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Sommaire du
bloc-notes n°1 - année 2017
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1 - Appel international urgent pour stopper la montée de la violence au Venezuela
2 - Vous avez dit : "Cabinet noir"? par Ernest Delamont
3 - "Ethique et Politique", par Aristote
4 - Présidentielles 2017 : «Le roi est déjà mort, vive le roi?»
5 - Lettre à ceux qui feront vaincre la gauche, ou mort aux vaincus ?
6 - La xénophobie et l’angoisse du politique par Jacky Dahomay
7 - Pierre Mendès France et les institutions de la V° République par Serge Berstein
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Appel international urgent
pour stopper
la montée de la violence au Venezuela

Regarder le Venezuela au-delà de la polarisation |
Envoyer vos signatures à : comiteporlapazenvenezuela(at)gmail.com
En tant qu'universitaires, intellectuels ou militants de la société
civile, nous souhaitons exprimer notre profonde préoccupation face à la
situation incontrôlée de violence politique et sociale au Venezuela qui
a déjà entraîné plus de cinquante morts, des centaines de blessés et de
détenus renvoyés devant des tribunaux militaires.
Nous sommes conscients que la situation de violence dans laquelle le
Venezuela est plongé aujourd'hui a des origines nombreuses et
complexes, dans un contexte de polarisation politique de plus en plus
virulente et de désintégration du tissu social. Le conflit vénézuélien
a ainsi différences faces.
D'une côté, il y a un gouvernement de plus en plus délégitimé, prenant
un fort caractère autoritaire. Cette dynamique puise sa source dans le
refus de l'exécutif de reconnaître les autres branches du pouvoir
d'Etat, comme l'assemblée législative où l'opposition dispose
aujourd'hui de la majorité après son triomphe lors des élections de
décembre 2015. Cette tendance a été puissamment renforcée par le
blocage puis le report du référendum révocatoire – un outil de
démocratisation introduit par la Constitution approuvée sous Hugo
Chávez – puis avec le report des élections régionales l'année dernière,
jusqu'à l'échec de l'auto-coup d'Etat tenté par l'exécutif en avril.
Plus récemment s'est ajouté l'appel à une Assemblée constituante,
prononcé de manière clairement anticonstitutionnelle, qui, loin de
résoudre la crise, l'alimente et l'intensifie. Cette initiative peut
être perçue comme une tentative de consolidation d'un régime
totalitaire dans le contexte d'une énorme crise sociale et économique
(manque de nourriture et de médicaments, entre autres).
Cela étant dit, nous ne croyons pas, comme l'affirment certains
secteurs de la gauche latino-américaine, qu'il s'agit aujourd'hui de
défendre un « gouvernement anti-impérialiste et populaire ». Ce soutien
inconditionnel provenant de certains activistes et intellectuels relève
non seulement d'un aveuglement idéologique néfaste, mais il contribue
malheureusement à la consolidation d'un régime autoritaire. Notre
soutien au changement social et politique, y compris à la critique du
capitalisme, ne peut pas être étendu à des projets antidémocratiques
qui peuvent finir par justifier une intervention externe « au nom de la
démocratie ». De notre point de vue, le refus de toute ingérence
étrangère doit se fonder sur plus de démocratie, pas plus
d'autoritarisme.
D'un autre côté, en tant qu'intellectuels de gauche, nous sommes
également conscients de la géopolitique régionale et mondiale. Il est
clair qu'il existe des secteurs extrémistes dans l'opposition (qui est
très large et hétérogène) qui recherchent également une issue violente.
Pour eux, il s'agit d'exterminer, une fois pour toutes, l'imaginaire
populaire associé à des idées si « dangereuses » telles que
l'organisation populaire, la démocratie participative et la
transformation profonde de la société en faveur des secteurs sociaux
subalternes. Ces groupes d'extrême-droite ont pu compter, au moins
depuis le coup d'état de 2002, sur le soutien politique et financier du
département d'Etat américain.
En tant que citoyens d'Amérique latine et d'autres régions du monde,
nous exprimons un double engagement. D'une part, un engagement envers
la démocratie, c'est-à-dire une démocratie participative, qui implique
des élections périodiques, des citoyens mobilisés dans les rues et
l'élargissement des arènes publiques permettant des prises de décision
collective et communautaire. Cela signifie aussi une démocratie
égalitaire, qui implique l'extension des droits pour conduire à une
société plus juste. D'autre part, nous exprimons notre engagement
envers les droits de l'homme, ce qui signifie des normes minimales
fondamentales et non négociables de respect mutuel, qui excluent
l'utilisation de la torture, le meurtre d'opposants et la résolution
des conflits par la violence.
En ce sens, nous pensons que le principal responsable de la situation
au Venezuela – en tant que garant des droits fondamentaux – est l'Etat
qui se trouve entre les mains des autorités gouvernementales actuelles.
Mais, comme nous l'avons déjà dit, nous croyons qu'il est fondamental
de se placer au-dessus de cette polarisation et qu'il faut chercher de
nouvelles voies pour le dialogue politique et social afin d'ouvrir un
espace aux secteurs qui aujourd'hui souhaitent sortir du statu
quocatastrophique et qui se situent au-dessus de toute option violente.
Nous réaffirmons notre solidarité avec le récent appel à un dialogue
démocratique et pluriel – qui doit inclure des voix diverses et non pas
seulement celles des secteurs polarisés du gouvernement et de
l'opposition – qui a été lancé par différents secteurs de la société
vénézuélienne, parmi lesquels des dirigeants politiques, des
universitaires, des militants de la société civile, des organisations
sociales et politiques de portée nationale, d'anciens ministres sous
Hugo Chavez, d'anciens dirigeants de l'opposition, des défenseurs des
droits de l'homme et des militants politiques, syndicaux et
communautaires (voir https://www.aporrea.org/actualidad/n308976.html).
Nous appelons à la formation urgente d'un Comité international pour la
paix au Venezuela afin de de mettre fin à la montée de la violence
institutionnelle et de la violence de rue. Nous sommes persuadés qu'un
autre dialogue est possible au Venezuela au-delà de la polarisation et
de la violence.
La résolution d'une crise politique est toujours
longue et complexe, mais elle exige toujours plus de démocratie, jamais
moins. Et ce résultat ne pourra être atteint que par le respect des
droits humains et l'autodétermination du peuple vénézuélien.
- Source en espagnol de la conférence de presse : Aporrea.org

- Caracas - Conférence de presse - photo du 25 mai 2017
Vidéos avec Oly Millan, Edgardo Lander et Enrique Ochoa Antish
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- Vous avez dit : "Cabinet noir"?
"A la table des philosophes" avec Voltaire le doigt levé et Diderot représentés.
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Parfois, un mot,
ou un groupe de mots ouvre à des références importantes. Par hasard,
j’ai trouvé un texte relativement synthétique, mais résumant bien les
belles heures de l’espionnage, tel est le mot à user concernant les
sujets du Royaume et repris de plus belle sous Napoléon Bonaparte et sa
république césarienne, avec son officiant et ministre de l’intérieur
Fouché, l’homme le plus riche de France en 1814!
Avec l’article que vous pouvez lire après cette note, nous sommes juste
après la Commune de Paris, un postier, M. Ernest Delamont devenu
historien, retrace et résume avec éclat ce que fut la police politique
de Richelieu à Louis-Philippe. Le terme de Cabinet noir ouvrant à des
sources originales que j’ignorais, et qui me seront utiles pour mes
propres travaux. Il est à souligner que ce travail est un petit bijou
sur le sujet et qu’il serait dommage d’en priver le plus grand nombre.
J’avais remarqué au cours de mes recherches que Mme de Pompadour avait
aidé à placer un de ses proches à "la Poste aux lettres", si joliment
nommée par l’auteur. Et les encyclopédistes avaient un fonctionnaire qui
les suivait en particulier et était rattaché au suivi des censures
livresques, quelques dizaines de mises en fiche parmi une
classification rigoureuse des déviants de toutes sortes, et son lot de
prisonnier politique. Les moyens de surveillance de la population sous
l’ancien régime qui ont pu être déployé représentent une somme
consultable à la Bibliothèque de l’Arsenal, pour les chercheurs
accrédités, sous la mention des registres de la Lieutenance générale de
Police. Puis ce qui deviendra plus tardivement l’administration de la
Sûreté nationale, dont les sources sont disponibles à Paris en d’autres
lieux. Une police qui n’hésita pas à associer d’anciens bagnards aux
enquêtes sensibles, ou de faire de ceux-ci des mouchards au sein des
prisons.
Cette dimension du Cabinet noir en dit long sur les prérogatives
étatiques qui n’ont jamais totalement disparu, les tentations d’en
jouer non plus. Sur le plan politique, il s’agit, ni plus, ni moins que
du travail de renseignement des services affectés à ces tâches plus
ingrates, qu’infâmes, à la fois utile et très ambiguë dans ses objectifs.
C’était un des dossiers dont s’était emparé Michel Rocard et qui lui
tenait à cœur de rendre moins opaque (mai 1988 - juin 1991). Que
François Mitterrand avait volontairement laissé sous le boisseau.
L’ancien locataire de Matignon avait commencé à réglementer notamment
le fichage, mais avait aussi provoqué des réactions critiques sur
l’usage de tels fichiers. Pourtant ils sont en œuvre depuis longtemps,
il semble important d’en comprendre les mécanismes, ou comment ils sont
à l’origine des officines de renseignements.
Les petites paranos du pouvoir, et ce qui peut ressembler à la mission
de s’informer auprès de la population comporte le risque de nombreux
dérapages, et en premier lieu le non-respect des secrets de
l’instruction, ou l’intimité de tout à chacun dévoilée à la presse
caniveau, du viol de la correspondance, etc. Je ne sais où,
possiblement avec les Pieds Nickelés, j’ai lu que le meilleur moyen de
faire remonter une information au Préfet de Police était de mettre un
courrier directement dans les égouts… Les missions de nature
confidentielles sont depuis toujours sous la république du ressort du
ministre des polices et de ses fonctionnaires, pouvant être en rapport
avec des dossiers de la défense nationale. Les arcanes sont loin d’être
évidentes, et du contrôle des parlementaires, un domaine ou des contre
pouvoirs doivent s’exercer pleinement.
Il existe aujourd’hui, des possibilités démultipliées, à l’exemple de
nos données propres sur Internet à des fins commerciales ou autres, et
il ne faut pas négliger les agences de renseignements avec leurs
grandes oreilles, en France et dans le monde, et les agents Français
font de même et sont plutôt connus pour leurs compétences dans ce qui
peut ressembler à un grand panier de crabe. De quoi alimenter la furie
de la galaxie des complots et d’en rire ! Il serait plutôt inquiétant,
qu’un état, qui plus est démocratique, ne connaisse pas à son actif des
collecteurs d’information en interne, comme à l’extérieure de son
territoire. Sans oublier les enjeux industriels. Toutefois, dans les
périodes agitées, chacun place ses pions et pose ses bombinettes.
Il n’est pas sûr qu’avec de tels mots, « Cabinet noir », l’ancien
Premier ministre de Nicolas Sarkozy n’ait pas connu les rouages de la
machine à contrôler les citoyens, du moins les trop gênants, comme
notre troisième et ex. monarque, n’aspirant qu’au retour? Cette
perception de la conjuration au XXI° siècle sent un peu le moisi,
toutefois merci à Monsieur Nobody, je ne pouvais m’attendre à un tel
contributeur.
Notes de Lionel Mesnard le 29 mars 2017.

- LE CABINET NOIR (1)
Par Ernest Delamont (*), in Le Monde Illustré (1871)
C'est au cardinal de Richelieu qu'il
faut, prétend-on, rapporter l'existence du Cabinet noir. Le célèbre
vainqueur de la journée des dupes, pour qui tout moyen était licite
pour arriver à ses fins, entouré d'ennemis comme il l'était, dut sans
aucun scrupule couvrir de sa robe rouge la violation des
correspondances.
« Le cabinet assurément, dit Tallemant des Réaux,
donnait de l'exercice au cardinal, aussi dépensait-il fort en espion »,
non seulement il entretenait à grands frais chez les souverains
étrangers, mais à la cour même, où il faisait surveiller les
courtisans, les hommes de guerre et le roi lui-même. « Le cardinal
avait gagné sa cuisinière; on dit qu'elle avait quatre cent livres de
pension », dit Tallemant en parlant du comte de Tréville, homme de
guerre de ce temps là, qui à l'esprit le plus juste joignait le goût le
plus délicat (2). «Richelieu s'était réservé l'ouverture de toutes les
correspondances intéressant l'Etat, et Louis XIII n'en connaissait que
ce que le cardinal voulait bien lui montrer, aussi à la mort de son
ministre, le roi témoigna-t-il «de la joie de recevoir les paquets lui
même» (3).
Les moyens les plus infâmes ne répugnaient pas à
Richelieu pour en venir à ses fins, et Tallemant raconte que lui et la
reine mère «faisaient venir des gens supposés, qui apportaient des
lettres contre les plus grands de la cour.» Richelieu s'était attaché
un jeune homme d'Alby, nommé Antoine Rossignol, qui, d'après Tallemant
des Réaux, «avait du talent pour déchiffrer les lettres.»
Sous Louis XIV, l'existence du Cabinet noir est
authentiquement constaté, et pas plus les correspondances des ministres
que celles des bourgeois n'étaient respectées : « Je voudrais bien
savoir, mandait, le 17 novembre 1664, Mme de Sévigné à M. de Pomponne,
ministre des affaires étrangères, si mes lettres vous sont rendues
sûrement» - et plus loin, le 19 décembre, «il y aurait à causer sur
tout cela, mais il est impossible par lettre.» La même écrivait, le 18
mars 1671, à sa fille : « ... Mais je veux revenir à mes lettres qu'on
ne vous envoie point, j'en suis au désespoir, Croyez-vous qu'on les
ouvre? Croyez-vous qu'on les garde? Hélas! Je conjure ceux qui prennent
cette peine de considérer le peu de plaisir qu'ils ont à cette lecture
et le chagrin qu'ils nous donnent. Messieurs ayez soin de les faire
cacheter afin qu'elles arrivent tôt ou tard». «Je supplie », écrivait
encore, le 18 novembre de la même année, l'inimitable marquise à Mme de
Grignan : « ceux qui se sont divertis à prendre vos lettres définir ce
jeu jusqu'à ce que vous soyez accouchée. On en veut aussi aux miennes;
j'en suis au désespoir; car vous savez qu'encore que je ne fais pas
grand cas de mes lettres, je veux pourtant que ceux à qui je les écris
les reçoivent: ce n'est jamais pour d'autres, ni pour être perdues que
je les écris». Et l'existence du Cabinet noir était tellement connue ou
appréhendée, que Mme de Sévigné écrivait le 1er janvier 1671, à sa
fille: «On ne peut en dire davantage parla Poste» et le 24 janvier
suivant, à son cousin, le comte de Bussy : « Je ne crois pas qu'il soit
trop sûr d'écrire de certaines choses».
