sur un sujet sensible, et que pouvons-nous comprendre ? Mais
je ne peux tirer des compléments qu’avec le temps et mon but n’est pas
une course à l’info, mais de prendre en note quelques sujets choisis de
l’actualité chaude en matière politique et sociale.
On peut aimer écrire, mais c’est toujours sous la contrainte que je le
fais et face à un sujet brûlant, d’une complexité dont il est difficile
de poser les contours. Alors se pointe plein de questions en
suspension, et demande à réfléchir à son organisation. En matière de
hiérarchisation, ces derniers temps les propos de la troisième
génération des Le Pen, la Marion d’une union Maréchal… a toute
l’empreinte de la vieille extrême droite et n’oubliant pas de
rassembler la meute de ses amis allant du GUD aux identitaires, la «
race » des seigneurs est de retour et le tout à la lumière des
intégristes catholiques et une entrevue dans le journal très connoté
politiquement : « Présent », affirmant la supériorité des catholiques
sur qui vous pouvez deviner.
Depuis le 13 novembre, un certain nombre d’attaques ont touché des
militants de gauche à Paris comme en France, à nouveau des lieux de
cultes ont été profanés ou carrément en des dérives ou règlement de
compte contre des « musulmans » et sous le triste nom de « ratonnades
», du côté de Lyon. Que fait la police ? (2 articles à lire dans l'Humanité en plus à lire,
récits en Seine-Saint-Denis) Sinon, elle a ramassé dimanche une
cinquantaine de manifestants « gauchistes » pour les adresser aux
nouvelles forces préfectorales en action. L’ordre règne ou presque, les
patriotes d’opérettes exultent.
Comme son papy, la Marion sait jouer des mots, et il est plus facile de
taper sur Judith Butler, universitaire étasunienne présente lors des
événements dans les colonnes du journal « Challenge » (« Ces pleureuses de gauche qui ciblent Hollande le
liberticide »).
Elle serait devenue d’un seul mouvement le fer de lance de la gauche
radicale, paraît-il. Faudrait-il qu’elle soit connue et qu’on ne la
confonde avec Naomi Klein, et que les fantasmes d’un journaliste n’en
cache pas moins ses proximités avec le monde patronal, sa fiche
Wikipédia est un régal : Maurice
Sazfran. Du coup nous en retiendrons une conclusion de Judith Butler (son titre : "Une liberté
attaquée par l'ennemi et restreinte par l'Etat") dans une prise de
position parue dans Libération, le 19 novembre : « Il
semble que la peur et la colère puissent conduire à se jeter violemment
dans les bras d’un Etat policier. Je suppose que c’est la raison pour
laquelle je préfère ceux qui se trouvent dans l’impasse. Cela signifie
qu’il leur faudra du temps pour y voir clair. Il est difficile de
réfléchir quand on est accablé. »
C’est justement au moment où il aurait fallu une pause, calmer les
esprits, que les incendiaires agissent en toute tranquillité, entre
ceux qui ont du mal à émerger et les envies plus que naturelles dans ce
genre de circonstance de braver la mort. Quand le pulsionnel est
maître, il ne peut servir de base pour raisonner, pour autant ne
faut-il pas le nier ! Nous avons été par deux fois sous le choc de la
monstruosité et du déchaînement de violence depuis janvier dans l’Est
parisien, et si je venais à tracer une carte des attentats, ma
situation géographique me placerait dans l’œil du cyclone. Le besoin
d’écrire ou d’exprimer dans un premier temps sa douleur est importante,
elle doit peu à peu se mettre au service d’une large réflexion, à
commencer par ce qu’est un traumatisme de guerre et ce qu’il peut
engendrer comme altération dans la vie quotidienne.
Sur ce site (en forme de blog) ou en fonction de certaines recherches
effectuées antérieurement aux attentats, je vous renvoie aux pages sur la question
Psy et
en particulier à Boris Cyrulnik. Et en ce qui concerne le traumatisme
de guerre, il fut utile à Freud et ses proches dans une nouvelle étape
de la psychanalyse. Ce que l’on nomme la « deuxième topique »
freudienne
est venue tirer enseignement de la guerre de 1914-1918 et ce qu’on le
prenait pour de la simulation chez les soldats frappés par des troubles
handicapants ou invalidants. Sous le regard et l’attention de quelques
psychiatres ou neurologues, l’on va pouvoir mesurer l’impact psychique
et le rôle non négligeable du système nerveux.
Ces derniers temps en Colombie des articles (suite à des
études) ont été publiés pour une population qui connaît depuis tant de
décennies le phénomène « terroriste » - et - ce que suppose un état de
guerre comme conséquence intrapsychique, notamment sur la plasticité du
cerveau et de comment le retour à la paix fait appel à de nouveaux
réflexes. Nous sommes encore loin de ce qu’ont pu vivre les Colombiens,
les Congolais, pis encore les Rwandais. Néanmoins, quand le pulsionnel
rentre en jeu, les contraires s’opposent, heureusement l’envie de vivre
domine et les aspérités et insignifiances du quotidien prennent moins
de place. Toutefois être soumis directement à ce type de fureur, peut
être à l’origine de psychoses ou de lourdes névroses, il existe un
stade de violence, où corps et esprit peuvent perdre tout repère, comme
un
éclatement de la personnalité. J’ai gardé à ce sujet quelques
témoignages et le récit de deux psychologues de Bogota, sur comment
opère les paramilitaires dans les zones rurales. Je n’entrerai pas les
détails morbides, je vous renvoie vers à cet article du blog Libres Amériques, (Chronique sur la «
folie », après une extermination)
il y retrace le comportement et la vie d’un homme dans un parc avec ses
pigeons pour amis, et ce qu’il est advenu de lui après une tuerie...
Il faudrait pouvoir poser un constat où 24 nations sont engagées, il
importe de nommer cet état des choses, et notamment tout ce langage
propagandiste (1). Ensuite, quelle lecture des cartes géopolitiques des
pays non pas uniquement arabes, mais aussi turques et persans, un
ensemble ayant une forte population musulmane allant
sur le continent asiatique d’ouest en est, du Liban au Pakistan et en
remontant jusqu’au Caucase, au nord, sans omettre les états d'asie
centrale qui sont sortis de l’ex. Union soviétique. De même, sur les
25.000
étrangers ayant rejoints les rangs de la mouvance mafieuse et
terroriste, les piétons de Daech, « les dahes », en arabe les semeurs
de zizanie, les plus nombreux sont d’origines russes. Avant toute
possibilité de faire un examen sérieux et de comment aujourd’hui de
Bamako aux zones tribales du Pakistan a pris greffe ce fanatisme et cet
usage morbide de la violence : « le terrorisme ». En l’état comment
nommer ce qui a pour but de semer la terreur, sans tomber dans les
minimalismes des circonstances.