La révocation de l'édit de Nantes donna de
l'occupation aux honorables employés du Cabinet noir (4). L'existence
de cette honteuse institution ne doit pas nous surprendre sous le règne
d'un homme qui, subissant la néfaste influence de la veuve Scarron, de
l'ancienne amie de Ninon de l'Enclos, avait ordonné les « Missions
bottées et les Dragonnades ». Madame de Maintenon, comme dit
l'histoire, ou Mme de Maintenant, comme l'appelait le peuple de Paris,
a pris soin de nous apprendre de qu'elle façon, sous le règne du roi
soleil, on comprenait le respect dû à l'inviolabilité des lettres. Les
princes de Conti, Louis-Armand et Francois-Louis, qui avaient été
exilés pendant la campagne de Hongrie (1685) expédiaient fréquemment
des courriers en France. «Le roi, écrit Mme de Maintenon à son frère,
ayant voulu savoir ce qui les obligeait d'envoyer incessamment des
courriers, on en a fait arrêter un; on a pris toutes les lettres et
l'on en a trouvé plusieurs pleines de ce vice abominable qui règne
présentement, de très grandes impiétés et des sentiments pour le roi,
bien contraires à ce que tout le monde lui doit». On peut juger, par
la manière dont était traitée la correspondante de deux princes du
sang, de quels égards était entourée la correspondance des simples
particuliers.
Dans une lettre, en date du 10 mai 1783, qu'elle
écrivait à Mme de Grignan, Mme de Coulanges, lui parlant du célèbre
médecin Chambon François, né à Grignan (1647-1733) emprisonné à la
Bastille, où il fut, détenu deux ans pour avoir pris la défense d'un
seigneur Napolitain qui y était enfermé, - lui dit: «Moins il est
coupable, plus sa prison sera longue. Cela vous paraîtra un peu
énigme, mais je n'ose en dire davantage de peur d'être à la Bastille.»
Sous Louis XIV, le Cabinet noir n'avait pas encore un service régulier,
ce ne fut que sous la régence qu'il fut régulièrement organisé.
Sous Louis XV, quatre employés secrets de la
lieutenance générale de police étaient affectés au service du Cabinet
noir; «ils triaient, dit Mme du Hausset, les lettres qu'il était
prescrit de décacheter et prenaient l'empreinte du cachet avec une
houle de mercure; ensuite on mettait la lettre, du côté du cachet, sur
un gobelet d'eau chaude qui faisait fondre la cire sans rien gâter; on
l'ouvrait, on en faisait l'entrait et ensuite on la recachetait au
moyen de l'empreinte. Voilà comme j'ai entendu raconter la chose.
L'intendant des postes apportait les extraits au roi le dimanche. On le
voyait entrer et passer comme le ministre pour ce redoutable travail
(5).
Décacheter les lettres n'était rien, lit-on dans
le Petit Moniteur du 18 janvier 1870, le difficile était de les
remettre dans leur état primitif. Le pain à cacheter n'offrait aucune
difficulté, il cédait à l'action de la vapeur d'eau qui ramollissait,
et la lettre pouvait être re-cachetée avec le même pain, insuffisant
protecteur des secrets. Mais les lettres cachetées à la cire offraient
plus d'obstacles; on commençait par prendre l'empreinte du cachet, par
fabriquer un cachet avec l'empreinte. On possédait des cires de tous
pays et de toutes couleurs; et quand la lettre, une fois lue, était
remise à son état naturel, il était impossible de voir qu'elle avait,
subi un acte de violence».
Les mémoires de Mme du Hausset nous apprennent
«qu'il y avait deux personnes, le lieutenant de police et l'intendant
des postes qui avaient grande part à la confiance de Mme de Pompadour;
mais ce dernier était devenu moins nécessaire, parce que le roi avait
fait communiquer à M. de Choiseul le secret de la poste, c'est-à-dire,
l'extrait des lettres qu'on ouvrait. J'ai entendu dire que M. de
Choiseul en abusait et racontait à ses amis les histoires plaisantes,
les intrigues amoureuses que contenaient souvent les lettres qu'on
décachetait» (6). Dans un moment où Mme de Pompadour craignait d'être
supplantée par une rivale, Jeannette (probablement Jeannel), intendant
des postes, lui rendit, ainsi qu'elle le dit elle-même, «de grands
services, en montrant au roi les extraits de la poste sur le bruit que
faisait la faveur de Mme de Coislin » (7).
« Lors de l'exil des Parlements par le chancelier
Maupeou (janvier 1771), le scandale des décachètements devint tellement
manifeste, que les négociants de Rouen prirent le parti de ne plus
fermer leurs lettres qu'avec des épingles» (8). « Le docteur Quesnay
(médecin de Mme de Pompadour), plusieurs fois devant moi, dit Mme du
Hausset, s'est mis en fureur sur cet «infâme» ministère, comme il
l'appelait, et à tel point que l'écume lui venait à la bouche: « Je ne
dînerais pas plus volontiers avec l'intendant des postes qu'avec le
bourreau», disait le docteur. Il faut convenir que, dans l'appartement
de la maîtresse du roi, il est étonnant d'entendre de pareils propos ;
et cela a duré vingt ans sans qu'on en ait parlé; « c'était la probité
qui parlait avec vivacité, disait M. de Marigny (frère de Mme de
Pompadour), et non l'humeur ou la malveillance qui s'exhalait » (9).
Louis XVI voulut abolir le Cabinet noir, mais son
entourage, invoquait la raison d'Etat, obtint qu'il le conservât, bien
que le roi ne laissât passer aucune occasion de s'élever contre un tel
abus, qui le révoltait. Non seulement à ce moment-là on ne respectait
pas les correspondances, mais on ne reculait devant aucun moyen pour
attenter à l'honneur et à la position des plus intègres citoyens; on
poussait l'infamie jusqu'à envoyer des lettres et des réponses
supposées. C'est de ce criminel moyen qu'on se servit à l'égard de
l'honnête Turgot. «Les lettres et réponses étaient soigneusement
ouvertes à la poste et portées au roi dans le travail régulier du
secret des lettres, après avoir été mystérieusement communiquées à M.
de Maurepas. La règle était, dit Dupont de Nemours (en note page 390),
que le travail relatif à l'ouverture des lettres ne devait avoir lieu
qu'entre le roi et l'intendant des postes, directeur du secret, et que
nul ministre ne devait être instruit de ce qui se passait. Cette règle
n'a jamais été observée à l'égard du ministre prédominant, car
l'intendant des postes aurait trop tôt perdu sa place» (10).
Instruit par le roi des calomnieuses dénonciations
portées contre lui, Turgot l'en remercia, lui demandant de ne lui
laisser ignorer aucune accusation, promettant de les réfuter avec
loyauté. Le roi lui répondit par écrit avec beaucoup de bienveillance;
mais, pas plus que celles de ses sujets, les correspondances de Louis
XVI n'étaient respectées, de telle sorte que la lettre du roi, donnée à
un valet de chambre qui devait la remettre lui-même, n'arriva à Turgot
que le troisième jour par la poste, après être passée sous les yeux de
M. de Maurepas, dont Marmontel dit dans ses mémoires qu'il « regardait
le pur amour du bien public comme une duperie ou comme une jactance».
Le 3 décembre 1780, l'intendant des postes, le
baron Rigoley d'Ogny, en envoyant au lieutenant général de police
Lenoir le rapport journalier, écrivait : «Je joins ici deux copies de
lettres de la Douay, que «j'ai arrêté»; je vous prie de les lire et de
me mander si vous voulez que je les laissent aller. En ce cas, elles
partiraient demain. Avez-vous rempli votre projet, afin que de mon côté
je fasse arrêter ces lettres s'il y en a» ? (11) L'existence du Cabinet
noir, que tous les cahiers avaient énergiquement flétri, ne doit pas
être tenue pour la moindre des causes de la Révolution de I 789.
L'Assemblée nationale, qui devait proclamer
l'inviolabilité du secret des lettres et édicter des peines sévères
contre ceux qui le violeraient, avait, dès le 20 mars 1789, protesté,
par sa noble conduite, contre les procédés des gouvernements
précédents. Le Cabinet noir existait encore, puisque dans la séance du
14 du même mois, l'abbé Grégoire l'accusait de « supprimer des envois
qui devaient être sacrés, quel qu'en fût le contenu » (12).
Dans la séance du 25 mars, le président de
l'Assemblée, le duc de Liancourt, l'informa qu'il avait reçu de la
Commune un paquet saisi dans la nuit du 22 au 23 sur le baron de
Castelnau, ambassadeur de France à Genève, au moment où il passait le
pont Royal, lequel paquet renfermait «trois lettres ouvertes et une
cachetée à l'adresse de M. le comte d'Artois». Le président ajouta
«qu'il avait respecté l'inviolabilité du secret des lettres, qu'il ne
s'est permis d'en lire aucune, et qu'ayant pris sur lui d'interpréter
les sentiments de l'Assemblée, ne pouvant dans ce moment la consulter,
il a renvoyé en présence de plusieurs de MM. les députés les paquets et
le procès-verbal au comité permanent.» L'Assemblée constituante, par
ses décrets des 10, 14 et 29 août 1790, 10 et 20 juillet 1791, proclama
le grand principe de l'inviolabilité des correspondances, et le code
pénal de 1791 frappa de la dégradation civique les particuliers, et de
deux ans de gène les agents de l'autorité qui auraient violé le secret
des lettres, ceux qui en auraient donné l'ordre, ou qui l'auraient
exécuté; et, voulant entourer de toutes garanties l'inviolabilité due
au secret des correspondances, la Constituante, par la loi du 29 août
1790, prescrivit à tous les employés de la poste de prêter le serment
professionnel.
L'Assemblée nationale donna elle-même à plusieurs
reprises l'exemple du respect dû aux correspondances; citer les divers
faits qui prouvent ce que nous avançons serait fastidieux (Affaires de
la municipalité de Saint-Aubin, de Crosse, etc.). Nous rappellerons
seulement que l'Assemblée fit rendre à leur destination, sans les avoir
lues et après les avoir recachetées, deux lettres décachetées qui, dans
un moment plein de dangers, lors de la fuite de Varennes, avaient été
saisies aux Tuileries.
Pour être impartial, nous devons dire qu'on a
prétendu qu'au moment où la noblesse française émigrée, et qui avait
été déclarée suspecte de conjuration par l'Assemblée législative,
ourdissait des complots contre la République, le Cabinet noir avait été
rétabli dans le but de déjouer ces ténébreuses menées.
Le Directoire, qui avait à combattre des
conspirations sans cesse renaissantes, crut pouvoir le faire par
l'organisation d'une forte police; ce fut en vain, le remède devint
pire que le mal, la corruption pénétra partout; les abus les plus
révoltants se produisaient, la vénalité avait remplacé toute notion du
droit, et le gouvernement qui remplaça les directeurs dut rappeler ses
agents à l'observation des plus élémentaires principes de la justice et
de la liberté. Le 26 vendémiaire an 10 (16 octobre 1801), le ministre
des finances adressait la lettre suivante au commissaire central des
postes:
Le ministre des finances, GAUDIN : «J'ai été
informé, citoyen commissaire, qu'une autorité civile s'était permis de
violer le secret des lettres. Le gouvernement, à qui j'en ai rendu
compte, a fortement improuvé un acte aussi contraire aux principes
qu'il professe, et il a déclaré que quiconque s'en permettrait un
semblable à l'avenir, serait poursuivi suivant toutes les rigueurs des
lois; son intention est que vous défendiez aux directeurs postes de
déférer à aucun ordre qui compromettrait la fidélité du dépôt confié à
leur probité. S'il pouvait arriver qu'on employât la force pour les y
contraindre, vous leur recommanderez de le constater par un procès
verbal qu'ils vous adresseraient sur-le-champ, et que vous
transmettriez aussitôt, Le gouvernement sera inexorable sur un genre
délit qui n'a pu appartenir qu'à des temps dont la situation actuelle
de la République ne permet pas de craindre le retour (13).
A ce moment, la nombreuse police de la France
portait à la sécurité des correspondances des atteintes excessives. «En
prenant (17 décembre 1801) les rênes de l'administration des postes,
nous dit le directeur général La Valette, j'y trouvai établie la
funeste habitude de livrer à la police de tous les coins de la France
les lettres qu'elle réclamait comme suspectes. Je détruisis violemment
cet abus, en cognant de l'administration ceux des directeurs qui
l'avaient commis, et du moins les secrets des citoyens ne furent plus
prostitués à la pire espèce des hommes» (14).
Avec le gouvernement impérial revinrent les beaux
jours du Cabinet noir; et ici nous céderons la plume à un témoin
irrécusable et non suspect, quoique partial, qui va nous initier aux
travaux du Cabinet noir sous Napoléon Ier: c'est sa Majesté elle-même
qui, par l'intermédiaire de son fidèle Las Cases s'exprime comme il
suit :
« Quant au secret des lettres sous le gouvernement
de Napoléon, quoi qu'on en ait dit dans le public, ON EN LISAIT TRÈS
PEU A LA POSTE, assurait l'Empereur; celles qu'on rendait aux
particuliers, ouvertes ou recachetées, n'avaient pas été lues LA
PLUPART DU TEMPS; jamais on n'en eût fini. Ce moyen était employé bien
plus pour prévenir les correspondances dangereuses que pour les
découvrir. Les lettres réellement lues n'en conservaient aucune trace;
les précautions étaient des plus complètes. Il existait, depuis Louis
XIV, disait l'Empereur, un bureau de «police politique» pour découvrir
les relations avec l'étranger.