A part, les images d’Epinal renvoyant aux invasions Huns, à Sainte
Geneviève s’élevant contre Attila au cinquième siècle, une pure
légende. Puis les attaques Normandes, il est difficile historiquement
d’identifier des bandes armées ne cherchant que rançon pillage et
conquête territoriale. De plus il s’agit de religions polythéistes,
assez lointaines ou présentes bien avant l’islam, ou bien il faut
revenir
au phénomène d’extension du monde arabe au VII et VIIIème siècle de
notre « ère chrétienne » et quelques longues années de résistances des
Berbères en Afrique du Nord. Mais entre les Normands et les Arabes de
ces temps, l’idée qu’ont certains de la civilisation donne une idée
d’une situation évidemment sans rapport avec la nôtre et qui plus est
entre une Europe quelque peu arriérée, voire primaire face à la
naissance d’une grande civilisation. Pour surprenant et que j’avais
oublié, au cinquième siècle, il existait déjà à Paris une petite
communauté de marchands syriens. « L’orient », et sa présence dans ce
qui n’est pas encore la France, a été un ensemble très riche en mythe
et légende, mais certains noms de famille bien de chez nous peuvent
s’attitrer d’avoir des ancêtres « arabes et andalous et musulmans »
(Maurice, ou comme Jeanne Moreau, …). Même les nom ont un sens… Pour
ceux à qui cela a pu échapper l’Islam était source de lumière bien
avant les nôtres …
Sans la jonction des savoirs au Moyen-âge et qui plus est sans les
travaux et apports d’érudits musulmans et juifs, notre culture
gréco-latine ne serait plus, ou n’aurait pu renaître sous les termes
d’humanités ou bien à la faveur des pensées humanistes, tout comme la
médecine et une série de science, à commencer par les mathématiques et
les chiffres que nous utilisons. Donc quand la famille du menhir breton
ne savait pas lire ou ne disposait pas d’une écriture propre, ou venant
d’un héritage probablement gallo-romain, le basin méditerranéen était
déjà un phare de la civilisation. J’avoue que ma connaissance des
ethnies bretonnes est assez limitée, comme son langage, et comment s’y
retrouver avec une ethnie à deux langues… mais cela peut permettre de
hiérarchiser et de ficher si besoin. Nous aurons toujours des
croquignoles en délire sociologique pour le faire, pauvres sciences
humaines.
Je vous propose surtout de lire, ce début d’analyse « marxiste » ou un
entretien avec Nicolas Dessaux QU’EST-CE QUE L’ETAT ISLAMIQUE ? Vous n'êtes
dans l'obligation d'en patager les références ouvrières et communistes
pour autant. Il
permet de comprendre ce qui se passe sur le plan géopolitique depuis
plusieurs années et de mieux cerner ce qui s’y déroule. Et sinon un
très beau témoignage d’une jeune auteure, Sarah Roubato
ressemblante à notre monde de l'est parisien et aussi aux victimes du
13 novembre, tout
ce cosmopolitisme, cible de la commune bêtise et des assassins ou
criminels suicidaires francophones, faut-il souligner et à distinguer
(voir le complémenr d'info du 26-11 à ce sujet). "Lettre à ma génération : moi je
n'irai pas qu'en terrasse"
Une petite note d'espoir, à lire absolument ! Et pour rapeller que les
premiers combattant-e-s de la Révolution française ont été
surtout des femmes et aussi en moindre nombre des étrangers...
Billet de Lionel Mesnard, le 24 novembre 2015.
PS : De quoi un peu rire, quand il
s’agit de tout savoir sur un objet que l’on commence à peine à
identifier ou tout comme cette anecdote de Guillaume Durand sur
Claude Lévi-Strauss. Il le prévint de pas lui demander, d’expliquer en
dix
minutes pour la télé ce qu’est le structuralisme. Ceci est un
bloc-notes pour rappel !
Note et complément d'information :
(1) Qui est Daech ou Daesh (acronyme arabe et anglais) ?
Les autorités françaises, fer de lance dans la guerre contre
l'organisation de l'État islamique, ont officiellement adopté
l’acronyme "Daech" pour désigner l’EI dans leurs discours officiels.
Une décision qui n'a rien d'anodin. (…)
"Daech" : La plupart des journalistes et des
observateurs pensent que le mot "Daech" est un banal acronyme arabe
pour désigner l’EI (al-Daoula Al-[i]slamiya fi al-Erak wal-Cham), sauf
que c’est faux. À quelques rares exceptions connues - Hamas palestinien
(Harakat Al-Mouquaouam Al-[i]Slamiya) - les organisations et groupes
politiques ont peu recours aux acronymes dans le monde arabe. L'"État
Islamique en Irak et au Levant" (EIIL), ancêtre de l’EI, a d’ailleurs
d’emblée rejeté l’acronyme "Daech", lancé peu après sa création
en avril 2013, par des médias qui lui sont hostiles dont al-Arabiya et
plusieurs autres chaînes d’information iraniennes et libanaises. Cette
dénomination a fait rapidement des adeptes dans les rangs de ceux qui
se battent contre l’EI en Syrie, du côté des rebelles comme du côté du
régime de Bachar al-Assad. Le but était justement d’occulter les mots
"État" et "Islamique", pour minimiser l’influence de l’organisation au
sein des populations de la région et empêcher toute adhésion à son
idéologie.
Le choix du mot "Daech" : L’expression,
considérée comme "péjorative" par l’organisation terroriste, n’existe
pas en tant que telle dans la langue arabe. Mais d’autres mots, proches
phonétiquement, existent. À l’instar de "Daes" - celui qui écrase avec
son pied - ou de "Dahes" - celui qui sème la discorde ou la zizanie.
"Dahes" fait aussi référence à de célèbres batailles de l’histoire du
monde arabe, les batailles de Dahes wal Ghabra, entre 608 et 650 ap.
J.-C. Elles opposèrent entre elles des tribus arabes dans la période
pré- islamique, Jahilya - ignorance en arabe - qui finirent par s’unir
"grâce à l’islam". "Daech" renvoie donc inévitablement à une image et à
des concepts très négatifs pour l’EI. Son usage qui se faisait souvent
de manière anodine, prend tout son sens en tant qu’ "élément de
langage" depuis que les autorités françaises l’ont adopté. Une prise de
position politique sans plus aucune ambiguïté… (Source France 24 –
année 2014)
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Complément d'info du 26-11-2015 :
Une excellente
analyse sur le phénomène générationnel dans son versant ultra
minoritaire et nihiliste en France et ailleurs. Par Olivier Roy
(*) journal le Monde page idées : « Le djihadisme est une révolte générationnelle et
nihiliste »
(*) Olivier Roy est professeur à
l’Institut universitaire européen de Florence (Italie), où il dirige le
Programme méditerranéen. Politologue, spécialiste de l’islam, il est
notamment l’auteur de La Sainte Ignorance (Seuil, 2008), En quête de
l’Orient perdu (Seuil, 2014) et de La Peur de l’islam (Ed. de
l’Aube/Le Monde, 92 pages, 11 euros), recueil de ses principales
interventions dans Le Monde du 11 septembre 2001 à janvier 2014.
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De l’état d’urgence...
... aux pleins pouvoirs ?
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Je tiens à apporter mon
soutien à la prise de position contre la prolongation de l’état
d’urgence, de six élus, trois socialistes et trois écologistes sur 577
députés,
le 19 novembre 2015. Ils étaient à peu près le même nombre en janvier
1991 pour refuser la guerre contre l’Irak. Ils étaient dix fois plus en
juin 1940 à ne pas voter les pleins pouvoirs à Pétain… Cette nouvelle
défaite de la démocratie et de l’état de droit est à marquer d’une
pierre noire comme une débandade généralisée, et comme le dit très bien
le professeur Cyrulnik : « Si on ne sait pas qui on est, on
est ravi qu'une dictature vous prenne en charge ».
Et à force d’avoir tué la gauche dans ses fondements égalitaires sous
Mitterrand, comme sous Hollande, il ne reste plus qu’à coller aux
basques de l’extrême droite et de ses amis. Une belle unité nationale à
laquelle personne ne croît, mais dont les petits Bonaparte tenteront
d’en tirer les marrons électoraux du feu.