Depuis ce souverain les mêmes familles en étaient
demeurées en possession, les individus et leurs fonctions étaient
inconnus : c'était un véritable emploi. Leur éducation s'était achevée
à grands frais dans les diverses capitales de l'Europe; ils avaient
leur morale particulière et se prêtaient avec répugnance à l'examen des
lettres de l'intérieur: c'était pourtant eux qui l'exerçaient. DÈS QUE
QUELQU'UN SE TROUVAIT COUCHÉ SUR LA LISTE DE CETTE IMPORTANTE
SURVEILLANCE, SES ARMES, SON CACHET, ÉTAIENT AUSSITÔT GRAVÉS PAR LE
BUREAU; SI BIEN QUE SES LETTRES, APRÈS AVOIR ÉTÉ LUES, PARVENAIENT
NÉANMOINS INTACTES ET SANS AUCUN INDICE DE SOUPCON A LEUR ADRESSE. Ces
circonstances, les graves inconvénients qu'elles pouvaient amener, les
grands résultats qu'elles pouvaient produire, faisaient la principale
importance du directeur général des postes, et commandaient dans sa
personne beaucoup de prudence, de sagesse et de sagacité.
« L'Empereur a donné à ce sujet de grandes
louanges à M. La Valette : il n'était nullement partisan, du reste, de
cette mesure, disait-il; car, quant aux lumières diplomatiques qu'elle
pouvait procurer, il ne pensait pas qu'elles pussent répondre aux
dépenses qu'elles occasionnaient. Ce bureau coûtait 600.000 francs. Et
quant à la surveillance exercée contre les lettres des citoyens, il
croyait qu'elle pouvait causer plus de mal que de bien. «Rarement»,
disait-il, «les conspirations se traitent par cette voie; et quant aux
opinions individuelles obtenues par les correspondances épistolaires,
elles peuvent devenir plus funestes qu'utiles au prince, surtout avec
notre caractère. De qui ne nous plaignons-nous pas avec notre
expansion, et notre mobilité nationales? Tel que j'aurais maltraité à
mon lever, observait-il, écrira dans le jour que je suis un tyran: il
m’aura comblé de louanges la veille, et le lendemain, peut-être, il
sera prêt à donner sa vie pour moi. La violation du secret des lettres
peut donc faire perdre au prince ses meilleurs amis, en lui inspirant à
tort de la méfiance des préventions, d'autant plus que les ennemis
capables d’être dangereux sont toujours assez rusés pour ne pas
s’exposer à ce danger. Il est tel de mes ministres, dont je n’ai jamais
pu surprendre une lettre» (15).
Des lignes que nous venons de reproduire se
passant de tout commentaire. Il est superflu de faire remarquer à nos
lecteurs que c'était le captif de Sainte-Hélène et non le César qui
blâmait « la violation du secret des lettres » et qu'à ce moment,
parlant pour la postérité, il regardait le Cabinet Noir son règne, par
le petit bout de la lunette. L'intégrité de Carnot, ministre de
l'intérieur pendant les Cent Jours, ne pu supporter une telle
institution et « son premier ordre », dit Bourrienne, fut un ordre à La
Valette, redevenu directeur général des Postes, pour que le secret des
lettres fût scrupuleusement respecté».
La seconde Restauration traîna à sa remorque le
Cabinet noir. Ce fut à la suite de l'interception 18ème lettre du
général Wilson, datée du 11 janvier 1816 remise au préfet de police et
donnant des détails sur une évasion de La Valette, qu'un procès fut
intenté à trois anglais, MM. Wilson, Bruce et Hutchinson qui, sans le
connaître, avaient favorisé la fuite de l'ancien directeur général des
postes. « Les accusés protestèrent dit Froment, avec une juste
indignation contre cette violation du secret de la correspondance,
contre cet odieux abus de confiance fait par la police osait faire un
titre à ses poursuites, et tel était alors l'aveuglement de l'esprit de
parti, que parmi les magistrats qui siégeaient, parmi ces magistrats
qui devaient être les vengeurs et les gardiens de la foi Publique, il
ne s'en trouva pas un seul pour lever la voix pour désavouer la
turpitude à laquelle la police prenait la tâche de les associer. On les
vit avec regret donner suite à une accusation fondé sur un moyen qui
était bien plus digne de leur sévérité que l'accusation même à laquelle
il servait de base. » (16)
« Le Cabinet noir était le laboratoire d'un comité
de Vingt-deux membres qui profitaient des ténèbres de la nuit pour se
rendre à des heures convenues dans cet odieux repaire, et n'en
sortaient qu'avec de grandes précautions pour se dérober aux regards du
public. Cinquante mille francs par mois pris sur les fonds d'un
ministère (les Affaires étrangères) à solder ces vils employés…». Ainsi
s’exprimait le rapporteur du comité des pétitions à la tribune de la
Chambre des députés dans la séance du 12 mai 1829. D'après ce
rapporteur, dit Dufey (de l’Yonne) le Cabinet noir avait cessé
d'exister, et le matériel de ce cabinet avait disparu de l'hôtel des
postes. Le budget du ministère des Affaires étrangères publié par la
Revue rétrospective en 1848 portait encore en 1847 plus de 60.000
francs pour pensions aux anciens employés de l'ancien Cabinet noir (17).
Rappelons ici un trait honorable en accord avec la
doctrine de plusieurs cours: Lors du complot de Belfort, le préfet du
Haut-Rhin transmit à M. de Golbert, juge d’instruction, plusieurs
lettres pour qu’elles fussent jointes au dossier, ce que cet honorable
magistrat refusa de faire, d'où conflit; l'affaire fut portée devant le
conseil des ministres, qui approuva la conduite de M. de Golbert.
Sous le règne de Louis-Philippe, le préfet du
Nord, M. de Saint-Aignan, voulut se faire remettre par le directeur des
postes de Lille un libelle écrit au roi et qui avait été déposé à la
poste; le directeur s'y refusa, d’où conflit encore. Le conseil des
ministres saisi de l’affaire déclara, dit M. Pelletan, que le directeur
avait fait son devoir en refusant de livrer ce dépôt confié à sa
probité (18).
« Le gouvernement de Louis-Philippe, dit
Décembre-Alonnier, s'honora en supprimant le Cabinet Noir» (19). De
même que leurs pères de 89, les républicains de 48 protestèrent
dignement contre l'institution du Cabinet noir, en témoignant de leur
respect pour l'inviolabilité des correspondances. A la suite des
troubles du 15 mai, un homme arrêté pour s'être joint à l'insurrection
« du fond de sa prison, dit Eugène Pelletan à la Chambre (séance du 22
février 1867) écrit une lettre, à qui? au roi Jérôme Napoléon». Cette
lettre fut apportée par le directeur de la prison à la commission
exécutive, dont voici le procès-verbal: «Le préfet de police envoie à
la commission une lettre cachetée qu’un prisonnier de Sainte-Pélagie
adresse au citoyen Jérôme Bonaparte, la commission décide que cette
lettre sera envoyée au préfet de police, qui la fera parvenir telle
quelle est au destinataire» (20).
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(*) ERNEST DELAMONT 1830-1881, né
à Prades et mort à Bordeaux. Postier, il a terminé sa carrière comme
commis principal des services ambulants à Bordeaux. Il fut Président du
Syndicat du canal de Bohère. Historien local, il est l’auteur d’au
moins une dizaine d’ouvrages, M. Delamont a entre autres rédigé un livre
sur la Poste aux lettres pendant l’Antiquité et en France (source :
Gallica-Bnf).
Notes du Monde Illustré :
(1) Cette piquante monographie forme un chapitre de la Nouvelle
histoire de la Poste à lettre, que M. Delamont vient de publier à
Bordeaux. C'est un ouvrage très complet et dont l’érudition n’est pas
déparée par un bon choix d’anecdotes. Si M. Delamont s'est, par
convenance, arrêter à l'Empire, gardons-nous de croire que le Cabinet
noir a été fermé pour cela, il a fonctionné très régulièrement, ainsi
que le prouve d'ailleurs la publication les papiers saisis aux
Tuileries, où se trouvent des détails fort curieux sur les procédés
modernes.
(2) Histoire de Tallemant de Réaux, éditée par Monmerqué. Paris 1861, en 10 volumes, tome 2, pages 184 et 230.
(3) idem, 2° volume, tome III, p. 78.
(4) Encyclopédie nouvelle. Mot : CABINET NOIR.
(5) Mémoires de Mme de Hausset, femme de chambre de Mme de Pompadour, à Paris, 1821, pages 63 et 64.
(6) Mémoires de Mme du Hausset, page 63.
(7) Idem, page 114.
(8) Encyclopédie Moderne. Mot: CABINET Noir.
(9) Mémoires de Mme de Hausset, page 64.
(10) Œuvres de Turgot, éditées par (son ami) Dupont de Nemours. Paris, 1811, tome I, pages 389, 390 et 391.
(11) La Police dévoilée, par Froment, ex-chef de brigade du cabinet
particulier du préfet de police, Paris, 1829, en 3 volumes.
Dictionnaire de la Conversation, Paris, 1853, tome 4, page 136.
(12) Moniteur du 13 au 15 juillet 1789.
(13) Moniteur du 23 vendémiaire, An X.
(14) Mémoires et souvenirs du comte de La Valette, 2 volumes, Paris, 1831, tome 2, page 10.
(15) Le mémorial de Sainte-Hélène. Paris, Garnier frères, 2 volumes, tome I, pages 159-160.
(16) Mémoires du Comte de La Valette. tome 2, pages 331-332. La Police
dévoilée par Froment. Couses célèbres, par Saint Edme, Paris, 1834,
tome 2, page 98.
(17) Moniteur : Séance de la chambre des Députés du 12 mai 1829.
Dictionnaire des conversations, Paris 1853. Tome 4, page 36. Mot :
Cabinet noir par Dufey (de l’Yonne).
(18) Moniteur du 23 février 1867.
(19) Dictionnaire d’Histoire, tome 1, page 1441.
(20) Moniteur du 23 février 1867.
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"Éthique et Politique"

Par Aristote (384 à 322 av. JC)
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Ce texte est
extrait d’Ethique à Nicomaque (son père), le texte est sans notes
complémentaires, il a été mis sous la forme de questions et
réponses sur l’éthique en politique? Les chapitres antérieurs étant
consacrés à la vertu, à l'amitié et au plaisir, ..., cet extrait est la conclusion de
cet ouvrage riche en réflexions sur l'Homme dans la cité et sur la
nature du désir de vivre ou de faire société.
(...) Une question se pose : si ces
matières et les vertus, en y ajoutant l'amitié et le plaisir, ont été
suffisamment traitées dans leurs grandes lignes, devons-nous croire que
notre dessein a été totalement rempli? Ou plutôt, comme nous
l'assurons, ne doit-on pas dire que dans le domaine de la pratique, la
fin ne consiste pas dans l'étude et la connaissance purement théoriques
des différentes actions, mais plutôt dans leur exécution?
Dès lors, en ce qui concerne également la vertu,
il n'est pas non plus suffisant de savoir ce qu'elle est, mais on doit
s'efforcer aussi de la posséder et de la mettre en pratique, ou alors
tenter par quelque autre moyen, s'il en existe, de devenir des hommes
de bien. Quoi qu'il en soit, si les raisonnements étaient en eux-mêmes
suffisants pour rendre les gens honnêtes, «ils recevraient de nombreux et importants honoraires», pour employer l'expression de Théognis, et cela à bon droit, et nous devrions en faire une ample provision.
Mais en réalité, et c'est là un fait d'expérience,
si les arguments ont assurément la force de stimuler et d'encourager
les jeunes gens doués d'un esprit généreux, comme de rendre un
caractère bien né et véritablement épris de noblesse morale perméable à
la vertu, ils sont cependant impuissants à inciter la grande majorité
des hommes à une vie noble et honnête :
- la foule, en effet, n'obéit pas naturellement au
sentiment de l'honneur, mais seulement à la crainte, ni ne s'abstient
des actes honteux à cause de leur bassesse, mais par peur des
châtiments; car, vivant sous l'empire de la passion, les hommes
poursuivent leurs propres satisfactions et les moyens de les réaliser,
et évitent les peines qui y sont opposées, et ils n'ont même aucune
idée de ce qui est noble et véritablement agréable, pour ne l'avoir
jamais goûté.
Des gens de cette espèce, quel argument pourrait transformer leur nature?
Il est sinon impossible, du moins fort difficile
d'extirper par un raisonnement les habitudes invétérées de longue date
dans le caractère. Nous devons sans doute nous estimer heureux si, en
possession de tous les moyens qui peuvent, à notre sentiment, nous
rendre honnêtes, nous arrivons à participer en quelque mesure à la
vertu.
Certains pensent qu'on devient bon par nature,
d'autres disent que c'est par habitude, d'autres enfin par
enseignement. Les dons de la nature ne dépendent évidemment pas de
nous, mais c'est par l'effet de certaines causes divines qu'ils sont
l'apanage de ceux qui, au véritable sens du mot, sont des hommes
fortunés.
Le raisonnement et l'enseignement, de leur côté,
ne sont pas, je le crains, également puissants chez tous les hommes,
mais il faut cultiver auparavant, au moyen d'habitudes, l'âme de
l'auditeur, en vue de lui faire chérir ou détester ce qui doit l'être,
comme pour une terre appelée à faire fructifier la semence.
Car l'homme qui vit sous l'empire de la passion ne
saurait écouter un raisonnement qui cherche à le détourner de son vice,
et ne le comprendrait même pas. Mais l'homme qui est en cet état,
comment est-il possible de le faire changer de sentiment ?
Et, en général, ce n'est pas, semble-t-il, au
raisonnement que cède la passion, c'est à la contrainte. Il faut donc
que le caractère ait déjà une certaine disposition propre à la vertu,
chérissant ce qui est noble et ne supportant pas ce qui est honteux.
Mais recevoir en partage, dès la jeunesse, une
éducation tournée avec rectitude vers la vertu est une chose difficile
à imaginer quand on n'a pas été élevé sous de justes lois : car vivre
dans la tempérance et la constance n'a rien d'agréable pour la plupart
des hommes, surtout quand ils sont jeunes. Aussi convient-il de régler
au moyen de lois la façon de les élever, ainsi que leur genre de vie,
qui cessera d'être pénible en devenant habituel.