C’est toute la difficulté de la lutte du bien contre le mal, il faut
d’abord pouvoir définir deux termes dont la signification est avant
tout religieuse ou morale, c’est-à-dire philosophique. Son application
politique est par avance douteuse, je ne nie pas la perception,
l’entendu, ceci est ancré en chacun de nous-même, sauf qu’à l’usage, la
première des morales, c’est de l’appliquer à soi, et en ce qui concerne
la morale « des autres », mon idée n’est pas très éloignée de ce que
Léo Ferré a pu mettre en musique à ce sujet. « N'oubliez jamais que
ce qu'il y a d'encombrant dans la morale, c'est que c'est toujours la
morale des autres
». La question de la liberté est à ce prix, de pouvoir asseoir ses
propres exigences et jugements au prix de l’erreur, sans avoir besoin
de se référer à une facilité de l’esprit, ou à ce que l’on peut vous
faire croire comme la substance, alors qu’il ne s’agit que de la
défense d’un ordre de la société et non de philosopher.
La philosophie devrait être cet exercice de palabres offert à tous et
venant fleurir nos échanges dans la vie quotidienne, elle devrait nous
nourrir tout comme la poésie, mais ce n’est pas le cas dans nos mondes
modernes totalement dessécher et vider trop souvent de son sens altère.
De la rencontre, de l’autre comme une perspective d’enrichissement
mutuel, la distance et le culte du moi sont triomphants. Le bien, le
mal ou le bonheur, je peux vous l’envelopper sous toutes les formes, le
contenu que vous ou que nous souhaitons y entendre est une très belle
illusion. Non point que je récuse les philosophes, plutôt stoïcien, je
préfère la pratique des idées et affronter le réel sans
complaisance, quand cela devient un savoir, il y a le risque d’en faire
une norme. L’usage de la critique reste une arme neuve et bien
déroutante pour un petit bureaucrate apeuré ou suffisant.
Donc l’exercice moral est périlleux et les contradictions sont toujours
sous-jacentes. Donc faute de vouloir vous vendre une vérité, je me
contente de mon à peu près, mêlant âme, raison et courage dans
l’adversité. Pas simple de savoir que la majorité d’aujourd’hui se
cache la face, et d’être en désaccord avec tous ces persifflements
moraux qui ne mènent qu’au néant, aux valeurs sonnant comme une caisse
enregistreuse. Le réveil sera brutal, pourvu qu’il ne soit pas trop
tard. Pour ce que j’ai pu rencontrer dans les appareils bureaucratiques
et encore récemment, l’exigence morale est limitée, le commun des
mortels ne peut que prendre ses jambes à son cou. L’expression de la
colère n’en prend que plus de force, elle ne se mélange pas aux coquins
et renégats. Il faudrait pouvoir le dénoncer, mais je n’ai pas l’âme
d’un chevalier blanc, et la liste comme arme de délation, ça sent aussi
mauvais qu’un apparatchik à recaser sur une liste régionale.
Ce vote a été un vote du courage contre la résignation générale (1).
Plus de 80% des Français soutiendraient cette mesure qui repousse de
trois mois l’état policier, qui a été institué le 19 novembre, cette
décision prise dans la panique est la démonstration de l’impuissance
d’un exécutif et de comment on se joue des peurs collectives. Comme
l’affirme le député courageux Pouria Amirshahi, le nombre de textes
votés ces derniers années auraient du normalement répondre à prévenir
cette catastrophe, onze lois sécuritaires n’ont pu empêcher un nouveau
massacre et l’état d’urgence n’y changera rien. Quelle étape
faudra-t-il franchir la prochaine fois? L’article 16 de cette
constitution qui donnera en 2017 à Marine Le Pen les pleins pouvoirs?
Pour méditer sur des questions de philosophie politique,
voilà ce qu’a
pu penser Maximilien Robespierre et qu’il a voulu rajouter à la
constitution, de l’an I (24 juin 1793),
pour précision ces 4 articles ne seront pas retenus par la Convention :
« 1. Les hommes de tous les pays sont frères et les différents peuples
doivent s'entraider, selon leur pouvoir, comme les citoyens du même
État.
« 2. Celui qui opprime une Nation se déclare l'ennemi de toutes.
« 3. Ceux qui font la guerre à un peuple pour arrêter
les progrès de la
liberté et anéantir les droits de l'homme doivent être poursuivis par
tous, non comme des ennemis ordinaires, mais comme des assassins et des
brigands rebelles.
« 4. Les rois, les aristocrates, les tyrans, quels qu'ils soient, sont
des esclaves révoltés contre le souverain de la terre, qui est le genre
humain, et contre le législateur de l'univers, qui est la nature. » (…)
Et je finirai par ce qu’en dit un grand historien de la Révolution
française, Albert Mathiez, marxiste atypique et pourfendeur des
légendes noires et dorées. « (…) Robespierre a condamné,
sans appel cette diplomatie secrète, qui est la source
empoisonnée de tous les impérialismes et de toutes les barbaries, cette
diplomatie secrète qui est le suprême recours des intrigants, des
incapables, des empiriques qui disposent souverainement du sang et de
l'or des peuples. Ici, comme partout, Robespierre a mis d'accord ses
actes avec ses paroles. » (2)
Billet de Lionel Mesnard, le 21 novembre 2015
PS : Ne dit-on pas aussi « qu’un peuple qui oublie son passé se
condamne à le revivre » ? (W. Churchill)
Notes :
1) Pouria Amirshahi, Gérard Sebaoun, Barbara Romagnan, Fanélie
Carrey-Conte, Sergio Coronado, Isabelle Attard et Noël
Mamère .
(2) « Robespierre Terroriste » par Albert Mathiez, aux éditions la
Renaissance du livre (1921).
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Génération sacrifiée
et géopolitiques
à intérêts variables !
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La coalition
mafieuse composée de mercenaires ne brandit le Coran que pour
satisfaire son négoce et son expansion. Nous sommes face à un groupe
armé de trafiquants se nommant soit Daech ou l’état islamique, et son
appartenance religieuse un beau trompe l’œil. Cette armée barbouze ou
paramilitaire rassemblerait environ 50.000 individus, elle est née de
la désintégration de l’armée de Saddam Hussein intervenue à partir de
2003, mais elle se compose de plusieurs milliers d’étrangers sans
rapport premier avec les populations irakiennes ou syriennes et
provenant du monde entier. Et tout ce petit monde a pu se développer
dans une région qui d'est en ouest, ou de l’Afghanistan à l’Irak la
contrebande est depuis longtemps liée à certains trafics (opium, or,
armes, …), et ces dernières années au pétrole. Parce que si nous avons
peu d’éléments sur les têtes pensantes et politiques de cette
nébuleuse, il y a de quoi s’interroger ? ou comment trouver les moyens
de combattre ce qui ressemble fort à une faction politique et mafieuse
et non une armée régulière. S’ils terrorisent et abondamment, à Paris,
deux fois en dix mois, et pas seulement ici, la folie meurtrière ne
peut que nourrir leur cause et faire du désordre et de la peur leur
force. Et si nous payons chèrement cette épreuve, de nouveau à qui
profite ici le crime ? Sous le coup de l’émotion, les hyènes politiques
sont aux aguets, pas besoin de les nommer. Ils et elles feront tout
pour participer au désordre et s’en nourrir. Un moment qui appelait à
être digne et responsable, ils déraillent conjointement avec tous ces
médias de l’info en continue, bis repetita ! Nos réactionnaires de
service n’ont rien appris du mois de janvier et à moins d’un mois des
élections, les 13 parts du gâteau national, va les rendre hystériques.
La machine à la surenchère tourner à plein.
Revenons-en à notre nébuleuse mafieuse qui a revendiqué cette horreur,
qui s’est déroulée à peine à un kilomètre à vol d’oiseau de mon
domicile. J’ai pris bien soin de m’éloigner de l’info le plus possible,
et en ce domaine, il y aurait quelques tartes à la crème bien méritées
à
livrer dans les studios de BFM et I-télé. Ce que l’on pourrait attendre
d’un média, c’est plutôt d’apaiser que d’attiser les peurs
souterraines. D’expliquer les tenants et les aboutissants locaux ou
régionaux, de pouvoir suivre l’actualité internationale, sachant qu’il
était programmé une rencontre le 15 novembre des diplomaties impliquées
face à cette situation de cette guerre généralisée sur au moins deux
pays mitoyens. Rien ou presque, tant le minimalisme l’emporte, et plein
de doutes sur l’intelligence de certains animateurs, à ne savoir
provoquer que de l’a peu près. Ils en oublient toute responsabilité
laissant des propos d’invités sidérants tenus à l’antenne, en des
circonstances dramatiques pour des centaines de familles frappées et un
pays en émoi. Plus un ressenti très lourd dans la capitale samedi et
dimanche d’un rare silence et le calme régnant. Il y aurait de quoi
faire un long plaidoyer contre les armes, le fric et le pouvoir. Le
même sentiment de jouissance et de puissance animant aussi bien les
idiots de la lucarne que les tarés qui manipulent leurs bombes
humaines. C’est le dieu fric et pouvoir qui s’exprime, pas celui d’une
foi sincère dont chacun est maître et dépositaire en son âme et
conscience.
Je reste très réservé sur cette procédure exceptionnelle qui n’a fait
l’objet d’aucune approbation des Parlements français. Nous voilà en «
état d’urgence », élargissant les pouvoirs de police et par la seule
autorité d’un seul homme, là aussi rien de très neuf et les
bombardements survenus une semaine plutôt sur une des sources
d’hydrocarbure de la mouvance barbouze, semble la réponse des
intéressés. Je n’entrerai pas dans une longue analyse de la diplomatie
française, il est bien de dénoncer l’impérialisme allemand, faut-il ne
pas oublier nos propres responsabilités comme vendeur d’armes et acteur
régional. L’histoire coloniale et la présence de la France est loin
d’être neutre, et à l’égard de la Syrie et de l’Irak, deux anciens
états estampillés hier laïques, laissent quelques nœuds dans nos
relations intergouvernementales. Pour Damas, il fut un ancien
protectorat colonial français rarement rappelé, puis plus tard sous le
joug de la famille El-Assad avec qui s’entretinrent des relations d’une
rare cordialité, peu soucieuse des droits de l’homme et de la présence
d’anciens dignitaires nazis sur son sol. Nous avons historiquement, qui
plus est avec le Liban, ce que l’on nomme une politique « arabe » et
depuis des lustres, ne pouvant qu’assister impuissant aux guerres de la
région. Par ailleurs, le commerce et les trafics ont assis de belles
fortunes. Tout comme ces gouvernements dictatoriaux qui devinrent
tardivement les bêtes à abattre et avec la grande réussite que nous
connaissons pour notre part en Libye. Et ceci n’est qu’un bref résumé
d’une situation géopolitique, qui n’a pas été du seul ressort des
potentats locaux.
La question de cette hypocrisie de circonstance et de nos relations pas
vraiment brillantes au proche et Moyen-Orient, qui plus l’allié des
généraux Egyptiens et des financeurs originaux du merdier local et
religieux (les pays du Golfe), il y a de quoi présumer qu’une politique
de paix n’est pas prête de naître, pas plus dans le respect des
convictions et des fondamentaux de la démocratie. En l’état comment ne
pas y voir une très belle renaissance des vieux empires militaires,
Poutine ne voulant pas sacrifier sa dernière base en méditerranée n’a
pu que venir porter secours à ce qui reste de l’état syrien, car si
cette armée prenait le même chemin, que son voisin irakien, la
situation ne pourrait que provoquer un embrasement encore plus large et
élargir la zone échappant aux lois. Mais prudence, en temps de guerre,
la propagande domine et donne peu place à des informations objectives
ou analysables en tant que telles. En plus combattre un ennemi qui a
les mêmes caractéristiques que les grands groupes ou systèmes mafieux
existants devraient participer d’un grand nettoyage de nos systèmes
financiers complices indirects de ces tueries régulières, car Paris ne
fut qu’une cible momentanée et l’addition des victimes se chiffre par
des milliers de morts chaque année et le lieu importe peu. Les premiers
au balcon sont toujours les populations civiles et la sécurité de
millions de syriens, d’irakiens, de kurdes compte tout autant que la
nôtre. Faut-il en avoir conscience ou en avoir une.
Après ce constat, tout le monde peut en convenir, il y a forte raison
de se sentir non pas coupable, mais de peser fortement ce qu’induit une
politique de guerre pour mobiliser les énergies. Car preuve par
l’absurde, ce ne sont pas les bonnes volontés qui manquent et qui
pourraient enrayer cette spirale ou le mal se nourrit du mal. L’idée
d’une « garde nationale » a été évoquée par quelques républicains
soucieux de l’intérêt général, oui mais avec 6 millions de personnes
sans activité ou travail, la protection des populations civiles est un
champ d’exploration, de là à remettre l’uniforme, je reste perplexe.
Mais mobiliser pour les réfugiés, les migrants de toute nature, offrir
à plein de jeunes et moins de jeunes de monter des projets citoyens en
France et à l’international pour des conduites de paix et de protection
des populations en danger, ça aurait plus de gueule, que de déverser
des bombes dont le coût ferait le bonheur de celles et ceux vivant dans
la mouise la plus totale. A cultiver la mort, il faut s’attendre en
retour à la voir pousser chez nous, à prendre les pires des solutions
vous, nous en connaissons le résultat de janvier et novembre : 150 mort
et près de 400 blessés. Cette politique impérialiste à plusieurs bandes
comme au billard, face aux attaques subies des populations locales
notre
solidarité, nos intelligences pourraient agir en d’autres termes. Je ne
conteste pas qu’il faille se battre contre cette menace permanente,
mais la fosse à purin est telle que pour la vider, et pour combattre ce
pulsionnel de mort, il faut regarder de face les problèmes sociaux et
économiques et arrêter les fantasmagories essentialistes ou guerrières.
Le 13 novembre a été le théâtre d’un jeu obscur, d’une génération
sacrifiée sur l’autel des communautés d’intérêts divers, plus que
spirituels. Le temps d’une résistance citoyenne à toutes les formes
d’oppression notamment économiques devrait être la morale de ce
massacre et de comment peu à peu nos fausses libéralités alimentent ces
armées mercenaires. Sans parler du chaos apporté par la famille Bush,
Clinton et consort et leur volonté d’imposer la démocratie par la
force à partir des années 1990. Sans comprendre les processus
complexes de la démocratie et toujours longs à se mettre en œuvre,
Washington, Londres, Paris, Moscou sont toujours très à l’écoute de
leurs lobbies militaires et financiers. Pour une fois l’Allemagne en ce
domaine est un nain politique comme l’Europe. Comble du cynisme, là où
il existe des poches de résistances incarnées par des démocrates ou des
hommes résistant à l’oppression de ces états évanouis ou
dictatoriaux, aider à la création d’un état Kurde et son armée laïque
serait une bien meilleure riposte. Une république Kurde bien plus
utile, qu’une garde nationale dans un pays, faut-il rappeler, qui n’est
pas en état de siège et rien n’assiège nos frontières, mais vivons dans
un simulacre ou une parodie des puissants.