Mais sans doute n'est-ce pas assez que pendant
leur jeunesse des hommes reçoivent une éducation et des soins également
éclairés ; puisqu'ils doivent, même parvenus à l'âge d'homme, mettre en
pratique les choses qu'ils ont apprises et les tourner en habitudes,
nous aurons besoin de lois pour cet âge aussi, et, d'une manière
générale, pour toute la durée de la vie : la plupart des gens, en
effet, obéissent à la nécessité plutôt qu'au raisonnement, et aux
châtiments plutôt qu'au sens du bien.
Telle est la raison pour laquelle certains pensent
que le législateur a le devoir, d'une part, d'inviter les hommes à la
vertu et de les exhorter en vue du bien, dans l'espoir d'être entendu
de ceux qui, grâce aux habitudes acquises, ont déjà été amenés à la
vertu : et, d'autre part, d'imposer à ceux qui sont désobéissants et
d'une nature par trop ingrate, des punitions et des châtiments, et de
rejeter totalement les incorrigibles hors de la cité.
L'homme de bien, ajoutent-ils, et qui vit pour la
vertu, se soumettra au raisonnement, tandis que l'homme pervers, qui
n'aspire qu'au plaisir, sera châtié par une peine, comme une bête de
somme. C'est pourquoi ils disent encore que les peines infligées aux
coupables doivent être de telle nature qu'elles soient diamétralement
opposées aux plaisirs qu'ils ont goûtés.
Si donc, comme nous l'avons dit, l'homme appelé à
être bon doit recevoir une éducation et des habitudes d'homme de bien,
et ensuite passer son temps dans des occupations honnêtes et ne rien
faire de vil, soit volontairement, soit même involontairement, et si
ces effets ne peuvent se réaliser que dans une vie soumise à une règle
intelligente et à un ordre parfait, disposant de la force :
- dans ces conditions, l'autorité paternelle ne
possède ni la force, ni la puissance coercitive (et il en est de même,
dès lors, de tout particulier pris individuellement, s'il n'est roi ou
quelqu'un d'approchant), alors que la loi, elle, dispose d'un pouvoir
contraignant, étant une règle qui émane d'une certaine prudence et
d'une certaine intelligence.
Et tandis que nous détestons les individus qui
s'opposent à nos impulsions, même s'ils agissent ainsi à bon droit, la
loi n'est à charge à personne en prescrivant ce qui est honnête. Mais
ce n'est qu'à Lacédémone et dans un petit nombre de cités qu'on voit le
législateur accorder son attention à la fois à l'éducation et au genre
de vie des citoyens ; dans la plupart des cités, on a complètement
négligé les problèmes de ce genre, et chacun vit comme il l'entend,
dictant, à la manière des Cyclopes, la loi aux enfants et à l'épouse.
La meilleure solution est donc de s'en remettre à
la juste sollicitude de l'autorité publique et d'être capable de le
faire. Mais si l'autorité publique s'en désintéresse, on estimera que
c'est à chaque individu qu'il appartient d'aider ses propres enfants et
ses amis à mener une vie vertueuse, ou du moins d'avoir la volonté de
le faire. Mais il résultera, semble-t-il, de notre exposé qu'on sera
particulièrement apte à s'acquitter de cette tâche, si on s'est pénétré
de la science du législateur.
Car l'éducation publique s'exerce évidemment au
moyen de lois, et seulement de bonnes lois produisent une bonne
éducation : que ces lois soient écrites ou non écrites, on jugera ce
point sans importance; peu importe encore qu'elles pourvoient à
l'éducation d'un seul ou de tout un groupe, et à cet égard il en est
comme pour la musique, la gymnastique et autres disciplines.
De même, en effet, que dans les cités, les
dispositions légales et les coutumes ont la force pour les sanctionner,
ainsi en est-il dans les familles pour les injonctions du père et les
usages privés, et même dans ce cas la puissance coercitive est-elle
plus forte en raison du lien qui unit le père aux enfants et des
bienfaits qui en découlent :
- car chez les enfants préexistent une affection et une docilité naturelles.
En outre, l'éducation individuelle est supérieure
à l'éducation publique : il en est comme en médecine, où le repos et la
diète sont en général indiqués pour le fiévreux, mais ne le sont
peut-être pas pour tel fiévreux déterminé ; et sans doute encore le
maître de pugilat ne propose pas à tous ses élèves la même façon de
combattre.
On jugera alors qu'il est tenu un compte plus
exact des particularités individuelles quand on a affaire à l'éducation
privée, chaque sujet trouvant alors plus facilement ce qui répond à ses
besoins.
Toutefois, les soins les plus éclairés seront ceux
donnés à un homme pris individuellement, par un médecin ou un maître de
gymnastique ou tout autre ayant la connaissance de l'universel, et
sachant ce qui convient à tous ou à ceux qui rentrent dans telle
catégorie :
- car la science a pour objet le général, comme on
le dit et comme cela est en réalité, non pas qu'il ne soit possible
sans doute qu'un individu déterminé ne soit traité avec succès par une
personne qui ne possède pas la connaissance scientifique, mais a
observé avec soin, à l'aide de la seule expérience, les phénomènes
survenant en chaque cas particulier, tout comme certains semblent être
pour eux-mêmes d'excellents médecins, mais seraient absolument
incapables de soulager autrui.
Néanmoins on admettra peut-être que celui qui
souhaite devenir un homme d'art ou de science doit s'élever jusqu'à
l'universel et en acquérir une connaissance aussi exacte que possible :
- car, nous l'avons dit, c'est l'universel qui est l'objet de la science.
Il est vraisemblable dès lors que celui qui
souhaite, au moyen d'une discipline éducative, rendre les hommes
meilleurs, qu'ils soient en grand nombre ou en petit nombre, doit
s'efforcer de devenir lui-même capable de légiférer, si c'est bien par
les lois que nous pouvons devenir bons :
- mettre, en effet, un individu quel qu'il soit,
celui qu'on propose à vos soins, dans la disposition morale convenable,
n'est pas à la portée du premier venu, mais si cette tâche revient à
quelqu'un, c'est assurément à l'homme possédant la connaissance
scientifique, comme cela a lieu pour la médecine, et les autres arts
qui font appel à quelque sollicitude d'autrui et à la prudence.
Ne doit-on pas alors après cela examiner
à quelle source et de quelle façon nous pouvons acquérir la science de
la législation? Ne serait-ce pas, comme dans le cas des autres arts, en
s'adressant aux hommes adonnés à la politique active?
Notre opinion était, en effet, que la science
législative est une partie de la politique. Mais n'est-il pas manifeste
qu'il n'existe pas de ressemblance entre la politique et les autres
sciences et potentialités?
En effet, dans les autres sciences on constate que
les mêmes personnes, à la fois transmettent à leurs élèves leurs
potentialités et exercent leur propre activité en s'appuyant sur
celles-ci, par exemple les médecins et les peintres; au contraire, les
réalités de la politique, que les Sophistes font profession
d'enseigner, ne sont pratiquées par aucun d'eux, mais bien par ceux qui
gouvernent la cité, et dont l'action, croirait-on, repose sur une sorte
d'habileté tout empirique plutôt que sur la pensée abstraite :
- car on ne les voit jamais écrire ou discourir
sur de telles matières (ce qui serait pourtant une tâche peut-être plus
honorable encore que de prononcer des discours devant les tribunaux ou
devant l'assemblée du peuple), pas plus que, d'autre part, nous ne les
voyons avoir jamais fait des hommes d'État de leurs propres enfants ou
de certains de leurs amis.
Ce serait pourtant bien naturel, s'ils en avaient
le pouvoir, car ils n'auraient pu laisser à leurs cités un héritage
préférable à celui-là, ni souhaiter posséder pour eux- mêmes, et par
suite pour les êtres qui leur sont le plus chers, rien qui soit
supérieur à cette habileté politique.
Il n'en est pas moins vrai que l'expérience semble
en pareille matière apporter une contribution qui n'est pas négligeable
: sans elle, en effet, jamais personne ne pourrait devenir homme d'État
en se familiarisant simplement avec les réalités de la politique. C'est
pourquoi, ceux qui désirent acquérir la science de la politique sont
dans l'obligation, semble-t-il, d'y ajouter la pratique des affaires.
Quant à ceux des Sophistes qui se vantent
d'enseigner la Politique, ils sont manifestement fort loin du compte.
D'une façon générale, en effet, ils ne savent ni quelle est sa nature,
ni quel est son objet :
- sans cela, ils ne l'auraient pas confondue avec la Rhétorique, ou
même placée à un rang inférieur à cette dernière ; ils n'auraient pas
non plus pensé que légiférer est une chose facile, consistant seulement
à collectionner celles des lois qui reçoivent l'approbation de
l'opinion publique.
Car ils disent qu'il est possible de sélectionner
les meilleures lois comme si cette sélection n'était pas elle-même
œuvre d'intelligence, et comme si ce discernement fait correctement
n'était pas ce qu'il y a de plus important! C'est tout à fait comme ce
qui se passe dans l'art musical.
Ceux qui, en effet, ont acquis l'expérience dans
un art quel qu'il soit, jugent correctement les productions de cet art,
comprenant par quels moyens et de quelle façon la perfection de l'œuvre
est atteinte, et savent quels sont les éléments de l'œuvre qui par leur
nature s'harmonisent entre eux; au contraire, les gens à qui
l'expérience fait défaut doivent s'estimer satisfaits de pouvoir tout
juste distinguer si l'œuvre produite est bonne ou mauvaise, comme cela
a lieu pour la peinture.
Or les lois ne sont que des produits en
quelque sorte de l'art politique : comment, dans ces conditions,
pourrait-on apprendre d'elles à devenir législateur, ou à discerner les
meilleures d'entre elles?
Car on ne voit jamais personne devenir médecin par
la simple étude des recueils d'ordonnances. Pourtant les écrivains
médicaux essayent bien d'indiquer non seulement les traitements, mais
encore les méthodes de cure et la façon dont on doit soigner chaque
catégorie de malades, distinguant à cet effet les différentes
dispositions du corps.
Mais ces indications ne paraissent utiles qu'à
ceux qui possèdent l'expérience, et perdent toute valeur entre les
mains de ceux qui en sont dépourvus. Il peut donc se faire également
que les recueils de lois ou de constitutions rendent des services à
ceux qui sont capables de les méditer et de discerner ce qu'il y a de
bon ou de mauvais, et quelles sortes de dispositions légales doivent
répondre à une situation donnée.
Quant à ceux qui se plongent dans des collections
de ce genre sans avoir la disposition requise, ils ne sauraient porter
un jugement qualifié, à moins que ce ne soit instinctivement, quoique
leur perspicacité en ces matières soit peut-être susceptible d'en
recevoir un surcroît de développement.
Nos devanciers ayant laissé inexploré ce qui
concerne la science de la législation, il est sans doute préférable que
nous procédions à cet examen, et en étudiant le problème de la
constitution en général, de façon à parachever dans la mesure du
possible notre philosophie des choses humaines.
Ainsi donc, en premier lieu, si quelque indication
partielle intéressante a été fournie par les penseurs qui nous ont
précédé, nous nous efforcerons de la reprendre à notre tour; ensuite,
à la lumière des constitutions que nous avons rassemblées, nous
considérerons à quelles sortes de causes sont dues la conservation ou
la ruine des cités ainsi que la conservation ou la ruine des formes
particulières de constitutions, et pour quelles raisons certaines cités
sont bien gouvernées et d'autres tout le contraire.
Après avoir étudié ces différents points, nous
pourrons peut-être, dans une vue d'ensemble, mieux discerner quelle est
la meilleure des constitutions, quel rang réserver à chaque type, et de
quelles lois et de quelles coutumes chacun doit faire usage. (...)
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Source : Wikisource, l'autre source n'existe plus !
Textes d'Aristote en ligne : Ethique à Nicomaque
Le texte ci-dessus est une traduction J. Tricot de 1959 (1893-1963)
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Présidentielles 2017 :
« Le roi est déjà mort, vive le roi » ? |
« L’histoire de
France commence avec la langue française, elle est le signe principal
d’une nationalité. » Dans son Histoire de France, au chapitre de
la naissance d’une nation, Jules Michelet introduit son propos avec
cette phrase éclairante et qu’il vaut mieux citer dans son ensemble, et
il donne par la suite la date de 843 se référant au serment de Charles
le Chauve. L’unité de la langue française commença à se former à la
Renaissance. On peut citer l’ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539,
néanmoins elle fut rédigée dans un français ancien, l’orthographie, le
sens des mots pouvant avoir un autre entendement. A vrai dire, si le
latin était le fait d’une élite, il faut rester réservé quant à
l’entendu de la chose, et comme tout idiome, il existe des évolutions
lentes dans un pays où les langues régionales étaient diverses et très
variées et dominantes, et Michelet qui atteint des sommets, il est
surtout l’héritier des Lumières et de ses auteurs.
L’instrumentalisation de l’histoire aura connu dans cette campagne
présidentielle 2017 des hauts accents propagandistes, ce qui est tout
sauf une analyse historique. La plus belle démonstration fut avec
Jean-Luc Mélenchon, non point sur Castro et encore moins Chavez, mais
sur la question de l’esclavage, omettant la déclaration d'abolition en créole d’un
certain Santhonax publié à Saint-Domingue en août 1793
quelques mois avant le décret du 4 février 1794. La référence à Victor Hugues en
Guadeloupe humant toutes les ambiguïtés du pouvoir, entre autres
à ne jamais parler de l’impérialisme. Si j’ai pu utiliser le terme de
canaille pour certaines figures de la Révolution française, notre
montagnard de choc a plus le statut d’un renégat et d’un tueur au sens
primaire du terme. Ce goût pour le sang et les honneurs qu’il faudrait
rendre à ce triste sire me laisse perplexe, quand l’attrait du gain est
souvent victorieux dans les périodes chaotiques. Cette vision longue
sur l’histoire est surtout hachurée, me semble la perception d’un
mythomane?