Je ne suis pas au demeurant un pacifiste et face à des atteintes
inqualifiables, notre arsenal juridique et constitutionnel posent de
sérieuses questions, l’état d’urgence est normalement limité à 12
jours, et le fait d’une ordonnance de 1955 datant de la guerre
d’Algérie. L’état en soit est déjà suffisamment fort, et prendre une
telle mesure peut se concevoir un temps, sauf à montrer les faiblesses
de notre état de droit. Une défense civile et de protection des
populations est à envisager, mais sous quelle forme et dans quel cadre
juridique, telle est la question !
Billet de
Lionel Mesnard, le 17 novembre 2015
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« L'agressivité compétitive »
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Vous trouverez
ci-après un entretien que j'ai pu découvrir sur le site "Eloge de la
suite"
de Bruno Dubuc, qu'il a lancé l'an dernier à l'occasion du centenaire
de la naissance du docteur Laborit. N'ayant pas eu le temps de
rédiger un texte à cette occasion, je vais tenter dans le cadre de sa
cent-unième année, de compléter la page le concernant de quelques
éléments sonores et écrits, dont l'article suivant sous format Pdf.
Vous trouverez ainsi les cinq émissions de Radio Libertaire et des
éléments biographiques, que j'ignorais jusqu'alors sur Henri Laborit.
Bonnes
lectures !
Lionel
Mesnard, le 15 mars 2015
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ENTRETIEN AVEC HENRI LABORIT
par
Hélène Barrère
Extrait du n°2 de la revue « Itinérances », parue en novembre 1986.
Dans le cadre d’un dossier intitulé « Vaincre la peur ».
Dans cet article contradictoire, le professeur Laborit nous expose ses
doutes quant à la finalité de l'être humain. Apparaissent ainsi les
hésitations d'un savant "athée" qui conçoit le cosmos dans sa
complexité,
mais bute sur les concepts métaphysiques.
· Vous avez écrit que pour vous, vie sociale et
agressivité étaient synonymes?
Il y a différentes formes d'agressivité. Mais chez l'Homme, il n'y en a
qu'une, c'est l'agressivité compétitive. Que vous soyez homme ou
animal, quand vous rencontrez quelque chose qui est dangereux pour le
maintien de votre structure, de votre bien-être, de votre équilibre
biologique, vous fuyez ou vous luttez. Quand l'homme ne peut pas fuir -
soit qu'il est acculé par l'agresseur ou quand on a mis dans son crâne
depuis sa naissance, pour la défense du groupe social, pour certaines
valeurs qui sont celles du groupe social, pour être conforme à ce que
l’on lui a appris -, il devient agressif.
La seule agressivité, c'est celle de compétition, c'est-à-dire entre
les individus, les groupes sociaux, les états, les groupes d'états.
Parce que l'un veut être plus grand que l'autre, plus fort. Surtout par
compétition marchande, parce qu'il faut écouler des produits. Regardez
"l'entreprise"... on allume la radio, la TV et on n'entend que
"l'entreprise"... moi, je veux bien... faire des marchandises... mais
on a autre chose à faire sur la planète. L'agressivité est un
apprentissage social pour respecter les valeurs qui maintiennent une
structure hiérarchique.
· Si l’homme occidental veut échapper à cette violence sociale, en
a-t-il les moyens ?
Ce n'est pas à moi de vous dire comment il peut le faire. Moi, je
constate comment fonctionne un cerveau d'homme en situation sociale. Je
vois comment cela s'est établi depuis le début du néolithique, et... je
ne serai pas là pour voir comment cela va se terminer. De toute façon,
cela ne va pas continuer longtemps comme cela. Il faudra trouver un
autre type de comportement... place à l'innovation. Tant qu'il y aura
une compétition marchande, je ne vois pas très bien comment on peut
s'en tirer.
· Pour vous, ce sont vraiment les valeurs marchandes qui amènent la
violence ?
Oui... cette valeur marchande, elle est basée... ne serait-ce que sur
la publicité... On vous explique comment être heureux. Si vous n'avez
pas le dernier moulin à café, vous ne pouvez pas être heureux. Alors,
si vous n'avez pas le statut social qui vous permet d'acheter le
dernier moulin à café, vous le volez. C'est de la délinquance... ce
n'est pas le crime de sang... mais la loi parle des "crimes contre les
biens et les personnes''... on est criminel dans les deux cas.
· Revenons à vos travaux. Y a-t-il une évolution
du public dans la connaissance des mécanismes...
Je n'en vois pas... Si, quelques personnes ont lu mes livres... je
reçois tous les jours des lettres de gens, simples d'ailleurs, tenez...
il y a des prisonniers qui lisent mes livres... ce gars-là... je prends
cet exemple parce que j'ai passé la journée à répondre. Il y a deux
ans, un prisonnier m'a écrit pour que je lui envoie un bouquin et j'ai
reçu trois jours après le paquet que je lui avais envoyé avec dessus le
tampon du vaguemestre : interdit. Bon. Tant pis. Et puis il y en a eu
un autre qui m'a écrit pour me demander l’Eloge de la fuite. Je lui ai
envoyé et il m'est revenu avec, encore, le tampon du vaguemestre. Alors
comme je connais Badinter qui était alors Garde des Sceaux, je lui
téléphone... je lui explique le cas que c'était la deuxième fois qu'on
me renvoyait le paquet. "Vous faites bien de me le dire... je viens de
permettre la lecture de toute littérature, quelle qu'elle soit... j'ai
donné des ordres, mais voyez comme c'est difficile de se faire
entendre."
La démocratie, c'est une dictature. La dictature de 51% d'individus sur
49% d'autres. Je ne pense pas que le public évolue. Il reste enfermé
dans ses apprentissages. C'est très difficile de se débarrasser de ses
apprentissages quand on n'a pas eu la chance d'avoir mon métier, qui
permet de remettre tout en question, depuis la molécule jusqu'aux
relations sociales... Alors je donne des aperçus très schématiques dans
des livres... ces livres ne sont jamais des best-sellers... des Prix
Goncourt... finalement, ils touchent relativement peu de gens.
· Certaines personnes pensent que la violence peut
être déclenchée par la peur. Qu'en pensez-vous ?
La peur n'est pas l'anxiété.
· Comment définissez-vous la peur ?
La peur est ce qui aboutit à la lutte, ou à la fuite. La peur c'est
l'action d'un événement qui se produit et que l'expérience vous a
permis de juger comme dangereux. Pour laquelle vous savez qu'il n'y a
que deux positions possibles, fuir ou lutter. Si vous fuyez, vous
n'êtes pas agressif, mais vous n'êtes pas viril. Notre socio-culture ne
comprend pas. Il faut être courageux, même si vous y laissez votre
peau. Evidemment, c'est la société, le groupe social qui en profite. La
peur débouche sur une agressivité défensive. Ce que vous avez appris,
c'est que l'événement qui se produit est dangereux. Il débouche donc
sur la peur. Alors là, vous pouvez devenir agressif.