Hugues va par la suite tout abjurer de la république sous la
restauration monarchique, et il n’a pas laissé que des bons souvenirs
aux esclaves, certes libérés de cette infamie, mais maintenus de force
dans les plantations et au service de nouveaux maîtres. De plus cela
n’aura un effet que dans deux colonies, la future "Ayiti" indépendante et
la Guadeloupe, pour les autres possessions de l’Empire français, rien,
sauf le maintien de l’esclavagisme et une adaptation du système
économique à des cultures ou plantations plus rentables, les rafles
continuant sur les côtes africaines avec de bons navires, bien de chez
nous. Santhonax commentant l’impair de faire une déclaration dans une
langue non point étrangère, du fait d’une fusion culturelle, ou les
parlers créoles n’auraient apparemment, selon le national et fin de
peloton Mélenchon pas de place dans la république, quelle misère et
raccourcis pour éviter ce qui fâche. Le plus drôle c’est que Félicité
Santhonax était un girondin, un petit détail de rien ou de trop? et il
ne va pas participer du retour des chaînes sous le consul Buonaparte en
1802 et sa grande famille emblème du népotisme à la française, etc. La
fameuse « France éternelle »… Bref des scénarios pour gobe-mouche !
« C'est au XIX° siècle seulement que la France s'est regardée elle-même
et a été regardée comme étant par excellence un pays de lumière et de
liberté ; les hommes du XVIII° siècle, dont la gloire a tant contribué
à donner à la France cette réputation, pensaient cela, eux, de
l'Angleterre. Au reste, jusqu'au siècle, la culture occidentale formait
un tout ; nul, avant le règne de Louis XIV, n'eût songé à la découper
par nations. La « France éternelle » est de fabrication très récente ».
Simone Veil
Passons sur ces masses d’informations occultées et manipulées à souhait
pour des galipettes et rétropédalages en tout genre. On agite «
Coblentz » et l’on nourrit ainsi sa propre soupe, son clan serait le
terme peut-être plus proche de la vérité ? Il existe dans l’esprit d’un
nationaliste, toujours une expression rabougrie et infertile, il faut
des ennemis partout, nourrir la paranoïa ambiante. Et nous sommes loin
de toute concorde si nécessaire pour affronter l’avenir. Cette campagne
électorale annonce la mort d’un système politique, mais pas pour autant
le terminus de la décomposition. Elle est en marche (H…EM pour son
noble rang et sans modestie), populiste à souhait, de la vente de
produits publicitaires, de l’attrape-couillon, en veux-tu, en voilà !
Le spectacle des médias animant la course aux cuistres. Ceci n’est plus
de la politique, c’est une course à l’échalote. Il est beau mon
programme, où chercher la vérité dans ce fatras?
Les affaires n’étant qu’un symptôme de la mélasse, les masques tombent,
on supplie la masse qui doute, seule la fonction tribunicienne
l’emporte quand les enjeux sont ailleurs. Vouloir servir ce pays ce
n’est pas tout accepté, nous crevons de ne vouloir voir ou croire qu’en
une vision centraliste. Mais que dire face à la pire génération
politique courant à l’emporte-pièce pour grappiller des bouts voix et
sauver son po-poste ? Le dégoût qui a pu être manifesté par certains
acteurs de la société civile, pose aujourd’hui de sortir de ce cadre
rigide, ou seuls les vieux tenants du pouvoir trouvent grâce auprès
d’un public de consommateur, qui n’a pas de nom que parce qu’il est
opposé à toute idée de citoyenneté. Le citoyen à qui l’on demande un
suffrage, lui patiente, à mon avis en vain. Je ne crois pas que l’issue
du 8 mai 2017 sera la bonne, si ce n’est l’annonce d’un bazar plus
grand. L’alternance politique n’a plus de nature et à prendre une
décision, l’envie de participer à une loterie, somme toute nationale
est un peu frelatée, à part les tirez au sort à leur tour, il n’y a pas
plus d’issues de secours, ni d’honneur à sauver, tout se meurt.
En France, malheureusement les carrières commencent tardivement à
l’exemple de gens en âge de la retraite, qui vont à plus de soixante
ans faire de très belle carrière, la présidence de la cinquième en
regorge. Donc l’opportunité ou l’opportunisme d’un Macron aux airs d’un
revival giscardien, c’est assez désarmant, pour autant les diamants
n’ont jamais été aussi éclatants, vu le teint de l’éphèbe, Paris-Match
retrouve ses éclats d’antan avec quarante ans de retard. Avec cette
particularité, les journalistes télés sont des bons disciples de
Duhamel et d’Elkabbach, les très vieillissants gérants de la boîte à
image depuis toujours ou la fin de l’ORTF. Les mêmes, toujours les
mêmes parlant d’eux-mêmes, un petit monde parisien autocentré, presque
une ethnie… du moins une tribu. De son côté comme artifice, la solution
Youtube du pur jeunisme pour ados attardés. La France n’a pas ce
visage, du moins plus celui du temps de notre vieux monarque Valéry,
dont le déménagement du portrait de Louis XV de l'Elysée n’avait pas
échappé à la patte du Canard, lors de ce qui fut le dernier suffrage
populaire d’un ras-le-bol et volonté de changement (1981).
Ce grand retour en arrière, c’est un peu observer une façade assez
terne, quand les attentes sont d’une autre nature. Le changement ne
pourra s’imposer que par une grande mise en réseau des citoyens et si
possible hors des machines commerciales à montrer sa binette ou
soutenir bidule. Cette transversalité demande un haut saut qualitatif
et une exigence éthique ne résumant pas à penser le fédéralisme comme
une roue de secours, mais comme une articulation qui finalement n’a
jamais été en cours depuis la fin du Moyen-âge chez les « François »,
et qui se nomme le centralisme étatique. Cela correspond parfaitement à
l’idée d’une expansion de nature impériale, son goût pour la
verticalité et une certaine idée de l’absolutisme et de la servitude.
Le Peuple dans cette histoire se soumet, à l’agitation des preténdants
au trône, pour les besoins de nos beaux Messieurs, nos maîtres est le
sentiment qui demeure.
A ce stade nous en sommes qu’au retournement de veste, chacun défendant
sa petite PME, l’enjeu des pouvoirs de ce régime républicain en les
mains d’un seul homme, reste pour autant effrayant, quand finira le
cauchemar? c’est un peu toute la question et personne individuellement
n’a réponse à tout. Pour moi, il n’est plus de savoir pour qui voter,
je le réserve à un tirage au sort et à une soirée vaudou, la veille au
soir, mais comment faire pour que toute cette clique de petits marquis s’en aille? Si
l’immobilisme à de quoi provoquer, l’enjeu est comment échapper à cette
grande maison de fou?
Benoît Hamon ou Mélenchon, en l’état, ce sera ni l’un, ni l’autre et
même avec l’appui de nouvelles simulations basées sur les hauts et les
bas d'internet (source Filteris.com : le tableau à la fin du billet), pour la gauche de combat, ce sera une autre fois et
sans les mêmes, mais ça c’est de l’utopie… Comme quoi des mots refont
surface et parfois sont grimés pour les circonstances et à des fins
limitées comme tout produit du moment. Il s’agirait plutôt de pouvoir
exprimer une diversité française et sortir des vieux calques. En ce
domaine, nous ne ferons pas du neuf avec de l’ancien, la tuyauterie
devrait être changée de A à Z, au plus vite.
Triste campagne de papys et mémères "patriotes", l’on peut se
préparer à crier « le roi est déjà mort, vive le Roi » ! Un peu de
Brassens sur le roi des c…, c’est-à-dire, nous le Peuple, eux
survivront ! Je vous donne rendez-vous à la prochaine révolution, et de
mes vœux démocratiques, à ce rythme, pour la prochaine
glaciation? « La volonté d'humilier l'ennemi vaincu, qui déborda
partout à ce moment (et dans les années qui suivirent) – (note :
l'auteur fait référence au Traité de Versailles) - d'une manière si
répugnante, me guérit une fois pour toutes de ce patriotisme naïf. Les
humiliations infligées par mon pays me sont plus douloureuses que
celles qu'il peut subir ». Écrits historiques et politiques de Simone Weil (1909-1943).
Billet, de Lionel Mesnard, le 15 mars 2017
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Lettre à ceux qui feront vaincre la gauche, ou mort aux vaincus ?

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Dans un billet de
décembre, j’avais émis l’idée que je ne voterais en aucun cas pour
Jean-Luc Mélenchon et ses partisans. J’avoue que j’écrivais une bêtise
et oubliais de prendre en compte tous les possibles. Ne prenant pas en
compte que dans un second tour face à l’extrême droite, dans une
hypothétique, mais pas impossible situation, il me serait difficile de
faire l’impasse. Je déposerai un bulletin en sa faveur et sans état
d’âme dans ces circonstances. Et j’ai eu le plaisir depuis d’appendre
que le « temps du bruit et de la fureur » était fini. J’ai pris acte,
mais dans l’incertitude d’un moment inédit, c’est le grand flou qui
perdure.
La victoire de Benoît Hamon est à l’image d’un grand chamboule tout, ce
jeu de foire qui consiste à faire tomber les têtes. Après Dufflot,
Sarkozy, Juppé, Hollande, Montebourg, puis Valls, que de monde tombé
dans l’escarcelle. Celui que personne n’attendait a fait un véritable
tabac et rendu un peu de son honneur à la gauche et ouvre une
perspective nouvelle. Nous sommes fin janvier, et les deux qualifiés à
moins de trois mois d’un tel scrutin sont normalement identifiables.
Une situation inédite sous la V° république tenant lieu pour bonne part
à un ras-le-bol généralisé et usures des institutions. Un trop plein de
candidat, dont personne n’est en mesure de prédire ou d’envisager les
futures lames de fond.
Le populisme est devenu le mot-clef sans qu’on puisse véritablement le
définir, à ce titre la production post-moderniste est l’illustration de
comment ne pas répondre au sujet posé. Au titre de cette prose souvent
indigeste, je vous éviterai le paradigme et ses ficelles, les singeries
intellectuelles ne concernant pas grand monde, engage une forme
d’agitation des méninges m’échappant et n’exprimant rien. Bref, que va
décider le Peuple ? A ce rythme des choses, si la mécanique de la
division l’emporte à gauche, il n’y aura que des perdants et cinq
années troubles comme futur. L’idéal serait de sortir des hypocrisies
et d’aborder les convergences, car le réel selon Lacan, « c'est quand
on se cogne ». C’est ce qui nous revient en pleine face et les réveils
pourraient être difficiles, à vouloir continuer à n’exprimer qu’un jeu
de dupe. Comme chez les grands timides, un pas après l’autre… Mais nier
l’altérité et ce qui fait la gauche de combat ne peut que finir en
opération suicide.
L’expression du souverain aura lieu en avril, le rassemblement de la
gauche n’est pas chose gagnée. Dans ce cas comment faciliter des
échanges sereins et constructifs? L’horizon est cependant un peu plus
clair, il est de la responsabilité de tous les candidats véritablement
de gauche restant en lice, Hamon, Mélenchon, ses locomotives de ne pas
nous envoyer dans le mur. Vos programmes sur les questions sociales et
économiques n’ont rien de lointain, à moins de pinailler ce qui doit
être du ressort d’une contractualisation avec les organisations
syndicales. En plus, l’écologie vient marquer une césure avec le
productivisme et la volonté de sortir des mondes carbonés, même Arnaud
Montebourg a fait des concessions, quand la grande imposture a pour nom
la vice-reine du Poitou et son acolyte Macron, fers de lance du
populisme ambiant et de la confusion dans ce qu’il prétend être son
camp.
Face à ce qui ressemble à de bonnes idées devant ou pouvant faire un
programme de législature, il reste peu de temps. Comme pensait
Mitterrand « c’est une affaire d’une demi heure », il y a de quoi en
douter, même si beaucoup converge et nous serons de nouveau hégémonique
à une condition première, en affrontant les réalités. A vous grands
chefs à la magistrature suprême, de vous soucier du seul intérêt qui
vaille, l’intérêt général. L’élection de bidule ou qui sera ou pas le
premier du premier tour n’a pas d’importance, ce sont à vos actes,
Benoît et Jean-Luc que nous pourrons voir si votre éthique est solide
ou pas. Non, Jean-Luc, les Etats-Unis d’Europe ne doivent pas mourir,
c’est aujourd’hui notre présent, c’est aussi notre avenir et tout
devrait être en accord pour en finir avec ce dumping social et ce
libéralisme économique à tout vent. Pour autant, ce n’est pas en
détruisant que nous construirons. Repenser le monde, vous l’avez fait
avec brio ces dernières années, seules les idées importent et
survivent. Faisons les triompher !
La règle du « virons les tous » est comme un couperet et il serait
dommage d’éliminer, l’un ou l’autre, il serait temps de sortir de ces
paramètres de tueurs. Sauf à rire du poulailler Vert, il est à lui seul
un écosystème, pour en oublier un troisième, le sieur Jadot qui n’a
même pas la possibilité de déposer une candidature faute de parrainages
suffisants, selon le Canard et ses mares. Combien de division? moins de
20.000 votants en novembre 2016, quand les idées triomphent, les ratés
à l’allumage ont produit la structure politique la plus éclatée jamais
connue ou réalisée, de quoi rendre jaloux les trotskystes pourtant
champion en la matière… Ce bouleversement de la société politique
n’épargne personne, il serait le bienvenu de discuter sans chercher à
rallier ou même convaincre.
Les batailles de boutique ne sont pas à l’ordre du jour, la victoire de
la gauche est encore du domaine du possible. Son échec sera de la
responsabilité de tous ceux qui chercheront à tourner le dos face à ce
qui nous attend. Fillon ou Macron, « bonnet blanc et blanc bonnet » a
quelque écho des élections présidentielles de 1969. Ouf ! nous avons
évité Monsieur X. et l’objet n’est pas de faire un attelage. Je vous
engage mes chers candidats à en finir avec ces institutions
monarchiques, de rendre aux citoyens une démocratie volée par le
Gaullisme et son premier ministre Michel Debré. La fin du système
politique de l’ancien régime est à la condition d’en finir et rendre à
l’Assemblée, à la fonction parlementaire toute sa place. La VI°
république est plus que jamais un objectif qui tient à cœur à tous les
démocrates. En poussant la plaisanterie, dehors les Feuillants et sus à
Coblentz !, seul le député européen l’ayant remarqué.
Les affaires éclatent au fil des mois et depuis la mise en œuvre du
financement de la vie politique mené à l’origine par Michel Rocard, les
écarts et les malversations demeurent. Et l’on s’étonne du népotisme et
de la place des héritiers dans ce pays, le seul rêve que je puis avoir
en la matière c’est de devenir scandinave. La question éthique ne se
discute pas et à ne pas confondre avec la transparence, qui est
tellement transparente qu’il est difficile d’en comprendre toutes les
ramifications. Ces mécanismes corrupteurs nuisent à tous, et s’il n’y a
pas meurtre, il y a chez certains, ce qui est loin de la majorité, un
accaparement et des pratiques qui relèvent de faits de la grande
délinquance. A Bruxelles, ou à Strasbourg, ce genre de règle rejetant
les accords entre familiers a été produit par le Parlement de l’U.E.,
ici l’entendement est de toujours dénoncer que d’appliquer ce qu’il
peut y avoir de meilleur. Pour s’aligner sur les choix néo, pas
vraiment nouveaux depuis 1973 ou ultra-libéraux, il y a moins de
réticence à faire sauter les règles sociales et le paiement des impôts.
Cependant, quoi qu’on veuille notre souveraineté n’est pas dissoute, et
il est surtout temps de l’exercer et décider de notre avenir commun !
Trump ou Poutine, impose de rendre l’espoir en une Europe démocratique,
se réveillant face à ses deux cauchemars de l’impérialisme et du
bipolarisme mondial d’avant 1989. Nos deux maîtres du monde s’unissant
surtout pour le pire et des guerres sans fins, et provoquant
l’exclusion de tout ce qui dérange ces deux régimes tyranniques. Trump
n’est que la continuation de la révolution conservatrice de Reagan, ou
la contre-révolution des capitalistes sauvages contre toute forme
d’égalité des chances et de paix entre les Peuples. Un darwinisme
social visant surtout à absoudre toute fraternité, solidarités
internationales, et empêcher les expressions du progrès. Tout le
monde n’est pas encore totalement réveillé et il y a de quoi être
parfois sous le choc de certaines nouvelles.
Il est encore possible que la France montre un autre visage, une
ouverture sur le monde ne veut pas dire soumission à un ordre
économique, nous avons besoin de chefs républicains pour affronter les
tempêtes à venir et voilà deux capitaines qui peuvent porter les voiles
! Mais attention, l’échec des deux tournerait en faveur des mêmes et
n’oubliez jamais que les couronnes sont éphémères et les couperets
définitifs et sans retour. Pour le moment l’enjeu n’est pas de savoir
qui portera le costard, mais d’écouter les propositions et programmes
existants. A part les questions internationales demandant la
mobilisation de tous, face à la folie ambiante, le déclin de l’Empire
étasunien s’annonçant, nous pouvons entre européens rompre avec les
impérialismes du passé et soutenir un projet humaniste et
universaliste. Des idées bien plus libérales que de pousser à la
consommation des gamins avec des cartes de crédit pour des biens
culturels, l’éducation populaire était un mot plutôt absent lors des
petits-fours de Bercy avec Brigitte. Un délire consumériste de plus et
de gens hallucinants dans les mœurs et pratiques de l’argent public.
Arrête de tousser, Macron va inventer le diesel bio pour les gogos… et
nous consulterons la notice, faute de médecin, là pas touche au numérus
clausus et à la gabegie médicamenteuse.
Les citoyens ou la société civile n’ont pas d’autres échappatoires que
l’intervention et le contrôle du plus grand nombre. En premier sur les
finances et c’est toute cette aristocratie qu’il est temps de mettre au
pas et au service de l’intérêt collectif. Il n’y a pas un millimètre de
la gestion de l’état qui doit échapper au politique, et l’outil de
planification est une spécificité française dont nous aurions tort de
nous priver. Ce n’est pas le peuple qu’il faut affoler ou faire pleurer
sur la situation des pauvres, mais faire de cette société et plus
largement, que le progrès social et écologique puisse changer une
situation inique ou les égoïsmes nationaux nous poussent à prendre pour
différent ce qui nous ressemble.
Nb : Je vous invite à lire, les textes de Jacky Dahomay, philosophe, et
de Serge Berstein, historien, pour réflexion et méditation sereine
pour les semaines à venir. Les écrits futurs de ce bloc-notes
aborderons : la question coloniale dans les départements outremers,
depuis la départementalisation et en particulier en Guadeloupe en 1967
et des massacres illustrant le tropicalisme sanguinaire de nos
politiques métropolitaines.
Billet de Lionel Mesnard, le 30 janvier 2017
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La xénophobie
et l’angoisse du politique

Par Jacky Dahomay, le 19 janvier 2017 |
On s’interroge beaucoup ces temps-ci sur la montée
de la xénophobie - tout comme du populisme d’ailleurs qui lui est
souvent associé - qui frappe maints pays relevant de la
tradition démocratique occidentale. La xénophobie est avant tout un
sentiment et, en tant que tel, relève du registre des affects ou des
passions. Mais encore faudrait-il préciser. Nous voudrions montrer que
la xénophobie s’inscrit dans une tonalité affective particulière
que l’on nomme angoisse dans un rapport particulier au politique.
On connaît la distinction entre l'angoisse et la peur. La peur a un
objet précis. Je marche dans la forêt, un lion surgit, j'ai peur.
Dans l'angoisse, je ne sais pas ce qui m'angoisse. Si on me pose la
question, je réponds tout. C'est-à-dire ? Rien. C'est que tout,
équivaut à rien ; la totalité du monde sombre dans le néant, dans le
non- sens. Qu'on nous pardonne ces petits rappels, quelque peu de
nature professorale. Mais plus sérieusement, on pourrait, au-delà
de Heidegger et de Sartre, repenser le rapport entre l'être et le néant
mais non pas strictement dans l'existence individuelle, mais surtout
dans celle de l'existence collective politique.
La xénophobie est sans doute une angoisse qu'on transforme, selon
un processus psychologique connu, en peur. Qu'est-ce donc qui peut
angoisser les peuples en ce moment ? L'existence commune
politique est angoissante. C'est comme si le lien social
politique, qui s'était élaboré au cours des siècles à l'opposé de liens
sociaux pré-politiques (religieux ou ethniques), ne fait plus sens
aujourd'hui. La crise sociale aggrave la demande ou l’angoisse du sens
politique de l’existence collective. Les Etats sont affaiblis, la
rationalité économique (qui ne peut être le lieu du sens) prétend gérer
l'intégralité de l'existence humaine, la rationalité éthico-juridique
se délite, on peine à penser une morale commune ou civique, la morale
religieuse est revendiquée par des leaders politiques, les jeunes
ont le choix entre la réussite individuelle à tout prix (ce sur quoi se
fonde Macron) ou au contraire la désespérance, le nihilisme que leur
offre Daech pour l’instant mais on peut s’attendre aussi à d’autres
offres et à l’apparition de groupes terroristes d’extrême droite ou
d’extrême gauche. Le social est gros de lourdes violences à
venir.
Au
plan collectif, il faut trouver un ennemi intérieur qui puisse
transformer l'angoisse en peur. Hier, ce fut le Juif, aujourd'hui c'est
le musulman, en Angleterre c'est le polonais, aux USA, le mexicain. On
produit donc une division ennemi/ami qui fait le lit de
tous les populismes. Au plan international, le délitement du politique
entraîne l’affaiblissement extrême de tout ce qui pourrait relever du
droit international et a fortiori des droits de l’homme et l’ONU
devient un machin inutile. Les relations internationales tendent
désormais à s’inscrire dans le seul registre de la
rationalité instrumentale, dans celui du deal comme dans la Mafia, ce
qui produit un cynisme radical avec Trump et Poutine et qu’un
Chateaubriand aurait qualifié de « cynisme des chiens ». Mais au plan
des nations, on risque de voir s’épanouir une transition des
démocraties vers des autocraties, avec l’obsession sécuritaire et
l’état d’exception, ce qui a commencé en Turquie et pourrait menacer
les Etats Unis et d’autres pays européens.
Mais les premiers penseurs du politique, les philosophes grecs, avaient
aussi compris que le lien social politique (il faudrait vraiment saisir
sa spécificité) produisait aussi un autre type de subjectivité, un
autre rapport au discours, à la vérité. Le parler vrai de Socrate n'est
pas forcément l'énoncé d'une vérité mais il est déterminé par le souci
de vérité. Le délitement du politique produit par le
néolibéralisme entraîne, avec ses moyens de communication sophistiqués,
un rapport que certains appellent la "post-vérité" engendrant une
dégradation de la société civile et de la communauté des citoyens avec
des groupes de « communicants » séparés et devenant des loups les
uns pour les autres. En ce sens, dire la vérité n'est pas l'objectif,
il s'agit de parler faux en l'assumant dans l'espace public. Et
nous avons Trump. Il ne faudrait pas prendre ce dernier pour idiot.
Lui, aussi bien que ses supporters, savent qu'il parle
faux. Mais ils s'en fichent. C'est le parler faux qui
est payant et qui est revendiqué avec une arrogance jusqu'ici
inconnue dans l'histoire des démocraties occidentales.
On dira qu'on qu'est mal barrés. C'est vrai mais notre
vigilance citoyenne - ou ce qui veut en rester chez nous -
commande de ne pas transformer notre angoisse en peur. Car l'angoisse,
Sartre l'avait vu, est aussi le signe de notre liberté. Que faire
alors, si nous voulons remobiliser nos libertés? Redonner sens au
politique oui mais comment? On nous pardonnera sans doute de
n'avoir pas la réponse à la question. Elle ne sortira pas de la
tête d’un seul citoyen.
Commençons toutefois par mettre en commun nos paroles et nos
actes (pour parler comme Hannah Arendt) et redynamisons la
société civile. Là peut croître ce qui sauve. Sinon, attendons la
catastrophe, elle pourrait être régénératrice. Reste aussi les
arts et les lettres. Ecouter, comme l'a fait Glissant, le "bruit
du monde" qui est aussi celui de la trace constituant un autre
imaginaire, celui du Tout-monde, où l'identité n'est plus pensée comme
racine unique et où s'élabore un autre rapport à l'autre, une nouvelle
poétique de la Relation, loin des angoisses identitaires produisant des
xénophobies destructrices. L’Europe devrait repenser l’histoire de son
rapport à l’autre, ce par quoi elle a conquis le monde.
Ceci est nécessaire à une nouvelle fondation de la république, loin des
crispations identitaires de toutes sortes et en éliminant du
républicanisme français son nationalisme insistant, cette sorte de
théologie laïcisée. En ré-instituant une instruction publique, chère à
Condorcet, loin d’une éducation nationaliste avec ses récits réducteurs
comme celle s’inspirant souvent de Jules Ferry, loin aussi d’une
tradition socialiste réduisant l’école à une simple question sociale en
occultant ainsi sa dimension symbolique institutionnelle fondamentale.
La crise du politique est nécessairement celle aussi des institutions
fortes de la société.
Plus fondamentalement : au-delà de Glissant, il faut aussi penser
une politique et un droit de la Relation qui devrait accompagner le
nouvel imaginaire proposé par l’écrivain martiniquais. En ce sens, le
spectacle ou les engagements dans la politique ne devrait pas masquer
l’interrogation nécessaire sur le politique. Ce qui fait défaut à
la gauche. L’obstacle théorique qui la taraude peut être cherché
dans les deux théories du peuple qui accompagnent sa
tradition. L’une, réside dans une conception populiste ayant dominé
surtout l’Amérique Latine, l’autre dans la tradition
marxiste. Il y a une vérité du populisme, quand il exprime les
souffrances des couches populaires que la politique ne prend pas en
compte. Il y a un danger du populisme quand les réponses qu’il
donne au plan de la politique rate ce qui dans
le politique est lieu du sens du vivre ensemble, ce qui provoque un
malencontre symbolique. Il y a une vérité du socialisme de
tradition marxiste quand il dévoile la réalité de
la lutte de classes et de l’exploitation capitaliste. Son erreur
est de réduire tout le politique à la seule expression de
l’infrastructure économico-sociale donc de ne pas comprendre que le
politique est aussi la fondation d’un sens symbolique du lien
collectif, quand il ne s’appuie plus sur le religieux. Cette erreur
conduit les classes populaires, en une sorte de
servitude volontaire, à suivre des politiques populistes
mortifères.
Repenser le politique, c’est ce à quoi nous invite
la crise profonde que nous traversons, lourdes de tragédies
à venir. Peut-être faudrait-il tout reprendre, depuis Platon et
réinterroger la tradition en fonction de nos préoccupations
présentes. Cette tâche incombe à de plus jeunes que nous. Mais en
vérité, l’histoire n’attend pas et les bruits du monde
risquent d’être plus assourdissants qu’on ne le croit. Telle est notre
tragédie.
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Pierre Mendès France
et les institutions de la V° République

Par Serge Berstein, le 15 juin 2001 (*)
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En quoi
consiste exactement la modernité institutionnelle? Il ne paraît guère
aisé de la définir autrement que par un double critère aussi
pragmatique que possible: elle serait la forme institutionnelle la
mieux adaptée au gouvernement efficace d'une société à un moment donné
de l'histoire, mais aussi celle qui correspondrait le plus étroitement
aux valeurs véhiculées par la culture politique majoritaire de cette
société. Dualité qui recèle une possible contradiction entre les deux
termes de la définition et qui rend compte assez largement de
l'attitude de Pierre Mendès France vis-à-vis des institutions de la V°
République.
Pour leur fondateur, le général de Gaulle, une constitution n'est
jamais qu'un agencement modifiable qui tire sa validité de son
adaptation à un peuple spécifique à une époque donnée et, dans
son discours de Bayeux, il prête au « sage Solon » que l'on
questionnait sur la meilleure constitution la réponse suivante: «
Dites-moi d'abord pour quel peuple et à quelle époque » (1). Pour
Pierre Mendès France, héritier en la matière de la tradition
républicaine, une constitution est la traduction institutionnelle d'un
ensemble de valeurs léguées par l'histoire de la République.
La critique des faiblesses de la IV° République
Jusqu'en 1958, Pierre Mendès France et Charles de Gaulle ont en commun
une appréciation négative sur le régime de la République contre lequel
ils se sont, l'un comme l'autre, prononcés en 1946. Les ressemblances
ne s'arrêtent pas là. De Gaulle comme Mendès France (en particulier
dans son discours d'Evreux du 23 juillet 1955) dénoncent la domination
de la vie politique par les partis qui, déclare le député de l'Eure (2)
:
« cessant d'exprimer les sentiments des masses (...) deviennent les
instruments d'oligarchies et de clans (et leur multiplication excessive
est le signe d'une telle évolution), je pense aux équipes et aux
groupes d'hommes qui essaient de satisfaire leurs propres ambitions,
aux groupements d'intérêts qui essaient de satisfaire telle ou telle
revendication (quelquefois d'ailleurs respectable et légitime) même au
détriment de tous les autres ».