· On peut considérer la peur comme un instinct devant l'inconnu ?
Non. Un enfant qui vient de naître n'a pas peur parce qu'il n'a pas
d'expérience... il n'a encore rien appris... il n'a pas programmé ses
neurones... Mais ce n'est pas cela qui fait l'agressivité la plus
courante : c'est l’inhibition de l'action. Quand vous avez une pulsion
à agir, une envie fondamentale, boire, manger, copuler... si elle se
trouve interdite dans la forme où vous voulez l'exprimer à un moment
donné, interdite par la socio-culture, si les conditions qui vous sont
imposées ne vous plaisent pas alors vous êtes malheureux et vous pouvez
devenir agressif. Lorsque l'inhibition de l'action vient du fait que
vous êtes en déficit informationnel, c'est-à-dire que vous ne savez
pas, que vous n'avez pas l’expérience, ou encore que vous avez trop
d'informations, vous ne pouvez pas agir, parce que vous ne savez pas si
ce que vous allez faire pourra être utile ou nocif. Il y a d'autres
mécanismes aussi liés à l'information, à trop d'informations que vous
ne classez pas par niveaux d'organisation.
· Faites-vous une différence entre la peur et l'anxiété ?
La peur, c'est quand un événement survient dont vous avez l'expérience.
L'anxiété, c'est l'inhibition de l'action : c'est quand vous ne pouvez
pas agir. Il y a des moments où il y a un "ras le bol". D'ailleurs, en
général, l'inhibition n'est pas rentable. Il y a une agressivité
autorisée : c'est le suicide, parce que tout le monde s'en fout. Un
homme de plus ou de moins sur la terre... Alors vous pouvez tourner
votre agressivité vers vous-même... c'est la dernière parole que vous
prononcez à l'environnement social en lui disant "merde"... bon... en
dehors de ça, vous n'avez pas tellement de moyens... vous avez la fuite
dans l'imaginaire, la créativité et puis la psychose.
· Pensez-vous que les procédés chimiques soient
l'unique solution pour juguler cette anxiété ?
Non. Je ne pense pas. Personnellement, je ne pense pas que l'avenir de
l'homme passe par la pharmacologie. Evidemment, j'ai fait des drogues
parce que j'étais dans un monde marchand. Mais ce qui me fait plaisir,
c'est d'essayer de me comprendre et de comprendre les autres.
· Les sociologues qui se réfèrent à la biologie
sont assez rares...
Il y a quelques sociologues qui commencent à se dire "tiens, tiens,
tiens...". Etant dans un monde de boutiquiers, je me suis dit en 1958
la
seule façon de faire ce que je veux, c'est d'avoir mon autonomie
économique. S'ils veulent des pilules pour les vendre, on va leur
trouver des pilules... qu'ils nous versent des royalties et dix-sept
personnes travaillent sans avoir de « merci » à dire à personne. Il y a
eu des moments difficiles... mais maintenant, momentanément, on a
l'appareillage qu'on veut.
Voyez, c'est une façon de ne pas devenir agressif. Mais je ne pense pas
que la pharmacologie (nous, ça nous aide non pas seulement pour les
royalties, mais parce que quand vous avez imaginé un mécanisme, on
n'est jamais très sûr que la construction soit la bonne. Alors si
j'imagine une molécule qui a une forme spatiale qui doit agir au niveau
des membranes et qu'elle agit effectivement comme ça, cela montre que
le mécanisme mis en évidence était vrai. Pour nous, c'est un outil...
et en plus, si elle ne fonctionne pas comme on l'attend, cela nous
amène sur d'autres voies... pourquoi? etc. C'est en cela que la
pharmacologie est intéressante.
Pendant des années on m'a dit : « vous êtes à l'origine des
psychotropes, de la chlorpromazine, et puis d'autres après... vous
devez vous sentir une certaine responsabilité... » J'ai répondu: je ne
m'en sens pas du tout de responsabilité...! 95% des américains prennent
des psychotropes. S'ils n'en prenaient pas, vous n'auriez pas
suffisamment de prisons pour vos délinquants, de cimetières pour vos
suicidés, et de maisons pour vos fous. Et puis je me suis dit, les
années passant, que s'il n'y avait pas eu les psychotropes, il y aurait
peut être eu des révolutions et que quelque chose aurait pu changer. Le
gars qui fait des roulements à billes et qui est déprimé, on lui
prescrit un peu de Valium et il recommence à faire ses roulements à
billes... rien n'est changé, et la société se continue... évolue vers «
le meilleur des mondes » d'Aldous Huxley.
· Je vais vous poser des questions plus
personnelles. Vos travaux de biologiste des comportements vous
ganisation donc, la structure globale d'un individu est ce que
j'appelle l’information-structure.
Je distingue l'information que j'ai appelée circulante, et qui fait que
chaque niveau d'organisation dépend du niveau qui l'englobe et informe
le niveau qui est au-dessous de lui. Alors ce sont les hormones, les
messagères chimiques qui portent l'information à un tissu, à un organe,
qui vont trouver des récepteurs sur des cellules qui ont une forme
spatiale adaptée à la leur, ce qui fait que toute hormone n'agira pas
sur tous les tissus mais sur un certain tissu ayant les récepteurs
capables d'intercepter le message.
L'information circulante se rapproche de l'information telle que nous
la connaissons : quand nous envoyons un télégramme de Paris à
Marseille, nous mettons des lettres les unes à côté des autres, ces
lettres forment des mots, les mots des phrases. Cela, c'est la matière.
Transmettre ce message, c'est utiliser l'énergie électrique, celle du
facteur, l'énergie optique... Ce message signifiant est porteur d'une
sémantique, c'est-à-dire que si je mets ces lettres au hasard,
j'utiliserai la même énergie pour transmettre, il y aura la masse, mais
il ne voudra rien dire.
Il faut transmettre ce message avec un certain code, le mettre en
forme. Il faut qu'à la réception, il y ait quelqu'un qui utilise ce
même code, de façon à "l'informer". Un message n'a de valeur que si
j'ai un modèle dans mes neurones, un modèle de n'importe quoi, par
exemple de ma tante qui arrivera au train de 8 h 28. C'est un modèle
que j'ai dans mon crâne : la tante, le train, l'heure... je l'envoie à
mon correspondant qui devra chercher ma tante Suzanne, et il faut qu'il
parle la même langue. Si je parle en chinois, il ne comprendra pas.
J'agis donc sur, grâce à un message, à une information circulante, qui
est toujours une mise en forme.
· Parmi les niveaux d'organisation dont vous parlez, en voyez-vous un
ou plusieurs qui dépassent l’homme ?
Je n'en vois pas un. Il y en a sans doute, mais je ne suis pas
mystique, je le regrette d'ailleurs. Nous savons que nous vivons dans
un espace qui est fou, il y a n espaces, le temps n'existe pas non
plus. Nous savons que la matière, c'est de l'énergie... l'énergie,
qu'est-ce que c'est ? on n'en sait rien ! quelque chose qui se
concrétise sous forme d'atomes, de particules... alors ces niveaux
d'organisation commencent à la physique quantique... puis par niveaux
d'organisation dans le biologique. Il y a une organisation sociale...
spirituelle.
· Y a-t-il un niveau d'organisation qui soit celui de l'Esprit ?
Esprit, je ne veux pas prononcer ce mot-là.
· Et au-delà de l'homme, des sociétés humaines - cela intéresse la
revue Itinérances - y a-t-il quelque chose à votre avis ?