Il est donc clair que Pierre Mendès France considère comme Charles de
Gaulle que la vie politique se trouve viciée par le poids excessif des
intérêts particuliers qui l'emportent sur l'intérêt général, avec des
conséquences graves:
« Le système représentatif (représentatif cela veut dire représentatif
du pays, c'est-à-dire de l'intérêt général) est faussé, la démocratie
vraie n'est pas réalisée » (3). Mais là où le général de Gaulle
considère que le remède réside dans une profonde réforme
institutionnelle selon le modèle décrit dans le discours de Bayeux, le
point de vue de Mendès France est différent. Sans doute juge-t-il
nécessaire de réformer la Constitution : l'instabilité gouvernementale
lui apparaît comme une tare du régime, interdisant toute action
d'envergure aux dirigeants du pays. Mais le remède est simple à ses
yeux. Il suffit, comme en Angleterre, d'accorder au gouvernement le
droit de dissolution dans des circonstances données (4) :
« La réforme qui permettra à un gouvernement en litige avec l'Assemblée
d'en appeler à l'arbitrage du suffrage universel, sera conforme aux
principes démocratiques; s'en remettre à la décision du pays consulté,
c'est bien agir dans le cadre républicain, mais c'est aussi donner plus
de sagesse aux Assemblées et plus de stabilité et plus de pouvoir au
gouvernement ».
Il le redira dans une interview à L'Express le 28 juillet 1960: à ses
yeux, « Il n'y a pas incompatibilité entre la République et un
gouvernement fort. Mais il faut des hommes, des chefs républicains »
(5). Sur ce point, Mendès France se distingue assez clairement de la
tradition républicaine méfiante envers un pouvoir exécutif fort, pour
en revenir, il est vrai, aux conceptions d'un Jules Ferry ou d'un
Gambetta.
Mais, pour lui, le problème est moins celui des institutions que celui
des hommes. La cause principale de la crise du régime qu'il expose dans
son discours d'Evreux est celui de la dégradation des mœurs politiques,
de l'absence de civisme dont témoignent l'indifférence des jeunes à la
politique, la poussée de l'abstention, le vote protestataire en faveur
du parti communiste, l'ensemble s'expliquant par la coupure entre
l'Etat et le citoyen, mortelle pour la démocratie. Or à ces causes
fondamentales de crise, il n'est qu'un remède, la restauration de la «
vertu » au sens où l'entendait Montesquieu (6) :
« Elle doit exister chez les gouvernés qui doivent placer l'intérêt
général au-dessus de leurs intérêts particuliers, professionnels ou
autres. Elle doit exister chez les dirigeants et chez les élus qui
doivent placer leur devoir, leur fidélité, au-dessus de leurs intérêts
de carrière, au-dessus de leurs ambitions, au-dessus de leur réélection
».
Conception
exigeante de la démocratie qui implique pour l'homme politique la
nécessité de dire la vérité au pays, de moraliser la vie publique, de
pratiquer les principes de respect des citoyens à l'intérieur des
partis, de conserver le contact avec la « base populaire », ce qui
implique le retour au scrutin d'arrondissement « qui, seul, permet de
resserrer le contact démocratique entre l'électeur et l'élu, le
contrôle de l'électeur sur l'élu » (7).
Pour Mendès France, cette moralisation de la vie publique l'emporte de
loin sur la réforme des institutions. On le voit bien lorsque le 30
novembre1955, Edgar Faure mis en minorité par un vote à la majorité
absolue moins de dix-huit mois après une autre chute de ministère
acquise dans les mêmes conditions, peut décider de la dissolution de
l'Assemblée nationale. Mendès France va-t-il se féliciter de la remise
en vigueur du droit de dissolution qu'il appelait de ses vœux? En
aucune manière puisqu'il y voit l'ultime manœuvre d'un ministère en
perdition pour sauver le système des apparentements, éviter le retour
au scrutin d'arrondissement et interdire aux idées de Pierre Mendès
France de s'imposer dans le pays. Il n'a pas de mots assez durs pour
fustiger ce « défi aux principes républicains » (8) :
« jamais le droit de dissolution n'a été conçu pour qu'un gouvernement
discrédité, après avoir sacrifié et trahi, pendant des mois, tous les
intérêts nationaux, après avoir saboté la vie parlementaire, après
avoir scandalisé tous les Français par son absence d'autorité et de
cohésion, jette la démocratie dans une aventure sans issue ».
Et de prophétiser que, dans les cinq ans, la France aura à choisir entre le renouveau et l'abaissement dans la crise (9) :
« ... Il ne se passera pas cinq ans sans que la France tout entière ait
opéré sa reconversion, sans qu'elle ait donné à tous, et surtout à la
jeunesse, la preuve qu'elle peut réaliser les réformes et les progrès
depuis trop longtemps attendus — ou sans que tous ces espoirs soient
définitivement perdus ».
Si Mendès France s'avère bon prophète quant à la proximité d'une
solution à la crise de régime, la forme que prend celle-ci est loin de
correspondre à ses vœux et à son exigence d'une démocratie
parlementaire fondée sur la participation active des citoyens.
Le rejet du système de la V° République
On sait le respect constamment témoigné par Pierre Mendès France sous
la IVe République au passé et à la personne de Charles de Gaulle, au
point de lui adresser le 18 juin 1954, au moment où il accède à la
Présidence du Conseil, un message dans lequel il se réclame de son
inspiration. Il n'en va pas de même pour son action politique,
puisqu'il dénonce vigoureusement en décembre 1957 et janvier 1958
devant le « Centre de formation civique des jeunes électeurs » les
malentendus résultant de la politique faite sur le nom d'un homme seul,
classant dans cette catégorie le bonapartisme, le boulangisme et le
gaullisme du RPF (10).
Lorsqu'en avril 1958, le nom du général de Gaulle est de plus en plus
fréquemment cité pour dénouer la crise de la IV° République, Pierre
Mendès France refuse de se joindre à «l'orchestre bigarré» qui fait
appel à l'ancien chef de la France Libre sans que s'ouvre une
«discussion avec lui sur le plan des idées et des programmes» (11).
Enfin, après le 13 mai, il condamne sans ambages et avec la plus grande
énergie l'attitude du général de Gaulle, considérant qu'elle apporte «
à la rébellion algérienne un appui et un encouragement d'autant plus
néfastes pour le pays que les hommes qui en avaient pris l'initiative
sur place commençaient à prendre conscience de l'énormité et de la
folie de leur comportement» (12). Et, un peu plus tard, il précisera
que, si le général de Gaulle possède effectivement les moyens de
réaliser un règlement en Algérie, le marché qu'il propose aux Français
et que, pour sa part, l'ancien président du Conseil rejette consiste à
« gagner la paix en Afrique en échange du fascisme dans la Métropole »
(13).
Aussi est-ce sans surprise que l'on voit Pierre Mendès France décider
d'émettre un vote négatif à l'investiture du général de Gaulle le 1er
juin 1958. Tout en admettant que « la IV° République périt de ses
propres fautes », il refuse de condamner le régime défunt et s'écrie: «
Non, ce n'est pas la République, ce n'est même pas le système
parlementaire qui méritent d'être condamnés. Seul le mauvais usage qui
en a été fait nous a réduits à l'impuissance et nous a conduits à tant
de déconvenues ». Pour autant, c'est, à ce stade, le contexte même dans
lequel se déroule le débat d'investiture qui motive son opposition:
« ... Je ne puis admettre de donner un vote contraint par
l'insurrection et la menace d'un coup de force militaire (...) j'évoque
le chantage à la guerre civile, l'annonce du coup de force organisé
contre les représentants du peuple au cas où leur décision ne serait
pas celle que l'on prétend (...) Ma dignité m'interdit de céder à cette
pression des factions et de la rue ».
Et tout en déclarant espérer ardemment que ses craintes sur la
collusion entre de Gaulle et l'extrême droite s'avèrent vaines, il
refuse au président du Conseil désigné le chèque en blanc que réclame
celui-ci, rappelant in fine son idéal politique (14):
« C'est un axiome en démocratie et c'est une leçon de l'histoire, que
ce n'est pas une unanimité acquise dans le silence ou l'équivoque, dans
la soumission acceptée ou dans la discipline de quelque parti unique,
mais que c'est la confrontation de thèses sincères qui est le plus
favorable à la détermination et à la mise en œuvre d'une bonne
politique. C'est la vertu reconnue des institutions parlementaires
quand elles fonctionnent bien et correctement, d'assurer cette
salutaire confrontation ».
Bien qu'il s'en défende dans les années qui suivent, ce « péché
originel » de la V° République pèsera sur son jugement sur le régime
lui-même. Mais, à dire vrai, le poids du 13 mai n'était pas nécessaire
pour expliquer son rejet de la Constitution de 1958. Tout dans celle-ci
choque le Républicain de tradition pour qui la République se confond
avec le système parlementaire dans lequel les élus du peuple souverain
représentent la nation. Et d'abord le référendum où il s'agira de
répondre par un seul oui ou un seul non à une multitude de problèmes
dans un contexte de confusion entre le système institutionnel et
l'appartenance à la communauté, alors que la population algérienne est
« mise en condition », que des pressions inouïes dans l'administration
et la presse s'exercent sur les citoyens et alors que l'opposition est
privée du droit de faire connaître des propositions alternatives.
Ensuite le contenu même de la Constitution qui, loin de rendre la
parole au peuple, affaiblit les moyens dont il dispose pour faire
prévaloir sa volonté. « Le président de la République est un véritable
monarque, non héréditaire toutefois ». Il est clair que, pour Pierre
Mendès France la souveraineté est passée du peuple au président qui
dispose du pouvoir exécutif, peut « promulguer légalement la dictature
aux termes de l'art. 16 du projet », mais détient également avec son
gouvernement et l'administration l'essentiel du pouvoir législatif et
possède de multiples moyens de contraindre le Parlement ou de passer
outre à ses objections, sans compter le contrôle du Conseil
Constitutionnel « qui est choisi, nommé par « en haut », c'est-à-dire
sans aucune influence « d'en bas » (15).
A partir de cette analyse, le jugement de Pierre Mendès France est sans
appel. Le référendum du 28 octobre est à ses yeux un plébiscite (16):
« Beaucoup de Français de bonne foi disent que, tout en se méfiant du
projet de Constitution, tout en souhaitant dès maintenant qu'il soit
amélioré et révisé, ils voteront « oui », néanmoins, en faveur du
général de Gaulle et de son maintien au pouvoir. C'est donc bien un
plébiscite ».
Et à ceux qui allèguent que le général de Gaulle n'est pas un fasciste,
qu'il y a lieu de lui faire confiance lorsqu'il déclare ne pas
envisager de commencer à 67 ans une carrière de dictateur, il répond
sèchement : « On ne choisit pas une Constitution selon l'âge du
capitaine! » (17).
Le texte constitutionnel est, pour lui, anti-démocratique: « La
multiplicité des précautions prises contre l'Assemblée, élue du
suffrage universel, révèle, chez les rédacteurs du texte, la volonté de
refouler la démocratie. C'est contre la démocratie que ces précautions
sont prises. C'est contre elle que l'Assemblée est rabaissée, diminuée,
matée » (18).
L'absence de fondement démocratique du régime de la V° République ne
cessera d'alimenter chez Pierre Mendès France le procès de la V°
République (19). Enfin, et surtout Mendès France critique avec
véhémence le déséquilibre des pouvoirs instaurés par la V° République,
symétrique de celui qui existait sous la IV° République (20):
« Sous la IV°, c'est un fait que l'Assemblée avait non seulement tout
le pouvoir législatif mais encore le moyen de s'immiscer de manière
continuelle dans l'exécutif et de le paralyser; sous la V°, c'est la
faute inverse. Tous les pouvoirs sont dans l'exécutif et même dans
l'homme qui dirige l'exécutif. Le président de la République est la
seule volonté susceptible d'agir et de s'imposer tandis que l'Assemblée
n'a plus qu'un rôle de figuration. On est passé d'un extrême à l'autre
».
C'est désormais l'argumentation que Pierre Mendès France ne cessera de
marteler contre la V° République: il n'existe en France qu'un seul
pouvoir, celui du président de la République qui concentre entre ses
mains la totalité de l'autorité.
« Personne ne compte à côté de lui, ni le gouvernement (totalement
inconnu et sans prestige), ni naturellement l'Assemblée » (21). Pour le
Républicain qui considère que la démocratie se confond avec la volonté
du peuple souverain telle que l'expriment les représentants de la
nation élus au suffrage universel, la conclusion coule de source:
« Le gaullisme est donc incompatible avec la conception démocratique à
laquelle, pour ma part, j'ai toujours été fidèle » (22). Idée qu'il
développera en septembre 1961 au plus fort des attentats de l'OAS et
alors qu'il considère que la guerre civile menace la France et
préconise pour y faire face un « gouvernement de transition » (23):
« Un homme, quels que soient ses services passés, son prestige, ne
tient pas lieu d'État à lui tout seul, tout comme le sens de la
formule, le style, l'appel à la grandeur ne tiennent pas lieu de
politique. Un État moderne, efficace, comporte des institutions
équilibrées dont une au moins traduit la volonté du peuple et est
chargée de l'exprimer et de la faire prévaloir ».
La critique opérée par Pierre Mendès France des institutions de la V°
République est si nette que son opposition prévisible au référendum du
28 octobre 1962 ne le conduit à ajouter aucun argument nouveau à ceux
que nous avons évoqués. Tant il est vrai que l'élection du président de
la République au suffrage universel est dans la logique du système
politique gaulliste, une logique que Pierre Mendès France a nettement
condamnée dès l'origine. De part et d'autre, il n'y a rien à ajouter
sur ce point. Pierre Mendès France demeurera l'adversaire
irréconciliable de la V° République, système dans lequel il se refuse à
entrer, déclarant par exemple le 17 novembre 1964 aux élèves de l'École
supérieure des Sciences économiques et sociales de Paris (24):
« Vous m'avez demandé si j'accepterais d'être candidat aux prochaines
élections présidentielles. Evidemment, c'est non, et sans réserve. Dans
un cadre comme celui qui nous est imposé aujourd'hui, je ne serai
candidat ni cette fois-ci, ni dans sept ans, ni dans quatorze ans, ni
dans vingt et un ans, parce que je ne vois pas comment je pourrais
efficacement être fidèle à ma conception de l'homme politique
démocrate, interprète authentique de la volonté profonde du pays et
instrument de son évolution vers un type de progrès choisi par le pays.
(...) Un homme qui n'est pas démocrate croit qu'il peut faire le bien
du peuple, sans son aide, sans son impulsion et parfois même contre
lui. Ce n'est pas mon cas ».
N'existe-t-il pas une contradiction entre cette position et
l'acceptation par Pierre Mendès France de figurer en 1969, aux côtés de
Gaston Defferre, candidat à la Présidence de la République, sur un «
ticket » qui lui aurait réservé en cas d'élection de son partenaire le
poste de Premier ministre?
Pierre Mendès France répond dans une interview au Nouvel Observateur le
19 mai 1969 en affirmant que le but de ce curieux attelage dans une
élection présidentielle était précisément de mettre fin à la monocratie
gaulliste en faisant élire au suffrage universel le Premier ministre en
même temps que le Président, indiquant ainsi à la nation l'intention
des deux candidats d'opérer une nouvelle distribution du pouvoir entre
l'Elysée et Matignon.
Élu par la nation, au même titre que le Président, responsable devant
l'Assemblée nationale, le Premier ministre ne pourrait être révoqué par
le chef de l'Etat et, en cas de conflit entre lui-même et l'Assemblée,
c'est au peuple qu'il reviendrait d'arbitrer après dissolution. En
d'autres termes, détournant la lettre et l'esprit des institutions de
la V° République, Gaston Defferre et Pierre Mendès France émettent
l'idée de faire du Premier ministre la clé de voûte des institutions,
réduisant le Président, comme sous les Républiques parlementaires à une
fonction de représentation et de désignation du Premier ministre. Le
très faible score obtenu par le ticket Defferre/Mendès France le 1er
juin 1959 (5% des suffrages) montre que les Français n'ont pas approuvé
ou pas compris cette révision qui n'ose pas dire son nom. Mais ce qui
est intéressant dans la tentative Defferre/Mendès France, c'est que,
d'une certaine manière, leur projet tente d'instiller dans la
République gaullienne la conception que se fait Pierre Mendès France
des institutions d'une République moderne.
La République moderne
Déçu par une IV° République qu'il s'est montré impuissant à réformer de
l'intérieur, critique impitoyable d'une V° République en quoi il voit
un régime de pouvoir personnel, de type monarchique et sans contrepoids
démocratique, quelles institutions Pierre Mendès France préconise-t-il
pour le régime de rénovation démocratique qu'il appelle de ses vœux?
C'est à définir pour ses concitoyens son projet politique que s'attache
le livre qu'il publie à l'automne 1962 et qu'il intitule de manière
significative La République moderne.
L'ouvrage se fonde sur un postulat (qui se révélera erroné), la
certitude de la précarité de la V° République puisque celle-ci ne
repose que sur un seul homme et, par conséquent, la nécessité de
proposer aux Français une alternative au gaullisme qui ne serait pas un
simple retour à la IV° République, régime d'impuissance dont les
Français ne veulent plus (25). Rappelant qu'à ses yeux la Ive comme la
V° Républiques constituaient deux « fausses démocraties » et qu'aucune
ne répondait aux tâches nouvelles de l'Etat, en particulier dans
l'ordre économique, il note que l'une et l'autre présentaient les mêmes
défauts de déséquilibre institutionnels par l'absence de contrepoids à
l'omnipotence de l'Assemblée sous la IV° République, à celle du
Président sous la V° (26). Ses propositions pour une République moderne
consistent donc à préconiser un système permettant d'établir une
véritable démocratie gérant efficacement le pays et d'échapper aux
impasses des deux régimes précédents.
Au plan institutionnel, les projets de Pierre Mendès France reposent
sur l'idée de gouvernement de législature. Il y voit le moyen de
remédier aux deux faiblesses qui ont constitué le handicap des IV° et
V° Républiques, l'instabilité gouvernementale due à l'omnipotence du
Parlement d'une part, le pouvoir absolu du Président privant de tout
pouvoir réel d'initiative et de contrôle les représentants élus du
peuple souverain de l'autre.
Le postulat de base est celui de la simultanéité entre l'élection de
l'Assemblée et la formation d'un gouvernement constitué à l'image de la
majorité de celle-ci et sur la base d'un contrat entre les divers
constituants de la majorité. On retrouve ici l'idée, essentielle chez
Pierre Mendès France, de l'existence d'un programme politique clair sur
lequel les électeurs ont à se prononcer et que la majorité élue est
tenue d'appliquer (27). Pour le cas où ce contrat se trouverait rompu,
soit du fait du gouvernement soit du fait de la majorité, le président
du Conseil doit procéder à une dissolution qui permettra au pays de
rendre son arbitrage.
Ainsi la France rejoindrait-elle le camp des démocraties parlementaires
stables du monde occidental (28). Mais il ne s'agit pas seulement de
rendre aux représentants de la nation un pouvoir que la V° République
leur a confisqué. Il faut également réfléchir à la nature même et à la
légitimité de la représentation. Clairement partisan du bicamérisme,
Mendès France souhaite le maintien d'une seconde Chambre dont le mode
de recrutement apparaîtrait plus en corrélation avec les réalités du
second XX° siècle que celui du Sénat. Si la Chambre élue au suffrage
universel doit, bien entendu, conserver la prépondérance. La République
moderne, reprenant les réflexions des réformateurs de l'État de
l'entre-deux-guerres, préconise une représentation des « groupes
sociaux et des intérêts professionnels » dans la seconde Chambre, à
l'image de la composition du Conseil économique et social, mais avec le
correctif d'une pondération au bénéfice des syndicats ouvriers, des
cadres, du patronat et des intérêts régionaux.
En d'autres termes, on substituerait à une assemblée représentative des
collectivités locales une assemblée exprimant les besoins et les
aspirations des « forces vives » et susceptible d'éclairer, de
conseiller, de contrôler l'État dans ses attributions économiques. Mais
Mendès France le précisera dans la seconde édition de l'ouvrage en
1966, la suppression du Sénat et son remplacement par un Conseil
économique et social amélioré ne peuvent s'opérer que dans un contexte
où l'Assemblée nationale retrouverait préalablement la plénitude de ses
attributions politiques.
Car cette restauration de la République parlementaire est indissociable
de la volonté moderniste de l'ancien président du Conseil de la IV°
République et la composition de la seconde Chambre reflète l'importance
que Mendès France attribue aux fonctions économiques de l'État et qui
s'exprime à ses yeux dans la seconde idée-force de son livre: la
planification démocratique. Déjà, évoquant le contrat programmatique
qui devrait servir de base à la constitution d'une majorité de
législature, il avait affirmé que le plan devait en constituer
l'élément central, au point d'intituler le paragraphe concerné de
l'ouvrage: « une assemblée, un gouvernement, un plan (29). C'est qu'à
ses yeux, la planification est la clé de voûte de l'intervention
économique de l'État qui constitue à ses yeux la marque même de la
modernité (30):
« Chacun reconnaît aujourd'hui que l'État est responsable de
l'évolution économique, qu'il lui appartient de lutter contre les
crises et le sous-emploi, d'orienter, de stimuler, de coordonner les
efforts en vue de l'expansion et du progrès communs ».
Mais, Pierre Mendès France y insiste, cette planification n'a rien à
voir avec la planification bureaucratique pratiquée par les Soviétiques
qui ne peut convenir qu'à des pays sous-développés. Celle qu'il
préconise doit être démocratique, c'est-à-dire impliquer, dans un cadre
de liberté, la participation des citoyens (31) :
« Partout où il y a une responsabilité à engager, il faut donc mettre
en place un mécanisme approprié pour que les décisions soient prises
démocratiquement, c'est-à-dire avec le concours de tous les intéressés.
Le but est que le plus grand nombre possible de gens jouent
volontairement et consciemment un rôle au centre comme dans la
région, dans les professions organisées et jusque dans la vie de
l'entreprise ».
Comment parvenir à cette mobilisation des citoyens? En assurant
l'éducation économique des Français, en promouvant le syndicalisme dont
le rôle est essentiel à la fois pour l'élaboration et le contrôle de
l'exécution du plan, en développant la régionalisation et en
particulier le rôle des conseils économiques régionaux, en encourageant
la vie associative et en parvenant par ce biais à la fondation d'un
nouvel esprit civique au sein de l'opinion. La planification
démocratique apparaît ainsi comme le complément naturel du contrat de
législature dont il constitue l'élément central, mais dont il rend
également le fonctionnement possible en jouant le rôle d'un vecteur de
formation et de responsabilisation des citoyens.
Conclusion
Dans sa réflexion sur la modernité institutionnelle qui convient à la
France du second XX° siècle, Pierre Mendès France se situe donc aux
antipodes des institutions de la V° République telles que les a
façonnées Charles de Gaulle. Pour lui, le péché originel de la
République gaullienne ne se situe pas seulement dans les conditions
d'accession au pouvoir du général de Gaulle, mais dans la vision des
rapports entre le peuple et le président que professe le fondateur de
la V° République et qu'il résume par « l'abdication permanente du
peuple au profit d'un seul homme », rappelant, dans la seconde édition
de La république moderne, l'apologue gaullien comparant la nation à un
navire: « Le pilote à la barre, les membres de l'équipage à leurs
postes, les passagers (49 millions de Français!) dans leurs cabines! »
(32).
La conception que se fait Pierre Mendès France de la modernité
institutionnelle est tout autre. Elle est fondée sur un système de
représentation parlementaire assurant sa stabilité par le
contrat-programme de législature. Mais surtout, elle retrouve la voie
de la culture républicaine par une conception exigeante du citoyen
participant activement à la décision, non seulement par un vote
éclairé, mais par une action permanente de réflexion, d'élaboration, de
critique impliquant sa responsabilité permanente dans la prise de
décision.
Les idées politiques de Pierre Mendès France constituent ainsi une
alternative moderniste à la vision, également moderniste, mais
antithétique dans son fonctionnement, des institutions de la V°
République. Mais parce que le peuple français a choisi la voie de la
démocratie directe et du blanc-seing délivré au président qu'il a élu,
le refus de Pierre Mendès France d'accepter le jeu politique ainsi
défini l'a conduit progressivement à la marginalité politique et ses
idées institutionnelles au musée des théories inappliquées. A beaucoup
d'égards, l'acceptation par la gauche victorieuse en 1981 des
institutions gaulliennes marque l'échec politique des idées
constitutionnelles de Pierre Mendès France, un possible qui n'a jamais
connu le passage à la réalisation.
(*) Serge
BERSTEIN - Professeur d'histoire contemporaine à l’Institut d'Études
Politiques : Article extrait de « Matériaux pour l'histoire de notre
temps », n°63-64, 2001. Pierre Mendès France et la Modernité - Actes du
colloque - Assemblée nationale - 15 juin 2001.
Notes de l’auteur :
1. Charles de Gaulle, Discours et messages, tome II, Dans l’attente 1946-1958, Paris, Plon, 1970.
2. Pierre Mendès France, in Œuvres complètes, tome IV, Pour une République moderne, 1955-1962, Paris.
3. Ibid, p.82.
4. Ibid, p.92
5. Interview du 28 juillet 1960, à l’Express, Ibid, p.60.
6. Discours du 28 juin 1957 devant le Comité exécutif du parti Radical0 publié par l’Express le 5 juillet 1957, Ibid, p.342.
7. Ibid., p. 92.
8. L'Express, 30 novembre
1955, Ibid., p. 140.
9. Ibid, p. 144.
10. Ibid, p. 394.
11. Lettre à Maurice Bertrand du 24 avril 1958, Ibid, p. 411.
12. Lettre à Jacques Rivet du 19 mai 1958, Ibid., p. 412.
13. Lettre à M. Balensi du 24 mai 1958, Ibid, p. 417.
14. Discours du 1er juin 1958 à l'Assemblée nationale, Ibid., pp. 419-425.
15. Conférence de presse à l'Hôtel Lutétia du 6 septembre 1958, reproduite dans L'Express du 11 septembre, Ibid., pp. 436-438.
16. Ibid, p. 443.
17. Ibid., p. 439.
18. Ibid., p. 440.
19. Voir aussi sur ce point l'éditorial de Pierre Mendès France dans le
numéro 15 (septembre-octobre 1958) des Cahiers de la République.
20. Discours de Pierre Mendès France à la réunion-débat organisée à
Paris le 15 décembre 1959 par « Cercle ouvert », in Œuvres complètes,
tome IV, op. cit., p. 569.
21. Réponses aux questions de L'Express du 28 juillet 1960.
22. Conférence prononcée par Pierre Mendès France le 21 juin 1961 à
l'Hôtel de Ville de Versailles devant la section locale du PSU, in
Œuvres complètes,tome IV, op. cit., p. 658.
23. Pour devancer la guerre civile », L'Express, 28 septembre 1961.
24. « Plaidoyer pour la démocratie », publié dans Témoignage chrétien du 4 décembre 1964.
25. Pierre Mendès France, La République moderne, in Œuvres complètes, tome IV, op. cit., pp. 746-748.
26. Ibid, pp. 753-768.
27. Dans une lettre du 16 novembre 1964 à Charles Hernu, Mendès France
déplorera la désinvolture de François Mitterrand à l'égard de cette
notion de contrat-programme: « ...Au cours de mes conversations avec
Mitterrand, je me suis aperçu qu'il ne prenait pas du tout au sérieux
les notions de programme et d'engagement. Je l'ai entendu plus d'une
fois exprimer qu'un programme, cela s'improvise en une demi-heure,
n'importe qui peut en faire un, cela n'a pas grande importance, on se
met toujours d'accord sur un programme etc. Je suis, je l'avoue, très
sévère pour cette conception qui est, à mon avis, la base même de la
faillite de la IV° » in oeuvre complètes, tome V, Préparer l'avenir
1963-1973 (Paris Gallimard 1989, p. 85.
28. Pierre Mendès France, La République moderne, op. cit., pp. 784 et suivantes. 29. Ibid, p. 793.
30 .Ibid. p. 806.
31. Ibid., p. 810.
32. Ibid., p. 868.
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