Je n'en sais rien... Il y a peut-être une conscience universelle...
c'est pas mon boulot. Je n'y participe pas, tout comme ma cellule
hépatique ne participe pas
à mon discours... Que les mystiques rencontrent l'Absolu moi je veux
bien... mais il faut vraiment qu'ils le rencontrent sans
représentation... plus d'images... rien... Ce qui m'ennuie, c'est que
le mystique, c'est encore un corps humain, et qu'il faut qu'il se
nourrisse, ce corps humain fait de matière, d'énergie,
information-structure, information circulante. L'approche scientifique
ne peut pas nier ce qu'elle ne connaît pas.
A chaque fois que les sociétés se sont trouvées en état de souffrance,
elles se sont jetées sur les mythes, les religions, les morales
étatiques. Le besoin qu'ont actuellement les gens qui sont complètement
paumés, qui n'ont pas la connaissance de niveaux d'organisation qui
leur éviteraient pas mal d'erreurs... ils sont dans une bouillie
épouvantable, moralo-psychologico-politico-économico. Alors, ils
s'orientent vers la psychanalyse, Katmandou, les doctrines hindoues...
ils tombent dans le spiritualisme... Mais c'est de la tripe banale, la
plus triviale... qui essaie de ne pas avoir de coliques et trouver un
fonctionnement correct... ce type de spiritualité ne m'intéresse pas du
tout... Elle est plus intéressante chez les grands physiciens actuels,
qui se rendent compte qu'ils arrivent au bout de la matière et qui se
disent qu'il y a autre chose... mais ils ne vont pas plus loin, eux non
plus... ils disent qu'il y a autre chose.
· Il y a quand même des gens qui sont bien dans
leur peau et qui sont plutôt mystiques, non?
Je ne sais pas s'ils sont tellement bien dans leur peau... les vrais
mystiques, ils s'isolent dans le désert. Sinon, il faut beaucoup
composer... et le mysticisme en prend un grand coup!
· Vous pensez qu'un mystique ne peut vivre qu'en dehors de la société?
Je ne pense rien... absolument rien.
· Je vous sors un peu de votre spécialité, là.,.
Ma spécialité, c'est tout ! J'aime comprendre et comprendre les autres.
Mais avec ce que je sais, je ne peux pas répondre... c'est tout !
· Quelle est votre position face à la mort ?
Cela ne me plairait pas, tant que mes tripes dont je parlais tout à
l'heure fonctionnent à peu près correctement... tant que ma libido est
satisfaite... mais la mort, pour moi, n'existe pas parce que ce qui va
mourir, ce sont les autres que j'ai engrammé dans mon système nerveux,
dans un point unique de l'espace-temps, parce que je suis unique, comme
vous, vous êtes unique aussi. J'ai vraiment le sentiment que nous
sommes sur des rails.., et que ce qui meurt avec nous c'est un codage,
le codage de nos neurones qui s'est fait de la façon dont notre
environnement a bien voulu qu'ils soient codés.
Alors peut-être y a-t-il quelque chose qui reste... ce qui est sorti de
notre imaginaire... j'ai l'habitude de dire que le type qui a trouvé la
noria pour faire monter l'eau... personne ne le connaît, il n'était pas
à l'Académie française... mais on utilise encore la noria et ce type-là
est encore parmi nous. Par ce qu'il a trouvé, créé! Maintenant, à
l'inverse et à l'absurde, un enfant mort-né est aussi immortel, parce
qu'il a transformé ses parents, qui eux-mêmes ont transformé leur
environnement etc., donc, tout événement laisse une trace.
· Tout agit sur tout, quoi !
Oui. Seulement je ne vois pas où se situe la mort. Si, moi, je sais que
je vais mourir, mais je ne pense pas que cela sera intéressant.
· Vous pensez que c'est votre corps qui va mourir,
mais pensez-vous qu'il y a quelque chose d'autre ?
Alors ça, je n'en sais rien ! Je ne vois pas pourquoi il resterait
quelque chose qui ne soit pas lié à mes molécules ! Possible, mais je
n'en sais rien... Est-ce que c'est indispensable ? Est-ce que je ne
peux vivre ou mourir que si je crois que je vais être éternel ? Eternel
en quoi ? L'éternité n'aura sans doute rien à voir avec ce que je suis
! Alors puisque je ne connais pas, j'attends, je verrais bien.
· Vous pensez qu'il y a une énergie vitale ?
Non. Il y a de l'A.T.P. oui, il y a la consommation d'une énergie
solaire par des organismes vivants, des plantes vertes.
· Mettons la vie de côté. Y a-t-il une énergie au
départ de tout ?
Oui, et alors, l'énergie n'est pas matière ! Elle se matérialise, et
quand cette matière disparaît.
· Quand votre matière, votre corps, disparaîtra, il y aura toujours
cette énergie...
Elle va être tellement divisée... entre les électrons, les molécules,
qu'est-ce qui va en rester ? Bien sûr, j'appartiens à l'énergie
cosmique, l'ensemble cosmique... Quand on voit ce qui peut se dégager
comme énergie d'une étoile naine... Quand je serais crevé, qu'est-ce
que peut faire mon énergie ? Elle n’est intéressante, justement, que
parce qu'elle est organisée... si elle se désorganise, elle va
retourner à l'énergie cosmique, une parcelle de l'énergie cosmique...
alors! Ça c'est du raisonnement logique, d'ailleurs!
· Les religions ont appelé cette énergie Dieu,
Allah...
Parce que l'homme a toujours été anxieux de se trouver plongé dans un
monde auquel il ne comprenait rien, et que c'était une fuite... une
façon de tourner la question... je ne suis pas croyant.
· Imaginons que vous soyez angoissé...
Nous sommes tous angoissés par la mort ! L'angoisse existentielle nous
permet de créer, d'ailleurs. C'est le stimulus créateur, parce que les
autres stimulus compétitifs vous amènent à vous élever dans l'échelle
hiérarchique, P.D.G. ou Premier ministre, en dehors de cela ils ne sont
pas très créateurs.
· Quelle est la part, dans l'homme, du corps, du psychisme, du sacré ?
Tout ça des mots ! Je ne peux plus vivre avec des mots ! Les mots ne
signifient plus rien pour moi... j'essaie de faire comprendre...
justement, vous parliez d'énergie... oui, cette énergie qui se
décompose en matière... il y a des tas de choses qu'on connaît, alors
comment voulez-vous que maintenant je vous parle d'Esprit, de Sacré.
· Mais vous parlez beaucoup de créativité, d'imaginaire...
Ce ne sont pas des mots, pour moi, ce sont des mécanismes ! Je sais
comment fonctionne mon imaginaire, sinon je ne trouverais pas ! C'est
un mécanisme que je peux même influencer avec quelques microgrammes des
molécules que nous avons trouvées ! c'est un mécanisme précis. La
mémoire n'est pas un mot, l'imaginaire n'est pas un mot, l'affectivité,
les pulsions,l'amour, le bonheur ne sont pas des mots, mais des
mécanismes ! Vous continuez à me parler avec des mots ! Tant que vous
n'aurez pas fait l'effort de comprendre ces mécanismes, on ne peut pas
s'entendre !
Vous êtes à un autre niveau d'organisation, et vous vous contentez de
faire 'bla-bla-bla"... alors, avec ça on crée des mondes. C'est
agréable, d'ailleurs! Cela évite de faire un ulcère d'estomac : on est
marxiste, ou psychanalyste, on résout tous les problèmes, de
plus-value, de lutte des classes, ou le complexe d'Œdipc, ou de
castration, on est chrétien orthodoxe et on croit qu'il y a la Vierge
Marie et le petit Jésus.
Alors si ça évite à mes contemporains d'avoir des maladies
infectieuses, si ça leur permet de vivre et d'agir, d'accord ! On ne
peut pas dire quand même que cela nous ait mené à un monde parfaitement
cohérent... tous ces mythes, ces religions, ces spiritualités.
Aimez-vous les uns les autres en commençant par vous-même... c'était
pas bête de dire "en commençant par vous-même". Qu'est-ce que ça a
donné ? Rien ! Rien ! des mots... avec ça, on tue, on génocide, on
inquisitionne.
· Alors, qu 'est ce qui vous semble important ?
La rose...
· Vous ne vous en tirerez pas avec une pirouette !
Ce qui me semble important, c'est moi. Ce qui vous semble important,
c'est vous ! Et si vous me disiez "mes enfants, mon mari, ma famille",
je n'y croirais pas ! Ce qui est important pour moi, c'est moi, me
connaître... comprendre... je suis un homme, cela m'amène à comprendre
comment fonctionnent les autres. Pas trop leur faire de mal, parce
qu'ils sont plus nombreux que moi et ils ne me louperaient pas... mais
à refuser qu'ils m'imposent quoi que ce soit et qu'ils me tuent trop
précocement, quoi !
Alors, ou bien vous foutez le camp dans une île du Pacifique Sud où
vous vivez à poil, avec une avec une nana agréable à contempler, en
vous baignant dans le lagon... mais dans ce cas, je ne répondrais pas à
mon plaisir qui est de me comprendre... il me faut un appareillage
complexe... il me faut des amis qui travaillent eux-mêmes à se
comprendre du point de vue chimique, neurophysiologique etc. Pour moi,
ce qui est important, c'est connaître, parce que quand on ne connaît
pas, on fait bla bla bla. Il faut se faire un monde imaginaire. Nous
vivons dans un monde de petits boutiquiers, de marchands, de recherche
de dominance.
Alors, surtout, ne pas suivre les carottes qui vous sont tendues... les
décorations... les récompenses. A partir de ce moment-là, on n'a de
merci à dire à personne ! On m'a collé la Légion d'Honneur, mais je ne
l'ai pas demandée, hein! J'ai refusé les autres décorations après...
elles ne m'intéressent pas. L'important, c'est d'être en dehors de tout
cela, du monde, et de ce qui intéresse les autres... tout ce pour quoi
ils sont méchants et agressifs ! Je n'ai pas besoin de grand-chose...
ma retraite d'officier de marine. J'ai un bateau entretenu par la
Marine, aux moindres frais, sinon je ne pourrais pas me le payer ! Je
n'ai pas besoin d'objets... je n'ai pas besoin de grand-chose pour
vivre. J'ai besoin de papier, de crayons, de livres, et j'ai besoin de
remettre en question toutes les affirmations que ma socio-culture
essaie de m'imposer.
Mais j'aime mieux trouver qu'enseigner... on me dit souvent « Monsieur
le Professeur » ! J'ai répondu à un Grand Echiquier de Jacques Chancel,
il y a quelques années, "appelez-moi Docteur". Je préfère trouver ce
que les autres enseignent plutôt qu'enseigner ce que les autres
trouvent. Professeur... Alain Resnais aussi, dans son film, a voulu
m'appeler Professeur... Etre professeur, c'est enseigner. A ce
moment-là, on ne peut rien trouver ! Puisqu'on ne peut pas enseigner
l'erreur, on enseigne la Vérité ! Alors, la Vérité, puisque vous
l'avez, comment voulez-vous trouver autre chose.
· Vous vous définissez comme chercheur ?
Comme dilettante... chercheur, oui, comme tout homme devrait être
essentiellement chercheur de lui-même. C'est le rôle fondamental d'un
individu humain. Et puis ça comble tellement... ça apporte tellement de
joie que finalement, le reste.
· Vous dites quand même que les relations humaines ont beaucoup
d'importance pour vous... Vos amis, votre
environnement dans lequel vous vous sentez bien, ça compte pour vous,
non ? Votre relation avec les autres...
Ce n'est pas l'aspect positif qui compte mais l'aspect négatif.
C'est-à-dire que j'apprécie quand je n'ai pas à m'engueuler avec eux,
ni à émettre une opinion contraire à la leur parce que ce qu'il me
disent ne me convient pas, et ils n'ont pas à émettre une opinion
contraire à la mienne, parce que mon opinion ne leur convient pas.
C'est en cela que les relations humaines que j'aie eues, les plus
riches que j'aie jamais eues, restent celles par le livre... Des
quantités d'individus ont écrit des livres qui m'ont énormément
apporté... et je ne les ai jamais vus.
La relation humaine ne passe pas simplement par le serrement de
mains... elle se fait aussi dans un bouquin. J'ai eu des amis
d'enfance, parce que justement chez les amis d'enfance, la concurrence
n'existe pas... puis elle ne s'est pas établie par la suite... alors
j'en ai quatre, que je vois toujours d'ailleurs... et après, j'ai
trouvé uniquement des concurrents, je n'ai pas trouvé d'amis. Il
fallait que je sois le premier au concours, ou sinon c'étaient eux qui
me tenaient la tête sous l'eau... comme au water-polo. Dès que vous
rencontrez un homme c'est toujours pour vous exploiter... et vous n'y
pouvez rien ! J'ai été confiant pendant des années, surtout dans le
milieu maritime... c'était assez limité... Tout le monde était payé à
la fin du mois de la même façon... dès que je suis rentré dans cette
vie civile, j'ai trouvé des compétitions pour la dominance... alors si
vous ne voulez pas être domine, fauché, il faut être à part.
Ici nous sommes dans un cadre hospitalier, bien sûr, on paie notre
loyer, électricité, chauffage, tout, je suis locataire, nous avons une
association de 1901, comme l'Institut Pasteur d'ailleurs! Nous vivons
par nos propres moyens, si bien que j'exploite le goût du bien de la
société pour me faire plaisir et faire plaisir aux gens avec lesquels
je travaille, alors ça demande un peu d'imagination, bien sûr, mais
cela permet d'avoir son autonomie économique. Et dans ce monde de
marchands, c'est la seule façon qui vous permette d'avoir la seule
liberté possible à l'homme, c'est-à-dire l'imaginaire.
· Vous êtes un peu marginal ?
Pas qu'un peu... je m'en flatte d'ailleurs.
· On sent très bien que vous ne voulez pas entrer
dans cette société, cette socio-culture dont vous parlez...
Je l'exploite, je n'ai aucune crainte de le dire. Elle vous fait
crever, alors je préfère mourir le plus tard possible... je m'arrêterai
de travailler quand les gens avec lesquels je travaille - je n'ai
jamais dit "mes collaborateurs !" - me diront : "Ecoutez, j'ai
l'impression que vous devriez prendre des vacances, vous devriez vous
reposer à la campagne.'' Je comprendrai... je dirais bon, je commence
une petite maladie d'Alzeimer ou une sclérose cérébrale. Jusque-là je
crée... ça m'amuse.
· Maintenant, travailler, c'est votre plaisir ?
Cela fait bien longtemps que c'est mon plaisir sans cela je ne ferais
vraiment aucun effort, au contraire, je ferais plutôt un effort pour me
retenir de travailler! Alors, voilà! Ce que je crois important, pour
moi, c'est moi.
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